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Les infiltré(e)s


Rafael-a:
Long soupir.

Le rasoir reposait sur une serviette chaude, la buée sur la vitre laissait à peine entrapercevoir les yeux océans de l’assassin. L’air frais chassait peu à peu le flou du reflet, révélant un menton glabre, donnant naissance à deux lèvres pulpeuses et carmines. Son nez en trompette, agréablement retroussé, était surmonté d’yeux en amandes, légèrement écartés. L’un était marqué d’une cicatrice ancienne, transformant sa pupille océane en un amas gris fumeux, tandis que l’autre observait son reflet avec un agacement difficile à cacher. Ses sourcils fins encadraient un front délicat, où des cheveux gris et longs prenaient naissance.

« Délicat, vraiment ? Depuis quand je suis délicat moi … »
grommela une voix sucrée, sensuelle.

Sans compter ses vêtements qui le tiraient désagréablement. Il tira une nouvelle fois sur sa tunique, tentant de libérer sa poitrine de l’étau de tissu. C’était un comble : ses affaires étaient devenues à la fois trop grandes, et trop petites pour contenir ses formes. Ses bras disparaissaient dans des manches infinies, et les ourlets n’en finissaient plus. Ses hanches ne lui permettaient plus de porter confortablement ses ceintures. Et encore, si cela avait pu lui permettre de se libérer de la contrainte d’entretenir sa barbe … mais non : le pirate avait cru sage de lui laisser une opulente moustache sous le nez.

Toc toc.

« J’arrive, j’arrive. »
maugréa-t-il, de sa douce voix d’ange.

D’un geste, l’assassin attrapa sa tenue noire d’assassin. Elle se changea en un carcan de fumée qui vint épouser ses formes et constituer une tenue un peu plus adaptée à ses nouvelles formes. Il avait reprisé plusieurs points durant son voyage pour qu’elle soit un peu mieux adaptée. Plus de place pour les jambes, ouverte sur le haut du torse pour pouvoir respirer un peu. Il se sentait serré et mal à l’aise là-dedans. Comment faisait donc Céline pour évoluer avec autant de grâce, avec une tenue pareille ? Encore une merveille à mettre au crédit de sa femme. Qui serait, en revanche, bien moins enchantée de le découvrir dans cet état là … La connaissant, le tourner en ridicule ne serait qu’un des plus doux tourments qu’elle lui réserverait …

Ainsi, l’assassin fit glisser une cape sur ses épaules, venant épouser une fois de plus ses formes. Son épée pendait à son côté, et ses multiples armes étant reléguées dans un coffre, bien loin de là. En tenue classique, il avait enlevé toute trace d’appartenance à l’ordre, ne gardant que sa rapière. Il ressemblait plus à une mercenaire austère qu’à une donzelle en détresse, mais peu importait. Son corps n’était qu’un outil, il n’était qu’un outil. Seule comptait la mission.  Il adressa alors un dernier regard vers le miroir avant de se diriger vers la sortie. Il était quand même pas mal, en femme.
La porte s’ouvrit sur un Ragnar tout en muscles. Disparues les formes qui faisaient aujourd’hui l’angoisse de l’assassin. Il était redevenu lui-même, ayant mené son contrat à termes avec Reyson. Au moins, cela prouvait que le pirate savait tenir ses engagements. S’il avait un jour cru qu’il travaillerait de pair avec la fille de Tahar Tahgel … mais nul n’était responsable des erreurs de ses parents.

« Je suis prêt … e. Je suis prête. » grommela-t-il, ayant du mal à se mettre dans une peau féminine.

Il se sentait à l’étroit dans ce corps, se donnait l’impression d’un étranger, comme si ces morceaux de chair en plus ou en moins étaient ceux d’un autre. Ses gestes étaient toujours les même, sa force et son esprit aussi. Mais … quelque chose avait changé. Il sentait des émotions vives qu’il n’avait pas encore eu à canaliser jusque lors, des éléments que les hormones du pirate avaient dû chambouler. C’était étrangement similaire et différent à la fois. Et il n’avait pas encore eu à connaître les crampes mensuelles qui, elles seules, avaient le don de forcer Céline à rester couchée. Il soupira de plus belle en chassant ces pensées de sa tête. Il accepterait ce corps avec ses conditions, ce n’était que temporaire.

« Où est Jonas ? As-tu pu aller chercher les billets pour le train ? Nous ne devons pas louper le départ. Je te conseille de te déguiser un peu. On ne sait jamais quelle technologie le Gouvernement peut inventer pour nous gâcher la mise. » rumina l’assassin, en s’attachant les cheveux en un catogan serré.

Ces derniers avaient beaucoup poussé, rendant son attache inutile pour se dégager la nuque. Il n’aimait pas cette sensation ondulante sur les épaules. Il resserra le tout en un chignon désordonné et soupira de nouveau. Il allait devoir apprendre à faire des tresses. Le grand, le terrible Rafaelo allait devoir apprendre à se faire des tresses. Un léger sourire gagna ses lèvres. Au moins serait-il prêt pour sa fille …

« Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? J’ai un truc sur le visage ? Ah, les hommes ! »
grogna Rafaelo, avant de dépasser Ragnar en levant les bras au ciel.

Oui, les hommes … et il n’était pas encore sorti de l’auberge. Dans ce monde, mieux valait être une femme commune et laisser le sexe opposé indifférent. Car si l’assassin pensait pouvoir passer inaperçu avec ce nouveau visage, ce nouveau corps … c’était peine perdue.
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Qu’il est bon de retrouver mon ossature d’origine. Mes muscles saillants, mes courbes masculines, ma pilosité virile… Tout cela m’avait bien manqué pour être tout à fait franc. Cela dit, je pense que tout le monde l’avait plus ou moins compris. Je vous laisse simplement imaginer ma joie, que j’évite d’exprimer depuis quelques temps, et ce pour une raison plus qu’évidente. En effet, le calvaire de femme vécu pendant des mois, se retrouve être vécu par mes deux compères.

Tel un gentlemen, j’attends ces braves dames à l’entrée de l’hôtel dans lequel nous avons passé la nuit. La première à sortir est Rafaela. J’admets être légèrement bouche-bée par son arrivée. L’As de la Révolution est pour ainsi dire bien plus attirant ainsi. Un visage si angélique, si doux, malgré cette cicatrice toujours aussi bien remarquable. Ça rajoute un charme que je ne définis pas. Ses formes généreuses poussent mon regard à les analyser.

