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Apporter des rouages à la machine !

La phase du réveil, la partie la plus agréable de ma journée. J'ai horreur de dormir, cela me fait penser qu'un jour je pourrais ne pas me réveiller et cela est inadmissible. J'ai encore tellement de grandes choses à faire, je veux être le premier scientifique à vaincre la mort. Il est vrai que les éléments récents ont mené ma réflexion vers d'autres horizons. Istos m'avait parlé de personnes devenus immortels sur le plan du vieillissement en transformant totalement leur corps en machine.  Il est vrai que j'avais déjà pensé à cette approche. D'un point de vue matériel j'avais tout à y gagner. Un corps optimisé pour le combat pour défendre ceux qui me sont chers, et tuer ceux qui se mettent en travers de mon chemin. Un corps bien plus solide que l'actuel, avec la possibilité de récupérer un bras ou une jambe sans problème et sans ressentir la moindre douleur. Et enfin l'avantage suprême, c'était qu'il y avait toujours des possibilités d'améliorer son corps, tant que l'imagination suivait. Bon bien sûr j'allais devoir compter sur l'assistance d'Istos, qu'il m'apprenne ce qu'il sait sur la biomécanique.  Mais je comptais bien y apporter ma touche personnelle. J'avais eu le temps de réfléchir à énormément de choses durant ma phase pré-sommeil. Il me restait encore beaucoup à faire, et j'étais plus motivé que jamais à obtenir cette immortalité tant désirée.

Je fus tiré de ma rêverie par un bruit sec sur une table. Je me relevais instinctivement et mis en joug celui qui avait fait du bruit. C'était Istos qui venait de déposer un livre extrêmement épais. Il avait l'air tout enjoué et cela me faisait plaisir de le voir dans cet état là, lui qui était habituellement hyper stressé. Il semblait avoir une idée derrière la tête. Il m'annonça fièrement sa dernière trouvaille comme un enfant qui montre à son père qu'il sait faire ses lacets. Il ouvre l'ouvrage et annonce :

"Tiens ! Regarde ce que j'ai trouvé ! C'est un listing des différentes boutiques souterraines de Rokade ! J'ai pensé à notre problème d'ingrédients et je me suis dis que le plus simple pour obtenir autant d'ingrédients n'est pas de les acheter mais d'en "emprunter" là où il y a des ressources ! L'idéal, ça serait de nous trouver un entrepôt de métal de bonne qualité pour continuer mon projet pour toi, et un entrepôt de matos chimique pour que tu puisses réaliser tes expériences."

"C'est excellent ! Il n'y  a plus qu'à éplucher 2 000 pages d'un vieux grimoire poussiéreux pour trouver notre bonheur !"

"Arrête avec tes sarcasmes, ça se lit plutôt bien !"

"Mouais, parle moi plutôt de ma prochaine amélioration."

"T'es vraiment impatient à ce point ? Disons que je te garde la surprise. J'ai plusieurs idées et cela dépendra de la quantité de métal que l'on peut subtiliser. Mais crois moi tu ne vas pas être déçu !"

Je pense qu'il ne s'est pas encore décidé sur la nature de ma prochaine prothèse bionique. Cela explique pourquoi il est aussi évasif. Je le connais depuis peu, pourtant je lis en lui comme dans un livre ouvert. Peu importe l'entrepôt que l'on trouvera, il faudra que l'on puisse ramener assez de fer pour s'assurer qu'Isthios puisse me recouvrir intégralement le corps de métal. Et peut-être même un peu plus pour prévoir des éventuels loupés ou des pièces de rechanges en cas de casse. Mais pour cela, je faisais confiance à mon acolyte pour déterminer la quantité exacte de métal qu'il nous faudra ramener. Quant à moi, je souhaitais avant tout ramener le plus possible d'ingrédient de chimie afin de réaliser mon premier projet. J'en parlerais avec Istos d'ailleurs voir si cela peut être réalisable. Mais pour l'heure concentrons nous sur la recherche d'une bonne cible à cambrioler. C'est alors que le biomécanicien s'exclama.

"Trouvé ! Une raffinerie de métal abandonnée ! Il doit encore y avoir du bon matos là-bas ! Avec un peu de chance on trouvera des lingots prêts à être refondus ! Je sens qu'on va trouver notre bonheur là bas ! Et à deux pâtés de maisons, y a un entrepôt sous-terrain d'une ancienne apothicaire qui a fermée il y a de cela plusieurs mois. Tu devrais pouvoir trouver ton bonheur là bas."

