J'ai jamais aimé les parcours fléchés, les cartes au trésor et les énigmes de vieilles ruines. Y en a qui kiffent, y en a qui en font même un métier. Mais moi, je m'en fous. Ca ne m'intéresse pas. Si Ducon Troisième du nom a décidé de planquer son service à thé, grand bien lui fasse. Soit il me dit où et j'y vais, soit il fait des plans à l'encre d'onaniste asocial pour les gens qui voudront renifler son esprit tordu, mais il le fait loin de moi. Serai jamais pirate. Quand Gol D. Roger a balancé qu'il avait planqué un trésor et que ça a relancé l'ère des frères de la côte, 'reusement que j'étais pas Luffigue, Loloana, Uzobe et toute la clique des clébards qui remuent partout dès qu'on leur dit le mot "promenade". Faut se respecter un peu. Quel genre de gars banque sa vie pour une promesse d'une récompense abstraite ?
Ben ceux qui me devancent, en fait. Pendant qu'ils ont leur nez dans leur feuillet, moi je regarde l'architecture, je visite, je tâtonne, je collecte quelques pièces épargnées par la rouille. Haki l'observation ? A Minos. Quand tout s'est effondré, la poussière est devenue la nouvelle maîtresse de maison. Tout est sale. Même à la lumière blanche, les couleurs sont délavées. Selon les pièces où on est, t'as de la poudre d'usure ou des gouttelettes de condensation. Il n'est pas rare qu'un coin de pièce ou une zone autrefois tapissée ne soient plus qu'une marre figée noireâtre de moisissure. Les grands espaces permettent d'échapper à la pestilence des remugles, mais y a des moments où t'as l'impression de humer des tissus oubliés depuis deux mois dans une bassine de flotte usée et les crottes de rats. Et je suis grand. Ca doit être pire pour les congénères. Mon revers, c'est que je bouffe toutes les toiles. On ne les voit pas toutes, même avec ma vision nocturne. J'en viens à me protécher la tronche d'un étendard de la Légion, inspiré par Fhira qui est en mode femme voilée intégrale depuis quelques temps. Elle aussi observe et collecte des pièces. C'est notre mission depuis notre arrivée, mais j'en parlerai plus tard.
Du coup, je dis le strict minimum, comme dans un musée. Bien élevé, le roi. Tandis que Tête de chou, Captain Namoniac et Commodore Valium se disputent la meilleure carte, la paternité du trésor, tout en fait. On sent la concurrence alors qu'on ignore tout de ce qu'il faut trouver. Même le couple discute durant la visite. Jamais dans une salle de cinéma avec eux. A peine l'escargofilm lancé que t'entendrais "ça va chérie t'es bien installée ? - Non j'ai mal aux pieds. - Ah, oui c'est du tapis plein. Tu devrais surélever tes pieds. - Tu m'avais dit que c'était du parquet. - C'était dans une autre salle, ici on a été placés dans une autre. - Ben voyons... - Mais j'y peux rien chérie. - Tu n'y peux jamais rien. Tu n'as même pas dit au guichetier que tu voulais une salle avec du parquet. - Pardon chérie. - Et en plus j'ai soif. - Tu veux que j'aille chercher des sodas ? - C'est ça, dérange toute la salle ! C'était avant qu'il fallait y penser. Enfin, prends-moi aussi des popcorns et du nougat aux noisettes. Sucré le popcorn ! - Ben vu tes cuisses vaut mieux un petit AVC avec la version salée, wa ha ha ha ha !" Ouais, la dernière réplique c'est de moi. Je dis que les autres zigotos se disputent sur la direction à prendre pour trouver le trésor, mais eux c'est juste sur la direction à prendre pour survivre. On en est là. C'est plus réaliste, plus logique quelque part. Mais qu'est-ce qu'ils foutent là ?
