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Les voix du désert. [Robina Erwolf]

Hinu Town, Hiver Année 1628.
Les voix du désert.


Après avoir déserté le territoire de Gao, Sigmund échoua au large d’Hinu Town, une île dont il avait beaucoup entendu parler. Il ne la reconnut certes pas immédiatement, mais ce ne fut que l’affaire de quelques minutes. Les hommes de Gao, le mafieux dont il avait saboté les affaires, ne devraient pas le poursuivre jusqu’à cette contrée, se disait-il, alors qu’il foulait rapidement le désert de ces pas.

C’était bien la première fois qu’il s’aventurait dans un aussi vaste pays désertique, il en arrivait même à le comparer avec la célèbre île d’Alabasta, dont son maître lui en avait beaucoup parler. En l’occurrence, le mercenaire à la crinière de lion ne manquait pas de profiter de ce moment, un moment de calme où il se trouvait seul face à la nature. Chose rare pour être souligné.

Une main dans la poche, l’autre tenait sa cigarette, dans laquelle il tirait de temps à autre, l’archéologue s’enfonçait dans le désert d’un pas serein. Le soleil tapait fort, mais il s’efforçait d’en faire abstraction, d’autant plus que sa longue veste à capuche aidait légèrement à atténuer la chaleur. Petit à petit, à mesure qu’il progressait, il faisait le point sur ses pensées, sur son objectif, et surtout sur ce qu’il allait faire sur cette île.

« … Alors qu’as-tu pensé de ce voyage ? » Glissa alors un marchand ambulant à son camarade.

Ils n’étaient pas loin de Sigmund, sur le chemin inverse, et s’apprêtaient à le dépasser d’un instant à l’autre.

« Franchement, génial, comme toujours frangin. Al-Médie est sans doute l’une des villes que je préfère le plus dans ce pays. Un jour, si on a les moyens, on devrait envisager de s’y installer définitivement, qu’en dis-tu ? » Répliqua l’homme qui serait le frère du marchand, sourire aux lèvres.

Désormais, deux mains dans les poches, le mercenaire passa tout près d’eux, la tête encapuchonnée, sans leur adresser ne serait-ce qu’un regard.

« Ne t’en fais pas, un jour c’est toute notre famille qui s’installera dans ce berceau de l’humanité... » Répondit le marchand, alors qu’il disparaissait peu à peu dans le désert.

« Al-Médie », songeait finalement le Schwarz tandis qu’il s’enfonçait lentement dans le cœur du grand désert. Dégainant sa gourde d’eau, il tâcha de s’hydrater tout en veillant à économiser le peu d’eau qui lui restait. Puis, il poursuivait son périple, sans savoir où est-ce qu’il allait échouer. Il était néanmoins persuadé d’une chose : tôt ou tard, il finira par atteindre une destination, quelle qu’elle fût.

Seulement, après plusieurs heures de voyage, toujours pas l’ombre d’une destination. Pire, le soleil se couchait sur l’île et s’annonçait petit à petit, une terrible nuit d’hiver. S’ajoutait en outre, du brouillard qui n’augurait à priori rien de bon, ainsi qu’un sifflement des plus étranges, faisant bourdonner ses oreilles depuis un moment. Ne jamais errer dans le désert sans but, tel était l’avertissement de nombreuses victimes, qu’il aurait de toute évidence bien fait d’écouter…

Exténué, l’hériter du royaume d’Eyrarfeel finit par s’arrêter devant ce qui avait tout l’air d’une ruine antique. Ainsi, il se posa au-dessus d’un fragment de l’édifice, puis s’alluma une clope, le regard rivé vers l’astre qui illuminait la nuit.

« Tout ne fait que commencer… Tout ne fait que commencer, Rose… » Fit-il, à voix basse, avant tirer une bouffée de sa cigarette.

Il expira la fumée dans un long soupir, tandis que le sifflement qu’il entendait se faisait des plus insistants….
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Robina suait énormément sous ses multitudes de couches de tissus pour garder la fraîcheur à l’intérieur, elle n'était pas sûre que cela marchait véritablement, mais elle voulait bien faire confiance aux locaux. Elle suivait une caravane qui se rendait dans le cœur du désert, là où se trouvaient des fouilles archéologiques. Elle avait hâte de voir ça de ses propres yeux, elle avait toujours été curieuse de ce travail, mais ne s’en était jamais vraiment intéressée plus qu’en effleurant la surface.

