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La naissance d'un chasseur

Atoum était droit, le regard perdu et attendait.

Il entendait les clameurs, un brouhaha incessant qui lui bouchait les oreilles. Le bruit était tel qu'il n'arrivait même pas à faire le vide. Les hurlements s'entremêlaient et aucune voix n'était clairement distinguable. Il ne parvenait pas à se constituer une bulle, chose pourtant essentielle avant de monter sur le ring.
Il se trouvait dans un placard à balais dont le sol collait et l'odeur d'urine était insoutenable. L'endroit était à l'image du reste de la cave du " Club ", humide et miteux.

Le " Club " était un bar malfamé des bas-fond de Las Camp, la fréquentation y était malsaine et finalement les trois frères Joe, Marco et Franco décidèrent d'en faire un lieu à part. Dans le sous-sol de leur établissement ils emménagèrent un ring et s'y déroulait depuis deux ans des combats clandestins très lucratifs. Ces truands avaient la quarantaine bien avancées, la calvitie prononcées et le flingue prêt à être dégainé. Leur business était florissant alors ils se devaient de savoir le protéger.

Ce soir là, alors que la plupart des poivrot s'enquillait les bouteilles au bar, Atoum était lui comme un fauve en cage, attendant qu'on le jette dans l'arène. Il avait pourtant quelques appréhensions, toujours lorsqu'il n'avait pas assez bu. Alors, pour se donner un ultime élan de courage il attrapa sèchement une bouteille d'alcool qui traînait à côté de lui. Puis en moins de cinq gorgées il vida le litre de rhum qu'elle contenait. D'un geste franc il l'a fracassa au sol, rajoutant le bris de verre à la cohut environnante. Un léger sourire se dessina sur son visage, son regard avait changé. C'était désormais celui d'un gladiateur déterminé, prêt à en découdre avec un petit air de folie en plus à cause de l'alcool.

> Ça y'est c'est à toi Atoum chaud ?! Dit Joe le plus vieux des frères en faisant irruption dans le placard à balais du jeune homme.

En réponse ce ne fut qu'un ricanement compulsif qu'il récolta.

> Tu m'as d'j'a vu aut'ment Joe ? Hic ! Rétorqua Atoum avec un air de défi.

Il se retourna et emboîta le pas du maître des lieux, sortant de la salle exigue. Le volume sonore s'éleva d'un cran quand Atoum sortit. Quelques uns scandaient son nom en faisant des bruits d'encouragements. La pièce était spacieuse mais le plafond assez bas, à seulement 2m50 de hauteur tout au plus.  Une foule compacte était rassemblée en cercle autour du ring, peut-être 120 personnes tout au plus mais la disposition donnait l'impression qu'il y avait bien plus de monde que cela.

Au centre de l'arène se tenait un homme, Franco le plus jeune des trois propriétaires.

> Attention, attention ! Là soirée avance et voilà un combat de fou qui vous attend ! Dit l'homme bedonnant en chauffant la salle au maximum. À ma droite Rick " le dentiste ", 1m90, 115 kilos, 3e victoire d'affilée! Aussitôt les hurlements s'intensifièrent et le blond costaud avança.

Un air patibulaire, la mâchoire carrée comme s'il avait avalé un meuble, il était taillé dans la pierre. Un solide gaillard qui avait la lourde réputation d'édenter tous ses adversaires. Le combattant avança vers le ring, levant les poings en l'air comme s'il était déjà vainqueur.

> Aaaa ma gauche ! " L'ivrogne ", 1m80 pour 80 kilooooos ! Vous l'adorez, il en est à sa 6e victoire d'affilée... Aaaaaatoum !

La folie était à son paroxysme, les hommes tapaient des pieds dans un vacarme tonitruant. La pression était à son maximum, le combat allait commencer.

Atoum avança, lançant des regards joueurs à droite puis à gauche, le trublion avait une sacrée réputation de merdeux. Il agaçait ses adversaires, faisait rire les spectateurs et trembler les parieurs. Car oui, une grosse somme d'argent était misée à chaque affrontement et ce combat ne dérogeait pas à la règle. Les mafieux, commerçant véreux ou les pirates aimaient particulièrement ce lieu pour ça. La clandestinité était un argument alléchant que l'appât du gain renforçait sans aucune mesure.

Les deux combattants étaient l'un face à l'autre, ils n'avaient pas gants ni aucune protection d'ailleur. Les règles étaient simple, tout le monde les connaissait, le dernier debout était désigné vainqueur ni plus ni moins. Parfois très sanglants, ces spectacles comblaient les désirs malsains des spectateurs qui se délectaient ce feu d'artifice de violence.
    Les deux combattants se faisaient face, se lançant un regard assassin. A moins d'un mètre l'un de l'autre, il était si proche qu'ils sentaient le souffle de l'autre. Deux taureaux dans l'arène, prêt à se charger à tout instant.
    Rick paraissait serein, conscient de sa force il se sentait capable de renverser Atoum d'un seul coup de poing. Il n'avait qu'une envie, ajouter les dents du jeune homme à sa collection. De l'autre côté, le natif de Kage Berg s'amusait à voir l'ambiance environnante. C'était tellement exaltant pour lui, il se sentait bien. Parfaitement bien. Le juge leur ordonna de se cogner les poings, signe pour annoncer le début officiel de l'affrontement et chacun recula d'un pas.

    > Oh trou d'uc t'as sucé un meuble ou c'est comment ?! balança Atoum en narguant son opposant. Puis, lui faisant un doigt d'honneur ou deux il remet ça en lui crachant sur la chaussure droite. Il parait que t'aime ça, c'ta meuf qui m'la dit !

    Les spectateurs hurlèrent d'excitation dans un brouhaha monumental. Le héros de l'arène était acclamé, son art du spectacle salué de tous mais il frustrait aussi pas mal de monde. Celui que l'on surnommait " le dentiste " était un impulsif, un bon gaillard qui cognait très fort. Le premier coup n'était même pas échangé qu'il haïssait déjà son opposant du jour. Il voulait d'ores et déjà effacer ce jeune qui lui manquait autant de respect.
    S'emportant, Rick envoya un direct du droit pour terrasser Atoum tout en hurlant une insulte indéchiffrable. Prompt à réagir, l'alcoolique fit une esquive par la droite, puis il évita un second coup en se baissant. Reculant d'un nouveau pas, il décida de rendre le combat toujours plus fou.

