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Dune de miel

Rappel du premier message :

Hadoc coupe sa communication avec Yamamoto. Le soleil bat une terre si chaude qu'il est étonnant que le sable ne s'y change pas en verre. Il fait toujours torride à Myriapolis, mais aujourd'hui, même les insectes pourraient apprendre à transpirer. Gharr ne sue pas la moindre goutte, tout s'évapore avant même d'obtenir le droit de perler. Par cette atmosphère de feu, n'importe quel homme se dessécherait en une heure sans ses litres d'eau. La folie le gagnerait en quelques assauts du globe tapant sans relâche les crânes imprudents. Hadoc écourte ses quelques minutes de marche en dehors de la cité des abeilles, la peau marquée et l'oxygène pénible à absorber dans cet air étouffant. En une alcôve, la température chute d'une bonne dizaine de degrés. Plus il s'enfonce dans l'immense gueule de galeries qu'est la cité, plus la température se stabilise. Et le premier courant d'air frais, sonné entre deux alvéoles où circulent nombre de badauds, lui offre une inspiration franche et savoureuse, tandis que son épiderme continue de restituer la chaleur absorbée à la lumière vive.

Le Ruche est accueillante, le Colonel qui l'avait escorté jusqu'au port n'avait pas menti. Si la vue d'abeilles et nombreux autres insectes déambulant dans les rues étroites surprend au début, autant qu'un rêve où les chiens errants seraient des scarabées opportunistes, c'est précisément cette même suspension d'incrédulité inhérente au monde onirique qui opère. L'étonnement à la première seconde de voir une abeille de taille humaine marcher au plafond pour aller travailler devient un amusement à la trentième minute de surprendre une mante religieuse faire la circulation dans les quelques couloirs suffisamment larges pour être entièrement dédiés aux monteurs de bolides hexapèdes. Il ne fallut pas deux heures au marine pour tester son premier réhydratant lait de puceron au miel, vendu par un homme très jovial bardés de fourmis. Il parait que sans le miel, c'est très difficile à appréhender pour les touristes. Il testera la formule pure, mais chaque chose en son temps.

Des touristes, il y en a pléthore. Si l'île est un calvaire sur la quasi totalité de sa surface, c'est presqu'aussi vrai concernant les souterrains. Néanmoins, des trois villes bâties, la Ruche est la seule qui favorise le commerce extérieur. En plus de mélanger sans distinction touristes, commerçants itinérants et autochtones, le style vestimentaire pour le moins excentrique des locaux, souvent parés d'insectes vivants, a le don de désinhiber tout le monde. L'un se balade toute panse et tous poils dehors, fier comme un plagiste digne de sa semaine de bronzage sans marques de chemise, tandis que l'autre laisse apparaître ses tatouages d'esclave. L'autre encore affiche une panoplie baroque du parfait petit pirate de gravures, avec le cache-oeil, la gabardine rouge, le tricorne et la mouche à abdomen vert nichée sur l'épaule, en guise de perroquet. Le Commodore Hadoc, en le croisant avec son uniforme blanc de la Marine, ne l'a même pas fait sourciller. Tout le monde se comporte comme dans une soirée déguisée où personne n'est ce qu'il prétend être tant qu'il ne le formule pas. L'indépendantisme de la région est une réussite complète.

Une luciolampe mon Amiral ?
Commodore. Et non merci.
Vous êtes sûr ? Allez, je peux vous faire une confidence ?  J'aime beaucoup les lois. Si vous en prenez trois, la quatrième est offerte.
Ne l'écoutez pas,  ses luciolampes vous filent entre les pattes au bout d'une heure.
J'avais supposé une finauderie du genre, néanmoins merci du tuyau.
Alors que mes termipelles creusent des trous plus vite que la dynamite. Si vous m'en achetez deux, je vous offre la caisse en bois qui va avec.
Quel malheur, mon ami, je suis allergique à trois choses dans la vie; les caisses sont l'une d'elles.

