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Convoi 02 - Ariana Rope

Convoi 02 - Ariana Rope Prison10

C'est par une nuit privée de la plupart de ses étoiles que le navire de la Marine fend les vagues et vogue à destination du lieu de condamnation de sa petite prison interne. L'Ariana Rope est un navire de taille moyenne qui a misé le succès de sa mission essentiellement sur la qualité de son équipage et de sa discrétion. En effet, le bâtiment ne porte pas les couleurs de la Marine et ressemble à un transport de chasseurs de primes. Il a même été allégé au point de signaler à d'éventuels assaillants, par sa ligne de flottaison, que peu de denrées sont transportées à bord. De fait, seule une cinquantaine de prisonniers, logés dans des anciens quartiers d'équipage réaménagés, justifient la traversée. Des cellules sommaires, mais solides, parquent les criminels en quatuors sur des double-lits superposés. A l'exception de quelques cas isolés.

Ouroboros Greed est de ceux qui ont droit à leur propre cellule. Ce pestiféré livide, aux doigts et yeux ablatés, n'aurait pas tenu le trajet s'il avait été mis avec ses congénères condamnés. C'est un ancien Colonel, manipulateur, cruel et machiavélique au point de sacrifier ses propres soldats. La fin de son règne par la directrice du CP9 Sweetsong a brisé une carrière prometteuse et sauvé de nombreuses vies. Les soldats se contiennent pour ne pas faire justice eux-mêmes et boiront une part de leur solde lorsque le bougre sera pendu ou décapité. Pour l'heure, il est traité comme le sauvage qu'il est, mais sans abus de violence. L'ex-Colonel du Royaume de Bliss a déjà suffisamment piètre allure.

Bien plus fringant, mais tout autant méprisé, Don Viera partage le même sort que son compatriote de Bliss. L'ancien homme d'affaires avait, par la course hippique et bien d'autres magouilles, obtenu un statut d'intouchable. Il était si puissant que seul le Prince Régent pouvait concurrencer son influence. Ce dernier suffit, avec l'aide de l'enquêteur Loth, à détruire l'empire du crime mis en place par le vieux roublard. Don Viera avait attendu dans une cellule depuis 1626 et croyait mordicus à un coup du destin pour lui rendre sa liberté. Après tout, le monde avait toujours besoin d'un génie de la finance. Malheureusement pour lui, la loi martiale de 1628 avait accéléré les procédures. Don Viera vit très mal son transport, dans son costume usé, ses cheveux peignés aux doigts et sa terreur de finir à l'abattoir, après avoir parié avec la vie une fois de trop.

Lasco Carreidas doit sa présence à une erreur simple: Avoir mouillé à Logue Town le jour où la loi martiale était décrétée. Un Blocus Maritime immédiatement mis en place ne lui avait offert aucune issue et c'était un poisson bien trop gros pour échapper aux mailles du gros coup de filet. Le mafieux prometteur avait joué son grand numéro d'aveugle innocent, en vain. On ne prenait aucun risque à Logue Town et la possession d'un escargophone noir suffit de preuve à être accusé de collaboration avec les révolutionnaires. Que ce soit vrai ou pas ne comptait pas. Ce petit futé avait, après fouille minutieuse de son navire, assez de preuves de ses activités criminelles pour ne pas échapper à l'oeil de la Justice. Aigri, mais beau joueur, il profite  à présent des services déployés aux aveugles tels que Greed pour avoir ses repas servis et le champ des vagues contre l'épais hublot où, en ces nuits longues et funestes, il n'y a de toute façon pas grand chose à voir.
    C’est dans un coin du pont supérieur, pas tant exposé que ça au regard des supérieurs, que Klara a élu domicile depuis qu’elle a rejoint le petit convoi. Emmitouflée dans un manteau de laine, elle traîne, elle dort, elle gribouille, elle observe les vagues. En résumé, elle s’ennuie profondément. Le mercenariat, en général, c’est plutôt sympa, et ça paye pas trop mal. Mais les missions de protection, sur l’échelle du fun, ça reste quand même bien en bas. Encore plus quand ce qui a besoin de protection appartient à la Marine, et que même sur un navire camouflé, les règles restent les mêmes, et les acolytes restent des soldats, avant d’être des potes de voyage. Heureusement que certains sont moins coincés que d’autres, comme l’officier qui lui tient actuellement compagnie. Sympathique, flemmard, joueur.

