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Le renne des neiges [Event noël 2018]

La porte de l'auberge de nulle part s'ouvre avec fracas sous la pression de ma papatte un poil trop impatiente de rencontrer le chaud d'un âtre réconfortant. Les gueules des environs feraient sursauter des gargouilles, et c'est plus le vent frais que j'apporte que ma carrure qui les fait river leur attention dans ma direction; sans parler du rennes lourd comme un âne mort que je trimballe dans ma hotte et dépose dans les premières planches éclairées par la danse des sages flammes.

La porte !

Qu'ils m'accueillent, sympas comme des consanguins que je dérange en plein anniv du petit dernier. Je m'engouffre entièrement dans l'auberge et referme derrière moi. Enfin, j'essaye. Me semble avoir pété le verrou avec ma caresse de semelle. Hmm, pas bon ça. S'ils me demandent de payer je vais devoir trouver une combine. A défaut de m'excuser, erreur fatale, je les gratifie d'un sourire et repousse la porte du talon. J'attrape une table que personne n'alourdit de ses coudes et la cale pour faire taire une bonne fois pour toutes les protestations du blizzard. Le relatif silence a repris ses droits, personne ne mourra gelé ce soir. C'est moi qui le brise, en me présentant à ce beau monde:

Je m'appelle Minos, Roi d'un endroit si beau et si loin que vous ne pouvez en rêver que sur carte postale. Je trimballe un butin, Pranker, Renne du padre de noël. J'ai pour objectif de le rendre à son proprio en échange d'une prime. Est-ce que quelqu'un souhaite s'y opposer ?

Silence, que je passe à dévisager chaque trombine. Y en a qui s'en foutent, y en a qui font mine de s'en foutre. Tout le monde a l'air affairé à sa petite vie comme des boules d'un sapin destinée sà ne jamais se croiser. Peu de chances que ça s'enguirlande, très bien.

Bon. Va te réchauffer Pranker. Y a du fourrage ici ?

Dans l'étable, me précise un type sur le ton du reproche.

Bon, ben qu'est-ce que t'attends pour aller m'en chercher ? que je sympathise.

Va t'faire, t'as vu le temps qu'il fait dehors ? Je vois pas ce que j'y gagnerais à part la crève.


D'où tu crois que je viens, connard ? Evidemment que je sais que ça caille dehors. Seulement voilà, hors de question de vous laisser seuls avec ma prise. Je connais pas vos moeurs, faut que je surveille ce truc en permanence. Par contre, y a bien un truc à gagner. Ca.

J'extrais de ma poche un collier en or avec une incrustation de qualité médiocre. Pour quelques pas dans la neige, ça fait un sacré salaire quand même. Le type récalcitrant jure, maudit son avarice et accepte la quête. L'assemblée contient ses protestations quand le froid repasse une tête le temps qu'il disparaisse dans la nuit. Moi, je m'installe et me sers un vin chaud. Pas rat, je tape aussi une pièce de viande salée sur la table en invitant qui veut à détourner quelques tranchettes. Y a deux gars qui se pointent, dont un qui cause. Il remercie, commente la barbaque et voit que j'attends qu'il lâche le pourquoi d'une si naturelle sympathie.

Ce renne, il ne ressemble pas à ceux de la région. Comment s'est-il égaré dans nos contrées ?

T'as l'air de t'y connaître. Trapeur ?

Oui. Je traque et chasse un tas de proies. Bob A. Fête
, qu'il fait en tendant la pogne pas grasse.

Enchanté Bobby. Ben je suis ravi que tu poses la question, parce que c'est une affaire. une putain d'affaire cette histoire. Je te raconte. Tout a commencé quand j'ai rejoint la bande d'un révolutionnaire. Butch K Silly. Le type gentilhomme, poli et sociable. Mais aussi un indécrottable fouteur de merde lorsqu'il s'agit de pognon. Bref, après quelques cavales, la bande me recrute pour un coup qui nécessite une force supplémentaire. J'avais déjà un cheval, des antécédents judiciaires, j'étais la bonne recrue pour cette affaire. On s'est retrouvés là, dans la neige, à attendre l'arrivée du Snowpiercer. Et le Butch, il croyait que se chauffer les cordes vocales nous ferait oublier à tous les rafales de glace qu'on se prenait sur la coin de la gueule...