Le soldat le salue de son cigare éteint. Dans les couloirs, en dehors des bars et zones stipulées autorisées, fumer était mal vu. La Ruche n'aime pas. Le tabac roulé s'était éteint en fin de sortie, pendant l'appel à son ancien homme d'équipage Kogaku. Il aurait voulu le finir avant de rentrer, mais la fournaise avait dicté sa volonté. Qu'à cela ne tienne, les opportunités de terminer Lora Kavin Deluxe ne manqueraient pas. Hadoc s'était inscrit sur le registre des audiences auprès de la Reine Maya dès son arrivée, alors plutôt que mourir d'ennui, autant tuer le temps. Il n'était pas perdu vainement dans ce réseau commercial. Après quelques camelots et vendeurs à la sauvette esquivés, Gharr croise la route d'une échoppe où la pancarte de soie brodait "Tisseuse de bonne aventure" d'une police très élégante. Comme l'entrée est gratuite, il pénètre dans l'alvéole scellée d'un rideau et découvre un long tube éclairé de lucioles figées çà et là avec une toile aussi résistante que collante du sol au plafond, à l'exception d'un fin trait vierge de piège englué pour que le quidam l'emprunte. Aucun squelette humain dans la toile, seulement une chaussure et quelques déchets. La mise en scène est purement là pour instaurer un sentiment de danger. Ce peut être une façon de déconnecter le rationnel, Hadoc reste sceptique quant à la décoration pour le moins hostile des lieux.

Ah, je t'en parlais. Entrez, entrez donc ! Nous vous attendions.

La voix provient du fond de la pièce où un vieil homme très grand, et si pâle que sa peau épouse le coloris des lucioles environnantes, lui décrit de grands gestes de sa main malingre aux longs doigts calleux pour le convier à leur séance. En effet, un des deux tabourets de consultation est déjà occupé par ce qui est probablement une jeune femme. Blonde. Entre "la tisseuse" et la jeune dame, une araignée à l'abdomen luisant et poli comme du cristal tisse en continu un fil de soie qui s'emmêle dans l'autre main du mystique. Il semble lire la soie comme si elle était gravée d'écritures, tandis que les yeux de la bête ne cesse de fixer la cliente du moment avec la même perfection de ses billes en miroirs. Gharr rejoint la table, sans prendre place. Malgré la luminosité particulière de l'endroit, il reconnait la cliente et pour cause, son avis de recherche est encore chaud dans les imprimeries internationales. Kardelya Koshin, primée d'un montant qu'il n'avait pas retenu et révolutionnaire active ayant directement participé à la chute récente de Jotunheim est là, à moins de deux mètres de lui.

Voici celui avec qui ton destin est lié, jeune enfant. Le fil du destin vous a déjà rassemblés.


Dernière édition par Gharr Hadoc le Ven 14 Mai 2021 - 22:43, édité 1 fois
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L'atmosphère se détend au fur et à mesure des positions de plus en plus improbables de la Reine sur son trône. On sent qu'elle n'aime pas y demeurer, tout comme ce doit être quelqu'un qui ne tient pas en place. A la fin des explications de Kardelya, elle tient son menton au moyen d'une paume de main plantée jusqu'au coude dans le bras de son siège. Heureusement, elle écoute. Mieux encore, elle est attentive.

Un sauvetage de pirate de marque, des explosifs, une directrice, on dirait que plus nous en apprenons, plus nous réalisons que nous ignorons davantage. Commodore, que pouvez-vous me dire faire éclore quelques réponses ? J'imagine que vous avez étudié le dossier avant de venir en parler.

Resté de marbre durant l'échange entre les deux dames, il s'anime telle une gargouille la nuit venue.

Le pirate important auquel Mademoiselle Koshin fait référence n'est autre qu'Izya Tahgel, la concubine du pirate Anstis. Anstis était le meneur de l'assaut de Jotunheim, la théorie des sauvetages est donc plausible. Pour le reste, je ne l'ai appris que récemment des mots de Koshin. Aucun rapport ne fait état d'une équipe subaquatique, aucun ordre n'a été donné de détruire la prison du côté de la Marine. Si on part du principe que ce qi a été vu et entendu est factuel, alors il existait bien une troisième tête, organisée et déterminée.

