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Retour à la réalité [pv]


    Tiens bon la barre et tiens bon le vent, hisse et ho ! Sifflota-t-elle durant tout le trajet jusqu'à Luvneel, un son horrible à vous péter les tympans et le crâne, que devait subir son hôte du jour, qui passait le plus clair de son temps à l'autre bout du navire : J'ai dénommé monsieur Jacob Longdrop. Pas très causant le bonhomme passait le plus clair de son temps dans ses pensées, sans en avoir grand chose à foutre du reste. Et le reste commençait à être sérieusement vexée par l'indifférence totale du Pendu. Elle se fit néanmoins une raison, les gens étaient comme ils étaient, pas la peine de creuser trop profond et de tomber sur une crevasse dont elle ne voulait tester la profondeur.
    Il avait l'air d'avoir souffert, beaucoup, et cela se ressentait encore plus pour quelqu'un comme Canaille, qui avait vécu des drames affreux elle aussi. Ça rapprochait, mine de rien. Et depuis qu'elle avait vu le trésor enfouis de son camarade, elle n'avait plus autant plaisir à taquiner la bête qu'il était. C'est toujours quand elle est la plus blessée qu'elle est la plus dangereuse, la bête. Et il en existait une en chacun de nous, de bête. A force de traîner dans les bas fonds et de se cacher dans la fange pour paraître moins dangereux que l'on a l'air, on finit forcément par se traîner un boulet au pied. Chacun son fardeau, après tout.
    Quelques jours de navigation suffirent à les mener à bon port : Luvneelgraad se dessinait dans l'horizon passé midi à peine. On voyait encore les ruines des combats menés par de vaillant révolutionnaires contre l'horrible machine qu'était le GM. On voyait encore les stigmates que le combat de ses frères avaient mené quelques années plus tôt. Personne n'avait encore pensé à reconstruire, peut être par esprit de contradiction, ou bien parce que les cicatrices étaient encore ouvertes et à vif. Toujours en était-il que la ville avait sacrément morflé et que cela se voyait depuis la rivière. Un simple constat que faisait Canaille, tenant la barre du mieux qu'elle le pouvait. Car le mieux, son camarade le méritait, tout simplement ; Elle s'était attaché à cette tête de mule placide qu'était le Pendu. Et une fois son emprise sur les choses entre ses crocs, plus rien ne pouvait lui faire desserrer la mâchoire.
    - On est bientôt arrivé à destination l'ami. J'espère que tu stress pas trop de revoir certaines têtes de chez nous au moins ?C'est qu'un putain d'entretiens au fond ... Fit-elle, se moquant qu'à moitié de son comparse. Il allait être mis à nue par les instances des blues, ça pouvait vous foutre le trac, il y'en aurait qui aurait déjà dégobillé pour moins que ça. La faiblesse ne semblait cependant ne pas faire vocabulaire chez Longdrop, qui avait déjà montré qu'il en avait une paire. Et une grosse. Défier la mafia sur son propre terrain, tout ça pour une simple photographie, c'était ce que l'on pouvait appelé être couillu.
    Elle accosta du mieux qu'elle pût avec leur coque de noix, qui ne payait pas de mine face aux monstres de puissance que le port comptait en son sein. Tant pis pour l’esbroufe, cette embarcation tenait bien le coup dans les courant marin, et son fond était assez haut pour supporter tout les terrains. Ça ne payait pas de mine, mais ça marchait correctement, un peu comme le duo de fortune qu'ils formaient. Elle laissa le soin à Longdrop de faire le nœud coulant qui retiendrait leur bâtiment solidement ancré au port, lui qui était un expert dans tout type de chose et d'autres, dès que l'on parlait d'une corde. Une gentille attention de sa part n'était-il pas ? Cela était forcément louche non ? A moins que la placidité de son compère ne fasse ressortir le côté le plus attachant de sa personnalité, voilà tout.
    - C'est partis alors ! Direction le comité... Elle se souvenait encore du chemin pour accéder à l'une des plus grosses infrastructures révolutionnaire du coin : La comité de Luvneel. Elle prêta quand même attention aux signes qui marquaient la ville jusque dans son sein, plus par soucis de perfectionnisme que par réel besoin. Cela les menèrent dans des ruelles aveugles et un dédale des plus complexes, tout ça dans le seul but de perdre d’éventuels poursuivants ou bien des curieux qui les prendraient pour un couple en ballade.
    Faut dire qu'il avait été à deux doigts de lui mettre la corde au cou, à défaut de le faire sur ses chevilles de temps en temps. Juste pour lui rappeler lequel des deux tenait le culotte peut être ? Rien n'était sûr avec un individu de cette trempe.
    Rapidement, ils arrivèrent à bon port ; Une porte cochère dans une ruelle perdue au fin fond des Luvneelgraad, auquel elle frappa trois coup, puis deux, puis de nouveau trois. Un judas fut tiré, et on demanda farouchement le "mot de passe" : L'écume des jours se perds dans le renouveau du printemps dit elle sur le même ton secret que son interlocuteur. Les complotistes étaient de sortis.
    - Alors, quoi de neuf camarade ? dit elle en lui enserrant le poignet d'une étreinte fraternel.
    - Oh vous savez la routine, depuis l'opération Théolinus on manque un peu de personnel, mais rien d'insurmontable pour la révolution.  fit-il sur un ton badin, les mains dans les poches et le regard vissé dans le sien. On ne se mentait plus entre camarade, même si la compartimentation des informations étaient toujours de mise, le climat était beaucoup plus sain qu'à ses débuts, peut être était-ce l'effet de l’Ouroboros, qui soignait le mal par le mal, et laissait les honnêtes gens bien s'entendre, sans craindre une fuite ou bien une sanction injuste. C'était tout ce qu'elle espérait et appelait de ses vœux.

    - Attendez ici, on va venir vous chercher pour l'entretient de Monsieur Longdrop. Fit-il en désignant un banc usé sur lequel il pouvait prendre place.

    Le retour à la réalité après une opération dangereuse et sans concession. C'était reposant après tout, elle savait qu'elle n'aurait qu'à faire son rapport et prendre place au côté du comité pour juger du Pendu et de ce qu'on allait en faire.

    Elle avait déjà une petite idée.
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Un gamin traîné par sa mère pour faire les courses. C'est à cela que ressemblait Jacob Longdrop alors qu'il talonnait la moche dans les dédales de Luvneelgrad. N'eut-il pas été aussi si candidat au mutisme que les passants eurent pu s'attendre à tout moment l'entendre geindre "J'veux pas y'alllllller euh !". Il traînait des pieds, faisait la gueule et jetait de sales regards ici et là. En bonne mère, Canaille l'avait repris à l'ordre plusieurs fois, plus précisément à chaque fois qu'il avait fixé des enfants d'un regard menaçant. Car Jacob Longdrop n'était pas qu'un révolutionnaire récalcitrant, un assassin de sang-froid et un emmerdeur au teint livide ; c'était aussi un sale con.

- T'as bientôt fini d'faire peur aux gosses ?!

Elle avait dû le supporter plusieurs semaines à bord. Le supporter était d'ailleurs un bien grand mot car, en dehors de la présence de l'enveloppe physique du Pendu, elle n'aurait jamais soupçonné que quelqu'un d'autre fut présent à bord avec elle.
Enfin les accès à la révolution. On entrait, on était à l'abri et... on fut accueilli par un petit comité de trois bougres. En avant, un homme. Un mètre soixante, un début de calvitie, une petite barbichette, une carrure de jeune fille mais des yeux de fauve. Des yeux qui vous transperçaient et qui ne donnaient certainement pas l'impression qu'on vous voulait du bien. Il était là, les mains dans le dos, cachées derrière son par-dessus miteux. Derrière lui, deux femmes. Toute deux le dépassaient d'au moins deux têtes. Taillées comme des menhirs, on devinait davantage chez elles des prouesses martiales que des aptitudes de soubrettes.

