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Découvrir la voie des épéistes

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Au neuvième jour du Festival en l’honneur de Kiyori.

******

Le soleil venait à peine de se lever que ses premiers rayons surplombaient déjà la montagne de l’île où nous avons accostés depuis maintenant neuf jours. L’archipel aux Éveillés, un endroit que je ne connaissais absolument pas, mais que la Déesse Kiyori a su coloniser pour y bâtir un véritable petit empire. Dans les rues, ses hommes font le tour une vingtaine de fois pour y maintenir l’ordre. Les habitants natifs d’ici semblent prit au dépourvu avec toute la nouveauté et tout le tourisme que cet évènement a apporté. Voilà maintenant une petite heure que je traverse toutes les ruelles de la ville pour profiter du calme du jour qui se lève. Les commerçants mettent en place leurs stands, les plus courageux sont déjà aux fourneaux pour préparer de bons petits plats qui raviront les papilles des festivaliers.

« Hé ma petite demoiselle, approchez approchez ! »

Un vieil homme muni de son plus grand sourire me fit signe pour approcher, en même temps il pouvait difficilement s’adresser à quelqu’un d’autre, vue l’heure, peu de gens se promènent dans les rues. C’est vêtue d’un espèce de kimono que j’ai obtenu en gain d’un stand de jeu hier, et de mon indémodable cape rouge que je m’approche alors du stand du joyeux papy qui m’accueille en se frottant les mains.

« Je vous vois venir monsieur. »

Dis-je d’un ton amusé.

« Vous ne m’extorquerez pas le moindre Berry avec vos belles préparations culinaires. »

« Allons allons ma grande. Restez tranquille, il est encore trop tôt pour faire marcher le commerce. Installez vous donc, je vous offre le repas. »

« Eh bien ? Que me vaux ce chaleureux accueil ? »

« Vous ne savez pas ce que vous portez sur le dos ? »

J’observe un instant mon kimono l’air légèrement perdue.

« Euh pas vraiment, j’ai trouvé ça dans ma chambre d’hôtel. »

« Il s’agit d’une tunique de festival de notre déesse Kiyori. Avec ça, ça vous offre un bon passe-droit pour pas mal d’évènements ici. Alors cependant, avec votre cape ça … dénote assez et ce n’est pas très accordé. »

« Oh vous savez ? Je me fiche bien d’accorder un simple kimono avec ma cape. Cela dit, je veux bien manger s’il vous plaît. »

« Ahah ! En voilà une qui ne perd pas le nord, je vous sers l’un de nos petits pains maison avec gelée royale et une boisson chaude ? »

« S’il vous plaît, merci d’avance. »

Le vieil homme se met alors rapidement aux fourneaux pour me préparer un bon petit déjeuner. Je reste donc là, assise à le regarder sans rien faire d’autre. Profiter de l’instant présent sans craindre rien ni personne, qu’est-ce que c’est agréable comme sensation. Une petite brise matinale vient me caresser les épaules et les joues, me faisant rosir légèrement. Personne à l’horizon à part les prêtres du culte de Kiyori qui font leur tour matinal, d’autres sont en train de faire le ménage des rues pour l’accueil des premiers touristes qui ne devraient pas tarder. Tout est si calme, les oiseaux chantent, il doit être à peu près six heures du matin. J’ai laissé Jyll et Meira se reposer, la veille nous avons bien profité dans l’un des restaurants du coin avec des locaux qui nous ont parlés longuement du culte de Kiyori. Décidément cette femme est aux lèvres de tout le monde ici, c’est une véritable secte.

Au moins, cette atmosphère semble avoir fait du bien à mon acolyte, Jyll. Notre premier jour ici fut assez mouvementé avec les retrouvailles entre Hitoshi et lui, puis l’arrivée des parents et l’ex petit-ami de son ange favori. Disons qu’il a été assez bouleversé par tout ça et me l’a assez rabâché pour que je comprenne bien qu’il n’a pas aimé la situation dans laquelle il s’était retrouvé. J’ai bien dû avouer que ce sentiment m’échappait, n’ayant jamais été réellement attirée de manière amoureuse envers quelqu’un, je n’ai pu que le soutenir sans vraiment servir de conseillère. Ce moment m’a d’ailleurs bien fait réfléchir sur moi-même, sur ma vie et mes sentiments. Je n’ai jamais connu cet amour, l’amour si puissant qu’il nous fait parfois plus de mal qu’autre chose, cet amour si puissant qui nous donne envie de rester avec cette personne toute notre vie sans craindre le moindre adversaire. J’ai pu sentir ce sentiment au travers de ce que Jyll me racontait, et ça m’a fait me remettre en question.


« Tenez ma grande, votre petit-déjeuner est servi. »

« Merci. »

« Dites-moi, vous semblez assez préoccupée. Vous voulez discuter ? »

Discuter ? Avec un inconnu ? Un léger rire manqua de sortir de ma bouche avant que je réalise que ce parfait inconnu venait de se fatiguer en cuisine pour moi, de manière tout à fait gratuite et qu’il venait de se préoccuper de mon état. Qui suis-je pour me moquer de l’intérêt qu’un vieil homme porte à mon égard ? La piraterie m’est montée à la tête, et j’ai perdu ce lien qui me rattachait aux personnes, aux civils, aux pauvres gens qui ne demandent qu’à vivre leur vie sans subir tous les maléfices que renferme ce monde.