Silence. La Reine hausse un sourcil en dévisageant l'un et l'autre de ses interlocuteurs. Après avoir soupiré à peine discrètement, elle détache enfin sa joue de son poing pour épousseter sa robe et confier, sur un air quasi amical:

Sommes-nous tous en train de penser au Cipher Pol ?

A titre personnel, rien ne me permet d'incriminer le Gouvernement. Je doute que le groupe mystère soit de la piraterie, du moins de celle d'Armada. Détruire une prison dont on espère sauver un maximum de main-d’oeuvre, ça ne tient pas. D'autant que je vous rejoins sur le fait qu'il était impensable que le Gouvernement soit réellement surpris de cette attaque. En revanche, ils n'ont peut-être pas prévu que l'arrestation de Tahgel allait rallier les pirates aux révolutionnaires. Il n'est pas rare qu'un pirate soit sous-estimé dans son pouvoir de nuisance. La force de Roger ne venait pas d'un ensemble d'équipages éparses, mais d'Armada. Leurs forces étaient déjà mobilisées et prête à emploi. Je pense réellement que la Marine ne s'attendait pas devoir contenir une telle flotte.

Dans les cas les plus probables, ces agents étaient soit des révolutionnaires extrêmement compétents, venus s'assurer un plan B en cas d'échec de mission. Rappelons que Mandrake est une mine d'informations et la Révolution ne pouvait se permettre de le laisser vivre, s'il s'avérait impossible de le récupérer. Soit ils étaient de chez nous. Il se peut que ce soit le Cipher Pol qui ait mis en place la stratégie de la terre brûlée.

Les pensionnaires de Jotunheim ne sont pas des victimes d'erreurs judiciaires, ce sont parmi les pires criminels au monde et une libération de masse, dans des circonstances chaotiques, revient à déverser du sang contaminé dans l'eau stérilisée d'un chirurgien. Ce sont des décennies de travaux fichus en l'air et une catastrophe pour tous les innocents qui croiseront leur route. Je comprendrais totalement que le Gouvernement utilise, lui aussi, un plan B afin d'éviter une pandémie de criminels. Toutefois, la présence de l'Amirale en Chef Makuen me laisse un sérieux scepticisme sur la stratégie du Gouvernement de sacrifier un de ses meilleurs officiers. Bien que je ne doute pas qu'elle aurait pu elle-même inventer ce plan et courir le risque.

Au final, tout le monde avait une raison solide de placer ces explosifs. Sans parer de groupes dont nous ignorerions l'existence et qui pourraient tirer profit du conflit. Je ne nie pas la pertinence de votre théorie, Majesté, mais je suis un homme de faits avérés et de preuves. Aux yeux de l'officier que je suis, votre vision du conflit est rangée parmi une pile de dossiers tout autant pertinents. Avec le temps, les enquêtes et très certainement de la chance, nous éluderons un maximum de théories et l'Histoire retiendra probablement la plus arrangeante, à défaut de cohérente. Mais tout cela sera écrit demain. Ce que nous écrivons aujourd'hui, c'est la façon de tirer Myriapolis d'un sac de cordes soigneusement nouées.


Il se tait et la laisse réfléchir. Les choses semblent bien se dérouler et Hadoc sait que plus elle attend pour reprendre la parole, plus ses chances d'un accord se concrétisent. De fait, la voix de la Reine gagne en candeur, quand bien même le cadre et son vocabulaire laissent flotter un ton de diplomatie. Elle ressemble plus que jamais à une adolescente de famille bien éduquée, noble mais avenante.

Je dois ben admettre que vous avez des arguments. Et je suis ravie que la Marine daigne enfin apporter un peu d'étiquette aux pourparlers. Très bien, j'accepte de déclarer la neutralité de la Ruche et de soutenir symboliquement le Gouvernement dans sa traque des responsables de la destruction de Jotunheim, qu'importe qui ils sont. Mais je ne suis qu'une Reine parmi d'autres ici. Vous en aurez encore deux à convaincre et, pour le dire de façon mielleuse, mes consoeurs n'en n'ont rien à cirer du tout de cette guerre. Je doute même qu'elles acceptent de vous recevoir. C'est aussi la raison pour laquelle je tenais à vous voir en premier. Ne vous faites pas de faux espoirs.

