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Je vous apporte la carte des desserts ?

Je vous apporte la carte des desserts ?





             Farros se plaisait à Cocoyashi, et c’était tant mieux, puisqu’il semblait qu’il soit parti pour y rester un petit moment. Comme chaque matin depuis déjà plusieurs semaines, il se rendait au travail, prêt pour une journée de cuisine au rythme effréné que provoquait la réputation du restaurant.

Le jeune homme avait su impressionner ses supérieurs par son efficacité et son talent. Bien sûr, son odorat sur-développé lui assurait une avance non-négligeable sur ses collègues, comme cela avait d’ailleurs été le cas la plupart du temps pour lui. Cependant, sa bonne humeur constante lui assurait une bonne réputation auprès des autres cuisiniers, qui ne semblaient pas nourrir la moindre rancœur à son égard.

Tout ça manquait certes d’adrénaline, mais cela lui convenait pour le moment. C’était peut-être la raison qui allait l’amener à accepter immédiatement lorsque la perspective d’un nouveau défi lui apparut lors de cette nouvelle journée de boulot.

Alors qu’il entamait les préparatifs, son patron vint l’interpeller :

- Ah, Papriko, vous voilà.

- Vous me cherchiez, m’sieur ? Répondit le jeune homme, tout en continuant à trancher de sa lame affûtée divers légumes de saison.

- Oui. Vous devez être au courant que nous sommes à la recherche de nouvelles recrues, notamment en ce qui concerne les spécialités sucrées.

- C’est vrai qu’on a du mal à reprendre la cadence depuis que les frères Mascarpi sont partis.

- Ben, justement. Il me faut quelqu’un pour s’occuper des recrutements. Le chef n’aura pas le temps et on se disait que vous aviez largement les compétences pour vous en occuper.

- Ouaif, ça marche. Vous pouvez compter sur moi.

- Merci, vous m’ôtez une épine du pied. Le recrutement aura lieu demain soir dans l’arrière-salle du restaurant. Ça fait quelques semaines maintenant qu’on a commencé à distribuer des annonces, donc vous devriez avoir pas mal de candidat. Je compte sur vous.

L’idée enchantait Farros. Il allait avoir l’occasion de rencontrer des passionnés et, en plus de ça, de s’essayer à quelque chose de nouveau. Il ne cherchait pas de promotion, au grand dam de son patron qui lui avait déjà proposé à plusieurs reprises, puisqu’il ne comptait pas rester dans les environs éternellement : faire ses preuves n’était donc pas sa priorité, mais sa curiosité inébranlable avait pris le dessus. Il avait bien l’intention de reprendre la mer dès qu’il aurait trouvé le moyen de vendre le navire de pêche à quelqu’un – une longue histoire –, mais toute expérience restait bonne à prendre.

Désormais, il fallait trouver un moyen de mettre à l’épreuve les prétendants au poste. Il avait besoin de personnes qualifiées, il le savait, A la bonne cuillère était un restaurant d’un certain prestige. Ainsi, le soir venu, le jeune cuisinier ne cessa pas de se triturer la tête sur le chemin du retour. Il ne voyait pas par quel moyen il pourrait s’assurer de vérifier toutes les qualités qui étaient nécessaires à la préparation d’un dessert. Autre problème, il n’avait pas l’habitude de faire preuve de beaucoup d’autorité, habitué à prendre les choses à la légère. Mais là, on parlait de cuisine, c’était du sérieux.

Décidément, quel casse-tête ! Farros croyait qu’il ne s’en sortirait jamais lorsque la solution lui apparut soudainement, comme un message divin englobé par la lumière salvatrice du soleil. Cette solution miraculeuse prenait la forme de… Roger, l’un des employés du navire de pêche.

« Mais bien sûr ! C’est ça, le plus important dans la cuisine, après tout ! Merci Roger, MERCI ! » s’écria-t-il, tout en se précipitant vers sa cabine, sous le regard perdu et éberlué du pauvre vieux pêcheur.

Il savait ce qui lui restait à faire. Il en était certain, avec cette technique, il arriverait à savoir qui a une vraie âme de cuisinier sans aucun souci. Il était plus que prêt pour demain et l’excitation commençait à l’envahir.
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_____L’hiver, saison des mandarines. Qui peut rêver d’un meilleur moment pour aller sur Cocoyashi ? J’ai beaucoup entendu parler de cette île, pas toujours en bien parce que, d’après certains, il ne s’y passe jamais rien et il n’y a jamais rien à y faire. Mais après mes mésaventures sur Pétales, je me suis dit qu’un peu de tranquillité voire d’ennui ne serait pas de refus et j’ai décidé d’y aller pour me ressourcer. Maisons en bois, plages de sable, quartiers des plaisirs, tout s’annonce très bien ! Je m’incruste dans un parc pour enfants en faisant mine de n’avoir pas vu le panneau « interdit aux plus de douze ans » et je profite un temps du mur d’escalade avant de décréter qu’il est beaucoup trop facile. À peine trois mètres et de grosses prises partout, et en plus de ça une inclinaison en dalle : aucun intérêt. Un immense éléphant-labyrinthe dont la trompe sert de toboggan-spirale et une balançoire trop petite plus tard, je jette mon dévolu sur un tourniquet-girafe qui me donne le tournis pendant les dix prochaines minutes. Après avoir fait la folle pendant une petite heure et dévoré une glace Mandarine-Corossol-Raisin pour me remettre de mes émotions, des considérations plus sérieuses me viennent à l’esprit. Comme, par exemple : quel est le meilleur restaurant de l’île, où est la meilleure boulangerie ? Qu’en est-il des boutiques de souvenirs et, accessoirement, il me faut trouver un endroit où dormir.

