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[RP Solo] De sombres présages

Dans la salle de prière du bastion d'Avalon, comme chaque matin, il est de coutume que nous priions. La vie des chevaliers saints à tout d'une vie monacale en l'absence de combat, si ce n'est que nous pratiquons l'équitation et le combat rapproché quotidiennement. Mon père, grand Maitre de l'ordre, se tenait devant un autel, debout, nous tournant le dos. Quant à nous, nous étions tous l'épée sorti devant nous, posant le genou droit au sol. Le silence régnait car nous étions à la partie de la prière silencieuse. Puis soudain, une grande exclamation vint interrompre cette dernière provenant de notre cher aumônier.

"Allez en paix dans les voies du seigneur."


On se redressait puis, calmement, nous nous dirigions vers la porte. J'ai beau être un croyant affirmé, je dois avouer que j'ai de plus en plus de mal avec ces cérémonies pompeuses et interminables. Mais il était dans la tradition de faire cela, et la tradition ici à Avalon a une valeur inestimable. Nous nous dirigions chacun d'un côté, dans un ballet des plus étranges, comme si nous étions synchronisés au millimètre près pour ne pas se gêner les uns les autres. J'étais habitué à cette discipline, et d'après mon père cela était nécessaire pour conserver un esprit de corps entre tous les chevaliers. Lorsque l'on va au combat, on ne peut se fier qu'à soi même et à nos camarades. Il faut donc respecter son allié comme on voudrait qu'il nous respecte, cela fait partie des credo de notre ordre. Ma grande taille me permettait de surplomber davantage le troupeau de chevalier qui allait dans toutes les directions. Plus cela allait, plus j'avais l'impression de traverser un troupeau de mouton.

Enfin, l'extérieur, si certains chevaliers se complaisent à rester tranquille à l'intérieur, cela n'est pas le cas pour moi. Aujourd'hui, j'avais été assigné à la communication. Je devais aller jusqu'au port d'Avalon, puis aller voir les tours de guets du lac, et enfin finir par les mines. En réalité, la mission était bien inutile selon moi, les attaques par chez nous n'étant pas nombreuses. Cependant, c'était l'occasion d'aller et venir dans tout Avalon sous forme d'une mission officielle. Je rejoignais Ezekiel, mon écuyer qui avait préparé ma monture, un fier destrier à la robe blanche immaculée vêtu d'une armure de maille. Il n'y avait pas de raison imminente à cela, mais je voulais qu'il soit habitué à la porter pour le jour où il y aura besoin. Après avoir enfourché mon cheval, Ezekiel fit de même. Alors que nous nous dirigions vers le port au trot, j'eus l'idée de pimenté un peu la chose.

"Ezekiel, que dirais tu d'une petite course jusqu'au port ?"

"Mais, Seigneur Lancelot, la course inclue qu'il y ait un gagnant et un perdant, et d'après les saintes écritures il est marqué que nous ne pouvons pas nous placer supérieurement à notre semblable et ..."

"C'est aussi marqué d'agir avec courage et avec la volonté de vaincre, mais peut être ton courage est il parti ?"

"Moi ? JAMAIS ! Quand vous voulez !"

C'est cela que j'aimais bien avec Ezekiel, il était plus ouvert d'esprit que ces semblables sur la religion. Surtout que bon, la volonté de vaincre, je ne suis pas sûr d'arriver à trouver un passage pour illustrer mon propos. Nos ancêtres ayant privilégié les plus courtes batailles et la paix préservée à tout prix. Donc vous me direz, la volonté de vaincre est bien passez à la trappe. Je fis le décompte sur mes doigts et nous nous élancions à travers les bois. Ezekiel était un fin cavalier, très agile sur sa monture et avec un don certains pour l'équitation et les prouesses acrobatiques. Dommage que son niveau au combat soit aussi faible car il aurait été un chevalier des plus remarquables, mais avec de l'entrainement je suis sûr d'arriver à en faire quelque chose. Nous arrivions au port en moins de temps qu'il en faut pour le dire. C'était plus ou moins serré, et arrivé à une centaine de mètre de l'arrivée, je figeais mon cheval net. Mon apprenti avait continué sa course jusqu'à revenir vers moi fanfaronner de sa victoire.

"C'est trop gentil de me laisser la victoire en vous arrêtant net."

"Pas de péché d'orgueil chez moi, l'amusement était la seule visée de cette course. Il y a cependant autre chose qui m'inquiète davantage."

Je désignais la mer, il y avait un grand bateau au large de nos côtes. Les voiles du bateaux sont repliés, en soit c'est une chance car en cas d'attaque imminente, notre village de pécheur serait rasé de la carte en peu de temps. Il y a une chaloupe à la mer qui semble se diriger vers ici. C'est assez inquiétant comme situation, le bateau est trop loin pour que j'estime le nombre de nos assaillants. En tout cas, ceux sur la chaloupe seront là d'ici quelques minutes et j'allais les accueillir moi-même. J'intimais mes derniers ordres à mon écuyer.

"File au château à toute allure et préviens mon père de la situation, que les chevaliers se tiennent prêt à défendre Avalon si ça tourne mal."

