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Suicide assisté - Partie 1


Judith était assise au bord de l'un des pontons verglacé de Boréa, le regard inexpressif, posé sur un horizon d'après-midi où les teintes orangées du crépuscule s'attaquaient au bleu d'un ciel glacial s'inscrivant, comme chaque soir, dans l'éternelle bataille du jour et de la nuit. Le temps passait longtemps, sur les Blues, d'autant plus sur une île aussi paisible que celle-ci. Cela faisait déjà une semaine que la division, sous les ordres du colonel Strauss, s'était installée, attendant le feu vert de ce dernier pour commencer l'enquête sur le suicide suspect de l'ancien commandant des forces de Boréa, un certain Durieux.


"Alors ?"
fit une voix derrière elle.

La jeune femme se retourna. C'était Dole, alias Mecaniqueman, le casque sous le bras. L'absence de réverbération et d'effets sonores rendaient sa voix plus posée et plus raisonnables. Dole, au fond, restait un Marine, ce qui sous-entendait que sous la flamboyance et la bouffonnerie se cachait un sous-officier consciencieux. Cette façade de sa personnalité n'était pas courante à voir, mais il l'arrivait de l'affichait lorsque quelque chose l'inquiétait, ce qui ne présageait en général rien de bon.

"Strauss pense que le Cipher Pol cache quelque chose. Ou plus précisément, que l'agent du Cipher Pol affilié à l'affaire sur Durieux cache quelque chose. Laissons-lui le temps de se reconnecter avec ses vieilles connaissances à Boréa, et une piste finira bien par apparaître. "

Judith continua à fixer l'horizon, se demandant combien de temps cela allait-il d'ailleurs durer. Cela faisait déjà deux bonnes semaines.

"Oui, c'est de ça dont je voulais vous parler, chef,
affirma Dole. Avec Attano et Tarnotevsly, on a fait notre propre enquête."

Intéressée, elle se retourna, juste à temps pour voir Dole s'asseoir à son tour sur l'une des bittes du port. La procédure habituelle. L'équipe de Zola prenait ses repères. Dole s'était fait connaître assez rapidement des locaux avec ses tours de passe-passe, Franklin avait localisé tous les bars et s'était d'ores et déjà approché des taverniers du coin sur d'éventuelles rumeurs sur le problème concerné. Taré, quant à lui, faisait ses trucs de tarés et parvenait également à tirer des résultats utiles, de temps en temps.

"Durieux était celui qui avait autorisé l'intervention de la marine d'élite sous les ordres de Morneplume pour débarasser le territoire boréalin des révolutionnaires. Il lui avait donné toutes les infos nécessaires pour terminer le travail. Pistes, indices, contacts, informateurs. Tout était là pour nettoyer le terrain et organiser le plus grand coup de filet de l'histoire de Boréa. Et par coup de filet, je veux parler d'exécutions massives et de fosses communes."

"En effet, confirma-t-elle. Mais jusque là, rien de nouveau. Le dossier de Morneplume, complété ensuite par le CP5 après l'affaire Durieux, dont on a tous reçu une copie, était très précis et contenait déjà toutes ces informations. ."

"Oui mais c'est là que les choses se gâtent,
rétorqua-t-il. Durieux, d'après ce qu'on nous a dit... C'était un local. Il ne pensait pas que l'élite irait jusqu'à exécuter tout ceux qui avaient un rapport, de près ou de loin, avec la Révolution. Des peines d'emprisonnement, pour sûr. Des balles dans la tête de ceux qui avait été qui des voisins, qui des amis d'enfance ?"

"Mais même si le rapport ne contenait aucune contestation verbale ou écrite ni son rapport avec les locaux, je ne comprends pas en quoi tout cela écarte l'hypothèse du suicide. Au contraire, il semblerait qu'on ait là un colonel qui regrette ses actions, tiraillé bien plus que de raison entre son devoir et son propre peuple."


"Justement. Strauss connaissait Durieux et son tempérament; et savait sans aucun doute que ce dernier était boréalin. Il devait donc avoir tout au plus les mêmes informations que nous, ce qui aurait du lui faire arriver à la même conclusion que nous... Mais le voici à s'investir personnellement dans une enquête déjà classée par des enquêteurs largement plus compétents que nous."