Heureusement, y a Doriana l'exploratrice. Oui, je l'appelle plus Blondine parce que la meuf de Blondin Chapeau de pêche est aussi une Blondine. Tous ces jouvenceaux à cheveux d'or, on se croirait dans un jeu de rôle shimotsukien. Mais si c'était le cas, je serais le méchant. Je suis albinos et j'ai du muscle, deux trucs de méchants. Note que je devrais pas être là. A la base, j'étais pour faire partie de l'équipe de maintenance, à la bulle moins spéculative qu'ici. Mais y a eu un souci et j'ai rejoint les explorateurs. Ca tombait bien, j'avais un truc à remettre à Doriana. J'attends un endroit pas trop crade pour l'interpeler.
Heps, euh...qui que tu sois. J'ai trouvé ça dans une boîte. Me semble que c'est plus pour toi. Que j'lui fais en tendant un casier en métal avec un noeud fait en sangle de sécurité. Mais bien noué, 'vec la petite asymétrie qui va bien. Doriana ouvre son coffret et découvre ce qui sera à jamais son trésor Dakab.
***
Une heure trois plus tôt, à cinquante-trois minutes de marche de là...Les chasseurs de trésors sont partis à l'instant. Moi, je reste avec les techniciens. Déjà, parce que je commence à toucher ma bille en engins qui flottent. Ensuite, parce que Fifi bras d'acier m'a tellement à la bonne qu'elle ne veut plus que je m'éloigne d'elle. C'est la promiscuité du voyage ça, on a tissé des liens. Suis sûr qu'elle va profiter du départ de Blondine ( oui, c'était encore Blondine à ce moment-là ) pour marquer des points. Et ça me va, cette saine concurrence. J'ai pas de rose à filer à la candidate qui est retenue, mais j'ai du rose des pieds en cape à les laisser effeuiller.
Dans un premier temps, faut mieux garer les transports. Les donzelles planifient, font l'inventaire de ce qui est cassé et devisent sur d'éventuelles pièces qu'on devrait pouvoir trouver dans la tour. L'espace chantier se remplit d'un tas de bordel mécanique qui me dépasse. Pendant que les deux surveillantes s'amusent, Rik et moi on papote. Y a un truc que personne ne semble avoir remarqué et j'ai besoin de son avis éclairé. Les entrées étaient sobres comme une réunion des repentis de la guindaille. Blondine a fait l'effort. Lévitation, corps enveloppé dans de la vapoteuse, présentation à haute et intelligible voix. Là oui, là d'accord ! Mais les autres.....rien ! Pas un "bonjour, je m'appelle Mathieu et je peux compter les petites cuillères en lisant sur le paquet quand je l'achète". Rien ! C'était genre on groupe et on entre dans le donjon. Sans même demander à chacun ses compétences, ses ambitions ni s'il a envie de pisser. Même dans une convention cosplay on se met plus en avant. Aucune organisation minutieuse ! Et venant de pirates, d'accord. L'est reconnu que ces résidus de fausses-couches vivent comme si chaque heure était la dernière, ce qui s'avère hélas trop peu souvent exact. Mais la Marine. Merde quoi, on les a formé pour ça. Nos impôts filent dans leur salaire. Bon, pas les miens, je viens d'une nation indé. Mais je pense aux pauvres fédérés qui ont raqué pour que Jean-Marine bouffe son sandwich au poulet à la cantine et use les chaises de classes climatisées à ses frais. Tout ça pour partir la fleur au fusil avec des pirates dont aucun n'est neutralisé ni rallié au plan de dame Justice. Ces gens sont là pour nous arrêter et on va aux champis ensemble.
Bon, après peut-être que les Marines donnent juste le change. Okay, Valium fait sa petite cheffe, mais personne ne répond plus aux cris de Mouette depuis la surface. De mon point de vue, le rapport de force s'est inversé et ce sont les uniformes qui sont devenus les proies. Surtout que...
