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Le jour le plus long

« Lieutenant Kosma !
-Oui Castiel ?
-On les a perdus de vue ! Ils ont contourné cet îlot et nous ont faussé compagnie.
-Merde. En même temps, il fallait s’y attendre, les suivre à la trace, sans log pose, avec juste un groupe de navigatrices efficaces mais qui n’ont jamais foutu les pieds sur Grandline…
-Cela dit, eux doivent avoir de quoi se diriger, vous ne pensez pas ?
-Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Et arrête de me vouvoyer, ça m’angoisse, je sais bien que j’approche des cinquante ans, mais tout de même…
-Le simple fait qu’on ait atteint une île sans trop d’encombres.
-Ah, c’est une île ? Je pensais juste qu’on avait trouvé un bout de terre.
-Il va vraiment falloir que vous revoyez votre géographie...
-Tu, tu, tu… Tutoies moi, par pitié.
-Il s’agirait, si mes renseignements sont exacts de l’archipel aux éveillés.
-Drôle de nom pour une île.
-Donc j’en conclus que vous n’y connaissez absolument rien en géographie de Grandline ? Passons… C’est un archipel où la nuit n’existe pas, c’est dû au fait qu’il y a des arbres lu…
-Oui, oui, très bien… Fais le nécessaire pour qu’on puisse rencontrer au plus vite une quelconque forme d’autorité ici, je m’occupe d’appeler Kalem, il saura me dire si leur navire a accosté quelque part…
-Très bien, à vos ordres Lieutenant, me lance-t-il avec une pointe d’amertume dans la voix. »

Décidément, il ne veut pas me tutoyer… Pas grave… Ce qui m’embête un peu plus, c’est qu’il semble avoir une dent contre moi, et je ne sais pas pourquoi. D’une froideur ce type. J’aurais préféré travailler avec quelqu’un de jovial, ça m’aurait un peu plus détendu.
Je jette un coup d’œil aux quelques îlots que je peux voir depuis le hublot de ma cabine. Je ne peux qu’apercevoir une concentration plutôt dense d’arbres étranges, pas grand-chose de plus à noter. J’en saurai plus une fois à terre. En attendant, faut que je contacte le nabot. Je vais encore me faire engueuler, mais il faut que je sache si le capitaine Rooney et son équipage ont fait escale où s’ils ont continué leur route. La deuxième option serait vraiment pas une aubaine. Surtout pour le nain, coincé au fond d’une cale de bouffe avec l’angoisse d’être découvert à tout moment. Allez, appelons-le, ça permettra de savoir s’il a survécu.

PULUPPULUPPULUP.

***

Quelques coups sourds frappés à la porte de sa cabine, le capitaine Rooney relève la tête, un peu groggy. Les quelques dernières heures lui ont permis de prendre un peu de repos et le réveil après la sieste est toujours délicat. D’un grognement sonore, il invite à entrer. À tous les coups c’est sa chère sœur qui vient encore l’emmerder. Elle peut pas le laisser en paix rien qu’une minute ? La porte s’ouvre et c’est effectivement Eléa qui apparaît derrière, suivie de près par Tofu qui se caresse le haut du crâne d’un air satisfait.

« La carpe te fait dire qu’on les a semé, cap’taine, entame le second sans tenir compte une seconde des politesses d’usage.
-On a un cap ?
-C’est notre seul léger problème, l’espèce de montre zarbi dont il a besoin pour naviguer pointe toujours en direction de l’île et de ce que j’ai compris, il a besoin de cinq jours pour trouver un nouveau cap. Mais si ça t’convient pas cap’taine, j’peux aussi le forcer à ouvrir sa gueule pour qu’il nous explicite ça de ses propres mots à c’maudit muet.
-Non, merci Tofu, mais j’ai besoin de lui. Et cinq jours de pause ne nous feront pas de mal. On peut me donner une idée d’où on a atterri ?
-Archipel aux éveillés Big Brother, un endroit qui ne dort jamais. Pour le repos, on repassera… Il n’empêche qu’il y a un certain côté amusant à voir des arbres luminescents. Mais on pourra pas visiter entièrement le coin, je me doute que le lieutenant Kosma et son équipe ont dû accoster quelque part.
-Certainement… Pendant que j’y songe, on n’a toujours pas trouvé trace du nabot qu’était à bord ?
-J’suis pas allé vérifier entre les canines de Jones, mais il me semble pas, ricana un instant Tofu. De l’avis de tous, il a dû se bazarder à la mer, j’pense bien que c’est le plus probable. Mais ne t’en fais pas, si on le retrouve tout de même, il va finir à la broche. »

Afin d’éviter de rendre le contenu de son estomac, Rooney passe sur cette dernière phrase et se lève, s’étire, avant d’enfiler un pardessus et de sortir de la cabine. Un coup d’œil aux hommes qui s’agitent à bord du Swift Symbol, déjà on s’apprête à jeter l’ancre. Le navire s’est glissé près d’une petite crique. De là, il semble peu probable qu’on repère la vaisseau, à moins de vraiment passer à côté. Ça leur laisse le temps de prendre du repos, d’examiner les lieux et d’attendre d’avoir un nouveau cap. D’ici là, il suffit de faire profil bas et tout devrait bien se passer.

« Tofu ?
-Oui Capt’aine ?
-On va camper non loin du rivage, je veux qu’on puisse être prêts à lever le camp à tout moment en moins d’une heure. On fait se relayer les hommes présents à bord pour pouvoir partir au plus vite. Je veux des tours de garde sur les plages qui bordent les côtes de chaque côté et le plus régulièrement possible, s’ils arrivent à nous coincer ici on est morts, je veux être prévenu de l’arrivée de toute personne, le plus tôt sera le mieux, pour tout le monde.
-Bien capt’aine. Je vais demander à la Carpe d’organiser les hommes qui resteront à bord, Jones s’occupera des tours de garde, Eléa s’occupera du campement.
-Comment ça ? Je ne vais pas m’occuper du camp, fais-le toi ! J’suis pas ta bonniche et il me semble que tu n’as pas à me donner d’ordres…
-Je suis capitaine en second, je te donne des ordres si je veux…
-Je suis la sœur du capitaine, je ne reçois pas d’ordre. Même de mon frère.
-Laisse Tofu, tu t’occupes du campement, elle va me faire chier tout le restant de la journée sinon. »

Rooney regarde son second s’éloigner en ruminant. Les tensions dans l’équipage ne sont pas de bon augure. Ce n’est pas le moment… Il en touchera deux mots à sa sœur quand il sentira que celle-ci est prête à écouter ce qu’il a à lui dire. Autant avouer que ce ne sera pas maintenant. Le capitaine est plutôt content de ses premiers pas sur Grandline, mais il sait que tout ne se déroulera pas aussi bien tout le temps. Déjà, avec un Marine entêté qui lui colle aux basques, il risque d’avoir quelques problèmes. L’idéal serait de le semer assez rapidement. Mais peut-être faudra-t-il tout simplement l’éliminer. Il avait pu récupérer quelques informations sur ce lieutenant Kosma, mais elles sont fragmentaires et ne lui donnent rien de vraiment intéressant à se mettre sous la dent. Il verra bien comment la suite se déroulera. Quelques plis viennent s’ajouter à son front déjà soucieux. Quelque chose en lui préfère éviter le plus possible l’improvisation, mais est-ce vraiment faisable ?

***

On peut dire que le réveil de Cannelle n’est pas désagréable. Elle émerge doucement, le visage éclairé par une douce lumière qui vient de l’extérieur. Les derniers événements n’ont pas été de tout repos et la possibilité de se reposer était la bienvenue. Elle enfile rapidement quelques vêtements amples pour se mettre à l’aise, jette un coup d’œil aux couchages vides de ses trois comparses et se décide à sortir. Les yeux bouffis par son sommeil récent, les rayons lumineux l’éblouissent alors qu’elle quitte l’intérieur de la cabine du Moonstar qui leur a été attribué. En toute franchise, Cannelle n’est pas mécontente d’avoir atterri sur un navire dirigé par des femmes, même si leur statut de Chasseuses de prime la met un peu mal à l’aise. Elle n’avait jamais fait confiance à ces personnes, prêtes à tout pour récupérer de l’argent. Enfin bon, tant qu’elle même ne sera pas recherchée, elle n’aura rien à craindre d’elles. Les seuls qui peuvent faire obstacle à sa petite équipe de révolutionnaires sont les quatre Marines à bord. Et en faisant un rapide détail du pont du bateau, elle ne voit pas le lieutenant Kosma, ni aucun de ses acolytes. Ce qu’elle remarque par contre, c’est que leur navire a accosté, dans un petit port. Ni une ni deux, elle se dirige vers Olga, qui observe la ville dans laquelle ils ont accosté.

« Vous avez remarqué capitaine ? Lance la jeune érudite à son attention sans même prendre la peine de se retourner.
-Remarqué quoi ?
-Il fait nuit. »

Ce serait une toute autre personne qu’Olga Davos lui adressant la parole, Cannelle prendrait cette phrase pour une plaisanterie, mais l’ex petit rat de bibliothèque n’était pas souvent sujette aux traits d’humour. Circonspecte, la jeune femme regarde le ciel à la recherche du soleil, pour prouver à sa camarade son tort. Mais elle sait bien qu’elle ne le trouvera pas, Olga a rarement tort. Elle se retourne de nouveau pour questionner d’un regard sur ce phénomène.

« L’archipel aux éveillés, la lumière ici émane de deux sources distinctes, trois si on compte le soleil pendant la journée – si on peut considérer qu’il y a une journée ici. Ces deux principales sources de lumières sont produites par des poissons et des arbres tous particuliers.
-Comment tu sais tout ça ?
-Je l’ai lu.
-Bien évidemment. Tu saurais où est le lieutenant Kosma ?
-Vous vous êtes entichée capitaine, ça ne vous ressemble pas.
-Ne raconte pas de sottises, je surveille ce qu’il fait, je n’aime pas ne pas savoir ce qu’il fait.
-Alors vous serez contente de savoir qu’il est parti au contact d’un éventuel pouvoir local en place. De ce que j’en sais, il ne trouvera pas grand-chose, à moins que j’aie manqué des informations, l’archipel ne possède pas de dirigeant.
-Et il est parti seul ?
-Non, deux de ses camarades gouvernementaux sont avec lui, ainsi qu’une des chasseuses. Et Sarah a suivi le petit groupe.
-Très bien. Où est la dernière mouette ?
-Ici, résonna la voix de Castiel dans son dos. C’est intéressant la manière dont vous nous appelez... »

Cannelle sursaute, se retourne et fait face au jeune scientifique. Si le lieutenant est celui qu’elle espionne le plus parce que c’est lui qui a l’autorité, le blondinet au regard sérieux semble finalement un peu plus dangereux. Et la principale raison à ça, c’est qu’il est sans cesse en train de les surveiller. Elle se remémore rapidement ce qu’elle aurait pu dire de vraiment compromettant, mais un coup d’œil à Olga lui fait savoir que rien de particulier ne lui a échappé. Elle retrouve une consistance assez rapidement et affronte le regard suspicieux du Marine.