Ecoutez tous une minute. Ces derniers jours on été difficiles. J'adorais Davy, Ed,  Jack. Mais on a perdu du monde. Si je pouvais m'allonger six pieds sous terre à leur place, je le ferais. Nous allons réussir ce dernier coup et nous remplir les poches d'or, suffisamment d'or pour pouvoir acheter de la terre. Et ensuite, nous cultiverons les mandarines à Cocoyashi jusqu'à la fin de nos jours.  On s'est déjà sortis de situations bien pires. Restez forts, ne me lâchez pas. On va s'en sortir.


Mika tastrov, Sad I. Sterrick, Arthub R. Cullos, Ils mettent tous leur foulard. Du coup, moi aussi, parce que j'ai beaucoup de personnalité. Un coup d'éperons plus tard, nous dévalons la colline enneigée, à la poursuite du Snowpiercer que vient de régurgiter la montagne. Sur le chemin qui sépare l'embuscade des rails, Arthub et Butch se disputent, comme toujours.

Je ne suis vraiment pas sûr que ce soit le moment d'attaquer ce train, Butch.

Arthub, mon fils, nous avons besoin d'argent pour nous retirer. Encore un dernier coup et nous pourrons nous détendre au soleil des mandariniers.

Tu l'as déjà dit la fois précédente Butch. On a besoin de se mettre au vert le temps que la situation se calme.

Tout ce dont on a besoin, c'est un plan !

Mais quel plan, à la fin ? Tu manigances un tas de missions périlleuses, nous perdons des hommes et tu ne nous dis rien.

Je commence à en avoir assez d'être sans cesse remis en question, Arthub ! Je dépense toute mon énergie à garantir notre survie, à me battre pour que nous nous en sortions et toi, tu mets tout en doute et mets en péril notre réussite parce que tu es en proie aux doutes et insistes pour en savoir plus. Tu insistes ! Le plan, c'est que j'ai un plan. Et maintenant j'aimerais qu'on arrête de mettre systématiquement toutes mes décisions en doute.

Tu devrais la fermer et te concentrer sur ton rôle, péquenaud. Toi et Minos, devrez forcer un max de coffre pendant que Sad et moi ferons les poches des voyageurs. Si Butch n'arrête pas la locomotive à temps, nous n'aurons que quelques minutes d'ici l'arrivée à  Jalabert et ses tapettes de philosophes.

L'odeur des livres te donne des allergies hein Mika ? Pour toi le papier ne sert qu'à alimenter les feux.

C'est le cas. Et je prendrais plaisir à me réchauffer avec les dessins de couilles de chevaux de ton journal intime.


Ca suffit, vous deux. Gardez votre énergie pour la mission. Minos, saute sur le train dès que tu peux. Les soutes arrières devraient compter deux gardes. Evitez les coups de feu autant que possible. Le son circule très bien dans la région.

Je profite du calibre de ma monture pour avaler trois pas quand les autres galèrent à suivre mon allure. J'avais proposé d'arrêter la loco moi-même, mais Butch préférais s'en occuper seul. Son choix. Après m'être mis en danseur sur la selle, je pousse du pied sur...

...la porte !


Côté neige, on tambourine contre l'entrée bloquée d'une table. Le zig envoyé au fourrage hurle, jure qu'il va mourir de froid et nous lance moultes damnations. J'interromps mon récit, me lève et retire le meuble pour laisser le maugréant apporter le foin.


Dernière édition par Minos le Sam 29 Déc 2018 - 22:33, édité 2 fois
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Sa mère ! J'ai failli crever !