"Parfait, maintenant petite question pratique, comment on va transporter tout ça ? On va jamais pouvoir transporter tout cela à deux !  Pour l'apothicaire ce n'est pas gênant, mais pour les lingots de métal on est pas sorti de l'auberge."

"Oh ne t'en fais pas pour ça, j'ai une idée, et ça tombe bien que tu parles d'auberge, on va devoir aller dans une.  Suis-moi, je vais te montrer notre principal atout pour cette mission."

Je terminais de réajuster ma tenue et je le suivais donc dans les rues de Rokade, à la recherche du fameux atout. Enfin, pour le coup, je devrais peut-être parler de bras gauche ...


Dernière édition par Klaus Von Dragan le Mer 11 Nov 2020 - 15:02, édité 4 fois
    Alors que nous nous enfoncions dans les rues de Rokade, je ne pouvais m'empêcher de réfléchir à comment transporter autant de matières sans faire une multitude d'aller-retour. Istos avait tout prévu semble t'il mais il me fallait un plan B si les choses ne se passaient pas comme on l'aurait souhaité.  Je devais penser à un moyen de ramasser au moins une centaine de kilos de lingot de fer raffiné. Evidemment, j'avais pensé aux méthodes classiques comme une cariole ou juste des chevaux que l'on pourrait lesté un peu, mais cela laissait des traces ce genre de location. Et pour le moment nous devions rester discrets au possible. Il faudrait quelque chose qui n'éveille pas les soupçons et qui soit apte de transporter autant de lingots que nécessaire. Je fus alors tiré de mes pensées par Istos qui me fit signe que nous étions arrivés. Je secouais la tête, j'avais réfléchi tout le long du trajet ?

    "C'est là !"


    Nous étions face à une auberge miteuse mais où la fête semblait battre son plein. J'avais confiance en mon bras droit, mais là je devais reconnaitre que je ne le suivais vraiment pas. Si cela avait été une autre personne, j'aurais pensé à une fringale ou à un besoin d'alcool. Mais ce n'était vraiment pas le genre de mon acolyte qui, sans me laisser le temps de poser de questions, entrait dans la taverne. Je le suivais donc de près, lui faisant entièrement confiance. C'est vrai, je lui fais bien confiance pour m'améliorer cybernétiquement parlant donc pourquoi est ce que je ne lui ferais pas confiance pour entrer dans ce genre de taverne miteuse ? En entrant, ce qui me frappa directement au visage, c'est l'odeur de friture qui émanait de l'endroit. C'est alors que je compris ce qui se passait actuellement. Il y avait un concours de mangeur de frites. Il y avait toute une floppée de personne allongée se tenant le ventre à force de manger et il ne restait plus que deux personnes debout. Ils avaient tous les deux des physiques bien particulier. Le premier était petit, tout fin et avait une tête de fouine. Il semblait cependant être capable d'ingurgiter des quantités de frites impressionnantes vu que son adversaire était une sorte d'humain de très grande taille, dans les 4 mètres, rond comme un ballon qui semblait s'empiffrer plus que déguster les frites. C'était un spectacle assez écœurant à dire vrai. Même le chef cuisinier qui se tenait derrière semblait essoufflé d'enchainer les plâtrées de frites qui était ingurgité en quelques secondes par les deux morfales. Une performance remarquable pour les amateurs du genre, mais un spectacle inintéressant pour ce que nous sommes venus chercher. C'est alors qu'Isthos pris la parole.

    "Klaus, je te présente Monti et Bapum ! Ce sont deux grands amateurs de bouffes mais qui ont un certain potentiel. Ils ne demanderont pas un gros salaire et sont prêt à tout pour avoir assez d'argent pour bouffer. Ils seront nos bras pour cette opération. Enfin si on arrive à les convaincre."

    "Je vois, on serait donc quatre pour transporter vingt cinq kilos chacun ..."

    "Pas exactement, en réalité ces deux énergumène ne paye pas de mine comme ça mais ils sont capables de soulever de lourdes charges, j'estime qu'on peut leur charger facilement cent kilos à tous les deux."

    "Vendu dans ce cas ..."

