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Un glapissement dans la tempête

Un glapissement dans la tempête Xya2


Cher journal,

Les roues du Puffing Tom crissent avec force sur les rails alors que le train le plus incroyable du monde perd de la vitesse et ralentit jusqu'à s'arrêter sur le bord du quai. Toute sa structure tangue, ballotée par une mer agitée. La pluie qui tombe dru résonne sur le toit, et le vent fait un tel bruit que l'on entend tout juste le contrôleur s'exclamer:

"- Gare de Water Seven, Blue Station, deux minutes d'arrêt !"

Je me mêle à la foule des passagers qui descendent du véhicule. La plupart des gens s'écartent sur mon passage et je sors du wagon sans mal et sans encombre. Je me plais à penser que cette réaction est due à mon aura naturelle, à la galanterie qui est bien ancrée dans les moeurs des gens d'ici et au respect de mon rang, mais quelqu'un de plus terre à terre comme toi journal suggérerait sans doute que c'est plutôt à cause des quatre sbires vêtus de noir et à l'allure patibulaire qui m'escortent, portent mes bagages, écartent sans ménagement les voyageurs qui bloquent le passage, m'ouvrent la porte et m'aident à descendre.

Dehors la tempête souffle si fort que je manque de m'envoler ! La pluie nous frappe comme un rideau de grêle, le vent emporte chapeaux et parapluies, et c'est soutenue par l'un de mes sbires que j'atteins l'abri des bâtiments de la gare. Mes subordonnés et moi ne nous éternisons pas, pas plus que les autres passagers qui ont eu le courage d'emprunter le Puffing Tom un jour de tempête, et nous nous réfugions à l'intérieur.

♦♦♦♦

Cher journal,

L'hôtel "Il Palazzo" est certainement l'un des établissements les plus luxueux de Water Seven. Un des plus coûteux aussi, mais c'est le genre de petit détail qui sera mentionné dans ma note de frais de mission sous l'intitulé "logement, nourriture & frais divers pour cinq personnes". De toute façon les sbires n'auront pas leurs propres chambres, ils assureront ma sécurité et les missions diverses d'enquête en extérieur.

A travers la fenêtre de ma chambre, je contemple la ville noyée derrière un rideau de pluie. Difficile de croire que je suis face à la chatoyante Water Seven, la fameuse cité aquatique, lieu de naissance de la moitié des navires célèbres de notre monde et bijou de Grand Line ! Mais il ne s'agit pas seulement de la pluie: une ombre plane sur cette ville, une ombre de mort...
Avoue que ça en jette, journal !? J'adore commencer mes histoires par de petites envolées comme celle-ci ! Un peu de ténèbres, de la tension, et voilà un cadre parfait ! En plus je n'invente presque rien !
Car non, journal, je ne suis pas venue sur cette île pour le plaisir d'occuper leurs hôtels de luxe, pour faire des promenades en yagara dans leurs dédales de canaux ni pour le frisson d'emprunter le puffing Tom en pleine tempête. Si le Cipher Pol 5 envoie sa meilleure agent ici c'est pour débusquer et capturer un tueur. Cela fait plusieurs mois que cela dure: plusieurs mois que les honnêtes citoyens ne dorment plus que d'un oeil et guettent, d'un air apeuré, la mort qui rôde autour d'eux. Les nuits de pleine lune un tueur sévit: au petit matin on retrouve un, parfois plusieurs cadavres ensanglantés, lacérés, souvent mutilés, comme s'il avait été dévorés par une bête sauvage. Sauf que les bêtes sauvages ne vivent pas sur des îles à quatre vingt dix pour cent artificielles comme Water Seven, ni n'échappent durant des mois aux forces de l'ordre malgré de nombreuses battues !

Que ce soit clair journal: l'histoire d'un animal surnaturel qui n'apparaît que les nuits de pleine lune, je n'y crois pas. Ce à quoi je crois en revanche, c'est au fichage des criminels ! Water seven abrite des centaines de rebuts de la société, des pirates et des mafieux, la plupart de passage pour recharger leur log pose ou offrir une seconde jeunesse à leur navire. Nombreux parmi eux ont leur tête mise à prix et il y a bien plus de raisons de soupçonner des criminels bien réels de commettre des meurtres plutôt qu'un vague monstre démoniaque.

Je pourrais te parler en long, en large et en travers de la façon dont j'ai mené l'enquête: comment j'ai répandu mon réseau de sbires à travers la ville comme une toile de tu-sais-quoi-à-huit-pattes implacable. Mais entre nous, qui ça intéresse les détails fastidieux ? De toute manière dans mon rapport de mission il sera indiqué que j'ai fait les choses les plus importantes toute seule et que mes sbires, bien qu'indispensables (je ne tiens pas à subir des réductions de personnel !), n'ont accompli que des tâches mineures et ingrates ! Ce qui importe c'est que j'ai à présent en ma possession sept avis de recherche qui concernent les sept pirates actuellement en séjour plus ou moins discret sur l'île et qui sont mes suspects principaux. Autant de personnes qui auront très bientôt la visite des hommes en noir du gouvernement mondial...


