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Merde, c'est pas ce que vous pensez.


Huit heures déjà et un faisceau de lumière qui traverse la pièce. Sombre. Glauque. Il n’y a que les trous du vieux volet pour éclairer la salle. Deux pas ou trois et je me prends le coin du comptoir dans la hanche. Cri aiguë mais discret. Tombe l’ampoule qui devrait être accrochée aux fils pendus. Mais j’ai pas d’escabeau pour monter là-haut. Alors ça attendra, que j'essaie de choper un géant.

Bâillement, yeux qui frottent, j’avance vers la fenêtre pour ouvrir les volets. Choc des nocturnes, soleil éblouissant et ciel bleu. J’me dis que février aurait pu rester un peu plus gris, juste pour se dire qu’on a eu un vrai bel hiver. Mais je parle pas trop vite, parce qu’il fait encore froid, alors je chope un pull.

Odeur d’orange dans le coin.

« Bon, bon, bon. Qu’est-ce que je fais aujourd’hui ? »

La vraie interrogation. Chaque jour en me levant. Et j’en ai plein du taf pourtant, mais poil dans la main a eu raison de moi. Ou bien est-ce la fatigue qui me cantonne au strict nécessaire ? J’hausse les épaules. Sourcils froncés.

« On va déjà se faire un café. »

Je suis pas riche à ce point, mais je me suis achetée de quoi moudre les grains et j’ai un petit feu pour réchauffer l’eau. Alors j’en profite chaque matin. Petit délice secret.

Je sais pas vous, mais alors pour moi c’est un truc ultra important le déjeuner. Genre, j’aime pas crever de faim. Presque intéressante comme réflexion, mais réelle.

Une gorgée, deux, ça brûle. Lèvres humides. Et au même moment, la cloche de la boutique qui s'affole. Et glouglou. Liquide qui se renverse sur la main. En partie.

« Aie, aie, aie, aie, aie, c’est chaud, c’est chaud ».

Hafou, fou, fou, fou, fou. Mais bon, souffler dessus comme une demeurée n’arrange rien, c'est juste que psychologiquement j’ai l’impression de faire quelque chose pour.

« J’peux vous aider mon… »

Plus de monsieur. Ou de madame, j’ai pas bien vu. Balais qui tombe à la renverse par terre. Grand crack sur le parquet insalubre.

« Arrrrrgh !! J’en ai marre putain ! Peuvent pas venir quand je bois pas mon café ? J’ai que ça à faire d’ouvrir à huit heure trente du matin ».

Mauvaise foi. Parce que je dois le faire, parce que dans le coin tout le monde ouvre à huit heure trente. Compétitivité.

Sur Manshon, l’activité commerciale, elle commence tôt. Mais ça va, Mac Mary se porte bien parce que dans cette rue, j’ai pas vraiment de concurrence. Une boulangerie à l’angle, une boutique de vêtement au milieu. Mais faut quand même dire que la vache ils ont des bons artisans.

C'est vrai. J’avoue. A côté j’fais tâche. La seule qui vend des petits bibelots et objets en tout genre. Synonyme de dépotoir en fin de compte. Après réflexion.

Mais faut croire qu’à Manshon, les gens sont pas vraiment friands de ce genre de boutique. Ils préfèrent rester dans leur petit confort, leurs petites habitudes. Sorry les riches.

Peut-être qu’il fallait que je fasse un marché, avec fruits frais, viande et poisson à foison. Mais.. trop compliqué. Genre, organisation en tout genre : fournisseur, place, salarié. Oh non, j'étais bien seule avec mes quelques fournisseurs pas trop chiants.

Eh ! Je baisse pas encore les bras. Rendez-vous noté sur mon petit carnet froissé : le peintre doit venir me faire les murs. Sont moches et j’veux leur redonner un coup de jeune. Faudra venir voir après, quand ma boutique sera belle. Boutique cinq étoiles qu’elle sera.

Mais en attendant je bouge les meubles, les cartons et fais de la place pour préparer le chantier. Merde. J’ai pas retourné l’ « open » de la devanture. Et pourtant, je suis « close ». Tant la boutique que ma tête. Barre dans le front, besoin de boire de l’eau.

Ça va jamais finalement. Plainte incessante, mais merde Mary, réveille toi.