Dernière édition par Elisabeth L. Gray le Sam 28 Jan 2023 - 10:19, édité 2 fois
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« Je ne sais pas … j’ai du mal à savoir qui je suis en ce moment. »

« Oh ? C’est une question que tout le monde se pose à un moment de sa vie vous savez. J’ai soixante-dix ans et je suis passé maintes et maintes fois par cette étape. »

« Avez-vous toujours cuisiné ? »

« Oula non ahah ! Mais vous gardez ça pour vous hein ? »

« Oh ne vous inquiétez pas, je ne suis pas de celle qui vont tout déblatérer à la Marine. Ils ne m’aime pas beaucoup. »

« Ahah parfait ! J’étais pirate pendant quarante ans ! Pas un grand pirate non non. Un homme tout à fait modeste qui n’a fait que voyager entre les Blues et Grand Line. M’arrêtant finalement sur cet archipel pour y vivre avec ma compagne et y faire ma vie. »

« Qu’aviez-vous donc d’un pirate ? »

« Je maniais l’épée comme personne ! On m’appelait le cuistot aiguisé. »

« Un cuisinier se battant à l’épée ? C’est original. »

« Avec en plus de ça un caractère assez … peu conventionnel dirons-nous. J’étais rêveur, insouciant et la Marine voulait me garder à l’œil parce que je ne respectais pas toutes les règles. »

« Ce qu’ils sont pénibles ces Marines, toujours là à nous imposer leurs lois. »

« N’est-ce pas ? Ahah ! »

Et nous voilà partis dans une bonne dose de rigolade avec ce vieil homme de l’autre côté du comptoir. Moi qui pensais que c’était un vieil homme simplement aux fourneaux, comme quoi, l’habit ne fait pas le moine. Et j’oublie d’ailleurs bien trop souvent que tout le monde a eut une vie avant de nous rencontrer. Maintenant, le voilà bien installé dans sa routine de retraité, sans être embêté par la Marine, au milieu d’un festival organisé par une Empereur, pour une Empereur.

« Vous me plaisez bien ma jeune demoiselle, comment vous appelez-vous donc ? »

« Elisabeth. Mais vous pouvez m’appeler Lise. Et vous ? »

« Garry ! Tout simplement Garry, le joyeux cuisinier du festival ! »

Clama haut et fort le vieil homme en face de moi. C’est avec un grand sourire qu’il posa ce qui semblait être le fourreau d’une épée sur le comptoir, me forçant à porter mon assiette et ma tasse pour que les contenus de ces derniers ne s’étalent pas sur mon kimono dont je me fous éperdument certes, mais bon, je n’ai pas de change.

« Qu’est-ce donc ? »

« Mon épée ! Je vous la donne ! Elle n’a plus voyagé à travers Grand Line depuis que je me suis installé ici, faites lui vivre de grandes et belles aventures s’il vous plaît. »

« Oh euh … c’est très gentil et attentionné de votre part, cependant … je ne manie absolument pas l’épée. »

« Vous êtes pirate et vous ne maniez pas l’épée ? Qu’êtes-vous donc alors ? Une érudite des mers ? »

« En quelque sorte. »

C’est avec une extrême délicatesse que j’écarte légèrement l’épée du comptoir pour pouvoir y poser mon repas presque finit. Je pris quelques secondes pour secouer mes mains avant de remonter le kimono au-dessus de ma cuisse gauche, dévoilant un genre de rangement en cuir d’où je pu sortir trois bâtons de tailles identiques, d’un bleu ciel éblouissant avec les rayons se reflétant mieux depuis quelques secondes, signe que le soleil se lève de plus en plus.

« Je suis archéologue, et voici mon arme de prédilection. Il s’agit d’un Sorcery Climat-Tact. »

« Un … climat-tact ? Je crois avoir déjà entendu ça quelque part. C’est une arme assez rare dans le coin, non ? »

« En effet, elle me permet de contrôler le climat ambiant et d’en faire ce que bon me semble. C’est une arme très rare que l’on trouve uniquement sur les îles célestes. »

« Oh ? Alors vous êtes allés sur les îles dans le ciel ? »

« Malheureusement non pas encore ahah ! Mais j’espère bientôt. Cette arme appartenait à mon mentor, une vieille dame adorable. »

« Hmmm je comprends. Que diriez-vous de me suivre ma grande ? »

« Euh … où ? Je n’ai rien de prévu et je me promenais simplement avant de retrouver mes amis à notre hôtel. »

« Allons les chercher ! »

« Quoi ? Eh bien, vous ne perdez pas de temps, que prévoyez-vous avant tout ! J’aime m’embarquer dans des plans qui ont un minimum de réflexion et de but voyez-vous ? »

« Oh je comprends, alors ! Il y a un temple au loin dans les terres de l’île, la Déesse Kiyori l’a fait construire en même temps que tout ce festival. Ce temple servirait à l’idôlatrer et à lui rendre honneur. »

« Jusque là honnêtement, vous ne me vendez pas du rêve, que voudriez-vous que je fasse là-bas ? »

« Eh bien, j’y enseigne des cours de maniement d’épée dans ce temple. Que diriez-vous que nous y allions, que vous ne vouliez pas de mon arme auprès de vous lors de votre périple, je peux le comprendre. Mais faites au moins cet effort d’égayer la vie d’un vieil homme qui vous propose de vous apprendre tout son savoir. »

« Hmm … comment dire non après ça ? »

Me voilà donc emportée à travers les rues du festival par ce vieil homme pas très haut, assez fripé et simplement vêtu d’un kimono beaucoup trop long pour lui et d’un tablier de cuisinier. Il sautille tout guilleret à côté de moi, me laissant le guider jusqu’à l’hôtel où nous résidons avec Jyll et Meira. Il nous fallut une petite quinzaine de minutes pour y arriver. Un quart d’heure bien pimenté par le vieil homme qui me racontait à peu près tout ce que je devais savoir sur sa vie, en n’oubliant pas de me parler de son épée qu’il agite un peu partout comme un jeu qui n’aurait aucun incident si la lame venait à se libérer du fourreau et à trancher le nouveau venu.