    > Bordel, t'es pas un rigolo toi ! Allez viens tâter ! dit-il alors en se tapant les abdos avec le plat de la main. Allez mon gars, montre moi ce que tu sais faire ! J'esquiverais pas comme ça tu me toucheras au moins une fois ce soir ! continua Atoum avec ce brin provocateur imbuvable.

    > J'vais fracasser ! T'es mort Atoum !

    Sans attendre une seconde de plus et ne se posant pas la moindre question, Rick serra son poing aussi fort qu'il le pouvait et dans un geste ascendant il l'enfonça de toute sa puissance dans le ventre du natif de Kage Berg. L'impact fut terrible et les spectateurs eurent mal pour Atoum. Le bruit en fit blêmir plus d'un, ils savaient que les choses étaient sérieuses. Ceux qui avaient miser sur Rick jubilaient déjà, s'imaginant que l'adversaire n'était qu'un clown.

    L'ivrogne recula de quelques centimètres et son buste s'avança légèrement vers l'avant. Complètement séché par l'impact, il en eu même la respiration coupée quelques secondes, l'empêchant de faire le malin. Ne voulant pas perdre la face, Atoum souria et leva son pouce en l'air pour rassurer tout le monde. Il faisait comme-ci de rien n'était alors qu'en réalité il ne s'attendait pas à ça. Trop d'assurance n'apporte que des problèmes et il le sentit passer cette fois-là.

    > Alors satisfait ?! J'vais t'faire tomber les chicots ! reprit Rick, sachant que son coup avait fait mouche.

    > Soit pas con, y'a b'soin d'plus que ça !

    Cette fois-ci c'est Atoum qui partit à l'assaut le premier. D'un seul saut il se trouva à la hauteur du crâne de son opposant et effectua un coup de pied circulaire qui fut bloqué. S'en suivit plusieurs autres coups, poings, pieds et coudes qui tous finirent sans succès. Rick n'était pas un bleu, il savait se battre et voulait le prouver. Son direct du droit effleura le visage d'Atoum, puis sa gauche se logea dans les côtes du jeune homme qui sentit une douleur immédiate. L'heure n'était plus à la rigolade. Il n'avait pas assez bu.

    Les deux hommes échangèrent des coups, tous plus fort les uns que les autres. Un duel qui ravit l'assemblée qui avait payé pour les voir. Tous hurlaient le nom de leur favori, l'issu était indécise et le combat était beau. Un affrontement de cogneurs qui fit couler le sang et pas qu'une fois.

    Une dizaine de minute après le début des hostilités, Atoum avait l'arcade droite ensanglantée, la pommette gauche rouge et gonflée. Rick était bien amoché aussi avec la lèvre supérieur qui avait triplée de volume et un œil au beurre noir. Cependant ils se battaient toujours avec autant de férocité.
    Le dentiste ne voulait plus tarder, il fatiguait à cause de sa carrure imposante et devait rapidement assommer son adversaire. Il intensifia donc à nouveau la force des ses coups qui provoquait un véritable engouement à chaque fois qu'il touchait Atoum qui semblait essoufflé et dépassé.
    Cependant ce dernier ne se laissait pas faire et tenta le tout pour le tout avec une feinte risquée. Il fit un pas à droite, puis un vif écart sur la gauche esquivant un coup de poing qu'il laissa filer entre sa tête et son épaule tout en avançant. Ayant prit un ascendant sur Rick il décocha un uppercut hallucinant qui fit tomber le colosse en arrière. Sa mâchoire claqua tellement fort que toute la salle l'entendit. Trois de ses dents se fissurèrent et quelque peu sonné il du secouer la tête pour y voir à peu près clair.

    > T'es fini lopette !  

    Atoum sauta et lui asséna un coup dans la tempe qui resta dans les mémoires. Tout ce que Rick vu fut la chaussure de son adversaire lui arriver par la droite et puis plus rien.L'impact fut tellement puissant que la tête de l'imposant dentiste tourna à presque 180°. Il tomba aussi tôt inconscient, les yeux révulsés. La violence du ce coup de pied était inouïe et personne ne s'attendait à autant de réserve de la part du jeune garçon.

    > Et le gagnant essssst, Aaaatoum ! annonça Franco en chauffant la salle un dernière fois. 7ème victoire d'affilée, c'est un futur champion ce gamin ! Venez récupérer vos gains à la sortie, Marco vous y attend ! leur expliqua-t-il en montrant son frère du doigts à l'entrée de la cave clandestine.

    La salle ce vida assez rapidement, les hommes ne restaient pas ici. Ils devaient tous regagner le bar pour la suite de la soirée. Le sol était grossièrement lavé et l'argent coulait à flots. Assis, Atoum récupérait de cet affrontement intense, son corps entier était douloureux. Son adversaire avait été plus qu'à la hauteur, il le savait, il avait faillit perdre ce soir là.

    Soudain, il senti une main se poser sur son épaule gauche.

    > Bien gamin, tu t'es bien débrouillé ! Allez viens on va s'prendre une bouteille tu m'rejoints ? lui dit alors Marco en lui tendant une liasse de billet de l'autre.

    > Bien sûr tu m'as d'ja vu refuser ?! fit-il en récupérant sa prime de combat.

    Il compta à la louche les billets, souria puis se leva tout en esquissant une grimace de douleur. Il avait largement de quoi faire pour la soirée, il n'avait plus qu'à panser ses blessures en se gnôlant et la soirée serait parfaite. D'ailleurs, il suivit le fameux Marco et tous deux montèrent au bar pour profiter du reste de la nuit.


    Dernière édition par Atoum Bahara le Dim 16 Déc 2018 - 23:28, édité 1 fois
      Se levant avec difficulté, Atoum grimaçait de douleur. Son arcade avait arrêtée de saigner, mais sa pommette gonflait petit à petit. Il le ressentait dans chaque parcelle de son corps, l'affrontement avait été rude. Il n'aurait pas tenu ne serait-ce qu'une minute de plus sous les coups de Rick. Ce qui le sauva était son agilité et son imprévisibilité, mais ce n'était donc surement pas suffisant pour continuer à gagner à l'avenir. Enfin il était heureux, galvanisé d'avoir vaincu, il était fier.