- Monsieur Longdrop. Longtemps qu'on ne s'était pas vu.

Silence. Silence était d'ailleurs le deuxième nom de Jacob. Le troisième en réalité, derrière "discourtois". Car de courtoisie, il en était incapable. Pas une salutation, pas une excuse, mais même un "merde", juste un regard morne enfoncé dans une gueule cireuse. Pour le coup, c'était à Canaille de ne plus savoir où se mettre, s'estimant plus ou moins responsable du comportement de con compadre avec lequel elle avait vogué malgré les intempéries.

- Eh bah... dis quelque chose.

Obéissant, surtout parce qu'il souhaitait que cette petite mascarade se termine au plus vite, Jacob répondit favorablement à la requête de sa camarade.

- Vous êtes qui ?

Une camarade qui manqua de s'étrangler à cette réponse lapidaire et dépourvue de la moindre distinction. Distinction qui s'imposait d'elle-même puisqu'en face de lui se trouvait Anton Fidge, cavalier de la révolution, responsable des opérations d'épuration de North Blue et réputé pour être plus mal embouché encore que le Pendu.

- Votre chef, votre juge et très vraisemblablement, votre bourreau.

Réponse plus lapidaire encore. Coutumier des incartades de ce révolutionnaire qu'il avait fallu tirer par la peau du cul depuis Manshon, Anton plissa les yeux. Bien des recrues avaient péri après avoir reçu pour mission d'aller chercher le Pendu, parti se complaire dans l'oisiveté et le jeu au milieu du paradis des raclures qu'était l'île de Manshon. Canaille avait réussi là où bon nombre de ses prédécesseurs avaient échoué.
Car le ramener il fallait. Il fallait car un jugement s'imposait. Jacob ayant cru bon de considérer l'armée révolutionnaire comme un centre aéré où il décidait de ses activités et de sa présence quand bon lui semblait, ne répondant plus aux appels depuis des mois et étant suspecté d'avoir assassiné bon nombre de camarades venus le traîner face au tribunal révolutionnaire ; il ne fut pas accueilli dans les meilleurs termes.

- Vous allez m'accompagner. Il y a des choses dont il faut discuter avant votre procès.

Canaille tomba des nues. Naïve qu'elle était, elle s'imaginait que ce qui attendait le Pendu se limiterai à un entretien et une petite tape sur la joue pour les désagréments occasionnés. Elle était jeune, elle était nouvelle et elle aurai tout le temps de finir désabusée par le mouvement qu'elle servait.
Anton tourna les talons, suivi de près par ses deux harpies, il entama sa marche, s'attendant à être suivi de près par un Jacob obéissant quand il fut grisé par ces tous petits mots de rien du tout.

- Pas que ça à foutre.

Les révolutionnaires qui frayaient autour du comité commençaient à s'arrêter pour observer la scène. La plupart d'entre eux ne connaissaient le Pendu que de réputation, c'était une attraction compte tenu de son palmarès, plus encore maintenant qu'il tenait tête à un Cavalier de la révolution.

- Vous aggravez les charges retenues contre vous, Longdrop.

Sans surprise, aucune réponse de l'intéressé. Peut-être réfléchissait-il à la réplique la plus désobligeante qu'il puisse avoir en réserve, car il semblait que seul l'ordurier et l'irrévérencieux ne fasse partie de son vocable énoncé de sa voix d'ange.

- Vous pensez que vous impressionnez votre monde à rester silencieux comme ça ? Vous ne passez pas pour un caïd mon garçon, mais pour un débile léger. Saisissez-vous de lui.

Une impulsion de l'épaule commanda au bras droit de Jacob de se tendre en direction du petit monsieur et de ses dames qui s'approchaient. Immature comme il savait l'être, il n'était pas venu pour faire face à ses juges mais pour qu'on lui donne une mission comme si de rien n'était. Le placide ne se doutait de rien. De rien. Pas même de ses camarades venus l'attaquer par derrière afin de lui asséner un coup sur un nuque avant qu'il n'ait pu attaquer.

L'armée révolutionnaire de Luvneelgrad n'avait rien de comparable aux raclures criminelles de Manshon. Entraînées dès le plus jeune âge, chacune des recrues valaient à elles seules dix à vingt hommes. N'étant pas sur ses gardes - parce qu'il ne l'était jamais, trop sûr de lui et présomptueux, le sieur Longdrop perdit connaissance rapidement avant que les premiers drames n'aient pu survenir du fond de sa manche.

- Placez-le en cage, on dressera le tribunal demain.

Impitoyable, comme s'il ne s'était agi que d'une formalité, Anton plongea ses yeux dans ceux de Canaille qui ne sut comment réagir.

- Bon travail Rogers. Vous n'aurez pas affaire à un ingrat.

Et il repartit aussitôt. Elle avait été félicitée et peut-être même serait-elle récompensée pour avoir vendu un camarade. Un camarade infect, un camarade sans valeur, un camarade indiscipliné, mais un camarade tout de même. Quel goût pouvait avoir celui consistant à livrer sur un plateau d'argent un homme auprès duquel on avait pu combattre ?


Dernière édition par Jacob Longdrop le Dim 30 Déc 2018 - 10:21, édité 1 fois
      La monde n'était pas rose, elle le savait bien, surtout dans le giron de la révolution. Mais elle avait pensé bêtement agir pour une cause juste, et on l'avait mené en bateau depuis le début ; Ironie quand on savait que la dame était navigatrice et avait pour habitude de mener sa barque seule, sans un marionnettiste pour tirer les ficelles derrière elle. Et c'était ce qu'avait fait ce Anton, et ce qu'elle n'arrivait pas à accepter. Elle pouvait tout sacrifié à la cause, mais pas son libre arbitre. Ça, jamais. Et ses supérieurs avaient toujours eut la délicatesse d'être honnêtes avec elle depuis le début ; Une chance qu'elle savait révolue à présent, une chance que les méthodes fumeuses de ce Cavalier avaient fait disparaître en un instant.
      Ce n'était pas tant la trahison que la surprise qui avait dominé l'échange, aussi avait-elle hoché de la tête sans trop s'en rendre compte et acquiescé comme la marionnette qu'on voulait qu'elle soit. Puis était venu la colère, sourde et lancinante, comme un mal de crâne après une soirée trop arrosée un samedi soir, et que l'on regrette instantanément le lendemain matin. Puis elle s'était sentie salie, utilisé comme un préservatif, pour ce prémunir d'une maladie qui se nommerait Longdrop. Triste réalité qui lui tomba sur la pogne alors qu'elle ne pouvait plus rien faire pour empêcher la machine de déraper : La roue était sortie de son ornière et le tout lui avait échappé des mains, elle ne pouvait plus revenir en arrière.
      En même temps, l'aurait-elle sût qu'elle n'en aurait rien fait ? Sans doute. On lui confiait des missions, elle était payée pour ça. Mais elle avait vécu des choses puissantes avec le Pendu, elle avait connu des bas et des hauts, des surprises comme des déconvenue. Ils étaient devenu "intimes" presque. Elle se sentait en tout cas plus proche de lui que les trois quart des hommes avait lesquels elle avait couché, c'était peu dire. Comment se sortir de cette situation ? Comment faire pour ne pas se sentir sale à ce point ? Elle devait faire quelque chose, c'était certains, mais quoi ? Les idées lui faisaient défaut, elle qui avait plus pour habitude de tout régler à coup de barre à mine ou par la lame et sa force de conviction, elle se retrouvait dans une position délicate.
      Elle ne pouvait ni trahir son camp, ni trahir Longdrop. Elle n'avait pas l'habitude de faire des concessions, et elle ne comptait pas commencer aujourd'hui. Elle avait besoin de sa dose de nicotine, aussi sortit-elle sa boite en acier de dix centimètres par six, et se posa-t-elle sur le banc qu'elle avait aidé à user quelques temps plus tôt, allumant sa cigarette d'une main experte. La première bouffée s'échappa de ses lèvres pour rejoindre le néant, ce truc tout noir et dégueu dont personne ne voulait vraiment.