« Attendez-moi ici s’il vous plaît, je vais prévenir mes amis. »

« Pas de soucis ma grande, je ne bouge pas. »
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Me voilà, grimpant les escaliers de l’hôtel plutôt modeste où nous avons élu domicile pour toute la durée de l’évènement de Kiyori, avec Jyll et Meira. Tout en montant, un grand sourire se dessinait sur mon visage. Ce vieil homme me rappelle mon mentor, Loraine. Cette vieille dame au caractère fort a elle, visité les îles célestes et se serait liée d’amitié avec de nombreux habitants des îles des cieux, j’aimerais tant marcher sur ses pas. Et ces moments de calme me rappellent que je ne suis qu’une poussière dans ce monde, que j’ai encore tant de choses à apprendre. Et cette soif d’apprentissage grandit de plus en plus, je crois que c’est ça qui m’a poussé à accepter l’invitation du vieux Garry. Tiens ! Me voilà enfin devant notre chambre, j’ouvre rapidement la porte après avoir entré la clé dans la serrure, surprenant Jyll en train de faire des pompes pour se réveiller devant son lit, tout à gauche de la pièce. Meira quant à elle, s’étire et fait ce qui semble être son yoga, sur son lit tout à gauche, à côté du mien.

« Tiens ? Capitaine vous voilà. Même pas ça achète les pains au chocolat pour le matin. »

« Allez mauvaise troupe, on se lève ! J’ai rencontré un vieil homme qui veut m’apprendre l’art de l’épée. »

« L’art de l’épée ? Le maniement des épées ? Tu as un Climat-tact Lise. »

« Je le sais bien, appelle moi idiote. Allez habille toi Jyll ! Toi aussi navigatrice ! »

Dis-je en lançant un t-shirt au visage de mon médecin et une robe au hasard sur le lit de ma navigatrice.

« Je vous laisse cinq minutes, vous nous rejoignez en bas ? On va s’amuser un peu ! »

Puis me revoilà sortie de la chambre, après avoir déposé ma cape sur la chaise de l’unique bureau central. Après l’avoir regardé une bonne minute, cette cape … don de Loraine que je ne pourrais jamais oublier. C’est aujourd’hui que je vais grandir, que je vais m’intéresser à un moyen de me perfectionner, de devenir plus forte. C’est bien la première fois depuis mon entraînement au Climat-tact que je n’avais pas ressenti cette excitation d’apprendre quelque chose de nouveau. Je claque la porte derrière moi et me voilà, dévalant les escaliers de cet hôtel, un grand sourire aux lèvres.

« C’était bien notre capitaine là ? »

« On dirait bien, je ne l’ai que rarement vue aussi jouasse. Enfin … dans tous les cas elle semble avoir une bonne raison à ça. Habille toi Meira, on la rejoint. »

******

Dix minutes plus tard, en bas de l’hôtel …

******

Ah ! Les voilà enfin ! Alors que j’étais assise sur un banc aux côtés de papy Garry, je pu apercevoir Jyll et Meira dans l’encadrure de la porte de l’hôtel. Mon médecin de bord se tenait fièrement debout, vêtu d’un mini-short bleu et d’une chemise de la même couleur, légèrement ouverte sur son torse. Son sac à dos semblait bien rempli, tandis que ma navigatrice portait une mini-jupe rose et un crop-top noir à manche courte. Le temps estival de l’île ne laissait guère penser que nous étions en début d’année 1629, la douce brise d’une matinée d’été nous effleurait tranquillement la peau.

« Hé, j’ai pris l’épée que j’ai gagné y’a quelques jours, si ça peut aider. »

« OH ?! Mais c’est Mono Oshi ? »

« Non, c’est une réplique papy. La véritable est détenue par la Déesse nan ? »

« Oh ! Je suis déçu, vous promener avec une réplique d’une arme si prestigieuse, vous devriez avoir honte. »

« Je crois que tu l’as vexé, range ça Meira. »

« Vieux con. »

L’ambiance semblait au beau fixe ! Nous voilà alors tous les quatre commençant à marcher en direction de l’extérieur de la ville, en rejoignant la chambre je m’étais souvenu qu’un vendeur dans un stand du festival m’avait donné une petite statuette de Kiyori. Papy Garry m’expliqua alors que ces statuettes fonctionnaient comme des log pose et permettaient de guider les personnes vers le temple le plus proche. Ainsi grâce à cela nous pourrions rejoindre le temple où le vieil homme donne ses cours de maniement d’épée, un peu plus facilement. Je me retrouvais donc à servir de boussole pour le groupe alors que chacun faisait connaissance.

Jyll semblait bien s’entendre avec ce vieil homme, discutant tous les deux des différentes maladies qui existaient sur les mers et celles que le vieux épéiste avait dû combattre lors de son jeune âge, qui n’existaient plus maintenant dû aux avancées médicales à travers le monde. Cet échange eut au moins pour effet d’en apprendre un peu plus sur la médecine à mon acolyte. Tandis que Meira restait un peu en arrière, avec toujours la fidèle réplique de Mono Oshi accrochée dans le dos. Je m’approche doucement d’elle avec un léger sourire, on dirait que la situation dans laquelle nous nous trouvons à pour effet de m’apaiser un peu. C’est comme me remémorer les moments passés avec Loraine pour mon entraînement du Climat-Tact.