      Il emboîta le pas de Marco, billets en poche, et monta au bar. La taverne était pleine à craquée, les hommes qui quelques minutes auparavant gueulaient tout ce qu'ils pouvaient pour encourager leur poulain était désormais entrain de picoler et de rire entre amis. L'heure était à la fête. Ceux qui avaient perdu trop d'argent s'en était allé, les autres profitaient de la soirée. Ce rituel faisait partie du folklore du "Club". C'était un incontournable et peu dérogeaient à la règle.
      Atoum et son amis allèrent au bar et chacun commanda une bouteille de rhum. Il s'agissait d'une bonne bouteille, le genre d'alcool qui soigne les blessures, même celles de l'âme. Puis, tous deux empruntèrent un petit escalier derrière le bar et grimpèrent à l'étage. Après avoir grimpé les marches, ils se retrouvèrent sur le toit de l'établissement. Marco était l'un des propriétaires et s'était lié d'amitié avec le natif de Kage Berg, deux amis de boisson qui passaient leurs soirées à refaire le monde sur un toit en regardant les étoiles.

      > Tu en a chier c'te fois ! Il était rude sui là !

      > Putain s'il était rude ! J'ai failli y perdre les dents ! dit Atoum en rigolant. Souffrant, il se tint les côtes gauches et grimaça à nouveau. L'con il m'a fracassé les côtes j'dois en avoir une de cassée !

      Tous deux rièrent de plus belle, partant dans un fou rire communicatif. La pression redescendait, l'alcool les enivrait, c'était un pur moment de bonheur.

      > Alors tu l'as chopé ou pas la p'tite ?

      > Tu rigoles ou quoi, j'suis v'nu chez elle et j'ai vu son père ! J'ai cru d'venir fou ! J'lui ai demandé quel âge elle avait, c'tait une gamine en faite ! Elle m'a arnaqué la gosse !   rétorqua Atoum en faisant repartir le fou rire quelques instants.

      > Il t'arrive que des couilles à toi ! T'es un timbré Atoum ! reprit Marco en tapotant l'épaule de son ami.

      > Ouais j'sais, chui un cas ! disait-il avec le sourire.

      Les deux compères passèrent donc des heures à se raconter des histoires, en tous genre. Tantôt véridiques, parfois quelque peu enjolivées, ces histoires étaient contées avec passion. L'alcool brouillait de plus en plus leurs sens, plus la nuit avançait plus ils étaient ivres.

      Soudain, alors que leurs yeux commençaient à se fermer tous seuls, Marco se leva avec autant que difficulté qu'il pouvait, rota et se gratta les parties.

      > Bon mon grand, demain en début de soirée rendez-vous au bar ? J'tannoncerais ton prochain combat, j'crois qu'c'est dans 6 jours !

      > Oh oh, déjà ! Bah ouais j's'rais là t'inquiète ! Bon je me casse aussi Marco ! répondit Atoum en se levant à son tour. Fais attention en partant, t'es ivre mort ! ahah

      > Mais d'quoi tu m'parles tu tiens même plus d'bout !

      > Allez ta gueule boule de billard !

      Les deux amis commencèrent donc par descendre du toit du "Club", puis se dirent au revoir dans l'enceinte du bar, chacun partant d'un coté. Atoum traversa quelques rues en titubant, zigzaguant de droite à gauche puis trouva une vieille bâtisse aux murs jaunes. Il emprunta l'escalier principal et tomba trois fois en loupant des marches. Sa vision était bien trop approximative concernant les distances, il ne se gérait plus du tout. Montant tout en haut, il finit par trouver une porte donnant sur les combles, il l'a poussa et y découvrit une simple paillasse posée à même le sol. Il ne lui en fallut pas plus, l'ivresse aidant, il s’affala sur son lit de fortune et il ne lui fallut que quelques instants pour ronfler comme un train à vapeur.

      Le lendemain ne fut guère productif, Atoum dormit pendant 16 heures d'affilées ce qui lui permit de récupérer de son rude affrontement contre "Le dentiste". Puis, une fois qu'il eu ouvert les yeux, il comata pendant encore quelques heures, tuant le temps à ne rien faire. De temps à autre ça lui plaisait. C'était selon lui un luxe que peu de gens pouvait se targuer de côtoyer.

      Lorsque le soir vint, il se rendit au "Club" et rejoignit Marco . Ils allèrent dans l'arrière boutique, une petite salle servant de stockage. Atoum avança sa main, silencieusement, tel un serpent s'approchant de sa proie. Puis, d'un coup sec alors que son ami lui parlait, il attrapa une bouteille par le goulot et la porta à sa bouche pour en défaire le bouchon.

      > Oh tu m'écoutes ?!

      > Ouais ouais, tu m'disais que t'avais soif ou un truc du genre !

      > Arrête de faire le con Atoum c'est sérieux c'que j'te dis là ! Ils préparent un gros coup pour ton prochain combat ! Le type que tu vas affronter c'est une couille, a participer deux fois et tu le mange en deux secondes...

      > Bah parfait, j'lui casse la gueule et on en parle plus ! On s'boit un truc tu trouves pas qu'il fait chaud, j'ai peur d'la deshydratation tu sais !? le coupa Atoum.

      > Putain tu sais m'rendre dingue toi ! FERME TA GUEULE ! le gonze que tu vas affronter il est mauvais, mais tu dois te coucher ! C'est un match truqué putain ! Tu fais semblant de perdre, tu t'couche et on désigne l'aut' vainqueur ! On s'fra un max de blé et toi on t'fait passer un gros paquet ni vue ni connu !

      > Ouais bein c'est bon, si j'ai d'quoi picoler à la fin ça m'va moi !