Ouais, ouais, t'as le foin ?

Le voilà ton putain de foin ! Et étouffe-toi avec, sale con !

Dis donc, pas très poli ce mercenaire. Je suis tellement déçu que j'embarque la ballot sans même le gratifier d'une super vanne, style "n'en fais pas tout un foin". Tout chafouin, le râleur me laisse replacer la table en chopant au passage les protestations de l'assemblée, choquée de voir qu'il n' s'acquitte même pas de cette tâche élémentaire. Le zig de pelotonne dans une couverture en s'approchant au max du feu de cheminée. Y a des gens, on voit que ce ne sont pas les héros des intrigues. Un raclement de bois sur le plancher plus tard, je retourne écraser mes miches où une lampée de vin chaud servi par mon pote Bobby m'invite à poursuivre.

Vous sautiez de votre cheval, non ?

Ah ouais, juste ! Et donc, je saute de cheval.

Cramponné à la dernière voiture, je sens le gel me nécroser les saucisses sur place. Serait pas temps de lécher la tôle pour en savoir le goût ou on repart avec. Décidé à ne pas devenir le géant de Barnum, j'escalade la parois du train, qui ressemble davantage à un muret pour moi, et replie le toit façon boîte de thon pour découvrir le cadeau du jour. Des bagages, un coffre et quatre gardes. Butch s'est trompé ? Difficile à dire, parce que quand je saute dans le wagon, y en a plus que deux. Je connais la consigne: faut neutraliser vite et discrètement. Le hic, c'est qu'avec ce vent de face et les cristaux de glace qui me poinçonnent les yeux, c'est pas évident d'écraser les fourmis. Heureusement, le bon Arthub plante le pénultième d'un couteau de lancer gorgé de laurier rose et fait un sourire de joker sous le menton du second. Je me baisse pour éviter un max de rafales et le remercie en m'essuyant les yeux.

La minute suivante, on la passe à embarquer des valoches et forcer le coffre. Au passage, je pige pas bien vot' délire, aux locaux, parce que les poignées, c'est plus pratique que les rubans pour emballer des trucs. Le sac de Nobu plein de paquets et Arthub satisfait d'avoir ouvert le coffre, on se prépare à quitter notre convoi. Sauf que le grincheux, il ne se contente pas d'embarquer les papelards, il les lit. Et là, c'est la panique. Chez lui.

Damnation ! Ce ne sont pas des obligations, c'est une mission secrète. Le Snowpiercer a été annulé pour être remplacé par le Cipher Pol Express. Tous les civils embarqués à bord sont des agents du CP.

Tu sais ce que ça veut dire ?

Qu'ils savaient qu'on serait là ! Il y a un traître parmi nous.

Euh, non, ça veut dire que Mika et Sad vont en chier pour dévaliser les agents du CP. Tout le monde sait qu'ils n'ont pas grand chose dans les poches.

Sad ! Mika ! On doit aller les koff! koff!

Les koff koff ? Ah, les sauver ? Gère ta toux mon grand, je vais m'en occuper.

Et je saute sur le toit suivant. Encore des bagages, mais le plan a changé. C'est à la suivante que je vois, par la fenêtre, Sad et Mika braquer des voyageurs qui les braquent. On n'est plus dans l'impasse mexicaine à ce niveau, c'est l'orgie mariejoanienne. Je pourrais les laisser donner le départ, mais je sens bien que sans une diversion ils vont se faire trouer les deux zigotos. Et bon, une femme qui se fait trouer par une bande de pointeurs dans un métro, t'as beau avoir mis Rapeplay dans ta liste de souhaits, ça ne fait pas très noël. Alors, mon poing défonce une vitre et va chercher un agent pour l'emporter en dehors du train et le balancer dans le décor. La panique s'empare d'eux, ce dont profitent Sad et Mika pour jouer de la poudre. Ca tire de aprtout et plusieurs des ennemis transforment le toit en poivrière à la recherche de mes testicules à flinguer. Mais je suis déjà parti, les deus ex-machina ne torchent pas tout le boulot. Puis y a Butch, qui doit également en chier pour stopper le train.