    « T’es sûre que tu veux pas faire une partie de carte? lance-t-il à la chasseuse.
    - Oui.
    - Tu verras, c’est tout simple comme jeu, en fait..
    - Non merci.
    - J’ai précisé que c’est un jeu à boire?
    - ...
    - ...
    - Fallait le dire plus tôt.
    - Cool ! Ben écoute, j’vais pisser, et on joue quand j’reviens, j’en profiterai pour chopper une ou deux bouteilles. »

    Palpitant.
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    Ethan Ragglefield Levi était en congé dans les blues, plus précisément à Saint-Uréa où se trouvait sa noble et abominable famille. Comme d’habitude, retrouver les siens ne fut pas une partie de plaisir, mais mieux qu’en la présence de son frère. Ce dernier, avec sa sœur jumelle, étaient des agents du Gouvernement et donc très rarement disponibles pour le plus grand plaisir du contre-amiral. Néanmoins, sa sœur, Lydia, manquait un peu. Mais alors qu’il trouvait se séjour relativement long et ennuyant, malgré une tranquillité agréable, un confort optimal, il fut soulagé par un ordre de mission. Enfin, plutôt qu’un ordre de mission, disons plutôt un service à rendre, profitant de sa position actuelle. Ethan ne s’occupait pas particulièrement des affaires sur les blues. Un convoi transportant des criminels liés à la Révolution sont emmenés à leur lieu d’exécution.

    - Daniel, Mozart, on se tire, dit l’officier d’un ton nonchalant en raccrochant son escargophone. Direction ArianaHope, actuellement sur WestBlue, on y sera en un rien de temps.

    - Tu n’aimes vraiment pas ta famille... En même temps, y’a de quoi, finit par avouer Mattfield.

    Cet homme, le plus fidèle ami d’Ethan, connaissait bien la famille et avait bien trop trainé ici également.

    - Tirons-nous d’ici ouais, ça craint. Ton paternel et ton papy nous guettent depuis tout à l’heure.

    - Détrompes-toi, Danny, fit Ethan en toisant son ami. Ils n’ont que faire de vous, le menu fretin ne les intéresse pas. Ils me voient progresser, mais honnêtement, je ne suis pas assez mûre pour réellement les amuser.

    Le haut-gradé ne prononça pas ces paroles par méchanceté, mais analysa purement et froidement la situation. Devenir des monstres était une fabrique de cette famille. Tous furent de hauts fonctionnaires de la marine ou de grands agents du Gouvernement. Tous. Femmes comme hommes sans la moindre exception. La montée en puissance du dernier Levi était évidemment très suivie par les anciens de la famille, à son grand désespoir.

    Il était temps de partir.

    •••

    - Contre-amiral Levi, hurla un soldat de la marine. Peut-être était-ce un sergent en chef, trop fébrile et peu confiant en la présence d’un supérieur. Ethan observait son front luisant et ses mots sortant difficilement. Le regard froid du contre-amiral n’arrangea en rien l’état du pauvre homme.

    - Sergent-chef Gaston, j’imagine, fit-il en le dardant d’un regard sanguinaire et à la fois naturel. Évitons les accueils solennels et ennuyants, ils m’exaspèrent.

    - O-Oui, contre-amiral Levi.

    - Présentez-moi de loin les personnes qui pourraient m’intéresser, s’il vous plaît.

    - Seuls des soldats résident à bord de ce navire, contre-amiral, dit-il avec cette fois-ci plus d’assurance. Il s’habitua à la pression et agit enfin comme un chef de bord. Il y a peut-être la demoiselle, là-bas, chasseuse de prime, et d’autres peut-être moins intéressants encore.

    Ethan observa quelques instants les alentours, les visages, puis il s'intéressa brièvement à la partie de cartes. Plus précisément à la demoiselle, au moins autant ennuyé que lui, qui s’efforça de jouer pour tuer le temps.