Dernière édition par Caramélie le Ven 20 Aoû 2021 - 22:13, édité 1 fois
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Cher journal,

Flanquée de sbire n°1 et sbire n°2, j'entre d'un pas de conquérante dans la salle principale du Coq en Flammes, un petit bouiboui comme seuls en fréquentent les marins de seconde zone et les criminels. Je n'étais pas désirée, en témoigne le garde qui gît au sol contre la porte devant l'entrée, mais comme c'était l'homme de main d'une présumée criminelle -et qui plus est un personnage secondaire- personne ne s'en soucie.
Une quinzaine de personnes occupent la taverne, plus la patronne, la pianiste et le serveur que je compte comme des éléments du décor. On m'observe avec méfiance et il y a de quoi: habillée tout de noir de mon chapeau jusqu'à mes collants, encadrée par deux sbires tout aussi noirs, j'ai clairement l'allure d'une fille qui vient lui chercher des ennuis ! Enfin je voulais dire d'une femme qui vient chercher les ennuis journal, pas d'une fille. J'ai l'air d'une femme très sérieuse et très adulte même ! Si je fais autant d'efforts vestimentaires ce n'est pas pour rien !

Je m'avance au milieu des tables agencées en forme de U, tout droit vers la femme qui en occupe la position centrale. Avec l'assurance de celle qui possède un ordre de mission avec marqué "Cipher Pol", "Gouvernement Mondial" et "Utilisez tous les moyens que vous jugerez adaptés" dans sa poche, je sors de ma veste un avis de recherche que je plaque avec fermeté sur la table en déclarant:

"- Martine al Haplag, alias Martine la Meurtrière, alias Devil Fennec, au nom du gouvernement mondial je vous arrête ! Vous serez conduite à Enies Lobbies afin de répondre de vos crimes devant la justice."

Avoue que j'ai la classe journal ! Avec une entrée pareille je n'ai rien à envier à tous ces justiciers qu'on voit dans les romans !

La criminelle ici c'est Martine al Haplag, une capitaine pirate qui s'est fait une petite réputation ces dernières années en arraisonnant plusieurs navires marchands et en massacrant leurs occupants. C’est une femme entre deux âges au visage dur, bronzé et marqué par la vie en mer. Elle possède une aura impressionnante, à la fois imposante et bestiale, appuyée par un regard particulièrement intense. Elle, c’est certain, tout le monde la qualifie de “femme” et pas de “fille”.
Normalement le Cipher Pol n'empiète pas trop sur les territoires des pays fédérés pour traquer leurs criminels à leur place, surtout dans le cas de Water Seven où les pirates contribuent pour beaucoup au chiffre d’affaires de Galley-la compagnie, mais la traque de la Bête me fournit un prétexte parfait pour faire du braconnage ! Avec un peu de chance je tomberai sur la bonne cible du premier coup...

La plus grosse faute de madame al Haplag à vrai dire, ce n'est même pas son statut de pirate ni l'avis de recherche à son nom qui l'illustre de manière peu flatteuse avec la mention "10 millions de berrys, morte ou vive", mais la rumeur selon laquelle elle possèderait un fruit du démon de type Zoan. Pas besoin d'être une génie -ce qui n'exclut pas que j'en sois une !- pour calculer que mystérieux monstre-bestial-tueur + fruit du démon zoan = le coupable,  ce qui en fait ma suspecte n°1 ! J'aime m'appuyer sur des preuves concrètes journal, et un fruit du démon c'est absolument scientifique !
Loin de partager mon enthousiasme, la femme fronce les sourcils.

"- Tu fais une très grave erreur jeune fille. Sors de notre taverne et quitte immédiatement la ville. Tu n'es pas la bienvenue ici: ni toi, ni ceux que tu représentes."

Je comprends qu'elle l'ait mauvaise car je la provoque: à sa place, moi aussi j'aurais du mal à assumer un pseudonyme comme "Devil Fennec" ! C'est le problème quand on choisit son nom d'artiste avant d'avoir un minimum de maturité: on se retrouve avec des noms à base de jeux de mots, des noms à base de ténèbres/mort/mal, ou pire que tout des pseudonymes dans des langues étrangères ! C'est pour cette même raison qu'on devrait interdire à beaucoup de parents de choisir le prénom de leurs enfants !
Quoi ? Mes parents ? Oh non eux ça allait, ils ont eu le temps de s'entraîner sur ma grande soeur.

La tension monte d'un cran ; je sens l'agressivité à peine dissimulée des personnes autour de moi. Il faut dire que la citoyenne al Haplag semble entourée par bien plus que de simples compagnons de boisson. Si j'étais mauvaise langue journal, j'emploierais sans doute les mots "ramassis de pirates".

"- Ce n’était pas une proposition. Mes ordres ne m'imposent pas de vous ramener vivante, et si vous ne coopérez pas j'userai des moyens que je jugerai nécessaires pour vous amener devant la justice."

Eh oui journal, c'est ça quand on a les bonnes accréditations ! Tu n'imagines pas à quel point je me sens puissante ! Pas parce que je tyrannise une criminelle hein, parce que c'est terriblement classe ! Comment ? Ça fait deux semaines que je t'en parle tous les jours tellement je suis fière ? Oh, tu as toujours eu le don d'exagérer journal...