Alors mes petites chatounes, on bronze pendant que votre bon Roi fait un stage chez les tuniques bleues ou on l'a levée cette fichue ancre ? que je fais. La réception est à chier, mais je pige quand même ce qu'on me baragouine en surface.
Hey, Seigneur Minos ! Content de vous entendre. On s'est demandé si vous aviez coulé avec le navire de la Marine. Vous avez un signal ? Ouais, ben hésitez un peu avant de sabler le champagne. Je serai de retour dans quelques heures et y aura intérêt à ce qu'un banquet soit aussi bien dressé que vous, mes louloutes. Je ramène des invités de marque, alors faites vous reluire vos boucles de ceinture avec vos plus beaux glaviots. Est-ce qu'il savent ce qui est arrivé à notre navire ? Ben le banquet ne posera pas de souci Monseigneur. On repêche pas mal de caisses de vivres d'autres navires qui ont coulé. Ils ont coulé ? Quoi !? Est-ce qu'il y a des survivants ? Où est BrowneyeUne seconde, Vérole, on me parle et je ne t'entends plus. Quoi ? Qui a coulé ? Des pirates. Et Browneye ? Je demande. Vérole, T'as vu couler BrownieDes brownies ? Browneye ! Lieutenante-colonelle Browneye ! Bronaille. Oh mais attendez, c'est la péteuse qui se la joue cerveau ? Ha ha, comme quoi les idées ne vont pas plus vite que les balles. Tain, j'y pense ! Vérole, t'as vu un cadavre d'homme-poisson dans le navire des mouettes ? Ah là je sais pas ! Mais comme le navire a coulé, je pense que si l'HP y vivait toujours il s'est tiré. Alors que je le tenais. Bande de connards...Et Browneye ? Passez-moi l'escarg...Pas le temps de finir son injonction qu'elle aussi lévite, mais sans fruit du démon. Un câble gros comme mon bras permet le tour de magie. Fhira cherche son arme et la sort à moitié quand je lui coupe le souffle en la plaquant contre le mur le plus proche. Le choc l'empêche de respirer. Bras d'acier me hurle de la lâcher en voulant me sévir d'un direct dans la tronche. Je suis pas en pétard au point de la faire écraser sa copine entre son poing et le mien. A la place, je jette l'éclaireuse avant de faire un check à Rouge de colère. Le gant de fer protège sa main de velours, mais au détriment d'un bruit atroce de métal froissé et d'étincelles çà et là le long de son exo-arme. Quand nos poings se détachent, après le gros impact, j'y laisse un peu de chair, elle toute sa confiance. Elle réalise, enfin. T'as pas capturé des petites frappes des Blues. T'as libéré des bêtes. En haut, tu avais ton unité, ton artillerie et ton code de loi pour te servir d'armure. Tout ça ne vaut rien en-bas. Ici, t'as que ton uniforme pour donner le change. Mais comme on dit, agneau en peau de tigre craint toujours le loup.
Fhira récupère, Rouge gère les séquelles sur sa machinerie malmenée. Pas la première fois que l'éclaireuse enturbannée encaisse un choc qui chamboule ses poumons. On a tous connu ça. Suis toujours pas calmé, mais assez de démonstration de force. Les mouettes ont compris que le conflit direct ne les avantageait pas.
On arrête les conneries et on se parle franchement. J'ai le seul bâtiment encore en état de flotter à la surface avec son armée à bord. Vous n'avez plus d'équipage, plus de bâtiment et êtes dans une zone de non-droit. La population locale est composée de barbares anthropophages, dont le seul spécimen rencontré a été emprisonné et à deux doigts de l'exécution par vos propres officiers. Les touristes sont soit des pirates qui ont toutes les raisons de vous butter, soit des révos nourris au carnage qui n'ont plus profité de compagnie féminine depuis deux ans. Alors, arrêtez de nous les moudre avec vos parades d'orgueil, rangez vos petits manuels du parfait soldat d'un gouvernement fantasmé et commencez à penser comme des survivantes. En haut, un mec pas commode s'est payé vos semblables. Vous croyez ne pas avoir besoin de nous ? Qu'on est vos bagages ? Si vous êtes assez débiles pour le croire vous méritez de crever et ça arrivera très bientôt. La seule question en suspens c'est qui tiendra le couteau.