_____Une fois ce dernier problème réglé, il me vient à l’esprit que je devrais peut-être me trouver un boulot. Je fais quelques boutiques mais la plupart du temps, les vendeurs ne sont pas au courant ou m’affirment que leur patron ne recrute pas. Dans une échoppe de bonbons multicolore, une employée me parle d’une annonce qui circule depuis quelques jours dans un restaurant… Eh bien, j’ai un passif de marchande et de vendeuse, soit, mais pourquoi ne pas m’essayer à quelque chose de nouveau ? Après tout, j’ai tenu un bar pendant plus d’un mois, et ma foi ce fut assez intéressant ! Pendant les heures de pointe, je ne savais plus où donner de la tête : on me demandait des plats, des sandwichs, des verres, surtout des verres, des menus, des desserts, et tout ça dans le langage local parce que chaque item de la carte avait un nom spécifique. Un véritable exercice de mémoire et de résistance au stress ! Je suis donc les indications pour me rendre « À la bonne cuillère », un joli petit restaurant assez réputé, apparemment, et, franchement, impossible de le rater : une façade lumineuse éclairée de couleurs vives avec une gigantesque cuillère et des slogans appétissants, une queue d’une bonne dizaine de personnes impatientes de voir leur tour arriver et une affiche sur laquelle un texte orange sur fond jaune indique que le restaurant recrute. « Cherche bon pâtissier et amoureux des desserts », lit-on sur l’affiche. Desserts ! C’est pour moi, ce poste est pour moi !

_____N’écoutant que mon estomac, je me précipite à l’intérieur, non sans provoquer quelques protestations scandalisées. De nombreuses tables bien espacées, décorées de nappes d’un brun foncé rassurant, éclairées à la chandelle pour certaines, par la lumière pâlichonne venant des vitres pour d’autres ; des couverts en argent, des verres magnifiques, des lustres, des gens portant des habits raffinés par endroits et une ambiance musicale à faire fondre un cœur de pierre. Au centre, le sol s’ouvre sur un étage inférieur, séparé du rez-de-chaussée par une balustrade. Alors que je cherche des yeux l’escalier qui permet de descendre, un serveur vient à ma rencontre et me demande combien de personnes il doit inscrire sur sa liste. Quelle liste ? Ah, sans doute celle des gens qui font la queue dehors !

— Euh, non, je viens pour la petite annonce.

_____Passablement impressionnée, je suis ses instructions et me faufile entre les clients pour me rendre directement en arrière-salle.


Dernière édition par Anatara le Sam 21 Sep 2019 - 11:52, édité 1 fois
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Farros passa une bonne partie de la journée à emménager l’arrière-salle du restaurant, afin que l’endroit soit prêt pour le recrutement qui allait avoir lieu le soir. Il n’avait pas grand-chose à faire : la salle ayant autrefois servi de cuisine au restaurant à une époque où il peinait encore à attirer les clients, on y trouvait tout le matériel et le mobilier nécessaire. Seulement, il fallait quand même passer un gros coup de balai. Quand cette première étape fût terminée, il s’attela à faire en sorte que tous les ingrédients nécessaires soient à portée de main, ce qui lui prit la majeure partie de l’après-midi.

Alors que le moment tant attendu arrivait enfin, le jeune homme commençait à ressentir une certaine pression. Une pression saine, galvanisante, qui lui hurlait de tout donner. Il n’avait pas vraiment l’habitude d’être dans une situation pareille, mais il allait bien falloir s’y habituer s’il voulait un jour ouvrir son propre restaurant. Il fût tiré de ses pensées lorsqu’un premier flot de candidat franchit le seuil de la porte. Il les accueillit de son grand sourire canin et les invita à prendre place au niveau des établis en attendant que les autres arrivent.

Il attendit un moment, la salle se remplissant de plus en plus. Il n’y avait pas à dire, la renommée du restaurant n’était pas le fruit d’exagérations. Les places de cuisinier y étaient prisées. Au bout d’un certain temps, il lui sembla que tout le monde devait être là. Il invita donc les candidats à l’écouter et prit la parole :

« Bonjour à tous ! Je suis Farros Papriko, c’est moi qui déciderai lesquels d’entre vous pourront apporter leur expérience à cet établissement, herf herf. Comme vous le voyez, vous êtes venus plutôt nombreux. Ne vous en faites pas, soyez sûrs de vous, tout se passera bien. J’ai pas vraiment de conseil à vous donner, si ce n’est de ne pas oublier ce qui importe vraiment quand on cuisine. »

Il marqua un temps de pause et se dirigea vers l’immense rideau rouge qu’il avait péniblement installé au préalable afin de révéler sur quoi allait consister son épreuve :

- Et voici, mesdames et messieurs, ce sur quoi vous serez évalués ! Car le plus important dans la cuisine, c’est…
- Pfiou ! Bonjour tout le monde, désolée pour le retard ! Lança une jeune femme, déboulant dans l’arrière-salle comme une tornade. C’est une longue histoire, on m’a prise pour une cliente et… Enfin bref, je vais me mettre en place, je vous en prie, continuez… Hop là, désolé, laissez moi passer, merci…

Catastrophe ! En une seconde, elle avait réussi à ruiner l’effet théâtral qu’il avait mis la journée à concevoir ! Il fallut un moment à Farros avant de réaliser que tout le monde le fixait, attendant la chute de sa phrase. Il se secoua la tête avant de reprendre :

« Arf, euh, oui. Donc, comme je disais, euh, donc… L’épreuve consistera à satisfaire tous ces pêcheurs affamés ! Je vous préviens, je leur ai promis de délicieux desserts… » Dit-il en dévoilant ce qui se cachait derrière le rideau, ou plutôt ceux qui se cachaient, paisiblement assis à table, des dizaines et des dizaines de marins endurcis qui salivaient déjà à l’idée de la nourriture gratuite qui les attendait.

