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Comme chiens et chats [Kant]

J'ai fugué, oui, moi, le grand et illustre empereur de ce monde. J'ai entendu lors d'une réunion de Saint Rordik Albenas avec ses sbires qu'un envoyé spécial partait en mission sur les blues. J'ai quitté le confort et les protections de mon palais à Marie-Joa pour me fondre dans la masse et partir à la découverte du monde. Ce genre d'opportunité n'arrive qu'une fois dans une vie, je suis fin prêt, j'ai lu tout ce qu'il y avait à lire dans l'immense bibliothèque de mon protecteur, fouiné dans tous les recoins et écouté tellement de réunions que je connais toutes les conjonctures de l'humanité. Il ne me manque qu'un moyen de transport et celui-ci m'est servi sur un plateau.

La première étape de ma conquête se trouve donc être le Royaume de Luvneel sur North Blue. Une ancienne puissance mondiale à l'histoire prestigieuse qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, l'endroit idéal. Une Famille royale, des mafieux et des révolutionnaires, un joyeux petit méli-mélo qui méritent un bon coup de patte pour rentrer définitivement sous le joug du Gouvernement. Pourquoi cela m'intéresse-t-il alors que je ne suis qu'un chat ? Parce que je serai à la tête de ce gouvernement un jour et que c'est dans mon intérêt d'agrandir et consolider ses frontières.

Me voilà donc à errer dans les rues de Lunveelgraad, j'ai abandonné mon équipage le temps de quelques heures, non pas qu'ils remarqueraient mon absence. Je suis ici incognito et personne n'a remarqué ma présence durant le trajet, ce qui prouve une fois de plus mon intellect hautement supérieur à celui des bipèdes qui m'entourent. Je me balade tranquillement, sous le couvert d'un simple chat de gouttière et ce que je remarque c'est que les gens n'en ont rien à foutre de moi. Quelle est cette diablerie ? Les chats ne sont-ils pas censés être le centre du monde ? Pourquoi personne n'essaie de me caresser ? De me nourrir ou de me donner un bol de lait tiède ? Toute leur éducation est à revoir ! Mais ce n'est pas mon rôle et je ne suis pas ici pour ça, je me promis toutefois d'envoyer des missionnaires parfaire leur apprentissage quand je serai au pouvoir. Il était impensable que les choses restent telles quelles.

Ma présence ici est simple, je me dois de déjouer une attaque terroriste. D'après ce que j'ai pu comprendre, des révolutionnaires tenteront d'ici quelques jours une opération coup de poing, leur cible est le centre historique de la ville. Mon plan est donc le suivant : devancer les commandos Marines et le Gouvernement et régler moi-même leur compte à ces petits merdeux de séparatistes. Je suis d'accord avec eux sur le fait que le monde a besoin de changement, mais leurs méthodes sont d'une vulgarité et d'une violence ridicule. Qu'ils restent dans leur trou à rats et qu'ils me laissent gérer la politique, les coups d'État réussis se doivent d'être effectués en "inside job" et non pas par les armes.

Pour mener à bien mon plan il me faut un sous-fifre, un bon petit soldat, hors de question que je me salisse les mains. Je finis par jeter mon dévolu sur un garçon, pas très grand, au regard espiègle, avec un chapeau rond et des habits surement plus vieux que lui. Son style vestimentaire est à revoir, mais son physique en dit long, le môme est un travailleur, sa démarche assurée, presque féline. De la subtilité et de la discrétion, exactement ce dont j'ai besoin. Il est temps de passer à l'action, je serai l'appât ! Technique numéro une du manuel de la manipulation ancestrale des minets !

Je me jette théâtralement entre ses pieds pour le faire chuter, je m'enroule sur sa cheville et me mets à miauler à la mort jusqu'à ne plus bouger, complètement inerte. Voyons voir si le petit saligaud à de l'empathie ! Viens t'occuper de moi !


Dernière édition par Le Chalopard le Ven 10 Fév 2023 - 20:35, édité 1 fois
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     Une semaine s’était déjà écoulée depuis l’arrivée de Kant au Royaume de Luvneel. Débarqué sur l’île par le capitaine de l’Affaire, -organisation contrebandière pour laquelle il travaillait-, sa mission était d’entretenir les liens diplomatiques et informels avec tous les marchands véreux du port de la cité de Norland. Autrement dit, pour maintenir les liaisons commerciales de son organisation, son boulot était de faire le lèche-bottes auprès des différents partenaires de l’île. Une fois ses quelques jours de labeur insupportable accomplis, Kant se baladait tranquillement dans la province Luvneelgraad, principauté centrale du Royaume. Ville immense et particulièrement agitée, elle avait toutes les qualités pour plaire au jeune homme qui avait soif de rencontre, et surtout soif, tout court. Mais plus que biberonner la bière locale, Kant profitait surtout de ses derniers jours libéré du travail pour fréquenter les universités qu’offraient la ville.

     Au sortir d’un cours de botanique particulièrement intéressant dans lequel il s’était subrepticement infiltré, Kant s’élança dans les rues de Luvneelgraad à la recherche de bouteilles à vider. La maigre bourse que lui avait conféré l’Affaire pour sa mission ne pesait plus bien lourd et l’idée de trouver une combine pour se remplir les poches commençait à poindre à la lisière de ses pensées. Tandis qu’il marchait, plongé dans ses réflexions pécuniaires, il manqua de trébucher sur une boule de poil venue se blottir entre ses jambes. Un joli petit chat, quoi qu’un tantinet grassouillet, au pelage tigré roux et blanc. L’animal miaulait étrangement comme s’il quémandait de la nourriture et de l’attention. Malheureusement pour lui, Kant n’avait rien à lui donner à manger, mais, cela dit, il n’était pas avare en caresses.