Ezekiel acquiesça et parti au triple galop vers sa mission. Les cloches sonnent dans le port, visiblement un des gardes a enfin vu la menace et l'a signalé aux habitants. Ces derniers emportent le maximum de vivre et du nécessaire avec eux puis prennent la direction du bastion de l'ordre, la place forte de notre île. Il ne restait que quatre gardes avec moi. Il n'était pas question pour autant de prendre la fuite. La chaloupe s'approchait suffisamment pour que je puisse les compter, une douzaine d'homme. Parmi eux, certains avaient un long tube métallique à leurs côtés comme des sortes de sarbacanes. Ce sont des bâtons enchantés par de la magie noire. Une fois, un de nos enfants a ramassé un de ces bâtons pour le ramener chez lui et le montrer à son père. En manipulant l'objet maudit, l'enfant a actionné l'enchantement et cela a créer un trou dans le plafond de ce dernier. Heureusement que personne n'était devant, les conséquences auraient pu être désastreuses. Qui étaient donc ces étrangers pour oser amener pareils instruments sur nos terres saintes ? Je me tenais devant les gardes, j'allais devoir pourparlers en l'absence de mon père. Mais qui était donc ces gens ? Des alliés ? Des ennemies ? Des samaritains ou des diables. Peu importe, une seule chose est sûre, s'ils sont venus semer le désordre sur Avalon, ils repartiront entre quatre planches. C'est la volonté de l'Eternel.
    "Ne craignez aucune obscurité, car ceux qui ont l'Eternel dans leurs coeurs n'ont pas de raisons de craindre la mort. Verset 12-7"

    Des dernières paroles issues de notre livre Saint pour le courage des troupes. Une situation peut vite dégénérer. Lorsque je vis les voiles de suffisamment près, je reconnu l'emblème sur les voiles. Il s'agissait du royaume d'Aranthi et de l'emblème du roi. Depuis la nuit des temps nos royaumes ne peuvent pas s'entendre car ils nous ont chassé de leur île il y a de cela bien des siècles et ils s'estiment supérieures à nous depuis tout ce temps. Cela faisait pourtant de nombreuses années qu'aucun de leurs bateaux n'avaient été vu près de nos côtes. Ce qui était rassurant, c'est qu'ils ont jamais essayé d'entreprendre d'action hostile jusqu'à présent. Ce qui l'était moins, c'est qu'ils étaient bien armés ceux là donc prêt à en découdre. Ce n'était pas normal, ils savaient pourtant que nous n'attaquons jamais en premier. Il y avait quelque chose d'assez insupportable dans l'air et je me demandais bien ce que cela pouvait être.

    La barque arrivait sur notre berge et les occupants descendaient de leurs rafiots de fortune. Ils étaient beaucoup moins impressionnant et sûrs d'eux une fois descendu. Mes quatre frères d'armes et moi même étions tous les cinq aux alentours des trois mètres de haut tandis que la douzaine de nabots en face ne devaient pas dépassé les deux mètres pour le plus haut du lot. Ils avaient l'avantage du nombre, nous avions l'avantage de la technique. Surtout que la plupart d'entre eux semblaient pressés de retourner au bateau. Seul l'un d'eux se tenait fièrement devant les autres, visiblement pas impressionnés par nos carrures. Tant mieux, je n'aimais pas traiter avec les lâches, déjà que j'avais du mal à apprécier les étrangers qui venaient vers nos côtes. Ce dernier se présenta d'une voix calme et posée.

    "Salutations, je suis venu traiter avec votre chef."

    "Salutations, le "chef" comme vous l'appelez est en route. En attendant sa venue je le représenterais."

    L'homme ne semblait nullement porter attention à mes propos. Il avait un message à transmettre et ci-tôt ai-je fini ma phrase qu'il déclara les raisons de sa venue.

    "Bien, ne perdons pas de temps. Nous avons une armée, nous vous sommes supérieures en nombres et mieux équipés. C'est pour cela que je viens négocier votre reddition."

    "Vous avez l'avantage du nombre et des armes c'est vrai, mais nous avons l'avantage de la détermination, de l'abnégation et de l'expertise dans l'art du combat. Cela réequilibre donc les forces."

    "Vous n'acceptez pas ma proposition dans ce cas là ?"

    "Pour accepter quelque chose, il faudrait déjà que vous l'ayez clairement formulé. Notre doctrine nous pousse à chérir la paix et si vos conditions sont acceptables, vous pourrez retourner auprès de votre roi et lui annoncer que vous avez gagné la guerre sans même avoir à combattre."

    Il est vrai que dans notre culture, il est mal vue d'accepter la guerre s'il existe une alternative pour l'éviter. Je ne suis pas grand Maître de l'ordre et je me dois d'écouter sa proposition pour en faire part à mon père. S'ils veulent juste pouvoir rentrer à leur bateau en déclarant "on a gagné", cela ne me pose aucun problème d'accepter ses conditions. Nous n'avons pas d'orgueil à ce sujet, s'il suffit juste de dire "On a perdu" pour éviter des morts inutiles. Nous sommes avant tout présent pour protéger les saintes reliques, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des hommes dans des histoires d'ego mal placé. Le négociateur réfléchissait bien ses mots avant de déclarer.