Comme il l’avait prévu, cela suscita des réactions diverses, allant de l’amusement à l’incrédulité. « Vous avez toute la soirée, herf herf. » annonça-t-il alors qu’il commençait à sentir la délicate odeur des ingrédients qui commençaient à être manipulés par les concurrents.
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_____Juste à temps ! Je me suis sentie très ridicule et j’ai vu tous les regards peser sur moi mais l’homme dont j’ai interrompu le discours redevient rapidement le centre de l’attention, ce qui ne m’empêche pas de me sentir nulle, gênée et embarrassée. Mais bon, le ridicule ne tue pas et tant que je vais pouvoir participer, tout ira bien ! à moi les desserts ! Le cuistot qui va nous évaluer continue maladroitement son discours, visiblement déstabilisé par mon arrivée fracassante. C’est un grand garçon aux courts cheveux châtain. Pas très sûr de lui, il ponctue son explication de quelques hésitations qui trahissent son trac et ça me met directement en confiance. Par moments, il a des rires gênés, ou du moins des tics de langage qui s’étouffent dans sa parole mais que l’on entend très bien, et qui évoquent étrangement les aboiements d’un gentil chien. Pour se donner de la contenance, il sourit, dévoilant d’impressionnantes canines qui lui donnent un air tout mignon. Peut-être que ce sont ses yeux, feuilles d’automne à la couleur vivace et pétillante, aux pupilles rétractées, hypnotiques, ou peut-être que c’est juste le soin qu’il a pris pour s’habiller correctement et se raser de près, ce qui lui donne une petite bouille de bébé toute mignonne, ou peut-être que c’est juste qu’il est tout simplement, tout naturellement beau, dans sa façon d’être et dans sa gestuelle maladroite. Oui, je décrète aussitôt qu’il est beau et qu’il me met en confiance, ça m’encouragera pour la suite.

— … de délicieux desserts.

_____Desserts ! En entendant ce mot, je me retiens de crier de joie mais je sautille quand même sur place en applaudissant vivement cette décision d’une très grande sagesse. Sans plus attendre, nous nous mettons au travail, allant chercher nos ingrédients et nos ustensiles. La pièce est relativement grande pour une arrière-salle, mais nous y sommes un peu à l’étroit vu notre nombre. À ma gauche, un monsieur qui se porte très bien est habillé d’une salopette blanche et d’une grande toque à la limite de la caricature. Mince, il fallait une toque ? Bon, tant pis. Je pose mon sac sous mon établi et j’en sors un élastique qui me permet de mettre mes cheveux en chignon, parce que sinon ça ne va pas le faire. Après m’être lavé les mains, j’observe mes concurrents pour prendre la température. De toute façon, même les plus rapides n’auront pas fini avant une vingtaine de minute, et il n’a jamais dit que c’était un concours de vitesse.

_____Il nous surveille d’un œil mi amusé mi crispé, je le suis du regard et je sens de vagues émotions… doute, fierté, trac, hâte ? Je ne saurais pas dire. Par curiosité, il passe dans les rangs pour regarder où nous en sommes, comme un professeur d’école qui surveille le travail de ses élèves après leur avoir donné un épineux problème. Ces « élèves », ils sont tous très concentrés et chacun jette son dévolu sur une seule recette. Certains misent sur les crêpes, dont la préparation est inratable et rapide à faire, et dont le résultat satisfait rapidement l’estomac et le palais. C’est une bonne idée, mais il est difficile de faire beaucoup de crêpes en peu de temps parce qu’il faut les cuire une par une. D’autres ont préféré les petits gâteaux : muffins, cookies, pains briochés, choux à la crème et chouquettes. En une seule enfournée, ils pourront proposer quelque chose à une grande partie de notre jury, ce qui est ma foi très malin. Que puis-je faire pour tous les surpasser ?

_____La plupart semblent très expérimentés et maîtrisent des recettes sophistiquées alors que moi, je n’ai jamais été cuisinière. Bien sûr, je n’en suis pas à mon premier gâteau et je connais un nombre incalculable de ces délices sucrés pour avoir participé activement à l’organisation de nombreux anniversaires. Et puis, de toute façon je n’ai pas l’habitude d’attendre les anniversaires pour faire des gâteaux ! Maintenant que j’ai les ingrédients, je vais pouvoir me faire plaisir ! Bon, concentrons-nous ? Face à ces vétérans de la cuisine, que puis-je mettre en avant ? Mon panache, mon sens de l’initiative et de l’innovation ! C’est parti ! D’abord, je vais miser sur la diversité. Je vais faire plusieurs recettes. Ça me prendra légèrement plus de temps mais la vérité c’est que j’ai juste besoin de faire de nombreuses préparations. Ensuite, il me suffira de mélanger un peu de ci et de ça et j’aurai beaucoup de modularité.

_____Je suis un ouragan. Je mélange à la vitesse de l’éclair, forte de mon intuition et de mon habitude. Je cours, je saute, je vole. En quelques instants, les différents saladiers sont prêts, remplis à ras-bord de mixtures déjà très appétissantes. Très bien, première recette : les cookie-brioches. Farine, un minimum de sucre, une pincée de sel, levure de boulanger (si-si), mélange, beurre, œufs, lait, miel, mélange, des pépites de chocolat, mélange, de l’amour dans le pétrissage, une fine couche de sucre vanillé pour un enrobage caramélisé-délicieux (la vraie valeur ajoutée) et hop, au four ! Mon secret ? Un seul gros morceau, un seul bloc. Certains diraient qu’il faut faire plein de petits gâteaux mais d’une part ça prend du temps et d’autre part c’est tout l’intérêt ! La levure aidant, le gâteau va gonfler de manière à avoir un extérieur croquant et croustillant comme un cookie mais un intérieur tendre et moelleux comme une brioche ! Avec le miel, et la fine touche de vanille, ça n’a rien à voir avec un simple cookie : c’est un million de fois plus bon. Testé et approuvé par la famille Urami depuis 1617.

_____Je recycle le reste de ma pâte en y rajoutant du miel, beaucoup de miel que je prends le temps d’intégrer uniformément en y mettant les mains et c’est parti pour un gâteau-cheminée au miel. Cuisson lente, à feu doux, il va monter, monter, monter pour faire donner une chair légère, onctueuse et rafraîchissante. J’ai découvert cette recette accidentellement en me trompant dans les proportions, et j’ai bien mis cinq ou six essais avant de comprendre LE truc magique qui fait que ça gonfle autant. Je fais encore une tarte rhubarbe-banane-fraise avec un appareil digne de ce nom, mais sans gelée parce que c’est beurk, la gelée, et de toute façon je ne sais même pas comment faire. Avec ça, mon four est plus que rempli mais je n’ai pas fini, il me reste à jouer ma dernière carte, la carte ultime de l’improvisation désinhibée. Après m’être de nouveau lavé les mains de la manière la plus conventionnelle qui soit (ben quoi ? j’ai le droit d’abord, ça sert à quoi de faire la cuisine si on ne peut pas manger la pâte et se lécher les doigts ?), je prépare une crêpe géante et passablement épaisse en y mettant tout mon amour pour que, même nature, elle soit la plus délicieuse possible. Les crêpes, je sais faire, c’est le B-A-BA, mais des crêpes de ce niveau, ce n’est pas donné à tout le monde, je peux vous le garantir !