Très précautionneusement, la femme en face de moi pose ses mains sur la table et recule sa chaise. Je sens de l'agitation autour de moi, comme si les autres personnes présentes étaient en train de se préparer à quelque chose. Mais de respectables citoyens soucieux de rester du bon côté de la loi ne feraient rien pour entraver le déroulement de la justice, n'est-ce pas ?
Je tire de ma veste une paire de menottes que je fais tournoyer avec élégance entre mes doigts -je me suis beaucoup entraînée !-. Quant à savoir comment j'arrive à cacher ce genre d'objet malgré une tenue relativement moulante, journal, dis-toi que c'est une spécialité du CP. Certaines collègues sont encore plus fortes et arrivent même à ranger des fouets barbelés dans leur minijupe !
D'un signe de tête, j'indique à mes deux acolytes qu'il est temps de passer à l'action et ces derniers s’avancent afin de se saisir de l'accusée.

BAM ! D'un coup de pied, al Haplag projette sa table devant elle avec une extrême violence ! Le meuble de bois percute avec violence le pauvre n°2 qui se fait aplatir en poussant un lamentable "bouerghaaarg !", et je ne l'évite moi-même qu'en bondissant dans les airs !
Zut... bon, un sbire de perdu c'est encore un taux de perte acceptable non ? J'espère sinon le chef Rei va me passer un savon ! Bah, ce n'était qu'un sbire, je ne connaissais même pas son vrai prénom.... Paix à ton âme numéro deux, on ne t'oubliera jamais. Du coup, j'imagine que c'est sbire n°3 qui devient le n°2. On va faire comme ça journal, ce sera plus simple pour ne pas se mélanger les pinceaux.

De toute manière j'ai d'autres soucis pour le moment: avant même que je ne retombe au sol, je vois plusieurs clients enjamber les tables et se ruer dans ma direction l'arme à la main ! Je me tords de manière élégante et aérienne pour éviter une attaque, bondis pour me dégager, et en un soru qui provoque des exclamations d'admiration dans l’assistance je recule jusqu'au fond de la pièce, ce qui me permet de voir la situation dans son ensemble.
A ma droite et à ma gauche, les pirates au nombre d'une douzaine dégainent leurs armes et se jettent sur nous tandis que trois clients vraisemblablement innocents, la patronne et le serveur se cachent comme ils le peuvent. La pianiste continue à jouer évidemment. Sbire ex-n°2, écrasé sous le bureau, est hors-jeu (arrête de dire des bêtises journal, ce n'est pas lui qui est en train de gémir "à l'aide, j’ai maaaal, je ne suis pas encore moooort !"), tandis que Sbire n°1 est aux prises avec plusieurs de nos assaillants et pare leurs coups autant qu'elle peut. Quant à al Haplag, elle... me fonce dessus !

Un frisson parcourt tout mon corps: la femme à laquelle j'avais affaire à laissé place à un monstre horrible, mi-animal mi-humain ! Elle est intimidante, terrifiante même, avec sa gueule de renarde garnie de crocs, sa grande queue qui bat les airs, ses griffes de la taille de couteaux déployées dans ma direction, son pelage blanc-roux touffu et ses grandes oreilles toutes mimi ! Pourtant le fennec, l'animal dont al Haplag semble avoir mangé le zoan, est un tout petit renard et sous forme hybride elle ne doit pas dépasser le mètre quarante !
Malgré la surprise et la vitesse de mon assaillante qui me force à esquiver en catastrophe, j'ai un petit sourire de satisfaction en obtenant la quasi-certitude d'avoir débusqué la fameuse bête de Water Seven. J'esquive une seconde attaque qui fend l'air avec un bruit sinistre de griffure, pare une troisième et repousse une quatrième à l'aide d'une chaise. La pirate est forte, mais visiblement surprise et contrariée de rencontrer de la résistance.
A ce moment la porte de la taverne est sauvagement repoussée par Sbire n°2 (l'ex-numéro 3, pas celui qui est mort) qui entre dans la pièce avec le même air de conquérant que moi il y a quelques minutes (mais en moins bien), en compagnie de numéro 3 (ex-numéro 4) et de plusieurs autres sbires que j’ai pu mobiliser sur place grâce à mon ordre de mission. Il s'exclame:

"- Que personne ne bouge ! Rendez-vous au nom de la loi, le bâtiment est cerné !"

Ha, le ringard ! Il ferait mieux de laisser les répliques aux vrais agents. Mais au moins il a suivi mon plan: bloquer toutes les issues et intervenir si ça tourne mal. Les pirates, voyant l'équilibre des forces s'inverser soudainement, changent de tactique. Leur capitaine s'écrie de sa voix rauque de canidée:

"- Dispersez-vous ! Ne les laissez pas vous attraper ! Glapit glapit !"

(Un fennec ça glapit, mais je ne sais pas trop quelle onomatopée utiliser pour décrire ce bruit. Tu ne m'en voudras pas si j'écris ça "glapit" plutôt que "crouic-crouic" ou "kiou-kiou" ? Tu es bien aimable journal.)

Et sur ces mots, elle bondit et saute par la fenêtre ! C'est fou quand même ce que les gens sont prêts à faire pour ne pas aller à Enies Lobbies. Ils en font des histoires pour un simple passage au tribunal ! Pourtant s'ils sont innocents ils n'ont rien à craindre, la justice mondiale est juste. Et si le tribunal d’Enies Lobbies condamne presque cent pour cent des accusés c'est uniquement parce que les gens qu'on y envoie sont presque tous des criminels avérés !
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Cher journal,

SBLIIIIIING !