    "Voilà ce que nous exigeons. En guise de soumission, vous nous verserez chaque année un tribut de 100 têtes de bétails, trente stères de bois et une tonne de minerais. Pour s'assurer de votre bonne foi, le roi insiste pour que vous nous laissiez le Calice de Saint Cirtap."

    " Ces conditions sont inacceptables pour n'importe quel habitant d'Avalon. Le Calice de Saint Cirtap est une des reliques que nous avons jurés de protéger et nous ne pouvons laisser un étranger mettre la main dessus. Pour ce qui est du reste de vos revendications, cela reste une quantité conséquente, mais nous pourrions accepter si vous retiriez le calice de vos conditions."

    "Ecoutes moi bien le chevalier, je crois que t'as pas compris. Si tu n'acceptes pas cet arrangement, on va détruire votre île de fond en comble et on ira faire des orgies de nourritures et de boissons avec vos prétendus "reliques saintes". Le fait de vivre dans le passé comme vous faites vous a rendu faible alors maintenant acceptez nos conditions et nous épargnerons vos vies misérables."

    "Ce que tu n'as pas compris, étranger, c'est que chaque homme présent sur cette île est prêt à donner sa vie pour protéger ces saintes reliques. Nous ne laisserons personne y toucher."

    "Je crois qu'il est temps que je t'apprenne ta place !"


    Le négociateur tira l'épée accompagné de ses sbires. La menace la plus évidente était les bâtons ensorcelés, je devais les neutraliser. Nul doute que mes compagnons sauront gérer ces faibles bretteurs. Je jetais mon bouclier au visage du négociateur qui se le pris de plein fouet. Ma main droite sur le pommeau de mon épée, j'agissais en premier avant qu'ils n'activent leurs maléfices.

    "La Sainte percée !"

    Ce mouvement, je l'avais réaliser des milliers de fois pour le rendre aussi rapide. La lame sortait du fourreau et dans un même mouvement, je tranchais diagonalement mon premier adversaire, un bretteur. Le deuxième se trouvant un pas plus loin subi le même sort lorsque ma lame redescendait vers sa côte. Voilà le semblant de protection qui protégeait les deux bâtons cracheurs de morts. Un saut rapide vers l'avant, tandis que mes adverses ne se rendent pas compte de leurs blessures, me permettait d'être au contact de mes cibles. Une frappe ascendante venait empêcher toute action hostile du premier tireur tandis que ma lame fendait l'air pour se planter au niveau de la clavicule du deuxième. Tout cela s'est déroulé en l'espace d'un instant. Je me replaçais face à mes adversaires. Mes compagnons d'armes avaient déjà réussi à se défaire de leur vis à vis directe et encerclait les deux derniers hommes debouts qui ont déposé les armes. Le négociateur par contre était toujours au sol en se tenant le nez. Beaucoup de paroles pour très peu d'acte au final. Ma lame recouverte de sang pointait désormais vers lui, mais je me résignais à achever un adverse au sol.

    "Tu as notre réponse, nous accepterons vos conditions, mais nous ne vous remettrons pas le calice. Va dire cela à ton roi."

    "Enfoiré ... Quand mon père entendra parler de ça ... De ce que tu as osé faire ..."

    "Si c'est la guerre qu'il souhaite, nous serons prêt, par contre, attends toi au même résultat qu'à l'instant. Part maintenant, votre présence n'est plus requise sur notre île."

    Et c'est en jurant à tout va que le négociateur, le fils du roi apparemment pris la direction de vaisseau mère avec ce qui restait de ses hommes. Une fois ce dernier parti, nous posâmes le genou à terre, plantant notre épée à même le sol et récitant à voix basse une prière pour remercier l'éternel de nous avoir accordé la victoire. Quelques secondes après, nous nous redressions et j'ajoutais à l'attention de mes camarades.

    "Et ils viendront par la mer, répandre le sel de la terreur et jurant des maléfices, et vous les repousserez car telle est la volonté de l'Eternel, de protéger ce qui est saint et qui devra le rester. Verset 8-2. Messieurs, il est grand temps de rejoindre nos camarades, Avalon loue déjà vos prouesses."

    Et c'est ainsi que nous prîmes la direction du bastion pour rejoindre nos camarades. Après une pareille humiliation, il est fort probable que nos adversaires n'en reste pas là. Mais nous étions tous d'accord durant le trajet : Aucun homme d'Avalon ne laissera la moindre relique sainte à nos ennemis. Il en va de l'honneur des chevaliers.
      Comme on pouvait l'imaginer, Arenthi n'est pas du genre à tendre l'autre joue après une cuisante défaite. Au contraire, je pense même que le fils du roi a du aller pleurer dans les jupons de son père pour lui demander d'attaquer au plus vite. Nous avions d'abord pensé à les attendre sur la berge de nouveau prêt à les attaquer dès la sortie du bateau, mais ils ont tiré une bonne dizaine de salve avec leurs bâtons magiques depuis une distance assez lointaine. Nos maître archers n'avaient pas pareilles portés. Nous avons donc décidé de mener le combat dans le bastion. Mon père se tenait fièrement au dessus des remparts, sa grande taille faisant penser à une gargouille protégeant son lieu saint.  

