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Chez Karon



Chez Karon


Flashback 1627
✘ Solo
~ Ouverture Boutique





La pluie tombait abondamment cette nuit-là à Saint-Uréa. Le tonnerre grondait dans le ciel, assombrissant une nuit déjà noire. Seules quelques rares lampes à huile servaient de lampadaire dans la basse-ville, aux flammes vacillantes sous le vent de la tempête qui s’abattait sur nous. Ma capuche rabattue jusqu’à la visière de ma casquette, je déambulais dans les rues de la frange, entre les petits ruisseaux qui se formaient dans les ersatz de caniveaux. Les mains dans les poches, je ruminais sur mon sort, sur ma vie et sur les évènements récents.

Ivar était mort quelques jours plus tôt, ainsi que mes espoirs et mes rêves. Je me sentais vide, ayant perdu cette figure paternelle qui m’avait aidé et entraîné pendant les douze dernières années. Un grand rouquin aux muscles saillants, un visage patibulaire au premier abord mais qui se déridait bien vite après quelques verres. Il avait été mon patron, gérant d’une main de fer son gang d’usurier au service de Sal Veol. Toutefois, ce dernier ayant changé son business vers quelque chose de plus discret et rentable, il s’était débarrassé de toutes ses autres affaires et subordonnés pour ne pas que les autorités puissent remonter jusqu’à lui et l’incriminer. Ainsi, je me retrouvais sans patron, sans boulot et sans argent, ce que j’avais économisé tout ce temps ayant volé en fumée dans l’incendie.

Tout ce qu’il me restait, c’était les amis et contacts que je m’étais fais depuis que je vivais à Saint-Uréa. D’anciens orphelins et gamins des rues pour la plupart, les seuls que j’avais côtoyé assez longtemps pour leur accorder ma pleine confiance. L’un d’entre eux en particulier, Karon, ancien chef d’un des groupes d’enfants des rues à l’époque, s’occupait à présent de chapeauter les orphelins depuis son bar. Enfin, maintenant que Ivar était mort, véritable propriétaire des lieux qu’il avait acheté à l’époque pour nous offrir l’opportunité d’améliorer la vie des enfants désœuvrés de la frange, les choses se compliquaient. La famille proche d’Ivar, son fils et sa femme, ayant péris dans l’incendie, celui qui avait hérité des droits de propriété de l’établissement était un de ses cousins éloigné que je n’avais jamais vu. Suite à un message de Karon, j’avais pris le chemin menant au quartier malfamé dans lequel il avait sa taverne.

Sous la pluie battante, j’avançais dans les rues mal-éclairées, manquant plusieurs fois de me faire alpaguer par des bandes de voyous avant qu’ils ne me reconnaissent. J’étais plutôt connu dans le coin, j’y avais passé les dix-sept dernières années après tout, à mendier et à me battre, à voler et à menacer. Finalement, j’arrivais sur la place exiguë au milieu de laquelle se trouvait ’Chez Karon’, l’établissement que mon ami gérait depuis quelques années déjà. Je poussais la porte d’entrée en retirant ma capuche, content d’être arrivé et de pouvoir me réchauffer. Dans la salle, il y avait quelques clients habituels et je me dirigeais vers cette table au coin du feu qui était toujours libre, ma table réservée.

« Salut mon pote, irish coffee ça te convient ? » demanda Karon en s’approchant avec deux choppes fumantes qu’il posa sur la table sans attendre ma réponse.

« Yo Karon, c’est nickel merci, on se les caille dehors c’est l’horreur. » répondis-je en attrapant la choppe, m’en servant pour réchauffer mes mains tremblotantes.

L’âtre dans mon dos était agréable, me réchauffant et séchant mes vêtements trempés. De même pour mon café alcoolisé, apportant cette sensation de bien-être salvatrice en ces temps sombre.

« Comment vont les affaires ? »

« Mal je dirais, le cousin d’Ivar me met la pression pour que je rachète ce rade, sinon il le vendra ou le débitera pour en vendre les planches et le mobilier. » râla Karon en engloutissant une grande gorgée de son breuvage.

« Quel enfoiré ! Et il en demande combien ? »

« Trente briques. » souffla-t-il désespéré.

« Bordel...trente millions rien que ça... » commençais-je ahuri en observant les lieux vieux et décrépis. « Je parie que ça en vaut pas la moitié. »

« Tu m’étonnes, mais il s’est rendu compte que cet endroit me tenait à cœur et que toutes nos activités n’étaient pas toutes légales. J’y ai consacré du temps et on commence à peine à se faire connaître dans le milieu, et les gamins peuvent enfin profiter d’une vie un peu plus normale. »

« Il l’a sut comment ? »

« Ce connard avait les clés, il a profité que je sois sortis faire des courses et que la taverne soit fermée pour venir fouiller, juste de quoi me faire chanter. Je sais pas quoi faire... »

Il enfouit la tête dans ses mains, les coudes sur la table. Il paraissait fatigué, comme s’il avait passé les dernières nuits à réfléchir à une solution.

« J’aurais bien une solution pour qu’il arrête son chantage... » insinuais-je en le fixant dans les yeux.