« C’est comme ça qu’on apprend à vous appeler chez le petit peuple.
-Vraiment ? Je connais d’autres milieux où on nous appelle comme ça.
-Si je puis me permettre, intervint Olga, la plupart des pays, îles ou autres qui reconnaissent et se soumettent à la loi et à la protection du Gouvernement Mondial, en gardant une partie de leur indépendance apprennent à leurs enfants le surnom « Mouette », ça évite de parler de soldats, ça donne un aspect de sympathique oiseau protecteur des mers, c’est rassurant pour les populations. »

Et ça chie en vol sans se soucier d’où tombe la merde songe Cannelle, ravie qu’Olga sache si bien expliquer des choses très simples. On ne peut pas dire que ce soit de l’improvisation, mademoiselle Davos recrache peu ou prou ce qu’elle a pu lire dans l’un des nombreux ouvrages qu’elle a parcourus, c’est pratique d’avoir une mémoire aussi impressionnante. La capitaine affiche un sourire de fierté, les femmes qu’elle a recrutées sont décidément brillantes.

***

Les ruelles se succèdent tandis qu’Amora continue de suivre le petit groupe emmené par le lieutenant Kosma. D’après les informations qu’ils ont pu recueillir auprès des quelques passants qu’ils ont croisés, il semble qu’il existe un Marine ayant voué son existence à la protection de l’île. Aussitôt informé de cela, le cinquantenaire au sourire ravageur a aussitôt pris son escargophone, contacté ses supérieurs et demandé à ce qu’on les mette en liaison. Bien entendu, malgré le numéro qu’on lui a donné, le Marine d’élite ne parvient toujours pas à joindre ledit Marine, un certain Loie Volbas. La jeune chasseuse de primes en est plutôt amusée. Elle observe ce quincagénaire plutôt séduisant s’énerver sur son petit appareil de mise en liaison. Pas difficile à perturber le bonhomme. Plusieurs fois pendant le petit trajet, elle est venue poser sa main sur son avant-bras pour lui demander quelques bêtises et à chaque tentative, le Marine s’est radouci et semblait à son entière disposition. Intéressant pour le manipuler par la suite et récupérer les primes de ces bons à rien de pirates quand l’occasion viendra.

La seule personne dans ce petit groupe qui l’ennuie vraiment, c’est cette Sarah. Ce n’est pas vraiment de la jalousie, non, car elle n’a aucunement l’intention de quoi que ce soit avec cet homme trop vieux pour elle, mais elle sent de sa part un jeu de séduction tout aussi perfectionné que le sien et ça pourrait perturber ses plans le moment venu.

« Ça ne vous ennuie pas si nous discutons un moment, minaude-t-elle auprès de son adversaire, nos soldats sont en pleines recherches et je n’aime pas vraiment être silencieuse en marchant.
-Mais bien sûr que non, ça ne m’ennuie pas, après les récents événements, une petite discussion entre filles ne peut faire que du bien, lui répondit Sarah avec un sourire chaleureux.
-Je me demande ce qui va se passer. Le lieutenant ne prend il pas des risques inconsidérés à poursuivre ces sauvages ?
-Je pense qu’il connaît son métier, du moins je l’espère, en tout cas on voit bien qu’il a de la bouteille. Il est beau tu ne trouves pas ? Je peux te tutoyer, ça ne te dérange pas ?
-Non, c’est bon, je pense qu’on peut partir sur le « tu », ça fait plus sympa. Et concernant le lieutenant, il n’est pas mal, un peu trop vieux à mon goût, je ne fais pas vraiment dans le Sugar Daddy.
-Moi ça ne me dérange pas qu’il soit plus vieux, ils ont plus d’expérience... »

Sarah lui adresse alors un regard entendu. La franchise de cette jeune femme l’épate. En tout cas, elle est plutôt sympathique et ne semble pas désirer du lieutenant grand-chose d’autre que lui-même… Ça rassure un peu Amora, elle devrait ne pas trop être empêchée par la beauté espiègle de cette potentielle rivale.

***

PULUPPULUPPULUP

Excédé par le bruit quasi continuel du petit animal de communication, Loie Volbas se lève, se traîne jusqu’au bureau où l’attend l’escargophone tonitruant, regarde l’heure un instant puis décroche avec un grognement mécontent.

« J’espère vraiment que vous avez une bonne raison de me réveiller à trois heures du matin, parce que sinon, je vous mets aux fers pour les prochaines vingt-quatre heures.
-Lieutenant d’élite Loie Volbas ?
-C’est lui-même. Allez droit au but, j’ai sommeil.
-Lieutenant d’élite Alexandre Kosma. J’aurais besoin de vous rencontrer, le plus tôt sera le mieux. Un groupe de forbans que je poursuivais a du accoster sur l’archipel, et je ne pense pas disposer de beaucoup de temps pour les retrouver, j’aurais besoin de tout le soutien possible de la part des personnes qui connaissent les lieux, à savoir, vous.
-Je vois, laissez-moi une demi-heure pour me préparer et je suis à vous. On se retrouve sur la grand-place au milieu de l’île principale ? Rassurez moi, vous êtes bien sur l’île centrale de l’archipel.
-Je crois bien, en tout cas ça ne m’étonnerait pas.
-Bon, eh bien rendez-vous dans une demi-heure. »

CLIC.

Ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu un peu d’agitation pour lui. Loie essaie de s’extirper de cet état de léthargie, se débarbouille un peu le visage, se change, attrape ses papiers attestant de son statut de soldat du gouvernement, une arme qui n’a pas du servir depuis longtemps et se dirige vers la sortie. Il se demande à quoi peut bien ressembler ce lieutenant Kosma, ça doit pas être un gars ordinaire pour réveiller les gens en plein milieu de la nuit.
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C’est tout à fait étonnant comme endroit, les rues sont quasi vides alors qu’il fait clair comme en plein jour. Malgré l’absence réelle de différence quand le soleil est absent, les habitants se couchent, ils ont conservé un rythme quasi normal d’alternance jour, nuit. J’pense que c’est dû à la chaleur apportée par l’astre, la « nuit », il fait plus frais, on dort mieux.

J’regarde un moment mon petit groupe d’exploration, pas vraiment le genre efficaces en cas d’accrocs. Mes Marines sont des scientifiques, et les deux filles, bien que somptueuses, ne semblent pas à même de se défendre toutes seules. Sans doute que je me trompe. Il faut se méfier des apparences. J’ai croisé des nanas bien plus redoutables qu’elles ne paraissaient, ce sont souvent les plus dangereuses parce que justement, on les sous-estime. Ces deux-là s’apprécient plutôt, je crois. J’ai du mal à me rendre compte. J’aurais cru le contraire tant elles s’évertuent à me tourner autour. La seule chose qui me retient de céder à leurs charmes, c’est mon nain, toujours captif d’une bande de malades. Le devoir avant tout.

« Marina ?
-Oui lieutenant ?
-J’ai besoin d’un avis féminin, je crois, que je lui glisse à l’oreille pour éviter que les autres n’écoutent.
-À quel sujet ?
-Qu’est-ce que vous pensez de ces deux-là ?
-Mh, délicate question. Vous voulez la réponse professionnelle ou la personnelle ?
-Commençons par la professionnelle.
-Eh bien, la plus jeune s’est soumise à tous les tests avant la course, sans aucun problème. Je dirais qu’il n’y a pas vraiment à se méfier. L’autre en revanche, a refusé de se déshabiller lors des vérifications d’usage, en invoquant des motifs assez vaseux, j’aurais plus tendance à la garder à l’œil.
-Et d’un point de vue personnel ?
-Je les trouve toutes les deux vraiment charmantes ! »

La conversation s’arrête là, je n’ai pas appris grand-chose, mais quelqu’un vient d’arriver sur la place et il ne me paraîtrait pas absurde qu’il s’agisse de mon collègue de l’élite. À première vue un trentenaire qui s’entretient, un peu somnolent cela dit, mais il aura le temps de se réveiller d’ici à ce qu’on trouve une piste fiable pour traquer ces pirates. D’instinct, il se dirige vers moi. Je me doute qu’il va vers le plus vieux connaissant mon nom et mon grade.

« Alexandre Kosma je présume ?
-Lui-même. Désolé de ce réveil nocturne, j’ai un peu de mal avec la notion du temps sans réel repère lumineux.
-Je ne vous en veux pas, je n’ai pas très souvent fort à faire ici, j’ai tendance à m’encroûter. Venez avec moi, je connais une échoppe ouverte à n’importe quelle heure, justement pour accueillir les touristes mal adaptés à l’environnement.
-Dean, Marina, on y va, les deux autres, si vous souhaitez toujours nous suivre, c’est le monsieur qui guide.
-Charmant jeune homme, lance Amora d’une voix suffisamment forte pour être entendue.
-J’en ferais bien mon quatre heures, répond Sarah à sa complice sans paraître le moins du monde gênée. »

Volbas, lui, devient rouge pivoine en un quart de secondes. Il détourne les yeux des demoiselles, me bégaie deux trois mots inaudibles et m’indique le chemin. Derrière moi, j’entends glousser ; les deux amies paraissent enchantées du petit effet produit.

***

Jones est à l’affût, il traque le long des côtes. Le capitaine a dit ; surveille qu’aucun navire ne franchisse sans que j’en sois averti ; il a envoyé deux gars d’un côté de la crique et s’est lui-même désigné pour veiller sur l’autre. Au loin, il entend quelque chose arriver depuis un petit moment déjà, ça va plutôt vite, ça avance sur l’eau, et Jones a son lance-pierres à la main, prêt à balancer son projectile.

Bientôt, le véhicule apparaît dans son champ de vision, un petit navire de course, rapide, piloté avec habileté par un jeune homme au physique avantageux, très sûr de son maniement. Il navigue sans réellement se préoccuper du bord, il est concentré sur son parcours. Jones ne le sait pas, et s’en contrefous royalement, mais dans deux jours aura lieu une course, et ce participant profite de l’absence de monde sur le parcours en raison de l’heure tardive pour s’entraîner encore un peu.