Quelque part, je ressens également un immense malaise, comme la première fois que j’ai été confronté à ça. Je tâte mes bourses pour me rappeler que j’ai bien retrouvé mon apparence d’origine. Des séquelles sont gravées à vie. Un traumatisme cette expérience. Vraiment. Je me rappelle avoir poussé des nombreuses gueulantes les heures, les jours qui ont suivi ma métamorphose. Cet inconfort, ce mal-être prenaient le dessus sur tout le reste.

- Pardonne-moi, Raf’. De vieilles habitudes gardées quand j’aperçois de belles femmes, dis-je en retenant l’explosion de rire.

Ce n’est vraiment pas dans mes habitudes de me retenir, mais je connais bien trop sa situation actuelle pour l’ignorer. Il ne nous reste plus que Jonas. L’imaginer en difficulté me fait tellement plaisir à l’intérieur de moi. C’est le genre à toujours garder la tête froide, alors j’imagine que comme n’importe quel individu normalement constitué, cette situation lui est inconfortable. Nous allons rapidement le savoir, car un son régulier de talons qui frappent le plancher approche.

- Bonjour jeunes gens, excusez mon retard. Pas très évident de se refaire une garde-robe.

Joanna:

Sans déconner. Même comme ça, il pète la classe. Je crois même que Rafaela pleure de rage intérieurement. Il m’envoie carrément valser en faisant une remarque sur mon apparence. D’ordinaire, elle aurait bien raison de s’en inquiéter, mais mon identité est inconnue sous cette forme. D’autant plus que je n’ai jamais été aussi vêtu qu’aujourd’hui. Ma magnificence est sans égale à ce jour.

Ragnar:

C’est ainsi pour détendre l’atmosphère que je reprends rapidement la parole.

- Ok… Mesdames, j’ai bien nos places pour l’Umi Resha. Le départ est dans une demie-heure, ce qui nous laisse le temps de s’y rendre sans trop se presser.

J’enfile la veste de mon costume ainsi que mon chapeau. Me retournant vers mes deux collègues que je devance, un sourire se dessine.

- Vous verrez, mes jolies, une douce et agréable aventure nous attend. J’espère que vous avez pensé à vos tampons, car les menstruations arrivent plus vite que nous l’imaginons. Comme je respecte les femmes depuis cette tragédie infligée par ce sombre Reyson…

Trêve de plaisanteries. Il est temps pour nous de partir en quête d’aventures. Un long périple nous attend et dieu seul sait sur quoi nous allons tomber. La rouquine m’a briefé ces derniers jours, pour une raison que j’ignore, sur ma manière d’agir en situation de travail. La tête brûlée ne doit plus être, du moins uniquement sous certaines conditions. L’avenir nous dira si j’en suis capable ou non. Tout ça me semble bien abstrait pour le moment. Cette première partie, dans le train, me laissera le temps de réfléchir à ces quelques détails personnels.

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Le majeur tendu fut tout ce qui répondit à Ragnar. Il devait comprendre mieux que lui ce qu’il traversait, et pourtant trouvait le moyen de se moquer … Rirait bien qui rirait le dernier. Ce fut Jonas qui les tira de là. Contrairement à Rafael … a … il avait pleinement embrassé son nouveau sexe, adoptant une tenue seyante mais pas trop courte et, surtout, des talons qui allaient de pair avec sa tenue de dame. Depuis quand savait-il marcher avec cela ? C’était une horreur pour l’équilibre, et absolument pas pratique. L’ancien boiteux, qui semblait avoir pu se remettre de ses blessures pour le coup, marchait avec grâce, bien qu’un peu trop martial. L’assassin croisa les bras, attendant qu’il ait terminé de faire son entrée calculée.

« On verra quand tu devras courir … tu ferais moins le malin avec un T-rex à distancer … »
murmura-t-il dans la barbe qu’il n’avait plus.

Par réflexe, le révolutionnaire passa sa capuche sur ses cheveux d’argent, cachant sa frimousse comme s’il était recherché, comme pouvaient le prouver les multiples avis de recherche disponibles çà et là dans les cités. Sa prime avait considérablement doublé depuis qu’il avait affronté Kenora, et aidé Jonas à s’échapper de là. Chez les gris, c’était une fierté … et la fierté n’était pas quelque chose qui étouffait l’assassin. Par contre, l’humour de Ragnar …

« De belles … quoi ? » s’arrêta-t-il, haussant un sourcil.

« Fais gaffe, Ragnar, si les menstruations te manquent tant que ça, je peux t’aider à saigner aussi … On a pas fait cet échange de gaieté de cœur, crois-moi. C’est à cause d’un foutu engagement que tu as pris. Alors à ta place … profil bas. »
tonna-t-il, se campant sous le nez de son comparse.

Avec sa nouvelle taille, il lui arrivait à peine en-dessous du menton. Faute d’habitude, il avait collé ses seins contre lui, et l’avait forcé à reculer tant il n’avait pas l’habitude de gérer ce nouveau corps dans l’espace. L’assassin pesta, tenta de lisser sa poitrine, ce qui n’y changea rien, puis claqua des talons en faisant demi-tour et se dirigeant dehors, excédé. Ses sautes d’humeur habituelles étaient d’autant plus visibles que son visage était devenu très expressif. Ce qu’il cachait sous ses traits burinés et sa barbe était devenu visible pour tous. A la différence qu’au lieu d’un homme bourru et peu avenant, il était devenu une jolie jeune femme dont la bouderie faisait rougir les joues. Son teint bronzé avait disparu pour laisser place à une peau de porcelaine. C’était bien sa veine : ses origines sudistes avaient disparu sous les jeux hormonaux de Reyson.

« En avant, j’en ai déjà marre de ce trajet. Et toi, Jonas ! Je t’interdis de te moquer ! » tonna Rafaelo, en continuant de marcher, et levant haut un bras courroucé.

Le seigneur de la Guerre pouffa sarcasitquement, puis haussa les épaules.

« Déjà qu’il était associal … changer de corps ne l’a pas arrangé. Enfin … ceci n’est que temporaire. J’ai entendu dire qu’il avait eu son lot de femmes, cet assassin … M’est avis qu’il ne va pas aimer quand la roue va tourner … hé hé … » reprit Jonas, en croisant les bras.