"Tu veux me dire qu'il nous cache quelque chose ?"


Cette fois-ci, Dole ne répondit pas, se contentant de rester silencieux. Un instant plus tard, ils reprirent ensemble leur contemplation de l'horizon, pour un court moment.

"Lieutenant Zola ?"
, fit une voix derrière eux. Ils se retournèrent de concert; c'était un jeune soldat.

"Le colonel Strauss veut vous voir."


"J'y serais dans quelques minutes,"
confirma-t-elle.

"Négatif, madame, il n'est pas dans son bureau. Le colonel veut vous rencontrer immédiatement à l'hôtel de l'Aube. Seule. Il dit que c'est urgent. Je vous y conduit."

Judith jeta un regard préoccupé vers Dole, qui acquiesça silencieusement. La coïncidence était on ne peut plus angoissante.

"Faites attention à vous, mon lieutenant,"
fit-il sur un ton grave.
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Le nom de l'hôtel, référence poétique aux aurores qui avaient données leurs noms à l'île, trônait en haut d'une somptueuse porte en bois, peinte en blanc pour mieux s'harmoniser avec le reste de l'édifice en pierre qui trônait au centre-ville de Lavallière. Le soldat se contenta d'un "Le colonel vous attend à la chambre 317" avant de lui fausser compagnie, suivant par là des ordres donnés au préalable. Strauss était donc sans doute seul. Un frisson parcourut l'échine de Zola tandis qu'elle suivit les directions données. Qu'avait-il bien à cacher qu'il ne pouvait raconter entre quatre murs gouvernementaux ?
Elle frappa à la porte de la chambre du second étage, avant d'entrer dans une suite à l'apparence victorienne aménagée d'un bureau. Mais la chambre semblait vide. Aucune trace de l'officier. D'un bref mouvement de poignet, une lame surgit de son poignet, et arma son gant mécanique de deux fléchettes paralysantes. Quelque chose ne sentait pas bon.

"Colonel ?"

Silence plus qu'inquiétant. En face d'elle, se trouvait le lit, puis à deux mètres plus loin, le bureau en bois massif . A sa gauche, un dressing et une porte ornée qui était sans doute celle des toilettes. Le bois poussa une plainte angoissante à chaque pas de Zola, si feutrés furent-ils. C'est alors qu'elle vit la mare de sang derrière le lit.
Puis le corps qui se profilait. Strauss était mort.

Elle s'approcha du corps et jura. Il avait été égorgé, et si elle ne se trompait pas, par une arme qui avait sans doute les apparences de la sienne... Fenêtre fermée, aucune trace de combat. Judith remarqua que la main droite de Strauss était sous le lit... Par curiosité, elle leva le dessous pour révéler, dans la poussière ambiante, un document annoté "CP-6 - CONFIDENTIEL". Plus que la confidentialité, c'était le "6" qui étonna Zola. Le Cipher Pol N.6 était la section réservée aux agents infiltrée dans la Révolution pour un long terme. Zola attacha le dossier à sa hanche, et leva la tête pour constater deux marines qui la tenaient en joue.

"Lieutenant Judith Zola, vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre du général Strauss ! Levez haut les mains, qu'on puisse les voir !"

"Vous faites erreur. J'ai été convoqué pour venir ici. Il était déjà mort à mon arrivée."


"La fenêtre est fermée. L'aubergiste confirme avoir privatisé l'hôtel le temps de votre visite, et personne n'est entré ni sorti."

Zola réalisa lentement ce qui s'était passé. Durant le court instant où elle se redressa, un sentiment de peur panique la parcourut, suivie d'une sourde colère, et puis résolue, elle ferma les yeux. Elle finit par obtempérer, en levant les mains doucement... Jusqu'à arriver en direction du premier marin, qui se prit une fléchette dans la gorge, suivi rapidement de l'autre, qui s'écroulèrent comme des mouches, paralysés mais conscients.

"Les gars, je suis désolée, mais je suis innocente. Mais je ne pourrais pas vous le prouver si je pourris dans une cellule de prison."

Zola ouvrit la lucarne, et s'enfuit par les toits. La nuit, déjà tombée, avait la chance de la dissimuler des patrouilles de marins. Et promettait d'être longue.
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Judith Zola, fugitive. Ma supérieure, une traîtresse. Hm.