      - Excusez moi, mais on ne fume pas ici mad'... Commença un type lambda qui se promenait encore par là, un regard noir le fit se taire sur le champ, et un mouvement d'épaule fataliste le fit dégagez vers d'autre horizon plus glorieux qu'une simple tirade dans un texte mal écrit. Elle se délecta de cette cigarette en deux minutes chrono', et le sentiment de bien être qui s'en dégagea ne resta pas bien longtemps. Elle détestait suivre des règles idiotes écrite par des hommes encore plus idiots encore. Ne pas fumer là, ne pas manger ça, toujours suivre la hiérarchie aussi ; Elle respectait bien volontiers les grades quand ils étaient bien fait, mais ce Anton n'avait réussit qu'à lui donner de l'urticaire et une grosse envie de gerber. Prendre de haut un camarade d'infortune n'était pas dans ses habitudes, et comme tout humain digne de ce nom, elle abhorrait tout ce qui était différent de ce qu'elle aurait fait.
      Ou peut être était-ce là une autre chose à rajouter sur la longue liste de ses défauts. Elle détestait le système actuellement en place, et voilà qu'on lui faisait manger des méthodes pire encore. La manipulation, les intrigues politiques, très peu pour elle, elle ne jurait que par la force, et à son avis, même un mec comme Longdrop méritait plus d'éloges que le Cavalier qu'elle avait vu. Antipathique, cul serré et balais coincé là ou elle pensait.

      - Hep, machin, tu me dis ou elle est cette foutue cellule ? Qu'elle fit au deuxième qui passait devant elle avec un air occupé des plus horripilant. Elle l'obligea à ce concentrer sur autre chose que ses activités et cela le faisait chier, ça se voyait. Mais quand on voit la dame de fer de la révolution commencer à craqueler sous la pression de l'attente, on s'exécute et on ne demande pas son reste. Surtout qu'elle était armée et prête à utiliser la force en cas de besoin. C'était des choses que l'on pouvait sentir dans une posture, ou bien dans une simple façon de parler un peu trop autoritaire et grossière, même pour elle. Quoi que sa réputation ne la précédait pas dans cette partie du globe.
      Aussi, l'amena-t-il jusqu'à la cage de Longdrop.

      - Je crois qu'on s'est bien fait avoir tout les deux sur ce putain de coup... Commença-t-elle par dire au Pendu dans sa gêole d'infortune... Je crois qu'on devrait avoir une petite conversation tout les deux, même si t'es jamais très chaud pour ... La cage mesurait tout de même dix pas de côté, aussi marcha-t-elle pour être au plus proche du Pendu. C'est vrais tout ce qu'on dit sur toi ? T'aurais éliminé du menu fretin avant de me suivre ? Je trouve ça pas déconnant vu comment tu m'as accueillit, mais j'ai du mal à croire que tu seras capable de buter un type juste pour ta tranquillité perso' ... Elle avala sa salive, et sortit une cigarette de son étuis... Dis moi que ce ne sont que des rumeurs, que je trouve un foutu moyen de te sortir de là...

      Après tout elle s'en foutait que ce soit vrais ou non, elle avait décidé de le sortir de là par tout les moyens. Légaux bien sûr, dans la limite du possible ; Il serait facile de se faire intégrer au tribunal qui allait se tenir le lendemain, en arguant qu'elle représentait la voix de l'Ouroboros dans cette affaire. Sans doute qu'on la ferait témoigner même. Alors elle n'avait qu'à passer par la discutions pour sauver les miches de l'autre emplumé.

      Tout n'était qu'une question de temps à présent.
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    Dans la pénombre - car il n'y avait guère que ça dans les geôles souterraines - Jacob restait allongé les mains derrière la tête, les jambes repliées sur lui-même et croisées. Puisque les lois du Gouvernement Mondial ne trouvaient pas leurs accès jusqu'en ces recoins pour le moins rétifs à l'autorité, le Pendu ne fut pas gratifié des meilleurs aménagements possibles et imaginables. Un repas par jour, si on pouvait appeler ça un repas, et aucun moyen de se distraire. Mais, insolent et contrarien comme il savait l'être, Jacob se distrayait malgré tout.
    C'était à peine perceptible, mais il y avait dans le coin supérieur droit de sa cellule une vilaine araignée. Trop petite pour être exotique mais trop grosse pour être commune, l'horripilante arachnide rodait immobile dans ses fils, dans ses cordes. Elle ne bougeait pas, elle patientait. Sans doute n'avait-elle rien de mieux à faire, ou peut-être ne pouvait-elle tout simplement pas agir autrement car elle était conditionnée ainsi. Longdrop entamait la bataille de regard entre lui et la bête. Elle était d'autant plus menaçante dans la lueur blafarde de la lanterne qui illuminait timidement les environs depuis l'extérieur de la cellule, reportait l'ombre de chacune des huit pattes sur le mur effrité mais robuste chargé de contenir le Pendu.

    Et puis soudain, l'incident. La mouche. Elle était entrée dans les geôles en espérant y rencontrer son salut, elle n'y retrouva en réalité que le chemin fléché de son trépas. Les longues pattes raides de l'araignée s'agitèrent vivement, reportant leur moindre mouvement sur l'ombre. Elle semblait rebondir sur sa toile alors qu'elle enveloppait sa malheureuse victime dans une soie blanche sortie de son sphincter ; le linceul immaculé qu'elle daignait offrir à ses proies.

    Imperturbable devant ce spectacle, Jacob se demandait seulement comment une mouche avait pu entrer dans les sous-sol des quartiers révolutionnaires de Luvneel. Sans doute avait-on ouvert la porte à quelqu'un. Quelqu'un dont les pas commençaient à être audibles depuis là où il se trouvait.

    - Je crois qu'on s'est bien fait avoir tout les deux sur ce putain de coup...

    Elle l'avait apostrophé sans le moindre préliminaire. De son point de vue à lui, l'un des deux s'était peut-être davantage fait baiser que le second, mais sans doute pensait-il cela parce qu'il était emprisonné entre quatre murs là où sa comparse d'hier faisait aujourd'hui les cent pas sous son nez comme pour le narguer.
    Sans doute était-elle trop nerveuse pour narguer qui que ce soit. Elle tournait comme un lion en cage bien qu'elle se trouvait opportunément en dehors, cette histoire la tourmentait. Lui, non. Il avait son lit, son araignée, que pouvait-il demander de plus ?

    Alors, gonzesse oblige, elle déballa ses sentiments, geignait, venait au parloir pour tenir le crachoir. Au fond, son principal problème n'était pas tant Longdrop que sa conscience. Elle minaudait. Comble de l'indécence, elle s'adressait à lui comme l'aurait fait une vieille épouse surprise que son mari ait tapé dans la motte d'une ribaude plus fraîche et plus avenante qu'elle : « Dis-moi que ce ne sont que des rumeurs ».
    Sans doute ne l'avait-elle pas aperçu mais, perdu dans la lueur terne de la lampe à huile, un sourire plus terne encore avait furtivement écorché les lèvres pâles et gercées du Pendu. Un Pendu qui, pour la peine, s'était levé de son plumard pour traîner ses guêtres jusqu'aux barreaux contre lesquels il appuya son épaule droite et croisa les bras, toisant la punk en biais.

    - Ce ne sont que des rumeurs.

    Il l'avait dit. Elle le lui avait demandé et il lui avait dit. Le regard pétillant, rassurée - bien que cela ne changeait rien à la situation, Canaille fut achevée par un coup de grâce dont Jacob seul avait le secret.

    - Des rumeurs basées sur des faits indéniables.