« Tu l’as mal pris ? »

« Hein quoi ? »

« Pardon. Je voulais dire, l’intervention de Garry, il ne faut pas le prendre personnellement, il est juste très attaché aux épées et en voir une vulgaire réplique a dû le froisser. »

« Hmm … ouais je m’en fous, je suis juste là pour prendre l’air. »

Meira s’éloigna alors en rougissant légèrement, je sais qu’elle n’ose pas l’admettre mais notre compagnie lui fait du bien. Je n’ai pas encore eu le temps de discuter plus amplement avec elle, mais elle semble avoir un passé assez troublé et troublant. Nous sommes sa bouffée d’air frais avec Jyll, sans prétention évidemment. Enfin ! C’est dans une bonne humeur générale que notre petit groupe quitte finalement la ville, toujours guidé par la petite statuette que je tiens entre mes mains. Nous continuons d’échanger nos péripéties, le grand-père semble plutôt impressionné et intéressé par nos coups d’états qui sont pour l’instant pas forcément très impressionnants. En même temps, Meira a pu en apprendre un peu plus sur notre passé et même sans qu’elle ne dise quoi que se soit, je sens un réel intérêt en elle.

C’est finalement après deux longues heures de marches à travers des collines et des champs d’herbes hautes, que nous pouvons apercevoir au loin une genre de chapelle avec une cours extérieure bien délimitée par des barrières. Tout autour ? Il n’y a que des champs à perte de vue, Kiyori a vraiment voulu miser sur un espace totalement neutre et vide pour y établir son temple. Et je dois bien dire que je m’attendais à un endroit aussi extravagant que l’Empereur mais pour le coup, me voilà surprise. Cette chapelle est ce qu’il y a de plus rudimentaire, en vieilles pierres, avec un toit en paille, elle doit bien pouvoir accueillir une centaine de personnes tout au plus, mais ça s’arrête là. Il y a une petite forêt au loin avec un ruisseau plutôt digne d’un simple cours d’eau qui passe dans la zone extérieure de la chapelle, la fameuse zone délimitée par des barrières. Garry prend alors de la vitesse en … courant ? Devant nous. Mais malheureusement pour lui, son grand âge le rappelle à l’ordre et le voilà boitant quelques mètres plus loin.


« Jyll … aide le s’il te plaît. »

« Hé papy allons ! Ne forcez pas, nous arrivons. »

« Qu’il est con. »

« Oh ! Tu es mauvaise langue. Allons-y. »

C’est dans cet état d’esprit rieur et amusés que nous nous avançons vers cette chapelle, Garry ouvrant la marche avec Jyll. Suivis de près par moi, puis Meira ferme la marche avec un grand sourire aux lèvres, son intégration se passe très bien, elle se plaît parmi nous. Nous entrons donc dans cet endroit pour découvrir un lieu de calme, où une dizaine de prêtres sont en train de prier tout au bout, devant une statue à l’effigie de Kiyori.

« Yo les teu… »

« Meira stop ! »

« On est des pirates certes, mais un peu de respect pour leur croyance. Bien que prier cette Déesse ne m’enchante guère, au moins on peut profiter d’un cadre idéal pour s’entraîner. »

« Sage réaction. Écoutez votre capitaine à l’avenir, allons à l’arrière de la chapelle, je n’ai pas organisé de cours aujourd’hui, comme je devais tenir mon échoppe en ville. Nous serons tranquilles. »

« Tiens c’est vrai ça, vous êtes cuisinier en ville c’est bien ça ? »

« Oui oui, mais ma femme peut prendre le relai lorsque j’ai un cours de prévu. En me voyant partir ce matin avec votre jeune capitaine ce matin, elle a dû comprendre que je ne rentrerais pas avant un moment. Elle me connaît à présent ahah ! Allez, prenez une épée en bois en sortant. »

Jyll et Meira passent à côté du stand d’épées et n’en prennent pas, on dirait que ces deux là vont vaquer à leurs occupations pendant que je vais suer corps et âme à l’extérieur contre le vieil homme. C’est donc seule, que je sors, munie d’une simple épée en bois. En sortant de la chapelle par le côté, nous rejoignons une immense clairière entourée de barrières, parsemées d’arbres par-ci par-là, et de poteaux servant apparemment de mannequins d’entraînement vus les coups qu’ils ont pris. Le vieil homme se tient debout devant un arbre, nous ne perdons pas un instant pour finalement le rejoindre. Meira s’allonge sous l’ombre de l’arbre, voulant profiter de la douce brise estivale pour faire une sieste bien méritée. Quant à Jyll, il se pose contre l’arbre, debout en nous regardant.
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« Alors tu vas vraiment apprendre à manier une épée ? »

« On … dirait bien. C’est stressant. »

« Eh bien comme quoi, une grande guerrière comme vous semble stressée par quelque chose qu’un enfant de huit ans pourrait réussir. »

« Je n’ai rien d’une grande guerrière, et merci de me rabaisser de cette manière, vous êtes motivant. »

« Oh si, je ressens en vous une certaine puissance. Vous êtes une élue des rois n’est-ce pas ? »

À cet instant, mes deux compagnons tournent leur regard vers nous. Ce grand-père l’a senti lui aussi ?

« Une élue des rois ? C’est-à-dire ? »

« EN GARDE ! »

Sans prévenir, le vieil homme prit une impulsion qui eut pour effet de me surprendre en premier lieu. Il venait de dégainer son épée en bois et fonçait vers moi, ses coups filèrent comme un couperet à deux doigts de me trancher de part et d’autre, je m’efforçais de garder un œil sur ses pieds pour me calquer sur lui et tenter d’appréhender ses mouvements. Mes gestes étaient flous, artistiques comme certains diraient, mais je me voyais hésiter et agir sous impulsion, rien n’était réfléchi dans mes gestes. Et Garry me le fit vite comprendre en penchant son épée de côté pour me désarmer d’un geste qui fit voler mon arme en bois à quelques mètres derrière moi. Il pointa ensuite le bout de son épée sous ma gorge.