    - Pour tout vous avouer, sergent, cette mission ne m’intéresse pas des masses. J’étais à un vieux repas de famille et j’avais justement besoin d’une porte de sortie. Vous êtes la porte de sortie. Néanmoins, j’insiste là-dessus, je suis en congé et ne tient pas particulièrement à être dérangé par des erreurs d’amateur. Avec une armée pareille... Sans déconner, on m’a envoyé dans des missions suicides, sans soutien, mais bizarrement on trouve du monde pour transporter du bétail... Bref. Avec une armée pareille, je disais, en plus de ma présence qui sert de dissuasion, j’espère pour vous ne pas être dérangé.

    Son regard ne changea pas un instant. Froid et assassin.

    - Avant de siroter un cocktail, je vous prie de bien vouloir me présenter les prisonniers se trouvant à bord. J’ai rapidement étudié la liste et aucun ne m’a paru extrêmement dangereux. Ce sont cependant des personnes ayant les bras longs... Très longs. Ouroboros Greed est bien là ?

    L’officier acquiesça. Ethan le suivit et ils descendirent ensemble dans les cales où se trouvaient les prisonniers. Ils passèrent devant Don Viera, qui ne mérita même pas un regard du contre-amiral. Un simple type ayant voulu jouer trop gros et qui a perdu. Même chose pour Lasco Carreidas, simple trafiquant de drogue qui s’était fait prendre à son jeu. Ils continuèrent alors de s’enfoncer dans l’obscurité des cales, étroites, humides et puantes, au fil de la marche toujours plus pénible.




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    Le Renard était présent lors de la mission d'escorte, son supérieur l'avait recommandé pour cette mission. Shoga était un peu nerveux, c'était la première fois qu'il assistait à une mission de cette envergure. Le Minks était sur le pont en train de regarder par-dessus bord, il sentait le vent lui caresser les poils et cela était agréable. Sur le pont se trouvaient quelques soldats qui passaient le temps comme ils pouvaient, pour cette mission le Renard était vêtu avec l'uniforme standard de la marine. La seule différence qu'il y avait entre Bob le réserviste et Shoga c'était la race, un Renard de 2 mètres de haut ne passait pas inaperçu.

    - Je me demande sur qui ou quoi je vais tomber. Disait-il en affichant un air amical.

    Un soldat regarda le Renard isolé, il s'approcha de lui et lui proposa un petit coup de gnôle, histoire de passer le temps.

    - Allez ça ne te fera pas de mal, en plus ça ferait plaisir aux autres membres de l'équipage de voir que tu es comme nous.

    Une parole franche et surtout un peu raciste, Shoga savait pertinemment que son apparence était différente des autres et qu'il pouvait faire peur.

    - Je ne bois pas, je ne fume pas... Surtout pendant une mission.

    Le marine était un peu saoul, d'ailleurs il sentait une odeur atroce pour la truffe sensible de notre Minks. Il lui demanda s'il pouvait lui ramener un verre d'eau de la cuisine, le soldat mit sa main sur son front et partit en titubant vers les cuisines. Shoga soupira de soulagement, cet homme était une plaie. Le Renard tourna son regard vers une femme qui n'était pas une marine, elle et son ami semblait s'amusait.
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    Bordel, je me fais chier, ça fait tellement longtemps que j’ai plus eu de permission, que je ne sais même plus ce qu’on est censé faire en permission. Normalement, je suis juste trop occupé à naviguer à droite et à gauche pour botter des culs, quand je ne suis pas infiltré sur une île on ne peut plus dangereuse ou pris dans des conflits d’envergure dantesque. Et la d’un coup, t’as un type de l’administration qui m’appelle pour me dire que j’ai trop de jour de vacance et qu’il faut que je sois démobilisé sinon, ils vont se faire taper sur le doigts. Je parie que c’est un coup de Trovachenik, ou je sais plus trop son nom pour me faire chier. Le soucis, c’est que quand tes principaux cercles sociaux sont soit mort, soit dispersé en mer, t’as pas milles manières de voir du monde. ‘Fin si, je pourrais rencontrer des quidams, mais la moitié me connaissent déjà avant même que je ne leur adresse la parole, donc bon à part si j'ai envie de les entendre parler de moi, ou de leur problèmes génitaux, ça devient vite lassant.