      Marco essaya de continuer un peu le débat mais Atoum se veuillait rassurant. Il était prêt à simuler sa défaite afin de prendre au dépourvu tous les parieurs et ainsi de récolter une énorme pactole. Il avait une certaine notoriété désormais et personne ne serait assez fou pour parier sur Tim " le renard " vainqueur contre " L'alcoolique ". Enfin, toute cette machination était correctement rodée, il ne manquait plus qu'à regarder le combat et à empocher. Le rendez-vous fut donné, le combat se déroulerait dans 5 jours.
        Le lendemain matin, enfin ce qui semblait être le matin pour Atoum fut difficile. La veille de nombreuses bouteilles furent descendues et la gueule de bois l'embrumait totalement. Il se leva d'un coup et se cogna le sommet du crâne contre la charpente en lâchant une juron. Aussitôt il se s'allongea, préférant la douceur de son vieux matelas à la dureté de la vraie vie. Se frottant la tête pour dissiper la douleur, il s'étirait mais son corps entier était encore engourdi par un mélange d'alcool et de sommeil. Sa chambre de bonne était situé sous le toit d'une veille bâtisse insalubre, en pente il n'avait que très peu d'espace pour se déplacer. De toute manière il n'y était que pour dormir alors ça ne le dérangeait pas le moins du monde.

        Son côté gauche était encore douloureux, les stigmates de son affrontement avec Rick encore ancrés dans sa chair. Se remémorant le dernier coup de pied magistrale qu'il avait infligé au "dentiste" la veille il gloussa. C'était un beau combat, il était heureux. Qui plus est, il avait reçu son cachet et il ne devait plus être très loin de pouvoir s'offrir sa lettre de marque pour être officiellement un chasseur de prime. Un petit projet qu'il faisait mûrir depuis quelques temps et dont il n'avait parler à personne ici, c'était mal vu à cause de l'importance de la piraterie sur l'île. Petit à petit, il réunissait la somme pour obtenir le titre coinvoité grâce à ses primes de combat. C'était plus bien payé, mais le problème c'est qu'il dilapidait tout à une vitesse folle. Il n'avait même pas le temps d'économiser qu'il flambait tout dans la picole.
        Dans un geste maladroit il posa sa main sur un tabouret qui traînait à coté de son oreiller et après deux essais infructueux, tint enfin son petit pactole. Il ne lui restait que quelques maheureux billets, bien trop peu. Il se mit en position assise et récupéra une petite boîte en fer rouillée à côté de lui, l'ouvrit et y déposa les quelques berrys qui lui restaient.

        Il lui manquait encore de l'argent, il ne pouvait s'offrir sa licence de chasseur de prime mais bientôt se serait le cas, il se battait pour. Son addiction étant sa seule barrière, il aurait déjà pu se l'offrir plusieurs fois mais il ne parvenait jamais à épancher sa soif.

        Finalement, poussé par une flemme monstrueuse il resta couché jusqu'à 16 heures. Il finit par se lever et en  profita pour allez dans un salon de thé, un lieu où sa présence faisait totalement tâche. Seulement, il l'agissait de l'établissement qui embaûchait une petite brune à lunettes des plus mignonne. Cette femme s'appelait Myosaka et avait un sourire angélique qui faisait craquer l'ivrogne. Il avançait dans l'établissement, fier comme un coq faisant fis de ses blessures. Il pavanait devant celle qu'il convoîtait, cherchant à l'impressionnant et à se rendre intéressant à ses yeux. Une technique au combien rudimentaire et dépassé mais il ne savait faire autrement. Macho jusqu'à l'os, Atoum n'osait jamais avouer ses sentiments, il était comme ça.
        Soudain, alors qu'il faisait un clin d'oeil à la jeune Myosaka, un homme encapuchonné débarqua dans l'établissement et s'approcha du comptoir. Méfiant, Atoum regardait avec attention ce type, le trouvant assez bizarre. L'homme arriva à hauteur de la demoiselle et lui tint une poignée de berrys.

        > Ma belle, tu ne dis pas un mot, pas le moindre mot ! Tu souris ou je te fais éclater la cervelle d'accord ?! commença l'homme. Tu prends la caisse et me la donne et il n'y aura aucun soucis promis ?!

        La jeune femme blêmis mais ne dis rien, voulant préserver sa vie plus que tout. Elle déglutis, apeuré par la dague qu'elle voyait dans la poche intérieur du manteau de l'homme mystérieux. Elle ne pouvait rien faire, tétanisée par la terreur. L'encapuchonné lui murmura de se dépêcha et elle s'exécuta, tremblante comme une feuille. Elle commençait à attraper la caisse en fer lorsqu'Atoum débarqua comme un cheveu sur la soupe, s'accoudant au bar à son tour. Il ne pouvait voir l'arme mais comprit en observant l'expression de belle barmaid que les choses n'allaient pas.

        > Oh mec ! C'est ma meuf par contre ! J'suis pressé donc tu peux prendre ta commande et y aller ?

        > Allez vous assoir monsieur, je fais vite ! répondit calmement le voleur s'en se dévoiler à Atoum.

        Non content de la réponse, le chasseur de prime pose sa main sur l'épaule du fauteur de trouble et la tire légèrement en arrière.

        > C'est bon aller dégage !

        Soudain, l'homme pivota son corps vers Atoum tout en sortant sa lame et la planta avec force dans l'épaule gauche du natif de Kage Berg qui grogna de douleur. Il senti sa chair pourfendue, la lame filer dans ses tissus et le transpercer. Par réflexe il toucha sa blessure et tenta d'enlever l'arme mais senti une douleur plus affreuse encore. Résigné il laissa la dague dans son épaule, commençant à maculer le bar de son sang. L'homme lui leva son manteau noir et fuya en courant, profitant d'avoir obstruer la vue de tous avec son vêtement. Fou de rage, le chasseur de prime ne pu le suivre, son épaule étant bien trop douloureuse pour qu'il espère faire une course poursuite.

        > Atoum, pourquoi as-tu ? T'es un malade ?

        > J'aurais pu le fracasser mais je voulais pas provoquer de désordre ! J'ai rien t'inquiète ! commença à dire Atoum avant de trébucher et de s'affaler par terre.

        Soudain ne sensation de froid l'envahit et son sang dégoulinant de plus en plus le vidait de ses forces. La jeune femme cria et se précipita de l'autre côté du comptoir pour rejoindre le chasseur de prime. Les autres clients du salon de thé, témoin de la scène accoururent également pour lui porter secours. L'un d'eux lui fit un garot tandis que la jeune femme récupéra la sacoche de premier secours qu'elle avait à l'étage. Après quelques pensements de fait, elle était assise au sol, tous les clients étaient parties et Atoum avait sa tête sur ses jambes.