      Nos assaillants avaient encore fort à faire avant d'atteindre nos précieuses reliques.  Il y avait un no man's land d'une quarantaine de mètre devant nous, et encore derrière, il y avait un pont levis et une deuxième muraille empêchant toute progression rapide de l'ennemi. Nous n'étions peut être pas doté de pareille magie, mais il était inconcevable que nous nous laissions faire sans broncher. Nos murs nous protégerons ! Du moins, c'est ce que l'on espèrait face à cette legion qui s'avance vers nous. Ils sont en armure certes, mais une chose me frappait par dessus tout. Ils avaient avec eux une grosse machine sur des roues et un grand morceau de métal en forme d'anneau était dessus. Qu'est ce donc que cette sorcellerie ? On dirait un bâton ensorcelé géant ! Que l'Eternel ait pitié de leur âme d'employé pareille diablerie au combat !

      La première salve ne se fit pas attendre et ci-tôt ai-je découvert cet engin de mort, qu'il fit son office. Une détonation horrible raisonna, et la première muraille encaissa un choc qui fit trembler tous les chevaliers présents sur la muraille, moi y compris. L'impact fût rude mais le mur, solide et renforcé, ne céda pas, bien que grandement fragilisé. On ne tiendra pas éternellement à ce rythme là. J'hurlais donc mes instructions à nos engins longues portées à nous.

      "Balistes, visez leur engin de mort ! Trébuchet, fait en sorte que les autres soient trop occupés à survivre pour aider leurs camarades !"

      Les deux balistes, positionnez de part et d'autres de la muraille visèrent le tube en métal cracheur de mort. La première baliste loupa son tir à quelques mètres prêt, causant cependant un affolement des ingénieurs qui n'eurent pas le temps de réarmer la machine. En effet, la seconde, beaucoup plus précise fit mouche. Emportant un des ingénieurs et la roue gauche de la terrible magie. Je me demande même si le cylindre de métal n'est pas bosselé par l'impact. Mais c'était une super nouvelle. Mon père voyant ça demeurait impassible. Il était interdit de se réjouir de la mort dans notre religion, mais pour le coup personnellement, j'étais plutôt fier de notre réussite. Il laissa s'exclamer pour ragaillardir les troupes.

      "Vous voyez, même la magie noire de nos adversaires n'est pas de taille face à la volonté divine ! Aujourd'hui, par la volonté de Dieu, nous vaincrons ! Archers, à vous de faire des merveilles ! Les autres, avec moi, nous allons aller à leurs rencontres"

      "Père, pourquoi aller à leurs rencontres ? Nous avons la position et pris l'avantage psychologique sur eux, pourquoi devoir se mettre en danger inutilement ? Pour la mort et la gloire ?"

      "Quand l'Eternel nous envoie un signe, on se doit de réagir !"

      Encore une chose que je n'appréciais pas dans notre culture, tout était prétexte à voir un signe. Non, si on a touchait c'est que frère Olrik à viser correctement avec sa baliste. Je veux bien que l'Eternel influence nos combats, mais de là à dire que tout est un signe de sa part. Cela me laissait perplexe. Tant pis, pas le temps de s'égarer. En tant que haut gradé de l'ordre, je ne peux pas me permettre d'afficher le moindre doute. En ces situations, les camarades de l'ordre nous suivent car ils ont foi en nous, si on doute, ils douteront.  Me voilà en moins de temps qu'il en faut pour le dire sur mon cheval. Nos archers ont fait du bon boulot, à nous d'en faire autant. Lorsque les portes s'ouvraient, mon père, en tant que chef de l'ordre des saints chevaliers, pris la tête de l'assaut. Nous étions en formation losange, mon père à la pointe de cette dernière. L'objectif était simple, rentré dans les rangs de l'ennemi. Provoquer la fuite dans tous les sens de nos adversaires. Ceux qui retourneront vers les bateaux auront la vie sauve, les autres serviront de cibles vivantes à nos archers. Nous ne pouvions nous permettre de laisser ces diables en vie souiller la terre de nos ancêtres.

      Du moins, c'est ce qui était prévu. Arrivé à cinquante mètres de l'impact, une salve de bâtons de la mort vint percuter les lignes avant du losange provoquant une dissolution chaotique de notre formation. Des chevaux tombaient au sol morts, des chevaliers ne tardaient pas à les rejoindre sous l'assaut des maléfices et de nos propres montures qui le piétinait par inadvertance.  La mienne, non habitué au bruit de ces armes maléfiques, se décala et me fit perdre l'équilibre de cette dernière avant qu'elle ne prenne la fuite. Et merde ! Tant pis ! Je suis encore en vie, je vais me battre. Je ne sais combien de temps j'ai combattu. Je ne saurais dire combien d'homme ont péri par ma lame ce jour là. Je tranchais, plantais et pousser mes ennemies. J'étais à bout de souffle, mais, foi de saint chevalier, je me battrais jusqu'à mes dernières forces. Un coup de masse vint me percuter violemment au niveau du flanc droit, me faisant tomber au sol. Je voyais mon assaillant me sauter dessus prêt à finir le travail et j'eus le réflexe de mettre mon épée vers l'avant et de le regarder s'empaler dessus. Je me relevais péniblement, fatigué par le combat et par mon armure de plates qui me demandait un effort considérable. Puis tout d'un coup, un autre bruit de canon résonna et une voix hurla à notre attention.