    J’avais donc opté pour la variante touristique, j’avais récupéré mon « fidèle » barbecue-pédalo à tête de pingouin, et j’étais partis explorer les blues. L’objectif était simple, aller sur une île, choper toutes ses spécialités culinaires et les consommer en chemin jusqu’à la prochaine île, mais pour ça aussi je me suis vite lassé. On peut dire ce qu’on veut, mais rien ne vaut la saveur simple mais puissante d’un roi des mers pêché le matin même. Pis, je vais même pas causer de la gnôle des blues, elle vaut pas tripette. Je pense comprendre pourquoi tout les pirates et autres aventuriers en partent, c’est pour chercher de la gnôle meilleure, sur grand Line.

    Cela dit, le sort à fait que Ethan se trouve aussi en permission. Il m’avait initialement proposé de le rejoindre à un repas de famille, mais le soucis, c’est que son père est un connard, son frère est un connard, son oncle est un connard, son chien est un connard, sa sœur est mignonne, son grand père est un connard, les écureuils dans leur jardin sont des connard, ah et oui, son frère est un connard. Donc j’avais comme qui dirait pas envie de me retrouver embarqué dans un repas de famille là-bas, désolé petit gars, mais ta sœur elle en vaut pas le coup quand elle est entouré des membres masculins de ta lignée. Cela dit, j’étais tenté de le rejoindre pour lui proposer de faire un tour de pédalo, quand j’ai reçu la nouvelle qu’il était parti escorter un navire pénitencier ou un truc du genre.

    Donc bon, comme j’avais rien de mieux à faire et que ça pourrait me tenir occupé, j’ai enfilé ma plus belle chemise à fleur, l’une des dernières encore propre et je me suis mis en route. Franchement, le bateau ne payait pas de mine, c’est un bateau, tu me diras, mais ça reste un bateau pas folichon. Le genre de caisse en bois que l’on file aux subalternes quand on a rien de mieux en stock. Je pense que l’une des principales qualité du bousin, c’est que ça flotte. Ce qui dans la taxinomie de la marine, le classe directement dans la catégorie des navires pas glop, mais on l’a payé avec des impôts donc faut que ça serve. J’arrive à hauteur du navire et après une vingtaines de secondes de flottement, un groupe de soldat me braquent fébrilement me demandant de m’identifier. Je me contente de retirer mon chapeau, un truc informe et à large bord qui avait appartenu à Cole, un de mes frères d’armes, avant qu’ils n’aillent nourrir les poissons. Après quelques nouvelles secondes de battement, les marins m’annoncent être honoré de ma visite, et toutes les formules habituelles, la rançon de la gloire. Je lance un cordage à celui qui semble le plus à même de se servir dix doigts, sans se les emmêler.

    -Accroches ça à l’arrière, tu veux. Le contre-Amiral est à bord ?


    Ils m’accueillent à bord et d’un bond je rejoins le pont, ce qui provoque quelques vivats. Bon, c’était peut-être pas forcément nécessaire, mais bon, ça leur fera une histoire à raconter la prochaine fois qu’ils iront au mess. C’en est presque lassant, avant on me traitait de poseur, à présent, on glorifie mes faits et gestes comme si j’étais une légende ou je ne sais quel héros… je suis jamais qu’un soldat qui a eu la malchance de tomber sur des connards plus fort que lui, pas la peine d’en faire tout un plat. Vivement que je retourne sur le nouveau monde, là-bas au moins, je ne suis jamais qu’un officier parmi d’autre… Rapidement, un subalterne me conduit auprès d’Ethan, normalement, en tant que gars de l’élite, ils ne devraient pas suivre mes ordres. Mais manifestement, je suis tombé sur une bande de bras cassé, pas capable de tenir une arme correctement, mais qui rêvent de sauver la veuve et l’orphelin… ça me rappelle un truc… ‘fin bref pas étonnant que les blues soient infestés de minables et de menus fretins avec des soldat pareils.