Malgré ses traits féminins, il demeurait égal à lui-même. Avec les sévices qu’il avait connu au fin fond de Jotünheim, il avait appris à se dissocier de ce bout de chair qu’était son corps. Plus encore, avec les mois de privation et de souffrance. Les quelques semaines à se requinquer ne lui avaient pas laissé se réapproprier son potentiel. Alors quand Reyson avait fait changer sa physionomie … ce n’était pas Jonas qu’il avait retrouvé, mais un simple véhicule. Un moyen de retourner au Conseil. Il avait pris ça comme une arme. Une arme abîmée, certes. Mais cela restait une arme. L’esprit du stratège était assez bien compartimenté pour que son identité ne souffre pas de ces modifications. En jouer, c’était se l’approprier. L’assassin, quant à lui, était bien loin de ce résultat. Mais il était aussi celui qui avait le plus à perdre dans ce marché.

Ils sortirent donc de l’auberge, constatant sans surprise que Rafaelo les avait devancés et n’avait pas pris la peine de régler leur chambre, ce que l’aubergiste leur rappela sans détour. Ils rejoignirent rapidement l’assassin, qui patientait dehors, dans sa tenue de toile et de cuir. Il avait une allure martiale, mais ne pouvait se départir de cette allure de fragilité un peu gauche qui était la sienne. La répartition de la masse de son corps avait changé, et il lui faudrait encore du temps pour s’habituer à cela. Et à regarder les œillades appuyées des dockers, ce n’était pas pour leur déplaire. Water Seven était en pleine activité, et de nombreux employés chargeaient le train pour son long trajet. Des caisses de ravitaillement, principalement. Peu de marchandises militaires : celles-ci prenaient rarement les mêmes transports que les civils.

« Les nouvelles vont toujours aussi vite … » murmura Jonas, en indiquant un panneau d’affichage où les gros titres faisaient mention de leur évasion, ainsi qu’une collection d’affiches où leurs anciennes têtes étaient largement primées.

« Au moins, même s’il n’apprécie pas l’idée – bien que ça soit la sienne au départ – Rafaelo reconnaîtra qu’on sera bien plus tranquilles pour voyager ainsi. »
conclut le révolutionnaire, avant de rejoindre l’assassin.

Ce dernier, les bras croisés, tapait du pied en les attendant.

« C’est bon ? Ragnar, tu seras notre cousin, tu nous emmènes à Arcadia rendre visite à notre grand-mère qui ne va pas bien. Joanna … et moi, sommes sœurs. Joanna, tu es l’aînée, tu parleras plus que moi à ces gardes, tu as l’air de t’être déjà bien habitué. »
ordonna-t-il, sans attendre de réponse avant de se diriger vers le train.

Quelques secondes passèrent.

« Dis moi, Ragnar. Je me trompe pas, c’est bien moi qui occupe le siège de la Guerre, et lui qui prend ses ordres d’Ombre, hein ? Parce que j’ai comme la sensation qu’il y en a un qui commence à prendre un peu ses aises, sous couvert de … Oh. Il n’a pas dit qu’il avait eu mal au ventre ces derniers jours ? »
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Erf… Déjà qu’il est assez décontenancé par l’aisance de Mandrake, il semblerait que mes petites blagues ne lui plaisent pas vraiment. Je n’aimerais vraiment pas qu’ils mettent ses menaces en exécution. Genre vraiment pas. N’oublions pas que c’est ce même type qui a tenu tête à la terrible Kenora. Rien que de l’imaginer me défendre contre lui m’effraie. Rafaela est typiquement le style de personne que l’on aime avoir dans sa team.

Aux remarques de Jonas, je ne peux m’empêcher de sourire discrètement. L’assassin me semble être une personne assez introvertie de base, alors être sous cette apparence pimpante ne doit pas le satisfaire. Malgré tout, on observe quand même l’expérience incroyable accumulée par ce tas de débris qui siège au conseil. Peu importe la situation qui lui fait face, il est capable de s’adapter à une vitesse exceptionnelle et avancer comme si de rien était. Remarquable.

- Oh tu sais, Jonas, t’es probablement le seul homme à pouvoir t’adapter aussi rapidement. Il m’a fallu des semaines pour oser sortir en plein jour sous cette apparence féminine, dis-je en me remémorant certains souvenirs.

Après avoir payé l’aubergiste, et profité de l’absence de Rafaelo pour se raconter deux-trois conneries, nous quittons l’établissement pour retrouver notre camarade, toujours aussi remonté. En longeant le quai, on apprécie la belle architecture de Water Seven, tout en passant devant des affiches où nos primes sont affichées. Je reste figé face à la mienne, bouche-bée, estomaqué… Celle de l’assassin ne m’étonne guère, étant donné le passif alarmant du gonz.

- Ça alors…

Comment est-ce que l’on peut passer de 38 millions de berries à 225 millions de berries aussi rapidement ?… Enfin, ne soyons pas dupes, je connais bien naturellement les raisons de cette hausse. Mes faits d’arme sont connus de tous dans le monde : j’ai libéré Jonas Mandrake, figure de proue de la Révolution. En soit, encore une fois, je ne suis pas plus étonné que ça. Mais je réalise que je prends une toute autre dimension à présent. Je ne joue plus dans la même cour qu’auparavant.

Je suis connu dans le monde entier, on me traque et… hein ? Qu’est-ce donc ? À côté de nos primes se trouve l’écrit de la… loi martiale appliquée aujourd’hui même. Oh putain, ça sent pas bon. En gros, on ne cherche plus à capturer les révolutionnaires, mais bien à les éradiquer de bas monde. Les pirates sont les heureux de l’histoire, puisque l’on ne les traque plus, leur prime peut diminuer, voire même abolie sous certaines conditions. Faire des pirates des corsaires par intérim… C’est habilement joué.

Vis à vis de nos alliés pirates, c’est malheureusement le même tarif pour eux. Cela dit, je les vois mal nous traquer pour avoir la paix. Pour une raison que l’on ignore, ils détestent le Gouvernement au moins autant que nous. Il n’empêche qu’ils sont dans une position délicate est qu’il est hors de question de les abandonner. Une sacrée que l’on va avoir. D’un côté le Gouvernement qui va nous traquer sans relâche, de l’autre une guerre contre Teach. Et sinon, à quel moment est-ce que je retrouve une vie à peu près normale ?

Une fois à la gare, nous atteignons rapidement le train où des agents de gare réceptionnent les voyageurs pour vérifier les titres de transport. Je détiens nos titres que j’ai conservé précieusement, sous peine d’être remis à ma place par l’assassin qui m’avait dit de ne pas les perdre. Quelle pression… Les deux femmes qui m’accompagnent se trouvent derrière moi, j’avance ainsi fièrement en face de ces agents en leur présentant les trois tickets. Des sourires de vicelards, un petit clin d’oeil…

- Amusez-vous bien, dit l’un d’entre eux avec un sourire complice.

