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[Quête ] Le Cœur de l'Océan

Les Pirates du Houar

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Ces pirates n'ont qu'un seul but : renverser le Gouvernement Mondial et surtout le Gorosei. Pourquoi ? Et bien parce qu'ils n'aiment pas la façon dont ces derniers couvrent la vérité. Mais bien sûr, à part ça, chacun a ses raisons : injustice, complot monté contre eux, abus des Tenryubitos...

Ce sont des pirates qui sont particulièrement cupides, mais pas sanguinaires ni cruels. La preuve : ils ne tuent en général pas leurs prisonniers. Ils vouent une loyauté sans égale à leurs capitaines, ce dernier les ayant enrichis. A bord de leurs imposant navire, chacun à son rôle et la hiérarchie est très respectée.

Leur navire est l'un des plus gros à voyager sur les Blues. Il possède 72 canons, 3 mats et à son bord il y a trois bonnes centaines de forbans, prêt à tout faire contre de l'argent. Cet argent, ils le dépensent en général pour l'alcool et pour les femmes lors de leurs arrêts. Ils aiment aussi la musique et il y a une trentaine de musiciens dans l'équipage.

Spoiler:


La Division Nessy

La discrète Division Nessy n'est composée que d'une poignée de scientifiques et d'officiers triés sur le volet. Elle se penche en effet sur une problématique désagréable posée dés le début du projet Sous Marine. Et si, en définitive, la mécanique ne suffisait pas à concurrencer les habitants normaux des fonds marins ?

Une question qui donna rapidement un nouvel axe de recherche à la Brigade Scientifique. Si l'ennemi est plus fort que nous, alors il faut qu'il se batte avec nous. Et c'est comme ça que naquit le CCP, le Contrôleur cérébral programmable. Une sorte de mécanisme électronique programmable permettant de contrôler une bête des fonds marins aussi longtemps que possible. Le seul hic? Pour prendre le contrôle de la bête, il faut réussir à lui mettre le CCP et donc généralement la vaincre au moins une fois.

Les cerveaux de la Division Nessy surveillent toutes les opérations de la Sous Marine, toujours à l'affut de créatures intéressantes pour leur projet. Lourdement fournis en cyborg et en monstres soit disant sous contrôle ils sont la carte dans la manche, le gadget surprise des opérations sous marine.

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Les Broyeurs


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Protéger, Servir, Traquer


Dernière édition par Ambrosias le Mer 27 Avr 2022 - 18:34, édité 2 fois
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海 軍

∆ Feat. Ambrosias ∆


South Blue. Cela faisait longtemps qu'Ambrosias n'était plus venue dans cette région du monde. Lors de ses premières années dans la Marine, elle avait écumé un peu toutes les blues. La mer du nord était bien sûr toujours restée la favorite dans son cœur. La jeune femme se rappelait très bien de la raison pour laquelle elle avait arrêté de naviguer en 1627. L'annonce de la mort prochaine de sa mère l'avait poussée à chercher à être à ses côtés pour les derniers mois qui lui restaient à vivre. Quelle chance avait-elle eu alors d'avoir un état-major compréhensif et humain qui l'avait laissée partir. Le Colonel Felix avait lui aussi été particulièrement bienveillant. Force était cependant de constater que South Blue restait pour elle un lieu associé à un mauvais souvenir. Par chance, les récents événements avaient eu la décence de ne pas la contraindre à retourner sur Hinu Town. Au lieu de cela, elle se trouvait au Royaume de Bliss, à Portgentil pour être exact. L'endroit était immense pour une jeune femme comme elle qui avait été élevée dans un trou perdu de North Blue. Une fois arrivée sur place, Ambrosias avait suivi les consignes et s'était rendu au QG de la 19ème division. Reçue par le Colonel Bava Aok, elle lui avait officiellement remis le contrôle de son navire. Pour un court laps de temps, le Placide allait servir sous les ordres de cet homme pour servir les intérêts de Bliss.


La nuit tombée, elle avait quitté la base pour se rendre aux bureaux de la ligne bêta de la Translinéenne. Comme elle s'y attendait, les locaux étaient fermés et un calme relatif régnait dans les alentours. S'approchant de l'eau, Ambrosias se permit de s'asseoir en s'allumant un cigare. On lui avait demandé de venir ici et d'attendre. Elle savait qu'elle allait prendre part à une opération particulière, mais le reste était assez flou. Paupières closes, elle se contentant d'apprécier son tabac en laissant ses pouvoirs lui permettre d'entrer en communion avec la faune environnante. Elle entendait les animaux sans prêter réellement attention à ce qu'ils disaient, un peu comme une personne dans la foule d'un marché. Étrangement, petit à petit, elle entendit les pensées d'une bête devenir de plus en plus fortes. Pour une raison qu'elle ne comprenait pas, elles semblaient perturbées. De plus en plus gênée, la commandante ouvrit les yeux. Qu'elle ne fut pas surprise de voir une femme en combinaison en train de chevaucher ce qu'elle supposait être un hippocampe géant. Bouche-bée, Ambrosias manqua presque de faire tomber son cigare à la mère.



« Commandante Ambrosias je suppose ? »


En bonne militaire, la vétérinaire se releva prestement. Elle savait à qui elle faisait face: la commodore Hisoyashi Emiko. Si elle la connaissait, c'était parce que c'était à elle qu'elle devait obéir temporairement. Le Colonel Shoga avait été contraint de laisser Ambrosias partir sur South Blue pour servir les intérêts du Gouvernement Mondial sans qu'il ne sache trop pourquoi, ni elle-même d'ailleurs.


« À vos ordres Commodore ! »


La dirigeante de la Division Nessy n'était pas très célèbre, pas plus que ne l'était son travail en réalité, aussi la brûlée n'avait-elle jamais entendu parler d'elle jusque très récemment. Les travaux de la sous-marine étaient bien gardés n'en savait quasiment rien. Alors que la commodore bondissait de sa monture aquatique pour finir sur le plancher des vaches, la jeune femme blonde ne put s'empêcher d'observer avec une certaine insistance l'étrange mécanisme qui se trouvait sur l'hippocampe. Essayant brièvement de communiquer avec la bête, elle ne reçut pas de réponse intelligible, ce qui n'était pas normal. Fronçant les sourcils, elle regarda Emiko en train d'essorer sa longue chevelure de jais.


« C'était donc vrai.


- Quoi donc, Commodore ?


- Vous parlez avec les animaux. On raconte que vous êtes en mesure de les comprendre.


- Oui. C'est l’œuvre du fruit du murmure.


- Je sais. Vous étiez en train d'essayer de parler avec Blink ?


- Votre hippocampe ?


- Lui-même.


- J'ignore pourquoi, mais ça m'est impossible.


- Pour être honnête avec vous, ça ne me surprend pas. C'est à cause du CCP.


-Pardon ?


- Nous verrons cela plus tard. Mon croiseur est en mer à quelques nautiques au sud, ne tardons pas.


- Vous voulez que je monte sur Blink ?


- Bien entendu.


- Sauf votre respect...


- Je sais, la malédiction, ne vous en faites pas, je ne vais pas vous laisser tomber. En avant.