    Les tuer pour son confort personnel ? Cela ne l'avait pas gêné plus que ça. Au mieux, il pouvait toujours établir sans mentir devant le tribunal qu'il les avait tué davantage pour éviter l'inconfort qu'améliorer sa condition. Après tout, on rejoignait la révolution pour son bon confort uniquement. Les uns pour s'encanailler, les autres parce qu'ils crevaient de ne pas être du côté des possédants et des mieux lotis qu'ils enviaient la bave aux lèvres. L'armée révolutionnaire n'était guère qu'une association à succès réputée pour agréger à son idéologie tous les cocus de Luvneel et d'ailleurs. Ceux-là seraient-ils nés avec une cuillère d'argent dans la bouche qu'ils auraient défendu avec la même rage leurs acquis qu'ils ne cherchaient aujourd'hui à s'approprier.
    Longdrop avait eu au moins la dignité de ne pas pousser l'hypocrisie jusque là et admettait sans peine qu'il avait tué les siens pour jouer au poker tranquille. Il n'était pas dit que cette défense fasse fureur devant la cour qui serai dressée demain pour lui régler son compte.

    - Tu aurais pu amener à boire.

    Il n'avait rien trouvé de mieux à dire. Elle s'était épanchée sur ses états d'âmes mais elle n'avait fait que parler à un mur. Sans doute le mur le plus solide et impénétrable de toutes les geôles de ce souterrain.
    Et il restait là, reposé contre les barreaux solides de sa cage, toujours à fixer Canaille, à la fixer comme l'avait fixé cette grosse araignée qui faisait maintenant bombance depuis le début de leur entrevue.
        Comment pouvait-elle encore être surprise d'un énième coup tordu de son comparse ? Il avait fait bien pire que de la tuer en la dévoilant aux yeux du gouvernement mondial présent sur Manshon. Finit la tranquillité d'esprit si elle y retournait un jour, finit les déplacements sans se retourner toutes les quatre secondes pour voir si quelqu'un la suivait ou lui voulait du mal. Oui, il aurait pu la tuer, elle aurait été plus tranquille. La mort a quand même quelque chose de beaucoup trop définitif pour un révolutionnaire avide de changement néanmoins, pour ça, elle lui en était reconnaissante. Bien qu'animé par des envies égoïstes, Jacob était un bon gars dans le fond, sinon il aurait fuit ses responsabilités et n'aurait pas suivis la Canaille jusqu'entre les pattes du Cavalier présent sur place.
        On ne pouvait pas lui enlever son courage, mais on pouvait le déposséder de tout ce qui faisait sa substance, son appartenance au groupement révolutionnaire. Même s'il semblait ne pas beaucoup y tenir, il avait tout de même à cœur de ne pas laisser le système en place polluer plus longuement l'espace publique, au moins un tout petit peu ; A moins que d'appartenir au gris n'était qu'une manière de se défouler sur son prochain en se donnant de bonnes raisons. Ce qui semblait être la réponse la plus adéquate à la question que tout le monde se posait: Mais que foutait Jacob Longdrop dans le mouvement révolutionnaire ? Il avait l'air de le débecter au plus haut point, tellement qu'il allait jusqu'à en tuer des représentants qui, s'ils n'avaient pas beaucoup d'utilité dans la hiérarchie, étaient le poumon du mouvement.
        Elle avait repéré le gars par contre, tout dans la provocation et dans le dédains d'autrui, comme sa réponse le laissait entendre. Elle n'était plus surprise de ses tirades courte et pleine de sel, piquant les blessures a vif du commun de la plus vilaine des manières. Elle s'était habituée. Aussi sa réponse fut mesurée, sans animosité aucune, car elle n'avait plus la force de la haïr.

        - Putain Longdrop, quand t'arrêteras de ne penser qu'à toi ? Je vais me mouiller pour toi, alors t'as intérêt à te reprendre et fissa... Faudra ravaler ton discours devant la cour demain. Il faudra que tu donnes une image de toi qui n'est pas réelle si tu veux t'en sortir... Tu veux t'en sortir déjà ? Pas si sûr... Oui elle parlait beaucoup pour ne rien dire, mais chacun de ses mots étaient pensés et calculés pour faire mouche. Avoir une réaction, un début de quelque chose qu'elle pourrait exploiter le lendemain. Dans tout les cas va falloir me suivre mon gars, je suis sans doute ta seule putain de porte de sortie... Elle était d'ailleurs sans doute la seule à vouloir qu'il s'en sorte sans avoir les deux pieds devant. Maigre espoir qu'une crasseuse pareille soit ta seule échappatoire. Elle n'était pas la meilleur dans les long discours aussi s'arrêta-t-elle là pour le moment et laissa le soin à Jacob de répondre du mieux qu'il pouvait ... Ou pas du tout. Le silence est parfois la meilleur option à adopté pour acquiescer sans l'avouer.

        Elle pensait faire le mieux alors qu'elle n'était qu'empêtrée dans la toile du Pendu, toujours sur les bons coups décidément. Elle pensait agir selon un libre arbitre injustement confisqué par Anton et ses compères, mais finalement, elle faisait le jeu de son partenaire. Triste réalité. C'était quitte ou double, soit ils réussissaient à s'en sortir tout les deux blancs comme neige, soit ils seraient salis par la fange qui suivait le Longdrop depuis sa naissance. Le lendemain était bien loin encore, aussi décida-t-elle de passer à autre chose, et plongea sa mains dans son manteau, en ressortant une petit flasque en fer qui ne la quittait jamais vraiment. A l'intérieur, un whisky single malt de mauvaise qualité, mais qui avait le mérite d'exister. Elle porta la flasque à sa bouche, lui montrant que c'était buvable malgré les bactéries qu'elle avait sans doute laisser sur le goulot après sa rasade, et le fit passer entre les barreaux de la cage.

        - Une femme est toujours prête pour n'importe quelle situation, Jacob.

        C'était d'autant plus vrai pour la révolutionnaire, qui avait toujours réussit à s'adapter à son monde de vie, qu'il soit délétère ou non. La prison qu'était l'esclavage l'avait marqué, et pourtant elle était libre aujourd'hui, ce qui démontrait son morale d'acier ; Elle ne payait pas de mine, mais elle avait de la ressource en fourberie elle aussi. Et elle allait jouer l'un de ses tours au cavalier antipathique qui s'était invité sans s'annoncer dans sa relation avec Jacob Longdrop. Elle était la seule apte à le juger, selon elle, en tout cas dans le mouvement révolutionnaire, parce qu'il s'était dévoilé à elle, ne serait-ce qu'un peu. Cela lui donnait une légitimité dont elle userait sans vergogne devant Anton. Ça et son appartenance à L'Ourboros garantissaient une chance de réussite d'au moins cinquante pour cent, ce qui n'était pas trop mal vu le contexte.

        Soudain, un bruit de porte qu'on claque. Quelqu'un d'autre venait s'inviter à la fête ? Ou était-ce déjà l'heure de jouer ses cartes ?
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      Sans trop qu'elle ne sache quand ni comment, le fiole lui avait échappé des mains. Dans sa cage, le Pendu s'incendia les boyaux de quelques gorgées avant de tendre la flasque à cette femme qui ne parlait que trop à son goût pour dire trop peu de choses. Lui qui était un as de la synthèse verbale, de la radinerie orale n'en souffrait que davantage.

      - Certes. Mais ça ne reste qu'une femme.

      Telle fut la réponse du berger en la bergère. C'est dire s'il avait foi en elle. Dans a geôle voisine, perdue dans l'ombre que la lueur de la lanterne ne venait que lécher, on gloussa. Sans que l'on puisse mettre un visage sur la voix railleuse qui ne tarda pas à se faire connaître à la grande surprise des deux compères, Jacob comme Canaille écoutèrent attentivement ce qui venait de là alors que des pas se rapprochaient dans la direction opposée.

      - Eh bah mon con ! Voilà une garce qui dit vouloir mouiller pour toi et qui te cause comme une assistante sociale sans amour propre et tu l'envoies péter ? Crois-moi que je me gênerais pas pour profiter de la main tendue.