Quelques pas de jogging plus tard, j'ai remonté tout le Cipher Pol Express pour y découvrir le gentilhomme en conflit avec le chauffeur. Pas besoin de balancer une caillasse de charbon dans la tempe de la cible, Butch lui offre des branchies entre les côtes de plusieurs coups de canif. Il me voit et ordonne, fidèle à son air de gérer la situation.

La première voiture est blindée. Minos, ouvre-là, vite ! Le magot doit être là.

Je m'en occupe.

Ce que je fais. Faut forcer un moment, mais les visses du toit sautent et le métal se déchiquette. Je zieute à l'intérieur et là, c'est la surprise. Normalement, c'est le bon lieu pour un boss de fin. Un combat épique, ce genre de truc. Ben là, ça a été une attaque de bestiaux. Ce renne. Il m'a chargé avec une poussée de je-ne-sais-où et on s'est envolés dans les airs. Mais genre, pas planer comme quand je balance un mec à l'horizon, vraiment voler. Avec changement de trajectoires et tout. La saloperie était apeurée, alors elle m'a baladé un moment dans les airs. L'a fallu que je l'apaise avec un arbre pour qu'on se pose. Bien sûr, le train était loin.

Quelle histoire. Et vous l'avez capturé ?


Comme tu vois. Il m'a donné un peu  de mal mais je l'ai assommé et embarqué sur Nobu. Pour moi, c'était juste un gibier premier choix, mais arrivant au village, les gosses m'ont appelé petit papa Noël et demandé à avoir mes cadeaux. Et tu sais le pire ? C'est que je me suis fait racketter. Ces gremlins, ils étaient partout, des étoiles plein les yeux. Ils jouaient même avec ce con de renne qui revenait peu à peu à lui et ont déterminé qu'il s'appelait Pranker, le plus fort des rennes de noël. Ils m'ont filé tant de bouffe, ô bordel. Aucun homme ne peut résister à un enfant qui lui file à manger. J'étais piégé, obligé de jouer le jeu.

Après un sérieux gueuleton, j'ai décidé de rendre la bestiole au proprio. Les gamins disaient qu'il valait tous les cadeaux, alors bon, il n'a pas perdu le pôle Nord, le Minos. Moyen d'en tirer des breloques. Aucune nouvelle des autres larrons, par contre. Quelque chose me dit que les mandarines, c'est pas pour demain.

Hey ! Il a l'air d'aimer le foin, ton animal.

Je regarde Pranker qui s'empiffre comme si quelqu'un d'autre ici allait lui demander de partager. J'acquiesce, puis pige que le gars avait autre chose en tête.

Le collier en or, file-le moi maintenant.

Bien sûr, ma gueule. Mais parle-moi encore avec autorité et tu pourras aussi goûter à mes bagues.

Il se tait et patiente. Satisfait, je pioche le bijou dans ma poche et lui lâche dans la main. Il observe la récompense de quête, ravi de son butin. Puis, après quelques secondes et un sursaut visiblement aussi désagréable qu'un examen de la prostate, il me regarde comme si je l'avais volé à sa trainée de mère.

Tu te fous de ma gueule ? C'est du toc, ton joyaux. La pierre est en plastoc ! Tu m'as ramené un jouet.


Ben...les enfants de la région les adorent, t'as pas gardé un coeur pur pour râler comme ça. Sérieux, ducon, je t'ai dit de ne pas me parler sèchement. J'y peux rien si t'es trop niais pour penser qu'un mec comme moi se balade avec des bijoux de princesse dans la musette. Mais si tu préfères les angelots en bois, je dois encore en avoir deux ou trois dans le sac.