SCHLAK

L’énorme caillou s’envole en une trajectoire idéale. Les années dans la jungle de Jones lui ont permis de perfectionner son habileté au lance-pierres, il ne rate que très rarement sa cible, même quand celle-ci est en mouvement. Et ce n’est pas un petit bateau un tant soi peu rapide qui va changer la donne. La pierre percute la coque, perfore le bois, qui éclate en de nombreuses petites échardes. En quelques secondes, l’engin de course est à l’eau et son occupant, surpris, bataille des pieds et des mains pour rejoindre la rive.

Lorsque ce dernier arrive enfin sur la terre ferme, dégoulinant d’une eau salée, frigorifié, rageant de la perte de son bolide à seulement deux jours de sa course, Jones est là à l’attendre. Le jeune sportif relève la tête, un peu surpris de voir quelqu’un à cet endroit de l’île. Il s’approche, tente d’entamer la conversation, peu rassuré. D’autant moins sûr de lui que le sourire carnassier de cet étranger lui fait peur.

« J’ai faim, lance Jones, toujours avec ce sourire étrange.
-Eh bien… Je n’ai rien sûr moi… Mais, on peut peut-être trouver quelques fruits… Vous vous appelez comment ? Moi c’est Giorgio.
-Zatek Gorchar, ou Jones, et je vais te manger. »

Le jeune homme a à peine le temps de comprendre ce que l’autre vient de dire. La main du pirate, avec une célérité épatante vient lui trancher la carotide. Quelques jets de sang chaud sortent de la blessure, le corps du jeune athlète fait quelques soubresauts puis s’écroule, mort.

***

Dans son petit coin au fin fond de la cale de nourriture, Kalem tourne en rond. Soit qu’il n’a pas assez proféré d’insultes à voix haute dernièrement, soit que l’arrêt prolongé du navire le met assez mal à l’aise. Très franchement, il aurait bien essayé une sortie, mais il ne parvient plus à atteindre la petite fenêtre par laquelle il s’est infiltré. C’est dans ce genre de cas qu’il trouve vraiment pénible sa situation nanique. Et dans ce genre de cas qu’il a envie de jurer plus que de raison. Mais il craint trop de se faire entendre par les pirates pour risquer ce genre d’éructation grammaticale.

Dans un petit coin bien à l’abri, il garde la fiole de potion qu’il s’est concoctée. Il a décidé qu’il ne l’utiliserait qu’en dernier recours ; les risques sont trop grands pour l’ingurgiter sans que ça en vaille vraiment le coup. S’il devait repartir avec le navire pour une nouvelle destination, il se risquerait peut-être à en avaler le contenu, mais rien n’est moins sûr. Le sieur Kalem Doskop n’avait jamais vraiment eu une once de courage quand il n’était pas absolument nécessaire qu’il en aie.

Songeant un instant au dernier appel de Kosma, il est pris d’une envie irrésistible de l’appeler, de lui étaler ses quatre vérités le long de sa face tiédasse de babouin mal dégrossi. Il se ravise, conscient qu’il n’a rien d’important à lui apporter, rien de particulièrement nouveau à lui dire et aucune insulte bien sentie qu’il ne lui aurait déjà faite. Même sa créativité semble enfermée dans cette singulière captivité où ses geôliers ne savent pas qu’ils ont un prisonnier.

PULUPPULUPPULUP

« Kosma, j’ai failli avoir une attaque, je vais te faire manger tes yeux dans la bouillie de tes intestins. J’allais t’appeler, fiente de bouc.
-Pour me dire quoi ?
-Rien. Que t’es un trouduc et que tu fais mal ton boulot de merde.
-Je suis avec le lieutenant Loie Volbas, en charge de la sécurité de l’île, il a quelques questions à te poser.
-Je m’en fous de ce cornard, ramène toi illico avant que je choppe la diarrhée ou la malaria.
-Monsieur Kalem ? C’est le lieutenant Volbas, pouvez vous me dire où vous êtes ?
-Dans une cale de bouffe abruti.
-Mais le navire, avez vous une idée de…
-JE SUIS DANS UNE PUTAIN DE CALE DE BOUFFE, JE NE VOIS RIEN, JE N’ENTENDS RIEN, LA SEULE CHOSE QUE JE SAIS, C’EST QUE JE SUIS À L’ARRÊT.
-Oui… Oui… Bien sûr. Eh bien, nous allons entamer les recherches. Nous allons tout faire pour vous sortir de ce mauvais pas, en attendant, ne bougez pas.
-Très drôle. Cornard.
-Je n’ai moi-même pas d’hommes sous mon commandement, je vais donc devoir demander l’aide des habitants pour effectuer une battue, et pour cela, le meilleur moyen est sans doute de contacter la protectrice de l’île, la charmante…
-Oui, oui, rien à battre de votre blabla, vous vous démerdez pour me sortir de là et après on causera sucres d’orges et autres confiseries qui donnent la gerbe. Bonne soirée. »

CLIC

Non, mais tout de même, Kosma a le don de s’entourer de branquignoles, songe le nabot, tout aussi énervé qu’avant cet appel. Il se dirige vers un tas de provisions qu’il a eu le temps de sélectionner et attrape un bout de viande séchée qu’il se cale entre les dents ; petite astuce qu’il a trouvée pour se calmer un peu, manger.

***

Cassandra regarde attentivement ses comparses, un air on ne peut plus sérieux sur le visage. Elle passe tranquillement de l’une à l’autre, notant l’attention candide d’Amelia, la détermination féroce de Suuna et le côté faussement rêveur de Megara, dont le regard est fixé sur le hublot à sa gauche. Elle sait très bien que sa camarade de chasse n’est pas simplement dans la lune. Ce qu’elle fixe, c’est ce ciel étrange qui la déconcerte. La météorologie n’a pas de secrets pour elle, pourtant, ce ciel sans soleil, éclairé comme en plein jour, l’emplit de doutes. Leur discussion n’a pas encore commencé mais déjà une atmosphère fébrile se dégage.

« Bon, les filles, faudrait faire quelque-chose. Pour l’instant on se fait mener par le bout du nez par ce lieutenant et ses acolytes, juste parce qu’ils nous agitent un insigne du gouvernement sous l’œil. Mais c’est notre navire et on est libres, on n’a rien à se reprocher, faut qu’on réagisse.
-Qu’est-ce que tu suggères ? Demande Amelia. On ne peut pas juste les abandonner comme ça. Son ami s’est tout de même fait capturer par ces pirates.
-Mais non p’tite tête, intervient Suuna en accompagnant ses mots d’une bourrade amicale. J’ai cherché un peu dans notre registre et l’un de ceux que j’ai vus sur le pont du navire pendant les explications pour la course est primé, et pas trop mal en plus. Il faut qu’on s’arrange pour semer le dernier Marine et empocher la somme. Avec un peu de chance y aura d’autres primes avec.
-Je suis pour, valide Cassandra. Et en plus on n’est pas des bêtes, on peut libérer l’autre type, tant qu’à faire.
-Ça me va, répond la plus jeune toujours avec cette pointe de témérité naïve qui la caractérise. On procède comment ? »

Megara sort de sa contemplation du dehors pour émettre un bémol. Elles ne seront pas assez de quatre pour s’attaquer à ces pirates si tenté qu’elles les trouvent. Impossible de faire revenir Amora, il faut bien entendu quelqu’un pour surveiller le lieutenant, qu’il ne fourre pas le nez dans leurs affaires, il faut donc trouver une autre solution. Elle a raison, songe Cassandra. Ses filles ont beau être douées, il serait trop risqué de tenter quelque chose sans renforts. Elle a bien une idée, mais pas sûre que les autres acceptent.

« Je crois que je peux toucher un mot à mademoiselle Garnier. Ces filles n’ont pas l’air de porter les Marines dans leur cœur et elles ont insisté pour poursuivre les pirates. La perspective de toucher une partie de l’argent leur plaira peut-être ?
-Tu penses qu’elles pourraient servir à quelque chose ?
-Je ne veux pas faire la rabat-joie, mais la question d’Amelia me paraît juste. Elles n’ont pas l’air très douées à quoi que ce soit.
-Je voudrais pas dire, réplique Mégara, mais au premier abord, on n’est pas très impressionnantes non plus. Et quelque chose me dit que ces filles ont du tempérament et de l’expérience, on ne navigue pas seules sans un caractère bien trempé et quelque affinité avec la self-défense.
-Mouais… Ça ne coûte rien de tenter. Reste toujours un problème : le blondinet fana des plantes. D’autant qu’il leur colle aux basques en ce moment.
-Va falloir créer une diversion pendant que j’irai parler à mademoiselle Garnier. Suuna, tu t’en charges ?
-Très bien, mais je prends Meg avec moi. »

Cassandra acquiesce d’un léger signe de tête. Ces deux là ont toujours été efficaces ensemble, et il s’agit juste de détourner l’attention du p’tit gars de la brigade scientifique le temps qu’elle négocie avec l’autre groupe féminin de l’expédition. Avec un peu de chance, à sept, elles pourront arriver à gérer les pirates avant que le lieutenant et sa petite équipe ne s’en occupent. Elles ont deux avantages ; elles ne sont pas nécessairement limitées par la loi et elles ont deux personnes capables de ralentir l’autre groupe de traque.

D’un léger geste de la main, elle fait signe à Amelia de la suivre. La bouille d’ange de la plus jeune des chasseuses pourra toujours faire un appui dans la négociation avec Cannelle Garnier et son équipe.

***

Comme à son habitude, Ano se réveille très tôt. Elle aime voir son île se réveiller. Il est cinq heures du matin et le soleil ne devrait plus tarder à se lever. Pas qu’il soit d’une importance pour la visibilité étant donné les particularités lumineuses de l’endroit, mais c’est le point de repère d’une île sans nuit. Grâce à lui, les gens gardent malgré tout un certain rythme de sommeil. Et en se levant à cette heure-ci, la toute jeune dirigeante officieuse de l’archipel est certaine de faire partie des éveillés qui se lèvent tôt. Elle n’imagine pas encore qu’aujourd’hui, le fidèle Loie Volbas va venir frapper à sa porte et lui présenter un petit groupe de voyageurs en quête de conseils. D’habitude, c’est elle qui vient aux nouvelles du lieutenant. Elle y songe avec malice. Elle adore venir le sortir du lit et voir son air fatigué mais prêt à n’importe quoi pour ses beaux yeux. Un jour, peut-être qu’elle cédera aux avances du trentenaire. Mais elle est encore jeune et a d’autres préoccupations. Et c’est tellement agréable de faire tourner en bourrique ce soldat transi d’amour.