- À vos ordres, Commodore. »



Incapable de cacher son appréhension, Ambrosias éteignit rapidement son cigare et le jeta. Durant quelques longues secondes, elle regarda la monture aquatique. Si la moindre chose se passait mal et qu'elle finissait dans l'eau, elle coulerait comme une brique. Cette idée lui faisait réellement peur mais elle n'avait pas le choix. Prenant une grande inspiration, elle sauta sur le dos de l'hippocampe et manqua de perdre l'équilibre. Se rattrapant comme elle pouvait au cou de l'animal, elle prit ensuite le temps de délicatement s’asseoir sur le devant de la selle. La commodore ne tarda pas à la rejoindre. Positionnée derrière la vétérinaire, elle tenait les rênes en pouvant la tenir. Sans crier gare, elle fit s'élancer sa monture. La vitesse de Blink ne manqua pas de surprendre Ambrosias, en rien habituée à des pointes aussi importantes. À mesure qu'avançait l’hippocampe, il fendait l'eau de la mer et éclaboussait abondamment les deux femmes. Si Emiko semblait parfaitement habituée à la chose, ce n'était pas le cas de sa collègue qui peinait à garder sa dignité. Son visage était balayé par les vagues et d'incessantes trombes d'eau sans qu'elle puisse correctement regarder devant elle. De plus, le simple fait de sentir toutes ses jambes immergées lui faisait un drôle d'effet. Elle était encore maîtresse de son corps, mais elle se sentait déjà réellement diminuée. Muette, la militaire se contenta d'attendre que tout cela ne termine enfin. Par chance, la vitesse de Blink lui permit de très rapidement creuser l'écart entre la côte et le croiseur d'Hisoyashi. Progressivement, l'animal se mit à ralentir jusqu'à se retrouver près d'un cordage sur le bâbord du bâtiment. Tendant le bras, Ambrosias s'y accrocha et remonta tant bien que mal. Arrivée en haut, un marin l'agrippa et l'aida à monter pour de bon à bord.


« Bon sang... » murmura-t-elle.


Cette expérience avait été réellement affreuse et elle espérait ne pas la réitérer avant longtemps. Malheureusement, elle n'était pas idiote, si elle était venu sur le croiseur ainsi, il était fort probable qu'elle en reparte plus tard de la même manière. Sans le moindre mal, la commodore grimpa sur le pont et essuya une fois encore sa longue tignasse noire.



« Lieutenant Lindberg, conduisez la Commandante Ambrosias aux quartiers des femmes.


- À vos ordres.


- Retrouvez-moi dans ma cabine d'ici dix minutes. »
conclut-elle à l'égard de la vétérinaire.


Le teint blafard, la jeune femme se contenta de hocher la tête en se relevant. Le lieutenant Lindberg, un trentenaire brun avec une barbe bien taillé, fit signe à la militaire de le suivre. Sans un mot, elle s'exécuta. Le croiseur était similaire à l'Intrépide, le navire du Colonel Shoga. Elle savait déjà où se trouvait les cabines des femmes mais elle se contenta de suivre son collègue. Arrivée à destination, elle le remercia d'un bref signe de tête.



« Courage Commandante, c'est toujours un peu perturbant la première fois. »


Toujours muette, Ambrosias hocha la tête avant de passer le pas de la porte. Contrairement au Gladius, elle n'était pas la seule femme à bord et elle fit la connaissance de plusieurs de ses homologues. Ces dernières ne manquèrent pas de lui montrer où se trouverait sa couchette pour les jours à venir. Après s'être changée pour enfiler un uniforme sec qui se trouvait sur son matelas, la grande brûlée fit rapidement son lit. Cela lui faisait bizarre de quitter son tailleur rouge habituel. Habillée comme une simple marine débutante, elle avait l'impression de revenir quelques années en arrière. Voyant l'heure approcher, elle ne tarda pas à quitter la cabine pour se rendre en direction des quartiers du capitaine. Une fois encore, comme elle connaissait la configuration des croiseurs de la Marine, elle n'eut aucun mal à se retrouver. Après avoir toqué la porte, elle entra et la Commodore lui fit signe de s’asseoir. Obéissante, Ambrosias prit donc place sur le siège qui se trouvait devant son bureau en chêne. Une fois installée, elle ne manqua pas de remarquer que sa supérieure hiérarchique avait troqué sa tenue de plongée pour un sublime uniforme blanc et or.


« Commandante, vous avez été choisie par mes soins pour participer à cette opération. Au vu de la nature du travail qui vous attend, vous aurez connaissance de certaines données confidentielles de la sous-marine. Veuillez signer ce document, je vous prie. »


Le papier en question se trouvait déjà sur le bureau. La vétérinaire s'en empara et commença à le lire. Il s'agit d'un consentement de sa part de ne rien dévoiler de ce qu'elle apprendrait lors de l'opération. De la paperasse une fois encore, elle y était habituée. Sa lecture terminée, elle signa et rendit le document à Emiko. Cette dernière regarda rapidement la feuille et la rangea dans un tiroir.


« Parfait. Venons en droit au fait. Connaissez-vous le capitaine Claes Gerritzon ?


- Ce nom me dit quelque chose. L'homme qui dirige les pirates du Houar ?


- Tout juste. Cet homme est notre cible. Cependant, nous ne sommes pas la force d'intervention. Notre but est de lui tendre une embuscade et de s'assurer qu'il ne puisse s'échapper. L'honneur de l'affronter reviendra essentiellement au Commodore Miltiades. »



Epinondas, dit le Commandant Sanglant. Ce nom n'était pas non plss inconnu aux oreilles d'Ambrosias. Il était craint et redouté des pirates ou des révolutionnaires en raison de ses méthodes implacables. On disait de lui qu'il était aussi violent que sanguinaire. À la tête des Broyeurs, il était également connu pour être le possesseur notoire d'un fruit du démon particulièrement puissant: le logia du sang. Travailler en collaboration avec un tel officier était un véritable honneur pour la militaire.


« Qu'entendez-vous par embuscade ?


- Nous savons de source sûre que les hommes du Houar se dirigent vers le Cimetière d'épaves. La raison nous est inconnue mais ce n'est pas ce qui importe le plus. Le Commodore Miltiades se positionnera en mer, à quelques nautiques du Cimetière et attendra de déferler sur les pirates avec sa flottille. Le souci est de nous assurer que le Houar ne pourra pas faire volte-face et retourner se cacher sur ce repaire de forbans. C'est là que nous intervenons. Les hommes de la Division Nessy, avec votre aide, se serviront de monstres marins pour immobiliser le navire de Gerritzon avant que l'assaut ne soit donné.



- De monstres marins ? Je n'ai jamais eu l'occasion de converser avec eux, je ne sais pas si c'est une bonne idée.


- Ce ne sera pas un problème. Grâce au CCP, nous pourrons nous assurer d'être obéis. »



À la fin de sa phrase, Emiko posa sur le bureau une petite machine, semblable à celle qui se trouvait sur le crâne de Blink. Son mécanisme semblait très complexe pour la néophyte qu'était Ambrosias.


« Le contrôleur cérébral programmable, une véritable merveille d'innovation. Avec cela, nous pouvons contraindre n'importe quel bête marine de nous obéir. L'animal n'a alors plus réellement de volonté propre et nous pouvons le contrôler sans mal.


- C'est ce que vous avez fait avec Blink.


- Tout à fait. »



La commandante ne put s'empêcher de grimacer à cette idée. Le CCP était une atteinte évidente à ses convictions profondes. Elle avait du mal à croire que le Marine se livre à de telles monstruosités.


« Ne comptez pas sur moi pour vous aider à mettre des machines sur d'autres individus. S'il est vrai que je suis aujourd'hui militaire, je demeure vétérinaire au fond de moi et il est hors de question que je participe à quelque chose d'aussi ignoble.


- Du calme. Ce n'était pas mon intention, je vous faisais simplement part des consignes.


- Que voulez-vous dans ce cas ?


- Nos recherches sur place nous ont permis d'apprendre qu'il y avait d'importants flux migratoires d'orques, baleines et cachalots dans les environs. Vous êtes là pour nous aider à les utiliser et m'éviter de risquer la vie de mes hommes dans des combats avec des monstres marins.


- Comment ça ?


- Il y a quelques années, nous avons entendu parler de l'histoire terrible d'un baleinier coulé en mer. Le seul survivant du naufrage nous a compté son histoire, une histoire édifiante. Alors ses collègues et lui chassaient le cachalot, ils ont été subitement attaqués par un immense mâle agressif de plus de vingt-cinq mètres. La bête a foncé à plusieurs reprises sur leur navire jusqu'à y causer une importante voie d'eau, le faisant bien vite couler.