    Je m'avançais regardant les deux gloutons arrivaient à la fin de leur énième portion de frites. Le chef cuistot était en position latérale de sécurité, crevé d'avoir fait autant d'aller retour pour remplir le ventre de ces deux "gourmets". Le plus gros d'entre eux, Bapum si j'avais bien compris ce que me disait Istos nous gratifia même d'un rot qui eut le mérite de décoiffer légèrement son ami. Quel manque d'élégance ! J'étais issue d'un milieu aristocratique et je me doutais bien qu'en rejoignant la piraterie j'allais devoir baisser mon niveau de vie drastiquement, mais de là à recruter deux badauds malpropres et aux manières étranges ... J'étais vraiment tombé bas. Il est vrai cependant qu'ils avaient l'air bien costauds et que si je devais me faire un nom dans la piraterie, j'allais devoir compter sur des subalternes de leurs niveaux. J'ajustais ma cravate et m'approcher d'eux. J'allais devoir user de diplomatie et de tact, j'étais médecin après tout, c'était tout à fait dans mes cordes. Je m'éclaircis la voix avant d'ajouter.

    "Félicitations messieurs, quelle prouesse culinaire ! Je suis bluffé !"

    "Qui s'est que tu traites de culinaire ?"

    "Calme toi Bapum, ça veut juste dire qu'il est impressionné par notre gueuleton."

    "Ah ... oh ... pardon."

    "Ce n'est rien, je viens vous proposer un travail grassement payé qui vous permettra de vous faire de l'argent rapidement sans grand effort."

    "En quoi ça consiste ton travail ?"

    "Et bien, pas grand chose, juste de la manutention, je dois vous faire passer du matériel que vous amenerez d'un point A à un point B. Aussi simplement que ça."

    "Oh ça a l'air simple, on y va Monti ?"

    "Tutututut, Bapum, ça semble trop simple."

    "Vous serez payé l'équivalent de ce que vous venez de déguster en frites sur ce repas."

    "Dit comme ça je marche !"

    "Bapum ! On aurait pu négocier avant ... bon d'accord. Va pour ça."

    "Très bien, je vous laisse digérer tranquillement, nous nous retrouverons d'ici une demi heure à cet endroit" Je leurs tend une carte avec l'emplacement de l'ancienne raffinerie de métal "Soyez à l'heure, ce serait dommage de louper de l'argent aussi facilement gagné !"

    Les deux estomacs sur pattes acquiescèrent et je me tournais vers mon bras droit qui hochait la tête satisfait. Pour la partie discrétion on repassera, mais au moins on va pouvoir transporter toutes ses marchandises sans encombre jusqu'à notre repère. Et vu qu'ils ont l'air de ne pas être les couteaux les plus aiguisés du tiroir, ils ne penseront même pas à essayer de nous entourlouper. C'était une manœuvre rondement mené. Je fis signe à Istos de me rejoindre dehors et nous allions directement au niveau de la raffinerie de métal abandonné. Avant de faire se déplacer les deux transporteurs, il valait mieux s'assurer tout de même que la voie était libre pour transporter le métal dans de meilleures conditions. Le Biomécanicien passait devant, il connaissait mieux la ville que moi. Il avait son marteau à deux mains sur son épaule. On aurait dit un maçon qui allait au travail, mais en soit ce n'était pas plus mal. Le marteau pourrait nous aider à ouvrir les passages condamnés. Nous nous enfoncions dans les dédales de Rokade en direction de la raffinerie.


    Dernière édition par Klaus Von Dragan le Mer 11 Nov 2020 - 11:40, édité 1 fois
      Nous arrivons à notre première étape : les ruines de la raffinerie  de métal.  C'est tout de même impressionnant de voir pareille bâtisse condamnée. Je me demandais même comment cela se faisait qu'elle n'est pas déjà cambriolée par les pirates séjournant à côté.  Mais après je pouvais concevoir qu'une fabrique de métal ne puisse intéresser personne au premier abord quand on voit les richesses qui circulent dans cette ville.  Nous trouvâmes enfin une porte vers laquelle commencer notre intrusion. Elle était scellée avec des barres en fer. Mais ce n'était pas grand chose pour arrêter le marteau de guerre de mon acolyte qui se chargea de démolir la porte de la façon la plus rapide possible. Il était inutile de faire dans la dentelle après tout. Plus vite la porte serait ouverte, plus vite nous pourrions récupérer le butin et filer.  Une fois la porte ouverte, nous ne perdions pas de temps à attendre les deux clampins de la taverne. Ils viendront bien assez tôt et nous n'avons pas toute la soirée. Bien que cette bâtisse ne soit plus affectée à l'heure actuelle, il n'en demeure pas moins que des pirates à la solde de Clotho doivent faire des rondes aux alentours pour vérifier que tout est en place.  Et je n'ai pas envie forcément de me mettre à dos le pirate qui possède cette île.  Certes, apparemment il n'était plus revenu sur l'île depuis longtemps mais nul doute qu'il doit avoir des sbires dans le coin qui sont aptes à protéger son île en cas d'intrusion. Dans tous les cas, je n'avais pas envie de m'attarder ici pour vérifier. Nous dévalons les escaliers en prenant soin de ne pas tomber car ils sont relativement abrupts.