Tout doucement, elle s’extirpe de son lit, se dirige vers sa petite cuisine, fait bouillir de l’eau, sort un morceau de pain, du beurre, de la confiture – figue, sa préférée – et se prépare un bon petit déjeuner. Rien de tel pour commencer une journée qu’elle sent positive. Elle ne sait pas encore de quoi elle va s’occuper, mais la perspective d’avoir quelque chose à faire pour améliorer le quotidien de son archipel la met en joie.

Et soudain il arrive, ce léger bruit de porte sur laquelle on frappe. Elle ne s’attend pas à ce que ce soit le lieutenant Volbas. Elle s’étonne qu’on vienne la déranger aussi tôt, alors qu’il lui reste une demi-tartine et quelques gorgées de thé. Elle avale rapidement le reste de son petit déjeuner et file vers l’entrée, entrouvrant légèrement la porte pour vérifier quel est l’importun qui vient la déranger à une heure aussi matinale.

« Lieutenant Volbas ? Fait elle étonnée à l’homme qui a commencé à s’éloigner de son domicile, pensant être venu trop tôt.
-Ah, je vous ai réveillée mademoiselle Natsu. Vraiment désolé. Je reviendrai quand vous serez prête.
-Il y a un problème ? Vous ne m’avez pas réveillée, seulement interrompue dans ma collation matinale, réplique-t-elle avec cette conscience que ça le mettra de toute façon mal à l’aise.
-Ah… Euh… Désolé… Vraiment, je ne voulais pas…
-Je répète ma question, il y a un problème ?
-C’est… Oui… Euh… Non… En fait si. C’est… un collègue de la Marine et sa petite escadre qui sont arrivés cette nuit, ils poursuivent des forbans qui se sont réfugiés sur l’archipel, et j’ai bien évidemment pensé à vous pour les aider.
-Vous avez bien fait. Où sont-ils ?
-Je les ai laissés au dernier bar avant la fin du jour. Je leur ai dit que je préférais vous faire venir à eux que les emmener ici.
-Une fois de plus, très judicieuse décision. Je suis encore en petite tenue, laissez moi dix minutes et je vous suis. Ils sont arrivés à quelle heure ?
-J’ai été réveillé à trois heures, ils ont dû arriver légèrement plus tôt.
-Mh, je vois. Bon, je vous laisse, je vais me préparer, puis nous irons faire la connaissance de cette petite troupe noctambule. »


Dernière édition par Alexandre Kosma le Ven 23 Aoû 2019 - 11:56, édité 1 fois
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Les deux filles se sont calées sur une table à part pendant que nous discutons avec Dean et Marina. Peu après le contact escargophonique avec Kalem, ayant fini d’exposer pleinement la situation à Volbas, ce dernier est parti chercher une certaine Ano Natsu. Apparemment une nana qui aurait de l’influence ici. Décidément, je crois que je suis bien parti pour être entouré de la gent féminine en ce moment. J’pense un moment à ma p’tite femme, restée sur Cocoyashi pendant que j’traîne ma carcasse sur Grandline à la poursuite du nabot et de ses ravisseurs. Elle me manque un peu et je m’en veux quand parfois je cède aux œillades des deux demoiselles qui escortent mon petit régiment de Marines. Elles sont splendides, y a pas à douter, et avec une personnalité fort intéressantes. Mais bon, elles font du gringue aussi au lieutenant Volbas, alors j’me dis que c’est peut-être que le côté représentant du gouvernement qui les attire. Ça m’rend un peu mal à l’aise. C’est rare. D’habitude, même si j’me sens un peu honteux d’aller voir ailleurs, j’me rassure en pensant que ma douce doit possiblement faire la même chose de son côté. On n’en parle jamais. Mais j’crois qu’on se connaît assez bien pour pas être dupes, ni l’un, ni l’autre.

Une phrase de Marina me fait sortir de ma songerie. Dans ce dernier bar avant la fin du jour, Loie Volbas vient de revenir, avec à ses côtés une demoiselle qui n’a pas l’air bien impressionnant, mais qu’il dévore des yeux. Il en devient un peu ridicule, comme plus tôt lorsque Sarah et Amora se sont amusées à lâcher quelques plaisanteries vaseuses à son sujet. Plutôt drôle le bonhomme.

« Lieutenant Kosma, je vous présente Ano Natsu. C’est elle qui se rapproche le plus de ce qui pourrait être un dirigeant sur l’archipel.
-Je ne dirige rien du tout, réplique-t-elle avec toutefois un air ravi sur le visage, qui m’fait penser qu’elle adore son statut. Enchantée lieutenant, je serai ravie de vous apporter mon aide. Le lieutenant Volbas m’a déjà donné une idée de la situation, mais il se peut que vous puissiez en éclaircir quelques points.
-Ravi de même de faire votre connaissance mam’zelle Natsu. Je vous présente Dean et Marina, qui m’épaulent dans cette histoire, les deux filles que vous voyez là-bas font aussi partie de notre petite troupe : une chasseuse de primes et une civile, venues chacune de deux groupes distinct qui attendent sur notre navire en compagnie d’un autre de mes acolytes de la Marine.
-Attendez lieutenant, vous n’êtes que quatre membres du gouvernement ?
-On a dû laisser le reste des troupes qui m’avaient été attribuées avant de passer Reverse Mountain, il fallait agir vite pour ne pas perdre de vue ceux que nous traquons. Et c’est pour ça que nous venons demander votre aide.
-Vous savez que le lieutenant est le seul représentant de votre Gouvernement Mondial ici sur l’archipel ?
-Oui, il m’a dit. Mais ce n’est pas tant de troupes dont nous avons besoin, surtout d’une connaissance accrue du terrain. A priori, nos adversaires en sont au même point que nous. Votre aide nous permettrait de les retrouver et de les prendre par surprise.
-Bien entendu, il vous faut les retrouver dans les cinq jours qui suivent j’imagine ?
-Comment ça ?
-Je me doute qu’ils naviguent à l’aide d’un Logue Pose, et le temps de recharge pour que ce dernier s’habitue au magnétisme de l’île et montre la direction de la suivante est de cinq jours. Il vous faut donc les trouver avant qu’ils s’en aillent.
-Vous devez avoir raison… Je ne m’y connais pas très bien en navigation, encore moins quand il s’agit de Grandline. Donc, vous auriez un moyen de les retrouver rapidement ?
-Peut-être… Selon des méthodes habituelles de traque, ce sera impossible, la surface de l’archipel à couvrir est bien trop grande, il faudrait plus de cinq jours avec les effectifs que nous avons. Mais je connais quelqu’un qui…
-Vous pensez à ?
-Bien entendu lieutenant Volbas que je pense à elle. Ses capacités vous ont déjà bien servi par le passé, ne me dites pas qu’elle vous effraie encore ?
-Eh bien… Euh… Non. Mais…
-Très bien. Alors, vous me racontez tout dans son intégralité et une fois que ce sera fait, nous prendrons le départ pour aller la voir. »

Elle me fait rire. L’autorité dont elle fait preuve est impressionnante. Elle a de l’aplomb pour une si jeune personne. Je regarde mes partenaires. Ils sont tous intrigués par cette proposition. Il est vrai que nous ne savons pas qui « elle » est. Mais bon… Nous n’avons pour le moment pas d’autre piste à exploiter, alors autant suivre ce que mademoiselle Natsu a à nous dire.

***

Lorsque les deux jeunes femmes arrivèrent en trombe à son côté avec sous leur bras une sorte de grosse pêche d'où émanait une lumière douce, Castiel n'avait pas vraiment su comment réagir. Maintenant qu’il y songe, il trouve cela un peu drôle. Leur discours était complètement décousu et elles étaient terriblement excitées par leur découverte. Ces chasseuses étaient décidément pleines de ressources et de vie et quand elles avaient mis la main sur un fruit aux capacités lumineuses extraordinaires, elles étaient nécessairement venues en discuter avec l’expert en plantes vertes, lui-même. Et effectivement, c’était quelque chose. Si le jeune membre de la brigade scientifique avait en effet entendu parler de ces arbres, les Luminous, il n’en avait jamais étudié lui-même, ni même vu de ses propres yeux.

Il avait conservé le fruit, afin de l’étudier plus tard, après une longue conversation avec les deux jeunes filles, avides de savoir et de connaissances sur ce qui perturbait leur passion, la météo. Car si les nuages n’étaient pas affectées, il est clair que quand on observe le ciel et ses variations, être toujours autant dans la lumière ne devait pas beaucoup aider.

Mais maintenant Castiel a d’autres préoccupations. Si les chasseuses de prime lui paraissent tout à fait sympathiques et honorables, ce n’est pas vraiment le cas des autres jeunes femmes. Depuis qu’il les a rencontrées, il sent que quelque chose ne va pas avec elles, leur attitude est bizarre et elles sont extrêmement méfiantes à son égard. Bien entendu, tout seul, il ne peut surveiller qu’une d’entre elles, et quand le lieutenant Kosma avait demandé que Dean et Marina l’accompagne, le blondinet avait protesté. Comment pourrait-il surveiller ces louches demoiselles ? « Mais qu’est ce que vous avez besoin de surveiller mon petit Castiel ? Ce sont les pirates qu’on poursuit dont il faut se méfier, vous voyez le mal partout » avait répondu son supérieur hiérarchique avec dédain et amusement. Tant pis, il se mordra les doigts quand elles lui auront planté un couteau dans le dos.

En attendant l’ingénieur principal suit à la trace la capitaine Garnier, comme ses petites camarades l’appellent. Et bientôt, il la prendra en train de manigancer quelque sournoiserie. Quelques minutes plus tôt, il l’a vue tenter de quitter discrètement le navire et depuis, il la file pour découvrir ce qui se passe. Pour l’instant rien de bien intéressant, elle parcourt les rues de la ville, s’arrêtant de temps en temps pour observer un panneau, une vitrine ou il ne sait quoi d’autre. Patience Castiel, ton heure finira bien par arriver.