- Et vous voulez que je vous aide à reproduire cela ?


- Parfaitement. Avec ma monture, nous pourrons nous approcher de ces bêtes et grâce à votre pouvoir, vous pourrez les convaincre de nous aider. Je vous donne ma parole qu'il n'est pas question de les réduire en esclavage.


- Vous me permettez d'y réfléchir ?


- Je vous donne une heure.


- Merci, Commodore. »



En réalité, Ambrosias n'avait pas vraiment le choix. Si elle décidait de refuser d'obéir à sa supérieure, elle commettrait un acte d'insubordination qui serait assurément sanctionné. La question était pour elle de savoir si cela valait ou non le coup d'accepter la demande qu'on lui faisait. Prenant congé après avoir salué la femme, elle quitta les cabines de poupe pour venir se poser sur le pont du navire. Penchée sur une rambarde, elle prit le temps de poser le pour et le contre. Le plus gros problème qu'elle avait avec ce plan était la possibilité que d'innocentes bêtes marines ne soient blessées lors de l'opération. En étant rationnelle, elle se doutait bien que les animaux ne risquaient techniquement rien. Le fait de se trouver dans l'eau et non à sa surface représentait une formidable protection. Elle le savait, mais le risque zéro n'existait jamais dans ce monde, particulièrement quand on pensait au fait que la Marine ignorait si l'ancien Sous-amiral Gerritzon possédait ou non un fruit du démon. La décision n'était pas facile à prendre pour la vétérinaire. Le simple fait d'avoir acquis la faculté de communiquer avec les animaux l'avait poussée à devenir végétalienne, comment pouvait-elle après cela risquer leur vie pour servir ses intérêts ? Elle n'arrivait pas à se décider. Ce fut cependant en réfléchissant à ce qui arriverait si elle refusait qu'elle décida finalement d'accepter. Si elle était présente, elle pourrait aisément s'assurer que la promesse faite par la Commodore soit respectée. En parlant directement avec les mammifères marins, elle pourrait les mettre en garde contre le CCP et leur demander de fuir au besoin. Plus elle y pensait, plus elle en vint à la conclusion que sa présence était effectivement préférable, bien plus pour la faune que pour la Marine. Avec amertume, elle quitta le pont pour aller accepter de prendre part à l'opération.



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海 軍

∆ Feat. Ambrosias ∆


Après des jours d'une navigation tranquille, le croiseur du Commodore Hisoyashi arriva à destination. La température de South Blue était plus élevée que ce à quoi Ambrosias était habituée, aussi ne portait-elle pas sa veste d'officier, qu'elle avait décidé de laisser près de son lit depuis qu'elle était à bord. Le navire se trouvait à une journée du Cimetière d'épaves quand il fit la rencontre en mer des Broyeurs. Le navire amiral de la flottille, un imposant cuirassé, était dirigé par l'illustre Commandant Sanglant. Quand les marins firent leur jonction, ce fut à Ambrosias et Emiko de monter à bord du bâtiment d'Epinondas. L'homme était impressionnant. Il dégageait une aura assez terrifiante, même auprès de ses alliés. Une impression de puissance assez déstabilisante émanait de lui pour la simple commandante qu'était la vétérinaire. Muette comme une carpe, elle salua son supérieur comme il se devait mais ce dernier ne lui prêta pas une grande attention, préférant à elle son égale hiérarchique.


« Commodore Hisoyashi.


- Commodore Miltiades.


- En avez-vous terminé avec vos préparatifs ?


- Plus ou moins. Nous sommes prêts à commencer si telle est votre question.


- Disons que cela me suffira. Si les informations sont toujours valables, Gerritzon devrait quitter la sécurité du Cimetière demain dans la journée.


- Rien ne semble nous indiquer le contraire pour le moment.


- Méfiez-vous. Il est rare que l'on me sorte de Grand Line et nous ne sommes pas nombreux.


- Où voulez-vous en venir ?


- Aucune idée, c'est inhabituel c'est tout. Restez sur vos gardes. Gerritzon n'est pas à prendre à la légère.


- Un navire unique contre votre flottille ? Je pense que nous avons nos chances, surtout avec la petite surprise que nous réservons à ce cher déserteur.


- Croisons les doigts pour que tout se déroule comme prévu. Si vous voulez bien me suivre. »



Emiko fit un léger signe de tête à la vétérinaire avant d'embrayer le pas à son homologue. Les deux Commodores avaient encore quelques détails à régler entre eux pour faire en sorte que l'opération se déroule comme ils le souhaitaient. Tout cela ne concernant plus Ambrosias, elle passa la coupée improvisée pour revenir sur le pont du croiseur. S'allumant un cigare, elle alla se poser non loin de la barre. Il faisait chaud, peut-être même un peu trop pour elle. Après une longue demi-heure, Hisoyashi revint à bord de son bâtiment et demanda à la blonde de la suivre dans sa cabine. Sur son bureau se trouvaient plusieurs fioles contenant un étrange liquide.


« Nous allons bientôt partir vous et moi. J'ai demandé à ce qu'une combinaison de plongée vous soit prêtée, vous serez plus à l'aise lorsque nous irons sous l'eau.


- Pardon ?!


- Ne vous en faites pas.


- Commodore, il m'est physiquement impossible de me déplacer sous l'eau ou d'y respirer.


- Je le sais. »



S'approchant de son bureau, Emiko attrapa l'une des fioles et l'approcha du visage de la vétérinaire. Ambrosias observa le liquide plus près, il semblait assez épais mais cela ne lui en apprenait pas plus.


« L'Air-heure. Voyez-vous, il s'agit d'un vrai petit miracle. En nous servant de plantes bien particulières, dont je tairais le nom, nous sommes en mesure de créer cette solution. Pour faire simple, elle vous permet, après injection, de dilater vos poumons pour les remplir de suffisamment de dioxygène pour tenir une heure entière sans respirer.


- Vous êtes sérieuse ?


- On ne peut plus sérieuse. L'air-heure permet également de booster les performances musculaires pour se mouvoir bien plus facilement sous l'eau, mais comme vous avez mangé un fruit du démon, cela vous permettra simplement de ne pas vous noyer. Nous savons que vos pouvoirs fonctionneront même une fois que vous serez immergée. Comme vous serez solidement attachée à moi, vous pourrez faire votre travail pendant que je vous approcherai des divers mammifères marins que nous rencontrerons.


- Je... Très bien.


- Je comprends votre appréhension, mais faites moi confiance, tout ira bien. Allez-vous changer et retrouvez moi sur le pont.


- Très bien. À vos ordres, Commodore. »



Décidément, Ambrosias n'était pas au bout de ses peines. Voilà qu'elle allait volontairement plonger dans la mer pour discuter avec des animaux marins. Si on lui avait dit cela quelques semaines plus tôt, elle n'y aurait certainement pas cru. Malgré les informations données par Emiko et son ton rassurant, la vétérinaire ne pouvait s'empêcher d’appréhender la suite des événements. Aller dans l'eau était particulièrement contre-intuitif pour elle. La boule au ventre, elle se rendit dans la chambre des femmes et enfila la combinaison de plongée aux couleurs de la marine qui se trouvait sur son lit. Après avoir noué ses cheveux en une queue-de-cheval, elle se rendit sur le pont le teint particulièrement blanc. La commodore elle aussi était en tenue. Par mesure de sécurité, elle avait emporté avec elle une naginata. Il n'était pas prévu que le duo se batte mais mieux valait prévenir que guérir comme on disait.