Je fais quoi ? Je prends le temps de leur expliquer qu’il s’agit de ma cousine et de ma tante ? Est-ce que ça vaut vraiment le coup de perdre son temps ? Il se passe un petit laps de temps où je ne suis vraiment pas serein vis à vis des autres derrière moi. Je ravale rapidement ma salive en essuyant la sueur qui coule sur mon visage. Allez, du moment que ça passe, on s’en tape un peu. Un sourire à l’un, un clin d’oeil à l’autre, je passe sereinement accompagné de mes dames. Une fois à nos sièges, la pression redescend d’un cran.

Soulagé mais pas encore sorti d’affaire. Notre voyage ne fait que commencer. Avec nos apparences actuelles, il faut admettre qu’il est difficile de nous démasquer, à moins de vraiment le vouloir. Éviter les problèmes, pour une fois, ne serait pas une si mauvaise idée. La crainte de sortir des conneries est telle que je reste silencieux, pourtant si bavard d’ordinaire. C’est peut-être mieux ainsi quand on y pense.

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Comme prévu, ils passèrent les contrôles sans trop de problèmes : les faux papiers étaient plus vrais que les vrais, les billets authentiques. Se faire prendre ici n’était pas dans les possibilités, raison pour laquelle ils avaient sacrifié une partie de leur … identité. Si on pouvait appeler cela ainsi. Jonas sourit poliment en suivant Ragnar, ses cicatrices lui permettant de garder à distance les inopportuns. Rafaelo suivait de près, goûtant très peu les regards qu’on lui adressait à présent. Ce qui était une source de fierté lorsque la gent féminine le dévorait du regard avait une toute autre signification aujourd’hui. Un frisson désagréable dans le dos. Une chose était certaine : il détestait cela.

« On peut avancer ? J’ai l’impression d’être morceau de viande. » grogna-t-il, en désignant deux hommes en tenue officielle de la marine.

Des lieutenants, au moins. L’assassin fit glisser ses cheveux derrière son oreille, révélant son œil droit, gris et couturé de cicatrices. Cela eut pour effet immédiat de détourner le regard des deux hommes, mal à l’aise devant le carnage. Intéressant … si on se détournait des premières impressions … un joli minois était peut-être une belle arme au final. Jonas lui adressa un sourire.

« Combien de fois es-tu tombé pour une belle femme Rafaelo, hmm ? »
ricana-t-il.

Leurs aventures semblaient avoir créé un lien profond entre eux trois, tirant bien souvent sur des choses bien trop personnelles au goût de l’assassin. Aurait-il, lui aussi, osé s’aventurer sur des penchants aussi dangereux au sujet de Jonas ? Le futur le dirait certainement … Ils fermèrent la porte, s’assirent confortablement. Si Rafaelo pensait échapper à la suite de la conversation, c’était raté.

« Ombre n’est pas versé dans ces arts là mais … un joli visage est une arme des plus vicieuses. Reyson t’a peut-être fait un cadeau, tu sais ? Le cœur des hommes est aisément corruptible … »
poursuivit-il, ses souvenirs tournés vers on ne savait quelle aventure.

L’assassin secoua la tête et laissa échapper un éclat de rire dédaigneux.

« Tombé … tombé … c’est vite dit. Lilou a pourtant bien semblé s’en … »

Silence. Jonas ouvrit de gros yeux. Merde, ça lui avait échappé ...

« Lilou ? Tu parles quand même pas de Lilou … Jacob ? Tu es sérieux … ?! »

Silence. Les deux femmes se dévisagèrent un instant. La nouvelle recrue ingénieure, qui avait causé autant de torts que de bien à la Révolution. A la loyauté vacillante, responsable de l’enfermement de Rafaelo sur Drum, qu’il aurait dû tuer lorsqu’elle avait mis à jour sa véritable identité bien avant les évènements sur l’île glacée. Il l’avait rencontrée sur Tequila Wolf, lorsqu’elle n’était qu’une simple apprentie … et avait été complètement manipulé. Il avait failli à son devoir, l’avait laissée en vie et … l’avait bien payé plus tard.

« C’était il y a bien longtemps. On peut … changer de sujet ? »

Nouveau silence.

« Et toi Ragnar, une femme ? Des enfants ? » fit Rafaelo, tentant de renvoyer la balle à quelqu’un d’autre.

Il réalisa en prononçant ces paroles qu’il en savait, au final, très peu sur Ragnar. Ils avaient dernièrement partagé beaucoup de choses, mais il était inhabituel pour lui d’en savoir aussi peu sur ses collaborateurs. Il fronça les sourcils en faisant ce constat. Depuis quand était-il devenu si rouillé ? Jonas en profita pour sortir d’un de leur sacs quelques liasses de papier, ainsi qu’une bouteille qu’il s’était procuré on ne savait où. Il étala le tout à côté de lui, et on put reconnaître plusieurs exemplaires de journaux. L’assassin dut le regarder un peu trop longtemps, car il finit par lever les yeux de son ouvrage.

« Ne vous préoccupez pas de ça, c’est un vieux truc qu’on vous expliquera peut-être quand on sera arrivé à destination. Un moyen d’obtenir des informations, si vous voulez … au nez et à la barbe de nos fidèles oppresseurs. » sourit-il, avant de commencer à tourner les pages et sélectionner des articles précis.

Les minutes s’égrenèrent, durant lesquelles Jonas ne leva pas le nez de ses papiers. Jusqu’à ce quelques cris avinés ne viennent perturber la quiétude de leur wagon, qui n’avait toujours pas démarré. A en croire leurs billets, cela ne se ferait pas avant une bonne dizaine de minutes.

« Hey ! Jolie d’moizelle ! Hey, mad’moizelle ! T’as pas un berry ? »

L’assassin leva les yeux vers Ragnar. Il pointa son index sur sa propre poitrine, un air interrogateur. Osaient-ils vraiment lui parler comme ça, à lui ?

« Hé hé, c'est pas grave si t'as pas ! Viens, avec moi tu vas crier berry-berry ! »

Pas de doutes. Les blagues lourdes avaient une limite. Les lourdauds s’esclaffèrent, tandis qu’un frisson de gêne parcourut le wagon. Rafaelo commença à se relever, prêt à expliquer leurs quatre vérités aux imbéciles heureux qui avaient eu l’audace de s’adresser à lui en ces mots débilitants. Il sentit la main de Mandrake lui attraper le poignet en lui faisant non de la tête. Il se dégagea d’un geste et se rassit.