En attendant, j'ai rempli...on a rempli notre part du marché. Vous avez retrouvé votre Commodore. A vous de remplir la vôtre.Qu'est-ce que tu veux qu'elles contestent ? Ou c'est oui et on se calme, ou c'est non et y aura deux officiers de plus à devoir recoller. Je m'apaise. Suis pas taré, mais j'ai fait une promesse à une morte et je tiens à cette promesse. Le deal avec la Marine était de me laisser le prisonnier en échange de notre collab, s'il s'est barré y a plus de collab'. S'il est mort pareil, c'est à moi de le fumer et il était sous leur responsabilité. Je veux mon produit pour lequel j'ai payé.
Peut-être que tout n'est pas perdu. Il est peut-être toujours coincé dans la cellule, ou dans des débris. On peut le chercher via un sous-marin quand il sera réparé. Ou peut-être qu'il a rejoint sa planque, ou que je pourrai le retrouver en baffant tous les poissons des ruines englouties. C'est pas fini, faut y croire. Et c'est Grandline, rien n'y est jamais parfaitement prévisible. Donc, je m'efforce d'atténuer ma rage. Et de reprendre l'appel.
Ouais, je causais avec mes invités. Tout va bien en haut ? Les Zips n'ont pas attaqué ? Comment ça Braff a géré ? Mais Braff est tellement con qu'il faut lui rappeler par quel trou on bouffe. Quoi justement ? Bon, tu me raconteras le détail plus tard, je fais mon impoli à rester là à te causer. Ah, et récupérez tout le matos que vous pouvez des navires cassés, enfin le tintouin habituel quoi ! A bientôt les gourgandines. Je coupe sur un petit rire, détendu par la parenthèse avec mes petits gars. Bon, inutile de dire que les minutes qui suivent ici restent lourdes. Personne ne cause. Rick constate juste qu'il n'a plus sa carte au trésor. Rouge et Fhira s'innocentent assez vite et émettent l'idée qu'elle est peut-être restée dans le sous-marin. Le Gambler fouine un moment. Moi, je récupère mes affaires aussi. Et je me mets à bricoler dans mon coin. Tout le monde a besoin de son moment d'accalmie. Surpris, j'entends Fhira qui me parle après un moment, presque comme si on était potes.
Vous faites quoi, une voile ? Non, une tenue. Avec votre botte et votre cape ? Une partie de ma botte, puis des chutes de l'ancienne tenue de la petite baigneuse. Mais ouais. Ca sera sommaire, mais solide. Tenez, c'est pas mal déjà non ? Je montre
le résultat. Elle pige qui est la destinataire. J'ai ruiné les atours de Blondine et la laisse gambader en petite tenue dans un lieu hostile. C'était marrant dans le sous-marin parce qu'on était entre gens de bien, mais imagine sur quoi on peut tomber ici. Puis, c'est une façon de souder un groupe, de se montrer humain. Fhira le comprend et propose d'aller lui livrer. Pourquoi pas ? Mais d'abord, un petit cadeau pour elles aussi.
Bon, j'accompagnerai Fhira pour servir de mule. J'imagine que ça ne pèse pas que cent kilos le matos à ramener, un Minos vigoureux pourra charger de quoi réparer. Et même agrandir. Y a parmi vos voyageurs des gens un peu à l'étroit.Honnêtement, si déjà on récupère la plupart des fonctionnalités de chantier ce sera déjà un grand plus. Je vais bidouiller les sièges pour faire une banquette arrière. C'est pas le plus dur à aménager. Le beau geste, je remercie. Pense pas qu'on ne tentera pas de me mettre un coup de matraque derrière la nuque au premier moment de distraction, mais pour l'heure on repart sur du convivial. Puis du convivial sans constant besoin de rappeler qui enferme qui. Ca me détend, ça fait du bien. Je dois avoir mon sang royal qui bout quand je me sens face à des gens qui pensent avoir un plus haut statut. Surtout quand ça vient d'un pseudo gouvernement qui a usé du putsch. Enfin...