« Prête ? »


Incapable de répondre tant elle était stressée, Ambrosias se contenta de lentement hocher la tête de haut en bas ? Suivant le mouvement, elle descendit à l'échelle de corde et trouva quelques mètres plus bas la monture d'Emiko. Lentement, elle y prit place avant d'être rejointe par sa supérieure. Avec minutie la commodore plaça son arme sur la gauche de l'hippocampe, dans un étui prévu à cet effet et accroché à sa selle. En se servant de plusieurs sangles, elle accrocha ensuite la commandante à elle puis à la selle également. Ambrosias sentait bien qu'elle était fermement attachée et que même si elle en avait envie, elle ne pouvait pas s'échapper.


« En cas de besoin, vous avez votre couteau de plongée pour couper les sangles. »


Hochant machinalement la tête, la jeune femme jeta un regard à sa jambe gauche où était accrochée ladite lame. Elle ne l'avait pas oublié mais ne voyait pas pourquoi elle pourrait avoir envie de rompre les seuls liens lui permettant de ne pas finir au fond de l'océan à plusieurs kilomètres de profondeur. Sans crier gare, Blink s'élança et laissa rapidement derrière lui le croiseur de la Division Nessy. Heureusement pour les deux officières, la mer était calme et belle. Une fois éloignées de leur navire, elle ne virent plus rien d'autre à l'horizon que l'océan s'étendant à perte de vue. Cette vue était toujours très agréable, mais le fait de se trouver aussi bas rendait la chose plus époustouflante encore. Le seul problème, pour Ambrosias, était bien entendu de se trouver à moitié immergée. Elle sentait son corps s'alourdir et ses forces décroître. Tout cela restait particulièrement désagréable pour une utilisatrice de fruit du démon. Après un temps indéterminé entre une et trois heures, le soleil commençait à baisser lentement dans le ciel. Ce fut par alors que les deux femmes virent un grand pod se dresser devant elles. À la surface de l'eau, les cétacés laissaient par moment apparaître certaines parties de leur corps. La scène était absolument sublime et laissa Ambrosias sans voix.


« C'est vous de jouer maintenant. »


La commodore tendit une seringue à la jeune femme. La vétérinaire s'en empara et ne tarda pas à l'enfoncer dans sa cuisse. Quand le produit se répandit dans son sang, elle se sentit toute drôle. Comme le lui avait expliqué Emiko, elle prit une grande inspiration. Décrire ce qu'elle ressentait aurait été assez compliqué, mais c'était un peu comme si elle sentait ses poumons s’agrandissaient de manière démentielle. Quand Blink plongea, Ambrosias sentit tout de suite ses forces la quitter. Son corps devint aussi lourd que la roche et elle s'affala contre la commodore qui la retenait comme elle pouvait. Durant un instant, la jeune femme panique, puis elle se rendit compte qu'elle n'avait aucune soucis à être en apnée. Mieux encore, en plus de l'air qu'elle avait déjà emmagasiné, c'était comme si son corps était capable de filtrer une partie de l'oxygène de l’eau pour la lui transmettre. La commandante était épuisée comme jamais, mais elle sentait qu'elle aurait pu tenir ainsi pendant un long moment. Après quelques minutes d'adaptation, elle commença à se concentrer sur la mission. Emiko et Blink tournaient lentement au sein du grand pod composé de cachalots.


* Je suis Ambrosias, une humaine de la surface et je viens quémander votre aide. *


À peine avait-elle parlé qu'elle sentit du mouvement chez les cétacés. Plusieurs changèrent brutalement de cap et certains s'approchèrent des femmes montées sur l'hippocampe. Les grands yeux des mammifères marins scrutaient les petits bouts de femme pendant que par écholocation, ils les scrutaient à leur manière.


* J'ai besoin de vous, accepterez-vous de m'aider ? *


Parmi le pod, une femelle plus imposante que les autres s'approcha lentement de la militaire en effectuant un long arc de cercle.


« Les humains sont vils. Ils nous chassent. Nous n'avons pas confiance en eux.


- Je sais le traitement que certains de mes congénères vous réservent, mais je ne suis pas comme eux.


- Tu es la première humaine avec qui nous pouvons converser. Tes semblables sont violents et sourds à nos supplications.


- Je ne suis pas responsable des actes ignobles de mes congénères, mais je vous demande sincèrement pardon pour eux. Accepterez-vous malgré tout de m'aider ?


- Que veux-tu de nous ?


- J'aimerai que vous m'aidiez à faire sombrer le navire d'un horrible humain.


- Nous n'aimons pas la violence. Nous ne sommes pas comme tes semblables.


- J'ai besoin de votre aide, je vous en conjure.


- Nous ne pouvons te la donner. Je sais cependant qui le pourrait.


- Vraiment ? Dites m'en plus, s'il vous plaît.


- Un mâle agressif a été banni de notre communauté il y a de cela des années. Il nous suit toujours de loin mais nous ne l'avons jamais autorisé à revenir.


- Vous pensez qu'il voudra bien m'aider ?


- Nous pensons qu'il risque de s'en prendre à toi, mais ce n'est pas impossible.


- Je vous remercie sincèrement. »



Tandis que la matriarche s’écartait, Ambrosias fit signe à sa supérieure de remonter à la surface. Une fois les deux femmes à l'air libre, elle lui expliqua ce qu'elle venait d'apprendre. La commodore accepta de traquer le cachalot dont la vétérinaire lui avait fait mention. Prenant le sens inverse du pod, elles attendirent que le groupe ne passe avant de plonger à nouveau. Une longue demi-heure passa avant qu'Ambrosias n'ait l’impression d'avoir vu une grande silhouette bouger dans l'eau, à plusieurs centaines mètres de là. Tapant sur la cuisse d'Emiko, elle lui désigna tant bien que mal la direction. Blink commença à se rapprocher et le mâle agressif fit enfin son apparition. Il était immense, bien plus que ses congénères ou que la matriarche vue précédemment. Son corps était parcouru d'innombrables cicatrices, particulièrement au niveau de son immense tête. Lorsque son regard jaune perçant croisa celui de la commandante, il attaqua sans sommation. Habile sous l'eau, Emiko n'eut aucun mal à esquiver l'assaut du cétacé.


* Nous venons en paix. *


Sourd aux paroles de la militaire, le cachalot attaqua plusieurs fois. Ambrosias avait beau lui répéter qu'elle ne lui voulait aucun mal, il ne voulait rien entendre. Sentant bien que la réserve d'air dont disposaient les deux femmes diminuait dangereusement, Emiko décida de prendre les choses en main. Virevoltant sous l'eau comme une sirène avec sa monture, elle vint frapper violemment le crâne du cétacé à plusieurs reprises jusqu'à ce que celui-ci devienne moins entreprenant.


« Nous ne te voulons aucun mal, nous sommes ici en paix.


- Tes semblables ne connaissant rien à la paix !


- Je ne suis pas comme eux.


- Votre espèce ne connaît que la guerre et la violence.


- Tu n'as pas totalement tort, mais nous ne te voulons aucun mal à toi ou au groupe que continues de protéger.


- Tu ne sais rien d'eux, ni de moi.


- Votre chef m'a parlé de toi, de ton bannissement. J'ai besoin de ton aide.


- Je n'aide pas les humains, je coule leurs navires !


- C'était donc toi... Et si je te disais que c'est exactement ce que je veux tu fasses ?


- Tu t'en prends à tes semblables, petite humaine ?


- Si on veut, qu'importe, ce n'est pas la question. M'aideras-tu si je te montre un navire en particulier ?


- Pourquoi te rendrai-je service, humaine ?


- Parce que la femme qui m'accompagne possède une machine capable de te réduire en esclavage. Elle te fera perdre la tête et tu ne seras plus que l'ombre de toi-même, soumis aux volontés humaines jusqu'à ta mort. Je veux à tout prix empêcher cela.


- Ton espèce est un poison.


- Je le sais, malheureusement tu n'as pas vraiment le choix. Fais-moi confiance, je t'en supplie.