Sur le dos de son chameau qui posait une patte en dodelinant de gauche à droite comme s’il allait la faire tomber à chaque instant, elle se retenait de tomber avec ses cuisses. Elles chauffaient tellement que la cuisinière n’était pas sûre de pouvoir marcher de nouveau un jour. Elle leva les yeux vers le soleil, il était encore haut dans le ciel, l’après-midi était pourtant bien avancé, mais le temps semblait s’étirer pour que cet enfer ne s’arrête jamais. Elle avala une gorgée d’eau, le liquide coula le long de sa mâchoire tant elle s'empressa de s’abreuver. L’eau coula le long de sa gorge, la rafraîchissant avec allégresse, elle avait besoin de ça pour ne pas mourir de chaud, elle qui avait vécu la majorité de sa vie sur une île hivernale avait du mal à s'acclimater à Hinu Town.

Mademoiselle, eh oh mademoiselle ! Le guide de la chasseresse de primes l’appelait alors qu’elle était en train de boire.

La cuisinière tourna la tête vers lui, grand, élancé, des muscles fins et puissants, il avait les yeux qui regardaient partout sans s’attarder, il connaissait son travail sur le bout des doigts.

Oui ? Pardon, mais j’étais en train de boire. Elle lui jeta un regard légèrement irrité, il aurait pu attendre qu’elle ait fini.

J’ai vu, mais nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous, une tempête arrive, et elle sera là dans quelques minutes. La voix de l’homme du désert se fit tendue, il ne mentait pas et il mettait toujours un point d’honneur à bien s’occuper de ses clients.

Une tempête ? Mais il n’y a pas un seul nuage, c’est ridicule. La capitaine de l’Iceberg n’y croyait pas un seul instant, elle était surprise d’entendre une telle énormité dans la bouche d’un homme qu’on lui avait vendu comme sérieux.

Je peux vous l’assurer, il faut nous dépêcher de creuser un trou dans le sable ou de trouver un abri, je dirais que nous avons tout au plus vingt minutes pour le faire. Il regardait vers le sud, ce que la jeune femme ne voyait pas était un nuage épais qui se rapprochait rapidement de leur position. Annonciateur d’un vent violent et d’une tempête de sable.

Eh bien, je vous suis alors, parce que je ne vais pas pouvoir faire grand-chose de mon côté, à part vous aider à creuser. La jeune femme trouvait cette situation ridicule et le ton était plus que tranchant. Elle pensait toujours qu’il ne disait cela que pour faire son intéressant, pourtant elle le suivit sans faire d’histoire, elle ne connaissait pas le désert, contrairement à son guide.

Le temps qu’il faisait changea en quelques minutes, le vent commença très vite à se lever, soulevant des pans entiers des dunes autour de la jeune femme. Le sable volait partout, s’insinuait dans les couches de vêtements qui la protégeaient du mieux qu’elles le pouvaient. Elle remonta son masque jusqu’à ses yeux, et enfonça sa coiffe sur ses cheveux, ne laissant qu’apparaître ses yeux. Faisant gagner en vitesse, les montures pressèrent le pas, une ruine se profilait au loin, un encadrement de porte pouvait se deviner.

Nous allons nous abriter là-bas ! Surtout, suivez-moi de près, je ne voudrais pas vous perdre ! Le vent forcissait de plus en plus et la vision de la jeune capitaine des Glaciers se troublait peu à peu.

La monture était au petit galop, celle de la jeune femme aux cheveux bleux forçait l’allure, se faisait frapper par des vagues de sable brûlant, suivant celui du guide. Robina eut l’impression qu’elle n’en finirait jamais, que le sable allait l’emporter, pourtant alors qu’elle venait de se faire frapper de grains particulièrement violents, le vacarme se stoppa et elle se retrouva en sécurité dans une maison en ruine. L’arrière s’était effondré, des blocs de pierre plus gros qu’elle se détachant du bâtiment.

Il semble y avoir une ouverture dans le fond, surtout une cave ou un étage inférieur, nous devrions aller voir. Le guide s'enfonça dans l’obscurité, allumant un lumino-dial qu’il avait dans sa sacoche.
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