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Le fusil de Tchekhov

I "Protéger, voila ta mission, votre missions !"

QG de la marine, île aux esclaves



Ricou lisait son journal, accoudé à la table. Ses compères rigolaient au sujet d'une blague graveleuse lancée par Jhon, la plus jeune des recrues. Derrière la table, quelques marines formaient un cercle et débattaient bruyamment sur les armes à feu. L'ambiance était bonne enfant en cette chaude matinée.

"Tu fais la tronche Ricou ?
- Hmm ? Non non, je lis..
- Aller, marre toi avec nous ! Ça te feras du bien, t'as l'air tendu en ce moment !"


Jhon se leva de son assise pour passer derrière la chaise du lecteur. Il lui empoigna les épaules et secoua l'homme vivement.

"C'est parce qu'il a pas connu de femme depuis looongtemps le bougre !" dit-il, avec un sourire narquois qui le caractérisait bien.

Les trois autres marines éclatèrent de rire. Jhon saisi le mégot qu'il avait en bouche, passa un bras devant Ricou et écrasa son reste de cigarette dans le cendrier, déjà rempli au ras bord. Il ressorti une autre sèche et se l'enfourna en bouche d'un geste machinal.

" Mon royaume pour du feu, James "


Un marine aux taches de rousseurs sorti un Zippo de sa poche pour le faire glisser sur la table, Jhon s'en empara et alluma la tige qu'il avait au bec. Il inspira une grande bouffé et recracha la fumée sur les pages de presses, avant de pencher la tête et lire les gros titres par dessus l'épaule de Ricou. Son imposante chevelure blonde tombait en avant, recouvrant pratiquement l'intégralité de son visage.

Un claquement de porte vint interrompre sa lecture.

"Bonjours jeunes gens ! Comment vont mes soldats ?"

Tous relevèrent la tête, avant de scander à l'unisson.

"BONJOUR COLONEL !"

"Aller, terminé la partie de carte, vous avez du pain sur la planche les gars ! Vous devez vous rendre sur les champs aujourd'hui."

Les hommes laissèrent un silence s'installer , en disant long sur leurs envies d'aller sur ces terres, ne respirant que misères et cruauté. Le colonel senti le moral de ses troupes s'écrouler, il s’avança vers les hommes attablés et fixa Ricou dans le blanc des yeux.

" Toi, debout."

Ricou s'éxécuta a vitesse éclaire.

"Comment te nommes tu ?
- Ricou Son monsieur.
- Ricou Son. Bien, es tu un être humain Ricou ?
- Je.. Oui colonel.
- Et considères tu t'es camarades comme tel ?
- Oui colonel.
- Bien, et en temps qu'être humain et homme de la marine, quel est ta première mission ?"


Ricou resta perplexe face à la question de son supérieur, il n'u pas le temps de répondre.

" Protéger, voilà ta mission, votre missions ! Ne vous voilez pas la face, n'ayez pas de doutes et de regrets ! Dehors, il y a des milliers d'autres être humains à protéger, à servir. C'est aussi simple que ça  .Alors n'ayez pas ces mines horribles, et allez faire votre devoir de marines, vous le devez a tous les gens de cette île, quelque soit leurs statuts. "

Ricou tourna les talons, ses collègues se levèrent, dans une fougue insufflé par leur supérieur. Tous sortirent de la salle. Laissant le haut gradé seul.
Le colonel Späre avait l'habitude de ce genre de situation.
Ce n'était ni la première, ni la dernière fois qu'il voyait ses hommes perdre le moral. Il avait appris à redonner espoir avant que la situation ne devienne critique. Fort de ses expérience passés, il savait apporter foi aux marines, évoquant des grandes causes, employant des mots forts.
La vérité est que le vieux manchot avait dû lui même se convaincre de son rôle sur l'île. Trouvé un moyen de rester fidèle à ses devoirs sans se déshumaniser pour autant, une chose pas si aisé sur une île comme celle-ci.


II "Autant ne pas trop les regarder, ça me couperais l'appétit pour ce midi tiens..."

Quelques heures plus tard, dans les champs de l'île



Les esclaves s'affairaient à la tâche, les bruits de pioches et pelles se mêlaient aux cris et aux coups de fouets strident.
L'unité était arrivé sur place, chargé de récupérer les rapports mensuels des contremaîtres. Le groupe se divisa rapidement par trois ou quatre soldats, avant d'aller à la rencontre des tortionnaires chargés de maintenir l'ordre en ces lieux. Jhon et James avaient rejoint Ricou, tous les trois partirent trouver leur homme. En marchant, le rouquin ne put s'empêcher d'observer les visages crispés et les corps marqués des hommes et femmes qu'il voyait autours d'eux.