      Nous arrivâmes dans la salle principale, tout était abandonné depuis un bon moment à en juger par la rouille qui venait de se déposer par ci par là. Je n'étais pas un grand spécialiste du métal mais je me disais que cela allait être difficile de savoir quel type de lingot pourrait encore être utilisable. Istos lui ne se posait pas de question et commençait déjà à jeter les lingots trop abîmés par terre. Il avait davantage l'œil que moi pour ce genre de choses. Moi je continuais à passer mon regard dans les différentes allées à la recherche de quelque chose d'intéressant. En réalité, je pense que d'autres personnes sont déjà passées avant nous car je trouvais des traces de poussières plus ou moins récentes. Comme si on avait subtilisé quelque chose entre temps. Mais de la nouvelle poussière s'était déposée à cet endroit, donc cela devait dater d'il y a une semaine ou deux. C'était à la fois rassurant et inquiétant. Le plus intéressant à voler n'était plus là, mais au moins, cela voulait dire que personne n'était revenu entre temps. C'était peut être pour ça que la porte était condamnée, pour éviter que d'autres voleurs viennent mettre leur nez là où ils n'ont pas à le mettre. J'entends soudain la voix d'Istos qui m'annonce fièrement.

      "Je crois que le compte y est, on peut y aller avant que l'on tombe sur ..."

      Un bruit métallique reconnaissable entre mille résonna dans la pièce vide. Cela se situait près de l'entrée. Je m'accroupissais de sorte à ne pas être vu quand je vis trois pirates devant l'entrée. L'un d'eux tenait un fusil braqué sur Istos tandis que les deux autres sabre au clair inspecté la pièce à ma recherche. Ils ne m'avaient pas vu pour le moment, je pouvais m'estimer heureux mais il n'empêche que mon allié était dans de sale drap. Il avait posé son marteau de guerre en plus pour pouvoir plus rapidement compter les lingots. Je pourrais facilement tuer le fusilier mais les deux bretteurs auraient tôt fait d'attaquer Istos avant que je ne puisse continuer mes tirs. C'était pas la meilleure des idées. Surtout que je ne connais pas le niveau des deux bretteurs et ils sont peut être capable de m'atteindre avant que je n'ai pu rechargé mon tir.  J'étais dans une mauvaise passe et j'allais devoir trouver une solution rapidement. D'autant que le fusilier déclara d'une voix ferme.

      "Qui est avec toi ? On t'a entendu parlé !"

      "Euh je suis un peu schizophrène à vrai dire et j'ai tendance à parler tout seul .. Je suis seul à dire vrai."

      "Prend nous pour des idiots aussi ... Je sais pas où vous vous cacher mais je te donne 5 secondes pour sortir de ta cachette avant que je retapisse les murs avec la cervelle de ton pote !"

      Et merde ... les lingots sans Istos ne servaient vraiment à rien. Il valait peut être mieux pour moi que je me rende ou que je gagne un peu de temps pour trouver une solution. Il était hors de question que je perde mon bras droit pour un vol qui se déroule mal. Alors que je m'apprêtais à sortir les mains en l'air, contraint d'abandonner. J'entendis une voix familière venir des escaliers derrière nos agresseurs.

      "Heu , on doit vraiment descendre chef ?"