_____Ensuite, place à la garniture : qu’est-ce que j’ai sous la main ? Hum, confiture de groseille, une généreuse tranche de bleu que je fais fondre, du jambon fumé, de la pâte à tartiner chocolat-noisette (une fine couche, seulement) et tadaaaaam : voici ma toute nouvelle création ! La crêpe sucrée-salée de l’extrême, pour les curieux et les estomacs les plus courageux ; l’essayer, c’est l’adopter. L’innovation, vous dis-je, l’innovation ! Pour qu’un restaurant puisse sans cesse se pérenniser, il faut sans cesse proposer de nouvelles recettes ! Hahaha, je suis un génie.
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Farros devait bien avouer que cela l’amusait de déambuler entre les candidats qui s’attelaient à la tâche avec ardeur. Il appréciait cette ambiance, une saine pression qui poussait les gens à se surpasser, à prouver leur valeur en tant que cuisinier. Il pouvait déjà affirmer que certains sortaient du lot. Alors qu’il continuait son tour des délices sucrés, une odeur l’interpella. Une odeur qu’il aurait pu sentir à dix kilomètre même sans son odorat sur-développé tant elle sortait du lot.

Il semblait que quelqu’un cuisinait… Quelque chose de sucré ? de salé ? Même pour Farros, distinguer les différents ingrédients dont émanait cette odeur s’avérait être difficile. Le mélange paraissait tellement improbable… Du fromage ? De la confiture ? Il était sûr d’une chose : il devait trouver la personne à l’origine ce dessert d’une autre dimension. Le jeune cuisinier était rongé par la curiosité.

Il se servit donc de son nez de fin limier pour retracer l’origine de ces effluves. Ce qui ne fut pas bien difficile, celles-ci prenant le dessus sur les odeurs des desserts alentours. Son pistage le mena à un établi sur lequel étaient disposées tout un tas de préparations. Il y en avait de toute sorte, et pour tous les goûts. Même les plus étranges. Cela allait d’un hybride entre un cookie et une brioche jusqu’à une tarte regroupant un choix étonnamment diversifié de fruits. Mais ce n’était pas tout ça qui l’intéressait. Non, ce qui captivait son attention, c’était ce qui était en train d’être préparé dans un ustensile d’une taille impressionnante.

Farros faisait désormais face à une crêpe géante dont il distinguait difficilement les ingrédients visuellement. C’était un bon défi pour le jeune homme. Il essaya donc de se concentrer, fermant les yeux, laissant l’odeur lui imprégner les narines. C’était si rare, de parvenir à perturber ses sens à ce point. Il ne pouvait y avoir qu’une seule raison possible : il devait être face à l’œuvre d’un cuisinier hors-pair.

Il leva la tête, ouvra les yeux à nouveau et tomba nez à nez avec celle qui avait ruiné son effet théâtral, un peu plus tôt. La jeune femme se tenait là, un grand sourire illuminant son visage, visiblement amusée par la situation. Elle était petite, et son corps laissait penser qu’elle était assez sportive. Sa longue et fougueuse chevelure rousse semblait refléter l’impression qu’elle laissait dégager : elle semblait électrique, débordante d’énergie. Porter des vêtements adaptés au travail en cuisine ne lui avait visiblement pas semblé être nécessaire, mais elle avait pris la peine de s’attacher les cheveux. Un accessoire se démarquait du reste : une fascinante améthyste, portée autour du coup, dont émanaient des reflets violets comme Farros n’en avait encore jamais vu.

Le jeune cuisinier devait bien avouer que ce qui ornait l’établi paraissait être le reflet parfait de sa personnalité : joyeuse et spontanée. Du moins, c’était l’impression qu’il avait. Il tiqua quand il crut enfin parvenir à distinguer les différents ingrédients qui composaient la fameuse préparation :

- Du bleu, hein ? Étonnant, herf herf.

- Oh, mais pas seulement ! Il y a aussi…

- De la pâte à tartiner – chocolat-noisette, je dirais -, de la confiture… sniff sniff… de groseille ? Intéressant. Ah, et, visiblement, du jambon fumé, herf herf herf ! Fit-il en montrant du doigt la tranche qui siégeait au milieu de la mixture sucrée-salée.

- Vous avez deviné tout ça rien qu’à l’odeur ? Mais non !

- C’est un peu ma... spécialité, si on veut ! Mais je dois avouer que votre préparation m’a donné du fil à retordre. Ça fait longtemps que vous bossez sur cette recette ?

- Non, c’est tout nouveau ! Mais allez-y, goûtez, vous m’en direz des nouvelles ! Je suis sûre que vous voudrez m’embaucher sur le champ !

Farros la fixa un moment, surpris. Il était rare que quelqu’un ose la nouveauté dans de pareilles circonstances. Ça lui plaisait, et il se retrouvait beaucoup dans la façon de penser de la jeune femme. C’était surtout ça, la cuisine : oser, innover, faire plaisir aux autres mais aussi à soi-même. C’était la bonne mentalité. Il était impatient de goûter ce qu’elle avait pu préparer, et allait commencer par cette crêpe, puisque c’était ce qui l’intriguait le plus.

Le jeune homme s’approcha donc un peu plus, invitant la candidate à lui servir son fameux dessert dans une assiette, ce qu’elle parvint à faire quelque peu maladroitement. Il brandit sa fourchette et son couteau, trancha une bonne portion et l’enfila aussitôt dans sa gueule. Il n’aurait su décrire ce qu’il avait pu ressentir à la suite de ce geste. Il interpella à nouveau celle qui lui faisait face :

- Vous pouvez me rappeler votre nom ?