« Oooooh le pôtit chat ! Comment t’es trop mignon, pôtit chat ! » lança-t-il d’une voix suave tout en s’abaissant pour caresser le félidé qui se laissait faire. Il poursuivit : « Mon gros chat ! raaah ça m’embête, j’ai rien à te donner … »

Puis, levant le nez, Kant aperçut une taverne dans la rue d’en face. Se redressant, il se dirigea vers l’établissement sans quitter le chat des yeux, tout en l’appelant à coup de claquements de doigts et d’onomatopées saugrenus afin qu’il s’approche.

     La taverne n’avait pas l’air d’un endroit inquiétant en soit, contrairement à ses clients. Tous assis autour de la même table, les yeux rivés sur ce qui ressemblait à des plans, ils n’avaient rien des pochetrons ordinaires que l’on croisait habituellement dans une taverne en plein après-midi. Mais Kant n’en fit rien. Il se dirigea vers le comptoir pour commander un verre de lait pour son nouvel ami félin ainsi qu’une bière pour étancher sa propre soif. Mais à peine eut-il le temps d’ouvrir la bouche qu’il fut subjugué par l’une des deux tenancières. Si la première avait connu bon nombre d’hivers et paraissait rustre au demeurant, la seconde, probablement sa fille, était jeune, belle et élancée. En une fraction de seconde, son regard balaya toute priorité dans l’esprit de Kant, qui resta bouche bée de longues minutes. Il n’entendait plus les questions que l’on lui posait, de même qu’il ne remarqua pas les deux énormes chiens menaçants qui le reniflaient avec suspicion.
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On dirait bien que j'ai un don pour la comédie, le garçon tombe sous le charme immédiatement. Il me tripote un peu trop, mais je me laisse faire, il a réussi à atteindre des zones qui me sont difficiles en solo et ça me fait du bien. Je lui pardonne donc ses manières beaucoup trop amicales, surtout que j'ai besoin de lui. Par contre quand il commence à m'appeler le "gros" chat je vrille intérieurement, mes yeux lancent des éclairs et j'use de tout mon sang-froid pour ne pas lui crever les yeux à coup de griffes. Le gamin n'est au final qu'un jeune saligaud de la pire espèce et ma mission sera bien plus ardue que prévu. Je me rends compte que ma patience sera mise à rude épreuve, mais ai-je vraiment le choix ? Je me convaincs que ce n'est qu'un challenge de plus à surmonter, une toute petite colline que ma grandeur surplombe déjà de haut, je peux le faire, je le sais.

Je décide donc de continuer quelques secondes à me rabaisser au rang de simple chat affamé et le suis dans la taverne. À peine rentré que des dizaines de questions fusent dans ma tête, l'ambiance qui y règne n'est pas celle d'un lieu de débauche et des types louches nous lorgnent du coin de l'œil avant de se replonger dans des messes basses qui ne présagent rien de bon. J'en viens à me demander si le gamin est au courant de quelque chose et s'il n’est pas en train de me tendre un piège de génie. Mais je le vois tout aussi perplexe que moi, ce qui me rassure. La seule raison que je trouve à toute cette histoire c'est que le petit loustic aux oreilles pointues est l'équivalent humain d'un grigri porte-bonheur. Une veine pour moi.

Je monte directement sur le bar et lâche un miaulement appréciateur à l'annonce d'un verre de lait, puis j'aperçois le changement hormonal soudain de mon jeune acolyte à la vue de la jeune serveuse. Une petite idée vengeresse me vient en tête et je me frotte timidement contre le bras de la fille de la propriétaire, je lui fais les yeux doux et commence à ronronner tout doucement quand elle me caresse derrière l'oreille. Elle craque instantanément, comme elles le font toutes.

- Oh mon dieu !! Qu'il est mignon !! Je meurs !!!

Elle me sert dans ses bras, contre sa poitrine et dans son décolleté plongeant. Je me blottis contre ses seins et j'en profite au même moment pour lancer un regard vainqueur au jeune homme qui sirote sa bière, faute de pouvoir faire autre chose. Pour conclure et assouvir ma victoire, je ferme la patte dans sa direction et lui sors une seule griffe, celle du milieu, à la mode humaine, une sorte de gestuelle vulgaire qu'il comprendra très bien. Mon insulte n'est pas anodine et s'il a un minimum de jugeote il se doutera rapidement que je ne suis pas un chat lambda.

Je miaule et ronronne un peu plus fort en pointant de la patte mon verre de lait, la belle jeune femme fond littéralement devant tant de mignonnerie et me porte le godet aux lèvres de sa main libre. Oui, cela ne faisait aucun doute, être né chat était un don des cieux.
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    Ébahi par tant de beauté, Kant ne prêta pas attention à la bière qu’on lui servit, du moins dans un premier temps. Il regardait timidement la jeune femme derrière le comptoir, s’imaginant déjà partir avec elle vers des lieux où il ne pleut jamais et où les oiseaux chantent l’amour aux premières lueurs de l’aurore. Décontenancé par ses pupilles bleus dans lesquelles s’illuminait son âme, Kant baissa le regard un instant. Lorsqu’il redressa la tête, ses doux rêves partirent en fumée, en fumée d’herbe à chat de basse qualité ; le félidé qu’il avait croisé quelques minutes plus tôt trônait fièrement dans les bras de sa future dulcinée, blottit contre sa poitrine. Kant dévisagea l’animal qui arborait un air satisfait. Soudain, il crut le voir effectuer un geste typiquement humain, un doigt d’honneur en somme, bien que les chats soient dépourvus de majeur. Le jeune homme secoua la tête et se frotta les yeux, puis prit une grande gorgée de bière. Lucide à nouveau, il contre-attaqua :

« Oh… c’est mon chat ! lança-t-il à la serveuse qui biberonnait le félidé. C’est vrai qu’il est mignon, mais plus personne n’ose le caresser à cause de sa maladie très, très…contagieuse. »

À ces mots, un frisson parcouru le corps de la jeune femme qui sursauta, lâchant l’animal tout en étouffant un cri d’angoisse. Affolée, elle renversa par mégarde le verre de lait sur la pauvre bête. Les gros molosses qui reniflaient Kant depuis son entrée dans la taverne se précipitèrent de l’autre côté du comptoir, attirés par le remue-ménage. Le jeune homme jubila.