Faut quand même qu'on touche un mot de vos entrées. Ce sera assez large pour que vous puissiez intégrer le sous-marin, pas d'inquiétude. Huh ? Ah! Non mais je parlais des entrées en scène. Ouais, genre, quand vous débarquez devant des adversaires, ou des inconnus. Faut un peu envoyer du pâté, pardon. Là, vos intros sont tristounes. Alors ok, vu la tronche de votre Commodore, ça fait ton sur ton. M'enfin merde quoi ! Un peu de spectaculaire ça ne vous ferait pas de mal. Je ne saisis pas où vous voulez en venir...Ouais, le mieux c'est de vous montrer. Bon, vous bougez pas. J'appelle Rik et on prépare un plan pour montrer comment c'est qu'on fait une belle entrée qui en jette. Le temps de faire s'aligner les sous-marins pour servir de rideau, Rik commence son numéro de Présentateur. Le bonhomme a grandi avec des gens du cirque, il parle le camelot et le bonimenteur. Ca fait "Mesdames et Messieurs, ce soir un génie va en faire sortir un autre d'une lampe. Mais d'abord, prenez une carte. Je la remets dans le paquet. Je mélange. Etait-ce votre carte ? Non ? Ah. Bon ben en même temps ce tour ne marche qu'une fois sur cinquante-deux." Tu vois le genre. Seulement, le truc du magicien, de l'illusionniste, c'est de focaliser l'attention du spectateur tandis que le vrai tour se déroule ailleurs. Rouge et Fhira m'ont vu entrer dans le sous-marin de gauche. Sauf que j'ai usé de la tromperie de la perspective pour ne pas vraiment entrer dans le sous-marin. Je suis derrière, immergé dans la flotte. Et je vais nager discrétos jusqu'à celui de droite pour en apparaître quand tout le monde se demandera où je peux bien être. Quand Rik dira "en tout cas le Roi ne s'est pas tenu à carreaux." Ouais, on aime les jeux de mots à la con chez les magiciens. Doit y avoir un côté ringard mélangé au truc qui te subjugue pour éviter d'entrer en compèt avec le bonhomme. C'pour ça que les mecs qui pensent que la magie est sexy se trompent.
Le grand Enarik "Malefico" Santa va maintenant faire apparaître devant vos yeux émerveillés le génie militaire. Attention, Abracadabrant ! Ah....personne...Ben alors, il a utilisé un soru ? Sonnez l'alerte, je crois que notre roi ne s'est pas tenu à carreaux.Et là, apparition ! Mais pas de moi, d'une des anguilles qui s'échoue avec moi en collier autour d'elle. Je lui colle des coups de tête comme je peux alors qu'elle me tambourine contre le sol. Au final, la saloperie se débat assez pour m'éjecter, avant de replonger dans la flotte et de se casser. Ouais, t'as raison tire-toi ouais ! La prochaine fois je te botte la queue ! La saleté aurait pu en rester là, mais voilà qu'en plus de se barrer, elle emmène avec elles toutes ses copines redevenues sauvages. Personne pour guili-guiliter les croupes de ces infectes tortilleuses, pas de bol. Le hic supplémentaire, c'est qu'elles sont toujours attachées au Moby Bus. Au vu de l'escalade d'emmerdes, je sens que ça va m'être reproché c't'affaire.