        > C'était pas un bon lui, j'l'aurais fracassé...

        > Oui, tu l'as déjà dis Atoum, j'en suis persuadé ! répondit-elle en gloussant.

        Atoum la regardait, elle était pétillante et même attentionnée, c'était donc sa la perfection ?

        Décidant de changer la compresse pour en mettre une neuve encore blanche immaculée, elle prit appuie à coté du visage d'Atoum et pivota, posant presque sa poitrine sur le visage du chasseur de prime qui saigna du nez aussitôt. Il n'en pouvait plus, un désir plus fort que la douleur, plus fort que la mort même le transcenda et lorsqu'elle se retira il avança son visage en se relevant et l'embrassa avec fougue. Cependant les choses n'étaient pas perçus de la même manière par Myosaka qui le repoussa et le gifla violemment.

        > Ne recommence jamais ça ! Je suis fiancée Atoum !


        Vexé comme un poux, Atoum se leva, retenant sa colère de toutes ses forces.


        > Espèce de dégénérée, tu m'chauffes avec tes seins là puis tu t'étonnes après !

        Blessé dans sa fierté, il partie sans dire un mot de plus, le visage fermé et son pansement sanguinolant sur l'épaule. Comment aurait-il pu savoir qu'elle avait quelqu'un ? Après tout elle n'avait refusé ses avances que 53 fois, lui avait posé 8 lapins et lui avait dit 78 fois qu'elle avait ce qu'il fallait à la maison. Après tout, ça aurait pu être autre chose.

        Enfin, dans tous états il prit la direction du "Club" son lieu favori. Sur le chemin, il frappa dans une poubelle, la détruisant totalement et attrapa un ballon qu'avait fait rouler un gamin jusqu'à lui. L'enfant le regardait avec des yeux plein d'admiration devant l'armure qu'il portait. Seulement, Atoum récupéra la balle d'une main et la balança de toutes forces le plus loin possible, la bloquant sur le toit d'une maison.

        > Mais m'sieur...

        > Oh va chier toi aussi !

        Rageant, il arriva rapidement dans son QG et récupéra une bouteille. La vidant en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, il la reposa directement sur le comptoir.

          Se torchant comme rarement, Atoum avait des réactions étranges. Il n'était pas jovial, aucun sourire n'arborait son visage, ce n'était pas de lui. Tous le connaissaient ici mais personne ne l'avait vu comme ça. Le barman s'inquiéta même de l'état du jeune homme et refusa de lui servir une nouvelle bouteille.

          > Oh m'casse pas les couilles Vinz, aboule la bouteille ! Hic !

          > Ferme la Atoum, t'es mort et puis merde ! C'est non !

          Puis, le barman demanda à ce que l'on fasse venir Marco, le seul homme capable de raisonner l'alcoolique dans un tel moment.

          > M'force pas Vinz, j'ai pas envie d'te taper ! répéta Atoum deux fois d'affilée.

          > Bon les gars, il arrive Marco ou quoi ?!

          L'esprit totalement brouillé par l'alcool, les nerfs à vifs à cause des évènements, Atoum commença à s'énerver et tapa du poing sur le bar, provoquant l'arrêt de toutes les discussions par la même occasion. Tous le regardaient, choqués et interloqués par son attitude qui n'était pas la sienne.

          Après quelques minutes le petit chauve bedonnant arriva, cigare au coin des lèvres et lunettes noires lui masquant les yeux. Il avait l'air d'un vrai mafioso de North Blue comme ça. Sauf que dans son cas, les lunettes étaient simplement là pour dissimuler un œil au beurre noir qu'il s'était fait la veille. Sans même combattre, il était tombé après avoir été un peu trop bourré, seul dans son appartement. Rien de très glorieux, il préférait donc le cacher pour éviter qu'on lui pose des questions.

          > Oh Atoum qu'est-ce qui s'passe ?

          > Toi aussi ? Allez tire toi laisse moi m'gnoler tranquille ! Hic !

          > Oh toi t'as eu une couille, viens on monte !
          lui dit Marco en tenant son ami par l'épaule.

          > J't'ai dis de m'laisser ! rétorqua Atoum un peu agressivement !

          > Vinz c'est bon on lui sert plus rien ! On va t'ficher dans tous les bars de la ville mon gars, alors monte j'te dis !

          > C'est bon j'arrive connard !

          Les deux compèrent montèrent à l'étage pour rejoindre leur lieu de prédilection. Ils s'asseyèrent côte à côte et Atoum porta une nouvelle fois sa bouteille à la bouche pour en avaler quelques grosses gorgées.

          > Bon tu m'racontes ?! On m'a dit qu't'avais l'air bizarre !

          > Ils sont con c'est bon y'a rien !

          > Abruti va j'le vois ! Allez fait pas l'batard et dis moi !

          > C'te connasse de Myosaka, j'l'ai sauvé à son truc de Thé parce qu'y'a un type qui voulait la caisse ! J'ai même pris un coup d'poignard dans l'épaule, fit-il en montrant son bandage.

          > Oui bah j'ai vu mais chui pas méd'cin, à part te prescrire de l'alcool pour t'anesthésier j'peux rien faire !

          > Ouais fin on s'en fout ! En gros j'lai sauvé et c'te pute elle m'a dégagé !

          > Bah t'étais lourd nan ?

          > Mais quedal, elle a foutu sa grosse paire de sein dans ma tronche et après elle s'étonne que j'veuille l'embrasser ! C'est une garce c'est tout ! Hic !

          > Ouais t'as été lourd quoi !

          Atoum s'arrêta de parler, la rage en lui le forçait à insulter et dénigrer cette femme pour qui il avait beaucoup de sentiments. Il était vexé, blessé dans sa fierté de macho mais au fond il avait juste mal. Il s'était fait repoussé par la femme qu'il idôlatrait depuis plusieurs semaines désormais et ça lui avait foutu un coup. Il baissa la tête et regarda ses pieds, sombrant dans le mal.

          > Oh casse couille, tu vas pas déprimer ? Toi Atoum ? L'alcoolique le héros des combats clandestin ? T'es un homme, un vrai tu vas pas m'dire que comme un p'tit garçon tu vas faire la gueule parce qu'une meuf veut pas d'toi ?