« Mais c’est horrible ! Qu’est-ce qu’il a, ce pauvre petit trésor ? » s’exclama la jeune serveuse, confuse et désolée.

« Oui c’est terrible, c’est un chat... galeux, répondit Kant, hésitant dans premier temps. Puis, inspiré, il surenchérit : « Je dois à présent m’occuper de cette pauvre bête, j’y consacre tout mon temps et toute mon énergie ! »

La tenancière plus âgée rugit alors, craignant que le chat puisse transmettre la maladie à ses précieux chiens. Kant répondit qu’il n’y avait aucun risque, prétextant que la dites maladie était une infection rare qui n’affectait que les chats et dans une moindre mesure, les humains. Ses explications alambiquées laissèrent les deux femmes perplexes. Pour se donner de la contenance, il précisa :

« Ne vous inquiétez pas ! Je suis … vétérinaire ! Puis, comme galvanisé par son mensonge et par la lumière scintillant dans les yeux de celle qu’il considérait comme sa promise, il rajouta : « Oui, vétérinaire ! Et même, lieutenant-colonel-vétérinaire en chef, si vous voulez tout savoir. »

À ces mots, il porta fièrement son verre à ses lèvres. Son mensonge n’avait ni queue ni tête, mais les mots « lieutenant » « colonel » et « en chef » fusèrent dans son esprit tandis qu’il cherchait à s’attribuer d’extraordinaires titres et galons pour se donner de l’importance. L'apparence de Kant laissait clairement penser qu’il fabulait, mais les habitants du Royaume de Luvneel n’étant pas habitués à voir des membres de la Marine chez eux, ses bobards semèrent le doute. D’un coup, les cinq hommes attablés derrière lui se levèrent si brusquement qu’ils renversent leurs chaises, rangèrent précipitamment leurs paperasses et se dirigèrent vers le comptoir d’un pas lourd.
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L'enflure est en train de me faire passer pour un lépreux auprès de sa dulcinée, celle-ci me lâche soudainement et même si je retombe sur mes pattes, je ne peux esquiver le verre de lait qui se renverse sur mon charmant minois. C'est une honte, un affront de la pire espèce, ce petit loubard ne perd rien pour attendre et cette sotte non plus. Tandis que le gamin s'enfonce de plus en plus dans son mensonge bourré d'incohérences, je décide de lâcher ma frustration sur les deux clébards en train de me lorgner de la même manière qu'ils regarderaient un juteux morceau de steak. Malheureusement pour eux je suis très loin d'être un chat normal et je décide de manière magnanime qu'ils doivent payer à la place de leur propriétaire.

De son côté, le lutin vicelard se retrouve très rapidement à dire une connerie de trop, ce qui alerte les quelques clients de l'auberge et les motive à s'approcher de lui d'une démarche menaçante. Je ricane intérieurement, c'est bien fait pour sa gueule et je profite de la confusion pour faire ma petite affaire. Je saute derrière le comptoir et en quelques secondes je transforme le parquet en un joli bain de sang. Un coup de griffe suffisamment puissant décapite le plus gros des deux chiens, la tête atterrit sur le comptoir, sa jugulaire pisse un torrent d'hémoglobine sur la vieille peau de propriétaire et la belle blonde. Je miaule de contentement en les voyant hurler à la mort. L'autre chien fuit la queue entre les pattes sans demander son reste et fait tomber les deux femmes dans sa fuite. La mère se tape la nuque contre le rebord du bar dans un bruit sec et s'effondre sans plus bouger.

Pour ma défense, je n’avais pas calculé aussi loin et je m'en veux presque de ce qui est en train de se passer, je dis bien "presque" parce qu'en vrai ce qui me dérange c'est surtout d'avoir du sang et du lait sur ma fourrure, c'est tellement chiant à faire partir. Puis quand on y réfléchit deux secondes, je suis innocent, c'est moi la victime dans toute cette histoire. La gamine change soudainement de timbre de voix en voyant le corps inerte de sa daronne, passant de cris stridents à des pleures lamentables. De pire en pire...

Je reviens sur le comptoir dans un bon qui aurait été majestueux si je n'avais pas glissé sur la flaque de sang de la tête de ce foutu corniaud. Je me rattrape in extremis et analyse rapidement les alentours, le fameux vétérinaire lieutenant en chef ou un truc du genre me regarde avec de grands yeux ronds, je parie qu'il n’a pas dû en voir beaucoup des scènes comme ça, il doit être choqué le pauvre.

C'est le cas des autres personnes également, aucun ne bouge, mis à part les lamentations de l'autre pleurnicharde c'est un silence de plomb presque surréel qui pèse sur la pièce. Je réfléchis vite, je me dois de détourner l'attention avant qu'ils ne décident que c'est moi l'ennemi numéro un. Je rétracte mes griffes et miaule amoureusement en regardant le gamin. Le doute n'est plus possible pour les spectateurs, je viens bien d'agir selon les ordres de mon maitre et ceux-ci se jettent sur lui dans des hurlements de rage.

- Chien de la Marine !!
- Crève sale espion !
- Maudit soit le gouvernement !