Votre sollicitude vous honore, Majesté. J'ai conscience des risques, voire de l'impossibilité de mener à bien ma mission. Toutefois, c'est mon devoir.

Elle pouffe de rire, un rire soulignant ses grands yeux soudainement rêveurs.

Des pirates romantiques, des révolutionnaires victimes d'une tragédie et des Marines dévots à leur métier, comme c'est romanesque ! Je vous envie à plus d'un titre.

Pour la première fois, Hadoc détourne son regard pour jeter un oeil à celui du Général. Personne ne commente, mais la Reine ne réalise pas, elle ignore qu'elle supporterait difficilement de n'être personne en dehors de ces murs. Pour elle, la vie des autres est écrite en de multiples contes palpitants. La neige est un rêve en ce pays chaud, une terre sans insecte aussi inimaginable qu'un ciel sans soleil. Il est normal que le monde extérieur la fascine et que sa cage dorée l'étouffe. Toutefois, envier ceux qui donneraient tout ce qu'ils aimeraient avoir pour profiter de son quotidien est une sottise, en vérité si elle explorait ce monde qui la passionne, elle le trouverait banal. Probablement comme ceux qui vivraient sa vie à elle, au bout de deux mois tout ce faste et ce pouvoir ne doivent plus nourrir le désir naturel d'expérience.

Bon, autre chose ?

Deux, si vous permettez. J'aimerais bénéficier d'une lettre de recommandation de votre patte, afin de faciliter mon périple au royaume de la Fourmi.

Accordé!

Je vous remercie. L'autre serait une idée du tribu que vous penseriez pouvoir verser au Gouvernement, afin que je puisse dès lors rendre mon rapport préliminaire.

C'est...quoi ? Quel tribu ? Vous voulez du miel ?

Quelque chose dans la même gamme chromatique: des berrys. Le Gouvernement respecte la parole des nations neutres. Toutefois, la guerre a un prix et la stabilité mondiale concerne tout le monde. Ils tiennent à ce que chaque pays externe à la confrontation directe aide toutefois les forces de l'ordre à assurer leur travail.

Cette fois le silence prolongé n'est en rien bon signe.

Vous plaisantez, Commodore. Vous croyez vraiment que je vais donner un part de mon labeur à des apiculteurs qui ne m'apportent rien en retour ? C'est hors de question.

Gharr assombrit son ton, qu'il veut toutefois balancé entre le regret et la fatalité.

C'est l'ordre du Gouvernement, ordre appuyé par les Nations-Unies.

Je m'en bats les ailes, de ça ! Vous voulez le miel, l'argent du miel et le sourire de l'ouvrière. C'est non, et nous ne reviendrons pas là-dessus.

Maya s'était levée de son siège pour pointer un doigt aussi fin qu'un dard vers Hadoc. Sa bonne humeur avait totalement disparu et elle affichait la seconde face de ces adolescents révoltés. Privé de la parole, le Commodore se tait et la fixe, patient. Quand l'absence d'opposition la dérange, elle s'agace davantage en agitant les antennes de sa couronne. Lorsque l'une d'elles replace sa mèche de cheveux, elle ordonne, toujours énervée:

Parlez, je vois bien que vous voulez dire quelque chose. Mais attention à ce que vous allez dire.

Le Marine fixe la Reine sévèrement un instant. Non pas pour l'impressionner, ni la juger, mais parce que ce qu'il va devoir formuler sera, il le sait, violent à entendre pour elle.