      "CESSEZ IMMEDIATEMENT LE COMBAT OU JE LE PULVERISE!"


      Je me retournais vers la source du bruit et je voyais le roi d'Arenthi, son armure couvert de sang. De qui parlait il ? Je voyais mon père plus loin se rapprochait de moi, et il devait savoir depuis le temps qu'aucun chevalier ne se laissera intimider par ce genre de menace. C'est alors que je vis au bout de son bâton ensorcelé le Calice de Saint Cirtap. Comment est il arrivé là ? Quelle hérésie de voir pareille relique au bout d'un objet aussi maléfique. A la vue du calice, le combat cessa. Aussi bien les hommes d'Arenthi que les chevaliers d'Avalon. Tous les regards étaient tournés vers l'un des objets que nous avions juré de protégé et qui maintenant était à la merci des ces hérétiques. Leur roi repris son souffle et ajouta.

      "Bien, maintenant que la situation est claire pour tout le monde, et au vue des forces que j'ai perdu en venant vous montrer qui est le chef ici, considérez que la proposition de mon fils est caduc, et que désormais vous me verserez le double de ce qui est prévu, chaque année à cette même date. Je casserais le calice petit bout par petit bout à chaque jour de retard. Mais ne vous inquiétez pas pour lui, j'ai justement besoin d'un verre pour célébrer notre victoire sur vous !"

      Les soldats d'Arenthi célébraient la victoire tandis que nous autres chevaliers étions dépités par la situation. Au moindre mouvement, il n'hésiterait pas à tirer et à casser le calice. Comment a t'il réussi à l'avoir entre les mains ? C'est une chose que je ne comprenais pas, encore de la diablerie ? Ou bien est ce une trahison de notre côté. J'étais en proie au doute, mon père semblait tout aussi troublé.  Nous étions là, debout, incapable de bouger tant nous ne savions pas que faire. Et puis le roi s'exclama de nouveau.

      "Pour être sûr que vous vous mettiez bien à l'oeuvre, nous allons cherché dans votre bastion les autres reliques."

      Cela en fût trop pour moi. Perdre le calice était déjà un arrachement pour moi, mais perdre les autres reliques, je ne pouvais le concevoir. Mon père semblait résigné, tout comme mes autres frères de l'ordre. C'était impossible, en l'absence de ces reliques, nous n'avions plus de raison d'exister. Il doit bien y avoir un moyen, quelque chose à faire. Je réfléchissais, puis soudain, une idée m'est venue. Un sorte de baroud d'honneur. Je savais ce que cela impliquait, mais il fallait que je le fasse. Par terre, il y avait une lance d'un de mes frères tombait au combat. Il était hors de question que je les laisse faire, et j'avais trouvé ce qui fallait faire. L'Eternel semblait me pousser dans cette direction, je ne peux rester sans rien faire.

      D'un geste rapide, j'attrapais la lance et j'utilisais ma technique de la sainte lance pour viser le roi d'Arenthi. Ce dernier n'eus pas le temps de finir son rire que la lance le traversa de part en part se plantant ensuite dans le sol de la sainte île d'Avalon. Le coup le fit se crisper et le coup parti, la sainte relique venait d'exploser en plusieurs morceaux. Nous avions perdu le saint calice, mais eux avait perdu leur chef et leur moyen de pression. Désormais, nous pouvions nous battre pour conserver nos reliques. Le combat redémarré de plus belle, nos adverses étaient désordonnés et fragilisés mentalement tandis que nous avions une haine féroce désormais. Nous avons combattu quelques minutes, jusqu'à ce que nos adversaires, d'un commun accord fuyaient vers leurs navires. Notre victoire avait un goût des plus amers. Et je savais ce qu'il adviendrait de moi. Une fois la bataille terminée, je plantais mon épée au sol de nouveau en rendant grâce à l'Eternel, puis je la sortais du sol pour la remettre dans mon fourreau. Mon père s'avança vers moi, je savais ce qu'il allait advenir de moi, mais au moins nous avions fait ce qu'il fallait.

      "Lancelot Deucalion, pour avoir détruit une relique sainte, tu vas devoir être jugé par tes pairs. Rejoins le donjon, ton jugement aura lieu demain."

      Une tradition chez les chevaliers saints veut que les jugement soit expéditif. Il en allait de mon honneur de rejoindre le donjon et d'affronter le courroux de mes frères pour avoir osé participé à la destruction de la relique. Même si c'était pour protéger les autres reliques, cela demeurait un des crimes les plus graves. Il n'y avait que trois alternatives à cela : L'emprisonnement éternel, la mort ou pire encore l'exil. Je connaissais les conséquences, et je demeurais digne malgré tout. J'avais juré de donner ma vie pour ces reliques, et mon sacrifice aura permis d'en sauver d'autres. J'espère que tout cela n'a pas eu lieu en vain. Je déposais mes armes à même le sol et je me dirigeais à pied vers le donjon sous le regard compatissant de certains de mes camarades, et sous le regard écœuré d'autres. Je marchais, ne prêtant attention ni à l'un ni à l'autre. Si je devais me couvrir d'infamie pour mon devoir, et bien soit, j'accepte mon sort. Je me dirigeais donc vers le donjon, où m'attendrais sans nul doute, une nuit des plus agitées.