La journée commençait mal, sous un rayon de soleil agréable pourtant…
    Six heures du matin. Le son perçant du clairon se fait entendre dans la caserne. Je me réveille difficilement en m’asseyant sur le lit. Je regarde par la fenêtre, légèrement ébloui par le soleil qui lui aussi fait surface. Je m’étire, craquant quelques parties de mon corps, un peu énervé de ce réveil si brutal. Début de la routine matinale. Je traine un peu des pieds jusqu’à la douche, baillant et me frottant les yeux. J’allume l’eau brulante. Celle-ci se jette sur ma peau dans des milliers de petits picots réveillant mes muscles. Une fois ce petit plaisir terminé, je sors, m’essuyant et m’habillant de mon uniforme de soldat.

    Je sors de ma chambre, fermant la porte. Je croise quelques soldats eux aussi toujours endormis. Je serre quelques mains, dis bonjour à d’autre.

    « Bien dormi caporal ? Oui moi aussi, une dure journée nous attend. »

    Une odeur de café se fait sentir depuis la cantine.
    « Heureusement que le café est bon ici, ça va me permettre de tenir pour la journée.

    L’odeur se fait de plus en plus sentir au fur et à mesure que je m’approche. Je rentre. Je dis de nouveau bonjour à de nouvelles personnes. Je prends un plateau, pose un croissant, un jus d’orange et un café dessus. Je vais m’installer à une table.

    « Bonjour sous lieutenant, comment ça va ce matin ?

    « Bonjour soldat, ça va réveil difficile, comme tout le monde. »

    Je prends une bouchée de croissant. Délicatement croustillant, un régale pour les papilles. Le café fumant dans une main, j’écoute les ragots de la veille. Un soldat à apparemment trouvé de la drogue. Elle circule pas mal en ce moment, faut faire attention. Une fois ma boisson terminée, je bois le jus d’orange d’une traite, pour calmé ma gorge endolorie. Je sors de table, posant mon plateau et me dirige vers le bureau du commandant.

    Les couloirs sont sombres, certaines ampoules mortes depuis longtemps déjà. Je suis dans cette garnison depuis peu, je devrais me rendre utile, les réparer peut être une bonne idée. Une odeur âcre sort des salles d’interrogatoires, sans doute un peu trop violent ces derniers temps. Je ne suis pas fan des solutions de violence. J’arrive devant le bureau du commandant. Une lourde porte en bois. Finement détaillé comparée à toutes les autres porte. Blanche, lourde et épaisse. On ne pourrait pas l’enfoncer si facilement.

    « Entrez ! »

    Je tourne doucement la poignée de métal froid, ouvre la porte, rentre dans le bureau et referme. Le bureau est riche, un énorme cabinet en bois massif au milieu de la pièce. Un canapé en cuir sur le coté avec une table basse et un énorme fauteuil qui je pense coute plus que toute ma paye.

    « Sous lieutenant Volkof à vos ordre monsieur, je viens prendre ma mission du jour. »

    Le commandant me regarde. Il baisse ensuite ses yeux sur le bureau ou de la paperasse traine. Il cherche quelques secondes puis me tend un papier. Un peu biscornu, taché même, une trace de café sans doute. Je prend le papier puis le regarde.

    « Bon, je sais que tu es nouveau ici. Mais il va falloir prendre tes marques rapidement, on joue pas ici, on bosse. » Il marque un temps d’arrêt, sors un cigare et le porte à sa bouche. Il l’allume, et tire une latte avant de reprendre. « Bon, comme tu peux le voir sur ton rapport, une nouvelle drogue fais pas mal de victimes ces derniers temps. Tu vas partir en patrouille dans le quartier commerçant pour essayer de trouvé quelque chose. Aller à ton poste et plus rapidement que ça.

    Jr sors de la pièce, un peu agacé par l’attitude désinvolte de mon commandant. Mais c’est l’armée, il est le chef, moi le soldat. Il dit, j’obéis. Pour le moment du moins. Je me rend rapidement à la porte extérieur de la caserne où mon binôme m’attend, un caporal, connu pour ses manières un peu rustres.

    « Caporal, voilà les ordres. Nous nous rendons dans la zone commerçante pour chercher des indices à propos de cette nouvelle drogue. On en profitera pour faire une patrouille de routine.

    « ça marche lieutenant ! Et si jamais j’en vois avec cette drogue, je m’occuperais personnellement de son cas !

    J’ai un petit rictus nerveux, je n’aime pas du tout son attitude à lui non plus. Pas très grave, je serais le contenir au cas où.

    Il est maintenant huit heures trente. La journée est belle. Un grand soleil, une chaleur naissante et pas un nuage dans le ciel. Sur le chemin on voit des enfants. Ils jouent aux pirates et aux soldats. Apparemment c’est le soldat qui a gagné, comme toujours. Des personnes âgés nous disent bonjour sur le trajet, souriant, retirant leurs chapeaux à notre passage. Voir le sourire des gens me fais sourire et m’emplie d’une douce chaleur. C’est pour eux que je suis devenu soldat. Pour que la justice soit respectée partout et par tous.