Pour les gens qui ne la connaissent pas, Judith était cet officier modèle consciencieux, sans émotions. Elle faisait son boulot. S'il fallait servir, elle servait, s'il fallait tuer, elle tuait. Mais à bien creuser, une chose était claire : si elle servait ou tuait, c'était par contrainte. Ça se voyait dans ses yeux.

Peut-être qu'elle avait aussi du purger une peine. Peut-être qu'elle a aussi du passer des années à faire valoir son cas pour avoir une chance de revenir. Peut-être qu'elle avait juste été dégoûtée de tant d'années passées à servir une force militaire qui n'était vraiment là que pour assurer sa propre existence. Avec ses implants bizarres et ses assignations plus qu'irrégulières pour de simples marins, il était clair qu'elle avait signé un pacte avec le diable.
"Ça vous étonne tellement, vous ?" Ai-je demandé au reste de l'équipe, nommément Taré et Dole, le cigare de la veille au bord des lèvres.


"Que le colonel soit mort ? Pas tellement, caporal Attano.
commenta Tarnotevsly. Pas tellement. La zone était bourrée de révolutionnaires. L'aubergiste aurait pu être un complice. Il aurait pu tout simplement mentir."

Dole, plus clairvoyant, fronça les sourcils. "Ouais, ça m'étonne moi. Pourquoi faire sauter sa carrière d'officier comme ça ?"

"Dans mon pays, j'ai vu des frères et des soeurs d'armes servir durant des années avec un homme qui se révélait être une taupe depuis tout ce temps, infiltré depuis dix ans. Il tua près de 50 soldats d'une bombe à gaz empoisonné. Personne ne l'avait vu venir. "

Les fameuses anecdotes du caporal Tarnotevsly Vitalyovitch avaient la réputation d'être brèves, sobres, avec néanmoins une vague impression oppressante de surréalisme. Celle-ci ne dérogeait pas à la règle. D'où venait-il ? D'où venaient ses histoires ? De quel pays était-il originaire ? Tout cela était un mystère. Et même si je n'ai préférer ne pas relever, Dole renchérit :

"Ou tu veux en venir, Taré ?"


Un bref silence suivit la réponse de l'homme au masque :

"Ce n'est ni la première, ni la dernière fois qu'un révolutionnaire aurait trompé tous ses camarades et subordonnés pour sa cause."

"Tout ce que je dis, c'est qu'elle avait l'air aussi surprise que moi lorsque Strauss l'avait convoquée. Si elle avait voulu le suriner, elle l'aurait prémédité. Pas improvisé en plein jour. Et vous avez entendu Genji et Kohan. Elle a réaffirmé son innocence avant de se tirer. "


Un autre silence.

"Bon. Mais même comme ça les gars, je pense qu'il y a des choses sur Zola qui m'ont l'air vaguement louches, mais je vous en causerai plus tard. /color]J'ai jeté un regard en biais sur l'un des officiers nouvellement assignés. Admettons qu'elle soit innocente. Qui ça pourrait être d'autre ? A qui profite le crime ? Pourquoi tuer le mec qui vient d'arriver plutôt que Santana, par exemple ?" ai-je demandé afin de faire avancer une discussion qui me faisait bien assez chier ainsi.


"C'est assez évident, renchérit Taré. Durieux et Strauss, contrairement à Santana, étaient Boréalins. Ils auraient eu le tact et la culture nécessaire pour calmer le jeu. Ce genre d'action rendrait la Révolution bien plus populaire tout en déstabilisant les forces gouvernementales locales... Et ils savent que Santana réfléchirait à deux fois avant de lancer une opération du même acabit que Morneplume, même si cela risque vite d'arriver, vu les récents événements"


"On part donc du fait que Durieux a été assassiné également du coup ? Et par le même assassin ? Pour renforcer la Révolution ? "


"C'est l'hypothèse probable. On a eu la même histoire sur Goa avec la famille royale... C'était qui le mec derrière tout ça ? Celui qui s'est fait matraqué par l'amiral ?"

"Rafaelo ? Le révolutionnaire de l'Umbra ?"
Que j'ai demandé. J'ai réprimé un bref frisson. On était pas assez bien payé pour ça.