      Dernière édition par Lancelot S. Deucalion le Mer 17 Mar 2021 - 16:29, édité 1 fois
        Les geôles de la prison. Un lieu des plus sordides où de nombreux criminels avant moi ont séjournés. Ma cellule ne devait pas faire plus de 6 mètres carrés, et il n'y avait bien entendu aucune fenêtre. Seule une bougie demeurait accroché sur le mur. La porte était grande ouverte cependant, c'était la sanction des frères de l'ordre. On avait le choix entre essayer de s'enfuir et vivre avec le déshonneur et l'exil, ou bien affronté son châtiment honorablement et risquer la mort sur cette terre sainte d'Avalon. Mon choix était vite fait, j'étais encore jeune mais il était hors de question de perdre l'honneur qui m'habite. Renier mon ordre, renier ma foi, ou renier mes valeurs, cela m'était impossible.

        Agenouillé devant la bougie, mon genou droit au sol, tenant mon épée par la pomme je récitais des prières. Mon procès ayant lieu demain, je ne pouvais pas espérer fermer l'œil de la nuit. Alors, tant qu'à y être, si demain était le jour de mon exécution, il serait sage de commencer dors et déjà à prier pour mes actes. Je psalmodiais doucement avec précision chacun des versets que je connaissais tandis que mes pensées, dissociées réfléchissaient à une solution pour réparer mon crime odieux. Alors que j'entamais un autre psaume, une voix féminine et séductrice vint retentir à mes oreilles.

        "Y en a qui essaie de dormir je te signale, tu peux pas prier à voix basse ?"

        Mon regard se porta vers la cellule voisine, m'autorisant une pause pour contempler qui serait ma voisine de cellule. Je la détaillais un peu, une femme élancée, mesurant un mètre vingt de moins que moi, dont les cheveux blonds mi-longs éclairé à la lumière d'une bougie semblait briller. Son sourire amusée laissait transparaitre un esprit assez taquin voir infantile. Mais bon, son visage de fille tranquille connotait vraiment avec ce lieu réservé généralement à une population des moins tendres. J'ajoutais d'une voix calme et sans énervement.

        "Je vais prier à voix basse dans ce cas, je ne t'avais pas vu à dire vrai."

        "Cela fait partie de mes aptitudes ! Et celle là je ne fais même pas exprès."

        "Tu es pourtant derrière les barreaux, preuve en est que tu n'es pas tout à fait discrète. Pourquoi es tu là d'ailleurs ?"

        "Parce que je l'ai décidé, j'avais pas envie de perdre de l'argent dans une de ces tavernes miteuses. Et toi pourquoi es tu là ?"

        "J'ai brisé une de nos saintes reliques ..."

        "Ces bibelots sans valeurs ? Le dernier que j'ai vu sur le marché noir valait moins de 10 000 berries ..."

        "Comment oses tu appeler ces saintes reliques des bibelots ! Ne sais tu pas que ... Attend comment ça tu as vu une de nos reliques se faire vendre ?"

        La prisonnière éclatait de rire et plongeait son regard dans le mien. Tout ceci n'était qu'un jeu pour la demoiselle et elle me le faisait bien ressentir. Elle n'était pas d'ici c'est sûr, mais le fait est que ses informations sur l'autre monde semblait être fiable. J'en eus la confirmation lorsqu'elle rajouta d'un air enjouée.

        "Oui, l'Epée de Roland se trouve chez un de mes précédents employeurs. Je serais ravi de t'en dire plus, mais on a rien sans rien ici malheureusement."

        "Quel est ton prix, ton prix sera le mien !"

        "Ne te fatigue pas, la monnaie d'Avalon n'a aucune valeur sur les autres îles. A la place ... ce voleur a quelque chose qui m'appartient, et je tiens à le récupérer. Sois sans crainte, il ne s'agit pas de ta précieuse relique. Je t'accompagnerais donc et nous irons faire la peau à ce merdeux tous les deux ... Qu'en dis tu Lancelot"

        "Je ne suis pas un assassin, je me battrais que si c'est nécessaire. Et le fait que tu connaisses mon prénom me laisse à dire que tu n'es pas venu te faire emprisonner que pour passer une nuit au sec. N'ai-je pas raison ? Mettons nous au moins à égalité et donne moi donc ton nom."

        Un sourire coincé se dessina sur ses lèvres avant qu'elle ne soupire et ajoute de sa voix un peu moins séductrice que tout à l'heure.

        "Je me nomme Séléna, et oui, tu es un peu moins benêt que les chevaliers d'ici. Retrouve moi sur les ports, je te guiderais jusqu'à notre bateau."

        "Et comment tu vas faire pour t'échapper d'ici ? Ta porte est verrouillée je te rappelle"

        "Oh ne t'en fais pas pour moi, concentre toi juste sur ta survie lors de ton procès, je me chargerais du reste. Sur ceux, bonne nuit à toi, Lancelot."