    -Hé Ethan ça te dis du saucisson de Kage Berg ? et je te dis pas ça car j’aime pas, oh sinon t’as vu y’a un renard !
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    -Et on y est, des TORTUES GEEAANTES ! Alors, t’en dis quoi ?
    -T’ES TROP GENIAL TONTON.
    -La vérité vient de la bouche des enfants. Amen. Mais non, je ne suis pas génial, je suis juste beaucoup très riche et beaucoup très amusant.
    -Comment t’as fait pour devenir aussi riche ? Aussi riche aussi vite ?
    -J’ai rencontré une personne merveilleuse qui m’a donné plein de coups de fouets pour que je fasse des efforts. A priori ça arrive à beaucoup de monde. Rencontrer quelqu’un, je veux dire.
    -Des coups de fouets comme le café fait à papa ?
    -Ca dépend des jours. Mais plutôt, ouais. En fait c’est même la comparaison la plus pertinente que j’ai jamais entendue. Ca a un effet tonifiant, ça fait de très jolies fleurs mais personne ne le sait, ça a un goût amer qu’on apprend à apprécier au fil du temps et ça peut vous tuer quand vous faîtes des excès. Ouais, t’as entièrement raison, c’est comme le café.
    -T’es pas très musclé pour quelqu’un qui fait des efforts, pourtant.
    -Ah nan, je fais pas ce genre d’efforts, clairement.
    -T’es pas très intelligent pour quelqu’un qui fait « pas ce genre d’efforts ».
    -Euuh… c’est pas ce « pas ce genre d’effort » non plus.
    -Donc si c’est pas comme au sport et pas comme à l’école, c’est comment ?
    -C’est comme euh… tu m’as déjà vaincu aux échecs ?
    -Nan.
    -Aux CDP du Chenal ?
    -Nan.
    -Au Redline District ?
    -Nan.
    -A Age of Navires ?
    -Bah non, t’es trop fort !
    -Exactement. Parce que je suis très fort à ces trucs et que je me suis encore plus entraîné à être fort à ce genre de trucs.
    -Donc t’es devenu riche en faisant plein de jeux de société ?
    -Un peu mais pas que. On va dire que pour le moment, contente-toi de trouver plein de trucs qui te plaisent et sois aussi pas mauvais que tu peux dans le reste, ça sera déjà bien.

    Le gamin lâcha un « Waaaaah » plein d’enthousiasme. Probablement plus à cause des chéloniens géants qu’ils surplombaient que des conseils maladroits du frère de son paternel. En d’autres termes, c’était le neveu de Sigurd, une petite tête blonde de huit ans prénommée Bernhard avec un H que seule sa mère et ses ascendants amateurs de choucroute savaient prononcer dignement.  

    Et à l’occasion de ses vacances scolaires, Bernard avait obtenu de passer deux semaines aux côtés du son oncle, ce type dans le genre sympa qu’il ne voyait que ça et là. Ce qui aurait pu se résumer à sa première visite des provinces de Luvneel si Sigurd n’avait pas eu d’autres idées plus excentriques en stock. La location d’un sous-marin avec équipage à un armateur de Norland pour une excursion en classe de mer à vocation purement pédagogique, par exemple.

    Ils avaient fait quelques aménagements pour rendre le véhicule plus confortable, dans la mesure du possible et même un peu au-delà. Comme installer une baie vitrée blindée donnant sur l’extérieur pour profiter du paysage.