La vitre explose autour de moi tandis que je fais un élégant vol plané dans les airs avant de me réceptionner tout aussi gracieusement sur le sol. La femme-fennec a atterri juste quelques mètres devant moi, mais d'un simple bond sous sa forme hybride elle esquive les deux sbires qui la menacent de leurs armes et détale à toute allure en direction des canaux !
Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur l'échec de ma belle stratégie qui prévoyait l'encerclement du bâtiment par mon groupe de sbires pour empêcher al Haplag d'utiliser sa tactique habituelle, et m'élance à sa poursuite avec mon meilleur sprint. Comment ? Tu t'en moques parce que tu es vexé ? Tu trouves que ça ne se fait pas de commencer à s'adresser à son journal avec un vulgaire "sbliiiing" ? Eh mais que veux-tu, tu es devenu un feuilleton d'action mon pauvre !

Bondissant plus que je ne cours, je slalome entre les quelques passants qui osent braver la tempête, descend un escalier, évite un poteau qui s'élève en plein dans le passage, et colle au train de la fugitive qui fonce aussi vite que lui permet sa forme hybride dans les ruelles étroites d'une ville labyrinthique toujours battue par la pluie et le vent qui ralentissent notre course à toutes les deux.

Al Haplag enjambe un muret et saute dans une ruelle en contrebas. Je l'imite moins d'une dizaine de secondes plus tard d'un mouvement habile, et... constate avec désarroi qu'il ne s'agit pas d'une ruelle mais d'un canal ou barbotte paisiblement un petit groupe de yagaras ! Avant d'avoir pu faire quoi que ce soit, j'atterris tout droit dans l'eau telle un vieux sac rempli de chatons jeté par-dessus un pont.
Que ce soit clair, ce n'est qu'une image: je n'ai jamais noyé de chatons dans un sac ni vu quelqu'un le faire ! La rumeur comme quoi il s'agit d'une des épreuves de passages pour devenir une agent certifiée du Cipher Pol est absolument fausse !.

J'émerge quelques instants plus tard, toute trempée et particulièrement vexée par ce qui vient de se passer. Je débarrasse mon visage de toute l'eau qui dégouline dessus et ouvre les yeux juste à temps pour voir la femme-fennec faire démarrer un yagara monoplace. Elle se permet même de le lancer narquoisement:

"- Adieu petite, bon bain ! Glapit glapit !"

Des Yagaras. Là c'est la même chose mais il y en a plus, et surtout c'est la tempête:

La rage au ventre, je regarde la pirate s'en aller en faisant avancer maladroitement sa monture dans les eaux agitées du canal tandis que les autres yagras me dévisagent bêtement. Sur le quai, depuis la guérite où elle se tenait à l'abri, une pauvre femme s'exclame:

"- Au voleur ! Mon yagara ! Un monstre vient de me voler un yagara !"

Vite ! Sans perdre de temps je récupère mon chapeau, le coiffe, regrette aussitôt parce qu'il est encore tout trempé et dégoulinant, le retire, et m'extirpe tant bien que mal de l'eau pour enfourcher à mon tour un des yagaras du troupeau ! J'en choisis un qui me plaît bien, un tigré blanc et jaune que je trouve plutôt joli et que je décide de nommer Citron Meringué ! Je n'ai jamais conduit ce genre d'animal de ma vie mais ça a l'air plutôt instinctif: on tient les rennes, on les dirige manière plus ou moins instinctive et on encourage le yagra à avancer, ce qu'il fait plus ou moins de lui-même dans la direction qui lui plaît.

"- Hé ! Descends tout de suite de mon yagara !"
"- Ne vous inquiétez pas madame, je vais rattraper votre voleuse ! Et puis on vouvoie les adultes normalement !"
"- Ah bon tu es... vous êtes une adulte ? Descendez de la quand même, vous allez vous faire tuer et moi je vais perdre un autre yagara."

Ignorant cette vieille râleuse, je donne une impulsion à Citron Meringué qui s'élance ! Me tenir assise dessus tout en contrôlant ce drôle d'animal est beaucoup plus difficile que je ne l'aurai cru: il penche sérieusement à gauche, beaucoup trop même... hé Citron redresses-toi !!

"- Tu vois tu n'y arrives pas. Il faut que tu t'assoies et que tu te tiennes bien droite, et que tu cries "yeeeha !" en agitant les rennes vers l'avant si tu veux avancer."
"- Oh. Merci madame."
"- Tu veux bien me ramener mon Yagara et laisser faire la police maintenant ? Il s'appelle Kabuto en plus, pas Citron Meringué."
"- C'est nul Kabuto, Citron Meringué c'est bien plus joli ! Et puis c'est moi la police justement ! Je vous le ramènerai ne vous ne faites pas: je travaille pour le gouvernement mondial donc je suis digne de confiance."

Ignorant la réponse de la bonne femme (qui ne pouvait être autre chose que: oh je comprends. Bonne chance à vous, vaillante défenseuse de la justice !), je me penche en avant en essayant de rester aussi droite et stable que possible et actionne les rennes en criant. Citron hennit et s'élance à une vitesse qui est certainement déconseillée pour une débutante comme moi !

VZIUUUUUUU !