    Nous arrivons à destination. Plusieurs boutiques. Par laquelle commencer ? Je dirais bien celle de bibelot. Je rentre, tirant la porte de bois. La boutique semble ouverte. Je lance un « bonjour » discret.

    « Bonjour, contrôle de la marine.

    Voyons voir ce qui nous attend maintenant.
      Des tasses en porcelaine ? Trop vieux. Des bijoux en argent ? Trop cher. Une sculpture de cheval ? Trop grand. Des bougies ? Déjà vu. Des carnets ? C’est cliché. De la crème pour les mains ? … Des boites de rangement ? Encombrant. Des boites à lunette ? Qui porte des lunettes ?

      Oh et zut.

      Pas un seul objet qui me plait dans ce catalogue. Un peu poussiéreux parce que je le sors pas souvent, je me dis que de toute manière les produits doivent déjà avoir quitté les entrepôts. Et on en revient toujours au même problème. Des bibelots ? Est-ce vraiment ce que je veux ? Faut que j’y réfléchisse. Je veux dire, vraiment. A tête reposée.

      En attendant, je m’étire, mais pas le temps de flâner parce que la petite cloche me recasse les oreilles. C’est qui encore ? Z’avez pas vu ? Pas de lumière, une vieille devanture, un tapis presque moisi devant. La boutique est pas prête.

      Mais pas le choix visiblement. Uniforme bleu de ce que je vois et contrôle de marine qu’il me dit. Dans quoi je m’étais encore foutu ?

      Le briquet que j’ai volé en douce à ce vieux ? Impossible il a même pas vu que je l’avais pris en screed. Euh… la chaise que j’ai cassé au bar ? Non, non, non. Le gars m’a dit que c’était pas grave, fin je crois. Ou il m’a peut-être dis que fallait que je rembourse autrement ? T’façon il était louche. Alors, attend, si c’est ni ça, ni ça… peut être… ah bah non j’vois pas. Ça va, ça va, j’commets pas non plus dix infractions à la semaine… juste de temps en temps. Ah, je sais. C’est le revendeur d’Inari là, celui qui m’a refilé sa carte au trésor pourrie. Mouais, veulent le choper j’vois pas d’autre scénario.

      Bon Mary, reste zen, fais genre que tu sais pas. Sois naturelle.

      « Bonjour messieurs, euh… je vous aurai bien proposé du café mais euh… je pense que vous en avez déjà bu ? »

      Pire excuse pour faire sa radine.

      Y’a un grand là, deux-mètres qu’il doit faire. Il me regarde de haut, mais genre pas parce que c’est un petit géant plus parce qu’il a… l’air hautain ? Rah… je suis pas assez bonne pour cernée les gens. En-tout-cas, celui d’à côté paraît plus sympa ou… atypique. Quoi qu’il en soit, ils se sapent bien à la marine. Moi je passe pour un sac poubelle mais c’est ok.

      « Du coup, vous avez besoin de voir quelque chose ? »

      Le gros s’avance et me fou son truc de perquisition en pleine tronche.

      « On dirait bien qu’un petit trafic s’est établi sur Manshon. Alors on cherche des indices, des pistes… des coupables ? Si vous le permettez, on va regarder à droite, à gauche. »

      Pff, si je le permets pas je me prends un patate en pleine tronche. Alors automatiquement, haussement d’épaule.

      « Pas de souci, faites comme chez vous. »

      Mais n’oubliez pas que vous êtes pas chez vous.

      Je me mets au milieu de la pièce et puis du doigt je leur montre que : y’a un comptoir, des étagères contre les murs et une arrière sale avec un peu partout des livres, cartons et objets en tout genre.

      « Pour les étagères, c’est juste qu’un peintre doit passer alors j’ai un peu bougé les meubles pour lui faciliter le travail. »

      « Ne vous en faites pas. »

      J’acquiesce d’un hochement de tête. Ils sont plus sympas que ce que je pensais. Aller, à tout casser dans dix minutes c’est terminé

      « Et monsieur, c’est quoi ce trafic ? »

      Mais pas folle la guêpe. On en veut nous aussi des infos.
        La boutique semble relativement petite. Ouverte depuis peu sans doute. Je souris quelque peu à la femme en face de moi. Vu son allure, elle à du avoir une vie assez dure je dirais. Elle acquiesce à notre demande. Au moins, on évite la solution de force, je suis soulagé. Le caporal part directement fouillé. Il ne prend pas de pincette, fouille dans des cartons, sur les meubles, faisant virevolter de la poussière autour de nous, ce qui me fait tousser.