      Bapum et Monti arrivait à pic ! La diversion que j'attendais. Je profitais que leurs trois visages soient tournés vers les escaliers pour sortir de ma cachette et tirer sur le fusilier. Celui-ci tomba lourdement au sol devant l'impact. Je me dirigeais au côté d'Istos qui ne s'était pas fait prier pour récupérer son marteau et se tenir prêt au combat. Nous étions deux de chaque côté. J'étais désavantagé par rapport aux trois autres car j'étais spécialisé dans le combat à distance et je devais être sûr de toucher mon adversaire. Un grand blanc s'installa dans la pièce, une petite tension s'installa et nous nous défiâmes du regard. Puis d'un coup un bruit sourd, puis un autre, puis un autre encore plus fort, je ne sais pas d'où ça venait mais ça venait droit sur nous. Les deux bretteurs se retournèrent et virent le spectacle le plus atroce de leur vie. Une masse immonde surgit des escaliers se trouvant désormais au dessus d'eux. Ils n'eurent pas le temps de comprendre et de tenter de s'échapper que cette dernière fondit sur eux  les écrasant comme des fourmis.  Une fois la poussière des lieux retombés, je reconnais Bapum qui se frottait derrière la tête. Monti apparut peu de temps après derrière lui inquiet pour son camarade qui venait de se prendre une belle gamelle. La boule de graisse eut un air désolé en ajoutant.

      "Désolé chef, j'ai glissé ..."

      "On a entendu un coup de feu du coup on a voulu voir ce qui s'est passé et Bapum a glissé sur la première marche. Heureusement que j'étais derrière."

      "Oui heureusement, d'autres n'ont pas eu cette chance."

      Je faisais allusion aux deux bretteurs qui se trouvaient désormais sous le corps du mastodonte. Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour, mais pour une fois s'encombrer de deux personnes supplémentaires a sauvé la mission. Bien, les choses semblaient rentrées dans l'ordre. Mais si j'avais pitié des deux pirates qui venaient de se prendre plus de 300 kilos sur la tête. Je me disais qu'il valait mieux ne pas trainer, un coup de feu et l'impact d'un homme de la taille d'une météorite ça n'allait pas passer inaperçu. Monti, Istos et moi attrapions rapidement les lingots pour les placer sur Bapum qui avait un grand sac pour transporter le nécessaire. Puis quand Bapum ne put plus rien porté, nous prîmes chacun le plus de lingots possibles avant de nous échapper par là où nous étions arrivés. Je lançais un regard de pitié vers les deux bretteurs, privés d'une mort "honorable" par le fer et écrasais par une boule de graisse ambulante par inadvertance. D'ailleurs, ça n'avait pas l'air de chagriner les deux nouvelles recrues, sans doute étaient ils habitués à faire de basses besognes dont l'assassinat devait faire partie.  Nous allions jusqu'à notre repère en essayant de ne pas trop se faire remarquer et nous déposâmes l'entièreté des lingots de métal.  Parfait, nous en avions ramené une bonne centaine rien qu'avec Bapum et à peu près une dizaine chacun entre Monti, Istos et moi. Bien, cela faisait un entrepôt sur deux. Nous allions repartir quand soudainement, Bapum nous lança d'une voix grave et triste.

      "Chef, avant qu'on aille faire un autre entrepôt, j'ai quelque chose d'important à vous dire ..."

      "Je t'écoute Bapum, pourquoi cet air si grave..."

      "ça peut vous sembler rien, mais vu qu'on a fait votre boulot et qu'on a battu deux gardes ... je me disais que ..."

      "Ne me dis pas que tu veux une augmentation de salaire ..." Dis-je offusqué qu'on me demande davantage d'argent, sujet sensible pour moi.

      "Hein ? Euh non, rien à voir. Mais vous auriez pas quelque chose à grignoter que je reprenne des forces ?"


      Soupirant de cette perte de temps, je me disais qu'il devait rester un sandwich ou deux quelque part dans le repère pour les nuits blanches d'Istos et moi. Je le regardais engloutir son repas puis nous prîmes la direction de notre deuxième entrepôt. Notre petite compagnie ne payait pas de mine, pourtant, elle s'avérait bien efficace.


      Dernière édition par Klaus Von Dragan le Mer 11 Nov 2020 - 12:44, édité 1 fois
        Nous sommes enfin face au dernier bâtiment. Ce fût laborieux de faire passer tous les lingots de la raffinerie jusqu'à notre planque mais nous y sommes arrivés. Il y avait juste le problème technique de Bapum qui était trop gros pour passer notre porte. Mais à la sueur du front et de quelques aller retour, nous avons pu tout décharger sans trop attirer l'attention. Restait maintenant une boutique d'apothicaire à visiter pour récupérer divers ingrédients nécessaires à l'élaboration de ma future arme chimique.  J'avais besoin de faire plusieurs expériences pour obtenir la meilleure toxine possible. Il ne fallait pas prendre ces choses là à la légère après tout, la moindre erreur pouvait être fatale. C'est pour cela que je voulais d'abord commencer avec des solutions liquides ou gazeuses beaucoup moins nocives pour être sûr de mon calcul le moment venu. Mais nous n'en sommes pas encore là. Il faut maintenant que nous allions dans cette fichue boutique. Nous arrivâmes devant l'entrée de la boutique. Nous avions dû enfoncer la porte précédemment mais cette fois, pas de verrou, pas de barricade ni rien. C'était assez étrange à dire vrai.