« Tu es morte gamine. »

« Dites donc … vous cachez bien votre jeu avec vos problèmes de hanches, vous semblez très bien vous porter. »

« L’art de manier une épée c’est comme une seconde nature pour moi, après la cuisine. Je me sens à nouveau jeune et capable de soulever des montagnes lorsque je cuisine des bons plats, mais aussi et surtout lorsque je tiens une épée entre mes mains. Je sens toute la fougue de ma tendre jeunesse dans ces mouvements. Et sur les mers, dans mes jeunes années, j’en ai croisé des élus des rois comme toi. Vous êtes cependant très rares et destinés à faire de grandes choses, tu ne le sais pas encore mais ton destin t’attends, et il sera d’embûches. »

« Oh je le sais … je suis ponéglotte. »

Le vent siffla alors de plus en plus fort, cette annonce faisait l’effet d’une bombe à chaque fois. Le vieil homme resta un moment interdit, alors que Jyll et Meira me regardaient d’un air d’incompréhension.

« Capitaine ! Non mais ça va pas ? On ne dit pas ce genre d’infos à des inconnus normalement. »

Restant tout à fait calme et sereine, je repris mon épée en main avant de me recoiffer d’un revers de main dans les cheveux. Reprenant totalement confiance en moi, cette fois j’allais montrer à ce vieux papy de quel bois je me chauffe.

« Ahahahah ! Eh bien jeune Lise, tu regorges de secrets ! Et tu n’as pas eu une vie facile, mais ce n’est que le début. Non mais … ponéglotte, élue des rois, et quoi d’autre ? Décidément, tu me fais rire. »

« Cessez de parler l’ancêtre. »

Mon regard était devenu assuré, je plaçais un pied devant l’autre, donnant des coups d’estoc avec la pointe de mon épée en bois. Le vieil homme en face de moi arborait toujours ce regard amusé, mais quelque chose venait de changer en lui, qu’est-ce donc que cette confiance qui émanait de lui ? Comme si une aura l’entourait, cette aura intimidante et supérieure, presque écrasante. Il passe à l’attaque, ses assauts m’écrasaient, quelque chose était en train de se passer, je me sentais écrasée physiquement et mentalement. Une nouvelle fois, malgré mes efforts pour tenter de copier son style, il parvint à décrocher mon arme de mes mains et fit voler mon épée au loin, allant même jusqu’à la briser en deux.

« Comment ? Comment avez-vous réussi à faire ça avec une simple épée en bois ? »

« Cesse donc d’essayer de me copier gamine. »

« Que suis-je censée faire alors ? Votre aura est puissante, vos mouvements sont précis, et malgré votre grand âge, un fossé nous sépare. »

« Tu devrais peut-être te faire tes propres techniques ? »

Mon regard se tourne alors vers Jyll qui vient de prendre la parole, maintenant assis dans l’herbe, feuilletant ses livres de médecine. Il a levé la tête pour me sourire et lever un pouce dans ma direction.

« Mes propres techniques ? »

« Ton jeune ami a raison. Tu es bien la sorcière climatique ? »

« En effet. »

« Tu t’es forgé ce titre en sortant du lot, en développant tes propres techniques, en fonction de ce que tu es. De qui tu es. Et qui est-tu ? »

« Sûrement pas une épéiste. »

« Allons la défaitiste. Reprends-moi une arme et je t’apprends les bases en combat d’épées ! On se dépêche. »

Est-ce une remontrance que je suis en train de me prendre là ? Je sens le regard moqueur de mon médecin de bord derrière moi, je préfère l’ignorer et me concentrer sur mon entraînement pour finalement aller reprendre une épée neuve et écouter les conseils du vieil homme. Son petit cours sur les techniques de combat à l’épée dure tout de même une petite heure. Heure durant laquelle Jyll et Meira en ont profités pour discuter tous les deux, apprenant sûrement à se connaître, au moins cet échange leur a permit d’échanger des sourires et c’est ce que j’aime voir entre membres de mon équipage. Cette notion est encore toute fraîche pour moi, je dois me faire à l’idée de devenir une capitaine pirate. C’est une responsabilité énorme, responsabilité que je me dois d’endosser, mes compagnons sont sous ma protection, je dois devenir forte, pour les protéger et leur offrir une vie comme ils l’ont désiré. Puis … l’entraînement qui devait durer une après-midi s’allongea peut-être un peu trop.
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Le lendemain, en début d’après-midi, dans cette même clairière illuminée par les rayons du soleil montant haut dans le ciel.

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Les minutes m’ont parues être des heures, les secondes des minutes. La moindre brise de vent qui effleurait ma peau devenait une véritable menace. Le vieil homme m’a malmené pendant toute une journée entière. Jamais mon corps n’aura été frappé et lacéré de cette façon. Me voilà le lendemain après-midi, arborant des bandages sur mes bras et mes jambes, portant les mêmes vêtements que la veille, toutefois, sans ma cape. Cape qui est gardée bien précieusement par Jyll, tranquillement avachi sous le même arbre qu’hier, mâchouillant un épi de blé et rêvassant de je ne sais quoi. Quant à Meira, elle s’est éclipsée pour aller s’extasier devant la grandeur de l’île sur un sommet non loin d’ici à pied, elle est partie hier soir et devrait rentrer d’ici peu.