      - ME mouiller, j'ai dit que j'étais prête à ME mouiller pour lui, espèce de vieux connard lubrique !

      Vieux, il l'était sûrement, c'est en tout cas ce que laissait supposer l'aspect chevrotant des sons qu'il émettait dans l'écho lugubre de la prison souterraine. Le bruit des pas se faisait plus précis alors qu'on ne savait plus s'il fallait tendre l'oreille à droite ou à gauche. Le vénérable aux desseins malsains et graveleux ricana une fois encore. Il avait l'attitude d'un homme qui n'avait plus rien à perdre, d'un homme foncièrement libre car il ne pouvait risquer davantage que ce qui l'attendait déjà. L'armée révolutionnaire qui aspirait à l'avènement de cette humanité libérée y était parvenue davantage par l'incarcération des siens que par l'embrigadement des autres. Il y avait une leçon à tirer de tout cela et Jacob l'avait retenue depuis qu'il était des leurs.

      - Dis-y voir, voisin ! Si une femme est vraiment prête à tout, demande voir à ta copine s'il elle voudrait pas me....

      - Parvis ! Vous aggravez votre cas.

      Enfin commençait à se profiler la silhouette de l'homme en marche. Il était arrivé sans crainte d'être attendu, n'ayant rien à craindre ni à se reprocher car il était apparemment un révolutionnaire des plus consciencieux. Pète-sec, assez haut perché, sabre à la ceinture il était suivi de près par le responsable des lieux qui, court sur pattes, devait trottiner pour le rattraper clés en main. Se laissant devancer par le geôlier, ce nouveau venu au visage maigre et aux cheveux fins s'arrêta un instant sur sa trajectoire.

      - Ce n'est pas un lieu pour une demoiselle.

      - Bah comment ça s'fait que j'ai croisé trois femmes en cage sur mon chemin ?

      Son impertinence aussi fraîche que spontanée avait eu le mérite à la fois de confondre le grand dadais et de faire rire aux éclats le dénommé Parvis. Jacob, lui, restait fidèle à lui même, on aurait pu le confondre avec le mobilier tant il était froid et inerte ainsi reposé sur les barreaux froids de sa cellule.

      - Là... là n'est pas la question. Veuillez remonter je vous prie, vous aurez tout le temps de voir votre petit-ami siéger sur le banc des accusés du tribunal révolutionnaire demain. En tout cas... jusqu'à ce qu'il finisse à la potence.

      Tandis que le petit gros s'employait à sortir le vieillard de la cellule voisine dans le plus grand des fracas - ce dernier étant aussi indiscipliné que libidineux, Jacob apostropha ce zélé révolutionnaire qui se réjouissait par avance de sa mort prochaine.

      - Et moi qui croyais que les instances révolutionnaires étaient indépendantes et jugeaient les faits. Ça me fend le cœur.

      Lui non plus n'était plus à une effronterie prêt. Cette hypocrisie avec laquelle ce corps révolutionnaire qu'il avait rejoint singeait avec plus de vilenie encore les parodies démocratiques du Gouvernement Mondial, ne cesserait jamais de le distraire. Observer ses comparses tuer au nom de la paix et emprisonner pour garantir les libertés constituait pour lui un plaisir plus pervers encore que les pensées de Parvis qu'on avait finalement traîné de sa cellule.
      Traîné était le mot. Le geôlier ainsi que deux gardes le tiraient au sol par les bras pour le ramener à la surface. Ce dernier se doutant évidemment de ce qui l'attendait là-haut et cherchait à leur rendre la tâche plus difficile qu'ils ne l'auraient souhaité. À en juger par les morceaux d'excréments sur les vêtements de ses ravisseurs, Canaille comme Jacob en déduisirent qu'il avait su leur mener la vie dure.

      Leurs regards croisèrent celui de ce vieillard qui, malgré les sévices, malgré ses haillons, semblait plus lumineux et radieux encore que ne pouvait l'être cette lampe à pétrole, unique soleil de ce souterrain humide et sombre.

      - Mon offre tient toujours ma jolie hahahahahahaha !

      Son rire disparaissait dans les ténèbres alors qu'on le traînait plus loin, comme pour le mener dans les enfers d'où il ne reviendrait vraisemblablement jamais. Resté avec eux, le responsable de ce rapt apostropha Canaille en plaçant une main sur son épaule. L'idée n'était pas de se montrer affectueux avec pareil spécimen de laideron, mais de lui faire comprendre que sa force était autrement plus élevée que la sienne et celle de Jacob réunis, un avertissement en cas de tentative d'évasion en somme.

      - Vous en avez assez vu je pense, veuillez m'accompagner, les heures de visite sont terminées.

      Canaille jeta un dernier regard à Jacob qui, lui, s'en foutait au point de s'être réinstallé sur son lit, tranquille comme Baptiste. Il n'y aurait pas d'évasion spectaculaire. Le pouvoir des bons sentiments n'aurait aucune emprise sur cette marée humaine de sang et d'armes qui les aurait accueilli à peine la porte du souterrain franchie. Les choses se dérouleraient comme toujours, avec un sentiment d'impuissance à les constater sans pouvoir influer sur elles. Demain, on viendrait chercher Jacob comme on était venu chercher Parvis ce jour. Demain, cet homme à la silhouette élancée se présenterait comme le procureur de la parodie de procès qui aurai lieux. Et demain, c'était déjà aujourd'hui. Car lorsqu'il ouvrit les yeux, réveillé par un bruit de bottes lui étant familier, Jacob avait fait le tour du cadran.
      Le grincement de la grille de barreaux ne perturba pas plus le Pendu que ce qui l'attendait là-haut.

      - Et vous monsieur Longdrop, vous allez aussi jeter vos déjections à la figure des gardiens ?

      Plus sage que son aîné de la veille, probablement trépassé depuis, Jacob quitta la cellule droit dans des ses bottes mais toujours plus petit d'au moins deux tête par rapport au procureur. Ce même procureur qui, après avoir lu le dossier, gardait l'œil alerte et remuant, préférant éviter les sursauts éventuels du Pendu.

      - Inutile. Vous vous chiez déjà dessus.

      ***

      - Silence dans l'assemblée ! Nous allons traiter du cas de Jacob Longdrop, suspecté d'avoir assassiné douze préposés révolutionnaires envoyés à ses trousses pour le ramener à Luvneel suite à sa désertion. Y a-t-il dans l'assemblée une bonne âme susceptible d'assurer la défense du prévenu ou devra-t-il lutter seul.