- Jamais je ne donnerai ma confiance à un humain, mais je ne suis pas idiot non plus. Si tu veux juste me voir détruire un bateau, alors j'accepte.


- Vraiment ?


- Oui, mais à la minute où ce sera fait, je disparaîtrai et tu ne me verras plus jamais.


- Merci, merci du fond du cœur.


- Je me moque de tes remerciements, humaine. Je ne le fais pas pour toi mais pour moi.


- Très bien, ça me va. Suis-nous dans ce cas, nous allons au Cimetière d'épaves. Tu y es déjà allé ?


- Ce nom ne me dit rien. »



Une fois encore, les deux femmes firent surface. Comme il l'avait dit, le cachalot se mit à les suivre alors qu'elles avançaient sur la mer. Le cétacé était vraiment impressionnant, même quand on ne le voyait qu'en partie. Il dégageait une impression de puissance brute mais aussi et surtout une colère sourde et implacable. Ambrosias expliqua qu'elle avait obtenu l'aide du cachalot. Les derniers préparatifs ayant été menés à bien, la Commodore sortit un petit escargophone pour dire à son croiseur et à Epinondas que tout était bon pour l'attaque du lendemain. Les marins se mirent alors en route et ne tardèrent pas à récupérer les deux femmes en mer. Avant que la flottille n'arrive, la vétérinaire prévint le cétacé qu'ils n'étaient pas les cibles à abattre et qu'il faudrait attendre que la nuit soit passée pour attaquer le bon navire. Ce dernier ne sembla pas aimer du tout les instructions, mais il ne demeura cependant calme, du moins plus qu'à son habitude. Trempée, la jeune femme de Tanuki remonta à bord du croiseur et ne tarda pas à aller s'écrouler dans sa couchette.



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Dernière édition par Ambrosias le Mer 4 Mai 2022 - 18:44, édité 2 fois
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海 軍

∆ Feat. Ambrosias ∆


En dépit de la fatigue qu’éprouvait déjà la vétérinaire, la nuit qu'elle passa ne fut pas de tout repos. Régulièrement, elle se réveillait et utilisait ses pouvoirs pour s'assurer que le grand cachalot qui suivait les navires de la Marine ne décidait pas subitement de les attaquer ou bien de s'enfuir. Quand le soleil se leva, Ambrosias avait de grosses cernes sous les yeux. Sans grand appétit, elle grignota un peu et s'en alla sur le pont. De là, au moins, elle pouvait voir le cétacé de ses propres yeux. Elle n'était d'ailleurs pas la seule à l'observer. Même s'ils étaient habitués aux monstres et mammifères marins, les hommes de la division Nessy n'avaient visiblement jamais vu un tel cachalot. Alors que la jeune femme souhaitait s'allumer un cigare, le lieutenant Lindberg l'en dissuada. De ce qu'il disait, les effets secondaires qui pouvaient découler de l'utilisation simultanée de l'air-heure et du tabac étaient terrifiants. La jeune femme ne savait pas si elle devait le croire ou non, mais dans le doute, elle décida qu'il était plus raisonnable de l'écouter. L'air amère, elle rangea donc son cigare pour plus tard. Le reste de la matinée se déroula de la même manière. Ce ne fut qu'aux abords de midi que l’équipage commença à s'agiter. Les informations recueillies par la Marine stipulaient que le Houar était supposé lever l'ancre seulement une fois la journée bien entamée. Afin de ne pas être pris au dépourvu, les militaires lancèrent donc la première étape de l'opération.


Contrairement à la recherche des cétacés, Ambrosias et Emiko prirent cette-fois le soin d'apporter avec elles leur tenue de combat. En plus de sa combinaison de plongée, la vétérinaire enfila donc sa veste marine et ne manqua pas de prendre avec elle son meitou. L'attaque reviendrait au commodore Miltiades, mais cela ne voulait pas dire pour autant que les deux femmes allaient se tourner les pouces. Leur but, en plus d'immobilier le Houar, était de faire en sorte qu'il ne puisse pas repartir, ni ses marins s'échapper le temps que les Broyeurs n'arrivent à destination. La mission était assez simple mais elle devait absolument être menée à bien. Le cas échéant, Gerritzon et ses hommes n'auraient aucun mal à retourner se dissimuler d'où ils venaient et les marins n'étaient pas assez nombreux pour une attaque d'envergure sur le Cimetière.


Une fois le duo à l'eau, ce fut à Ambrosias que fut confié la longue-vue. Pendant qu'Emiko se chargeait de contrôler Blink, la commandante serait celle qui devrait ouvrir les yeux pour trouver le Houar une fois qu'il aurait quitté la sécurité de son abri. Dans le même temps, elle continuait de communiquer régulièrement avec le cachalot pour s'assurer qu'il les suive. Ce fut finalement ce dernier qui attira l'attention de la vétérinaire. Ayant détecté la présence d'un mouvement important en direction de la «terre», il en fit la confidence à l'humaine qui tournait bien vite sa longue-vue dans la direction indiquée. Après quelques minutes, elle constata effectivement la présence au loin d'un imposant navire. Se concentrant sur le pavillon, elle en vint à la conclusion qu'il s'agissait bien de la cible.



« Houar en approche, Commodore.


- Parfait. »



Sortant son escargophone d'une poche intérieure, elle contacta la flottille des Broyeurs pour leur demander de se mettre en route. Que les deux femmes réussissent ou non, l'attaque aurait lieu, mais c'était bien d'elles que dépendait réellement la réussite ou l'échec de toute l'opération. Avant d'être potentiellement repérées par la vigie, elles s'injectèrent une dose d'air-heure et se dépêchèrent de plonger. Lentement, Emiko plaça sa monture aux côtés du cétacé.


« Ce navire est notre cible.


- Il est très grand, plus que ceux que j'attaque d'habitude. Je ne suis pas sûr de pouvoir le couler facilement.


- Fais simplement tout ce que tu peux et fuis quand tu sentiras les autres bâtiments approcher.


- Ne t'en fais pas, je ne compte pas devenir l'esclave de ta semblable. »



Sous l'eau, l'improbable groupe inter espèce de la division Nessy approchait rapidement du bateau pirate. À bord, les hommes ne se doutaient de rien, mais d'ici quelque temps, ils auraient la très mauvaise surprise de tomber dans un piège. Comme elle savait ne plus rien avoir à faire pour le moment, Ambrosias se contenta d'observer du mieux qu'elle le pouvait la scène. Bientôt, le Houar ne fut plus qu'à quelques centaines de mètres. Se gardant bien de se montrer, le cachalot qui avait pris beaucoup de vitesse ne remonta vers la surface qu'au dernier moment. Son immense tête vint alors frapper de front la partie avant tribord du navire. Sous l'impact, le Houar perdit presque toute sa vitesse, qui n'était fort heureusement pas encore très imposante. Comme elle se trouvait sous l'eau et que les bruits de la mer étaient déjà suffisamment forts, la commandante n'avait aucune idée de la façon dont les hommes réagissaient à bord, mais elle supposa qu'ils devaient certainement penser avoir heurté un récif. Décrivant un arc de cercle sur plusieurs centaines de mètres, le cétacé s'éloigna pour se mettre en position face au flanc du navire. Fonçant à sa vitesse maximale, il vint heurter la coque de plein fouet. La violence immense du choc lui permit d'y créer une importante voie d'eau grâce à sa tête. Du mieux qu'il le pouvait, le mammifère recula et s'éloigna à nouveau pour répéter l’opération de l'autre côté. Blink s'approcha du trou dans la coque pour permettre aux humaines qui le montaient d'en apprécier la largeur. Il était assez important pour faire couler le navire, mais cela ne se ferait pas en quelques minutes. Avec le débit estimé par Ambrosias, il faudrait au moins une longue heure pour voir le bâtiment sombrer. Cela n'était pas suffisant car les pirates auraient tout le loisir de fuir en chaloupe. Tel était l'intérêt du dernier impact. Cependant, alors que le cétacé entamait son approche, un corps tomba à la mer. Ce qui semblait être un homme se mit entre le cachalot et le Houar. Il semblait extrêmement déterminé. Pour une raison inconnue, la vétérinaire eut un mauvais pressentiment.