        Sans ajouter le moindre mot, elle souffla sur sa bougie qui la fit disparaitre dans un noir totale. Bien entendu, elle ne s'était volatilisé, mais généralement quand on souffle les bougies, c'est bien que l'on a décidé de s'endormir. Je m'allongeais sur la paillasse qui me servait de lit et je réfléchissais à mon avenir. Il est vrai que suivre aveuglément une étrangère dans une chasse au trésor était risqué, mais il était hors de question de laisser passer pareille opportunité. Si ce n'est pas un signe divin. Alors que je réfléchissais, j'avais tôt fait de fermer les yeux et de me laisser aller dans un sommeil profond.
          Ci-tôt réveillé, j'étais escorté de deux gardes jusqu'à la salle du conseil où aurait lieu mon jugement. Après une prière solennelle entamée par tous, je me retrouvais debout, seul au milieu de la pièce. En face de moi l'aumonier récitait une dernière prière avant de laisser la place à mon père, le grand Maitre de l'ordre. Celui-ci me regardait avec un regard des plus tristes, il savait que quelque soit ce qui allait se passer, ce serait sans doute l'une des dernières fois qu'il me verrait. Mais son honneur et son devoir de Maitre de l'ordre l'obligeait à rester impartiale. Je le comprend tout à fait, à sa place j'aurais fait pareil. Mais tout espoir n'est pas perdu, cette va-nu-pieds m'avait annoncé qu'une relique importante de notre ordre aurait refait surface quelque part par delà la mer. Je ne peux que m'accrocher à son explication, elle est venue me chercher moi, c'est qu'elle espère quelque chose de ma part non ?

          Pour l'instant, restons concentré sur mon procès, chaque chose en son temps. Le grand maître céans à entamer son discours de la manière suivante :

          "Frère Lancelot S. Deucalion, vous comparaissez aujourd'hui pour l'accusation suivante. Vous avez détruit une relique sainte que vous avez juré sur votre honneur de protéger quel qu'en soit le prix. Reconnaissez-vous les faits ?"

          "Je les reconnais et j'en assume l'entière responsabilité"


          Cela me faisait bizarre de me retrouver à mon tour exposé devant mes frères. J'avais encore mon épée et mon bouclier sur moi ce qui me rassurait un peu à dire vrai. Le seul obstacle à ma rédemption était ce verdict, et il était clair que je n'allais pas risquer de faire pencher la balance en ma défaveur. Je trouvais ça bizarre à chaque fois que mon père m'appelait "frère", mais ainsi est faites notre religion. Nous sommes tous frères sous le regard de l'éternel. Et ce vouvoiement si impersonnel, cela me faisait mal à chaque fois qu'il l'employait. Mais tel était mon jugement pour ce crime, et j'en accepterais chacune des piques.

          "Maintenant que votre culpabilité a été établi, qu'avez vous à dire pour votre défense ?"

          "Mes frères et sœurs, ceux qui étaient dans la bataille le savent, les autres ne le savent pas. J'ai préféré détruire une de nos reliques pour être sûr de conserver les autres en lieu sûr plutôt que de laisser ces païens décider du sort de nos reliques. Il est vrai, j'ai détruis une relique, et j'entends bien payer ma dette. Bien que notre ordre rejette la loi du Talion, je demande tout de même de m'accorder le bénéfice de cette loi. J'ai appris récemment l'existence d'une autre relique par delà la mer."

          Cette annonce eut un effet des plus étranges chez mes frères et sœurs qui partaient tous en messe basse. De ce que j'entendais, certains disaient que c'était impossible, d'autres que c'était un stratagème pour plaider ma cause, et d'autres disaient que c'était tout à fait possible. Ce brouhaha énerva légèrement mon père qui d'un mouvement d'énervement frappa fort son bouclier pour faire taire les gens présents. L'effet fut immédiat, et ci-tôt le silence installé, le grand maître pris la parole.

          "Que sais-tu de cette supposée relique ?"

          "Il s'agit de l'Epee de Roland, elle serait entre les mains d'un collectionneur à ce que j'ai compris et en guise de sanction, je demande l'autorisation au membre du conseil de prendre la mer à la recherche de cette relique, qui prendra place sur l'autel du Calice de saint Cirtap."

          Beaucoup d'informations d'un coup qui rendit mon père perplexe. Je suis sûr qu'au fond de lui, il souhaitait que j'aille chercher cette relique, mais il ne pouvait pas laisser son affection pour moi guider sa justice. Comment est ce qu'il pourrait garder l'esprit tranquille en dictant une sanction moindre sous prétexte que je suis son fils. Il a lu comme moi la pléthore de livre traitant du sujet, il sait que je pourrais clairement l'identifier si je la voyais. Je pensais bien qu'il était tiraillé, et sa réponse ne tarda pas à être entendu de tous.

          "Soit, dans ce cas, en tant que Grand Maître de l'Ordre, je te déclare coupable du crime dont tu es accusé. Ta sanction sera d'être exilé d'Avalon. Elle ne prendra fin que lorsque tu auras ramené une relique digne de ce nom."

          "Si je puis me permettre grand Maitre ..."

          Un homme se lève dans la foule, un homme âgé que tout le monde connait bien ici. Il s'agit de l'assistant de l'aumonier, un dénommé Mathieu, un homme d'un certain âge qui est bien parti pour remplacer l'aumonier actuel à sa mort. Je le connais très peu à dire vrai, mais il semblait être quelqu'un de particulièrement agréable, bien plus ouvert sur les traditions que son supérieur directe.