Dole écarquilla les yeux. "Oh putain... ça collerait bien, en plus. Après avoir foutu la merde à Goa il y a 5 ans, il vient ici pour profiter du climat ambiant et tenter un coup d'état sur Boréa en tuant le plus haut gradé et en faisant porter le chapeau à la seconde plus haute gradée... En plus, ce type est clairement capable de faire ça sans laisser de traces. J'avais entendu des histoires comme quoi apparaissait et disparaissait de nulle part... Bordel. Si j'aurais su..."

J'ai souri. "Si j'aurais su, ai-je déclaré en appuyant sur la faute, j'aurais pô v'nu. Bon. On va un peu creuser l'affaire, prendre la température histoire de voir, et on va tenter de la contacter ce soir; je vous dirais comment. En attendant, on se sépare, et on se retrouve vers dix-huit heures."
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Plus tard, les cloches sonnèrent l'heure convenue, à l'endroit convenu : Le ponton où Dole avait pour vu Judith Zola pour la dernière fois. A une différence néanmoins : Celui-ci n'était plus vide, et un gigantesque cuirassé trônait, et la pluie mugissante rajoutait davantage de ténèbres à une nuit déjà bien lourde. Taré ayant fait le guet sur la vigie tout l'après-midi, Dole et moi se tournèrent vers lui en quête de réponse.

"Cuirassé de l'amirauté gouvernementale, le 'Passe-Temps'."
décrit Taré.

"C'est le navire de Nelson, ça, non ?"

Taré confirma. "J'ai vu le contre-amiral Danforth Nelson descendre du bateau. Il y a de grandes chances qu'il ait décidé d'assumer le contrôle de la base de la marine pour le moment."

Le ponton fit un bruit, comme un craquement léger. J'ai légèrement bougé pour éviter une éventuelle planche pourrie.

Dole haussa un sourcil, perplexe. "Le commandant Santana aurait pu faire l'affaire, non ?" observa-t-il.

"Santana fait partie de la marine d'élite. Ce n'est ni sa prérogative, ni sa juridiction. De plus, l'affaire devient sérieuse. Deux assassinats d'officiers en un mois ? Ça m'étonne qu'il n'aient pas envoyé un vice-amiral, ou pire encore, l'un des amiraux directement. Mais peu importe. S'il est déjà arrivé, c'est qu'une enquête est en cours de... Vous avez senti ça ?"


J'ai pointé du doigt le sol. Quelque chose frappait les planches du quai. Par le bas. Taré fit un hochement de tête imperceptible. Dole était sur le point de dégainer... J'ai levé un doigt, qui l'arrêta court de confusion, avant de réaliser ce qu'il se passait.

"Avançons vers la fin du quai."
ai-je déclaré de manière très audible.

Lentement, mais sûrement, nous avançâmes vers le bout du ponton. Vide à cette heure-ci, le seul risque provenait des marins patrouillant la base. Arrivés à l'endroit en question, le groupe s'assit de part et d'autres, dissimulant l'éventuelle présence de quelqu'un sous celui-ci. Enfin, quelques éclaircissements...

"Attano, Tarnotevsly et Dole, c'est vous ?"


Le groupe s'est figé. La voix ne venait pas de sous le pont. Ni n'était celle de Judith. Derrière nous, plusieurs soldats, les armes baissées... Mais dégainées. Devant eux, un homme dans un uniforme légèrement différent trônait. Cipher Police, sans aucun doute. "Vous êtes convoqué par le contre-amiral Danforth Nelson. Dans le cadre de l'enquête sur Judith Zola."

J'ai jeté un bref regard sur les planches de bois, ou j'ai cru apercevoir un visage... Avant de suivre l'agent vers un avenir incertain. Peut-être avaient-ils remarqué sa présence. Peut-être avaient-ils prédit son arrivée dissimulée... Dans tous les cas, la coïncidence n'était que trop belle pour ne pas être suspecte. Judith allait sans doute attendre toute la nuit, trempant son corps cybernétique dans l'eau grasse du port, mais je doutais fortement qu'elle allait nous y retrouver.

Mais, même avec tout ce qui s'était passé, jamais je n'aurais cru les événements des prochains jours et leur déroulement si je ne les avait pas vécu.
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