    « Vous avez conscience que vous envisagez de plonger à des profondeurs où la lumière ne pénètre quasiment pas, et qu’y utiliser des projecteurs pourrait mettre en danger l’écosystème ? Vous allez rendre épileptiques la moitié des espèces du milieu !
    -Je m’en fiche, je vous paie pour ça.
    -C’est irresponsable, je refuse !
    -Et je rajoute vingt millions.
    -Mmmmmmh…
    -C’ETAIT UNE BLAGUE.
    -Les vingt millions?, demanda l’ingénieure avec un air de déception.
    -Tout. Vous m’avez dit « non pas bien », mes oreilles enregistrent « non pas bien » et mon porte-monnaie ne répond pas « osef ». Après je suis pas contre dépenser correctement mon argent si vous avez des trucs cools à me proposer, la qualité ça a un prix et j’ai la chance de pouvoir encourager ça.
    -De l’eau chaude pour la douche ?
    -Ah, bah forcément si y’a des impératifs vitals dont faut se soucier avant de faire des trucs farfelus je suis toute ouïe. »

    Après, personne n’était jamais à l’abri d’incidents.

    « Dîtes, c’est normal que cette tortue se colle à nous ?, demanda un ingénieur au capitaine du bateau noir.
    -Pas vraiment, mais c’est pas un bon signe… je veux dire, quand elles gonflent leur gorge et nagent à l’envers comme ça…
    -On est pas en période de reproduction pourtant ?
    -Il paraît que les femelles des espèces en voie de disparition peuvent entrer en période de rut même en dehors de la saison des amours pour perpétuer l’espèce.
    -Les tortues à crêtes de plumes vermeil sont une espèce rare en dehors de West Blue, mais elles sont tout sauf en voie de disparition ici.
    -Bah dis ça à…
    -Va dire aux touristes de s’accrocher, j’annonce une manœuvre de retour en surface en urgence. Ca aidera la tortue à se rendre compte qu’on n’est pas une femelle fécondable. »

    Un peu saugrenu, mais rien d’inhabituel. Ils avaient déjà vu ça.

    Ce qu’ils n’avaient jamais vu, par contre, c’était des tortues géantes essayer de fertiliser des navires pénitenciers. Se rendant vite compte de son erreur en l’absence de réponse à sa parade nuptiale (traditionnellement des cris aigus, une floppée de phéromone et quelques mâchouilles affectives au niveau de la nuque), le monstre marin s’en retourna prestement vers les profondeurs, déçu et peut être dégouté d’avoir frotté son divin appendice à…

    Beurk.

    « Euh… merde, je crois qu’on l’a ramenée vers eux.
    -Ils se sont fait amocher ?
    -Aucune idée. Ils se sont faits arrêter en tout cas, ça a dû être une sacrée secousse.
    -Allons voir. »
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    Est-ce que l'Ariana Rope a.....perdu le fil ? Convoi 02 - Ariana Rope 852437516

    Je viens annoncer que plus aucun nouveau PJ ne peut entrer en action et qu'il vous reste une semaine pour conclure. Si vos personnages ont un échange captivant qui nécessite une relance de temps, ça se fera. Mais veillez à boucler petit-à-petit svp.
      -Et donc, vous voulez nous convaincre que votre présence à vous, un individu fortement soupçonné d’être un sympathisant révolutionnaire, n’a strictement rien à voir avec le fait que notre transport de prisonniers se soit fait pratiquement éventré par une tortue géante sortie de nulle part.
      -Meuh c’est même pas vrai, vos CP ils sont convaincus que je suis pas un révo ! Juste un singe un peu difficile à prévoir qui sait pas rester à sa place et qui gigote un peu trop fort quand des gens abusent complètement de leurs gros bras.
      -Oui, du coup vous n’êtes absolument pas suspect sur ce qui se passe.
      -Mais que non ! Jamais j’aurais la moindre envie de libérer des criminels lambda dont je sais rien du tout.
      -Ca, je n’en sais rien. Nous transportons Don Viera, un ancien magnat des affaires spécialisé dans les jeux d’argents coupable de blanchissement et à l’origine de scandales financiers. Vous pourriez le connaître.
      -Du tout ! J’ai pas reçu d’invit’ pour cotiser à l’amicale conglomérante de Big Banka qui vole l’argent des pauvres pour acheter le monde. Je suis proba pas assez sage pour eux non plus, que ce soit à table ou pendant les réu’ d’échafaudage de plans maléfiques.
      -J’hésite très fortement entre vous faire arrêter tout de suite ou juste vous faire partir sur le champ pour ne plus avoir à vous supporter. Ca ou vous balancer un contre-amiral et un commandant d’élite dans la gueule en même temps pour voir ce qu’il en pensent, ça le ferait aussi.
      -Bah euh on pensait vous demander si vous aviez des dégâts et besoin d’un coup de main pour des réparations ou autre chose mais on peut très bien partir hein. Et quand je dis « on » je veux surtout dire « le capitaine de notre sous-marin parce que moi je suis juste un touriste sans intérêt que vous avez happé tout de suite dès vous avez senti son odeur ». Je peux y aller ?