« Alors gamine ? Te voilà fin prête. »

« Je ne serais prête que lorsque je vous aurais vaincu. »

« Ahah ! Tu es bien sûre de toi. »

« C’est la raison de ma venue ici. Merci de m’avoir enseigné toutes les positions et certaines techniques d’épéiste mais je me dois de vous provoquer en duel une dernière fois avant de partir d’ici. La théorie apprend énormément de choses, mais en matière de combat, rien de mieux que la pratique pour imprimer les mouvements et stratégies dans nos esprits. Vous ne trouvez pas ? »

« Je suis tout à fait d’accord avec toi. Puis les soins prodigués par ton médecin semblent t’avoir remis d’aplomb. Bien joué gamin. »

« Oh ce n’est rien, Elisabeth est une véritable casse-cou, je suis habitué. »

J’affiche un léger sourire avant de dégainer l’arme de Meira, qu’elle m’a gentiment proposé afin que je puisse m’entraîner avec une véritable arme en main. Bien qu’il ne s’agisse que d’une réplique d’un Meitou, d’après ce que le vieil homme m’a dit, les Meitous sont des armes blanches très rares. Il en existerait trois sortes si j’ai bien tout suivi, ces trois sortes, classent les armes selon leur rang et leur prestige je crois bien. Ce Mono Oshi est une arme de premier rang si je me souviens bien, donc les armes les plus impressionnantes et avec les plus grandes histoires du monde. Ce n’est certes qu’une réplique mais ça n’en reste pas moins une arme tranchante. Et entre mes mains, c’est très dangereux … tant pour mon adversaire que pour moi finalement.

« Papy Garry, je vous défie. »

« Avec plaisir ma grande. En garde ! »

Le ton du vieil homme est moins théâtral qu’hier. Est-ce qu’il me prend enfin au sérieux ? Je devrais pouvoir faire la différence maintenant. Le voilà en position, son regard est fermé, il va s’élancer. Je brandis alors mon arme climatique devant moi.

« Je dois inventer ma propre manière de combattre. Je l’ai inventé ! Depuis longtemps ! Fog Tempo ! »

De l’extrémité de mon bâton sort alors une brume qui s’épaissit de plus en plus jusqu’à créer une véritable purée de pois qui nous empêche de voir à plus d’un mètre devant nous. Le vieil homme semble afficher un sourire sur son vieux visage, du moins c’est l’expression que j’ai pu graver dans ma mémoire avant que le brouillard ne s’installe entre nous. J’allais devoir me concentrer pour écouter ses pas, du moins s’il daigne se mettre en mouvement. Et c’est ce qu’il fait.

« Mirage Tempo ! »

Je fais tournoyer mon arme climatique derrière moi, profitant de ce brouillard pour camoufler mon plan. Mon arme tournoyante vient déposer de fines particules d’eau, à températures assez basses pour créer une dépression atmosphérique ayant pour effet de rendre mon corps invisible. Ainsi, le vieil homme pu transpercer … le vide, du bout de son arme. Une simple image rémanente de moi se tenait debout là, et se dissipa très rapidement, au contact de l’arme du vieil homme. Je me trouvais, moi, à deux mètres de là, quasiment à l’extrémité de ce brouillard épais.

« C’est ainsi que j’ai décidé de m’imposer ! En tant que sorcière ! »

« Quoi ? »

« Cyclone … Tempo ! Bourrasque de brouillard ! »

D’un geste vif, j’ai lancé mon arme climatique en direction du ciel, sous sa forme boomerang, il emporta avec lui, un courant d’air si puissant que tout le brouillard présent fut happé en direction du ciel, dans une tornade magnifique qui se dissipa dans les cieux. Le vieil homme avait le regard rivé sur cette science climatique à l’œuvre. Ne jamais quitter son adversaire des yeux, d’un bond en avant je dégainai mon épée et parvint à désarmer le vieil homme en faisant tomber son arme au sol. Le voilà à présent à ma merci, mon regard s’arrêta alors dans le sien, il souriait ? Mon arme s’arrêta à quelques centimètres de sa gorge, Jyll s’était relevé d’un bon.

« Lise ! C’est bon ! »

« Tu n’aurais pas dû t’arrêter ma grande. »

« Hein ? »

Et l’espace d’un instant après, le cou du vieil homme libéra une gerbe de sang qui éclaboussa le sol herbu derrière lui. Son corps chuta de sa petite hauteur avant de tomber à mes pieds. Que venait-il de se passer ? Mon regard observa les alentours avant de voir Meira courir dans notre direction, elle s’accroupit alors juste derrière l’homme pour récupérer … sa dague ?

« TOI ! Qu’est-ce que tu vie… »

« Du calme Capitaine ! Pour le moment on doit vite s’en aller d’ici, la Marine est à nos trousses ! Le festival de Kiyori ne protège absolument pas ce lieu, il s’agit d’un lieu de recueillement comme un autre, sans autorité pour la protéger. »

« Attend, navigatrice ! Je me fous que la Marine soit à nos trousses, pourquoi tu as … »

Je prends alors conscience de ce que Meira vient de nous annoncer. Ce vieil homme aurait tout manigancé, il aurait tout manigancé pour nous tendre un piège et tenter de nous tuer. Mais alors comment aurions nous pu suivre la voie de la boussole des lieux de recueillement de Kiyori pour venir jusqu’ici.

« Je sais la question que tu te poses capitaine, et si tu regardes bien ta boussole spéciale Kiyori, sa main n’est pas baissée. Nous n’avons pas atteint son lieu de recueillement, nous étions simplement sur le chemin pour. »

« Et ce vieil homme aurait … »

« Ne dites pas n’importe quoi. Un vieux comme lui n’aurait jamais pu manigancer toute cette histoire. »

« Et pourtant … regardez ! Un régiment de la Marine en approche. »

En effet, au loin derrière les barrières en bois venait de se rassembler un régiment d’une cinquantaine de soldats de la Marine. Un seul haut gradé semblait présent, et n’allait pas nous faciliter la tâche. Meira et Jyll se mirent à mes côtés, mon regard ne pu s’empêcher de se poser sur le corps mort du vieil homme à mes pieds … ce destin si tragique pour quoi ? Pour tenter d’obtenir ma tête et la somme qui en est au bout.