          > J'sais pas…

          > T'es un homme un vrai, on s'fait un dernier combat et après on s'gnole à vie pépère imagine toi ça !

          > Pfff...

          > Oh et puis merde j'croyais qu'tétais un homme, un vrai dur comme tu l'disais si bien ! J'ai du m'tromper sur toi.. après tout j'aurais du m'en douter, un mec qui s'fait tatouer des triangles sous les yeux il doit avoir des couilles comme des raisins secs !

          Piqué à vif dans sa fierté, Atoum fracassa sa bouteille au sol afin de ne garder sur le goulot, aiguisé comme un rasoir. Il plaça son arme improvisée sous la gorge du chauve, le menaçant de la lui trancher.

          > Tu parles d'moi encore une seule fois d'moi comme ça tronche de queue et tu pourras jamais rien avaler d'ta vie ! Tu m'as compris ?!

          > Bah voilà j'te retrouve !

          > Ouais c'est ça ! Tu vas voir j'vais t'le tordre ton gars pour l'prochain combat ! Affirma Atoum avec une volonté toute retrouvée.

          > Connard j'tai dis de t'coucher ! Tu m'fais pas ce coup là Atoum !

          > Ouais sûr j'avais oublié et comme ça on s'boit des tonneaux à longueur de journée ?

          > Comme jamais jusqu'à la fin !
            Le jour du combat tant attendu était arrivé, Atoum bouillonnait d'impatience de se confronter à son nouvel adversaire. Il le savait, il devait se coucher pour empocher un max de berrys et pouvoir enfin se payer sa carte de Chasseur de prime, il n'avait que la moitié de la somme pour l'instant. Le plan était parfait, un gringalet lui faisait face, les parieurs miseraient sur l'alcoolique et en perdant, le gros lot serait reversé aux peu qui auraient misé l'inverse. De quoi empocher un bon paquet en une seule soirée. Se préparant chez lui pour aller au " Club ", le natif de Kage Berg repensait à Myosaka, le coeur un peu lourd. Il n'avait toujours pas osé se rendre au salon de thé, bien trop fier pour cela. Une énorme erreur de sa part, elle l'appréciait mais elle avait déjà trouvé l'âme soeur. Un amour impossible, voilà ce que récoltait le jeune ivrogne. Au final il l'avait peut-être mérité, il n'avait pas une vie stable. Gagner de l'argent en menant des combats clandestins n'était pas digne d'un homme et père de famille. Ce n'était que l'apanage d'un voyous ou au mieux d'un merdeux. Il se classait dans la seconde catégorie, sachant qu'il avait un bon fond.
            De toutes les manières il ne pouvait se résoudre à mener ce genre de vie rangée, pas encore c'était bien trop tôt. Il avait cette fougue, cette aspiration à l'aventure qui l'animait au plus profond de lui. Il lui fallait voyager et traverser les mers avant d'un jour peut-être, poser pied à terre définitivement et avoir une vie plus stable.

            Après avoir pas mal tergiversé sur sa situation, l'alcoolique partit de chez lui et rejoignit son QG. Les parieurs commençaient à s'accumuler dans le bar, buvant et riant avec que les hostilités commencent. Atoum arriva près d'un homme, un grand blond qui portait des lunettes. Un homme moustachu qui semblait en décalage avec l'endroit. Il était propre sur lui et son costume trois-pièce n'avait rien à voir avec les redingôtes des pirates et brigands qui peuplaient l'endroit. Atoum lui glissa quelques mots à l'oreille puis prit la direction du bar où il commanda deux bouteilles comme à son habitude. Puis, une fois que Vinz les lui servit, il alla dans son placard à balai lui servant de vestiaire et commença à se préparer. Il débouchonna sa bouteille et avala la moitié de la bouteille avec une rapidité étonnante. Une légère grimace ce vit sur son visage.

            > Les batards, ils n'ont vraiment pas confiance en moi !

            Un léger goût infâme descendit dans son oesophage puis envahit tout son corps. Il avait froid, il grelottait. Un sorte de poison lui avait été inoculé. Incolore, l'alcool avait donc été parfaitement substitué.


            > C'est de l'eau, je sais qu't'as pas l'habitude Atoum ! annonça Franco en entrant dans le vestiaire du combattant. On ne peut se permettre que tu fasses tout foiré alors on a préféré s'assurer que tu ne merde pas ! Tu nous en voudras pas hein ?!

            > Bravo la confiance, allez casse toi que j'me mette en condition !

            > Oublie pas, tu n'as pas intérêt à merder !

            Atoum hocha la tête en guise de réponse et dégagea le frère de Marco pour s'isoler un peu. Ils n'avaient donc aucunement confiance en lui. Pourquoi ? Comment ?

            > Oi Atoum, désolé mais on peut pas faire autrement ! Y'a plus de 14 millions en jeu ce soir ! Crois moi, tu t'couche après avoir lutté un peu et on s'ra loin d'ici aussi vite que tu descends les bouteilles ! Allez mon pote t'inquiète ! lui dit Marco avant de repartir à son tour en lui tapotant l'épaule.

            Le complot était donc en marche, Marco avait surement vendu la mèche comme quoi Atoum répétait souvent qu'il fracasserait son adversaire. Rien n'était moins sûr.
            Le combattant sortie de son pantalon une fiole et l'ouvrit. Aussitôt son nez le piqua, un concentré d'alcool d'une puissance inouï se trouvait à l'intérieur du petit contenant. Il l'a leva et bascula la tête en arrière avant d'ingurgiter la totalité du contenu. Sa gorge et bientôt tout son corps le brûla. Un feu inextinguible qui l'anima et qu'il adora. L'alcool n'était vendu dans aucun commerce, il l'avait volé dans une petit distillerie la veille. Il s'agissait de la première distillation d'un rhum. A plus de 91°, ce liquide était quasiment de l'alcool pur. Même Atoum était surpris, pourtant il se délecta de ce met inbuvable et ricana quelques secondes.

            > On va voir ça la fratrie !

            >Ehhhh à ma gauche, vainqueur de ses deux premiers combaaaaaats, Tiiiim le "Renard" ! Approchez, le combat va.... COMMENCER ! annonça Joe avec enthousiasme.