- Anatara ! Et vous, c’est comment ?

- Farros Papriko ! Lui glissa discrètement une candidate qui était arrivée assez tôt pour entendre le début de son discours.

Il repris sa respiration, observant son assiette :
« Eh ben, Anatara, je dois dire que j’ai jamais mangé quelque-chose de pareil, c’est sûr, herf herf. C’est carrément... ».

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— … Surprenant, arf !

_____Un peu que c’est surprenant, n’est-ce pas ? Elle dépote ! Pour en avoir goûté un généreux morceau (c’était pour la science : je ne vais pas quand même pas proposer des recettes avant de les avoir essayées !), je la trouve particulièrement savoureuse ! Le chocolat rehausse délicieusement le goût du bleu et se marie harmonieusement avec la confiture de groseilles ; c’est une agréable surprise, une vraie réussite. Cette crêpe va faire un carton auprès des aventuriers à la recherche de sensations nouvelles, c’est une certitude !

— … Surprenant mais dommage, ajoute-il.

_____Ce dernier verdict me fait l’effet d’un coup de marteau. Que… quoi, comment ça dommage ?! Oh non, ne me dîtes pas qu’il n’a pas aimé ? Il y a beaucoup de types ultra-conservateurs parmi les cuisiniers et les restaurateurs. Ces derniers n’admettront jamais qu’une idée novatrice puisse exister ! J’espère qu’il n’est pas de ceux-là, sinon je vais me faire éliminer pour non-respect des principes de base de la gastronomie… et je pourrai faire une croix sur mon métier de goûteuse de desserts professionnelle.

— Pourquoi ce choix d’ingrédients ?

_____Euh, eh bien… mince, je ne peux pas lui avouer que je les ai choisis au hasard en prenant ce qui m’est tombé sous la main ! D’ailleurs ce n’est pas tout à fait vrai : c’était un pseudo-hasard, guidé par l’intuition et par l’instinct. Et mon intuition ne me trompe jamais !

— Parce que j’adore les crêpes ! Et le bleu va bien avec le jambon fumé, c’est bien connu. Le chocolat va bien avec le bleu et quand j’étais petite, j’adorais mettre de la confiture de groseilles par-dessus ma pâte au chocolat : les deux se complètent à la perfection !

_____La plupart des pâtes à tartiner sont trop sucrées pour bien s’allier à de la confiture, mais la vérité c’est que ni le chocolat ni la noisette ne sont naturellement très sucrés ! Le chocolat est plutôt amer, en fait. Donc rajouter de la confiture à une pâte chocolat-noisette, c’est parfaitement cohérent et c’est même complètement indispensable la plupart du temps, je vous le garantis. Farros écoute mes explications d’un air amusé et bienveillant, mais il finit quand même par m’exprimer le fond de sa pensée :

— Intéressant, herf-herf, mais je trouve que le jambon est un peu de trop.
— Mais il apporte quelque chose à la recette ! Sans lui, le goût serait complètement différent !
Arf, c’est vrai qu’il apporte un petit quelque chose, mais avez-vous essayé sans ?

_____Ah, euh… ben non, je viens juste d’essayer cette version ! Mais il a raison : il faut souvent de nombreux essais et erreurs avant de trouver LA recette avec les bonnes proportions et je n’en suis qu’à mon premier essai ! Mince, j’ai trop fait confiance à ma chance, peut-être que je n’aurais pas dû prendre un tel risque vu les enjeux… Mais non, je refuse de me laisser abattre ! La place d’amoureuse des desserts est à moi ! En plus, j’ai réussi à attirer l’attention de mon examinateur : c’est le moment de lui en mettre plein les yeux. Héhé, admirez mon talent, voyez comme je peux faire une crêpe à la perfection ! Impressionnée par sa présence, je m’évertue à tout faire bien plus méticuleusement de d’habitude : c’est que je n’ai pas envie qu’il me voie rater quelque chose !

— Vous voulez goûter ?

_____Même nature, mes crêpes en ont rendu fous plus d’un, je suis sûre qu’il va les apprécier ! Moi, j’en prends un morceau pour vérifier que tout est en ordre ; ce n’est pas pour me gaver de pâte, hein, non, pas du tout ! Après avoir brisé une nouvelle fois le record de la plus grande crêpe du monde, j’y rajoute minutieusement les ingrédients en modifiant légèrement les proportions – pour le mieux : avec des goûts aussi prononcés, il ne faut pas que l’un éclipse l’autre ! Sinon ce serait… dommage, comme il a dit. Oh, c’était pour ça ? C’est vrai que le jambon était légèrement éclipsé dans la crêpe précédente. Elle n’était pas mauvaise et il lui apportait un petit je-ne-sais-quoi mystérieux, mais je dois admettre qu’il n’était pas mis en valeur au summum de ses capacités. Il ne faut pas rajouter un ingrédient juste pour rajouter un ingrédient : la nourriture est précieuse et ce serait du gâchis ! Mince, j’espère qu’il ne sera pas trop tatillon à ce sujet et qu’il pardonnera mes excès de folie…

_____Pffiou, une fois la crêpe terminée, je lui présente, fière de moi et j’entreprends d’en découper deux morceaux en me léchant les babines. Huum, elle a l’air délicieux ! Mais alors que je tends ma création à mon évaluateur, mon coude vient percuter quelque chose sur mon établi surchargé. C’est un saladier qui, sur le coup, se met à osciller dangereusement et menace de tomber par terre ! Non, je dois protéger les desserts ! Confiante en les capacités de réception du mignon cuisinier, je lui lance l’assiette, mets ma propre part de crêpe en sécurité dans ma bouche et rattrape le récipient au dernier moment ! Hélas, j’en perds l’équilibre et me réceptionne sur un des pieds de la table, la faisant trembler violemment. Non, mon cookie-brioche ! Je vois alors ma vie défiler devant mes yeux : s’il touche le sol, il va s’éclater et plus personne ne voudra en manger… ce sera l’élimination assurée ! Mais si je le rattrape trop violemment, je risque également de le casser !!