« Les gens sont pitoyables. »

Cette phrase semble m’arracher un brin d’humanité encore une fois. Moi qui pensais pouvoir donner ma confiance à un vieil homme à la retraite, j’ai bu ses paroles sans me poser la moindre question, et le revers de médaille a faillit me coûter la vie. Heureusement que Meira est intervenue pour m’empêcher de finir la tête sur une pique. La vie n’est pas ce qu’elle peut nous faire croire, ce n’est pas un monde tout beau tout rose où nos meilleurs amis se cachent au premier coin de rue venu. Au contraire … dans ce monde qui n’est que mensonge et barbarie, le meurtre et la trahison sont des éléments que je suis bien plus à même de définir, bien plus que l’amour et la compassion en tout cas. Je relève péniblement mon regard pour m’arrêter sur le régiment devant nous, tout en redonnant la réplique de Mono Oshi à Meira.

« Je n’utiliserais plus d’arme tranchante. Je t’en laisse l’honneur, Meira. »

Ma navigatrice me regarda d’un air surprise, tout comme Jyll.

« Jyll, Meira. Nos ennemis sont partout. Même des vieux papys de campagne, sans histoires … sans but … sans famille à rejoindre ce soir. »

J’avale péniblement ma salive avant de reprendre.

« Débarrassons nous de ces minables et rejoignons Vaillant, le festival est terminé pour nous. »

Les forces armées de la Marine se mettent alors en position, une ligne de combattants se mettent en arrière, voulant déjà nous tirer comme des lapins.

« Mirage Tempo ! »

Malheureusement pour eux, mon arme climatique tournoyant déjà derrière nous, nos trois corps commencèrent à disparaître sous les yeux ébahis de nos adversaires. Le haut gradé présent ordonna à tous ses hommes de boucler le périmètre. Alors qu’ils se mirent tous en position, aucun d’eux ne prêta attention au temps qui était en train de changer, aux nuages qui étaient en train de se former au-dessus d’eux. Lorsque l’on affronte la sorcière climatique, la moindre des choses est de se soucier du climat. Le haut-gradé en place daigne finalement dissiper ses troupes principales amassées autour de lui, sentant un mauvais coup se préparer. Cela n’empêche pas Meira de tuer furtivement dix tireurs d’élites. Profitant de son invisibilité temporaire, ma navigatrice s’est glissée derrière la première ligne de tireurs pour les poignarder un à un avant d’être épaulée par Jyll qui use de son art martial médical pour brouiller la vision un instant à leurs opposants pour leur permettre de se replacer de manière à ce qu’ils ne soient pas à portés de leurs coups.

« Thunderbolt Tempo ! »

Voilà la foudre ! Une véritable pluie d’éclairs s’abat sur une vingtaine d’hommes qui finissent carbonisés en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire. Une odeur de brûlé nous prend alors tous au nez, les survivants reculent légèrement. Voyant leurs camarades s’effondrer, complètement cuit par mon attaque. Le ciel est encore grondant, tandis que nous réapparaissons devant eux, en joue pour se faire tirer dessus, mais ils ne le feront pas.

« Sorcière Climatique ! Toi et tes amis êtes en état d’arrestation, pour la capture et le meurtre d’un civil. Et également pour tous les précédents actes dont vous êtes les auteurs, depuis votre entrée sur Grand Line et bien avant même. »

S’en est trop. Voilà ce que je reproche au Gouvernement, ils tournent la situation à leur avantage, pour nous mettre nous, pirates et simples rêveurs des mers, dans des cas qui leur sont favorables. Et ça, je ne le tolèrerais plus. Mon bâton climatique continue de tournoyer dans mon dos, j’ai les mains engourdies tant que je le fais tournoyer rapidement. Le ciel gronde de plus en plus fort, le vent souffle de plus en plus fort. Tous les soldats encore capables de nous tenir en joue sont incapables d’appuyer sur la gâchette. Leur supérieur s’impatiente, ne comprenant pas la raison de leur immobilité, avant qu’il ne lève les yeux vers moi. Il fut soudainement pris d’un vertige immense, d’un mal de crâne à le faire trembler de tout son corps pourtant si grand et imposant. Curieux qu’il ne tombe pas comme une mouche, il ne serait donc pas si misérable que ça.

« Vous êtes pitoyables, pauvres marins de pacotilles. »

Les éclairs commencent à tomber partout dans la plaine où nous nous trouvons, mon orage a atteint la taille maximum que je peux lui donner. Certains éclairs frappent des arbres, les faisant tomber avec fracas et créant des étincelles embrasant assez le bois pour y mettre le feu. D’autres éclairs s’éclatent contre la chapelle que je pensais être un lieu de recueillement pour Kiyori. Ainsi donc lui aussi n’est que mensonge ? Il n’a donc plus lieu d’exister. Ma noirceur est perceptible tout autour de mon être, mon regard est froid. J’ai horreur des mensonges, horreur des manipulations. Je ne suis pas de celles qui se font manipuler une fois et qui ne punit pas, je suis rancunière et je ne laisse rien impuni. Je reprends la parole d’un ton fort, ne libérant pas toute ma puissance royale pour garder mes victimes en état de m’entendre.