            Atoum était tellement focalisé sur le brasier qui brûlait en lui qu'il ne fit même pas attention à l'annonce de son propre nom. Il sortit donc serein, avec un sourire d'emmerdeur en coin. Il était sûr de ses capacités, il savait ce qu'il valait, il avait assez bu.

            > Tu as bien compté tes dents microbes ? lança-t-il à Tim avait un air arrogant.

            Son adversaire était un rouquin légèrement plus petit qu'Atoum. Son corps était musclé mais pas à outrance. Ses poings semblaient durs mais il n'avait pas la réputation d'un cogneur. En fait, il avait gagné ses deux précédents combat en rusant. Sa spécialité était le coup de pieds dans les parties et les doigts dans les yeux. C'était à cause de sa mesquinerie qu'il fut d'ailleurs nommé le renard, et puis aussi parce qu'il était roux.

            > J'espère que t'es couilles sont bien en place face de poulpe parce que tu vas en baver !

            L'ambiance était à son maximum, les parieurs étaient tous présents. La salle comble, il ne manquait plus que le début des hostilités pour parachever le tout.

            Sans attendre qu'on donne le départ, Tim donna un coup de pied sur le côté du genou droit d'Atoum qui plia mécaniquement. Profitant de l'ouverture il plaça un bon coup de talon dans les côtes de ce dernier. A vrai dire il avait bien observer le dernier combat de l'ivrogne la semaine passée et avait retenu qu'il s'était cassé une côte. Il comptait donc miser sur cette faiblesse pour en finir vite. Atoum grimaça de douleur et serra les dents. Il parvint à éviter un coup de poing et enfonça le sien dans l'estomac du "Renard" qui cracha sa salive en recevant le coup avant de reculer de plusieurs pas.

            Les premiers échanges étaient intenses et les spectateurs hurlaient leur excitation.

            Atoum repartit rapidement à l'assaut, en donnant un coup de pied sauté à son adversaire. Cependant, en se baissant pour esquivé, ce dernier pu obtenir l'ouverture parfaite et donna un violent coup de poing dans les parties intimes de l'alcoolique qui s'effondra aussitôt. Des larmes lui montèrent immédiatement aux yeux et coulèrent même un petit peu. Une douleur diffuse et une envie de vomir lui vinrent également. Il se tenait donc le bas du ventre, plié en deux.

            > J'tavais dis quoi connard ?!

            Le pied de Tim s'abattit sur le visage d'Atoum violemment et sa tête ricochant entre le sol et la semelle s'ouvrir légèrement sur le côté, faisant couler le sang.
            Tout résonnait dans le crâne du natif de Kage Berg, il ne comprenait plus rien et était légèrement désorienté. Il ne l'avait pas fait exprès, mais son opposant avait pris le dessus. Soudain, le pied de Tim arriva au niveau du visage d'Atoum et il reçu un énorme shoot qu'il encaissa de plein fouet en pleine face. Il glissa sur le sol de deux mètres et son nez s'ouvrit à son tour.

            Définitivement hors de lui, Atoum se leva, visage maculé de sang et poussiéreux au possible. Il regarda droit devant lui et en arrière plan Marco lui fit signe de se coucher. Tim arriva à pleine vitesse et tenta de lui asséner une droite fatale qui fut sans succès. Le jeune alcoolique l'évita de peu et enfonça de toutes ses forces son coude dans le visage de son adversaire qui recula à son tour, le nez ensanglanté. Puis, n'écoutant nul autre que sa rage, il enchaîna le "Renard" avec plusieurs coups de pieds et poings simultannés. Acculé ce dernier finit au sol, vomissant un mélange de bile et de sang immonde.

            > T'es prêt à dormir connard ?!

            Marco fit à nouveau signe à son ami d'arrêter, il devait suivre le plan. Il connaissait Atoum mieux que quiconque mais n'aurait pas cru qu'il n'en fasse qu'à sa tête alors qu'autant d'argent était en jeu.

            > J'tavais dis d'le surveiller Marco, le fils de pute il va pas faire ça ?!

            Atoum arma son poing en arrière et s'apprêta à l'abattre de toutes ses forces sur Tim qui était sans défense.

            > Tsss.. merde ! fis Franco avant d'attraper son flingue qui était sous sa veste, s'apprêtant à le dégaîner.

            Soudain une explosion retenti et fis vibrer toute l'enceinte du " Club ". Des gens crièrent de terreur ainsi que de la mort s'approchant à grand pas. Atoum ne termina pas son adversaire, interloqué par les évènements. Les trois frères se regardèrent et ne comprirent pas. Ils envoyèrent donc leurs deux gardes pour voir ce qu'il se passait et trois coups d'arme à feu retentirent, un corps tombant dans les escaliers, tête et torse troué.

            > Putain c'est quoi s'bordel ?!

            > Faut qu'on monte les gars !

            > Prenez vos armes !

            Puis, tous les spectateurs étaient également pour la plus part pirate ou mafieux prirent leurs armes et accompagnèrent Franco et Joe pour se battre.
            Alors que Marco fermait la marche, Atoum l'attrapa par le pied et le fit glisser. Lui fouilla les poches tout en lui mettant la main devant la bouche. Le petit gros ne comprenait rien, il ne savait pas pourquoi tout cela arrivait et la trahison de son ami était impensable. Le natif de Kage Berg en retira une énorme liasse de billet et relâcha son ami.

            > J'l'ai pas fini le Tim, désolé mon pote mais j'devais l'faire !

            Puis, il prit l'escalier à son tour et grimpa à l'étage où une véritable effusion de sang se déroulait. Une bataille menée d'un coté par les deux frères et de l'autre par un pirate sanguinaire faisait rage et Atoum fuya rapidement, passant à travers les balles.


              Ayant prit la fuite, Atoum court jusqu'à rejoindre sa petite chambre de bonne. Encore maculé de sang, il s'essuie le visage avec un morceau de tissu qui trainait et ouvrit son petit coffre en ferraille. Il récupéra les berrys qu'il y restait et les ajouta à la liasse qu'il venait de voler à Marco. Le total était suffisant, enfin il avait de quoi se payer ce qui changerait sa vie, il le savait.