"Bon dieu, regardez les ! Le colonel a beau être quelqu'un de bien, comment peut il laisser se faire des atrocités pareilles !
- C'est la vie, James. On peut pas y faire grand chose t'façon, autant ne pas trop les regarder, ça me couperais l'appétit pour ce midi tiens...
- Et toi Jhon, comment tu peux dire des atrocités pareilles ?
- Oh, ça va monsieur j'ai-une-morale-et-je-passe-mes-journées-entières-à-me-plaindre, y'en à qu'ont pas envie d'avoir besoin de se mettre la tête à l'envers pour passer une bonne nuit ! Plus tu te détaches et moins t'en a f*utres de tout ça. Moi, je choisis de bien dormir le soir ! Tu devrais faire pareille, et toi aussi James !


Le groupe arriva jusqu'au contremaître, installé sur une chaise en osier. Son chapeau était incliné sur ses yeux de sorte à ne pas être gêné par le soleil, il s'amusait à arracher des petits bouts de lanières de son manche de fouet. Jhon pris la parole.

"Bonjour monsieur, nous venons prendre votre rapport du mois, s'il vous plait. "


l'homme releva son chapeau avec son index.

"Tiens, v'la la cavalerie ! Pas de soucis, je dois avoir ça dans mon sac, où il est s'sac d'ailleurs ? "

Le sac en questions était laissé à l'abandon, à quelques mètres de la chaise. Au même moment où les regards se tournèrent vers l'objet, une esclave se prit les pieds dedans. Elle trébucha et ne manqua pas d'en écraser le contenu. On entendit un bruit de verre se briser. Immédiatement, le contremaître se jeta de sa chaise, fouet en avant.

"B*rdel de b*rdel, mais quel gourdasse ! Y'a mon rapport et mon vin la d'dans."

Ricou se précipita et s'interposa face a l'homme.

"Ce n'est rien, le rapport sera un peu mouillé, la belle affaire !
- La belle affaire,la belle affaire... MES affaires !! Mon vin ! Z'allez voir ce qu'elle va prendre celle-là ! "


Le marine se retourna pour aider l'esclave à se relever. Quand celle-ci leva la tête, Ricou vit une jeune femme aux traits fatigués, mais d'une grande beauté. L'espace d'un instant, sa vision périphérique se brouilla, ne distinguant plus qu'elle nettement.

"Elle ne va rien prendre. voici 1000 berrys, cela devrait suffire pour te racheter de la vinasse."
dit-il d'un ton sec, en sortant le liquide de sa poche.

La jeune femme ne perdit pas une seconde pour filer. Au bout de quelques mètres, elle passa la tête par dessus son épaule, observant une dernière fois son sauveur, et fila. On ne la distingua bientôt plus, mélangé aux autres esclaves dans l'immense champs.
Du haut d'une des hautes tours d'observations, un œil aguerri avait observé toute la scène, cet œil avait déjà remarqué la jeune esclave auparavant, à de nombreuses reprises. Cet œil appartenait au colonel Späre, figure modèle de l'île.



III "SOLA, REPOSE CETTE PIOCHE IMMÉDIATEMENT !!"

14 ans plus tard


"Colonel, colonel ! Il se passe encore quelques choses avec un esclave !
- Hein, un esclave, depuis quand je..
- C'est au sujet de Sola."


Späre releva la tête, le regard sombre. Une veine de son front se gonfla légèrement.

"Ah.. Je lui rendrais une petite visite tout à l'heure. Envoyé Logan, ça fera l'affaire ! Fermez la porte en partant je vous prie."


Sur les champs, Sola était à terre. Trois contremaîtres peinaient à le maîtriser. Un attroupement c'était formé autours de la scène, Bill était au première loge, tentant de résonner le jeune garçon.

"Excuse toi imbécile.
- M'excuser ? Jamais de la vie ! Tu vas voir Bill, les marines vont devoir se déplacer !
- Mais c'est justement ça le problème !
- Ferme t'a gu*le l’esclave, ou je te fais bouffer t'es dents ! Tu vas t'excuser, et tout de suite !
- Ah ça non, désolé mais j'attend les tuniques bleus."

Sola attrapa le fouet d'un des contremaîtres et envoya valdingué son propriétaire, il se dégagea des deux assaillant restant et récupéra une pioche posé a ses pieds. L'un des adversaires chargea, Sola n'u aucune difficulté a esquiver la brute sans cervelle, il fit un pas chassé rapide sur le côté  et lui planta la pioche dans le pied. Les cris d'euphorie des spectateurs furent plus fort encore, grisés par le spectacle qu'un bambins de treize ans leur offrait. Un cercle s'était créé autour de la joute et les commentaires fusaient dans tous les sens.

"Vas y gamin, défonce les !" "Dans la gu*le la pioche, dans la gu*le !" "Ouai, bas toi !!"

Le dernier contremaître lui faisant face et se jeta à son tour sur lui, il réussi à attraper la pioche avant que Sola n'u le temps de riposter. Le jeune rebelle lâcha son arme et recula de deux pas, son adversaire avait maintenant l'avantage sur lui. Le garçon profita de sa vitesse pour passer derrière son assaillant, et balaya l'homme d'un coup de pied puissant. La chute du contremaître provoqua un amas de poussière s'envolant haut dans le ciel.
Sola récupéra la pioche retombé à terre et posa l'outil sur le crane de sa victime. Les hurlements exaltés rendait la bataille encore plus épique, on entendait bientôt des cris de mise à mort s’envoler de l'assemblé. Mais l'enfant ne bougeait plus, la bataille était terminé et l'adrénaline retombé.