Votre Majesté commet une erreur lorsqu'Elle affirme ne rien obtenir en retour. Si vous ne payer pas, voici ce qu'il va se passer:

D'autres nations, elles, passeront à la caisse. Certaines moins aisées que la vôtre. Qu'adviendra-t-il de Myriapolis lors des prochains Conseils des Nations-Unies ? On vous reprochera de ne pas avoir subventionné un projet commun, là où d'autres ont fait amende honorable. Vous serez mis au ban et jugés par vos pairs, par simple esprit de ruche. Car si l'abeille obéit à sa Reine, l'humain obéit à ses conforts sociaux. De là, vous aurez le choix entre rejoindre la révolution, les nations indépendantistes, ou vous soumettre. Une vraie soumission cette fois, qui sera exemplaire, afin qu'aucune habitude de ce type ne soit prise. Néanmoins, les choses en resteront là.

Si vous rejoignez une forme de dissidence, voici ce que le Gouvernement fera. D'abord, il enverra une garnison de la marine régulière pour faire pression. Ou vous plierez, ou vous les délogerez. Ce sera facile pour vous de les repousser, votre armée est forte. Le Gouvernement enverra alors d'autres détachements de la Marine. Plus des éclaireurs cette fois, des soldats habitués aux tranchées et aux conflits d'opex, opérations extérieures. Il y aura peut-être même de la Marine d'Elite dedans. Les îles résistent rarement à ce niveau d'attaque. Imaginons que ce soit votre cas, que se passera-t-il ?

Si vous opposez une trop forte résistance, le Gouvernement autorisera l'emploi des armes radicales pour vous mater. Armes chimiques, destruction de votre écosystème, peut-être même un Buster Call. Croyez-moi, par ce climat de guerre mondiale, si rien n'aura pu vous faire plier, l'armée vous brisera, jusqu'à vouloir effacer toute trace de vous de l'Histoire. Je vous assure qu'ils n'auront à le faire qu'une ou deux fois pour que les derniers rebelles cessent de se mettre entre eux et leur guerre contre les révolutionnaires.


Bien que le dégoût gagne le visage de Maya, elle modère l'agressivité de son ton, préférant l'ironie.

C'est une bien grande île pour un Buster Call, Commodore.

La Ruche est une ville côtière, je vous assure qu'elle sera largement à la portée des tirs. Mais j'imagine, qu'en bonne Reine, vous aurez pris le soin d'évacuer l'ensemble de votre population vers le Royaume voisin ? Royaume qui devra assurer une énorme vague d'immigration et se préparer à l'assaut suivant du Gouvernement Mondial, sans parler du crédit que vous aurez potentiellement perdu auprès du peuple et des autres Reines. La nature des insectes est assez cruelle, gagez que le Gouvernement le sait. Soit, ce Royaume voisin se verra offrir votre pouvoir s'il vous trahit, le Cipher Pol y veillera et je suis certain qu'en ce moment même des agents sortent de leur académie calibrés ce genre de mission.

En bonne Reine, vous n'irez pas chez votre conseur, car vous n'aurez pas à le faire. Vous aurez accepté de fournir l'effort de guerre, comme tout le monde. Le Gouvernement Mondial n'est pas un monstre, mais un souverain menacé. Il doit, au plus vite, savoir qui seront ses amis et qui seront ses ennemis. Je vous adjure avec les meilleures intentions de faire partie des premiers.


La Reine serre les dents, se crispe et panique. Tout ce qu'a dit Hadoc est vrai, il connait la procédure. La Reine aussi la connait probablement, mais avant c'était uniquement dans ces contes qui concernaient les autres. L'aventure qu'elle réclamait tant frappe à sa porte désormais et comme le supposait le Marine, elle n'est pas prête, pas encore du moins. Personne n'aime les changements brusques, ils sont toujours perçus comme une agression. De rage, la voix de Maya se change en cris, tandis qu'on pourrait imaginer qu'elle fait tout pour masquer les larmes de colères qui veulent jaillir de ses orbites.

Menaces, encore des menaces ! La dernière fois qu'un équipage de la Marine est venu, ils m'ont prise en otage. J'étais disposée à oublier ce fâcheux événement, mais voilà qu'à présent on me menace de me détruire si je ne fais pas copain-copain avec un tyran !? Je vais vous montrer, moi, qui peut faire peur à qui.