Enfoiré ! Tu ne sortiras pas d'ici vivant !


Il dégaine. Pan !


Dernière édition par Minos le Dim 30 Déc 2018 - 4:51, édité 3 fois
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Chafouin s'effondre, un trou perlé d'écarlate dans la tempe. Je n'ai pas tiré, j'ai pas d'arme. Mais le pote muet de Bob en a une. D'un geste élégant, il soulève sa tasse de vin pour en éviter le moindre débordement quand le corps du rageux tambourine une dernière fois dans la pièce. Soucieux de savoir s'il compte encore se servir de sa pétoire ou pas,  j'observe, les réflexes dans le hangar à assauts. Il n'en n'est rien, il rengaine aussi sereinement qu'il a refroidi un mec et me lance même un sourire poli. Je le salue d'un hochement de tête et lève ma tasse en son honneur. Il m'a visiblement deus ex-machiné, même si j'aurais pu en faire mon affaire de l'aut' malpoli.

Marrant, c'est la première fois que je vois un trou de balle dans un trou de balle. C'est un genre de muninception.

Il était pénible, reprend Bob pour le binome. Tant d'injures, un soir de noël. A ce propos, votre renne ne s'appelle pas Pranker, mais Prancer. Ou Furie.


Furry ? C'est pas un peu débile d'appeler un animal Furry ?

Comme Furie, la furie. Le renne le plus fort du Père Noël.


Euuuuuh...il appelle un mâle Furie ? Ben dis donc, on est à 4.3 sur l'échelle de Kinsey.

Les voies du Père son impénétrables.


Je lui souhaite. Merci pour le coup de main.

Les coups de main. Le premier, c'était en me retenant d'empoisonner votre vin chaud quand vous êtes parti remettre la porte. La seconde, c'était à l'instant.


Tiens donc. Tu payes cher pour la viande que je t'ai offerte. Et ton complice. Qui s'appelle ?

Solo. Je parle, il tire. Notre duo de chasseurs de primes fonctionne très bien comme ça.


Ah, me disais aussi. Et vous comptiez toucher ma prime ?

Nous hésitions. Un révolutionnaire qui dérobe des marchandises gouvernementales, c'est un gibier de potence. Nous devons l'arrêter. Mais un homme qui détourne des cadeaux promis à des enfants bien nés pour les offrir sans distinction à ceux qui voient en lui un mythe d'hiver, c'est différent. Sans parler du fait que vous comptez rendre au Père Noël un de ses compagnons.

Voyez-vous, je suis persuadé que tout le monde a droit à une seconde chance. C'est pourquoi, chaque année, aux alentours de noël, Solo et moi gracions une proie, si elle a fait montre de générosité. Bien sûr, je n'ignore pas que vous comptez monnayer Prancer. Si vous le faites, je vous traquerai. Mais, si vous veniez à l'offrir gracieusement à son propriétaire légitime, alors je vous laisserais profiter des fêtes amplement méritées. Et toute notre énergie sera redirigée vers Fouettard, l'ennemi du propriétaire.


Il ne manque pas de burnes, le Bob. Mais son assurance est irritante. Un gars qui frime comme ça, manque plus qu'un soliloque les yeux fermés et on a le parfait gaillard qui mérite une taloche à plusieurs fuseaux horaires. Seulement, va savoir pourquoi, je me sens sensible à son point de vue. Un chasseur qui respecte l'esprit des fêtes, ça a un truc plaisant. J'aurais bien envie de signer une trêve avec les chasseurs le temps de décorer le sapin. Et bon, peut-être que pour une fois, il peut y avoir une discussion de taverne qui ne tourne pas en bagarre. C'est un joli cadeau aussi ça, quand j'y pense. Mhaaaa, allez, jouons cool.