« Oh, c’est trop mignoon … c’est ta maman ou ta sœur ? T’inquiète, j’aime bien les cicatrices moi … » fit le même imbécile, avec un clin d’œil aviné, avant de poser sa main velue sur l’épaule du révolutionnaire.

Jonas soupira de dépit. Le sang de l’assassin ne fit qu’un tour. Tout comme le bras du balourd, qui se retrouva à manger la moquette du wagon de ses dents en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Il laissa échapper un hoquet étranglé quand le talon de Rafaelo vint enfoncer un peu plus son visage dans le sol. L’assassin se pencha à hauteur de l’oreille du malotru, mais parla suffisamment fort pour que ses amis entendent. Il tenait toujours son bras et pesait de tout son poids, le tordant dans un angle improbable.

« Tu poses encore une fois ta main sur moi, et je te donnerai une raison d’aimer les cicatrices. Compris ? »

L’homme geignit, Rafaelo relâcha un peu sa prise pour qu’il puisse respirer et parler.

« Compris ? »

« Ou … oui ! »
grommela-t-il, dans un mélange de bave et de morve.

« Bien. Casse-toi maintenant. »

Il relâcha sa victime et se rassit comme si rien ne s’était passé. Cette dernière s’empressa de se relever en se massant le bras puis, l’égo en miettes, se dirigea d’un pas rageur vers l’extrémité du wagon. Il murmura diverses menaces vides de sens. Ainsi que quelques-unes bien senties sur le fait que les autorités en entendraient parler …
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J’ignore ce que fait le vieux avec ses bouts de papelards, mais il m’a bien sauvé la mise quand Rafaelo a tenté de me renvoyer la balle pour se sortir de sa merde. Puis c’est quoi cette histoire avec Lilou ? Je crois déjà en avoir entendu parler de celle-ci, autant en bien qu’en mal, au passage. J’aimerai en savoir un peu plus à son sujet. Pas de la relation qu’elle a pu partager avec Rafaelo, bien qu’il n’en semble pas très fier, mais plutôt de son implication pour la cause.

Soudain, alors que nous sommes tous perdus dans nos songes, survient une bande de types dont les postures m’indiquent qu’il s’agit d’une belle bande de blaireaux. Le genre de tocards qui ne pètent pas plus haut que leur cul et qui se prenne pour des seigneurs. Beh là, faut dire que les seigneurs se sont attaqués à une femme, déjà pas très joyeuse en ce moment même, mais en plus bien trop gros morceau pour leur petit estomac.

C’est les bras croisés que j’observe ce petit festival. Il ne lui faut pas longtemps, ni beaucoup d’effort pour maîtriser l’un d’entre eux. J’observe toute cette scène d’un seul oeil, le sourire en coin. Que puis-je y faire ? Il est suffisamment grand pour se gérer. Et c’est pas moi le boss ici, mais je crois que Jonas a abandonné l’idée de l’interrompre. Il me regarde simplement d’un air décontenancé, sachant pertinemment que cela risque de nous retomber dessus.

Après tout, qu’ils aillent se plaindre, ce n’est qu’une pauvre femme qui s’est défendue contre des lourds. L’assassin, soulagé(e), s’assied de nouveau à sa place. Quelques vifs regards, assez gênés, en plus de ceux de tous les voyageurs qui sont rivés vers nous. Dire que nous étions sensés être discrets. C’est manqué. En restant cohérent et calme, nous devrons nous en sortir malgré tout. Au final, j’aperçois même certaines qui semblent heureuses de voir qu’une des leurs puisse botter le cul d’un enfoiré.

Le train démarre enfin, la pression redescend encore d’un cran. Je profite donc de cette occasion pour recentrer certaines de mes questions, tandis que Mandrake reprend ses activités avec ses bouts de papiers. Lilou… Qui est-ce ? Mes yeux longent les plafonds le temps de mes réflexions. Je ne sais plus qui m’en a déjà parlé, ni même les raisons de cette discussion. Autant poser mes questions maintenant, c’est pas le temps qui nous manque.

- Dites, c’est qui cette Lilou ?… Ce nom résonne dans ma tête sans savoir pourquoi.


Mais rapidement, des agents nous parviennent aussitôt. Ils s’approchent de nous en vérifiant chaque passager, jusqu’à arriver vers ceux qui les intéressent, à savoir nous. Il s’agit des mêmes types qui avaient vérifié nos tickets tout à l’heure, alors leur surprise n’en est que plus grande. Le type louche et ses drôles de dames aux drôles de cicatrices… Ils se regardent quelques instants, interrogés, avant de se retourner vers nous. Derrière eux, honteux, se cache le type que Raf’ a ridiculisé.

- Pouvez-vous m’expliquer ce qu’il s’est passé ? demande l’un des agents.

Les bras et les jambes toujours croisés, je ne tourne qu’un oeil vers ces derniers. Ce ne sont pas mes affaires, puis j’ai tendance à toujours gaffer dans ce genre de situations. Je préfère me battre en retrait et observer ces maîtres avec lesquels je voyage, apprendre à leurs côtés et les observer. Lequel des deux va prendre la parole ? La blonde semble encore sur les nerfs à la vue de son « agresseur ». Sans même utiliser l’empathie, je ressens sa colère. Celui qui occupe de le siège de la Guerre est probablement le plus à même de gérer cette situation.





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La révolution attirait les types dangereux. Comme une mouche à sa glue. Le silence s’abîma entre eux, l’agent entre eux, les bras croisés. D’un œil, l’assassin repéra ses armes, jaugea comment il pourrait se débarrasser de lui aisément. Déformation professionnelle.

« Cet homme affirme, avec témoins, que vous vous en êtes prix à lui sans aucune raison lors de son chemin vers la première classe. Pourriez-vous éclaircir cela, madame ? Ou je me verrais dans l’obligation de convoquer le reste du service de sécurité pour vous évacuer. »

Première classe hein ? L’assassin se leva et se dressa vers l’autorité incarnée du wagon. Il riva son regard bigarré dans ses yeux, dominé d’une bonne dizaine de centimètres par tous les mâles des alentours. Il pencha la tête sur le côté, observa l’empêcheur de tourner en rond d’un air écoeuré. Ce dernier fit un pas en arrière, fuyant avec courage le regard de la jeune femme. Elle le dévisagea de bas en haut, détaillant sa tunique froissée, ses habits d’emplumé. Toujours les mêmes à écraser les autres, convaincus de leur propre importance. Ces oppresseurs impotents, déchargeant leur soif de pouvoir sur les faibles et ceux qui ne pouvaient se défendre. Quelque chose commença à enfler sous la poitrine de l’assassin. Quelque chose qui faisait écho aux battements sourds de son cœur.