Majesté...

...Silence ! Un mot de plus et je vous coupe la langue. Général, jetez-moi cet émissaire de fer dans sa barbe de velours dans nos cellules spéciales. Ici c'est moi qui fixe les règles et j'ai décidé, Commodore, que nous nous reverrons le jour où il sera temps de discuter de vos petites exigences. Emmenez-le !

Arnau marche doucement, comme pour que sa gestuelle contribue à apaiser sa Reine. C'est un bon soldat. Gharr, lui, ne bronche pas. Privé du dialogue avec Maya, il observe le Général et ne fait rien pour inviter Kardelya au combat. Elle possède une arme, l'employer ici serait catastrophique. Quand l'officier Royale se prépare à lui passer des pinces crabe autour des poignets, Hadoc ose une main levée en gage de bonne conduite.

Inutile d'employer la force, Général, je me rends. Rendez-moi un dernier service, livrez à la Reine Maya le sac que j'ai laissé à la consigne. Il contient des graines d'une fleur de mon pays offrant un bleu si doux qu'on penserait les pétales faites de soie. Transmettez aussi un message à Kardelya, je vous prie. La mission est loin d'être finie.

La-dite Kardelya entend le message, elle qui échappe à l'arrestation pour ne pas avoir offensé l'adolescente à couronne.

Général ! Je vous ai dit de congédier le diplomate.

Elle s'est un peu calmée, renforcée par la reprise du contrôle de la situation. Du moins, le pense-t-elle. Deux soldats entrent dans la salle d'entrée, probablement prévenus, et emmènent Gharr dans sa cellule tandis qu'Arnau reprend sa place auprès de Maya. Il restait à Kardelya le choix d'une tactique. Rejoindre Hadoc en prison, faire ami-ami avec Maya, abandonner la mission. Pièce sacrifiée après une manoeuvre offensive, mais nécessaire, le Marine avait laissé au Cavalier le soin de disputer la fin de la partie.
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Visiblement, mon histoire de "mercenaires" aux ordres d'une directrice fait cogiter et interloque mes deux interlocuteurs. Cela pourrait m'aider éventuellement à en savoir d'avantage ou, au mieux,
d'avoir d'autres modes de pensées et d'autres théories pouvant m'aider à tirer le fin mot de cette histoire.
Du coté du Marine, il commence surtout par confirmer des choses que je sais déjà, à savoir les raisons de l'attaque sur Jotunheim, mais il me confirme cependant quelque chose d'important: la Marine n'était pas au courant de ce "troisième camp". Au sujet de son organisation, il est vrai que ce groupe inconnu a su rester discret et efficace, dans son minage intégral de l'iceberg, devant se trouver sur place depuis un moment, et ayant su rester à l'abri du conflit pirates / Marine.

La mention du Cipher Pol me fait hausser un sourcil... Je n'avais pas du tout pensé à ce groupe d'espions et d'assassins gouvernementaux.
Laissant de coté mes nouvelles théories, j'écoute les arguments avancés par le Commodore, trouvant l'hypothèse d'un "camouflage par la destruction" assez séduisant.
Une prison expérimentale semblant faire l'objet d'étranges et sordides expériences, d'après le porte-parole du gouvernement (un brillant orateur au passage, me rendant déçu de ne pas l'avoir dans notre camp)... Des prisonniers dangereux et dont le camp de la Justice gagnerait tout à les faire disparaître, plutôt que de courir le risque de les voir s'enfuir...
Cependant, apprendre la présence de l'amiral-en-chef me glace le sang, me faisant déglutir un moment... Il y avait un tel monstre de puissance et d'autorité dans le même bâtiment que moi?!?
D'un coup, j'ai l'impression d'avoir eu de la chance de n'être tombé que sur ces effrayants gorilles des glaces! Ragnar ne m'avait pas parlé plus que ça de ses propres combats dans la prison, chacun étant parti de son coté après l'opération et il semblait avoir quelque chose d'important à faire sitôt après Jotunheim.
Mais... c'est vrai que le principal atout guerrier de la Marine à la prison, ça change beaucoup de choses... Le Gouvernement n'aurait pas pris le risque de détruire un endroit où se trouvait l'Amiral-en-chef de la Marine: ça aurait tout chamboulé et grandement fragilisé l'image de l'armée.