D'un coup sec, Moby se casse comme une porcelaine, au figuré. This is goodbye les amis. L'engin fait la bombe et reprend son périple sans plus aucun cocher pour diriger la carriole. Je pourrais dire que tout n'est pas perdu, qu'on peut s'arranger de ce handicap. Mais je réserve mon optimisme en voyant un câble s'agiter comme un ver hors de sa vase. C'est un genre de traine d'amarrée que le Mabysse Bulles tire derrière lui. On dirait une grosse nouille grise aspirée par le bol de potage. C'en est rigolo. Ce qui est moins rigolo, c'est que l'autre bout est relié au sous-marin des Mouettes, compartiment harpon. Vrai qu'on n'a jamais retiré le crochet de l'aileron. Quand il se tendra, ça risque de faire...
Plouf ! Oui, plouf. Plouf, fait fait le câble coupé à temps par l'éclaireuse, qui a pour le coup eu un vrai éclair de génie. Grâce à elle, nous avons toujours un bâtiment à flot. On peut s'estimer heureux. C'est ça le travail d'équipe.
Beaux réflexes !Que je complimente, réellement admiratif. Mais elle me dévisage avec une pointe d'impertinence. Ou de rage ? Ouais, c'est plus de la rage. Même Rouge, qui a eu une démo de moi fâché, elle se lève et est prête à me taper avec son bras cabossé. Qu'est-ce qu'il leur prend ? Ah ! Je vois où se dirige le reproche. Nos chances de survie sont un peu tombées à l'eau. Alors, histoire d'apaiser l'ire populaire que je soupçonne, je montre mon index tout gonflé.
Elle m'a remordu la vilaine bête. Et ça fait aussi mal que ça en a l'air, vous avez vu ce doigt ? Les fourbes. On peut dire qu'il y avait....anguille sous roche. Non ? Vous ne connaissez pas l'expression ou vous tirez la gueule ? C'est un jeu de mots ! C'est comme si je vous dis que notre calèche a...filé comme une anguille, ha ha ha ha ! Okay vous tirez la gueule...C'est une catastrophe... Je pensais déjà qu'il faudrait vampiriser un des appareils pour remettre en état le second. C'est pas très respectueux de la propriété du vieux qui sent l'eau de cologne ça, si je peux me permettre.Chht ! Pour l'amour du ciel qu'on ne verra plus, taisez-vous ! Je dois réfléchir.
Bon, Fhira, tu accompagnes Minos et vous tâchez de rejoindre l'autre groupe. Vous me trouvez les pièces qui ressemblent à une liste que je vais vous faire et vous ramenez tout ce que vous dégotez en bon état. Je ne promets ren, mais s'il exsite une façon de changer une boîte de conserve en submersible, je le trouverai. Bravo, soldat ! Là je vous retrouve. Dites, vous en faites quelque chose de ce casier de rangement ? Et de ces sangles ? De quoi ? Non ! Je ne sais pas ! Pour quoi faire ? Ben pour servir de caisson de rangement. C'est mieux pour transporter du barda. Ou une jolie tenue pour une dame sans que ça fasse clodos. Par exemple.C'est sérieux ? Bon, faites ce que vous voulez tant que je ne vous ai plus dans les pattes. Tant que vous me rapportez que je demande, ça ira. Mais Minos, comme vous disiez, nous sommes tous des survivants ici. Si je n'ai pas de quoi nous assurer une remontée en surface sécurisée, nous mourrons, vous comme nous. Yep, j'avais pigé. Suis pas con. Hem ! Ca dépend des moments je dirais. C'est la colère qui parle. Ca ira mieux quand on aura le matos. Et tiens, à bouffer ! On va vous ramener de quoi grignoter. Z'allez pas reconstruire un sous-marin le ventre vide ! Délicate attention, mais apporter les pièces déjà. Oh et aussi...elle est bien votre tenue. Pas-Dorian sera contente.
Je lui souris un peu comme un gamin qui reçoit son premier baiser sur la joue. Ah ouais, j'ai été surpris ! Petit mot gentil, comme ça, au milieu de l'enfer. J'étais pas prêt. L'est bien cette femme, elle a gagné des points. La concurrence sera rude.