      L’officière, une lieutenante qui servait de bras droit à la commandante du navire et se chargeait en pratique de la majorité des urgences et des interactions, le dévisagea un instant. Un civil, un gros con, un concentré d’impertinence qu’elle avait juste envie de dégager parce qu'elle avait une urgence sur le dos avec un navire en pleine avarie et deux hauts gradés qui étaient tout à fait à même de pourrir son équipage sur un simple coup de...

      D’un simple revers de la main, elle le fit glisser cinq mètre plus loin sur le coté avant de se diriger le capitaine du sous-marin en question. Le regard de la lieutenante, trahissant une lassitude qui la rendait glaciale, se transforma en une étrange grimace – qui elle-même vira elle-même à un certain ricanement nerveux lorsqu’elle se rendit compte qu’elle faisait face à un de ses anciens petits amis. Merde.

      Une journée pas possible.

      -Eeeeeh, waow, trop marrant ! Le monde est petit, hein !

      Mais ça, c’est ce que Sigurd adressa à la femme la plus proche de lui. Il était tombé sur les fesses et avait roulé-boulé un peu plus loin, en direction d’une jeune femme qu’il ne s’attendait pas à revoir – des cheveux blancs, des cicatrices, des yeux d’émeraude, un carnet de gribouillage qui faisait écho aux origamis qu’elle lui avait déjà offerts, et un air gentiment moqueur qui était de rigueur en réponse à ses pitreries habituelles.

      Bonjour, Klara.
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      Shoga était en train de jouer aux cartes avec Klara et ses potes, une violente secousse se fit sentir. Apparemment une Tortue géante s'était cognée contre le navire, d'autre disait qu'elle voulait s'accoupler avec le navire. C'était juste un accident, pas de quoi s'énerver. Le Lieutenant était toujours concentré dans sa partie de carte. Quelques minutes plus tard, un homme arriva et se présenta à la chasseuse. Shoga était en train de gagner, son jeu était parfait. Il posa les cartes sur le terrain de jeu, les marines gueulaient en voyant le jeu du Renard. Il gagna la partie, Shoga affichait un air heureux, il était content d'avoir gagné. Mais bon, le Lieutenant se retira de la partie et salua le petit bonhomme qui venait d'arriver.

      - Salut, vous n'avez pas l'air d'être un soldat de la marine, je me trompe ?



      Sigurd était loin d'être un élément de la marine, son accoutrement en était la preuve. D'ailleurs Shoga pensa qu'il s'agissait peut-être d'un membre du Cipher Pol, étant donné qu'ils étaient toujours classieux et propres sur eux. Shoga avait subitement une petite faim, il invita donc Sigurd à sa table histoire de ne pas manger devant lui. Le Renard interpella le cuisinier du navire, et il lui demanda s'il pouvait avoir une ration. Le cuisinier qui s'ennuyer regarda Shoga et il hocha la tête de bas en haut, puis il partit dans aux cuisines. Le cuisinier sortit une assiette du placard, puis avec une grosse louche qu'il plongea dans une marmite il sortit une soupe de poisson. Le chef revint des cuisines avec plusieurs assiettes de soupe de poisson, il faisait sonner une clochette pour prévenir que c'était l'heure du repas. Shoga prit son assiette et partit manger sur une marche.
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      Ethan entendit un soldat annoncer l’arrivée du commandant d’élite Kogaku. Cette enflure était donc conviée à la fête, pensa-t-il. Il y avait du mouvement en-haut, mais avec l’arrivée de son camarade, Ethan ne s’inquiéta absolument pas. Le soldat qui l’accompagna s’arrêta en-face d’une cellule. On n’y voyait absolument rien mais l’officier sentit une présence au fond de celle-ci. L’odeur était nauséabonde. De l’urine ? Rien de bien étonnant.

