Les pirates de la Marque Rouge

Au moment où James posa le pied sur la terre ferme, il ne put s’empêcher de lâcher un ouf de soulagement qui venait du fond du cœur. Ce fût sans aucun doute le voyage le plus difficile sur le plan émotionnel de toute son existence. Partagé entre le deuil d’avoir perdu son compagnon de route et l’angoisse de voir dans leur sillage le sinistre pavillon des Fils des Everglades. Toutefois ce voyage fût aussi l’occasion pour lui de découvrir enfin le monde maritime aux côtés d’Edmond, un remarquable professeur dans la matière.

« Si on m’avait dit qu’un jour je serais heureux de fouler de nouveau le sol de ce trou à rat ! »

« Pas le temps de flâner capitaine, nous avons du pain sur planche ! Il va falloir remettre sur pied le Royal Fortune, et ça ce n’est pas une mince affaire. »

Durant le trajet qui menait jusqu’à Encanis, Edmond énuméra une nouvelle fois la liste des priorités pour la restauration du navire. Une liste sans fin à vrai dire, difficile de dégager une quelconque priorité là-dedans tant qu’il y avait de choses à faire. Après sa capture par le regretté Boris le hachoir, le bateau pendant un temps fût utilisé intensivement pour divers actes de piraterie sans pour autant avoir l’entretien nécessaire. Ensuite, devenant son état d’usure son ancien propriétaire décida de récupérer la quasi-totalité de son armement. Pour ensuite le laisser moisir dans un coin reculé du secteur 7 n’ayant plus la moindre utilité pour lui, juste une prise de guerre comme tant d’autres.

Mais le timonier n’en démordait pas, il était persuadé que ce navire en avait assez dans les tripes pour propulser tout ce beau monde vers le Grand Line sans sourciller. James de son côté pensait que le vieux était surtout très attaché sentimentalement au rafiot. Lui rappelant sans doute des jours heureux à voguer sur les mers de South Blue à la recherche d’un quelconque butin !

Une fois encore la route jusqu’aux caravelles fut interminable, surtout à cause d’Edmond, qui ne s’arrêtait jamais de rabâcher les mêmes choses à propos du Royal Fortune. Blackburn se demanda sincèrement si ce n’était plus rentable d’acquérir un navire tout juste sorti de son atelier.


En franchissant la porte de la caravelle qui faisait office de taverne, James senti un nœud se former au niveau de son estomac. Il avait totalement oublié le vieil ami d’Hackman qui tenait la boutique, le voilà maintenant dans l’obligation de lui dire la triste vérité.

Comme toujours, l’endroit regorgeait de tout ce qu’il se faisait de mieux ou de pire en termes de racaille locale. Mais pour autan James se sentait en sécurité ici, la pègre locale a assuré le maintien de l’ordre. Le but étant de faire tourner au mieux les affaires et de pouvoir fidéliser sa clientèle de passage. Autant dire que les bagarres d’ivrognes et autres gaités de ce genre étaient totalement prohibées.

À peine qu’il eut franchit le porche d’entrée que le vieux Edwin interpela :

« Mais ce ne serait pas Blackburn que voilà ?! Dis donc, cela fait un bail ! Et Ben il est où ce vaurien ?[/b] »

James le regarda avec tristesse, pas besoin d’en dire davantage pour le vieux taulier. Il comprit tout de suite le message.

« Ho non… Hey Endrick, je dois m’absenter un moment tu peux me remplacer… Merci. »

Edwin invita le capitaine Blackburn à venir discuter avec lui à l’extérieur, pour être au calme. C’est ainsi que James raconta le récit en essayant de ne rien oublier et surtout en mettant en avant le geste héroïque de Ben.

« C’était un gars en or, comme on n’en fait peu de nos jours. Tu peux être fier de lui, mais tu n’as rien à te reprocher. Il avait la tête sur les épaules, il savait pertinemment les risques encourus en choisissant cette voie. À toi d’honorer sa mémoire en accomplissant de grandes choses. Mais par pitié, ne te mets pas en tête de le venger. Tu finiras dans le meilleur des cas comme lui. Hannibal c’est un vétéran du Grand Line… Un monstre en comparaison de la faune locale qui navigue par ici. Toutefois, pas d’inquiétude, tant que tu resteras ici il ne pourra rien faire contre toi. Il n’a aucun intérêt de venir semer le trouble ici. Même cette brute à ses limites. Bien merci encore d’avoir pris le temps de m’expliquer les choses.. Rentrons maintenant, le vieux Edmond va commencer à cracher des flammes si je te retiens plus longtemps. »

De nouveau à l’intérieur, James se dirigea vers le coin VIP d’Edmond et de ses gars. En tant qu’habitués de longue date, ils avaient certains privilèges ici. En chemin il entendit plusieurs discussions sur les rumeurs du moment, heureusement aucune information sur les péripéties récentes de James dans les Everglades. La nouvelle n’était pas encore arrivée jusqu’ici, une bonne chose en soi. Et il faisait totalement confiance dans le tavernier pour garder leur discussion sous silence. Certains des clients le saluèrent d’un petit hochement de tête comme pour indiquer qu’ils savaient à qui ils avaient affaire.