Je traverse la longueur du canal à toute allure, effectue un virage serré en manquant de rapper de tout mon long le bord du quai, et repart de plus belle ! Je rattrape assez vite al Haplag qui visiblement n'est pas plus à l'aise que moi sur sa monture mais qui conduit bien plus prudemment. M'entendant arriver elle se retourne, glapit en montrant les crocs, puis se décide elle aussi à faire quelques excès de vitesse !

Nos deux montures foncent sur le canal en provoquant de larges gerbes d'éclaboussures autour d'elles. L'eau est agitée à cause de la tempête qui sévit et de la pluie, ce qui n'arrange pas notre conduite ! En plus de ça je trouve que le courant s'accélère drôlement !
Nous arrivons à un croisement ou plusieurs canaux se rejoignent en un seul dont le débit est nettement plus élevé. Je vois la pirate devant moi tenter de bifurquer vers la droite, mais le courant est trop fort et elle se fait emporter tout droit ! Je la suis bon gré mal gré, décidée à ne pas abandonner ma course malgré le danger ; je me prends de plus en plus de vagues d'eau à la figure, Citron Meringué tangue dangereusement et avec son allure je manque de lâcher prise à chaque embardée !

Une nouvelle vague vient m'éclabousser le visage, et lorsque j'ouvre les yeux ma cible a disparu. Bien embêtée, je me dresse autant que je peux sur ma monture et regarde autour de moi pour voir si elle ne s'est pas enfin décidée à sauter sur les quais (ce qui me plairait bien journal je te l'avoue, parce qu'elle nous fait faire des choses vraiment dangereuses là !), quand je découvre finalement où elle a disparu: dans l'énorme chute d'eau vers laquelle mène le canal dans lequel nous nous sommes laissées emporter !
Entraînée par les rapides et contrainte par mon besoin de suivre la pirate, je me laisse glisser vers la cascade en essayant de réduire autant que possible ma vitesse ce qui est, avouons-le journal, un peu utopique. Et finalement je tooooombe !


Dernière édition par Caramélie le Lun 8 Juil 2019 - 20:47, édité 1 fois
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Cher journal,

Au moment où ma monture et moi passons par-dessus bord, je vois une gargouille particulièrement moche accrochée au mur en pierre qui borde la chute d'eau. Une gargouille qui ressemble à un gros fennec humanoïde trapu et trempé, et qui se maintient d'une main au rebord tandis que de l'autre elle agite un yagara qui crie de panique et qui appelle à l'aide ! Lorsqu'elle me voit, la femme-fennec glapit, fait tournoyer la pauvre bête de plus belle, et me la lance telle une boule de bowling tandis que je chute toujours !

Heureusement journal, je suis bien meilleure adepte du rokushiki que pilote de yagara. Je me redresse, prend appui sur Citron Meringué, et effectue un élégant, que dis-je, un splendide et acrobatique geppou qui me permet de parcourir les quelques mètres qui me séparent du rebord de la chute d'eau. J'ai un regard plein de compassion pour ma monture qui se fait violemment percuter et qui tombe dans la chute d'eau en gémissant. Adieu, mon courageux et rapide destrier... Enfin mieux vaut lui que moi.

Je me suis réceptionnée non loin de la pirate qui affiche un rictus furieux. Elle ne s'attendait visiblement pas à que je m'accroche à elle avec autant d'acharnement ! Debout en équilibre sur un haut mur étroit et balayé par la pluie, entourée par le vide d'un côté, la chute d'eau de l'autre, et une zoan en colère devant moi qui me bloque la seule issue, je suis tout de même dans une situation un peu délicate ! Pour ne rien arranger je suis toujours trempée, dégoulinante d'eau, et mes vêtements me collent à la peau d'une manière très désagréable ! Cela dit journal, je trouve que ça me donne un petit air de combattante redoutable qui ne lâche rien qui me met plutôt à mon avantage ! Mon adversaire est trempée elle aussi, mais en toute objectivité ça lui réussit moins qu'à moi: avec ses vêtements dégoulinants mais surtout son pelage qui la fait ressembler à une serpillère, elle a perdu beaucoup de sa superbe !
Jugeant le moment opportun, j'affiche un sourire avantageux et lui lance fièrement:

"- Vous ne pouvez pas échapper à la justice ! Trop de personnes attendent votre procès. Rendez-vous, et déposez vos... enfin détransformez-vous !"
"- Idiote ! Je vais te massacrer, glapit glapit ! Personne ne pourra m'empêcher de traverser Grand Line et de devenir la reine des pirates !"
"- La reine des pirates ? Vous n'êtes pas très originale tout de même !"
"- Si j'étais originale je serais devenue une élégante et brillante agent du Cipher Pol comme toi."

J'en fais trop tu crois journal ? Ça se voit que j'invente ? Oui ? ... Tant pis. Bon alors en vérité elle m'a plutôt dit:

"- Tu es folle de croire que tu peux tenir tête à une zoan en duel. Je t'ai attirée sur mon terrain et tes autres petits lapereaux ne viendront pas te sauver ici, glapit glapit !"