"SOLA, REPOSE CETTE PIOCHE IMMÉDIATEMENT !!"

Le garçon, comme paralysé face au dernier geste à accomplir, lâcha la pioche. Il se tourna vers Bill,  en train de jouer des coudes avec ses semblables. Son vieille ami le foudroyait du regard.
Sola n'avait pas remarqué qu'un sous-lieutenant de la marine s'était frayé un chemin a travers la bande de sauvages entourant les combattants. Il déboula avec fureur au centre du cercle, mettant un terme au chahut immédiatement. La foule se dissipa rapidement, laissant Sola et les contremaîtres avec l'homme. Le jeune garçon, dans une décontraction déconcertante s’avança vers le marine.

"Ah tu tombes bien, je voulais justement te poser des ..."

Sola n'u pas le temps de finir sa phrase, le soldat lui écrasa son poing en pleine figure, ce qui lui fit faire un bond de deux mètres en arrière avant de s'écraser par terre. Le sous-lieutenant se retourna vers les contremaîtres, l'air agacé.

"Est il possible de mieux gérer vos esclaves messieurs ? Nos devoirs impliquent rarement d'administrer une correction aux enfants jouant les fortes têtes !"

Il s'en alla aussi vite qu'il fut arrivé. Il passa devant le jeune homme à terre, et posa les yeux quelques secondes sur lui.

"Tu ferais mieux d'arrêter ton cirque avant de mourir gamin"



VI "Encore un poème ?"


Bill regardait Sola panser ses blessures. La nuit était déjà tombée depuis quelques heures, les grondements provenant du ventre du garçon rappela aux deux compères qu'ils avaient dépassés l'heure du soupé depuis longtemps. Le vieillard prit la demi-baguette de pain posé sur la table et en arracha la moitié. Il lança la plus grosse partis à Sola.

"Mange un peu.
- Non merci.
- Tu vas te laissés crever de faim ?
- Après l'entrainement alors..
- Pas d'entrainement ce soir.
- Quoi ?
- Tu crois quoi ? Que je t’entraînes pour pouvoir tabasser les contremaîtres ? T'as réussi à mettre un joli foutoir aujourd'hui ! Tous ce que tu as gagné, c'est de t'attirer encore un peu plus les foudres de tout le monde, bravo champion ! Maintenant, avale ton bout d'pain !"


Sola ne répondit pas, il ramassa son maigre repas et s'installa avec le vieille hommes, tout deux mangèrent en silence.
Une fois nourrit, Sola se leva et alla chercher un bout de papier chiffonné qui traînait sur son lit, à coté d'un livre écorné.

"Je me suis un peu entraîné à écrire comme tu me l'avais demandé, regarde.
- encore un poème ?
- Oui, je commence vraiment à y prendre gout .
- Ton père aussi aimait beaucoup la poésie.. Tu lui ressemble beaucoup sur ce point.
- Je sais Bill, je sais. Par contre, je ne sais toujours pas où est mon père aujourd'hui.
- Pas encore Sola, je t'ai déjà dis cent fois ce que je savais sur le sujet.
- Mais quelqu'un doit bien savoir ! C'est impossible que personne sur cette satané île ne sachent ce qu'il s'est passé, les soldats de la marines doivent savoir, c'est obligé, si j'arrive à..
- Arrête Sola ! T'a mère était mon amie et je suis le seul au courant de toute l'histoire de t'es parents ! Si quelqu'un devait connaitre la vérité, ça serait moi. Malheureusement, je n'en sais rien."


Le vieillard fixa Sola dans les yeux avec insistance, lui arrachant des lèvres les dernières questions qu'il avait en tête. Bill se gratta le front nerveusement avant de se plonger dans l'écrit du garçon. Un sourire se dessina sur sa bouche au fil de la lecture. Quand il u terminé, il posa la feuille sur la table et la repassa de la paume de sa main.

"Tu devrais prendre plus soin de t'es affaires Sola, t'es écrits sont la seule chose que tu possède !"

Il se racla la gorge et se leva lentement de sa chaise, avant de reprendre.

"c'est assez joli, mais brouillon sur la fin. Tu devrais travailler la dernière partie. Je te laisse faire ça tranquillement, demain, j'essaierai de te trouver d'autre recueil à lire."


Sur ces mots, Bill s'approcha du jeune blessé et lui ébouriffa tendrement la chevelure, avant de prendre la porte. Sola resta seul entre ses quatre murs. Il retourna près de son lit et sorti du dessous de l'oreiller une pipe en bois ainsi qu'un briquet. Il s’installa à la place de son ami et alluma le foyer rempli d'une herbe hachées. Une légère fumée blanche en sortit, Sola en inspira une grande bouffé dans un mélodieux crépitement. Puis il posa la pipe, reprit le papier chiffonné dans ses mains et replongea dans son texte.

*La dernière partie, hein ?*