Les lumières du wagon cliquetèrent, l’air sembla se charger d’ombres. Tout devint plus poisseux, plus dense. Quelque chose de malsain brilla au fond du regard de la jeune femme. On aurait pu voir son œil aveugle se tourner, regarder l’agent en même temps que l’autre. Quelques bans craquèrent et le temps parut s’étirer. Durer … durer …

« Ma petite sœur et moi avons eu de mauvaises expériences avec les hommes … »

Une main ferme se posa sur l’épaule de l’assassin. Elle le tira en arrière, semblant autant s’appuyer sur lui que le forcer à obtempérer. Les lampes cessèrent de cliqueter, et l’ombre qui s’était emparée de la voiture reflua en une fraction de seconde. Rafaelo cligna des yeux, surpris.

« … ce qui explique qu’elle ait pu répondre sèchement aux avances de monsieur. Mais je vous assure qu’il n’y a eu aucun heurt : que de polis échanges. » poursuivit Mandrake, relâchant quelque peu la pression sur l’épaule de l’assassin.

Celui-ci paraissait réellement confus. Il contempla ses mains, comme s’il ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer. Quelques passagers regardèrent autour d’eux, interloqués, mais ils retournèrent rapidement à l’observation de l’esclandre en devenir. La fumée de Rafaelo s’était visiblement insinuée dans le système d’aération et avait faillir faire sauter quelques morceaux de la voiture …

« Elle a failli me casser le bras oui ! » intervint le courageux imbécile, dardant un doigt accusateur, reclus derrière l’agent.

« Vraiment ? Une jeune fille si délicate ? Voyons monsieur, vous devez faire erreur. Comment un grand gaillard comme vous pourrait se faire humilier de la sorte ? »

Habile, Mandrake lui proposait une porte de sortie. Admettre que Rafaelo l’avait ridiculisé le rendrait encore plus risible. Cependant, l’égorgeur sembla sortir de sa torpeur et la tension qui émanait de lui sembla se dissiper instantanément. Il plissa les yeux, puis échappa un sourire malicieux. Il fit un pas vers l’agent, de façon à se retrouver bien trop près de lui, puis posa sa main sur son bras. Un simple et doux contact. Il releva les yeux et accrocha son regard, en essayant d’avoir l’air le plus apeuré possible.

« Il … il m’a dit des choses horribles monsieur l’agent … il … il voulait me … » commença-t-il, en tournant la tête comme si le simple fait de s’en souvenir était trop douloureux.

Le changement soudain d’attitude laissa l’agent perplexe. Mais … le cœur des hommes était aisément corruptible. Il regarda le visage de porcelaine de l’assassin et quelque chose sembla troubler le fonctionnement logique de sa cervelle. Le rouge gagna ses joues, il bafouilla quelques mots puis se recula précipitamment pour rompre le contact. La main de Mandrake tenait toujours l’épaule de Rafaelo.

« Je … heu … bien entendu. Ahem … c’est … c’est beaucoup plus crédible ! »

Il se tourna vers l’accusateur.

« Vous devriez avoir honte monsieur, ennuyez ainsi une frêle jeune femme ! Vous feriez mieux de partir, avant que ce soit vous que je jette dehors ! » tonna-t-il en indiquant la sortie d’un doigt furieux.

L’homme ouvrit des yeux ronds et resta interdit quelques secondes avant d’obtempérer, non sans une lueur de pure haine dans le regard, mêlé à une profonde crainte. Les autres passagers eurent l’intelligence de ne pas s’en mêler, bien qu’une majorité en riait sous sa cape.

« Mademoiselle, n’hésitez pas à me signaler tout autre ennui : je m’en voudrais que votre voyage se passe mal. Pour nous excuser du dérangement, les collations seront offertes par la compagnie. »
annonça-t-il, avant de prendre la main de Rafaelo et de la baiser avec un claquement des lèvres.

Il s’esquiva tout aussi vite que le fauteur de trouble, le visage encore plus rouge qu’auparavant. Mandrake retourna s’asseoir avec ses papiers, laissant Rafaelo debout, interloqué. Il regarda sa main, puis Ragnar et un frisson courut le long de son dos. Il se frotta la main puis s’enfonça dans son siège.

« Je comprends pourquoi tu voulais redevenir un homme … » grommela-t-il en croisant les bras et les serrant fort contre sa poitrine.

« Mais bon sang … c’est vraiment aussi facile d’obtenir ce qu’on veut quand on est une femme ? J’ai … j’ai l’impression de m’être sali … et pourtant, pourtant c’est comme si je venais de jouer le meilleur coup de ma vie. » continua-t-il à voix basse.

Il était cependant indéniable qu’il avait beaucoup plus de mal à gérer ses émotions qu’avant. Le ravissement fit rosir ses joues et lui décrocha un joli sourire, qui fit pétiller ses yeux. Il ressembla quelques secondes à une authentique jeune fille à la fin de la vingtaine, aussi belle que riante.

Mandrake lui décocha un sourire amusé. Il n'était plus le seul à commencer à mesurer les avantages de leur situation.
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Qu’est-ce que je disais ? Je n’ai pas eu besoin de bouger le moindre petit doigt. À aucun moment l’agent ne s’est retourné vers moi. Mandrake a parfaitement su tempérer la situation. La situation est assez amusant vue de l’extérieur. En effet, j’ai comme la sensation que la rouquine souhaitait avant tout donner une leçon à sa « petite soeur ». Et pas seulement d’ailleurs, ça m’est probablement aussi destiné. Miraculeusement, ou plutôt grâce à une parfaite maîtrise, on s’en tire plus que bien.

- Pour tout t’avouer, j’étais encore plus chiant que maintenant. Rien d’attirant ni de très raffiné. De très bons goûts vestimentaires, que j’ai gardé par la suite, mais jamais aussi mignonne que vous l’avez été à l’instant, dis-je en réponse à Rafaelo.

En gardant toujours la même posture, je regarde le sol d’un air penseur.

- Cette expérience m’a peut-être assagi un peu. J’avais l’impression d’être tellement…
- Agaçante ? coupa Jonas. Autant, Rafaela a la sang chaud, autant toi c’était bouillant. Une véritable tête brûlée qui n’écoutait rien d’autre que ses envies. Agaçante pour tout résumé. Émilie m’a rapidement fait le topo après notre aventure sur Jotunheim, tu ne semblais déjà pas bien sage auparavant, mais le peu de temps passé avec toi sous cette forme féminine… En bref, je pense que ce n’était pas une mauvaise chose pour toi que de vivre cette expérience.