        « Keuf..keuf.. Caporal, je vous en prie un peu de doigtée, nous sommes dans un magasin.

        Il se retourne et me regarde avec un air badaud. Il hausse les épaules et fait tombé un bibelot, qui se fracasse sur le sol en plusieurs morceau. Il me regarde de nouveau, l’air de dire « oups ». Je suis agacé et dépité. Je souffle un peu tout en posant ma main sur mon visage. Je m’approche de la femme et sors quelques berrys de ma poche.

        « C’est pour la perte de l’objet, j’espère que vous n’en tiendrais pas rigueur à mon subalterne.

        Je commmence aussi à fouillé autour de moi. Pas mal d’étagère, de caisse et autres choses. Je regarde rapidement, soulevant quelques objets. Je les reposes doucement, évitant la même erreur que mon collègue.

        « En ce moment, une drogue forte circule sur le marché noir et nous avons déjà eu plusieurs cas d’overdose, on enquête donc à ce sujet. Désolé pour le dérangement, cela ne durera pas longtemps.

        Je souris un peu. Voir une boutique aussi atypique me rappelle mon île natale. Une petite échoppe sur le port, tenu par un vieil homme. Il me donné des bonbons quand j’y allais étant enfants. Bon. Trêve de commémoration, je suis là pour le boulot. Je laisse le caporal chercher dans les caisses, il à l’air de s’appliquer au moins. Un cri aigue. Je me retourne, poing sur l’arme. Le caporal, nez à nez avec une araignée. Il à hurlé. Il est tombé. L’insecte a gagnée. Je soupire une nouvelle fois. Bon dieu, pourquoi il faut que je me le coltine celui là.

        « Caporal, un peu de retenue je vous prie. Ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse.

        « Pardon caporal, mais faut avouer elle est vachement imposante cette bestiole ! Mais si elle reviens, je la coupe en deux !

        Vraiment il me fatigue. Et dire que j’ai encore toutes les autres boutiques à visitées. Le temps passe. Nous ne trouvons rien dans la boutique. Seulement de la poussière, quelques araignées et c’est tout. Pourtant, le caporal cherche encore. Je devrais le stopper. Mais au moins, pendant ce temps, il ne parle pas. Je lui laisse encore une dizaine de minutes. J’en profite donc pour essayer de parler avec la tenancière.

        « Cela fait longtemps que vous êtes ici ? Car je suis nouveau dans la garnison et je me disais que c’est une boutique bien chaleureuse que vous avez. Elle me rappelle un endroit de mon enfance, j’espère que les affaires marcherons pour vous.

        L’allure de cette femme me plait. Elle me rappelle un peu les fermières. Ou les personnes travaillant de leurs mains. Un peu rustre, mais chaleureuse. Je repasserais sans doute quand je serais de permission. Nous somme donc sur le point de partir. Tout à coup, une planche mal mise attire mon attention. Je me baisse et la pousse. Dessous un sachet avec ce qui ressemble à de la drogue dedans. Je me relève, sors des menottes et regarde la femme.

        « Je pense que vous allez devoir fermé aujourd’hui et venir au poste avec nous madame.
          Pardon ? Je comprends pas. Pas du tout.

          Et le ciel se couvre, plus qu'un faible rayon de soleil qui traverse encore la pièce. Je m'avance. Et un oiseau sifflote. Le parquet grince. Je grince des dents.

          La drogue, c'est pas mon truc. J'ai pas de péché mignon comme ça. Y'a deux semaines encore, j'étais stressée pour la boutique, de me dire que j'échouerai, peut-être, de me dire que je retrouverai à la rue, peut-être. Alors j'ai essayé de trouver un truc qui me fasse oublier un peu tout ça.

          Dans une ruelle, c'est juste un gars que j'ai interpellé pour lui demander ce qu'il fumait. De  « l'herbe » qu'il m'a dit. Ouais, « tout ce qu'il faut pour se sentir bien et planer un peu. » Un petit maigrichon d'une trentaine d'année. Il m'a vu, perplexe, et m'a dit  « aller, je te fais un prix » Sûrement que je me suis fait rouler, à quelques berrys près, en tout cas son truc c'était de la merde.

          Et cette « herbe » traînait là, dans le tiroir du comptoir. C'était pas flagrant, un petit sachet de cinq grammes tout au plus. Toujours seule dans le bâtiment, jamais personne pour me déranger, pas idée que la marine passerait. Tu m'étonnes que je l'ai pas rangé. Mais y'avait rien de dangereux, j'en avais tiré une taffe ou deux et j'en étais pas morte. Comment pouvaient-ils penser que c'est ce truc là qu'ils cherchaient ?