« Nous allons devenir votre pire cauchemars, marins du gouvernement. J’ai découvert en moi un pouvoir insoupçonné, je n’hésiterais ainsi donc pas à m’en servir contre chacun de vous. Contre chaque homme, chaque femme qui oserait me penser naïve et manipulable. Vous rendez-vous seulement compte de vos actes de manipulation où êtes-vous trop formaté à ne plus réfléchir par vous-même ? Vous me répugnez pauvres fous. »

La folie, voilà ce qui est en train de s’abattre sur cette plaine. Les éclairs tombent depuis maintenant une longue minute, un incendie s’est déclaré à cause des arbres en feu. La chapelle n’est plus qu’un lointain souvenir, l’orage s’est déchainé dessus.

« Elisabeth Gray … pauvre sorcière ! »

Le haut-gradé semble en avoir sous le coude, malgré mon étreinte mental sur ses collègues et lui, il parvient à s’en libérer et le voilà usant d’une technique bien propre aux membres d’élites du gouvernement, un Soru c’est bien ça ? Mon Fluide Royal n’est pas encore au point, je ne parviens pas à sonner tous les soldats restants. D’un simple revers de main dans mes cheveux, je donne le regard fatal à mes opposants qui tombent quasiment tous dans l’inconscient, la bave aux lèvres.

« Je m’occupe du chef, Jyll et Meira préparez-nous un point de sortie, il doit rester dix hommes, voire moins. »

« Bien. »

« C’est comme si c’était fait. »

Les nuages commencent à se dissiper, notre tableau n’est plus si sombre, le soleil parvient même à se frayer un chemin entre mes créations climatiques. Je me dissimule à nouveau derrière un mirage, souriant à mon adversaire qui tranche dans le vide avec un Rankyaku un peu trop bien lancé. Son attaque termine au loin, tranchant net un arbre encore intact.

« Swing Arm … hugh ! »

Rapide ! Il est rapide, je réapparais à peine de mon mirage qu’il m’assène un puissant coup d’index dans l’épaule. Me faisant lâcher mon arme climatique. Cette arme est tant mon point fort que mon point faible, je suis trop dépendante de ce bâton. Titubant légèrement, mon adversaire profite de mon incapacité à me remettre pour me donner un coup de poing dans le ventre.

« C’est risible, qu’une gamine comme toi soit pourvue de ce don des rois. »

C’est dingue qu’ils aient tous la même réflexion, s’en est ennuyant et répétitif. Je m’accroupis rapidement pour éviter un nouveau coup de poing, rattrapant mon Climat-tact dans ma main droite, je me saisis de mon bâton du froid pour le faire tournoyer d’un quart de tour en arrière avant de le poser sur la poitrine de mon opposant qui reste une demi-seconde sans bouger.

« Thunder … CHOC ! »

Le leurre fonctionne, l’homme prend de l’élan pour faire un bond en arrière, ne voulant sûrement pas se prendre un coup de jus en plein cœur. Malheureusement pour lui, la bulle qui sort de l’arme climatique est bleue, d’un bleu azur éclatant.

« Espèce de sorcière … ce n’est pas une bulle foudroyante. »

« Ice Age ! »

Me voilà, reculant en faisant tournoyer mon bâton du froid en direction du ciel, profitant d’un dernier nuage se maintenant au-dessus de nous, j’insuffle une nuée de bulles froides dans ce nuage qui s’élargit légèrement avant qu’une pluie froide commence à nous tomber dessus. Pour finalement faire pleuvoir une pluie de grêlons qui viennent frapper le sol comme des balles de plomb. Je suis forcé de m’éloigner de quelques mètres pour ne pas être prise dans la tempête de grêles qui empêche mon adversaire de se relever, usant de son Tekkai pour rester immobile et subir le moins de dégâts possibles.

« Rafale Rankyaku ! »

« Cyclone Tempo ! »

Nos techniques s’entrechoquent, les Rankyaku fusent à travers la plaine à cause de la rencontre avec ma bourrasque. Lui comme moi, nous récoltons des dégâts bien trop importants pour continuer cet affrontement. La plaine est marquée par les affrontements, tous les hommes de la Marine sont incapables de continuer l’affrontement, et mon adversaire et moi sommes allongés au sol, chacun d’un côté. Derrière moi, j’entends Jyll et Meira courir dans ma direction.

« Porte la ! Il faut s’en aller, j’ai entendu l’un d’eux dire qu’ils ont appelés des renforts. Faut se casser. »

« Je te suis. Allez hop, Lise, tu viens avec nous. »

« Je … je peux marcher ! »

Je me relève tant bien que mal avec l’aide de Jyll qui s’occupe de vérifier mes constantes et m’aide à courir pour que nous fuyons cette plaine ravagée par nos combats. Le haut-gradé de la Marine ne se relève pas, je me fiche royalement de son état, après ce qu’ils viennent de faire ils ne méritent pas une once d’humanité de ma part envers eux. L’adrénaline de l’affrontement coule dans mes veines, me forçant à courir de toutes mes forces pour rejoindre les quais et retrouver notre navire. Ce combat n’aurait jamais dû avoir lieu … ce vieil homme n’aurait jamais dû nous rencontrer, il n’aurait pas perdu la vie. La mort est partout, elle nous observe et frappe sans prévenir. Il aura malgré tout réussi à m’apprendre le maniement de l’épée, mais … était-ce vraiment de son propre chef qu’il m’a apprit tout ça, était-il simplement sérieux en me parlant de sa vie ? Était-il en train de se livrer comme pour ancrer ses périples et sa vie dans la mémoire de survivants ? Je ne le saurais jamais. Mais en tout cas, bien qu’il a voulu me tuer et me trahir, je ne l’oublierais pas, il restera le vieux Garry, maître épéiste. Et ça, à tout jamais.
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