Sur cette exclamation, la pirate saute de son perchoir et s'élance vers moi toutes griffes sorties ! Manquant d'espace sur la corniche précaire pour bondir à tout va comme je le fais habituellement, j'esquive sa frappe grâce à un splendide kamie qui aurait mis des étoiles dans les yeux à tous nos spectateurs si nous en avions eu, et je contre-attaque à l'aide de la puissance du fameux "cinq centimètres de talon dans le mollet" ! La zoan glapit, retire sa jambe à la dernière seconde, frappe à son tour et manque de me lacérer le bras alors que je ne dois ma survie qu'à une nouvelle esquive élégante !

Dès le début du combat la pirate prend l'avantage: chaque fois qu'elle frappe j'esquive, mais chaque fois que je tente de répliquer elle devance mon attaque et manque de peu de me toucher ! Ses puissants coups fendent l'air et la pierre, et arrachent parfois des morceaux de rambarde ! Lorsque j'essaie de me dégager elle prévoit mes mouvements, mais lorsque c'est elle qui tente de s'écarter je lui bloque le passage. Je ressens malgré tout cruellement le manque de mes sbires pour m'épauler, et bientôt mon combat devient une lutte pour anticiper et parer ses coups, innover sans cesse pour ne pas me faire coincer, tout en sachant qu'à la moindre erreur ses griffes aiguisées viendront se planter dans ma chair.

Les pirates étant majoritairement des hommes de grande taille, je n'ai pas l'habitude de combattre des adversaires vingt centimètres plus petits que moi et cela me perturbe un peu. Outre sa puissance, al Haplag se déplace également plus vite que moi et seul un usage intensif de mon rokushiki me permet de lui tenir tête. Pire encore elle s'adapte vite: afin de contrer mon kamie la femme-bête lance maintenant des attaques à large amplitude, et pour l'éviter je suis obligée de sauter sans cesse dans le vide, de me stabiliser avec une série de geppou, et de l'attaquer aussi bien sur la corniche que depuis le vide ce qui m'épuise à une grande vitesse !

Sentant qu'elle a l'avantage, mon adversaire s'enhardit. Tout en frappant et en feintant, elle s'exclame:

"- Je suis une fennec, glapit glapit !"

Elle bondit sur moi et ma mâchoire s'agrandit démesurément, manquant de me trancher en deux avant de s'abattre sur une large portion de rambarde qu'elle déchiquète.

"- Les fennecs ça dévore les petits lapereaux dans ton genre, glapit glapit !"

En vérité elle a plutôt dit, "les fennecs ça, bluerg, beurk, ça mange -tousse, tousse- les petits lapereaux dans ton genre ! Pouah, c'est répugnant les cailloux !", mais j'aurai l'air de quoi si on a l'impression que je combats une branquignole ? En plus j'ai des doutes: c'est tout petit un fennec, ça arrive vraiment à manger des lapereaux ? Martine al Haplag a-t-elle déjà vu un vrai fennec ?

Je sais que je devrais répliquer, c'est ce que ferait toute combattante digne de ce nom avec un minimum d'à propos, mais je dois avouer que j'en suis incapable tellement toutes les ressources de mon cerveau sont occupées à anticiper ses mouvements, à réfléchir aux miens, et à éviter de me faire tuer ! Et puis d'ailleurs journal, tu ne trouves pas ridicule de bavarder tout en combattant ?! On peut faire des pauses si on a envie de reprendre notre souffle à la limite, mais si on en vient aux mains c'est qu'on a déjà pris le temps d'essayer la solution diplomatique avant ! Ce n'est pas une fois qu'on échange des coups et qu'on donne tout ce qu'on a pour s'entretuer qu'on va soudainement faire voir la lumière à son ennemi suite à un débat philosophique d'une qualité douteuse !

Au lieu de ça je réfléchis: je ne peux clairement pas l'emporter par la force brute, et une victoire couverte de sang après un duel ardu, héroïque et meurtrier ne m'enchante pas: je préfère laisser ça aux mêmes neuneus qui bavardent tout en se tapant dessus. Mon adversaire est rapide, bien plus forte, plutôt maline et avec de bons réflexes, si bien que mon seul avantage par rapport à elle est de pouvoir voltiger au-dessus du vide pour esquiver ses attaques. J'espérais éviter de dévoiler toutes mes techniques du rokushiki d'un coup, mais elle m'a poussée tellement rapidement dans mes retranchements que les seules que je n'ai pas utilisées ce sont le tekkai, uniquement parce que vu sa puissance je ne suis même pas sûre qu'il suffirait à me protéger, et le shigan parce que je n'ai eu aucune opportunité pour le placer !

En vérité il me reste un dernier coup à jouer. Une botte secrète, une ultime attaque qui pourrait mettre fin au combat en un instant. Martine al Haplag a cru m'attirer sur un terrain où elle était à son avantage mais je vais lui montrer que c'est tout l'inverse !
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Cher journal,


Je m'élance une nouvelle fois dans le vide et me stabilise élégamment grâce à mon geppou(*) à une petite distance du mur, m'efforçant de ne faire attention ni à la pluie qui s'abat toujours avec acharnement sur moi, ni à la chute d'une vingtaine de mètres dans l'eau tourbillonnante qui m'attend au moindre faux pas. Mon adversaire, quoique visiblement très impressionnée par ma manoeuvre, se prépare déjà à m'administrer une nouvelle attaque mais je frappe la première: ma jambe décrit un arc de cercle qui fend l'air, générant un flamboyant rankyaku qui fuse en direction de la femme-bête !