              Ne souhaitant pas perde une seconde de plus, le jeune homme descendit les escaliers à toute vitesse et, bien que ce ne fut pas dans ses habitudes, rejoignit la base de la Marine qui était censée maintenir l'ordre sur cette île phare de la flibuste. Passant devant des gardes qui le braquèrent avec leurs fusils, il leva sa main libre et leur expliqua l'objet de sa venue. Chaleureusement accueilli, il fut conduit à l'un de leur supérieur qui les attendait dans un bureau chichement décoré. Le gradé avait une large balafre sur le visage et un œil vide. Il avait du vécu, un vieux loup de mer qui avait surement mené de terribles batailles dans sa jeunesse.

              > Que viens-tu faire ici mon garçon ?! Comment tu t'appelles ?

              > Atoum m'sieur et j'vous amène d'quoi payer ma carte d'chasseur de prime, j'ai 1 millions d'berrys !

              > Oh, du renfort ?! Tu es bien sûr de vouloir mener cette vie ?! Les pirates sont pas de tous repos sache le !

              > N'ayez pas peur m'sieur j'sais m'battre !

              > Ah bon et où as-tu appris ?

              > Chez moi dans ma chambre ça vous va comme réponse ?

              > Ahhh je vois, bah écoute tiens ! Répondit le gradé en posant devant lui un certificat qu'il avait récupérer dans le tiroir de son bureau. Tâche de pas mourir mon garçon !

              > Y'a pas d'soucis !

              > Monsieur, y'a des débordements au " Club " deux camps s'affrontent et sa tourne mal !

              > Encore eux ? Ils me rendent fou avec leurs combats clandestins !

              > C'est un pirate qui les a attaqué, je les ai vu avant de v'nir ! Le capitaine c'est Moro Akucho, c'pas un drôle y paraît !

              > Tu en sais des choses toi !

              > Bah j'me renseigne sur les avis d'recherche vu qu'j'veux d'venir chasseur de prime !

              > Allez avertir qu'on se rend sur place ! Il faut calmer tout ça ! Puis si Moro y est, il va falloir qu'on intervienne vite ! Depuis qu'il a attaqué un village de Kano Kuni il se croit invicible !

              > Oui chef !

              > Bon, épèle moi ton nom toi !

              > A-T-O-U-M plus loin, B-A-H-A-R-A !

              > Je t'ais dis ton nom d'abord c'est Atoum ton nom de famille ?

              > Ah non, moi c'est Bahara

              > Pfff... ils me la font tous ! soupira-t-il en apposant le tampon du Gouvernement Mondial sur la feuille. Voilà garçon, tu es officiellement un chasseur de prime !

              Après l'avoir remercié, Atoum fut invité à déguerpir rapidement car les soldats de la Marine accoururent sur les lieux de l'affrontement du " Club ". Ils attaquèrent avec la quasi-totalité de leur effectif mais ne suffirent pas à arrêter les deux parties. Le pirate Moro pu s'enfuir avec une dizaine de ses hommes, laissant les autres morts ou emprisonnés et la fratrie tenancière du célèbre bar furent écroués ainsi que pas mal de parieurs.

              Pendant ce temps Atoum prit quelques unes de ses affaires ainsi qu'un crayon et une feuille. Il griffonna quelque chose et partit à toute vitesse.
              En passant dans une rue, il déposa la feuille sous une porte en espérant qu'elle soit rapidement ramassée et part la bonne personne.

              Il n'avait plus le temps, tout devait s'accélérer et ses minutes étaient comptées. Accourant au port, il sauta dans une petite barque qui appartenait à une pêcheur, le fit tomber à l'eau et découpa les cordes d'amarrage. Il déplia la voile et commença à s'éloigner.

              > ATOOOUUUUUUM ! cria un homme sur le quai.

              Soudain, le chasseur de prime reconnu l'homme qui était blessé à la jambe gauche. Il s'agissait d'un pirate celui que l'on nommait "Le meurtrier" Moro Akucho rescapé de son affrontement.

              > Tu m'as enflé Atoum, je vais te TUEEEERR !

              Le jeune homme lui fit un doigt d'honneur tout en lui tirant la langue tout en s'éloignant vers l'horizon.

              > Putain passe moi ton flingue ! dis le capitaine pirate en récupérant l'arme d'un de ses sbires.

              Puis, il mit en joue l'embarcation et tira à plusieurs reprises manquant tous ses coups. Sa rage fut telle qu'il jeta le pistolet à la mer en hurlant.

              > Au plaisir ! se moqua Atoum.

              Soudain il s'aperçut que de l'eau s'était infiltrée dans sa barque. Après avoir cherché des yeux la provenance de l'eau il vit un petit trou tout juste fait. L'une des balles de Moro qui s'était échouée à quelques centimètres de la coque de noix avait en fait percée le bois sous l'eau. Un léger vent de panique prit alors l'alcoolique qui ne trouva pas meilleure solution que de mettre son index dans le trou afin d'empêcher l'inondation. L'eau cessa de grimper et il fut à nouveau serein, le doigt bloqué dans la coque mais il pu au moins continuer à voguer, non sans mal mais c'était un début.




              Quelques minutes plus tard, un homme s'apprêta à quitter sa maison quand il vit un morceau de papier au sol. Il se baissa et le prit pour ensuite l'ouvrir.


              Atoum a écrit:
              Myosaka je m'excuse !

              Pardon d'avoir voulu te détourner de ton mari ! Je m'excuse sincèrement !
              Si je l'ai fais c'est parce que je t'aime...
              Je me fais violence pour t'écrire, du mieux que je le peux, car je m'en vais ! J'espère que la dernière image que tu auras de moi ne sera pas celle de l'homme que je t'ai montré au salon de thé. Je suis meilleur que ça et je te promet de ne jamais plus t'importuner !

              Myosaka... je t'aime !

              L'homme fronça les sourcils en lisant, puis serrant la machoîre il chiffonna la feuille avant de sortir. Il finit par la jeter dans la première poubelle qu'il croisa, faisant tomber dans l'oubli pour toujours les sentiments d'Atoum. Un homme qui ouvrit son coeur mais qui ne pu jamais faire entendre ce qu'il ressentait.