* Ne l'attaque pas ! *


Ne prêtant pas attention à l'avertissement de la militaire, le mammifère marin se permit au contraire d’accélérer encore un peu. Presque immobile dans l'eau, l'homme arma lentement son poing. Une fois le cétacé à son niveau, il le frappa si fort que le coup provoqua une cavitation dans l'eau. Sonné, le cachalot, coula avant de lentement reprendre ses esprits. Visiblement terrorisé, il prit ses jambes à son cou. Tournant comme il le pouvait sur lui-même, le pirate à la force herculéenne jeta un regard noir aux deux femmes. Du mieux qu'il le pouvait, il s'élança à leur poursuite. Fort heureusement, la vitesse de Blink était bien plus grande que celle d'un simple humain en train de nager. Emiko fit faire un détour à sa monture et plongea avant de remonter subitement. Ce faisant, elle fut en mesure de faire bondir l'hippocampe au-dessus du pont du Houar. De sa main droite, elle trancha les angles qui retenaient Ambrosias avec son couteau et retourna dans l'eau pour combattre le forban inconnu. Par réflexe, la vétérinaire fut en mesure d’attraper son meitou avant de tomber sur le plancher du navire. Surprise par la décision de la commodore de l'envoyer au combat, la jeune femme fit de son pied pour ne pas trop rater sa réception. Trempée de la tête aux pieds, la jeune femme se releva pour se rendre compte qu'elle était à présent seule contre tous. Selon les informations à sa disposition, il y avait plus de trois cents hommes à bord, et les renforts étaient encore loin. Près de la barre, un homme au bouc taillé et au manteau rouge vif la regarda en grimaçant.


« J'aurai dû m'en douter. La Marine, encore et toujours. Pauvre de vous, vos chefs viennent de vous envoyer à l’abattoir. Nous sommes plutôt cléments en règle générale, mais vous venez de causer des dommages irréparables sur notre bâtiment bien-aimé. Notre bonté d'âme a des limites. Emparez vous d'elle le temps que le capitaine remonte à bord. »


Toussotant en même temps qu'elle se relevait, Ambrosias dégaina la lame de son meitou avant de le pointer de manière ostensible vers plusieurs pirates qui s'approchaient. Cœur d'Acier n'était pas une lame que l'on pouvait se permettre de prendre à la légère. Plusieurs forbans semblèrent manquer de motivation.


« Messieurs, cette lame vaut facilement vingt millions sur le marché noir et cette femme est seule. Ne vous laissez pas impressionner pour si peu, pensez plutôt à ce que vous ferez de tout cet argent. »


Ragaillardis par les paroles de celui que la jeune femme reconnut comme Ali Pasa, les membres de l'équipage décidèrent d'attaquer. Ambrosias se remettant peu à peu de son immersion prolongée dans la mer, elle eut un peu de mal à se défendre au départ. Fort heureusement, plus les minutes passaient, plus elle sentait sa force revenir. Les pirates étaient nombreux à l'attaquer, mais ils n'étaient pas très puissants. Malgré tout submergée, la jeune femme reçut nombre d'estafilades et plusieurs coups au visage. Malheureusement pour l'équipage, la commandante n'était pas décidée à se laisser abattre si facilement. Se battant comme une diablesse, elle faisait feu avec Cœur d’Acier, tranchait dans le vif et tournoyait avec ses cordes pour mettre ses adversaires au tapis. Après plusieurs minutes, la militaire essoufflée se rendit compte qu'elle venait de terrasser à elle seule un tiers des pirates qui se trouvaient à bord. Peu à peu, les nouveaux adversaires se firent plus rares et Ali Pasa quitta la barre du Houar. Alors qu'il s'approchait, le navire se mit à tanguer un peu plus encore.


« Nous n'avons pas le temps d'en perdre avec elle, laissez moi faire et préparez l'évacuation du navire. »


Les hommes hurlèrent en chœur tandis que l'homme s'approchait en dégainant son sabre. À mesure qu'il approchait, Ambrosias se rendit compte que son opposant saignait légèrement de l'arcade. Il y avait fort à parier que le choc causé par le cachalot en avait été la cause. Se concentrant sur ce nouvel ennemi, la jeune femme fit son possible pour reprendre son souffle. Quand il attaqua, elle comprit de suite qu'il était d'un tout autre niveau. Il était plus fort qu'elle et sa maîtrise de l'arme blanche était elle aussi supérieure. Après quelques passes, il ne tarda pas à faire couler le sang de la militaire en lui tranchant assez profondément la cuisse. Déséquilibrée, elle se rattrapa comme elle le pouvait avant de tirer dans le bras gauche de son opposant avec son meitou. Pour faire face à son manque de mobilité, Ambrosias se servit de ses cordes pour mettre le forban en difficulté. Alors qu'elle pensait l'avoir entravé, il déploya une plus grande force que cette dernière et réussit à la faire venir à lui. Son poing vint cueillir le visage de la jeune femme qui vola sur presque deux mètres avant de percuter l'un des mâts. Le nez cassé, elle tenta de se relever mais l'homme la roua de coups. Sentant qu'elle commençait à perdre ses forces, elle tendit une corde vers la vigie et s'en servit pour se projeter en l'air. Son corps vint alors frapper de plein fouet celui du pirate qui s'envola à son tour. Suspendue en l'air, la commandante pointa le canon de Cœur d'Acier vers le forban et parvint cette fois à le toucher en plein ventre. Quand elle retomba sur le pont, elle faisait tout autant peine à voir que son opposant. Alors qu'ils étaient sur le point de continuer leur affrontement, l'homme qui avait fait face seul au cachalot remonta depuis l'échelle de corde. Trempé lui aussi, il se tourna vers les duellistes. En voyant son cache-oeil, Ambrosias comprit immédiatement de qui il s'agissait et son sang se glaça dans ses veines.


« Sa collègue a préféré prendre la fuite après quelques coups. Tout va bien Uluç ?


- J'ai connu mieux, mais ça peut aller.


- Repose-toi, je m'occupe d'elle. »



Voyant que son adversaire actuel relâchait sa vigilance et se permettait même de lâcher son arme, la militaire décida de lui foncer dessus avant que le capitaine ne lance les hostilités. Si au moins elle pouvait avoir le second, ce serait déjà une victoire pour elle. Le bras tendu, elle s'élança vers Ali Pasa. À peine avait-elle fait un mètre que Claes se ruait vers elle. En un instant, il stoppa son bras d'une main. Ambrosias chercha vainement à échapper à l'étreinte du pirate avant que ce dernier ne lève le bras. Elle aurait pu jurer que son poing venait alors de s'assombrir mais n'eut pas le temps de comprendre quoi que ce soit. D'un direct du droit, l'homme envoya la vétérinaire au tapis. Sa vue se troubla et elle perdit très rapidement connaissance.



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海 軍

∆ Feat. Ambrosias ∆


Quand les paupières lourdes de la commandante s'ouvrirent, sa vision était trouble. Victime d'un terrible mal de tête, elle tentait de comprendre où elle se trouvait. Après quelques instants, ses yeux lui permirent d'y voir un peu plus clair. Elle avait l'impression que le sol bougeait. Avec difficulté, elle tenta de se relever mais comprit bien vite qu'elle ne le pouvait pas. Lorsque son regard descendit vers ses mains, elle remarqua qu'elles étaient ligotées avec de la corde brune. En proie à une désagréable nausée, elle bougea légèrement sur elle avant de se rendre compte qu'elle n'était pas seule. L'homme à ses côtés, celui qui était le plus proche, n'avait plus d’œil gauche et il la regardait sans grande émotion. Ayant compris qu'elle venait de se réveiller, il s'approcha légèrement d'elle et l'aida à se relever. Ce ne fut qu'à ce moment qu'Ambrosias put constater qu'elle était en fait à bord d'une chaloupe. Cette dernière, soumise aux courants, s'éloignait lentement d'un navire en train de couler au rythme des mouvements de rames. Avec difficulté, la jeune femme fut en mesure de remettre tous les éléments dans le bon ordre pour comprendre ce qu'elle faisait ici. Vainement, elle chercha à écarter ses poignets l'un de l'autre.