Ma lame d'air et celle générée par les griffes de la pirate s'entrechoquent, mais je ne suis déjà plus là pour admirer le résultat: d'un soru je me déplace de quelques mètres sur la gauche, me stabilise une nouvelle fois avec une série de geppous, et lance un nouveau -et objectivement très réussi- rankyaku ! Puis je recommence: soru sur la gauche, geppou, et rankyaku dévastateur ! Et encore ! Soru -à droite cette fois-, geppou, et rankyaku ! Déjà très essoufflée je reproduis la manoeuvre une dernière fois en y mettant toutes mes forces pour un coup final dévastateur: un soru qui me positionne juste au-dessus de la zoan, un geppou pour ne pas tomber, et... rankyaku !

J'entends la pirate hurler de rage et de douleur tandis que mes attaques s'abattent avec violence, déchirant au passage la pierre et y laissant de profondes balafres ! Je sais bien que j'avais prévu de récupérer la criminelle vivante, journal, mais tant pis: elle était trop forte pour que je prenne le risque de ne pas me donner au maximum.

Vidée de mon énergie, à la limite de l'épuisement, aveuglée par la pluie et mes cheveux trempés qui me glissent sur le visage, je me laisse tomber sur le mur. Je pose un genou à terre, prend une seconde pour récupérer mon souffle et jette un œil à ce qu'il reste de mon adversaire.

La femme-fennec est... toujours vivante ! Pire que ça, elle semble avoir paré ou encaissé toutes mes attaques sans trop de dommages... et elle me saute à la gorge ! En un instant je me retrouve plaquée au sol, étalée de tout mon long, et écrasée par cette terrifiante bête qui m'enserre les épaules de ses deux puissantes pattes tandis qu'elle me regarde avec hargne:

"- Arrête un peu de voler, glapit glapit !"

Le choc est violent et m'arrache un gémissement de douleur. La fennec est sur moi et je sens son odeur bestiale m'envahir. Sa carrure massive et impressionnante me domine, et ses babines ouvertes sur ses crocs acérés m'emplissent d'une crainte animale. Plus que jamais je me sens comme une proie... une proie démunie face à une prédatrice puissante et cruelle. J'imagine tout à fait à présent les sentiments qu'ont dû éprouver ses autres victimes avant de se faire égorger !
Je suis à sa merci, et elle exerce une telle poigne que je ne peux pas me dégager. Je manque d'amplitude pour utiliser mes attaques... Poussée dans mes derniers retranchements, manquant de temps pour réfléchir, je m'exclame:

"- Je... euh... attendez, euh... Pourquoi avez-vous tué tous ces innocents ? Vous ne pouviez pas vous contenter de faire de la piraterie ?"

Quoi ? Oui journal, je sais que je disais tout à l'heure qu'il ne faut pas parler pendant un combat... mais je dois bien gagner du temps, là ! Et puis suivre des règles c'est bien uniquement quand on gagne. D'ailleurs tu ne devrais pas plutôt t'inquiéter pour moi ? Qui t'écrira des histoires si je me fais gravement mutiler par ce monstre ?
La femme-bête me regarde quelques secondes, puis ses yeux luisent d'une lueur cruelle:

"- Mais c'est ça la piraterie, gamine. Ce n'est pas parce que je suis à terre que je vais arrêter de tuer et de piller ! Et je ne suis pas plus une voleuse que ces escrocs de Galley-La qui me demandent une fortune pour réparer mon bateau, glapit glapit !"
"- Mais pourquoi faire ça juste les nuits de pleine lune alors ?"

La zoan se redresse, comme offusquée:

"- Mais parce que je suis une fennec-garou bien sûr ! Et ce sont les seules nuits où on peut y voir sans lampe. Glapit glapit !"
"- D'accord, mais...
"- Oh, ferme la"

Sur ces mots, visiblement lassée de notre échange et convaincue que je suis trop bête pour comprendre sa logique, elle abat ses griffes sur ma gorge d'un geste sûr. Heureusement je m'y étais préparée et son coup rebondit sur mon tekkai sans y laisser d'autre trace qu'une vive douleur ! Profitant de son instant de surprise je romps ma défense, dégage mon bras gauche et plonge mon doigt tendu et aiguisé comme un poignard dans les muscles de son avant-bras, le transperçant avec la force d'une balle de pistolet !

"- Aaaargh ! Glapit glapit !"

Je tente de profiter de sa blessure pour essayer de la repousser, mais sans succès: la femme-bête n'est pas excessivement lourde mais elle me plaque par terre avec des bras plus épais que les deux miens réunis ! La zoan referme sa mâchoire sur ma nuque mais se heurte une fois de plus à mon tekkai ! Je m'agrippe alors à elle, me raidit encore, et nous roulons par terre dans une mêlée désordonnée. Al Haplag frappe avec fureur et je ne peux que parer ses coups en m'efforçant de résister à la douleur. Entraînées par notre poids nous glissons du bord étroit du mur déjà bien abimé, tout droit vers la cascade et le canal...
Forte de ses réflexes la pirate saisit le rebord, mais elle doit aussitôt lâcher prise avec son bras valide pour parer le shigan que je lui administre alors que je me cramponne toujours à sa taille.

"- Idiote ! On va tomber toutes les deux !"