          "Je souhaiterais accompagné Lancelot dans sa quête. Nul doute que nous croiserons des paiens dans son entreprise et je souhaiterais profiter de l'occasion pour rependre la bonne parole et en apprendre davantage sur ce monde extérieur."

          "Et bien soit, vous ne serez pas exilé mais vous accompagnerez Lancelot dans sa quête. Ainsi, il profitera de vos sages conseils et de votre expertise. Soyez parti dans les trois heures qui suivent."

          La séance est levée et nous partions chacun de notre côté rassemblez nos affaires. L'avantage d'avoir fait vœux de pauvreté, c'est que nous n'avons pas grand chose à rassembler. Nous n'avions que nos armes et nos armures, nous avions convenus que nos chevaux demeureraient à Avalon. Cela me donnera une raison de revenir au plus vite qui plus est. Alors que je passais au niveau du donjon, je remarquais un trou béant au niveau de la cellule de Séléna. Qu'est ce que ... ? Je m'approchais à vive allure et je remarquais le garde en train de se gratter la tête. Je l'approchais rapidement et ajoutais.

          "Que s'est il passé ? Pourquoi la cellule de la prisonnière est vide ?"

          "Je ne sais pas, j'ai vérifié la cellule avant de partir à ton procès, et quand je suis revenu c'était comme ça. C'est une sorcière celle là ! Personne n'est capable de détruire un mur en pierre à main nu ..."

          Je restais dubitatif et je regardais la cellule. Si elle avait succombé à l'attaque, il y aurait eu du sang sur le sol, là il n'y avait rien. Elle s'était faites délibérément arrêtée par le passé, et cela ne m'étonnerait pas qu'elle se soit échappée de la sorte. Cette charmante étrangère était donc une sorcière ? Cela ne présageait rien de bon. J'étais capable de faire abstraction du statut d'une personne, le magicien que j'avais interrogé la dernière fois n'était pas si méchant après tout. J'espérais en tout cas que l'aumonier saura mettre de l'eau dans son vin face à pareille pratique. Je rejoignais l'aumonier et nous nous dirigions vers le port. J'informais ce dernier que mon aviseuse devait prendre contact avec nous ici et nous avons attendu une quinzaine de minute. Puis, un vieil homme étranger nous aborda en ajoutant.

          "Bien le bonjour messieurs, c'est vous qu'on m'envoie chercher. Vous avez pas idée comme vous vous fondez bien dans le décor de cureton !"

          "Vous devez faire erreur, on attend la dénommée ..."

          "Séléna ouais, sacrée filoute celle là ! J'en ai vu des comme elles par le passé. Vous savez, avant j'étais un grand flibustier, j'avais une armada sous mes ordres. On m'appelait Abraham le terrible, maintenant c'est juste Abraham. Et je vous ai raconté la fois où j'ai tenue tête tout seul à une armée de pirate ? C'était compliqué en plus je n'avais qu'une dague, mais il en faut plus pour le refroidir le vieux Abraham, et ..."

          "Cela a l'air fascinant, mais j'aimerais d'abord rejoindre le bateau avant d'entendre quelques unes de vos folles aventures."

          "Ah oui, bien sûr ! Allez viens mon gars, on est pas loin du rafiot !"

          Bien entendu, je n'avais nullement envie d'entendre ces histoires, mais c'était la manière la plus polie que je connaissais pour reconduire un vieil homme sénile et apparemment mythomane. Comme si on pouvait gérer seul contre une armée de pirate. Je n'ai pas de grande connaissance du monde autour mais je sais au moins qu'il n'existe pas un aussi grand pouvoir appart celui de l'éternel bien sûr. Cependant je n'avais pas envie de lancer le vieil homme sur le sujet. Alors que nous montions sur le bateau, je voyais enfin Sélena en train de discuter avec un autre marin, un plan à la main. Alors que l'on s'approchait elle repris son air taquin et ajouta d'une voix faussement énervée.

          "Et bien enfin, j'ai failli attendre ! C'est qui lui ?"

          "Séléna, je te présente l'aumonier Mathieu, il a tenu à être du voyage, mais ne t'en fais pas, il sera discret."

          "Puisse le seigneur guider vos pas vers une prairie paisible. "Saluez votre bienfaiteur pour les grâces accordés, mais n'oubliez pas de louer également le seigneur pour ces circonstances favorables" Verset 7-2."

          "Je sens qu'on va bien s'amuser ...." Ironisa t'elle "Mais ne traînons pas, nous avons perdu assez de temps ici."

          "Séléna pour ce qui est de l'Epée."

          "Ne t'en fais pas, on en reparlera en temps et en heure. Le trajet s'annonce long, Abraham vous fera la visite des lieux. J'ai encore quelques préparatifs à réaliser."

          Sur ces mots, elle tourna les talons, nous snobant presque. Semble t'il qu'elle était capitaine à bord de ce navire ? Et bien parfait ! C'est ainsi que le bateau quitta Avalon, sous une mer de question, et sur un Abraham qui comme d'habitude ne pouvait pas s'empêcher de raconter ses formidables aventures imaginés.