« Du calme. Vous n'y arriverez pas. Quand bien même, vous êtes ma prisonnière à présent et je ne vous conseille pas de me tenir tête. »


La gorge sèche, la militaire releva la tête pour fixer le pirate dans son œil unique. Elle avait du mal à cacher le mépris qu'elle avait pour lui, mais elle n'était pas encore assez bien pour lui résister. De toute façon, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, il l'avait mise à terre d'un unique coup de poing. Mieux valait effectivement faire profil bas en sa compagnie.


« C'est la deuxième fois que j'assiste au naufrage de mon navire à cause du Gouvernement Mondial. Ce triste état de fait me donne envie de vomir. Qui êtes vous, Commandante ? »


Se drapant dans le silence, la vétérinaire ne baissa pas les yeux face au capitaine. Elle savait qu'il était bien plus fort qu'elle, c'était évident, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'elle devait s’aplatir face à lui.


« Même si je doute que cela soit nécessaire, je me présente. Capitaine Claes Gerritzon. Uluç m'a dit que vous aviez mis au tapis pas loin de cent douze de mes hommes. Impressionnant. Lui-même n'en menait pas large après votre affrontement. Vous êtes sûre de ne pas vouloir me dire votre nom ? »


Fermement attachée à son mutisme, Ambrosias crispa sa mâchoire. Elle ne comptait pas rentrer dans le petit jeu de cet odieux traître. Cet homme avait trahi le Gouvernement Mondial alors qu'il était un éminent Sous-amiral. Rien ne pouvait excuser une telle chose, du moins le croyait-elle. La simple officière subalterne qu'elle était n'avait évidemment pas eu vent de véritables raisons ayant poussé Gerritzon à trahir les siens.


« Qu'importe, vous parlerez, soyez-en sûre. Nous aurons tout notre temps au Cimetière. Où avez-vous eu cette arme ? »


Dans ses mains, le borgne montra Cœur d'Acier à la commandante. Pour seule réponse, elle lui lança un regard noir.


« La dernière fois que j'ai vu ce meitou, il était à la ceinture du Capitaine Kobayashi. Je ne l'ai jamais beaucoup apprécié. Je suppose que vous avez eu raison de lui n'est-ce pas ? Toujours muette ? Évidemment. Bien, écoutez-moi attentivement. À cause de vous et votre collègue, le Houar n'en a plus pour très longtemps. Nous n'avons pas assez de chaloupes pour emmener tout le monde, nous allons donc faire plusieurs allers-retours pour mettre tout le monde à l’abri. Une fois à terre, je vous laisserai entre de bonnes mains. Je vous conseille d'emblée de vous ôter de la tête l'idée de fuir. Vous n’apprécieriez pas les conséquences. »


L'ancien militaire s'exprimait bien. Il dégageait même un certain charisme. Ambrosias n'avait aucun mal à comprendre qu'il puisse rassembler autant d'hommes autour de lui. Il était idiot cependant s'il pensait qu'elle allait gentiment se laisser faire une fois qu'il ne serait plus là. Calme, elle décida de continuer de faire profil bas le temps d'arriver au Cimetière. Après quelques minutes, plusieurs coups de canon se firent entendre au loin. Par réflexe, la jeune femme tourna la tête en direction des coups de feu. Un immense sourire se dessina sur ses lèvres quand elle vit les premiers boulets frapper de plein fouet le Houar qui tanguait déjà dangereusement.


« Bordel... C'était un piège, revenez vite au navire, on ne peut pas les laisser comme ça ! »


Toutes les chaloupes qui étaient alors à l'eau effectuèrent un arc de cercle pour revenir aider les hommes restés à bord. Il était impensable pour Gerritzon de laisser les siens aux mains de la Marine, il devait se battre. Ambrosias respectait cela, mais cela risquait de le conduire droit vers l’échafaud. Silencieuse, elle se fit toute petite. À mesure que les embarcations revenaient vers le Houar, les coups de canon se firent de plus en plus nombreux. Avant qu'ils n'arrivent, les différents navires des Broyeurs avaient déjà lancé l'abordage. Furieux, Claes n'avait plus qu'une idée en tête : revenir à bord le plus vite possible pour sauver les siens. Quand sa chaloupe arriva non loin de l'échelle de corde, il empêcha un jeune pirate de le suivre.


« Ramène-la au Cimetière, on ne peut pas la surveiller ici. »


Une fois ses compagnons partis, l'adolescent aux boucles blondes jeta un regard inquiet à la militaire. Du mieux qu'il le pouvait, il fit tourner la barque sur elle-même pour retourner à terre. Sentant ses forces lui revenir petit à petit, la jeune femme attendit que la chaloupe ne bouge de quelques mètres avant d'agir. Bondissant sur le pauvre garçon, elle saisit sa gorge et le plaqua en arrière. Avec violence, elle souleva son crâne pour le faire heurter violemment la coque de l'embarcation à plusieurs reprises. L'adolescent se mit à convulser alors qu'un mince filet de sang s'échappait de son cuir chevelu. Insensible à son sort, Ambrosias s'assit et s'aida de son meitou pour trancher les liens qui retenaient ses poignets. Jetant un regard au jeune pirate, elle eut un instant de compassion pour lui et chercha son pouls. Il était faible mais régulier, peut-être survirait-il. Qu'importe, elle n'avait pas le temps de s'occuper de lui. Tendant le bras, elle projeta une corde vers une rambarde du Houar et se tracta son corps à bord.


Sur le navire, un véritable chaos régnait. Le commodore Miltiades et ses hommes avaient lancé l'assaut et une marée de marins croisait le fer avec les forbans en infériorité numérique. Blessé, Ali Pasa affrontait la commodore Emiko pendant qu'Epinondas s'en prenait à Claes. Après avoir analysé rapidement la situation, la jeune femme se lança de nouveau dans le combat. Malheureusement pour elle, à cause des blessures reçu peu de temps auparavant, elle avait bien du mal à se montrer au niveau de ses éminents supérieurs. Elle se contentait donc de mettre hors de combat des membres de l'équipage. Ambrosias n'était pas héroïne aujourd'hui, elle n'était qu'un rouage dans une grande machine, elle le savait et l'acceptait. Seule comptait la réussite de la mission, pas sa petite gloire personnelle. Après quelques minutes, elle s'écarta pour respirer. Son regard se tourna alors vers le combat principal qui se déroulait sur le Houar. Grâce aux pouvoirs de son logia, Epinondas se battait comme un véritable démon. Des gerbes de sang allaient et venaient dans toutes les directions. Pourtant, Gerritzon arrivait à lui faire face. Armée seulement d'un sabre et d'un pistolet, il contrait sans grand mal les attaques pernicieuses du militaire. Ambrosias ne comprenait pas comment une telle chose était possible. Bouche bée, elle regarda quelques instants les deux hommes se battre avant de retourner dans la mêlée. Emiko et Blink étant légèrement en difficulté, elle vint les rejoindre dans leur affrontement du second. Ensemble, elles n'eurent pas grand mal à en venir à bout. Complètement épuisée, la vétérinaire perdit l'équilibre et s'écroula à terre quand le Houar se mit à tanguer bien plus violemment. D'ici peu de temps, il serait complètement sous l'eau.