      Dans cette impasse parsemée de pavés au sol, avec une table et quelques chaises, un tribunal avait été dressé en plein air. Au fond, pour que l'exercice soit rondement mené il ne fallait pas énormément de matériel, juste beaucoup de mauvaise foi. Personne ne levait jamais la main, on voulait éviter que l'opprobre ne vienne nous couvrir à tout prix, car être suspect, c'était être coupable.
          Il n'y avait pas à dire, mais mis en cause à part, on était bien reçu dans cette institution de la révolution. Il y'avait tout le mobilier moderne à disposition, et même une douche attenante. Un lit en métal gris occupait le centre de la pièce, ainsi qu'un bureau d'angle en bois. Vraiment, elle frôlait le luxe et la volupté en découvrant sa chambre. Le procureur mit tout de même deux gardes à sa porte, pour éviter tout ennuis avec la mauvaise graine qu'était Canaille. C'était donc ainsi qu'on la remerciait de s'occuper des affaires des révolutionnaires ? Vraiment, on avait pas la gloire tranquille dans ce mouvement : Entre Jacob qui se faisait cueillir pour de menues affaires, et elle qu'on gardait comme du lait sur le feu, c'était décidément une bien étrange façon de se comporter.
          Elle laissa avec un mot fleurit le procureur qui se prénommait "Jarvis" selon ses propres dires. Il fallait avouer que même si elle n'était pas une belle fleur -ou bien juste celle qui poussait sur le purin, elle restait du sexe féminin et par ce biais, avait droit à des honneurs qu'on ne donnait pas à tout le monde. Alors peut-être avait-il été déçu en se rendant compte que l'odeur qui embaumait la cellule n'avait pas cessé après la remontée dans les couloirs, pour se faire plus pressante, plus oppressante même.
          Peut-être même était-ce pour cette raison qu'il l'avait conduit jusqu'à cette chambre pourvue d'une douche. En tout les cas il allait être déçu, tandis qu'elle sortait une énième clope de son paquet, elle pensa que vraiment, la révolution, s'était clairement embourgeoisée.
          Elle crama dans la soirée toutes les clopes de son paquet, pas capable de dormir pour un sous, le lendemain allait être retors mais elle préféra passer en revue ses arguments plutôt que de se reposer. Il y'avait une vie humaine en jeu, et elle ne déconnait jamais avec ce genre de chose. Autant pouvait-elle être retorse, voir même parfois clairement agaçante, mais quand venait l'heure du bourreau, elle était toujours grave. On avait pas vocation à être un tueur de masse quand on était de la révolution -Jacob mis à part. On était toujours à vérifier que la cible que l'on avait était bien la bonne, et qu'aucun civil ne puisse mourir dans l'équation.
          Elle vit le jour poindre par la meurtrière qui nourrissait une ruelle aveugle de la ville. Ce n'était qu'un halo bleuté qui envahissait la chambre et son obscurité pour mieux vous rappeler que vous n'étiez rien comparé à l'astre solaire. On est tous à poil et au garde à vous quand il vient à poindre le bout de son nez.

          - Silence dans l'assemblée ! Nous allons traiter du cas de Jacob Longdrop, suspecté d'avoir assassiné douze préposés révolutionnaires envoyés à ses trousses pour le ramener à Luvneel suite à sa désertion. Y a-t-il dans l'assemblée une bonne âme susceptible d'assurer la défense du prévenu ou devra-t-il lutter seul.

          Il y'avait un monde fou pour un procès. L'impasse était carrément envahit par tant de petites mains venues saluer la justice des gris. Du coté de Canaille, on ne pensait pas qu'autant de monde serait venu pour saluer la descente en enfer d'un camarade, mais il fallait bien occuper ses journée quand on se tournait les pouces la plus part du temps. Anton était au centre de la table, encadré par deux autres hommes qui lui était inconnu au bataillon. Il fallait donc ce concentré sur le Cavalier, et d'une attitude peu cavalière. Une main crasseuse se se détacha parmi la foule, tandis que des "pardon, excuse toi, poussez vous un peu que diable[/b]" ne viennent ponctuer sa longue descente jusqu'au premier rang.
          [b]
          - Moi, je me porte volontaire pour défendre Mr Longdrop. Canaille Rogers, si le greffier veut bien faire son office. R-o-g-e-r-s bordel.
          Elle n'avait que faire de l'honneur ou de l'opprobre celle là.

          - Très bien, je vois que ce cher pendu n'a pas que des ennemis parmi nous, ça réchaufferait presque mon petit coeur tout meurtris. Fit Anton avec une ironie évidente, ce qui ne fit que mettre encore plus la Canaille sur les crocs. Mais elle tiendrait, comme elle l'avait toujours fait devant l'infamie d'une situation. Elle savait être résistante à toute forme d'humeur, qu'il fût cocasse, ou bien blessant. C'était qu'elle avait des kilomètres au compteur, la petite. Nous commenceront donc par le procureur, s'il veut bien s'avancer parmi nous. La tête de pine de Jarvis pointa à travers le rideau de lambdas qui venaient se divertir comme ils le pouvaient.

          - Très cher peuple, Monsieur le juge, si nous sommes ici réunis aujourd'hui, c'est pour juger d'un cas particulièrement évident de désertion et de meurtres envers notre belle institution. L’énergumène nommé Longdrop à été pourchassé par différents pions de la révolution pour répondre de sa désertion, et il n'y a eu qu'une seule de ses petites mains pour nous le ramener à la maison. Il parait donc évident qu'il faut punir ce vaurien comme il le faut, sans attendre. Il a enlevé plusieurs vies, je demande donc qu'on lui enlève la sienne dans les plus brefs délais. Je n'ai même pas besoin de preuves pour étayer mes dires, tant l'attitude glaciale de l'accusé depuis le début de cette histoire est clair sur la question que l'on se pose : A-t-il encore des accointances avec la révolution ? Je vous laisse juger par vous même, mon allocution se terminant dès à présent.

          - C'est maintenant au tour de la défense. Fit Anton dans un mouvement de manches larges, désignant Canaille du doigt.

          - Merci cher juge. Mr Longdrop, est une personnalité complexe et au diverses facettes assez dures à appréhender. Peut-être est-ce cela qui l'accuse, ou qui l'a fait fuir les rangs de notre chère institution pour aller explorer de nouveaux horizons. Nous ne nions pas qu'il a fait des erreurs, notamment en arrêtant de se tenir à disposition du comité. Nous ne nions pas que beaucoup de monde à été réquisitionné pour l'attraper et le traduire en justice. Ce que nous nions, c'est l'accusation de meurtres au premier degré. Douze personnes se sont déplacés, et personne n'est revenu. C'est plutôt, selon moi, qu'après avoir vu comment Jacob Longdrop fonctionnait qu'il ont arrêté de croire en la force de la révolution, et ont déserté sur le champs. Nous devrions donc plutôt dépêcher plus d'agents pour retrouver leur traces, plutôt que de tabler sur des preuves indirectes, voir même une absence de preuves. Quand à la désertion, une simple mise à l'épreuves devrait suffire pour faire rentrer dans le rang Mr Longdrop. J'en appelle à votre clémence, et votre clairvoyance, dans ce dossier plus complexe qu'il n'y parait. En tant que représentante de l'Ouroboros, je suis assez qualifiée pour vous expliquer que Longdrop est certes un assassin, mais pas un tueur.

          Les dés était lancés, Alea Jacta Est.

          - Nous allons délibérer, je vous remercie pour votre intervention à tout deux.


          Sur ce, il leur fit signe de reculer, avant de se tourner vers ses deux comparses, une main devant la bouche, et l'autre pour illustrer ses dires.
        • https://www.onepiece-requiem.net/t21394-p-tit-livret-des-famille
        Des petites erreurs, de la mise à l'épreuve et même de la clémence. Tout y était passé. La récitation la plus écœurante du couplet laxiste que Jacob avait toujours vomi venait de lui être collé à la peau. La gueuse le choyait comme un gosse turbulent. Il en était à douze homicides au compteur, et elle cherchait encore à l'exonérer. À tout moment, il s'attendait à ce qu'elle ne mette cette propension au meurtre de sang-froid sur le compte de la turbulence. Peut-être même allait-elle parler de son passé pour apitoyer ses juges. Mieux valait s'en garder. D'abord car elle en ignorait les modalités, mais surtout parce que cette simple évocation aurait pu susciter quelques vives réactions de la part du rejeton de Poiscaille dont l'enfance ne fut pas tout à fait idyllique.

        Spectateur de cette farce qui ne lui faisait ni chaud ni froid, l'assassin indolent s'était retourné machinalement sur sa chaise inconfortable pour se saisir de la cigarette pendue aux lèvres de son voisin de derrière dont la fumée n'avait que trop provoqué ses sinus. Sans présentation, sans demander et surtout sans dire «merci», Jacob s'était servi d'un geste lent de la main, tel un vandale suave trop sur de son bon droit pour seulement reconnaître l'existence de celui qu'il venait de léser. Une cigarette, il lui fallait au moins ça pour supporter la plaidoirie de la défense. Eut-il été son propre juge qu'il se serait condamné à mort. Car au fond, lui aussi était un vrai révolutionnaire ; destructeur, étalant un arbitraire indexé sur son bon vouloir, il avait - contrairement à ses camarades - la simple décence d'admettre qu'il n'agissait pas comme il le faisait au nom de l'amour et des petits oiseaux mais simplement pour ses intérêts propre. Jacob Longdrop : la furie révolutionnaire, l'hypocrisie en moins.