Que de douces et mélodieuses paroles à mes oreilles, j'en profite pour sauter sur l'étagère hors de portée et m'assieds tranquillement bien décidé à profiter du spectacle.
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     Tandis qu’il s’évertuait à lancer son plus élégant regard à la jeune serveuse dans le noble objectif de la séduire, un couinement sordide vînt mettre un terme à la drague hasardeuse de Kant. En une fraction de seconde, la petite scène de comptoir banale se transforma en un cataclysme sanguinolent. Une tête de chien rebondit sur le comptoir, aspergeant de sang chaud les tenancières et le jeune homme terrifiés. Alors qu’il peinait déjà à saisir la situation, Kant vit s’effondrer devant lui la gérante qui se cogna violemment contre le comptoir. Surréaliste. La jeune serveuse si rayonnante quelques secondes auparavant poussa un cri et s’effondra en pleurs, agenouillée près de sa mère. Kant, visiblement traumatisé, fixa l’hémoglobine se mêler au houblon dans sa choppe de bière sans dire un mot. C’est alors que le chat grassouillet bondit sur le comptoir devant lui. Il comprit sans difficulté que le félidé était à l’origine de cette scène aussi macabre qu’invraisemblable et il pensa -à raison- que cet animal tigré était la poisse incarnée.

     Un silence de mort régnait dans l’établissement. D’un bond, Kant passa derrière le comptoir pour apposer ses doigts sur le cou de la tenancière inerte : aucun pouls n’était perceptible. Il se redressa et ne put assumer le regard épleuré de son ex-future-dulcinée. Il retourna lentement à sa place, penaud et déboussolé, ne sachant que faire. Personne n’osait plus bouger. C’est alors que le chat assassin miaula avec une tendresse infinie en fixant le pauvre Kant dans les yeux. Tous déduisirent que ce signe d’affection était le signe manifeste d’une connivence entre le félidé et le jeune homme. Les cinq hommes très remontés se mirent en mouvement et se dirigèrent vers Kant avec la ferme intention de lui régler son compte. S’étant fait passer pour un agent de la Marine quelques secondes plus tôt, il n’était plus en mesure de démentir quoi que ce soit. Il désigna tout de même du doigt le chat qui d’un bond s’était perché sur une étagère, et bégaya :

« Non, mais ... ! Non mais ... c’est lui ! Enfin, j’ai rien demandé ! »

Voyant les hommes s’approcher sans prêter attention à ses piètres justifications, Kant banda son arc, mit la corde en place et encocha une flèche pour tenir ses assaillants en joue. Les hommes se figèrent. Leur regard plein de haine ne laissaient présager rien de bon. Désespéré, Kant pointa son arc et sa flèche prête à partir vers le chat haut perché. Il le regarda fixement, puis tira. La flèche se planta dans le plafond. Le jeune homme ne pouvait se résigner à tuer l’animal, fût-il le diable en personne. En temps normal, il n’aurait pas hésité à se battre contre ces hommes qui lui en voulaient à tort, mais les deux morts subites dont il venait d’être témoin l’avaient complètement vidé de toute détermination. Rangeant son arc dans son dos, il s’adressa à ses assaillants :

«  Essayez de ne pas … »

Kant n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Les hommes se jetèrent sur lui et le passèrent à tabac sans qu’il n’oppose la moindre résistance. Rossé de toute part, le jeune homme s’effondra à moitié conscient, couvert de son propre sang mêlé à celui du chien, dont il avait été abondamment aspergé. Plus personne ne semblait prêter attention au chat qui devait certainement jubiler, perché sur son étagère. L’un des hommes resta en compagnie de la serveuse pour tenter d’apporter secours et soins à sa mère, tandis que les quatre autres traînèrent Kant, inerte, jusqu’à la sortie derrière le bar. Cette dernière donnait sur un jardin, lui-même communiquant avec une rue dissimulée des grandes avenues de Luvneelgraad. Qui sait où ces bougres comptaient amener Kant et ce qu’ils comptaient lui faire subir pour avoir osé semer le chaos dans leur province chérie ?
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J'en suis presque à m'en vouloir. Je pensais sincèrement que le gamin serait plus coriace. Le pire dans tout ça c'est que son regard apeuré me touche en plein cœur, pas comme sa flèche, ce qui démontre qu'il détient une empathie peu commune chez les humains. Je me dis que je l'ai bien choisi au final même s’il est un peu faiblard sur les bords, mais ce n'est rien que quelques épreuves traumatisantes ne pourront changer.

Comme escompté, les choses tournent au vinaigre rapidement, mais je ne peux m'empêcher d'afficher une petite moue réprobatrice quand je vois que le lutin ne se défend pas. Je suis tenté d'intervenir pour le sauver de ce merdier, mais je me rappelle pourquoi je suis là et à vrai dire, la situation tournait à mon avantage. S'ils embarquaient le gamin dans leur repère, pour lui faire cracher une vérité qui n'existait pas, je n'avais qu'à les suivre en douce pour les ramasser à la balayette. À moi la gloire et la reconnaissance éternelle d'avoir déjoué un attentat et mis à mort quelques séparatistes. En vérité, personne ne serait jamais au courant de mon rôle dans toute cette affaire, mais c'était pour le mieux, l'heure de me dévoiler au monde n'arriverait pas avant plusieurs années. En attendant, chacun de mes actes est retranscrit dans le petit journal que je garde précieusement dans un coin de mon cerveau. De précieux rapports qui feront office de manuel scolaire pour les minots une fois mon coup d'État réussi !

Chaque chose en son temps, je saute par une des hautes fenêtres et disparais sur les toits de la ville pour suivre les kidnappeurs. Au premier coup d'œil, je me rends compte qu'il s'agit d'amateurs, ils bousculent la foule de droite et de gauche et laissent sur leur route une tripotée de bonnes gens et commerçants mécontents. Ils finissent par disparaitre au coin d'une ruelle, celle-ci, beaucoup plus sombre, se transforme en véritable petit labyrinthe entre des tonnes de poubelles avant de finir en cul-de-sac. J'en suis presque à suer un peu, c'est qu'ils sont rapides les bougres et qu'il fait chaud surtout, ce n'est aucunement à cause de mon embonpoint. Si certains lecteurs pensent que j'ai besoin d'un régime qu'ils quittent cette histoire sur le champ !