Je ramènerai Pranker au proprio. Mais concernant la rançon, ça sera la surprise pour nous deux. On verra si le zig me revient, puis mon humeur du moment. Je suis pas comme toi, moi, je ne mets pas mes envies et décisions dans un calendrier de l'avant. Mais ton geste me plaît, alors buvons, réchauffons-nous. Passons de joyeuses fêtes sans distinctions des rangs. Du vin pour les fêtards, de la poussière pour les geignards.

On trinque. La soirée suit son cours et Pranker fait un super oreiller.



Epilog post


Le lendemain, le renne se pose près d'une baraque isolée entre deux montagnes non-identifiées. Y a des éclairages électriques, un fond de musique et une odeur de pain d'épices. Je frappe et attends. C'est une femme qui ouvre. Entre deux âges, rondouillette, souriante comme une carte de voeux.

Entrez, entrez ! Mon mari vous attendait.

J'entre et découvre un foyer à la chaleur diffuse sans qu'aucun feu n'y brûle. Le rouge et le vert dominent les lieux partout où le bois ne s'y expose pas nu. La dame me propose un bonbon ou un chocolat. Va pour la boisson, ça relancera le brûleur des boyaux. Elle me laisse en compagnie de son homme. Un grand gars, grand comme moi. Mais plus gros, plus vieux, plus bonhomme. Un peu comme si mon grand-père avait fait de la pâtisserie au lieu de butter des gens. Il m'invite à prendre place dans un fauteuil à ma taille. Des années que je n'avais plus eu de meuble sur mesure. Je m'écrase les miches, le confort injecté en direct dans tout le dos. Qu'on est bien. Mon plaisir semble se lire sur le faciès tranquille du vieux qui répondait visiblement à un tas de courriers.

Il fait bien froid, dehors. Furie vous a-t-il tenu chaud ?

Curieusement, oui. Quand je volais avec, je n'avais pas froid. C'est quoi le truc, un fdd ?

Non, mon garçon. C'est la magie de noël.

Ha ha, dites ça à tout ceux qui crèvent de froid par cette période. La magie n'existe pas ici.

Mon propos peine le vieux. Mais profondément, à tel point que je ressens la pointe de tristesse qu'il affiche. Merde, quel con ! Le gars m'invite, m'installe comme un Prince que j'ai été, et moi je balance du cynisme. Ah là là, sacré moi. On va faire un effort, se tenir un peu.

Je suppose que le froid a autant le droit de prendre des vies que la faim, la guerre ou la vieillesse. N'y voyez rien de personnel.

Je ne suis pas là pour sauver des vies, personne ne le doit. Je ne suis là que pour offrir amour et réconfort à ceux qui croient en moi. Mais tu as raison, beaucoup de gens ont froid. Beaucoup vieillissent, aussi.


Il s'étire péniblement en me montrant une lettre d'un mioche d'un pays que je ne connais pas, comme si je lui avais posé une question.

Encore une demande d'arme. On dirait que l'espoir ne trouve plus sa source que dans sa capacité à vaincre l'autre.


C'est souvent comme ça que ça marche.

Mais la magie ne suit pas les lois que nous connaissons, auxquels nous sommes soumis. La magie, c'est oser l'impossible, l'improbable. C'est croire en ce qui ne promet pas d'arriver, mais qui promet un monde meilleur, pour nous tous. Oui, je vieillis, mon enfant. Car l'innocence se tarit. Si bien que, chaque nouvelle année, je ne peux plus couvrir l'ensemble des demandes. Je manque de force.

Désolé de l'apprendre.

La dame m'apporte ma tasse, moulée pour une main de mon gabarit. Je la remercie plus chaleureusement qu'à l'accoutumée et sirote le breuvage étonnament digeste. Un renne passe. Je finis par relancer la conversation.

Vous savez, je ne sais pas lire, moi.

Oh oh ! tu sais lire, Minos. Mais personne n'écrit plus la langue que tu as apprise.