« Accrochez-vous à moi ! » cria la commodore à Ambrosias.


Du mieux qu'elle le pouvait, la jeune femme agrippa sa supérieure et monta sur l'hippocampe. Il n'y avait plus le temps de la sangler, aussi fit-elle comme le pouvait. Blink vint prendre dans sa trompe Ali Pasa et il sauta à l'eau. Se trouvant une fois de plus immergée, la commandante de Tanuki manqua de couler mais sa collègue parvint à la retenir. À bord, une immense explosion sanguinolente eut lieu et le Houar coula une minute plus tard. Emmenant sa monture vers le cuirassé du commodore Miltiades, Emiko la fit bondir à bord pour déposer sa proie et sa subordonnée. Tandis que Blink retournait ensuite à l'eau, la dirigeante de la Division Nessy resta sur le navire. Épuisée, trempée et blessée, Ambrosias se laissa tomber dos contre le plancher du pont supérieur. À quelques mètres d'elle seulement se trouvait le commodore Epinondas. Furieux, il était couvert de sang de la tête aux pieds.



« Merde ! Ce chien nous a filé entre les doigts. »


L'air amère, Emiko s'approcha de la commandante pour l'aider à se redresser. Cette dernière avait le souffle court et une furieuse envie de dormir.


« Je suis désolé de vous avoir laissée seule là-bas. Gerritzon était trop puissant pour moi.


- Ne vous en voulez pas. Merci d'être revenue.


- Remerciez plutôt le commodore Miltiades. Du moins, quand il se sera calmé.


- Le capitaine a pu fuir ?


- Il semblerait oui, mais j'ignore comment. Nous avons capturé son second et la plupart des membres de son équipage. Les autres sont soit morts soit en fuite.


- La mission est donc un échec...


- Plus ou moins. Reposez-vous à présent. »



La militaire de la sous-marine demanda à deux de ses hommes d'accompagner la commandante. Ensemble, ils la soulevèrent et l'aidèrent à remonter sur le croiseur de la Division Nessy quand celui-ci se mit à couple avec le cuirassé. Une fois posée sur son lit, la jeune femme se rendit compte qu'elle avait du mal à respirer. Les autres marines de la chambre voyant bien que son état n'était pas enviable, elles firent venir le médecin. Ce dernier lui remit le nez en place et lui fit une dizaine de points de suture à la cuisse. Une fois convenablement soignée, la vétérinaire ferma les yeux et le sommeil vint la cueillir immédiatement.



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∆ Feat. Ambrosias ∆


La nuit était tombée sur le Royaume de Bliss depuis plusieurs déjà. Sur le pont du Placide, non loin de la barre, le sergent-chef Paracchini fumait une cigarette. Penché sur une rambarde, il regardait le port sans y chercher quoi que ce soit de spécifique. Cela faisait plusieurs jours déjà que sa supérieure, la Commandante Ambrosias était partie en mission secrète, du moins c'était sa façon de résumer la chose. Provisoirement à la tête du patrouilleur, il s'était retrouvé sous les ordres du Colonel Bava Aok. Le quadragénaire ne pensait rien de spécial à son sujet, il souhaitait simplement quitter South Blue pour revenir à Orange. Il n'aimait guère la chaleur de cette région du globe. Qui plus est, les missions de surveillance côtière qu'il effectuait avec les soldats du Placide aux alentours de l'île de Bliss étaient d'un ennui mortel. Alors que sa cigarette s'approchait rapidement de son trépas, l'homme vit qu'une personne approchait des quais de la Marine. Soupirant par le nez, il la détailla quelques instants avant de hausser les sourcils.


« Commandante ? »


La blonde, pour seule réponse, se contenta de hocher faiblement la tête. Plissant les yeux, Dario observa sa supérieure en détails. Il ne manqua pas de voir qu'elle boitait et s'aidait une fois encore d'une béquille pour avancer. À mesure qu'elle approchait, il remarqua également qu'elle s'était littéralement fait refaire le portait. Le pire de tout, si l'on mettait ses yeux au beurre noir, était son nez horriblement gonflé qui tirait sur le violet. La vétérinaire entama son ascension de la coupée avec difficulté, son second jeta ses mégots à la mer en venant à sa rencontre. Il s'étonna de voir qu'elle était à moitié trempée.


« Vous avez changé de carrière ? Je ne savais pas que vous étiez boxeuse dans l'âme. »


Visiblement agacée, la jeune femme grogna en mettant finalement le pied sur le Placide. Croisant les bras, le sergent-chef esquissa un léger sourire.


« On aura le droit d'en savoir un peu plus ?


- Négatif.


- Ouais, je m'en doutais. Votre cabine est libre, je ne savais pas quand vous seriez de retour, mais je me suis dit que vous n'aimeriez pas me voir dormir dans votre lit.


- Bien vu.


- Appareillage demain matin ?


- C'est ça.


- On a de quoi manger si vous avez faim.


- Non merci, ça ira. Bonne soirée, sergent-chef.


- Vous aussi Commandante, vous aussi. »



Fatiguée par son voyage mais surtout par les différentes étapes de cette grande opération, Ambrosias faussa compagnie à son subordonné pour s'isoler dans sa petite cabine personnelle. La jeune femme déposa sa veste et alla s’asseoir derrière son bureau. Son visage la faisait horriblement souffrir. Sortant un cigare, elle l’alluma en repensant à tout ce qui venait d'arriver.


À son réveil sur le navire de la Commodore Hisoyashi, celle-ci avait convié Ambrosias à un debriefing en compagnie du chef de l'opération. Epinondas était bien sûr furieux des résultats. Si l'on ne pouvait pas dire qu'il s'agissait d'un échec cuisant, l'objectif premier n'avait pas été mené à bien. La capture d'Uluç Ali Pasa était certes réjouissante, mais elle faisait surtout office de lot de consolation. L'ancien amiral Claes Gerritzon était le morceau de choix et il s'était échappé. Fort heureusement pour la jeune vétérinaire originaire de Tanuki elle n'avait été qu'un rouage, elle n'était pas responsable devant la hiérarchie des événements. Se sentant responsable, du moins en partie, de cet échec, Emiko avait décidé de couvrir la Commandante en affirmant que sa défaite personnelle sous l'eau face à Claes avait été l'un des éléments ayant contribué à faire rater le tout. En réalité, Ambrosias savait que cela n'aurait rien changé. Par sa seule force défiant l'imagination, le capitaine pirate avait mis un immense cachalot vindicatif hors de combat. Cet homme était une véritable force de la nature que même Epinondas et son logia n'avaient pas été en mesure de défaire. La militaire avait surtout l'impression que la Marine n'avait pas mis assez d'effectifs sur le coup.


Tout cela terminé, la commodore Hisoyashi avait mis de l'ordre dans ses affaires et fait cap vers le Royaume de Bliss. De la même manière qu'elle était arrivée, elle avait déposé Ambrosias de nuit en se servant de sa monture aquatique. En dépit de l'échec de la veille, Emiko avait affirmé que si la vétérinaire le souhaitait, elle aurait assurément un grand avenir dans la sous-marine. Son don était une bénédiction pour la Division Nessy et elle serait fière de la voir rejoindre ses rangs. S'il était vrai que la proposition était alléchante, Ambrosias avait peur qu'en acceptant, elle s'éloigne un peu trop de son envie de traquer perpétuellement des pirates. Connaissant peu ce secteur de la Marine, elle ne savait trop comment se positionner.


Son cigare aux lèvres, elle s'enfonça contre le dossier de sa chaise en regardant les rats de son bureau s'activer autour d'elle. Snick monta à son tour sur le bureau et commença à lui raconter tout ce qui s'était passé durant son absence. Son visage s'illuminant d'un sourire furtif, la jeune femme décidé de l'écouter sans l'interrompre. Un peu de calme lui faisait du bien après toute cette aventure.




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