- Hum... Et si ce troisième camp était complètement indépendant des deux autres camps et œuvrait pour autre chose? Ou alors ils voulaient faire une grosse opération, en éliminant des "grandes figures de chaque camp... Après, étaient-ils au courant de la présence d'une personne comme l'Amiral-en-chef Makuen dans la prison? De ce que j'en sais, personne chez les pirates ou Révolutionnaires n'était au courant de ça...
Ce serait intéressant de creuser d'avantage la piste de ce troisième camp, que ce soit pour essayer de "minimiser" l'impact révolutionnaire sur la catastrophe Jotunheim, mais aussi pour éviter de laisser courir dans la nature un groupe ayant le cran de faire sauter une place forte du Gouvernement Mondial.


En tout cas, le coté "pourparlers" de la discussion semble bien se dérouler pour le Gouvernement Mondial. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose pour la Révolution, de laisser cette île basculer sous l'autorité de la Marine (même s'il s'agit de "confirmer la neutralité de l'endroit", d'après ce que j'ai pu entendre). Mais très clairement, pour une telle tâche diplomatique, je ne veux pas m'y risquer, surtout avec toutes ces lois anti-révolutionnaires nouvellement arrivées. Je partirai avec un trop gros désavantage socio-politique et je risquerai de finir à l’échafaud en moins de deux, vue la présence du Marine à mes cotés.

Cependant, plus Hadoc parle et plus je me sens mal à l'aise... Petit à petit, son discours se... radicalise? Oui, c'est vraiment ça! On passe en quelques minutes d'un discours pacifique à une menace pure et dure... de Buster Call?!? Des sueurs froides me prennent, lorsque je repenses aux deux trois fois où on m'avait parlé de ses puissantes flottes de navires de la Marine, qui avaient comme seuls ordres de faire "table rase", de ravager intégralement un territoire... C'est du sérieux, vraiment du très très sérieux...
Très clairement, cette partie du discours m'éloigne du Marine, mentalement et physiquement, alors que j'esquisse un mouvement de recul, d'un pas... deux pas... Non, très clairement, je ne veux pas être identifiée comme son alliée sur ce coup-là et si le visage du Commodore se tourne vers moi, il ne verra qu'un mélange d'effroi et de dégoût...
Cependant...

Le message du Marine s'enfonce en moi comme un pic glacé, alors que je le vois partir du coin de l’œil, massant mon front avec un long soupir...
Je finis par m'incliner largement devant la reine-abeille:

- Mille excuses, Majesté. J'espère que vous ne voyez pas ma présence aux cotés du Commodore comme un assentiment silencieux de ses propos.
Très clairement, je ne cautionne pas son "marché" au sujet du tribut ordonné à votre peuple, surtout avec une telle menace: aucun pays, aucun être vivant ne mériterai telle cruauté et destruction.
Je vais... vous laisser traiter cette affaire et je vous présente encore mes excuses pour... tout ça...


Je demande à un garde de m'indiquer le chemin des vestiaires, pour que je puisse sortir d'ici et retourner à mes affaires.
Mais une fois seule, je me faufile en dehors des vestiaires et commence à explorer et fouiller les couloirs du palais, à la recherche du Marine. Oui, je sais bien que j'ai toutes les raisons du monde de le laisser croupir en prison... mais il avait aussi d'excellentes raisons de m'arrêter à vue, dès notre première rencontre... et il ne l'a pas fait, me traitant d'égal à égal, m'invitant même dans cette mission diplomatique.
Alors, même si c'est un monstre sans cœur, à menacer une île de destruction massive sans sourciller, d'un ton si glacial... je dois le faire évader, pour le remercier de m'avoir épargné!
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