Je vois les ravisseurs de mon nouvel et misérable acolyte se faufiler dans une trappe directement à même le sol, qu'ils referment derrière eux dans un claquement sec et discret. Mes fines oreilles entendent le bruit d'une chaine et d'un cadenas derrière la porte, impossible donc pour moi de poursuivre par la même voie. Je discerne alors une bouche d'égout à quelques mètres, je me maudis de ce que je m'apprête à faire, mais je n'ai pas vraiment d'autres choix. Du toit et d'un bon majestueux, j'atterris avec délicatesse sur mes pattes, je fais sauter la plaque et plonge à mon tour dans les ténèbres du royaume des rats, ma hantise et mes pires ennemis.
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     Tandis qu’à cette heure-ci de l’après-midi Kant devait normalement être en train de tutoyer les anges en élaborant quelques mauvais vers sur un coin de table, sa mauvaise rencontre l’avait mené jusque dans les profondeurs de Luvneelgraad. Ses ravisseurs le ficelèrent comme un saucisson sur une chaise et lui jetèrent un sceau d’eau grise au visage. L’odeur des égouts mêlée à celle du sang coulant le long de ses tempes faillit le faire dégobiller et il reprit enfin connaissance. Il se trouvait dans ce qui ressemblait à une base souterraine, de modeste envergure et garnie d’un mobilier de fortune. Sur les bureaux étaient disposés çà et là de la paperasse, des cartes et des cahiers. Des costumes visiblement bien entretenus étaient suspendus à des cintres dans une armoire sans porte.

« Debout, ordure ! » lança l’un des quatre hommes face à lui.

Kant pensa d’abord faire un trait d’humour en soulignant qu’attaché sur une chaise, il n’était pas évident de se lever, mais il se ravisa. Il observa attentivement ses ravisseurs. Deux d’entre-deux semblaient être des hommes de mains tout à fait lambdas, pas très fins d’esprit, mais plutôt bien battis. Le troisième, plus petit de taille, portait des vêtements dépareillés et s’agitait dans tous les sens. Sa sotte attitude lui donnait des airs de simplet et il était constamment rabroué par le dernier homme, qui semblait être le leader du groupe. Plus silencieux que ses pairs, il fixait Kant du regard à travers ses lunettes rondes. Soudain, il s’avança.

« Pousse-toi, Sven ! » ordonna-t-il au simplet qui se dandinait devant le prisonnier. 

« Alors comme ça, Monsieur est ‘lieutenant-colonel-vétérinaire en chef’ de la Marine ? »

« Évidemment que non, chef ! Puisque la Marine, c’est nos ... » rétorqua le simplet, interrompu aussitôt par son chef.

« Tais-toi, Sven ! C’est pas possible d’être aussi ahuri ! » Il marqua une pause puis poursuivit : « Qui es-tu ? Pour qui travailles-tu ? »

Kant essaya de rétablir la vérité, le plus clairement et le plus poliment possible, mais fut coupé dans son élan.

« Pas la peine de le préciser … nous sommes nous-mêmes des agents infiltrés et nous savons qu’il n’existe aucun lieutenant-colonel-vétérinaire en chef sur cette île, ni dans aucune garnison d’ailleurs. Nous sommes ici pour récolter des renseignements sur un attentat que préparent secrètement des agents révolutionnaires et mon petit doigt me dit… que toi et ton animal n’y êtes aucunement étrangers ! »

« Chef, comment c’est possible de parler à son petit doigt ? » s’interrogea le simplet.
« Mais ferme-là, Sven ! »

À son grand désespoir, Kant comprit que non seulement, il n’avait pas affaire aux couteaux les plus aiguisés du tiroir, mais qu’il était en plus désigné comme complice de méfaits dont il ignorait absolument tout. En entrant dans cette taverne, il n’avait pas fait attention à ces clients. Puis, il les prit pour des locaux de l’île pas très commodes. Ensuite, il crut à leur comédie et pensa, d’après leurs hurlements rageurs, avoir affaire à des révolutionnaires. Finalement, il n’en était rien : du chat aux lubies assassines jusqu’aux agents gouvernementaux infiltrés, cette histoire n’avait décidément ni queue ni tête. Kant resta pantois. Soudain, le leader aux lunettes rondes fit un signe aux deux brutes derrière lui, qui s’emparèrent de ce qui ressemblait à des instruments de torture. Conscient du fait que la vérité ne lui serait d’aucun secours, Kant s’exclama :

« Eh oui !! J’avoue tout, je suis … un révolutionnaire ! Voilà ! Et mon chat aussi, d’ailleurs : c’est un bon gros révolutionnaire. Il s’interrompit en observant la réaction satisfaite de ses interlocuteurs, puis poursuivit. Et ce n’est pas tout, je sais même où se cache mes... mes camarades ! Mes camarades qui préparent un sale coup ! Je peux vous y amener, si vous me détachez. »

Les quatre hommes visiblement crédules et certainement enchantés par le succès de leur mission laissèrent s’échapper quelques cris de joie. Puis à l’appel du leader, ils formèrent une ronde un peu plus loin et se mirent à chuchoter. Pendant ce temps, Kant se retourna tant bien que mal et aperçut une porte entrouverte sur l’extérieur au fond de la pièce. Soudain, le simplet du groupe s’exclama :

« Houra ! On va enfin prouver à nos supérieurs qu’on est pas que des gui… »

« La ferme, Sven ! » l’interrompit à nouveau son chef, avant de se diriger vers Kant.