Edmond ne tenait plus dans l’arrière-salle. Il avait réuni son premier cercle et il ne manquait plus que le capitaine pour débuter.

« Ah enfin, capitaine ! Bon, ne perdons pas de temps ! Bill, j’ai besoin de toi pour faire me faire un topo complet sur ce qu’ils nous restent en matériels le plus rapidement possible. Et pas des trucs datant du siècle dernier. Nous avons besoin de trucs solides. Luka, tu prends quelques hommes avec toi et tu vas faire un tour du côté du cimetière pour essayer de commercer deux ou trois trucs pour la remise en état du royal. Tiens voilà la liste, ci jamais tu vois d’autres trucs intéressants n’hésitent surtout pas !  Quant à toi Ryan, j’ai besoin que tu me fasses un recensement dans l’équipage. Il me faut cinquante gars solides, nous avons déjà une bonne base, mais il nous manque encore quelques gaillards. Et pas de jeune pucelle, du solide ! »

Pendant plusieurs minutes le timonier envoya ses hommes aux quatre coins de l’ile pour différentes missions.

« Capitaine, la priorité c’est. »

« La remise en état du navire ! Oui je sais ! »

« NON ! De trouver l’argent pour le remettre en état. Les caisses sont quasiment vides, nous avons dû utiliser la majeure partie pour nous rendre sur le Royaume de Driss. Et ce qu’ils nous restait est parti en grande partie dans les frais médicaux ou pour les familles des défunts. »

« Hum. la finalité est la même. Mais bon, qu’attendons-nous pour aller dépouiller quelques navires marchands ? »

« C’est la seule solution pour le moment pour remettre les finances à flot. Mais ce n’est pas une fin en soi pour autant. Nous n’avons pas le navire ni les hommes pour nous attaquer à du gros actuellement. Cela nous permettra juste de couvrir les frais et de lancer quelques réparations. J’ai fait un rapide calcul en chemin de combien il nous faut avant de pouvoir partir sur le Grand Line. »

« 3]]Oui ? Combien ?... 
» James n’aimait pas spécialement ces moments de faux suspens.

Edmond fixa longuement Blackburn dans les yeux avant de lâcher sèchement : « 40 »

«  Millions ? »

« Tout à fait ! »

« C’est une plaisanterie ? » Le capitaine senti une sueur froide lui montait dans la nuque..

« J’ai une tête à blaguer ? »

James s’affala dans sa chaise, combien de temps faudrait-il pour qu’il réunisse une telle somme  ? Il regretta d’avoir perdu son magot obtenu avec Mochi à l’époque de son passage sur Las Camp. Mais alors que faire ? Il se retourna le cerveau à la recherche d’une solution, tout en gardant à l’esprit qu’il fallait que cela aille vite. Kidnapping et demande de rançons ? Devenir chasseur de prime ? S’attaquer à une banque ? Non, rien de tout ça n’était possible. Il avait avec lui une équipe de pirate, des gars taillés pour la mer, pas des mecs sans scrupules capables des pires bassesses.
Après avoir tourné le problème dans tous les sens sans trouver la moindre solution, il décida d’aller voir Edwin. Après tout, l’ancien était sans toute la personne la plus au courant de ce qu’il se passait sur les mers de South Blue.

En prenant le maximum de précaution, il aborda donc le sujet avec la taulière exposant la situation et surtout l’urgence. Edwin avait eu plusieurs retours de l’état dans lequel se trouvait le Royal, la somme avancée par Edmond lui semblait tout à fait justifiée. Malheureusement, dans l’immédiat, il n’avait rien à leur proposer.

« James, pour le moment je n’ai absolument rien comme bon tuyau, tout au plus des petits coups. Mais rien de sérieux. Mais laisse-moi environ une semaine, je vais voir avec certains de mes contacts… Je ne peux rien te promettre, mais c’est la seule piste que j’ai actuellement. »

Blackburn se faisait littéralement chier sur cette maudite ile. Les journées étaient longues comme un jour sans pain et se ressemblaient toutes. Au bout de trois jours, il connaissait déjà tous les habitués du coin. Les discussions tournaient toujours autour des mêmes rumeurs et anecdotes. Entre le vieux loup de mer qui racontait à qui voulait l’entendre qu’il avait navigué sous les ordres de Ravrak l’immortel en personne. Le capitaine décida après avoir arpenté les endroits recommandables de l’ile en long et en large de s’isoler dans sa cabine pour prendre le temps de lire. Edwin lui avait filé tout un carton rempli de journaux de bord d’anciens capitaines pirates tombés dans l’oubli depuis parfois plusieurs décennies. Malgré que sa cabine, comme le reste du navire sente clairement la moisissure, il s’enferma pendant des heures pour lire attentivement chaque récit, chaque annotation.


Au matin du cinquième jour, sa tranquillité fut soudainement mise à mal par l’arrivée en trombe d’Edmond qui débarqua en trombe dans sa cabine sans même prendre la peine de s’annoncer au préalable.