***

Contre l’avis de son frère, Eléa se risque à explorer la ville. Elle adore ça. Malheureusement, sur son chemin, elle ne trouve aucune boutique ouverte. Ça la fout en rogne. Tant pis, elle est venue jusqu’ici, il ne s’agit pas de repartir les mains vides, elles attendra. Contrairement à Edouard, elle pense que visiter les lieux peut être d’une utilité remarquable. Se cantonner à leur petite crique présente des avantages, celui de ne pas être vus dans un premier temps, mais aussi des inconvénients : impossible de savoir si leurs poursuivants avancent dans leurs recherches. Alors Eléa est partie se balader. Elle a mis un certain temps avant de trouver un endroit civilisé mais désormais, elle gambade entre les baraques, seule. Parce qu’il n’y a personne dans les rues à cette heure-ci. Ça lui fait froid dans le dos.

Alors qu’elle avance toujours en observant tout ce qu’il y a autour d’elle, elle finit par tomber sur un groupe d’hommes qui discutent sur une place. Les premiers qu’elle rencontre. Elle hésite. Même si elle n’aura aucun mal à se défendre, si ceux-ci, par le plus grand des hasards ont de mauvaises intentions, elle risque fortement d’attirer l’attention. Mais bon, elle n’a pas le choix, l’un d’entre eux l’a vue et la désigne à ses camarades.

« Bien le bonjour messieurs, je me suis perdue, vous pourriez m’indiquer mon chemin ?
-Mais avec grand plaisir mademoiselle, d’où venez vous comme ça ?
-Du port, j’ai marché pour visiter, et je me suis égarée.
-Du port ? Si c’est du grand port dont vous parlez, vous n’êtes pas arrivée, vous avez dû marcher des heures pour arriver jusque là. Et en pleine nuit ? Vous allez bien au moins ?
-Ah, euh, oui, je viens d’arriver sur l’archipel, alors je ne suis pas très habituée au rythme jour, nuit. Et j’aime marcher, mais quand j’ai voulu revenir sur mes pas…
-On comprend. On peut éventuellement vous déposer là-bas, mais va falloir attendre un petit peu, on doit charger notre matériel sur une carriole qui devrait plus tarder à arriver.
-Votre matériel ?
-On s’entraîne pour les courses de wavers et la prochaine se déroule dans trois jours, alors on va mettre nos petits bolides à flot.
-Ça à l’air passionnant.
-Ça l’est. Mon ami Mickaël ici présent en a déjà remporté une. On essaie tous d’être celui qui grimpera sur la plus haute marche du podium, mais ça demande de l’entraînement, alors on se lève très tôt pour avoir un peu de pratique avant d’aller travailler. Certains font même des sessions pendant la nuit, ça permet de rencontrer moins de monde, mais à force c’est fatiguant. Aujourd'hui ça va, on est attendus au travail qu'en milieu d'après midi.
-Je serais ravie de vous voir concourir. Ça doit être drôlement amusant ! »

Eléa se feint d’un intérêt soudain pour cette pratique qu’elle juge en son fort intérieur assez peu intéressante. Mais c’est le genre d’activité locale qui permet de connaître très rapidement les us et coutumes des gens du coin. Et c’est précisément son but. En plus, c’est aussi le type de milieu qui permet d’entendre passer les rumeurs très facilement, de quoi se tenir au courant d’un éventuel groupe de Marines qui chercherait un navire pirate accosté non loin…

PULUPULUPULUP

« Allooo ?
-Eléa, résonne la voix de son frère au travers de l’escargophone, où es-tu ? Ça fait deux heures que je te cherche.
-Je me suis égarée !
-Egarée ? Tu te fous de moi ? Je t’avais demandé de ne pas t’éloigner.
-Ne t’inquiètes pas mon frérot d’amour, je reviens dès que ces gentlemans que j’ai rencontrés m’auront montré leurs talents de navigateurs.
-TU REVIENS IMM... »

CLIC

Avant que celui-ci n’ait le temps de dire quoi que ce soit de compromettant, Eléa raccroche le combiné du petit animal. Elle regarde le groupe qui s’est arrêté de discuter pour écouter la conversation qu’elle a eu avec son frère. Elle leur adresse un large sourire, le plus charmeur possible.

« Quel enquiquineur celui-là, il ne supporte pas que je m’amuse un peu…
-Les frères sont protecteurs, c’est comme ça, moi même j’agis pareil avec ma sœur. Ça la fout dans un état de rage… Ah, tiens, voilà Marius avec les chevaux et la carriole. On va pouvoir charger le matériel et y aller. »

Eléa les regarde s’activer, l’oeil brillant, déjà persuadée de les avoir dans la poche. Elle caresse un moment son écharpe, avant de continuer à discuter avec le jeune homme, un dénommé François, qui ne doit pas avoir plus de vingt-cinq ans et qui est plutôt séduisant. Très honnêtement, s’il avait l’air un peu plus malin, elle aurait pu se laisser tenter…

***

Qui aurait cru que les chasseuses viendraient demander une alliance avec elles pour doubler les Marines ? Certainement pas Marie, qui parcourt la ville à la recherche de la moindre information pouvant les mener aux pirates. Pendant que Megara et Suuna faisaient diversion, Cassandra et Amelia étaient venues trouver Cannelle, Olga et elle-même pour leur proposer de traquer ensemble les pirates. Sa capitaine n’avait pas été très longue à convaincre, ces bandits lui avaient coulé son bateau, ils devaient payer, et elle préférait que ce ne soit pas la Marine qui s’en charge.

Si Marie épie désormais les conversations des gens qu’elle croise sur le port en ce début de matinée, c’est pour savoir si quelque chose de louche ne les aurait pas intrigués. Les filles avaient décidé d’un commun accord d’écumer le port car c’était l’un des rares endroits où elles pouvaient trouver quelque-chose. Cannelle avait écopé du mauvais rôle : occuper le Marine.

Pour l’instant, pas grand-chose à dire, ça parle du temps qu’il va faire demain, de courses de wavers qui sont semble-t-il l’attraction du moment de l’île depuis l’arrivée de la Spouzi Race Company, l’entreprise qui gère cette activité. Marie n’a pas de très bons souvenirs de la dernière course de navires à laquelle elle ait participé. Toutefois elle ouvre ses oreilles avec attention, tentant de capter le moindre bout de piste.

« Tu participes à la course jeudi, Jade ?
-Je sais pas, on devait s’inscrire ce soir avec Giorgio, je verrai avec lui quand il arrivera.
-Il est toujours pas là ?
-Non, il s’entraîne la nuit en ce moment, il arrive plus tard.
-Dommage, je comptais faire une petite pointe de vitesse contre lui.
-Dès qu’il arrive, je te l’envoie, je vais l’attendre. »

Pas grand-chose à obtenir de ce genre de conversation, il va falloir continuer à chercher. Marie pense aux autres filles qui font le même travail de renseignements qu’elle, sont elles plus chanceuses ? Impossible de savoir pour le moment, elles se sont fixé un rendez-vous quelques heures plus tard pour se donner un compte-rendu des recherches de la matinée. Il serait idéal d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent...

***

C’est définitif, Marina déteste cette Ano Natsu. Elle est en train de leur faire perdre un temps fou. Déjà c’est une gamine prétentieuse qui joue avec le cœur de ce charmant lieutenant Volbas, et en plus elle croit que c’est une timbrée qui vit sous son volcan qui va les aider ? Non, mais c’est pas possible… Et ce lieutenant Kosma qui la suit sans se poser de questions. La jeune zoologue ne se sent véritablement pas aidée. Heureusement que le début du voyage pour aller retrouver cette vieille toupie se fait en calèche, parce qu’elle n’aurait pas supporté se taper le trajet à pied. C’est long… Et pénible… Et probablement inutile. Pendant ce temps, les pirates ont une marge de manœuvre énorme et ils risquent de leur filer entre les pattes.

Elle regarde les deux filles qui sont devenues bien complices et les jalouse un peu. Elle aussi elle aimerait s’amuser, mais ce n’est pas ni avec les deux lieutenants d’élite, ni avec la pseudo dirigeante que ça va le faire. Et Dean qui préfère contacter Castiel plutôt que de tenir la conversation avec elle. Bien évidemment, ce dernier ne décroche pas son escargophone, on se demande ce qu’il peut bien être en train de faire. Marina s’en doute. Il est complètement obsédé par les jeunes femmes restées avec lui sur le navire qu’il trouve suspectes. Rien de bien méchant à son humble avis, une simple méfiance exacerbée à l’égard du gouvernement, et des hommes en général. De la misandrie tout ce qu’il y a de plus normal dans un monde comme celui-ci. Elle pense qu’elle devrait s’y mettre, elle aussi.

« Marina ? L’interpelle Amora. Tu es bien zoologue ?
-Oui tout à fait, s’empresse-t-elle de répondre, ravie qu’on lui adresse enfin la parole. Pourquoi ?
-Tu saurais nous dire ce que c’est que cet animal ? »

D’un geste du doigt, elle lui désigne une sorte de petit cerf qui s’enfuit au loin. Avec la particularité d’être un brin phosphorescent. Étrange, du premier coup d’œil, elle aurait dit qu’il s’agissait d’un chevreuil, mais aucune espèce de sa connaissance ne brille comme ça… Malgré tout, elle suggère qu’il s’agisse bien de ça et voilà Ano qui la coupe.

« C’est un chevreuil tout ce qu’il y a de plus banal, ils se frottent aux Luminous et leurs poils agrippent des petites particules phosphorescentes. De nombreux animaux sur l’archipel font la même chose. C’est ce qui fait qu’ici est le meilleur endroit du monde. »

Décidément, elle l’énerve, toujours à savoir tout mieux que tout le monde. Et la phrase suivante a le don de la mettre encore plus en colère. À partir de là il va falloir marcher, les chemins sont trop escarpés pour laisser passer la calèche. Non mais quoi encore ? Et il faut faire une offrande au dieu de la forêt pour que ses animaux merveilleux qui brillent nous laissent tranquilles ? Il n’y a pas de problème si l’impertinente de service leur lâche la grappe. Heureusement pour tout le monde Dean sort de ses tentatives escargophoniques et s’aperçoit de l’énervement de sa comparse. En quelques mots glissés à son oreille, il parvient à la calmer avant qu’elle ne fasse quoi que ce soit de compromettant. Fâcher Ano Natsu les mettrait dans de mauvaises dispositions pour effectuer leurs recherches tranquilles.

Bon, de ce que semble dire Loie Volbas, il y aurait deux heures de marche jusqu’à l’antre de cette prétendue voyante. Il est déjà midi passé, le groupe ayant mis un temps fou à se mettre en route, et on allait encore perdre du temps. Marina était convaincue que suivre ce chemin était une très mauvaise décision. Et puis, elle avait mal aux pieds. Et très peu envie de marcher.