        Et tandis qu'il attendait là, assis, Canaille causait. Elle s'essoufflait en pure perte puisqu'elle savait depuis la veille quel serait le verdict. Quand enfin elle consentit à se taire et que les juges, distraits, remarquèrent qu'un bruit de fond avait cessé d'écorcher leurs oreilles, on se dit finalement que la pièce de théâtre avait trop traîné en longueur et que l'acte final devait advenir le plus tôt possible. Il allait être midi, tout le monde avait faim, il était alors plus convenable que la sentence soit administrée avant l'apéro.
        Les trois juges revinrent en compagnie du procureur, c'était à croire que par ici, le parquet avait aussi son mot à dire dans le délibéré. Ça ne choqua personne dans l'assemblée. Il fallait bien dire que se sentir outré par ce genre de procédé justifiait aussi un procès. Ainsi, tout allait bien dans le meilleur des mondes révolutionnaires.

        - Moi, Anton Fidge, Cavalier de la révolution, président de cette cour, assisté de mes auxiliaire Urloas Galimat et Belouën Simon ainsi que du procureur Hughes Qoton, déclare devant cette assemblée que l'accusé Jacob Longdrop a été reconnu coupable des crimes qui lui furent reprochés et sera par conséquent pendu en place publique.

        Pas un mot dans l'assistance. Il fallait dire que l'issue du procès ne surprit personne, pas même le principal intéressé qui - le plus tranquillement du monde, écrasait son mégot, absolument hermétique à tout ce qu'aurait en principe dû susciter cette annonce chez un homme normal. Pire encore, les bras croisés, à tapoter du pied comme il le faisait, Jacob donnait même l'impression d'être pressé de passer à la potence. Cette attitude pour le moins provocatrice s'attira tout de même l'ire d'un des juges adjoints.

        - Longdrop, tu le dis si on te fait chier.

        Il avait le parler-vrai de ces pécores qui, plutôt que de se donner des faux airs de notable, assumaient leur statut social malgré la courtoisie attendue d'eux en cette circonstance qui se voulait plus ou moins solennel.
        Blasé comme un élève insolent reprit par son professeur, le Pendu répondit dans un soupir :

        - Je voudrais pas alourdir ma peine.

        Alors, on éclata de rire derrière lui. Un rire contagieux et jovial qui annihila la mise en scène pesante établie jusqu'à lors. La plupart des camarades réunis ici appréciaient Longdrop du peu qu'ils le connaissaient. Ses bons mots lui suffisaient pour se faire pardonner n'importe quoi auprès de n'importe qui. Excepté auprès de ses juges cela dit. Parmi eux, Anton était resté interdit à tout sourire suite à la plaisanterie de mauvais goût. Il fixait le Pendu d'un regard intense et pénétrant. Ce supplicié en devenir n'était pas une de ces innombrables chiures qu'il écrasait du talon habituellement, c'était une recrue de choix, une recrue hélas versatile qu'il lui fallait éliminer de peur que son indiscipline ne contamine ses camarades.

        - Quel gâchis. Avait-il marmonné, presque désolé de devoir se débarrasser d'un pareil élément.

        L'euphorie atténuée, Hugues prit la parole, on sentait à sa manière de trépigner qu'il se réjouissait de l'annonce qu'il s'apprêtait à énoncer haut et fort en complément de la décision de justice.

        - Il fut aussi décidé que Canaille Rogers, de par la ferveur dont elle fit preuve pour défendre l'accusé...

        L'avocate au rabais releva la tête. L'espoir, enfin. Un dénouement heureux, un volte-face de dernière minute, peut-être que son plaidoyer - minable - avait suffit à les convaincre de gracier son camarade.

        - ...était en soi la preuve de sa complicité dans les crimes perpétrés par le dénommé Jacob Longdrop et qu'elle serait par conséquent pendue en sa compagnie.

        Plus en colère qu'elle n'était prise au dépourvue - bien qu'elle le fut, la furie avait gueulé un sec et tonitruant :

        - QUUUOI ?!!

        «Quoi» dont l'écho émana des lèvres sèches et pâles de son client qui ne trouva rien de mieux à répondre qu'un «Ah !» moqueur, d'un air de lui dire «Bien fait». Spécimen ingrat que ce Jacob Longdrop. Il y avait des affaires dans lesquelles il valait mieux ne pas mettre son nez, Canaille saisit la leçon alors qu'on lui attachait les mains dans le dos et qu'on la brusquait avec Jacob jusqu'à la potence où on leur mit la corde au cou.

        - Un dernier mot ?

        - ENCULÉÉÉÉS !

        - Banque de Luvneelgrad. Coffre 23. Dedans, il y a les documents qui vous donneront l'identité du mouchard qui a donné les itinéraires de croisière des trois Cavaliers de la révolution coulés après avoir quitté Aeden y'a deux ans.

        Jacob parlait peu, mais Jacob parlait bien.

        - Foutaises que cela. Bourreau, faites votr...

        - NON !

        La parole du juge avait un effet suspensif sur la décision qu'il venait de prendre, à fortiori quand il gueulait si fort. Le Pendu avait su le prendre par les sentiments en évoquant la mémoire de camarades dont il avait été si proche.

        - On peut te faire confiance Longdrop ?

        - À en juger la corde autour de mon cou, je dirais que non. Mais mes infos sont fiables.

        Placés soudain en situation d'échec alors qu'ils avaient dominé la partie d'un bout à l'autre, les tenants du tribunal révolutionnaire se concertèrent. Une manœuvre désespérée de la part du Pendu ? C'était possible, mais il ne fallait négliger aucune piste. Le procureur, dans son rôle, insistait pour que l'on administre la sentence malgré tout.
        Envoyer Jacob chercher les documents - si tant est que ceux-ci existaient - c'était l'assurance de le voir disparaître dans la nature. Cela, personne ne le voulait. Personne, sauf Jacob. Cambrioler la banque pour en avoir le cœur net ? En plus de prendre le risque de se faire pincer pour rien, la révolution prenait le risque de perdre en crédit auprès de la population et justifiait les anathèmes du Gouvernement Mondial les désignant comme de vulgaires criminels de droit commun.

        Il fallait envoyer quelqu'un dont la notoriété au sein de la révolution n'était pas avérée, quelqu'un qui n'avait rien à perdre. Alors, on ôta la corde autour du cou de Canaille.

        - T'as une veine de cocue ma chérie. Va donc nous ramener les papelards et songe pas à quitter Luvneel. Nos hommes surveillent chaque port d'embarcation.

        La pouilleuse avait perdu une occasion de la fermer plus tôt en défendant l'indéfendable. Elle se retrouvait par un coup du sort, un sort lancé par Longdrop, à devoir s'infiltrer dans une banque pour en subtiliser un coffret. La journée se présentait mal, d'autant plus mal que l'heure de l'apéritif était dépassée depuis belle lurette.

        - Et ramène-moi des clopes en revenant.

        Le Pendu, toujours les mains dans le dos et la corde au cou, judicieusement installé sur la potence où il présentait admirablement bien, ne semblait pas vraiment s'inquiéter de la gravité de sa situation. Peut-être avait-il confiance en elle. Ou peut-être était-il juste totalement con. Aucune piste n'était à écarter le concernant.
            Elle était belle, la mascarade. Au moins ils étaient solides sur leurs appuis et osaient un peu tout et n'importe quoi au nom de la cause. Deux pour le prix d'un qu'ils auraient pû dire, s'ils n'avaient pas été solennellement tenu par le décorum et leur stupide et immense égo qui prenait toute la place. Heureusement, et à sa plus grande stupeur, Jacob avait de la ressource à faire valoir. Son petit laïus fit son petit effet sur Anton, le juge le plus exécrable de l'univers révolutionnaire. Apparemment, il tenait plus à cette info qu'à les faire pendre au bout d'une corde sans aucune sommation. Est-ce qu'elle y gagnait au change ? Pas sûr. Il fallait encore décider d'un plan d'action pour pénétrer la banque de plein jour et aller jusqu'au coffre en question pour en piquer le contenue. Il y'avait des chances qu'elle meurt en essayant, mais comme personne n'avait décidé de s'en émouvoir, autant foncer tête baissé dans le piège qui lui tendait les bras.