Je ne saisis pas trop tellement s’il est agacé en se ressassant ces brefs souvenirs, ou s’il est naturel. Cependant, pour en revenir à l’assassin, il doit probablement réaliser certains avantages de la féminité. C’est un atout essentiel, bien trop sous-estimé, et qui est pourtant d’une efficacité sans pareille. Quand je dis qu’il faut se méfier des femmes. À en croire les expériences de mes comparses, je ne pense pas me tromper quand je dis qu’ils sont bien placés pour en parler.

Il m’a fallu tout de même plus de temps qu’à ces derniers pour m’adapter à ma nouvelle forme. Ne serait-ce que d’un point de vue moteur, j’étais incapable de me déplacer comme je le désirais. Mais cela n’est pas propre à la femme. N’importe quel autre changement aurait été éprouvant pour moi. Nos schémas moteurs sont tous différents d’un individu à un autre. Par exemple, chaque personne à sa propre manière de courir, plus ou moins efficace. N’importe quel changement morphologique implique un changement de schéma.

Et des changements d’états…

- Revenons-en à nos moutons maintenant que nous sommes tranquilles. Cette Lilou Jacob… Il s’agit bien de celle qui a foutu un bordel monstre au sein de la section scientifique du Gouvernement ? Qu’est-ce qu’elle est devenue ? Ensuite, nous en reviendrons à ton histoire avec elle, Raf’, demandé-je en finissant par un vieux sourire malicieux.

Parce qu’après tout, il y a des tas de choses qui m’intéressent. D’une part, toutes les grandes têtes de la Révolution, qu’elles soient dissidentes ou dans l’armée. D’autre part, simplement connaître mes deux nouveaux partenaires, avec lesquels je voyage depuis quelques temps, et probablement avec lesquels je vais encore voyager longtemps. Cette idée ne me déplait absolument pas, mais on s’entraide, on se taquine, on s’insulte, et tout ça, sans se connaître pour autant.

Je connais chacun de mes acolytes en temps normal.



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Le sang chaud, c’était vite dit. Rafaelo avait toujours eu un caractère prompt à s’emporter, peut-être lié à ses origines sudistes. Il avait peu à peu appris à prendre le dessus sur ses éclats, domptant ses émotions et les gommant au profit de sa … profession. Il se frotta le menton, habitué à triturer une barbe qu’il n’avait plus, puis poussa un soupir désabusé. Il observa le paysage qui défilait derrière la vitre du wagon, se perdant dans les écumes lointaines des océans. Ils n’avaient pas pris le temps de se poser, de souffler, depuis Jötunheim. Tout n’était que course effrénée et précipitée depuis qu’ils étaient parti de là, faisant voler en éclat l’immense glaçon. Les ennuis semblaient les chercher où qu’ils aillent.

« Lilou Bennett Jacob. » soupira l’assassin, en secouant la tête.

« Ingénieure et épine dans le pied de la révolution … puis du gouvernement. Elle m’a capturé sur Drum, puis a fini par tuer Vegapunk. Voilà peu près ce que tu dois savoir. » expliqua-t-il, sans lâcher le paysage du regard.

C'était résumé à l'extrême, mais que dire de plus ? Leur relation était strictement confidentielle, et si Rafaelo n’avait pas été sentimental, il aurait entrepris de se débarrasser d’elle le plus rapidement possible, alors qu’elle n’était pas encore un danger. Mais il ne l’avait pas fait. Aurait-il seulement pu ?

« Le reste, ne te concerne pas Ragnar. »
trancha-t-il, d’une voix sans appel.

Jonas le contempla d’un œil suspect, puis retourna à ses papiers. Peu étaient ceux qui savaient que Rafaelo avait femme et enfants aujourd’hui. Et encore moins avaient connaissance de la réelle identité de sa femme, sœur du traître Uther Dol, qui était venue l’avertir des dissensions au sein de sa Confrérie lors de son trajet à bord du Leviathan, le fameux navire gigantesque affrété par Alheïri Fenyang. Le révolutionnaire eut la bonté d’âme de ne pas intervenir : il avait des choses plus pertinentes à réaliser après tout.

« Ah ! Nous y voilà. Notre contact nous attendra, comme convenu. Il semblerait que les choses aient été bien arrangées pour notre transport. Parfait. » fit-il, avant de rassembler les papiers en un tas désorganisé et de les froisser en boule.

« C’est votre premier tour à tous les deux, et j’entends à ce que vous compreniez bien l’honneur qui vous est fait. Notre … réunion se tiendra en huis clos, dans l’un des endroits les plus protégés du monde. J’espère que vous comprenez ce que cela implique ? »


Très peu de révolutionnaires avaient déjà eu accès à Méga-Rêva, l’assassin ne le savait que trop bien. Tout il comprenait le fait qu’Adam ait mis du temps à lui faire confiance et à lui laisser quelques rênes en main. Il avait, après tout, mené une organisation parallèle pendant de nombreuses années. Une organisation qui avait les mains sales, cela allait sans dire. Sur une vision divergente de la cause, peut-être un peu trop extrême de la part de l’assassin. Car selon lui, le véritable révolutionnaire n’exerçait jamais le pouvoir. Son rôle était de le léguer à ceux qui furent autrefois ses victimes : ils n’avaient pas leur place dans ce monde qu’ils appelaient de leurs vœux, ils n’avaient pas leur place tant ils baignaient dans le sang et la tromperie.

Alors, il était compréhensible qu’il soit réticent à l’idée d’un chef unique, et que le siège du Secret présentait, pour lui, une alternative à la corruption inéluctable du pouvoir. Comme Uther Dol l’avait montré, nul n’était à l’abri de la soif de pouvoir et de puissance. Même Rafaelo n’était pas parfait : ses quêtes avaient autrefois été motivées en ce sens. Plus de pouvoir pour nourrir son combat. Lui-même ne se faisait pas confiance : combien de fois avait-il pris une décision funeste en lieu et place d’un autre ?

« Je comprends. Oui. On ne te fera pas honte. »
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Le reste ne me concerne pas, qu’il me dit, hein ? Et c’est comme ça qu’il compte faire connaissance. Mes yeux de serpent se dirigent subtilement vers ce dernier avant de basculer vers l’extérieur. Bon, c’est pas avec ce résumé que je vais apprendre grand chose. Il s’agirait d’une ingénieur qui a causé des tords aussi bien du côté de la Révolution que du Gouvernement, puis peut-être un petit dans le coeur de Rafaelo. À en croire par les nombreuses réflexions de Jonas à ce sujet, l’assassin me semble être un grand séducteur. Comme tout grand assassin me dirait-on.