Ce qui, concrètement, fait de moi quelqu'un qui ne sait pas lire. Je ne comprends pas le monde actuel, je n'en vois que la surface. Mais ce que j'en vois, c'est que la plupart des gens s'adaptent. Au nom de la survie, ils renoncent à ce qu'ils sont pour devenir ce que le monde veut d'eux. Ils le font parfois avec fierté, parfois à contre-coeur. Mais tôt ou tard, ils plient, tous, et suivent les voies tracées. Les quelques rares qui dérivent selon leurs propres règles sont des fous, des révolutionnaires ou des artistes, tantôt loués, tantôt condamnés à une vie sans reconnaissance. Et à quoi bon être reconnu au fond ? Si le fait d'être différent se popularise, il devient forcément un nouveau courant, une nouvelle voie. Parce que les gens sont comme l'eau, ils s'écoulent dans tout ce qui leur semble assez profond pour les happer. Les gens comme moi, comme vous, faits de glaces, ne sommes destinés qu'à change rnotre état en étant fondus, ou brisés. Ou bien, nous tenons, mais personne ne peut suivre notre code. Interpréter, dans le meilleur des cas. Seuls sont les indomptés.

Il écoute, sans broncher, puis reprend sa lecture. Je ferme les yeux et il me semble m'endormir un instant, d'un sommeil si léger que chaque bruit me certifie que je reste conscient. En ouvrant les yeux, je me sens toutefois reposé. Une lampée de chocolat plus tard, le Père lève à nouveau les yeux sur moi et me sourit, comme un père, en me tendant une lettre que je parviens à déchiffrer.

Il y a toujours des gens qui écrivent ta langue. Si tu pouvais rendre visite à cet enfant qui demande la paix dans le monde, que lui répondrais-tu ?


Hmm, probablement que la paix n'est pas un dû qu'on exige, mais une récompense qu'on obtient avec les autres. Je lui dirais aussi que le conflit fait partie de notre nature et la conciliation de nos vertus. Je lui dirais qu'on ne change pas les autres, mais qu'on peut obtenir des victoires à son échelle avec ce qu'on est capable d'influencer. Et je lui filerais un truc sympa à bouffer, un vêtement ou un chaton. Qu'ils comprenne que s'occuper d'autre chose que soi, c'est avant tout comprendre l'autre plutôt que vouloir le calquer sur ses propres aspirations. Un truc du genre.

Oh oh oh ! très bien. Réponds-lui tout ça, s'il te plaît.

Il me tend un papier vierge et un stylet. Pas franchement emballé au début, j'obtempère par politesse histoire de ne pas avoir à lui dicter quoi gratter. La lettre touchant à sa fin, je demande au vieux ce qu'on met comme cadeau. Il me laisse le choix, ce sera un chat. Mais un angora blanc, histoire qu'il pige en retrouvant ses coussins recouverts de poils que tout a un prix et qu'on ne peut pas tout contrôler. Je me marre et le vieux sourit comme s'il pigeait mon idée. La lettre finie, je lui remets. Il la refuse.

C'est ton labeur, non le mien. Tu devrais confier cette lettre aux lutins, ils s'occuperont du reste. Mais dis-moi, t'y connais-tu en pilotage de chars ? Si tu attendais quelques instants, tu pourrais prendre mon traineau pour retourner d'où tu viens et, si le coeur t'en dit, livrer au passage le cadeau que tu as commandé pour le petit.

Cette fois, c'est moi qui lis dans son esprit. Enfin, il a plutôt été explicite, c'est vrai, mais je capte bien qu'il n'y aura pas qu'un paquet dans le coffre. Il veut rentabiliser ses bêtes le vieux renard. Je regarde la lettre en main, puis son visage toujours bienveillant. Soupir.

Bon ok, je vais faire la livraison. Mais un seul voyage ! Vous croyez quoi, que je vais devenir Minoël pour torcher le boulot à votre place ? C'est pas de la magie, c'est de la démence.

Joyeux Noël!
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