          Et je sors tout de même de mes pensées avec les menottes glacées qui me ramènent à la réalité. Coup dur.

          « Ok, ok, m'sieur le soldat, je peux tout vous expliquer. »

          Phrase qui sonne faux comme pour se dédouaner. Mais les deux étaient pas naïfs. Le costaud s'est approché pour arracher le petit paquet des mains de son collègue. Il m'a regardé avec le genre de regard qu'une femme fait à son homme quand y'a un truc louche qui se trame. Ah bah clairement j'étais la fautive et pas moyen de m'exprimer.

          « Nan mais regardez moi ça, jamais ça tuerai quelqu'un. J'veux dire, de rire peut-être, mais... mais c'est pas néfaste.

          - Madame, veuillez nous suivre s'il vous plait.

          - Pas bavard toi... » Dans un chuchotement.

          Vous savez ce que ça fait de vous faire traîner de force jusqu'à la base de la marine ? Walk of shame. C'est tout.

          Y'a ceux qui te dévisagent parce qu'ils comprennent pas ce qu'il se passe, indignés. Ceux qui observent discrètement en essayant de s'imaginer ce qui a pu se passer. Puis y'a les rigolos qui t’acclament parce qu'ils sont anti-marine sans raison, tu sais ceux qui ferraient pas de mal à une mouche, ou ceux qui passent leur chemin. Puis sous les rayons de soleil de Manshon, c'est comme une traversé du désert en moins hot, le scénario moins stylé.

          « Rassurez-moi, vous allez pas me faire de mal ou quoi ? »

          Faut quand même poser la question parce que y'en a qui violentent gratuitement. J'me dis que le frêle aux cheveux noirs a pas bien l'air méchant donc je m'inquiète pas. J'veux juste... me rassurer quoi.

          Herbe et un peu de boue due aux pluies de la vieille, ils me font traverser un sentier bien pourri pour aller jusqu'à la caserne. Putain, le bâtiment est là. Je frissonne parce que merde, c'est un peu comme si la justice allait me tacler en douceur. Je suis pas prête, vraiment pas.

          Et il me répond toujours pas.
            J’avoue être un peu déçu. Je ne m’attendais pas à ça. Sous ses aires de femme forte, se cache en réalité une droguée. Je peux concevoir qu’elle n’est pas à mon sens le cerveau du trafic. Mais pour en être sur, un interrogatoire est nécessaire. Mon coéquipier, heureux de cette découverte lui arrache le petit sachet des mains. Il le regarde dans tout les sens. Il ‘ouvre et le renifle, avant de sourire comme un gosse ayant trouvé un bonbon.

            « Hé sous lieutenant ça je reconnais c’est de la bonne ! J’en ai déjà vu dans la salle des preuves, c’est exactement ce qu’on cherche ! Cette criminelle va aller en prison pour longtemps !

            « Caporal. Pour le moment, ce n’est pas une criminelle. Juste une suspect. Que l’on va conduire à la base pour l’interrogée, tout simplement. Il ne faut pas accuser avant d’avoir des preuves solide.

            Il me regarde un peu triste. A mon avis il s’attend déjà à avoir la résolution de l’enquête. Je m’approche de la jeune femme et lui passe les menottes. Cela n’aurait tenu qu’à moi, je ne les aurais même pas sorties. Mais avec la présence du caporal, je suis bien obligé de suivre le protocole. Je pose ma main sur son épaule, essayant d’être le plus rassurant possible.

            « Bien sur que l’on ne va pas vous faire de mal madame, c’est juste un interrogatoire de routine à cause de la découverte de drogue en votre possession. Si vous êtes coopérative, vous serez dehors dans l’après midi ou dans la soirée maximum.

            Je vois bien l’autre pesté. J’espère juste qu’il ne sera pas trop virulent pendant l’interogatoire, cela m’obligerais à utiliser la force pour le stopper et je n’ai pas vraiment envie que tout dérape. Je la conduit donc dehors. Tout le monde nous regarde. Des sifflements, pour elle ou nous je ne sais pas vraiment. Quelques projectiles, une tomate arrive sur le caporal. J’étouffe un rire, tandis qu’il jette un caillou sur le tireur présumé. Il est rouge comme une tomate maintenant ahah. Le reste de la marche se fit calmement, à pars quelques rumeurs et ragots racontés par les habitants nous croisant sur le chemin.