_____Mettant ma vie en jeu pour voler à la rescousse de mon précieux gâteau, je bondis pour me placer sur sa trajectoire, et, à l’aide du saladier vide m’est resté dans la main, le réceptionne tout en douceur en accompagnant au maximum sa chute afin d’éviter les dégâts. Telle une gardienne de but, je fais alors un dérapage pas très contrôlé sur le sol et je manque de renverser la table du voisin. Triomphante, je brandis mon cookie-brioche intact (quoi qu’un peu de pâte crue en provenance de mon saladier s’est rajoutée à son habillage) et le repose minutieusement à sa place, non sans afficher un sourire rayonnant à Farros.
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Farros n’avait jamais été aussi heureux de s’être entraîné durant les derniers temps. Si ce n’avait pas été le cas, le jeune homme doutait de son habilité à rattraper un projectile arrivant aussi rapidement en plein dans sa face. Par chance, il était parvenu à attraper l’assiette juste avant qu’elle n’atterrisse au beau milieu de son visage. Cependant, la surprise lui avait fait perdre l’équilibre et, plutôt que de lâcher le plat et de se rattraper sur un meuble, il avait placé sa priorité sur la nourriture.


C’est ainsi qu’il se retrouva assis par terre, étourdi, face à la jeune femme qui souriait pour couvrir sa maladresse. Heureusement, la crêpe était saine et sauve. Évidemment, il ne lui en voulait pas. Lui même avait à quelques occasions été dans des situations similaires. Seulement, il fallait maintenant qu’il se relève devant toute une salle où le regard de chacun était rivé sur lui et la demoiselle. Il se remit donc debout, toujours avec le même sourire canin qui le caractérisait.


« Écoutez, je vous laisse continuer ce que vous avez à faire. J’aimerai encore observer quelques autres candidats avant la fin. Continuez le bon boulot, herf herf. » lui-dit il non sans constater la déception sur le visage de la dénommée Anatara qui semblait déçue de ne pas pouvoir faire ses preuves plus longtemps. Curieux quant aux aptitudes de cette dernière, le jeune homme aurait lui-même aimé lui consacrer plus de temps mais se devait de donner à chacun une chance égale. Il reviendrait vers elle plus tard.


Farros passa l’heure qui suivit à déambuler entre les candidats, s’attardant de temps à autres pour discuter avec eux. Il était agréablement surpris de leurs compétences : il ne s’attendait pas à une telle maîtrise. Pourtant, c’était bien la jeune femme à la chevelure de feu qui captivait son attention. Pas parce qu’elle était relativement bruyante et faisait fréquemment tomber ses ustensiles dans un fracas que même les ratons laveurs qui squattaient les alentours du restaurant devaient entendre, non. Celle-ci faisait preuve d’un dynamisme défiant toute concurrence et d’une bonne humeur inégalable. Elle se remettait toujours de ses gaffes et le stress ne semblait pas lui faire perdre ses moyens.


Vint enfin le moment de vérité. Le Cabot saisit une chaise et se mit debout dessus, à la vue de tous : « Bien ! Il va falloir songer à terminer, tout le monde ! En tout cas, je vous félicite déjà ! Je vous ai tous attentivement observé et ai constaté vos qualités respectives. Maintenant, chacun d’entre vous va présenter ses préparations à l’un de ces fiers pêcheurs que je vous ai présenté en début de soirée. N’oubliez pas de noter votre nom sur la feuille qui se trouve sur la table. Je vous laisse un peu de temps pour terminer ce que vous avez à faire, herf herf ! ».


A peine eut-il terminé sa phrase que la moitié d’entre eux se précipitait déjà vers ceux qui allaient probablement battre des records tant ils paraissaient affamés. Il continua donc sa déambulation, tendant l’oreille en quête de détails intéressants. Les tables se remplissaient peu à peu, jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne en cuisine. Enfin, presque. Il semblait qu’Anatara avait du mal à faire face à certaines contraintes, telles que, en l’occurrence, le temps.


La jeune femme finit malgré tout par terminer ce qu’elle avait à faire. C’est cependant avec beaucoup de surprise qu’elle se rendit visiblement compte que toutes les tables semblaient déjà occupées par les candidats qui avaient fait preuve d’un tout petit peu plus de célérité. Elle resta plantée là, bougeant frénétiquement sa tête d’une table à l’autre. Farros ne doutait pas que celle-ci devait être assez bornée pour attendre qu’une place se libère, même si ça signifiait rester toute la nuit ici. Amusé, il s’approcha donc d’elle :


« Hé ! J’vois que vous avez l’air un peu embêtée, herf herf ! Venez par là-bas, c’est moi qui vais goûter ce que vous avez cuisiné ! ».
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Fébrile, je regarde cet homme aux drôles d’habitudes linguistiques goûter ma crêpe révolutionnaire. Son visage passe par une certaine gamme d’expressions que je ne parviens pas précisément à déchiffrer, il fait mine de réfléchir pour me faire patienter encore un peu et s’apprête à me donner son verdict quand soudain…

— Comment ça elles donnent la gerbe, mes pâtisseries ?!

Un cuisinier, manifestement énervé par le verdict de son pêcheur, est froissé au point d’élever la voix. Surpris, nous regardons dans sa direction pour constater que son juré est aux prises avec une montagne de chouquettes qu’il n’arrive pas à finir. Les sucreries, c’est délicieux mais en petites quantités seulement. Passé un certain nombre qui dépend des personnes, on finit par en être dégoûté et rien que l’idée d’en avaler une de plus a de quoi retourner l’estomac. Moi, je peux en manger plein avant que ça m’arrive mais il faut croire que le pêcheur a une plus faible tolérance au glucose. Raison de plus de varier les desserts ! Décidément, j’ai été très inspirée en misant sur la variété.