        La porte pouvait s'ouvrir facilement et une fois à l'intérieur, nous vîmes que l'endroit semblait presque entretenu. Il y avait eu du passage ici, c'était assez étrange. Comment est ce qu'une boutique aussi délabrée pouvait encore accueillir du monde ? Il n'y avait plus rien dans les rayons et plus un berry dans la caisse. J'espère que les réserves n'avaient pas été pillés par d'autres pirates. J'avais du mal à imaginer des gens autres que des chimistes et des médecins entrer ici par effraction.  J'ouvrais l'arrière boutique pour tomber sur un autre tunnel. Bon, hors de question de faire deux fois la même erreur et de se faire prendre à revers par des pirates du marteau. Je décidais de laisser Monti avec sa carabine derrière le comptoir. Il avait pour instruction de ne laisser entrer personne tant qu'on était à l'intérieur. Le coup de feu nous avertirait et nous pourrions lui prêter main forte. Bien, maintenant que ceci est fait, nous commençâmes la descente. Puis tout d'un coup, Bapum se figea lui qui fermait la marche pour plus de sureté. Il se mit à renifler l'air avant d'ajouter.

        "Il y a une odeur de fumée pas normal ici ..."


        J'humais l'air sans arriver à percevoir la moindre effluve. Je ne sais vraiment pas ce qu'il avait reniflé mais il avait l'air certains de son coup. Il passait devant, hypnotisé par cette odeur comme une abeille serait attirée par le miel.  Je le voyais même accélérer sa cadence. Je ne comprenais pas pourquoi jusqu'à ce que je percute que c'était un ventre sur patte. Une odeur de nourriture ? Ici ? Je ne comprenais pas où nous allions. A la fin de ses escaliers en colimaçon je voyais un homme qui ressemblait à une sorte de videur adossé au mur. Quand il nous vit, il leva la main comme pour nous arrêter. Visiblement Bapum ne semblait pas de cet avis et il poussa le videur sur le côté qui fût assommé par la force du gros plein de soupe. J'aurais bien voulu poser quelques questions avant de le neutraliser, mais j'imagine que c'est tant mieux. Aucune chance que le videur ait pu nous voir, cachés derrière cet estomac sur patte. Bapum avait déjà continué son chemin comme si le videur n'avait été qu'une porte à pousser dans un magasin de bonbon. Je ne comprenais pas tout de suite ce qui pouvait autant l'attirer. Surtout que nous arrivions dans un lieu aux antipodes de ce que j'espérais.

        Nous arrivions à une fumerie d'opium. Il y avait une demie douzaine de personnes allongées à même des futons en train d'inhaler cette vapeur si particulière qui les faisait halluciner et leurs provoquant pour certains un sommeil paisible. Je m'approchais prudemment, enjambant les corps complétement amorphes en suivant la direction qu'avait pris Bapum. Il fallait l'arrêter avant qu'il ne fasse davantage de remue ménage. Alors que nous entrions dans la pièce de derrière. Je voyais un établi de chimie en très bon état avec des mixtures en train de mijotées. La pièce était assez grande, mais cela n'a pas empêché Bapum de revenir triomphant tenant bien en hauteur un bocal remplie de plante à l'intérieur. Je ne le voyais pas tout de suite mais il y avait un petit scientifique en train d'essayer d'escalader la montagne de gras pour aller chercher le bocal en question. Ils étaient visiblement en pleine lutte acharnée.

        "Rend moi ce bocal espèce de gros plein de soupe !"

        "Non c'est le mien maintenant, je l'ai vu en premier !"

        "Idiot il est à moi, j'en ai besoin pour mes préparations, t'as qu'à t'servir d'autre chose !"


        "C'EST QUOI CE BORDEL ICI !"