« Capitaine ! Nous sommes prêts à appareiller ! Nous attendons uniquement votre signal pour partir en mer. Les gars sont remontés comme des pendules  »

« Ah enfin !  Très bien, mais où allons-nous ? »

Edmond déplia une immense carte maritime sur le bureau du capitaine et commença à marquer avec des petites punaises les endroits stratégiques d’une couleur bleue et les endroits à éviter d’une couleur rouge. L’idéal dans un premier temps était de cibler des petits navires marchands qui longeaient les côtes, notamment du côté de Suna Land, cette ile est une mine d’or inépuisable. Blackburn raconta alors sa petite aventure avec Ben datant de plusieurs années. En effet cet endroit sentait bon l’argent.

« Si nous évitons la route principale, surement bien gardée par la Marine, nous avons une possibilité ici et ici d’intercepter des proies plus dociles. Et pouvoir surtout rejoindre la haute mer avant l’arrivée de la patrouille. Mais notre navire en l’état est d’une lenteur sans nom, il va falloir la jouer fine, ne pas hisser notre pavillon trop rapidement. Sinon la partie de pêche risque d’être rudement compliquée. »

« Je note tout ça dans un coin de ma tête, en attendant, allons-y ! L’air de la mer va me faire le plus grand bien. »

« Ah et capitaine, nous n’avons toujours pas de pavillon, vous savez, cela porte malheur ! Et comment voulez-vous qu’on soit pris au sérieux sans avoir nos propres couleurs. »

James eut un petit moment de réflexion. Il lui fallait un pavillon, il n’avait jamais eu l’occasion de se pencher sur la chose. Qu’est-ce que serait un équipage de pirate sans son pavillon ?

« J’ai mon idée… Allons voir les hommes. »

Une fois sorti sur le pont, l’ensemble des membres de l’équipage formait un arc de cercle devant le capitaine et son timonier. Un immense drap noir était apposé au sol et l’un des hommes pinceau à la main attendait les instructions de son supérieur pour passer à l’action.

« Alors… Je veux… Une grande croix rouge ! »

Le marin s’exécuta sans réfléchir sous l’œil attentif de ses camarades. Tout le monde voulait savoir le pourquoi, qu’est-ce que ce symbole avait comme signification.

« Capitaine, pourquoi une… croix rouge ? »

« Car. Je n’avais rien d’autre en tête, je trouve le symbole facile à retenir et singulier ! À partir de maintenant nous serons les pirates de la marque rouge. »

L’auditoire resta un moment silencieux face aux explications pour le moindre bancales de leur capitaine. Le Jolly Roger était le signe de reconnaissance de l’ensemble des pirates à travers le monde. Un symbole fort, unique, et voilà que ce jeune capitaine mettait à mal une des plus vieilles traditions de ce monde.

*Bon. Au diable ce foutu drapeau après tout, de toute façon il est toujours possible d’en refaire un autre.*

Voyant que ses hommes n’étaient pas vraiment réceptifs à ses explications broder. James décida que c’était le moment idéal pour prendre et sortir son discours d’intronisation. Le capitaine grimpa à toute vitesse sur le pont supérieur, pour pouvoir être bien vu de tous.

« Messieurs ! Rappelez-vous bien de ce jour  ! Pour la première fois de votre existence, vous allez naviguer sous le pavillon de la marque rouge ! À travers ce symbole, le monde s’offre à nous. Et je ne parle pas uniquement de South Blue, mais bien du Grand Line et de toutes les autres mers à travers le globe. Ne loupons pas cette occasion unique de rentrer dans l’histoire de la piraterie moderne ! De pouvoir un jour s’assoir à la table des plus grands ! Qui n’a jamais rêvé d’être l’égal d’un Empereur ? ! Et encore pleins d’autres choses. Voilà ce que je vous propose ! Maintenant tous à vos postes ! L’aventure et la gloire nous attendent.»


Blackburn avait toujours rêvé de faire un discours dans ce genre. Pouvoir galvaniser les foules, donner du baume au cœur à ses hommes. Enfin le voilà devenu un capitaine pirate, avec son navire, son équipage et son Jolly Roger, après toutes ces années  passées à trimer, ce n’était que justice !
En revanche son auditoire ne semblait pas avoir capté la subtilité de ce discours, restant une nouvelle fois totalement muet aux appels de leur Capitaine. Ils allèrent au pas rejoindre leur poste respectif.

Edmond rejoignit le Capitaine sur son perchoir. Ce dernier se retourna vers lui :

«Que leur faut-il à ces vieux rabat-joies pour être heureux ? Je leur promets monts et merveilles. Et pourtant pas la moindre réaction enthousiaste

«Beau discours Capitaine. Pas de doute là-dessus, vous avez un talent certain comme orateur ! Mais les hommes préfèrent les actes aux discours. Prouvez-nous le dixième de vos paroles et ils vous suivront sans rechigner jusqu’en enfer. En attendant, nous avons besoin urgemment de trouver de quoi financer quelques travaux, sinon je crains que vos rêves s’arrêtent à la sortie de cette baie. Ce navire est vraiment dans un piteux état

«Il tiendra le choc pour notre expédition ?»

«Je crois en lui, tout comme je crois en vous capitaine !.»
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