Dernière édition par Alexandre Kosma le Dim 29 Mar 2020 - 10:34, édité 3 fois
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J’trouve ma petite troupe bien fatiguée par cette petite marche dans les sous-bois. On approche de midi et c’est vrai que le sommeil commence à manquer. Pas évident de se caler quand la lumière ne fait jamais défaut. Selon mademoiselle Natsu, qui nous guide dans des sentiers de forêt apparemment peu souvent suivis, nous devrions déboucher sur l’antre de sa devineresse dans peu de temps. Derrière moi, j’entends grommeler Marina ; Dean ayant arrêté de perdre son énergie à la calmer depuis un moment déjà. Les deux jeune femmes qui nous accompagnent n’ont pas l’air particulièrement à la peine, je les entends glousser. J’peux pas m’empêcher de sourire. J’vois Volbas qui rougit et fait un maximum d’efforts pour se tenir à distance des deux filles qui le taquinent sans discontinuer.

« Lieutenant ?
-Oui mam’zelle Natsu ?
-Il va falloir calmer les esprits de votre petite troupe. Nous arrivons.
-Très bien, vous préférez y aller d’abord ou nous entrons tous ensemble ?
-Pas la peine de prendre des pincettes, elle doit savoir que nous sommes là.
-Okay. MAUVAISE TROUPE ! NOUS SOMMES ARRIVES, JE VOUS DEMANDERAI DE FAIRE UN PEU DE CALME ET DE NE PAS DISCUTER, MERCI.
-Mais pourquoi il hurle?
-Stress du à un problème dans son enfance, sans doute. »
-Merci bien, nous allons rentrer ensemble dans la demeure de cette charmante personne…
-Je ne suis pas sûr que charmante...
-Et nous allons être les plus polis et respectueux possible. Les informations que nous tentons d’obtenir en entrant ici sont primordiales, et pour la capture de ces pirates à la p’tite semaine, et pour le sauvetage de Kalem.
-Eh ben, il y tient à son nain de compagnie... »

J’fais mine de pas avoir entendu les commentaires piquants qui me sont adressés et je me retourne vers Natsu à qui j’fais signe d’ouvrir la marche. Les bavassements se calment à mesure qu’on rentre dans un terrain encore plus inhospitalier qu’avant, un endroit sorti tout droit de contes de fées, mais qui ressemblerait plus à la demeure de la vieille sorcière. Un œil en direction de Volbas et je me dis qu’on n’est pas tout à fait éloignés de ça. Le lieutenant a presque totalement oublié les deux jeunes femmes et semble quasi retenir sa respiration. Il n’est pas du tout dans son élément.

On avance dans des branchages de plus en plus serrés, et j’dois m’baisser pour progresser à travers cette végétation. Ici, on se croirait presque en plein milieu de la nuit, les rayons du soleil ne traversent pas le feuillage dense des arbres et aucun fruit lumineux n’est visible. J’ai pas l’habitude d’être effrayé pour rien, mais là j’dois dire que j’suis pas tellement rassuré non plus. À l’arrière, j’entends plus un mot, sauf de temps en temps un cri de douleur étouffé, signe que quelqu’un s’est pris une branche ou un autre obstacle du même type. Au bout d’un certain temps à avancer à quasi tâtons, en file indienne et presqu’accroupis, un léger chuchotement d’Ano Natsu nous impose l’arrêt : on y est.

Il règne une telle obscurité que tout ce que je peux voir devant moi c’est une énorme tâche noire. Et soudain, alors que les seules choses que je perçois sont les respirations saccadées de mes camarades, s’ouvre un porte d’un peu nulle part qui laisse passer une lumière éclatante.

« Je vous attendais »

***

« Tout le monde est là ? »

Tout le monde, bien entendu sauf Cannelle. Il est seize heures, et vu la mine déconfite de toutes les filles, elles n’ont rien trouvé. Derrière ses lunettes, Olga attend qu’on lui donne la parole. Elle non plus n’a rien de concret, rien qui dise clairement les pirates sont là, et voilà comment je le sais. Simplement, elle a une piste. Une piste qu’elle est certainement la seule à avoir. Une piste uniquement liée à sa mémoire. Un gars manque à l’appel dans les participants à la course du surlendemain. Ça ne veut rien dire bien sûr, mais quand on a affaire à une disparition inhabituelle et que des intrus pas bien aimables sont dans le coin, on peut aisément établir un lien sans tomber dans la parano la plus profonde.

« Personne n’a rien vu, aucun arrivage très récent qu’auraient remarqué qui que ce soit, pour ma part, balance Cassandra, un peu lasse de ces heures de vaines recherches.
-Moi non plus.
-Ben… Pareil.
-Plus ou moins la même chose.
-Olga ? Tu ne dis rien ? T’as quelque chose d’intéressant ?
-Je ne sais pas. Il y a juste un gars qui a disparu.
-Comment ça ?
-C’est revenu dans plusieurs conversations, d’abord je n’y ai pas prêté attention, mais en entendant vraiment de nombreuses fois son nom, je me suis dit que… »

Elle raconte au reste des filles. Giorgio, un des participants à la course, qui a l’habitude de s’entraîner de nuit. Qui devait arriver pour s’entraîner avec les autres et qui n’est jamais venu. Certains sont venus plusieurs fois demander si quelqu’un avait des nouvelles, et ceux qui ont fait un aller-retour par chez lui ne l’ont pas trouvé. Et certains de ses camarades de course montent une expédition pour tenter de le retrouver, ils craignent un accident de parcours pendant l’entraînement en solitaire.

Les filles se regardent. Effectivement, il est difficile de ne pas tiquer en entendant les divers éléments de l’histoire. Si Marie n’est pas étonnée le moins du monde par la qualité des informations qu’elle a rapportées, Olga remarque qu’il n’en est pas de même pour les Sailor. Les réactions sont diverses, mais vont plutôt dans le sens de l’étonnement enthousiaste. Décidément, ces jeunes femmes ont de quoi surprendre la révolutionnaire à lunettes. Elle qui s’attendait à un esprit de compétition de la part de chasseuses de têtes, elle voit plutôt en elles des équipières soudées qui ont très vite intégré les qualités de leurs deux nouvelles recrues pour en faire une force. Déjà elles s’affairent à trouver un plan pour utiliser au mieux ces informations et avancer dans leur enquête.

« Tu saurais retrouver les gars qui sont à la recherche de ce type ?
-Je pense que oui.
-Il faudrait qu’on réussisse à les approcher sans qu’ils nous repèrent, songe Cassandra à voix haute. Ils sont peut-être méfiants compte tenu de la disparition de leur pote, l’apparition de nouvelles personnes en ville peut les faire tiquer.
-Tu penses ? Demande Amélia. De ce que j’ai compris, ils croient plutôt qu’il s’agit d’un accident.
-Oui, pour le moment ils en sont sûrement là. Mais imagine que de totales inconnues rôdent autour de toi alors que tu recherches ton pote disparu, tu réagirait comment ?
-Mal, je comprends.
-Bon, les filles, faut qu’on se répartisse les tâches. »

***

Ça y est, c’est définitif, Giorgio a disparu, toutes les pistes creusées par François et ses amis n’ont mené à rien, Marius a même fait un détour jusqu’à la baraque de l’ex-petite amie de leur pote, mais elle a été très étonnée de sa venue, un peu surprise qu’on vienne la voir elle après la façon dont elle s’était fait jeter par le disparu. Alors on se rassemble, Mickaël, Fantine, Cloé, Lou, Jade, Marius et lui-même François, la vieille bande, celle qui a commencé le waver ensemble quand la Spoutnik Company a débarqué et proposé ce divertissement. Les visages sont fermés, inquiets de la disparition de l’un d’entre eux. François le sait, chacun pense que ça aurait pu être elle ou lui à la place de leur ami. Il jette un œil sur le côté, la jeune femme rencontrée à l’aube est restée à ses côtés toute la journée. D’abord intriguée par le sport, puis véritable soutien psychologique dans cette montée de l’angoisse.

« Il ne faut pas céder à la panique. Si ça se trouve il va bien et s’est juste planté en waver quelque part autour de l’île.
-Même s’il est vivant, qui dit qu’il n’est pas blessé ? Réplique Lou.
-Et si c’est le cas, qu’est-ce que ça va changer ? Rétorque Cloé, agressive. Il faut qu’on parte à sa recherche, plus vite on partira, plus on aura de chances de le retrouver en vie.
-Je suis d’accord. Faut qu’on parte maintenant. On fait quoi, des groupes de deux ?
-On n’est en nombre impair, et hors de question que qui que ce soit parte tout seul.
-Je peux accompagner François si besoin, intervient Eléa, d’une voix douce.
-C’est très gentil de ta part, mais…
-Mais quoi ? Elle propose son aide, plus on est, mieux ce sera.
-Oui, tu as raison. Qui vient avec moi ? »

Les équipes de deux se répartissent. François n’est pas mécontent de se retrouver avec Eléa. D’abord parce qu’il est vrai, elle lui plait bien, et ça a l’air d’être réciproque, et puis, il sent que la tension éprouvée par ses amis pourrait devenir rapidement très oppressante. Le côté extérieur et plus détaché de la demoiselle le rassure. En observant son petit groupe s’agiter, une bouffée de bonheur lui prend le coeur ; ils sont vraiment un groupe d’amis unis, ça fait plaisir. Il lève les yeux un instant vers la nouvelle venue, qui lui adresse un sourire confiant.

À ce moment-là, peut-être qu’en étant en train de tomber amoureux, il a manqué de voir les têtes de plusieurs jeunes femmes bouger dans les buissons derrière lui. Mais à ce moment-là, il s’en moque.

***

Franchement, Sarah ne sait pas comment décrire cette femme. Folle, très certainement, chtarbée même. Mais d’une manière complètement incroyable. Elle te parle comme si elle même n’était pas sûre d’exister. Avec Amora, sa nouvelle très bonne copine, elles sont d’abord entrées la peur au ventre, un endroit aussi inhospitalier ne peut être le logis que de quelqu’un d’affreusement méchant s’étaient elles dit. Elles n’auraient pas pu se tromper plus lourdement. La Folle est adorable. Elle a des goûts vestimentaires qui se discutent, une façon d’aborder la vie originale, une manière de parler fort peu habituelle, mais elle est super sympa.