Surprise, je reconnais le grand homme qui était à ma gauche, avec sa salopette et son énorme chapeau. Il fait de grands gestes pour se justifier mais son goûteur ne veut rien entendre : il ne mangera pas une chouquette de plus ! Désespéré, le pâtissier empoigne ses créations et les présentent juste sous le museau du gavé, mais ce dernier, réticent, s’en empare et les lui lance à la figure. Le cuisinier esquive dans un réflexe et les chouquettes se retrouvent à voler dans les airs !
Non, il faut sauver les desserts ! Jetant mon dévolu sur les deux chouquettes les plus à gauche, je plonge, faisant fi du danger. Je cours, je saute par-dessus un établi sans rien renverser, bouscule quelqu’un, l’aide à se rétablir et à rattraper la nourriture qu’il transportait, saute, attrape la première confiserie de ma main tendue et réceptionne directement la deuxième dans ma bouche. Hum, elle est délicieuse en fait ! Mais c’est vrai qu’elle est très sucrée, c’est dommage. Je n’en prendrai pas plus de deux ou trois.

Malheureusement, je n’ai pas pu rattraper le troisième projectile qui finit violemment sa course dans la mousse au chocolat d’un aspirant cuistot qui s’apprêtait à la présenter à son affamé. Hors de lui, il s’empare d’un choux à la crème dans le bol de son voisin et le lance sur le coupable qui, apeuré par la vue de cette boule de sucre, se cache sous la table, provoquant une secousse qui manque de tout renverser. Le propriétaire de cette table en fait tomber son rouleau à pâtisserie qui se met à rouler dangereusement !

Le rouleau roule et quelqu’un qui passait par là se prend les pieds dedans, entame un numéro de jonglage avec ses gaufres en criant « chaud, chaud, chaud ! » et finit par tomber sur le cul, une gaufre au chocolat écrasée sur la tête. La deuxième gaufre vient aveugler un autre candidat qui en perd ses moyens et effectue de grands gestes communicatifs qui se propagent chez tous ses voisins.

— Ah, mais ce n’est pas possible !
— Ma mousse au chocolat !
— Mes choux !
— Mes gaufres !
— C’est de ta faute !

Ahurie, je regarde la situation dégénérer à toute vitesse et je cours dans tous les sens pour mang… euh, je veux dire : limiter le plus possible le gaspillage de nourriture !
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La guerre… La guerre ne meurt jamais. Une fois de plus, Farros faisait face aux horreurs nées de la violence humaine. Aux quatre coins de la salle, toute sorte de pâtisseries volaient. Des choux à la crème se faisaient écrabouiller, des fondants au chocolat venaient s’écraser sur le sol jusque là si propre de l’arrière-salle. Le Cabot avait horreur du gaspillage : ça n’allait pas se passer comme ça.

Faisant preuve d’une vitesse phénoménale, il s’empara d’une assiette dans chaque main et s’interposa entre deux cuisiniers qui, visiblement, avaient décidé de mettre fin à leur carrières respectives, se concentrant sur leur querelle. Une lueur de rage dans les yeux, Farros épousa le mouvement que prenaient les délicieux projectiles qui fendaient l’air, parvenant à les faire atterrir dans son assiette.

Il fallait faire preuve de réflexes surhumains, mais il était absolument hors de question de gâcher tous ces desserts. En revanche, ça allait être compliqué de s’en sortir tout seul. Ses pupilles balayèrent les environs, désespérant à la recherche d’aide. C’est alors qu’il aperçut la jeune amatrice de crêpes, elle aussi cherchant désespérément à amorcer la situation :

« Anatara ! J’crois qu’on va devoir faire preuve de travail d’équipe, vous et moi ! »

Elle répondit par un hochement de tête approbateur, s’armant à son tour de plats destinés à réceptionner les sucreries volantes. Il allait falloir être rapide, certes, mais surtout efficace. Chaque mouvement devait compter. D’un accord tacite, Farros et Anatara s’occupèrent chacun d’un côté de l’arrière-salle.

Pendant quelques minutes qui parurent être des heures, ils traversèrent la salle de part et d’autre. A croire qu’ils n’arriveraient jamais à court de munitions. Et pourtant, ce moment finit enfin par arriver. Une pyramide de desserts ornait déjà chacune des assiettes dont s’étaient munis Farros et Anatara quand la nourriture cessa de tomber du ciel.

Enfin, presque toute la nourriture. Là-haut, près du plafond, un ultime beignet faisait des acrobaties, prêt à retomber. Il était évidemment impensable de le laisser s’écraser. Les deux sauveurs de sucreries étaient chacun à égale distance du virevoltant dessert. Il semblait absolument parfait : suintant juste ce qu’il fallait de gras, un nappage de délicat sucre-glace venant le sublimer. Puisant dans les dernières ressources qu’ils leur restaient, tous deux foncèrent dans la direction du D.V.N.I – Dessert Volant Non Identifié – tout en veillant à maintenir leurs assiettes en équilibre.

Ils se trouvaient pile en dessous quand Farros fit preuve d’une dextérité insoupçonnée. Il lança l’assiette de sa main droite à une trentaine de centimètres de hauteur pour la rattraper plus tard et, pendant ce laps de temps, propulsa Anatara en l’air à l’aide de sa main désormais libre, celle-ci prenant un puissant appui sur sa paume à l'aide de son pied.

Le Cabot assista alors à l’un des spectacles les plus impressionnants qu’il eut jamais vu. La rousse, légère et athlétique, traversa l’espace à vitesse folle, et, d’une grande bouchée, goba le beignet tout rond, atterrissant sur ses deux pattes, légèrement déséquilibrée, manquant de glisser sur l’une des gaufres qui n’avaient pas survécu. La jeune femme déposa alors les assiettes sur l’un des établis qui se trouvaient près d’elle. Elle semblait encore avoir de la place car elle s’empara de l’un des choux à la crème qui composaient sa pyramide.

Farros fit de même avant de s’écrouler sur une chaise, le souffle coupé par les efforts qu’il venait de faire. Il mit un instant à se rendre compte que tous les regards étaient portés sur lui et Anatara :

« Arf, oui, les résultats ? Et bien… Euh… Je crois que vous pourrez tous revenir tenter votre chance une prochaine fois… Songez à réfléchir à la valeur de la nourriture… ».