Pour débloquer ce moment gênant, notre chef nous annonce que tout est bon concernant le reste de notre voyage. Deuxième soulagement de la journée. Il en profite également pour nous rappeler où l’on va, qui est-ce que l’on va rencontrer, et plus ou moins l’attitude à adopter. C’est à peu près ce que j’ai compris dans sa phrase. Ce message doit logiquement m’être destiné davantage qu’à Rafaelo, qui tient une posture plus respectable que la mienne.

- Hem… Bien entendu. Je tâcherai d’être irréprochable… pour une fois, dis-je en détournant le regard.  

Je ne viens que pour remplir ma mission, à savoir ramener le colis délabré, Jonas Mandrake, auprès de ses semblables. Puis accessoirement rencontrer en chaire et en os mes supérieurs. J’ai eu l’occasion de bosser avec Niklas Aldos, mais les autres… Le néant. Seulement des interactions téléphoniques. Et papy Jo’, c’est seulement par dépit. Quoi qu’il soit, j’ai bien conscience de l’enjeu et de l’attitude à avoir face à ses grandes figures.

Je frétille d’impatience. Rien n’est visible de l’extérieur, je reste toujours aussi calme et imperméable. Au fond de moi rugit un volcan qui ne demande qu’à exploser et projeter des nuées ardentes. C’est justement sur ce point précis que je dois progresser. L’estropié parlait justement de ce défaut dans lequel je ne suis que mes envies. Il va falloir baisser le chauffage, contenir un peu mes pulsions et raisonner lucidement.

J’ai des tas de questions qui me viennent en tête, à savoir si l’on bouffe bien là-bas, si l’ambiance est cool… Néanmoins, je pense que la question serait mal venue. Ce n’est que mon avis, hein. On n’y est pas encore de toute manière. Le regard de nouveau tourné vers l’océan, je rêve de projets en tout genre pour parvenir à mes objectifs. Il faut avouer que cette loi martiale n’arrange pas tellement nos affaires. Je ne dirais pas que l’on était plutôt serein avant celle-ci, mais là on est carrément mal.

Affaire à suivre. Pour l’instant, nous approchons de notre destination sans y être pour autant. L’aventure continue.









Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Ven 3 Mai 2019 - 22:30, édité 1 fois
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Le silence s’étira entre eux, agrémenté par les cahots du train à mesure que le paysage défilait à travers la vitre. Des endroits connus, et d’autres moins. L’assassin plongea son regard dans l’horizon, et glissa malgré lui vers les nuages, espérait-il y voir poindre quelques îles volantes ? Ils étaient bien loin de Skypeia à présent, et il avait une nouvelle fois traversé le monde sans voir sa famille. Sans prendre le temps de voir ses enfants grandir. Il ne leur infligerait pas la peine de le voir avec cette apparence, ainsi leur prochaine rencontre prendrait encore du temps. Il secoua la tête, se passa une main lasse dans les cheveux à l’instant où la rame plongea dans le noir. Quelques cliquetis se firent entendre, et les lumières artificielles prirent le relais : ils passaient sous Red Line. Leur voyage continuait bien au-delà des précédentes étapes à présent, et loin au-dessus de leur tête trônait Marie-Joie la honnie.

« Bien … au moins cette étape du voyage s’est passée sans trop d’encombres. Plus qu’à attendre les petits plats qui viendront après Sekan. » fit Jonas, avant de s’étirer douloureusement.

Il fit jouer ses articulations, et craquer sa nuque avec une grimace douloureuse.

« Il arrive parfois que les agents fassent une inspection entre Sekan et Aolomin, pour éviter que certains intrus ne débarquent à Five Station, malgré les rames spéciales. Ainsi que des marines … » précisa-t-il, tout en prenant soin de vérifier une dague qu’il avait cachée dans sa botte.

Rafaelo haussa un sourcil, songeuse.

« Des soucis à prévoir ? »

« S’ils n’ont pas de testeur en granit marin … non. »
sourit-il, en regardant ses deux comparses droit dans les yeux.

« Des testeurs en … »
commença l’assassin, lorsque la lumière du soleil envahit le wagon avec une force décuplée par la pénombre qui y régnait jusqu’à présent.

Les cliquetis se firent de nouveau entendre lorsque les lumières s’éteignirent, et la rétine des voyageurs s’habitua petit à petit au nouveau spectacle qui les attendait de l’autre côté de la falaise qu’ils venaient de traverser. Des vagues de plusieurs dizaines de mètres de haut venaient s’écraser à côté d’eux, la houle soulevant les rails comme de simples brindilles. Les suspenseurs leur permirent de ne pas trop ressentir les oscillations, ni le choc lorsqu’ils crevèrent la surface pour s’enfoncer dans les eaux, avant de ressurgir des centaines de mètres plus loin. Des ombres colossales frôlèrent le train, avant de s’éloigner en relâchant des sonorités assourdissantes. Puis le calme revint, aussi soudainement qu’il avait disparu.

« Bienvenue dans le Nouveau-Monde. »
ricana Jonas, avec un geste de la main théâtral.

Puis la pluie vint les frapper, avant de s’arrêter une dizaine de secondes plus tard, laissant place à un soleil rageur. Rafaelo se risqua à s’approcher un peu plus de la fenêtre, admirant les eaux étranges de cet endroit. Plus rien ici n’avait de sens, il avait entendu parler des spécificités météorologiques de ces eaux, et vue la vitesse démentielle à laquelle filait l’Umi Ressha, il se doutait que les quelques étrangetés qu’ils affrontaient devaient en réalité s’étendre sur plusieurs centaines de mètres.

L’allure commença à diminuer, le crissement des roues sur les rails se fit de plus en plus présent, annonçant l’arrivée prochaine à leur premier arrêt dans le nouveau monde : Sekan Station. Une grande banderole accueillait les nouveaux arrivants, et une foule d’individus semblait attendre à quai, bien plus hétéroclite que ce qu’ils avaient pu contempler dans les autres parties du monde. A un détail près : ils étaient bien plus dangereux … et riches.

« Au moins on ne détonera pas dans la masse, hein Ragnar ? »
s’amusa l’assassin, avant de vérifier, lui aussi, que les quelques lames dissimulées dans ses effets coulissaient suffisamment à son goût.

« Espérons que le reste se fasse sans encombres … »
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