« Je vois, je vois, cher ami, donc pour résumer, vous recherchez quelque chose de petit et pas franchement beau.
-On peut dire ça oui, et qui s’entend de loin. Kalem est fort reconnaissable.
-Je ne pourrai pas vous indiquer d’endroit exact, vous le savez, n’est-ce pas ?
-Je m’en doute oui.
-Mais il existe des points de puissance dans les visions du futur qui me permettent de vous indiquer les endroits où l’avenir semble vouloir vous mener. Vous reprendrez bien un peu de thé ?
-Merci, mais ça ira. Votre accueil est très chaleureux, mais nous devons agir au plus vite.
-Oui, oui, je comprends, mais patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Laissez moi vous resservir du thé et je me mettrai au travail, cela devrait prendre quelques heures, il vaut mieux que vous soyez dans les meilleures conditions pour l’attente, profitez-en pour dormir, ça ne vous fera pas de mal.
-Attendez, vous avez besoin de quelques heures ?
-Vous pensiez sérieusement que j’allais vous donner vos informations en un claquement de doigt ? Mais vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’au coude coco. »

Sarah est ravie, elle jette un regard à Amora, qui semble satisfaite de pouvoir obtenir un peu de sommeil. Elle ne compte pas dormir. Non pas qu’elle n’éprouve pas un besoin de sommeil urgent, dû à la marche récente et à la longueur de la journée, mais la curiosité est trop forte. Il lui faut absolument observer La Folle à l’œuvre ; un tel spectacle, on n’en voit pas deux fois. Sarah se lève, va chercher sa tasse de thé, puis va s’installer un peu à l’écart, bien confortablement. À peine la devineresse a fini de servir tout le monde qu’elle s’installe au centre de la large pièce, dans une position proche du lotus, et, toujours coiffée de cette étrange casque de terre volcanique qui n’a pas quitté sa tête depuis son arrivée, elle se met à psalmodier doucement.

Tandis que Sarah sirote doucement le chaud breuvage qu’on lui a servi, elle dodeline légèrement de la tête, tentant vainement de lutter contre le sommeil. Trop difficile. Elle ne peut pas s’empêcher de penser que le thé y est pour quelque chose. D’autant qu’avant de sombrer, elle semble apercevoir ce léger sourire de la prophétesse, avec presque comme un sous-titre, cette idée qu’un magicien ne révèle jamais ses secrets.

***

Le waver file à vive allure sur la mer qui borde l’archipel aux éveillés. Eléa prend une longue bouffée d’air frais tout en regardant François conduire l’engin. Un stéréotype le gars. Musclé, beau gosse, naviguant sans se poser de questions. Un gars insouciant et sympathique, mais qui n’est finalement pas très intéressant si on va plus loin que le physique et son sport. Si elle avait eu plus de temps, elle aurait couché avec lui, très certainement. Mais la question ne se pose pas, il mourra avant qu’elle en ait eu l’occasion. Il ne le sait pas encore mais elle finira par l’attirer dans un piège ou un autre. Ce qui lui manque encore, c’est repérer l’endroit où le navire de son frère a accosté. Une fois qu’elle saura ça, elle aura les clés en main pour faire disparaître le corps du garçon et prévenir l’équipage des recherches en cours.

Elle y a bien réfléchi, elle est persuadée que Giorgio, le jeune homme disparu, a fait une mauvaise rencontre. Elle connaît bien les hommes de son frère, elle sait parfaitement qu’ils ne l’auront pas laissé en vie bien longtemps. Seulement, ils n’avaient peut-être pas prévu que les recherches démarrent aussi rapidement.

« Qu’est-ce que c’est, là, sur la plage ? Demande-t-elle à François.
-De quoi ? Où ? Je vois rien.
-Rapproche-toi, ça vaut toujours le coup de jeter un œil, non ?
-Tu as raison. »

Il manœuvre, rapidement, l’embarcation se rapproche de la berge. Elle l’a vu, il guette, c’est qu’ils ne se trouvent pas très à l’écart du campement. Il vaut mieux s’arrêter maintenant. La seule inconnue qu’elle a à gérer désormais, c’est la présence du plus stupide des hommes de son frère, Jones.

Rapidement, François fait s’échouer le waver sur la plage. Il attache des amarres comme il peut. Eléa le regarde s’agiter, persuadé qu’il va retrouver son ami, qu’on va l’acclamer en sauveur à son retour. Elle voit aussi Jones s’approcher, il l’a reconnue. Il ne se demande même pas pourquoi elle est là. Selon la logique du sauvage, elle vient lui apporter son repas.
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C’est difficile à dire ce qui s’est passé exactement. J’me suis senti aspiré par le sommeil, happé par Morphée et là j’me réveille avec devant moi les autres gens de ma troupe qui avancent dans le sous-bois. J’sais pas vraiment depuis combien de temps on marche sans que j’m’en sois aperçu. Visiblement, à voir les gueules des autres, j’suis pas le seul dans mon cas. Y a un soudain ralentissement de la troupe à mesure que les gens se rendent compte qu’ils sont en train de marcher. Jusqu’à l’arrêt total.

« Y a quelqu’un qui sait comment on s’est retrouvés là ? Demande Sarah en brisant le silence.
-Pas la moindre idée, répond vivement Ano Natsu que tout le monde semble interroger du regard. Mais il semblerait que je sache où on va.
-Comment ça ?
-Ben j’ai une carte de l’île dans les mains, avec des points marqués en rouge dessus. J’imagine que…
-Intéressant. Et on sait où on est ?
-Selon la carte, ici. »

En effet, du doigt, la Natsu me désigne un point entouré de vert avec marqué, vous êtes ici, et non loin, la position de la calèche qu’on avait abandonné avant de venir. J’sais pas trop si j’dois réfléchir à la façon de procéder de cette cinglée, mais j’crois qu’on n’a pas beaucoup de temps. D’un air sérieux, j’regarde ma petite troupe et je m’apprête à leur faire un discours. Réfléchis Kos, pèse bien tes mots, la survie de cette opération en dépend.

« C’est bon, lieutenant, vous fatiguez pas, on a compris.
-Il est mignon quand il est pris au dépourvu.
-Ouais, facile à dire, je préfère l’autre lieutenant. Houhou, m’sieur Volbas, je peux vous parler cinq minutes.
-C’est à dire que… Je...
-Bon, d’accord, en avant ! »

J’ai vraiment aucune autorité. Faudrait que je travaille ça. En attendant on rejoint assez rapidement la carriole, et on est repartis dans l’autre sens. Pendant le voyage, on discute de notre méthode. D’après les deux locaux, ça fait un peu plus d’une journée complète qu’on est sur l’île. Y a cinq jours de recharge du log machin chose. Seulement, ils pourraient aussi bien trouver un moyen de partir avant. Faut qu’on agisse efficacement. D’autant que demain, d’après ce que j’ai compris, c’est grosse course de bolides tout autour de l’île. Ça joue pas en notre faveur, ça risque de nous empêcher de procéder aux recherches.

« Bon, on rentre au navire. On avise avec le reste de la troupe sans trop perdre de temps et on se met en route. Il peut être bon de voir par quel endroit on va commencer. Se séparer permettrait de couvrir plus de territoire rapidement, seulement, ce serait plus risqué d’aller seuls au devant de ces gens. On a vu comment ils ont attaqué pendant la course, ça me paraît pas déconnant d’y aller tous ensemble.
-Bien vu lieutenant, valide Marina en ajoutant un hochement de tête à sa parole.
-Bien entendu, et je le répéterai en présence de tout le monde, chacun est libre de ne pas participer à l’expédition.
-Vous allez nous saouler longtemps avec ça ? S’agace Sarah. On est venues de notre plein gré, vous allez pas vérifier toutes les douze secondes qu’on est toujours partantes pour la mission, si ?
-Euh... »

C’est la première fois qu’on me remet à ma place comme ça, avec autant de franchise et de sécheresse, en tout cas de la part de quelqu’un qui ne serait pas mon supérieur. Je la boucle. Ce statut de chef d’expédition, ça me stresse. J’allume une clope histoire de me détendre un peu. C’est devenu grand silence et ça le reste jusqu’à la fin du voyage. Même les deux filles, jusqu’ici si complices se taisent. L’une endormie sur l’épaule de l’autre. J’ai hâte qu’on retrouve Kalem et qu’on boucle cette affaire, je pourrai enfin me sentir un peu plus tranquille.

***

« Ne les touchez pas, ou vous aurez affaire à moi ! »

La voix de Suuna, impérieuse, retentit sur la plage, derrière elle apparaissent Amelia et Megara, dont la présence ne paraît pas impressionner plus que ça l’homme aux cheveux noirs hirsute qui s’avance vers les deux passagers du waver. L’homme, songe Suuna, ne semble pas comprendre ce qui est en train de se passer, toujours persuadé qu’il va peut être trouver son compagnon dans les environs. Ce qui intrigue un peu plus la jeune originaire d’Amazon Lily, c’est ce demi-sourire un brin figé qu’elle décèle sur le visage de la jolie blonde qui l’accompagne. Un autre coup d’œil sur l’espèce de brute lui indique que non, il ne s’est toujours pas arrêté. Fais un effort, petite amazone, agis maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Mais que faire ? Une erreur pourrait leur être fatale.

« Bonjour mesdemoiselles, fait le jeune insouciant à nos trois jeunes femmes, vous nous suivez ?
-Ce n’est pas le moment, faites attention à lui, prévient Megara en désignant le barbu qui avance toujours d’un pas lent mais décidé vers le sportif.
-Ce serait pas mal qu’on prévienne les filles qu’on a trouvé quelque chose, chuchote Suuna à ses comparses.
-Je m’en charge, répond Amelia sur le même ton. »

D’un léger hochement Suuna fait signe qu’elle a entendu, puis d’une flexion, s’élance vers le sauvage en approche. Ne réfléchis pas trop, sinon t’es morte. Elle profite de sa course pour fermer un instant les yeux et se concentrer sur son objectif. D’un geste quasiment imperceptible, elle fait glisser ses deux lames dans ses mains. Sa longue chevelure brune bat contre son dos à mesure qu’elle prend de la vitesse. Le jeune sportif ne comprend pas, il s’est arrêté ébahi à mi-chemin entre l’amazone et le sauvageon. Mais ce dernier marche toujours d’un pas régulier, pourquoi ne tient-il pas compte de son attaque ? Il ne fait absolument pas attention à elle, elle s’en rend bien compte. Comme si elle était négligeable.