            Une fois arrivés à la base, je la fais s’installer dans une des pièces. Une salle froide, grise et humide. Une ampoule pend depuis le plafond, faisant un peu de lumière. Une simple table et deux chaises font office de mobilier en plein centre de la table. Je rentre, suivi de près par mon adjoint qui craque ses doigts, comme pour intimidé la personne en face de lui. Je soupire un peu. Il ne veut quand même pas jouer au gentil et au méchant marin ? Non parce que là, je pense que cela devient un peu trop folklore.

            Je m’installe en face d’elle. Je le regarde droit dans les yeux. Je pose le sachet sur la table. Le caporal tour autour d’elle, tel un vautour prêt à attaquer sa proie à n’importe quel instant. Il la guette, au premier geste suspect, je sais qu’il se jettera sur elle. Il faut que je calme le jeu.

            « Bon. Voilà comment je vois les choses. Vous êtes une marchande nouvellement installée. Il y a beaucoup de chose à faire et vous étiez stressée. Vous avez donc voulu vous détendre un peu en achetant de l’herbe. Vu la quantité trouvé, c’était pour votre consommation perso. Maintenant ce qu’on veut savoir, c’est où, quand et qui.
              Roh putain. Je pensais qu'ils étaient quand même plus accueillants que ça les gars de la marine. J'veux dire, pas à me servir un chocolat chaud sous un plaid avec des marshmallow. Non. Non. Juste peut-être une salle avec des fenêtres et des murs colorés. Là j'avais l'impression d'être en prison avant l'heure.

              Et je serai même pas étonnée de voir un cafard sortir des plaintes du mur.

              Et au-dessus, le vieux jaune éclatant de l'ampoule était juste infâme. J'étais prête à me faire aveugler. M'enfin, on en était pas encore là. Je respirais, doucement. Je sentais mon cœur pulser et la goutte de sueur au coin du front. Et à force de me gratter, de me débattre, j'avais des plaques déjà rouges aux poignées. La clef des menottes qui tournoyait à l'index du caporal.

              « Alors, ahem... Où ? Oui, où, bonne question. C'était dans une petite ruelle de la ville, rah je me souviens plus exactement. Vous avez un plan ou quelque chose comme ça ? C'est con j'en avais à la boutique. »

              Petit rire nerveux. Et oh les gars ça va là, j'essaie de détendre l’atmosphère et j'ai le droit à quoi ? Des regards noirs. Qui a dit que les interrogatoires c'était forcément de la torture ? Et j'parle physique comme mentale.

              « Une carte, bon... voyons. »

              Je soupire. Il a quand même fait l'effort de m'en apporter une. Et j’essaie d'indiquer par mouvement de tête.

              « Si je me souviens bien c'était à... à l'est. Ouais par ici dans le quartier Kémalé pas loin d'un petit hôtel deux étoiles. Le Hamac, quelque chose comme ça. Et puis le vendeur, roh, pas un gars méchant.

              - Donc vous connaissiez le vendeur ? »

              Haussement de sourcil des deux. Et en même temps. J'applaudissais cette synchro. On pouvait voir qu'ils avaient passé du temps ensemble : bon esprit d'équipe, bonne entende, symbiose, tout ça... tout ça...

              « J'le connais pas ! C'est juste qu'au premier abord ben il semblait pas abominable quoi. Je connais pas son nom, il me l'a pas dit. Ce gars, il fait son commerce dans son coin, ou il vend pour autrui, j'en sais rien je suis pas détective. »

              Moi j'y connaissais rien aux réseaux de drogue. Mais le mot détective clignotait dans ma tête. Entre le penser et le faire est-ce que y'avait vraiment un intérêt ? Parce que s’intéresser à la drogue, c'était comme s’intéresser à sa mort. Avec un peu moins de plaisir. Mais y'à que quand on le fait qu'on le sait.

              « Mais vous cherchez quoi vous exactement, en fait ? Ou c'est trop top secret. Vous savez, on peut peut-être s'entraider, même si je suis pas une marine. »

              Yeux de biche, yeux de chat, yeux d'un animal qui roucoule, y'a que ça de vrai. Mais stoppée directe comme une mouche écrabouillée au mur.

              « Je vais devoir vous mettre un amende Madame... Grace. La possession de stupéfiant est un délit, punissable par la loi. Et vous deviez sans doute le savoir. »

              Il ignore totalement mes mots et me flanque une amende. Je deviens rouge. Énervée, choquée, indignée ? Mais merde, même que c'est la loi et que je peux rien dire. Je m'agite sur la chaise. Grincement. Et je sens le cœur qui s’accélère. Je ferme ma bouche, parce que je prends sur moi et que ce serait pire en l'ouvrant.