« Lui péter les jambes ? Mettre une tête de cheval dans son lit ? J’y ai pensé figures toi. » ricana-t-il en sortant deux cigarettes, me tendant l’une d’elles dont je m’emparais, l’allumant à la flamme de la bougie posée sur la table.

« Je pensais à un truc un peu plus...radical ? »

« Ça n’arrangerait rien, il a des gamins qui prendraient le relais si on le tuait. À moins de commettre tout un massacre...et encore, même après ça je sais pas à qui reviendraient les droits de propriété. Et puis, ce serait pas le meilleur moyen de faire honneur à la mémoire d’Ivar, tu crois pas ? »

« En effet, t’as l’air d’y avoir déjà bien réfléchit. » fis-je remarquer en me grattant le menton, me donnant un air faussement intelligent en réfléchissant à une solution faisable.   « Il t’a donné un délai ? »

« Un an, mais il s’est assuré d’augmenter son pourcentage pour que je ne puisse jamais payer... »

« Un an ? Ça devrait le faire. Si je rachète l’établissement, t’en dis quoi ? Ça résoudrait tous nos soucis. » demandais-je alors en affichant un léger sourire.

« Ce serait idéal ouais, mais je croyais que t’avais plus une thune ? »

« T’en fais pas pour ça, je prévois de me barrer de ce trou. J’irai voguer sur les mers et je volerai suffisamment d’oseille pour racheter ce rade dans le temps imparti. » soufflais-je rêveur, perdant mon visage dans la choppe en engloutissant ce qu’il y restait d’une traite.

« Tu ferais ça pour moi ? » s’étonna-t-il.

« Tu sais que je t’aime mon pote, mais non, pas pour toi... » commençais-je rieur avant de reporter mon attention vers l’escalier qui menait à l’étage où, cachés derrière la balustrade, trois paires d’yeux nous observaient, curieux. « Pour eux. »

Trois enfants assez jeunes descendirent quelques marches pour entrer dans la lumière vacillante d’une lampe. Karon prit alors son air autoritaire que je trouvais particulièrement ridicule.

« Eh les enfants, il est pas un peu tard pour être debout ? » se leva Karon en ronchonnant, les poings sur les hanches.

« Allez Tonton Karon ! On a pas vu Tonton Ren depuis longtemps, on veut entendre une histoire ! » fit remarquer Oris, un garçon d’à peine sept ans dont les parents avaient été emmenés par la marine pour de soit-disant liens avec la révolution. Ils joignirent alors tous les trois les mains devant eux comme pour faire une prière, faisant papillonner leurs yeux pour faire craquer Karon.

« Bon d’accord, mais pas longtemps alors. »

Victorieux, les enfants levèrent les bras en poussant des cris, ils s’élancèrent alors vers moi pour réclamer des histoires. Ils s’assirent en tailleur près du feu tandis que je réfléchissais à quoi leur raconter. Karon débarrassa les choppes pour aller les remplir et reprit place en me regardant d’un sourire amusé. Je n’étais pas la personne la plus présente pour ces gamins, mais je faisais de mon mieux de mon côté pour leur offrir un avenir décent qu’ils pourraient choisir par eux-même. Je m’éclaircissais alors la voix pour commencer à raconter une de mes histoires de gangster.




Dix Mois Plus Tard




Une journée ensoleillée illuminait le royaume, les rayons augmentant la chaleur qui régnait dans les rues de la basse-ville. Les bâtiments proches les uns des autres et les rares espaces verts rendaient l’air quasiment irrespirable. Trempé de sueur, Karon rentra à sa taverne avec un paquet sous le bras qu’il venait d’aller chercher au bureau de poste le plus proche. Un appel de den-den mushi l’avait prévenu que ce paquet l’y attendait, mais le jeune tavernier ne savait pas qui en était l’expéditeur. Il se dirigea calmement jusqu’au comptoir où il posa le colis, le déballant soigneusement pour révéler un petit coffret sur lequel était posé un morceau de papier.


Salut mon pote, c’est Ren,
Comme promis, voici l’argent nécessaire au rachat de la taverne, ça fait beaucoup d’argent donc restes discret, surtout si on t’en demande la provenance. Je t’ai mis un peu plus, de quoi refaire un petit coup de neuf à l’établissement et d’avoir un matelas de sécurité.
Si jamais tu veux me contacter, je t’ai laissé les coordonnées de mon den-den, j’ai plein d’histoires à te raconter.
Tiens moi au courant.


Un léger sourire au visage, il ouvrit le coffret pour dévoiler les nombreuses liasses de billets qui y étaient entreposées. Avec tout cet argent, Karon pourrait racheter la taverne et y mettre un peu d’ordre. Bientôt, les enfants des rues de la frange n’auraient plus à se soucier de problèmes de logement ou d’alimentation. Enfin, pour cela, il faudrait faire fructifier les affaires de la taverne, se faire connaître dans le milieu de la revente d’informations.

« Allez, au boulot. » fit-il en se craquant les doigts, comptant minutieusement les billets uns par uns.




© Fiche par Ethylen sur Libre Graph'


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