« Nous allons te délier les pieds afin que tu nous mènes à tes ordures de camarades. Mais hors de question de te libérer complètement. »

Sur ces mots, l’une des deux brutes s’abaissa pour défaire le nœud qui liait les jambes de Kant aux pieds de chaises, puis il fit de même pour ses bras. Ses mains étaient toujours attachées l’une à l’autre dans son dos. Libre de se mouvoir à nouveau, le jeune homme qui demeurait calme à première vue, bondit subitement dans les airs pour asséner un coup de genou à l’armoire à glace. Puis tournant les talons aussi vite qu’il le put, il se dirigea vers la sortie. Cette dernière débouchait sur les égouts et l’odeur qui y régnait était nauséabonde. Un mince rebord d’un mètre de large longeait de longs canaux dans lesquels s’écoulaient les eaux usées de la ville. Une folle course poursuite débuta. Les poings liés dans le dos, Kant n’eut cependant pas trop de mal à distancer ses quatre poursuivants qui, de toute évidence, n’étaient pas les agents les plus performants employés par le gouvernement. Quelques centaines de mètres plus loin, le jeune homme aborda un carrefour et n’eut pas le temps de voir l’obstacle se dressant devant lui. Il trébucha alors sur une grosse boule de poil et manqua de tomber dans le canal crasseux. Les quatre hommes lancés à pleine vitesse à sa poursuite se rapprochaient dangereusement.


Dernière édition par Kant le Lun 27 Mar 2023 - 15:16, édité 5 fois
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Bon, rien ne se passait comme prévu, j'étais bel et bien perdu. Ces égouts étaient immenses et moi qui pensais rejoindre la cachette de ces salopards en prenant la première à droite, me voilà en train de patauger dans la merde sans aucune idée d'où aller. J'ai bien en tête le plan de la ville, de toutes ses fondations et de ses égouts, j'avais lu un rapport sur le sujet sur le bureau de mon cher Rodrik il ya quelques années de chat, mais je me rends compte, pour mon plus grand malheur, que la théorie et la pratique sont deux choses bien distinctes. Alors me voilà, trempé et puant, à errer à la recherche du moindre signe qui pourrait me guider dans mes recherches.

Je sais depuis de longues minutes que je suis épié, surveillé, une petite troupe de rats me suit, ils pensent être discrets, mais leurs yeux noirs luisent dans les ténèbres et leurs petites pattes de vermine rapent sur la pierre. Un son discordant que mes oreilles ne peuvent qu'intercepter. Je me dis que je devrais peut-être me faire aider par ces rudes autochtones, qui d'autres qu'un rat pour m'indiquer ma route dans ces bas-fonds ? Puis les humains qui s'y cachent doivent en déranger les occupants. "L'ennemi de mon ennemi est mon ami" et même si je n'ai aucun ami, j'ai des sujets, plus ou moins utiles, je décide donc de faire de ces vermines mes sbires ou du moins essayer.

Je disparais dans un angle tournant et me tapis derrière une caisse de bois, je les entends s'affoler et les vois passer devant de moi. Ni une ni deux je leur bondis dessus, j'en attrape un par la queue et un autre entre mes crocs, que je serre suffisamment fort pour qu'il comprenne que je ne rigole pas. Leurs compagnons m'encerclent et montrent des dents, en retour, je sors une de mes griffes que je place sous la gorge d'un de mes otages. Cela semble suffire pour les tenir à distance et me permettre d'entamer les négociations.

- Je ne viens pas vous manger, je suis là pour vous débarrasser des envahisseurs.

Bien sûr, j'ai traduit ces quelques mots dans votre langue, les rats ne parlent pas le même dialecte que les humains. Pour votre culture, le terme "envahisseur" en rat est le même que pour "humain" et se prononce "hirk". J'ai un peu du mal à articuler des sons aussi grotesques, plus par dignité que par manque de capacité vous me direz. Je me sens obligé d'améliorer leur dialecte primitif et d'y ajouter quelques notes poétiques. Enfin bon, ils ont compris ce que j'ai dit et c'est le principal. Le plus gros de la bande, avec une cicatrice immonde à la place de l'oeil droit, s'approche avec confiance et colère.

- Tu n'es pas le bienvenu ici, relâche mes frères et va-t’en ! On est trop nombreux pour toi.

Encore une fois, la traduction est modifiée pour mes lecteurs et leur sensibilité. Ces véritables paroles étaient bien plus vulgaires et aussi toxiques que l'air dans ces égouts. Autant pour moi et ma gentillesse. J'avale d'un coup de langue le rat que je tenais entre mes crocs et commence à égorger celui entre mes pattes. Des dizaines de vermines feulent et crient, rameutant en quelques secondes des centaines d'autres. Je me dis que j'ai peut-être mal évalué la situation. Au même moment j'entends du bruit derrière moi et je n'ai même pas le temps de me retourner qu'on me rentre dedans et que je me retrouve sous l'eau, complètement immergé dans la merde, immerdé, emmerdé ? Bref, vous avez compris.

Tandis que je me noie de moitié et m'étouffe avec le rat toujours coincé dans ma trachée, j'aperçois mon petit lutin et des humains qui débarquent en trombe à sa suite. C'est donc lui qui m'a bousculé, je coche une nouvelle case sur la longue liste mentale de tous ses torts. J'ai cependant d'autres chats à fouetter, même si je déteste cette expression. C'est une bataille générale qui explose entre les rats et les humains avec en son centre ma pauvre personne et mon acolyte. Comment sortir de ce bourbier ?
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    Dans sa folle course pour sa survie, Kant trébucha sur le chat rondouillet -celui-là même qui l’avait plongé dans le pétrin-. Toutefois, sa vengeance ne se fit point attendre : en bousculant l’animal, il le fit tomber dans le canal d’eaux usées, le plongeant, au sens-propre, dans la merde. Reconnaissant le félidé de malheur, Kant s’adressa à ses poursuivants.