Dix mètres, neuf, plus que cinq désormais, Suuna engage son bras, elle va frapper, il ne fait rien pour se défendre, à croire qu’il ne la voit pas. Ffoush, elle abat son bras d’un geste vif. Elle ne parvient pas à le toucher, sa main est retenue par un bout d’étoffe venue freiner son mouvement. Elle tente le bras gauche, celui là aussi est arrêté. L’homme s’est retourné vers elle, un sourire se dessine sur son visage. D’un geste un lui attrape la gorge et serre.

« NON ! »

Le hurlement de Megara retentit derrière elle tandis qu’elle voit des flashs lui éblouir la vue. Qui se brouille. Elle sent son adversaire tomber à terre et s’écroule dans le même temps. Suuna peine à retrouver sa respiration, le sang lui monte à la tête, elle ne voit plus rien, n’entend que des bourdonnements, et c’est le vide.

***

Cassandra la regarde droit dans les yeux, en tant que leader respectives de leurs petits groupes, elles se doivent de prendre des décisions. Olga dans un coin de la pièce s’attelle à mémoriser les différentes cartes de l’île qu’elle a pu récupérer. Marie regarde par la fenêtre, comme à son habitude. Peut-être vérifie-t-elle que Castiel ne s’approche pas trop de la cabine. Le message d’Amelia a été clair, elles ont trouvé quelqu’un sur la plage, quelqu’un qu’elles considèrent comme potentiellement très dangereux. Cassandra lui a dit, Cannelle, ne t’affole pas tant que ça, elles sont entraînées, et elles sont trois, il est seul, mais elle ne comprend pas. Ces filles ont été envoyées en éclairage en partie sur son ordre, tandis qu’elle-même et ses camarades sont restées sur le navire. Elle se sent responsable. Et elle ne sait pas quoi faire.

PULUPULUPULUP.

L’escargophone retentit une nouvelle fois dans la petite cabine. Cannelle sursaute. Elle n’aime pas ça, ça n’augure rien de bon. Cassandra décroche vivement le combiné.

« Oui ?
-Cass’, c’est encore Amelia, je crois qu’on a un problème. Je n’ai pas de visuel sur la situation, mais j’ai entendu Meg’ crier, et pas dans l’idée d’un cri de joie si tu vois de quoi je parle. Venez vite s’il vous plaît, je fonce voir ce qui se passe.
-Attend Amelia.
-Quoi ?
-Ne faites rien de stupide. On arrive. Si tu sens que la situation vous échappe, je compte sur toi pour t’enfuir.
-Mh. »

Cassandra relève les yeux vers elle et Cannelle voit bien qu’elle ne croit pas du tout à la prudence de ses amies. Elle comprend. Elle non plus serait incapable de fuir pour sauver sa peau si qui que ce soit qu’elle aime se trouve au cœur de la bataille. Elle s’apprête à dire un mot pour lancer l’expédition sauvetage, mais déjà Olga a plié ses cartes sous son bras, et Marie a ouvert la porte en silence, avec la détermination qu’elle lui connaît.

« Vous allez où ? »

La voix du botaniste blondinet interrompt l’élan des quatre jeunes femmes. Bien sûr, lui, toujours lui. Il n’a pas arrêté de la suivre depuis que ses collègues sont partis visiter la ville. Et il semble voir d’un très mauvais œil le rapprochement entre les deux groupes de femmes. Cannelle cherche une pirouette à lui lancer, quelque chose qui détourne son attention pendant quelques instants. Pas la moindre idée ne vient. Un regard à ses trois comparses lui indique qu’elles non plus ne savent pas quoi faire.

« Nous allons secourir nos camarades sur une des plages de l’île, il semblerait qu’elles soient tombées sur un des pirates.
-ELLES SONT QUOI ? »

Le scientifique explose. Il ne s’attendait vraisemblablement pas à quelque chose de cet acabit. Il bégaie quelques demandes d’explications. Pas maintenant, lui répond Cannelle, et elle lui passe devant en fonçant vers la petite embarcation louée un peu plus tôt pour pouvoir rejoindre les filles en cas de pépin.

***

PULUPULUP

« CASTIEL ! Où es-tu ? On est rentrés au bateau et on l’a trouvé vide, sans aucune explication !
-Oui, désolé Dean, je suis avec une partie des demoiselles dont j’avais la charge. Elles se sont fourrées dans un drôle de pétrin.
-Comment ça ?
-Elles ont profité de l’absence de la vaste majorité de notre groupe de quatre Marines responsables pour enquêter sur les Pirates. Et visiblement elles sont plus fines qu’elles n’en ont l’air, elles en ont trouvé…
-ON VOUS ENTEND, UN PEU DE RESPECT FERAIT PAS DE MAL!
-Sauf que visiblement les trois filles qu’elles ont lancées en première ligne sont tombées sur plus forts qu’elles. Alors on vogue à leur rescousse.
-D’accord, je vois. On nage dans le grand n’importe quoi.
-C’est ce que je me tues à leur répéter depuis qu’on est partis.
-AU LIEU DE RÉPÉTER EN BOUCLE VOS ÂNERIES, TAISEZ-VOUS CA NOUS FERA DES VACANCES!
-Je crois qu’on ne va pas tarder à accoster à l’endroit prévu, je raccroche Dean, et je vous tiens au courant.
-Bien. »

Le médecin ressort de la cabine où il s’était isolé pour passer l’appel. Direction, le lieutenant Kosma. Ce dernier interrompt directement sa conversation en cours dès qu’il voit Dean approcher. Rapidement, il explique. Le sourire a disparu du visage de son supérieur, Marina se retourne vers les deux jeunes femmes qui ont cessé de glousser en entendant le récit. Leur complicité semble se prolonger dans les moments moins légers que ceux partagés jusqu’à présent. C’est la première fois que Dean remarque qu’elles ne sont pas simplement deux nymphettes écervelées qui passent leur temps à joujouter autour des deux lieutenants. Comme il semble facile de tromper les autres sur ce qu’on est vraiment.

Tout de suite, elles se prononcent pour une expédition de soutien. Soudain, elles ne sont plus les deux infiltrées du groupe de Marines que nous étions, elles se retrouvent laissées pour compte de l’aventure risquée de leurs partenaires. Et elles n’aiment pas ça. Décidément, elles étonnent le médecin par bien des égards depuis qu’il les a rencontrées. Il le sent, si Kosma ne va pas dans leur sens elles partiront de leur côté. Rien ne les oblige à écouter ses ordres. Elles ne sont pas militaires et par conséquent, il n’est pas leur supérieur. Et il n’y a pas de raison pour les empêcher de faire ce qu’elles veulent. Le lieutenant doit prendre la bonne décision et parler avec les bons mots.

« Il ne sert à rien de partir en se précipitant. D’abord nous n’avons pas leurs coordonnées exactes, je me trompe ?
-Non lieutenant, Castiel n’a rien transmis.
-Voilà. Nous devons attendre les nouvelles. Une fois sur la plage, je suis sûr qu’il saura nous faire parvenir les informations essentielles à notre progression. En attendant, on s’organise pour être prêts à intervenir au premier appel. »

Petit temps de latence. Acquiescement de la part de tout le monde. Réagir avec un maximum de sang-froid et en expliquer les raisons. Jouer cartes sur table. Cet officier commence à lui plaire. Avec son air de ne pas y toucher, on sent l’expérience du terrain en action.

***

Les voilà qui arrivent. Megara voit débarquer le groupe de secours sur la plage. Si seulement elle pouvait s’en sentir soulagée. Il n’en est rien : Suuna est blessée, Amelia à son chevet, François en roue libre, déversant des flots de paroles pour tenter de comprendre ce qu’il s’est passé, et elle même mutique, surveillant le prisonnier. Elle tremble. Elle inspire par grandes goulées, au bord de la crise d’angoisse. La seule chose qu’elle espère c’est que Suuna va s’en sortir. Et que cette femme va aller pourrir en enfer.

La femme. Eléa d’après ce qu’a pu leur dire le conducteur du waver. Il parle encore d’elle comme étant de leur côté. Il n’a toujours pas compris qu’elle allait le faire tuer. Si seulement elle avait capté que cette attitude qu’elle avait n’était pas seulement un côté bravache face au danger…

« Meg’, ça va ? Meg’ ! Répond ! On est là. »

Elle tourne son regard embué de larmes vers Cassandra qui lui attrape la main et lui serre. Ça va aller. C’est ce que cette pression veut dire. Ça va aller. On va réussir à la soigner. On la déplace pour la mettre à l’écart du prisonnier, pour lui faire reprendre contact avec le présent. C’est le biologiste Marine qui prend son relai, qu’est-ce qu’il fait là ? Elle ne comprend pas, mais elle s’en fiche. Elle regarde un peu dans le vague Olga venir au chevet de Suuna, et demander à Marie et Amelia d’aller lui chercher quelques plantes. Cannelle quant à elle s’occupe du sportif. Et Cassandra la serre dans ses bras.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Souffle-t-elle doucement.
-Suuna a attaqué le pirate, pour défendre le type là, François, qui comprenait pas ce qui se passait. Et au dernier moment…
-Il l’a attaquée ?
-Même pas. C’est la femme.
-La femme ?
-Celle qui accompagnait François. Elle a arrêté Suuna avec son écharpe. Je veux dire, son écharpe s’est allongée et… Et puis il lui a attrapé la gorge. J’ai pas hésité, j’ai abattu mon dial foudre dans sa direction. Il s’est écroulé. Suuna avec. Je. Je pensais qu’elle se relèverait, mais, elle est restée inconsciente.
-Et la femme ?
-Elle a essayé d’embarquer le type tout en me repoussant. Mais Amelia est revenue, on l’a attaquée à deux, elle s’est enfuie. »

Elle s’arrête. Cassandra l’a comprise et lui dit de se reposer. Qu’elles vont rentrer au bateau, soigner Suuna et que ça ira mieux. D’ailleurs Cannelle vient leur adresser quelques mots. Elle a demandé à François de raccompagner Suuna et Olga au port, son embarcation étant plus rapide, le reste prendra les deux petites embarcations.

« Cassandra ?
-Oui ?
-Je pense que nous n’avons pas eu de chance.
-Qu’est-ce que tu veux dire ?
-On ne pouvait pas savoir ce que cette femme allait faire. Ce n’est pas tant une erreur de notre part que de la malchance.
-Ça te rassure de penser ça ?
-Non. Ça me fait juste dire que j’ai pas choisi cette vie là pour être tranquille à rêvasser. Même si ça comporte des risques et que j’ai vraiment peut pour Suuna, pour rien au monde je ne regretterai nos choix. »
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