              Et pourtant, grande gueule.

              « Ok, j'accepte. Mais je vous jure, on peut s'entraider. »

              C'était leur seule piste. Ils n'avaient qu'à la saisir.
                Une entraide hein ? C’est peut-être une bonne idée. Mais il faut que j’en parle au caporal avant, histoire de voir ce qu’il en pense. Je le regarde. Il a l’air perplexe, fixant la jeune femme. Il doit lui aussi être en train de réfléchir à sa proposition. Je me lève. Tourne autour de la table, pour relever la jeune femme. Je la sort de la salle d’interrogatoire afin de l’emmener en cellule. Une fois qu’elle se retrouve à l’intérieur, je lui apporte un café ainsi qu’une boite de gâteau. Ça fait idiot je sais. Mais, j’aime traiter les gens comme des humains et elle à peut-être faim.

                « Je dois d’abord en parler avec mon collègue ainsi que mes supérieurs. Je reviens vers vous une fois que nous nous serons décidés. »

                Je m’éloigne un peu, la laissant en cellule. Je vais retrouver le caporal. Il est adossé contre le mur, une tasse de café à la main. Il m’en tend une et je le remercie d’un mouvement de tête.

                « Tu en pense quoi de sa proposition ? C’est un peu osé non ? »

                Il n’as pas tord. C’est vrai que la proposition est osée. Mais en tout cas, on peut dire qu’elle a le mérite de ne pas se laisse faire, c’est une qualité. Je bois une gorgée de ma boisson doucement. Soupirant un peu avant de prendre la parole.

                « Je pense que si elle peut nous mener au dealer, c’est une bonne chose. Il vaut mieux couper une tête plutôt que de continuer à coffré de pauvres consommateur, c’est pas comme ça qu’on va régler les soucis. »

                « Ouais sans doute, mais tu sais que si elle nous la fait à l’envers et qu’elle se casse on se retrouve dans un sacré bordel ? Le commandant va nous tuer, on sera de corvée de patates pour au moins six mois ! »

                Il soulève un bon point. Mais j’ai envie de croire en cette personne. Mon instinct me dis que je peux lui faire confiance. Et si je me trompe, j’en assumerais les entières conséquences. Si ça arrive, je dirais que j’ai forcé le caporal en jouant de mon grade. Ca devrait au moins lui éviter une sanction. Bien, maintenant que j’ai eu l’avis du caporal, il me reste encore à avoir l’aval du commandant. Et ça bordel, ça va pas être le plus simple je pense.

                Je me rends directement à son bureau. La porte de bois toujours aussi finement détaillée. Même si je peux apercevoir une légère fêlure sur le coté. Apparemment, une dispute entre un soldat et le commandant. Le soldat est encore à l’infirmerie dans le coma. Je respire un grand coup. Je prends mon courage à deux mains et toque à la porte doucement. Il me dit d’entré.

                « Sous lieutenant Volkof au rapport Monsieur. Je viens pour parler de l’affaire de stupéfiant. »

                Il me regarde fixement. Sortant un cigare de son bureau. Il le porte à sa bouche avant de l’allumé. Il fume une grosse latte, avant d’expirer la fumée.

                « Bien, bien. Et alors, quoi de nouveau là dessus ? »

                « Nous avons arrêté une marchande du nom de Mary grace. Elle avait en sa possession un sachet de drogue. Pour autant, on pense qu’elle n’est qu’une petite consommatrice et qu’elle n’a rien à avoir avec ça. Elle nous a proposée de nous aider. Elle pourrait nous mener au dealer, ce qui pourrait nous permettre de trouvé plus de choses rapidement. »

                « Bien. C’est une idée en effet. Je vous laisse vous en charger, si elle réussit à nous mener au dealer, on retirera les charges contre elle. Sinon… Croyais moi, vous ne voulez pas échouer. Rompez soldat. »

                Je me mets au garde à vous puis part. Je suis un peu soulagé que cela ce soit passé aussi bien. J’arrive devant la cellule ou le caporal surveille la jeune femme. Je lui fais part de la réponse du chef. On ouvre alors la cellule sous le regard de la jeune femme.

                « Vous êtes libre pour le moment. On accepte votre aide, vous aller nous mener à ce fameux dealer.
                  « Regardez ! Ah là c'est lui, j'en suis sure. »

                  Et ça faisait trois jours qu'on le cherchait le lascar. Assis sur le même banc humide, périmé. Journal dans les mains du sous-lieutenant. Carte au trésor dans les miennes. Le caporal virevoltant à droite à gauche pour plus d'indices. C'était la zone. On avait trouvé une feuille à rouler déchirée dans le square voisin. Escargophones allumés, c'était à nous de jouer.