        Ma voix stoppa nette la dispute entre les deux hommes qui posèrent leurs regards sur moi. D'un côté, j'étais énervé contre Bapum qui avait foncé dans le tas compromettant notre mission d'infiltration, et d'un autre côté j'étais en colère contre le scientifique qui avait décidé d'aménager sa fumerie d'opium à l'endroit précis où nous devions faire un cambriolage ! Bon sang, mais les gens peuvent pas faire les choses dans les règles ? On est sur Rokade ! Les fumeries d'Opium sont autorisés à condition de verser une taxe. Attendez c'est peut être pour ça qu'ils se planquent ? Je n'eus pas le temps d'en avoir le cœur net que le scientifique se mit à m'agresser.

        "C'est à vous que je devrais poser la question ! Vous débarquez chez moi sans prévenir et votre montagne de graisse essaie de me voler mes ingrédients !"

        "Bapum, calme toi et repose ce bocal !"

        "Vous êtes venu essayé de me voler ma recette c'est ça ? Ma recette d'opium spéciale qui n'a jamais été égalé et qui me rend célèbre dans tout Rokade ?"

        "Gingembre, ortie et une touche de miel."

        "P... Pardon ?"

        Tous les regards restèrent fixés sur Bapum.  Vu le visage déconfit de notre interlocuteur, le gros pirate avait vu juste. Je restais sous le choc, sans le savoir, le gourmet venait de nous donner les clés pour faire craquer le jeune scientifique. S'il était si fier de sa fumerie d'opium clandestine, cela devait être lui le patron du coin. Donc la "recette d'opium spéciale" devait lui tenir forcément à cœur. Je n'en revenais pas de l'odorat extra-fin de Bapum, nous avons bien fait de l'amener avec nous pour le coup. Je prenais un air satisfait et ajouté à l'intention de mon confrère scientifique avec un air sadique.

        "Bien, nous avons la recette de votre opium spéciale, et vous vous avez des ingrédients qui nous intéresse ici. Si vous nous laissez nous servir dans ces réserves là,  on n'ébruitera pas ce que contient votre drogue. Ne vous inquiétez pas ceci dit, je ne suis pas intéressé par les orties, le gingembre et le miel."

        "Que.... Mais ... Bon d'accord, mais si j'apprend que vous avez balancé quoi que ce soit, je vous ferais traquer par les membres du marteau !"

        Voilà une affaire qui marche et sans qu'on ait eu à tuer qui que ce soit cette fois. J'aime quand les choses se passent bien. J'étais docteur après tout, pour ma conscience personnelle, il valait mieux laisser un maximum de gens en vie, si possible. Je faisais donc mes courses, chargeant Bapum de tous les ingrédients qui seraient nécessaires à la confection de poison. Il devait y avoir un maximum d'éléments de chaque, et nous avons littéralement pillé ses réserves. Du moins, j'avais fait en sorte de le tenir éloigné du miel pour éviter les tentations. Nous avons également laissé de côté ses réserves d'opiacées dont il aurait besoin pour continuer de fabriquer de l'opium. Après cela, nous primes la direction de la sortie, enjambant le garde assommé qui n'allait sans doute pas s'en remettre de ci tôt. Une fois dehors, je mis une tape amicale dans le dos du mastodonte. Si les détroussages d'entrepôt s'étaient bien passés c'était en grande partie grâce à lui. J'ajoutais d'un air curieux.

        "Ton nez est vraiment affûté, tu as réussi à deviner la recette rien qu'en reniflant ?"

        "A vrai dire chef, c'est juste que c'était les trois pots qui n'étaient pas verrouiller, donc j'en ai conclus que pour gagner du temps il ne les verrouillait pas ..."

        Istos et moi nous regardions d'un air bête. On était passé à côté de quelque chose d'aussi évident ? Je ne sais pas ce qui m'a le plus fait mal. Le fait d'être passé à côté d'un pareil détail, ou le fait que Bapum ait été le cerveau de l'histoire. LUI ! LE BENET DE SERVICE ! Bon allez, on se calme et on reprend nos esprits. L'idée du biomécanicien de les recruter s'étaient révélées judicieuse. Nous rentrions désormais à la planque où nous pûmes stocker facilement notre stock. Je ne sais pas ce qui nous attend encore sur Rokade, mais on a assez de matériel pour pouvoir commencer nos expériences. Après avoir congédié les deux acolytes, Istos et moi nous mîmes au travail. Les robots seront bientôt là, alors autant être prêt à les accueillir.