Je voudrais avoir l'air maline et triomphante, mais j'ai mal et ma propre prise ne tient pas à grand-chose. Essoufflée, je murmure simplement:

"- Oui, mais moi je peux nager."

Son bras blessé peine à s'accrocher. Elle résiste un instant, se tortille autant qu’elle peut pour essayer de m’arracher la tête, mais ses forces l’abandonnent finalement et elle lâche: nous chutons alors en direction des eaux agitées du canal...

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Cher journal,

Il me faut plusieurs longues secondes une fois atterrie dans l'eau pour reprendre mes esprits et émerger à la surface. Heureusement que je suis une bonne nageuse car l'eau est très agitée sous la cascade et le courant est encore fort ici ! Je ne vois aucune femme-fennec à la surface, rien que des vagues grises et nos deux yagaras qui barbotent non loin de là. Son fruit du démon, qui était sa principale force, a donc fini par devenir sa faiblesse ! C'était prévisible après tout: le principe d'un pacte avec le démon c'est de se faire avoir au bout du compte.
J'inspire, prends une profonde réserve d'air et plonge à nouveau. Après deux tentatives je finis par retrouver al Haplag, gisant inconsciente sous sa forme humaine sur le fond du canal. L'endroit n'étant heureusement pas très profond je n'ai pas trop de mal à l'atteindre et à la ramener à la surface. Non pas que je tienne à tout prix à la ramener en vie mais tu sais ce qu'on dit: pas de corps, pas de mort. Et pas de mission validée par mon chef non plus ! En plus c'est toujours mieux vu de ramener un prisonnier à condamner.

La monture volée par la pirate étant trop amochée par sa chute, je hisse ma prisonnière menottée sur le dos de Citron Meringué et guide les deux créatures par la bride depuis la berge. Si jamais la pirate fait ne serait-ce que mine de reprendre connaissance, il me suffira de faire basculer le yagara pour l'envoyer reprendre un bon bain !
Après avoir déployé autant d'énergie je me sens soudainement vidée et épuisée. Je reprends conscience de la pluie, du vent et du froid qui me font trembler, et surtout de l'immense fatigue qui me gagne. Ça va sûrement te paraître bizarre comme analogie journal, mais je me sens comme une salle des fêtes le lendemain matin, quand tout le monde est parti dormir et qu'il ne reste plus que des tables couvertes de morceaux de chips, des gobelets en carton, des cadavres de bouteille abandonnés partout et plus personne pour s'occuper de ranger et de nettoyer.

Je finis par m'asseoir par terre, mes jambes pendant dans l'eau, indifférente à tout ce qui me mouille, le dos voûté et le regard dans le vague. C'est dans cet état que je suis retrouvée par Sbire n°1 et une patrouille qui quadrillaient le quartier dans l'espoir de nous retrouver, et qui nous récupèrent avec soulagement !

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Cher journal,

Je sors d'un entretien avec Ernest Kotty Hambourse, le fameux directeur de Galley-la Compagnie. Ce n'est pas une personne que je trouve très sympathique, il est un peu trop charmeur et gentiment insolent à mon goût, mais c'était tout de même bien de sa part d'avoir autant insisté pour me rencontrer afin de me féliciter et me remercier du service rendu. J’ai accepté ces remerciements de bon cœur: la modestie ce n’est adapté qu’avec les gens moins riches et moins puissants ! Depuis l'arrestation d'al Haplag il y a deux jours, la pleine lune s'est terminée sans autre découverte macabre. Bien sûr il y a toujours des meurtres à Water Seven, mais au moins aucune victime n'a été retrouvée éviscérée par une bête monstrueuse !

M. Kotty Hambourse a eu des mots très aimables à mon égard, et il m'a même glissé son numéro d'escargophone personnel avant que je ne parte ! Je l'ai pris évidemment: avoir des contacts privilégiés avec les personnalités influentes du monde ça sert toujours, c'est même à ça que l'on reconnaît la véritable puissance d'une personne. Tu vois un peu journal ? Caramélie fait ses premiers pas dans les hautes sphères !
Je te sens un peu dubitatif mais tu as tort. Pour quelle autre raison un quarantenaire reconnaissant aurait-il donné son numéro privé à une jeune femme comme moi ?

Nous sommes à présent dans le train avec mon équipe et notre prisonnière. Le train spécial sans escale Water Seven-Enies Lobbies est un autre privilège -particulièrement confortable- du CP dont j'use avec plaisir !
J'ai fais mes au revoir à la cité de Water Seven, sa tempête qui, très à propos, se calme enfin, à son architecture élégante, ses canaux enchanteurs où j'ai risqué ma vie, et également à mon cher Citron Meringué et à son compagnon que j'ai ramenés à leur propriétaire qui a été à la fois très étonnée et reconnaissante de les retrouver.
Au cas où cela t'intéresserait journal, Sbire ex n°2 (tu sais, celui qui a été écrasé par une table) n'est pas mort tout compte fait: il a été gravement blessé mais il s'en remettra. Par contre puisque je ne vais pas m'amuser à changer ma numérotation juste pour lui, je vais l'appeler n°4 à la place de l'ancien n°4 qui est devenu n°3 suite à l'avancement de n°2, et puis voilà !

Un glapissement dans la tempête Rrj5
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