Tous les candidats se dirigèrent donc vers la sortie, certains grommelant, d’autres rougissant de honte. C’est alors qu’il aperçut quelqu’un d’autre dans l’encadrure de la porte, prête à quitter la salle :

« Sauf vous, bien-sûr ! Vous êtes embauchée, si ça vous intéresse toujours... Visiblement, vous êtes la seule à savoir à quel point la nourriture est quelque chose de précieux. Et puis, je dois l’avouer…




Votre crêpe était délicieuse, herf herf».
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— Oui, youpiii ! À moi les desserts !

_____Je lui saute au cou et lui smack la joue, ce qui le sonne légèrement. Bon, dans un premier temps il faut faire un peu de ménage et sauver ce qui peut être sauvé. Mettant à contribution les pêcheurs suffisamment reconnaissants pour nous attribuer encore un peu de leur temps, nous avons vite fait de nettoyer la salle et de la rendre de nouveau comme neuve, et je profite bien sûr de l’occasion pour lécher les cuillères, manger les pâtes, goûter d’appétissantes créations et noter les bonnes idées dans un recoin de ma tête pleine de friandises. Curieuse, je lui demande en quoi consistera mon boulot et comment s’organisera la semaine. Franchement, j’espère avoir un peu de temps pour moi parce que le but c’est aussi de pouvoir explorer l’île.

_____Les gens prétendent qu’il n’y a rien d’intéressant à Cocoyashi mais je suppose que c’est parce qu’ils n’ont pas regardé d’assez près. Avec un peu de chance je vais rencontrer quelqu’un d’exceptionnel, découvrir un trésor ou être témoin de la formation du prochain amiral de la Marine ! Par moments, je raconte un peu ma vie à Farros, je lui explique comment j’ai gagné mes compétences en cuisine et à quel point elles m’ont été utiles sur Shimotsuki : là-bas, elles étaient littéralement ma monnaie d’échange et c’est elles qui ont convaincu le grand maître Hanzo de me livrer son savoir.

— Et oui, je suis maîtresse épéiste ! Une lame à la main, je suis imbattable, mouahaha.

_____Farros, bien qu’il me porte une attention curieuse et polie, ne semble pas plus impressionné que ça par ma vantardise. Bah ! Je n’ai pas besoin qu’il m’admire, le tout c’est de savoir se défendre. Dans la foulée, je lui raconte différentes fêtes d’anniversaire et diverses anecdotes liées à mes gâteaux. Parfois, nous sommes pliés de rire mais parfois je fais un flop parce que la magie du moment lui a échappé. Bon, tant pis ! Pour moi c’étaient de merveilleux souvenirs et ça me fait plaisir de les ressasser. Soucieuse de ne pas monopoliser la parole, je lui laisse aussi le temps de parler et de respirer, je lui pose des questions de cuisine, je l’invite à me parler de lui, à me raconter son histoire et à partager ses meilleures recettes. En échange, je lui livre un de mes secrets : mettre une fine couche de sucre sur le plat avant de verser la pâte. Non seulement ça évite que le gâteau colle après la cuisson, mais en plus ça crée une délicieuse couche caramélisée qui rend le dessert absolument délicieux au croqué.

_____Je lui raconte aussi comment tout ce que je fais se transforme généralement en brioche : les cookies-brioches, les madeleines-brioches, le pain-brioche et les crêpes-brioches. Alors que je lui rapporte la fois où j’ai voulu faire des muffins qui allaient finalement donner des muffins-brioches, je me rends compte que ce n’est pas forcément la meilleure façon de me mettre en avant face à quelqu’un qui vient juste de me recruter.

— Ah, mais, euh… c’est parce que j’adore les brioches, ce n’est pas du tout parce que je fais les choses au hasard, bien entendu… Je peux faire autre chose que des brioches si je veux !
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Décidément, Anatara était vraiment marrante. Farros était à peu près certain que la jeune femme ne s’était pas rendu compte qu’elle parlait depuis une demi-heure, maintenant. Ça ne le dérangeait pas, loin de là. Il était toujours content de pouvoir parler, que ce soit de cuisine ou d’autres choses. Il lui expliqua son enfance à Shell Town, comment et pourquoi il avait décidé de se lancer dans la cuisine. Il lui révéla même l’odorat surpuissant dont il avait été doté à la naissance, ce qui sembla l’émerveiller au plus haut point.

Leur discussion dura encore 30 minutes avant que tous deux se dirigent vers la sortie du restaurant, réalisant que l’obscurité nocturne régnait depuis un moment déjà sur Cocoyashi. Farros se tourna vers Anatara :

« Vous pourrez commencer dès demain matin. Je communiquerai votre nom au patron, vous en faites pas, herf herf. Ça tombe bien, il y a justement le magazine Crêpes & Co qui vient faire une évaluation de nos desserts. »

Les yeux de la jeune femme triplèrent de volume et il était évident que celle-ci se retenait d’exploser d’excitation à l’idée de pouvoir peut-être donner à ses crêpes la notoriété qu’elles méritaient. Tous deux se saluèrent poliment par une poignée de main maladroite.

Alors que Anatara se dirigeait il-ne-savait-où, Farros, lui, regagnait le port, où sa cabine l’attendait. Il déambulait, épuisé, sur les chemins pavés de la ville aux mandarines, éclairé par l’étrange lueur orangée qu’avait la lune ce soir-là et dont le reflet sur les flots marins ne rendait le décor que plus somptueux encore.

Le Cabot était heureux de voir que la relève était présente. Lui, en revanche, était perturbé depuis un moment. Il doutait de ce qui avait toujours été son rêve jusque-là, et songeait à modifier ses plans d’avenir. C’était rassurant de savoir que sa passion et sa curiosité culinaire ne disparaissaient pas pour autant. Il était curieux de voir ce qu’Anatara et d’autres cuistots en herbe allaient apporter à la gastronomie. Pour lui, en revanche, tout ça appartiendrait bientôt au passé. Il ne regrettait rien et chérissait chaque instant de sa vie de cuisinier.

Enfin, assez réfléchi pour ce soir. Il fallait dormir maintenant.



Bonne nuit, les pêcheurs. Bonne nuit, Mogla. Toi aussi, Obelon.




Bonne nuit, Anatara.








Bonne nuit, Cocoyashi.
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