                  C'est que la nuit, tous les chats sont gris.

                  Eeeeet... Je VOIS LA MER, na na na na, je.. je VOIS LA MER, na na naaaaaaaAAAAAAAAA ! Oh oh oh douceuuuuu MEEEEER.

                  Dubitative. Le poing serré. L'autre se questionne aussi.

                  « Il chante là ? »

                  Des fausses notes aiguës et l'envie de se pendre à chacun de ses mots. Fin stone qu'il était, titubant même avec une bière vide. Roh la la, le plan de merde. Je sentais mon cœur s’accélérer. Une goûte de sueur sur le front. Le gars là nous amènerait nulle part. J'allais me faire zigouiller si je trouvais rien.

                  « Bon j'y vais. »

                  Chuchotement pour pas se faire repérer. Et le caporal qui me retient en me fixant comme pour me dire t'as pas intérêt à nous la mettre à l'envers. Et il me laisse y aller. Confiance, confiance ouais.

                  Furtivité d'une féline qui s'approche de sa proie, je veux pas me faire répéter trop tôt. La démarche est lente. Les pas petits. Les bras immobiles. Personne d'autre dans le square. Ambiance tendue. Danse improvisée et retournée acrobatique ratée de l'autre plouc. Merde le voilà déjà face à moi. J'fais pas le piquet, air naturel. Ben aller, c'est toi le tchatcheur nan ? Un sourire fendu sur les deux visages.

                  « Ehéhé, aloreu vous... z'êtes pas là pour chanter la meeeer avec moi, si ? »

                  J'fais non de la tête et m'avance mains dans les poches. Abstraction même du vent tellement que j'suis concentrée sur le bonhomme. Il me tend une petite feuille : papier froissé, encre effacée. Mais je distingue encore quelques trucs. Pas fameux.

                  « Donc ben là z'avez les produits et les prix. Un truc qu'vous tente ?
                  - C'est quoi ce truc là ? La Vux ?  »

                  Petit rire nerveux il me reprend le papier pourri des mains. Moi, y'a un truc qui me dit que ce que cherche les deux nigauds là-haut c'est la Vux.

                  « Je peux en avoir où de la Vux ?
                  Nulle part.
                  Comment ça nulle part ?
                  Enfin pas ici, quoi. PAS SUR MOI. C'EST PAS MOI CA VA. »

                  Pourquoi tu pètes un câble vieux ? Et moi qui me retourne vers les soldats. C'est quand ils veulent. On se retrouve avec un toxico en vieux bad et un papier moisi. Dans quel bordel je m'étais pas encore foutue putain.

                  La suite avait intérêt de pulser, pour les deux bleus comme pour moi.
                    L’intervention ne dura que quelques secondes. Tout se passa très vite. L’homme, déjà ivre et totalement défoncé ne résista que très peu. On a malheureusement du l’assommer pour éviter qu’il ne nous fasse repérer. Avec ça, la femme était libre. Bon, je n’ai pas pu lui enlever l’amande, mais au moins, ce ne sera pas écrit dans son casier. C’est le deal que j’ai fais avec mon chef si jamais l’arrestation était menée à bien.

                    Une fois l’homme appréhendé et mis en cellule, un tas de nouvelles questions se posent. Où trouve-t-il cette drogue, qui lui fournit, pour qui travaille-t-il ? Tout un tas de question qui pour le moment n’a aucunes réponses. Je soupire. Je suis accoudé à la table, la tête entre les mains. La fatigue commence doucement à se faire sentir. Un bâillement s’échappe de ma bouche alors que je me lève pour m’étirer. Un lèger craquement me fais esquisser un rictus de douleur. Faut vraiment que je prenne le temps de me reposé moi.

                    « Bravo Volkof ! On a réussi à attraper le dealer ! Je sais que ce n’est pas un gros poisson, mais il faut bien commencer quelque part et avec un peu de chance, les rues seront désormais un peu plus sure ! »

                    Il a raison, au moins, maintenant que le dealer est sous les verrous, on est tranquille pour quelques temps. Je me demande juste de combien est ce temps. Avant qu’un nouvel idiot prenne la place de l’ancien. Sans doute peu, mais cela nous permettra de nous mettre en place pour contrer de nouveau. Il est hors de question de laisser une drogue aussi dangereuse que la Vux dehors. On doit tout faire pour détruire ce réseau.