« Regardez ! C’est lui, il est là ! s’exclama-t-il en indiquant le chat par des hochements de tête répétés. Le chat révolutionnaire, enfin, ‘l’arme chat’ des révolutionnaires ! Là, là, là ! »

À ces mots, les assaillants regardèrent en direction du canal, et l’un d’eux y plongea sans hésitation. Les trois autres poursuivirent leur course en direction de Kant. Raté, pensa-t-il, avant de tourner les talons pour s’enfuir. Quelle ne fut pas sa surprise quand face à lui, il tomba nez à nez avec une tripotée de rats qui semblaient bien décidés à le transformer en gruyère. Ce maudit félidé attirait donc à lui tous les malheurs du monde ? D’un bond vif sur le côté, se collant complètement au mur, Kant esquiva l’assaut des rats, qui se jetèrent sur les agents du gouvernement. Les rongeurs semblaient déterminés à faire fuir ces intrus de leur immonde demeure.

    Profitant de cet instant d’accalmie, Kant continua sa course sur quelques mètres et aperçut un bout de tuyauterie disloqué présentant une surface en dents de scie à même de trancher ses liens. Prestement, il se retourna et se mit dos à la tuyauterie accidentée, puis gigota de bas en haut jusqu’à ce que les cordes liant ses poignets rompent. Libéré, il observa la situation : l’homme qui s’était jeté dans le canal était l’une des deux brutes épaisses et il empoignait le pauvre chat, qui semblait lutter contre quelque chose coincé dans son gosier. Face à Kant se trouvaient les trois autres hommes qui, bien qu’un peu nigauds, parvenaient tout de même à se débarrasser des rats. Ces derniers commençaient à fuir un à un.

Comment avait-il pu en arriver là ? Que pouvait-il faire maintenant, s’enfuir et être pourchassé tel un vulgaire pirate ou tel le révolutionnaire qu’il n’était pas ? Tuer les agents du gouvernement pour que cette histoire ne sorte jamais des égouts ? Telles étaient les questions qui taraudaient le pauvre Kant, emmêlé dans une situation qui visiblement le dépassait. Le meurtre n’était pas une option pour lui, tout comme la vie de cavale. Les secondes s’écoulaient et les rats retenant ses assaillants étaient presque tous morts ou en fuite. Soudain, il aperçut le chat en mauvaise posture : la brute l’empoignait fermement et il ne comptait pas lâcher le félidé avant qu’il n’ait rendu son dernier souffle. Kant encocha une flèche et banda son arc. Il aurait pu aisément viser la tête, mais il se contenta de tirer sa flèche dans le bras de la brute. Cette dernière poussa un hurlement de douleur et lâcha son emprise sur le chat. Comme s’il pouvait le comprendre, Kant se hasarda à lancer à son endroit :

« Tu nous a foutu dans cette merde ! Je t’en prie, sors-nous-en ! »
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Un des saligauds qui poursuivaient le garçon se saisit de moi, je ne peux rien faire d'autre qu'être spectateur de ma propre fin. J'essaie quand bien même de me débattre, mais mes forces me lâchent rapidement, ma vision se trouble dû au manque d'air et je suis persuadé que je vais y rester. Le truc c'est que je ne vois pas ma vie défiler devant mes yeux comme dans la masse de romans policiers ou d'aventures que j'ai pu lire, nan, là y'a rien d'autre qu'une douleur intense liée ma suffocation. J'en suis presque à m'arracher la gorge de mes griffes et je me dis dans que mon malheur j'ai de la chance que l'humain me tient fermement, au moins mon cadavre sera intact.

Puis je me rappelle de l'endroit dans lequel je me trouve et je panique un peu plus, hors de question que je finisse en pâtée pour ces maudits rats, l'être supérieur que je suis mérite au minimum une sépulture à Mari-Joa sur la place centrale, avec des feux d'artifice et une journée de deuil national ! je dis ça, mais je ne peux rien faire, l'énergie du désespoir me redonne un minimum de clarté dans mes dernières secondes de vie pour que je puisse voir ce traitre de lutin me viser avec la flèche de son arc. J'aurais préféré être épargné de cette vision qui me fend le cœur aussi certainement que la pointe de son projectile dans un instant.

Je ferme les yeux et m'abandonne à mon misérable destin, qu'il se dépêche, au moins je ne souffrirais plus. Telle fut mon ultime pensée alors que dans la plus grande surprise je me retrouve à flotter dans les airs une infime seconde, libérée de l'emprise de mon ravisseur, avant de m'effondrer une nouvelle fois dans la merde. Le choc me fait avaler le morceau de poils que j'ai coincé dans la gorge et c'est dans un hoquet effroyable, mi-hurlement, mi-couinement que je parviens enfin à respirer. Que s'était-il passé ?

J'entends la voix paniquée et geignarde de mon acolyte, d'un bon vif je saute sur un des tuyaux muraux et analyse la scène. Il m'avait donc sauvé la vie, mais était-ce par gentillesse et bonté d'âme ou simplement un geste intéressé, se sentant acculé, il décida de sauver le seul parti capable de le sortir de cette situation ? Et quand bien même ? Quelles que soient ses raisons, le résultat restait le même et je décide de ne pas m'y attarder. L'heure est grave et je n'ai pas de temps à perdre.

Content de briller et l'ego boosté par par le gamin qui comptait sur moi, je ne me fais pas plus prier et passe à l'action. Je saute sur le crâne du plus gros des deux soldats aux mains avec les rats. Le type est une armoire à glace, mais mon poids, qui est positivement conséquent, lui fait perdre l'équilibre et il s'effondre de tout son long. Les rats ne perdent pas une seule seconde et lui sautent dessus dans des petits couinements écœurants. Son collègue essaie de l'aider à se relever en criant son nom et le temps d'un court instant la voix devant nous est libre. Sachant que le troisième tient son bras blessé et pleure dans un coin en appelant sa mère, je plonge sans un regard en arrière dans la pénombre et espère que le petit lutin me suit de près.
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    Tout n’était peut-être pas si mauvais chez ce félidé grassouillet. À la grande surprise de Kant, le chat bondit sur l’un des poursuivants et le fit chuter. Venait-il de lui venir en aide ? De lui rendre la pareille ? Kant l’interpréta de cette manière. L’armoire à glace s’effondra et les rats se jetèrent dessus : ils n’avaient visiblement pas dit leur dernier mot. Un frisson parcouru l’échine de Kant. Le spectacle d’un être humain submergé par des rongeurs répugnants, voraces et déterminés n’était pas à son goût. Il hésita même, un bref instant, à secourir le malheureux. Puis, scrutant tout autour de lui, il remarqua le félin s'enfuir dans les ténèbres du réseau d'égouts. Kant l'imita, laissant les quatre hommes se débattre seuls avec les rats.