      - Filez-moi les clés, soldat.

      - P-pardon monsieur Levi, m-mais j’ai pour ordre de n’abandonner sous aucun prétexte.

      - Et croyez-vous que votre capitaine aurait quelque chose à y redire si je lui demandais ces clés ? Ne me faites pas perdre mon temps où vous finirez au fond de cette cellule avec un bon coup de pied à l’arrière-train ? Et si...

      - Hem, interrompit Daniel en s’allumant une mèche. Pour faire court, filez-lui les clés et tout ira. Je vous les remonterai dans quelques minutes, je m’en porte garant. Vous pouvez également rester ici en attendant si le cœur vous en dit.

      Le soldat fouilla dans sa poche et tendit timidement un trousseau de clé, dégageant la clé en question, avec une certaine timidité. Ethan retrouva son calme et le remercia brièvement. Le soldat s’écarta et retourna vers la sortie, sans réellement sortir. Sortir sans ce trousseau pourrait lui causer quelques ennuis. Daniel eut un air satisfait en suivant l’homme du regard. Le contre-amiral ouvrit la cellule. Un homme bondit, comme pour son s’enfuir, mais d’un mouvement bref, l’officier dégaina sa lame retournée du côté non tranchant et envoya un coup dans l’abdomen du détenu qui retourna à sa place.

      - Keuf ! Cette détention me rend si faible...

      Pour Ethan, même si c’était un facteur considérable, Greed ne constituait pas un réel danger pour lui.

      - Que me vaut la visite d’un haut officier de la marine ? Vous devenez populaire, monsieur Levi, fit-il en esquissant un vilain sourire.

      - Je voulais simplement voir une première et - visiblement - dernière fois le visage de l’homme qui a souillé l’image de notre belle marine.

      - Ne me fais pas rire. Tu sais aussi bien que moi le nombre de personnes corrompues se trouvant au sommet de cette institution. Rallier des soldats dans cet enrichissement et cette prise de pouvoir n’est en rien difficile.

      Sans approuver d’une quelconque manière, Ethan était évidemment conscient de ce malheureux fait.

      - Ton combat est double, Levi. Les criminels ne sont pas uniquement ceux que l’on appelle “pirate” ou encore “révolutionnaire”, mais également ceux prétendant défendre et servir les intérêts du peuple. Je n’étais pas le premier et ne serais certainement pas le dernier. D’autres agissent encore dans l’ombre.

      Daniel trouva soudainement dommage de faire exécuter une mine d’informations. Néanmoins, il se douta également que d’autres ont tenté de lui extirper ces informations, en vain. Le contre-amiral retroussa ses pas et se dirigea d’un pas lent vers la sortie.

      - La Justice, la véritable Justice, Greed, l’emportera toujours. Je mènerai tous ces combats et éradiquerai tous les criminels. Je t’aurais bien abattu sur le champ, mais il existe encore des lois et ton heure est proche. Personne ne viendra perturber ce convoi, tu as ma parole.

      Il ferma la porte. Ses pas accompagnés de ceux de Daniel remontèrent la surface où ils retrouvèrent le soldat. Ethan lui rendit le trousseau avec un regard bienveillant. De braves hommes tels que lui étaient nécessaires à ce monde cruel. En quittant les cales, ils retrouvèrent la lumière et tout un beau monde. Il ne s’étonna pas de retrouver son ami, Yamamoto, qui s’amusait déjà avec Mozart et ses instruments. Fidèle à lui-même, le commandant d’élite ne manqua de lui faire remarquer qu’un Mink se trouvait à bord. Ethan esquissa un sourire, plutôt satisfait de remarquer un peu plus de diversité. La vie devait être dure pour ce renard, mais il devait y en avoir d’autres comme lui pour abolir cette image que l’on se faisait d’eux.



      La suite du voyage se passa sans encombre. Cest ce qui mentionnait le rapport écrit par le capitaine de l’Ariana Hope.



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