    Malgré son embonpoint certain, le chat courrait vite et Kant peinait à le suivre dans ce dédale nauséabond et malodorant. Au terme d’une longue course, ils débouchèrent face à une grande échelle boulonnée au mur et dont le sommet donnait l’accès à une bouche d’égout. Kant bondit alors sur l’échelle, l’escalada aussi vite qu’il le pu et souleva la bouche d’égout en usant de toutes ses forces. À cet instant, il fut aveuglé par la lumière éclatante et salvatrice de la surface. Il voulut sortir, mais le chat impatient bondit lui aussi et n’hésita pas à planter ses griffes acérées dans le pauvre Kant pour l’escalader à son tour et regagner la surface en premier. Kant grinça des dents et, distrait, il n’entendit par ses poursuivants arriver. Trois agents étaient sur ses talons et l’un d’entre eux manqua de lui saisir la jambe de peu. Kant sortit, mais n’eut pas le temps de replacer la bouche d’égout avant que ses assaillants ne sortent à leur tour.

    La course-poursuite reprit, cette fois dans les ruelles de Luvnelgraad, à l’air frais et sous les rayons du soleil. Instinctivement et à tort, Kant prit la même direction que le chat de malheur. Ils détalèrent à vive allure en ligne droite et aperçurent tout un attroupement de personnes devant l’entrée du port. Ils s’en tenaient toutefois à bonne distance, car de sombres événements s’y déroulaient alors. Ignorant les mises en gardes des membres de la milice chargée de la sécurité en ville, Kant poursuivit encore et toujours le félidé jusqu’à débouler sur les quais. S’il eût été clairvoyant, il se serait alors adressé à cette même milice, qui aurait pu lui venir en aide, car le pays de Luvneel ne tolérait aucunement la présence de la Marine sur ses terres. Il n’en fut rien, et ses poursuivants arrivèrent en trombe sur le port.

« Vous voilà fait comme des rats ! » S’exclama l’agent, haletant.

« Mais chef, les rats, ils sont plus dangereux qu’eux, voyez ce qu’ils ont …»

« Tais-toi, Sven ! » répondit le supérieur en dégainant son sabre.

Les assaillants s’avancèrent, menaçants. Ils n’étaient plus que trois, l’un d’entre eux s’étant visiblement fait dévorer vivants par les sordides créatures qui peuplaient les égouts de la ville. Kant sortit son arc et encocha une flèche. À sa grande surprise, il constata avec une joie relative que le chat ne s’était pas enfui : il faisait face à ses côtés, prêt à bondir. Se sentait-il redevable ? Les trois hommes s’écartèrent de façon à encercler leurs deux victimes, quand soudainement, quelque chose s’abattit à leurs pieds dans un terrible fracas. Le sol était nettement fendu sur une profondeur qu’ils ne pouvaient imaginer. Une autre salve du même acabit s’abattit devant Kant et le chat, et ces derniers réalisèrent rapidement qu’une attaque mortelle venait de s’abattre devant eux. Tous levèrent les yeux au ciel et constatèrent ébahis qu’un terrible affrontement se déroulait au-dessus de leurs têtes. Le célèbre pirate Mizukawa Sutero, de retour de GrandLine, affrontait le Sous-Amiral de la Marine Jared l’Etau. Les deux combattants aguerris disputaient un terrible duel à coups de lames d’air qui dévastaient le port, tranchant tout sur leur passage. Conforté par la figure combattive de son supérieur, le chef des agents infiltrés s’exclama d’une voix claire et autoritaire :

« Maintenant, bougres d’idiots ! Arrêtons ces deux-là, et nous brillerons aux yeux du Sous-Amiral pour nos hauts faits ! »

À ces mots, les trois hommes se ruèrent comme un seul sur Kant, qui sortit ses ciseaux à bois pour se défendre lors du joute au corps-à-corps qu’il savait perdue d’avance. Avec l’élan du désespoir, il s’élança vers ses assaillants. Mais alors qu’il s’apprêtait à croiser le fer, il reçut un violent coup sur la tête : le chat grassouillet venait de bondir sur lui, l’éjectant de sa trajectoire. Puis, à la seconde suivante, une nouvelle salve de lames d’air venue du ciel s’abattit violemment sur les trois hommes qui, dans leurs élans, ne prêtaient plus attention au duel au-dessus de leur tête. Les trois agents furent instantanément découpés sur place et tombèrent en morceaux, aspergeant les alentours immédiats d’une grande quantité de sang. Recouvert d’hémoglobine chaude et dégoulinante, Kant gisait au sol, choqué. Là, une vive douleur le ramena subitement à lui : le félidé plantait ses griffes acérées sur le dos de sa main. Il ne parlait pas, mais son regard inquiet intimait Kant de se lever et déguerpir, car l’affrontement entre le pirate et le Sous-Amiral n’était pas prêt de toucher à sa fin.

Courants hébétés vers la sortie du port, ils croisèrent le chemin des personnes attroupées à l’entrée du port et qui, quelques minutes plus tôt, avaient tenté de les dissuader de s’aventurer sur les quais. Kant baissa la tête, continua sa course et finit par s’effondrer dans une ruelle exigüe, toujours couvert de sang, mais enfin sauf. Il leva les yeux et vit, haut perché sur un toit, le chat qui lui jetait un ultime regard en guise d’adieux. Il respira profondément.

« C’est bien la dernière fois que je caresse un chat » dit-il.
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