            C'est sans un mot pour ses "camarades", qu'elle se mit en direction de la banque, sans attendre. Elle était bien heureuse de quitter la ruelle bondée et malfaisante qui l'avait vu se faire condamner à la potence. Si elle avait eu des doutes quand à son réquisitoire et ses conséquences, ses doutes étaient dès à présent effacés, lavés et souillés par la même occasion.

            Elle avait déjà un plan en tête afin de réussir son coup, mais il fallait encore que tout se passe comme prévu, ce qui ne semblait pas être la règle en ce jour maudit. Quelle mouche l'avait piqué d'aider Longdrop ? Pourquoi faire pour ce dernier ce que lui n'aurait jamais fait pour elle ? Peut-être une gentillesse fortuite, ou bien un élan de générosité soudain.

            Pour réussir sa mission, il lui fallait d'abords trouver quelqu'un : Crédance Mcguie. Un faussaire de renom dans son milieu, pour qui savait fouiner et mettre son nez là ou ça ne le regardait pas. Une fâcheuse habitude chez Canaille, qui avait pour habitude de mettre les deux pieds dans le plat, comme elle venait de le faire pour le Pendu. Elle l'avait connu lors d'une mission d'infiltration un peu particulière, durant la révolution manquée de Goa. C'était grâce à lui qu'elle avait pû intégrer un groupe d'esclave ni vu, ni connu. Depuis, elle savait qu'elle pouvait compter sur ses compétences, le petit homme l'adorant pour son franc parlé. Il était retourner chez lui depuis, qui se trouvait être Luvnelgraad.

            Trouver son adresse fut plus complexe que prévu, elle dût carrément faire un dessin aux types du marché sur lequel elle était de trouver des infos fraîche, pas comme les poisson d'un moustachu qui l'avait recalé derechef. Le marché, c'était toujours le bon coin pour dénicher quelques informations, il y'a de tout et de rien qui se rencontraient sur un marché, le plus minable comme le plus opulent. Un bon terreau pour les affaires de Canaille, qui allait devoir cultiver encore une fois sa gentillesse pour obtenir ce qu'elle était venu rechercher.
            Au bout du compte elle l'avait eu, cette maudite adresse ! Il ne restait plus qu'à espérer que le bonhomme soit casanier en cette matinée. Elle arriva farouchement devant la porte en bois qui lui bloquait le passage, et secoua cette dernière de quelques coups bien placé du dos de la main.

            - Crédance, hé ho, Crédance ! Ouvre, c'est Canaille. Fit-elle comme si elle détenait un sésame.
            - Canaille ! Fit-il en ouvrant la porte en grand. Que me vaut le plaisir de cette visite, vilaine !
            - Päs si vilaine que ça aux dernière nouvelle, par contre tu joues beaucoup trop aux paris hippique, gredin !

            Une vieille connaissance à retrouver, rien de mieux pour oublier les petits tracas de ce début de matinée. Il la fit entrer et lui demanda tout de go ce qu'elle voulait. Elle lui expliqua en gros sa mission, ainsi que la méthode qu'elle avait envisagé pour tromper son monde : Se faire passer pour Mme Longdrop, venu chercher le contenu du coffre de son maris. Mais bien sûr, avant ça, il faudrait répondre de son identité, et c'était dans cette optique qu'intervenait Crédance. Il allait devoir lui faire une nouvelle identité, et de ce qu'elle avait déjà vu, il savait faire.

            Une heure plus tard elle détala de chez Crédance aussi vite que possible -au cas ou ses "amis" ne s'ennuient et ne décident de faire passer Jacob de vie à trépas, fourrant le document dans une de ses poches intérieur. Ne restait plus qu'à sortir le grand jeu et s'occuper de la banque.

            ***

            - Banque de Luvnelgraad, que puis-je faire pour vous ?
            - Je viens récupérer le contenu d'un coffre s'il vous plait.
            - Et vous êtes madame...
            - Madame Longdrop. fit-elle toute fière de montrer son document officiel.
            - Je suis désolé, mais ce nom n'est pas dans le registre.

            Eh, merde. Bien sûr qu'il n'avait pas donné son vrai nom, c'était idiot de sa part de penser le contraire. Toujours couvrir ses arrières était une des habitudes des révolutionnaire, même d'un type comme le Pendu. Il ne restait plus qu'une solution, braquer la banque. Elle attrapa le sabre qu'elle planquait dans son dos et le pointa au niveau de la cage thoracique.

            - Tant pis pour la méthode douce, ouvre moi le coffre numéro 23 si tu veux rester en vie.

            Avant que la sécurité ne puisse intervenir, elle attrapa le petit homme à lunette qui était guichetier par le col, le fit passer de l'autre côté du comptoir à la force du forceps, et le mit dans une position bien délicate : Il servait de bouclier humain contre les hommes chargés de la sécurité.

            - Hop Hop Hop ! On bouge plus ou je lui fais un trou là où il faut pas.

            La prise d'otage commença à dégénérer quand la populace prit l'information en compte et décida de s'enfuir dans le pire des fracas ; Faisant d'une opération tranquille un véritable bourbier. En attendant, elle fila en direction de la salle des coffres avec le petit guichetier, et lui fit ouvrir la porte qui menait aux coffres forts. Elle descendit les escaliers en colimaçon avec son fardeau, et se retrouva à l'étage qui l’intéressait, le moins un.

            - Fais ton office petit homme.
            - Vous ne vous en sortirez pas comme ça, vile cambrioleuse !
            - C'est ce que nous verront bordel de merde ! Ouvre moi ce coffre maintenant.

            Ne voulant pas mourir pour son job, le pauvre garçon s'exécuta, permettant à Canaille de récupérer les précieux documents, et après vérification, faire remonter sa victime au rez-de-chaussée. Elle le fit passer en premier pour éviter tout guet appends qu'on aurait pû lui tendre à son retour, et bien grand lui en a fait. Quatre zig couvraient la sortie de leur corps musclés et tendus au possible. La situation commençait à dégénérer.

            Dans le hall, on s'agitait clairement pour sortir de l'impasse. On commençait à penser que sacrifier le guichetier n'était pas une mauvaise idée, mais heureusement, Canaille n'avait pas dévalisé la banque, et, ayant caché les documents dans son manteau, semblait juste être une marginale un peu trop dérangé pour toutes les attentions qu'on lui portait.

            - Coucouche panier les clébards, laissez moi passer ou j'en fais une passoire !
            Fit-elle au premier molosse qui s'approchait d'un peu de trop près avec son mousquet de service. On dépose les armes et on les fait lentement avancer jusque moi, aussi...
            Ce qu'ils firent avec prudence, n'ayant pas reçu d'instructions contraires depuis la haut, qui ne devait même pas être au courant de l'altercation tant elle avait été rapide dans son exécution.

            Elle s'assura de pouvoir sortir en gardant encore un peu le pauvre bougre dans ses filets, puis, une fois à l'exterieur, se mit à courir d'un pas zélé. Elle entendit siffler les balles, tandis qu'une première ne frôlait son oreille, et qu'une autre ne touche son postérieur dans une effusion de sang bien mal venu. Elle tomba au sol et l'on entendit dans le jour qui passait à son zénith un petit "Touché, coulé les gars". Elle mit un temps fou à se remettre debout, que déjà les molosses à ses trousses n'approchaient armés de couteaux taille XXL, et des plus sombres intentions à son égards. Elle fit glisser le sabre dans son étui, et se retrouva armée elle aussi.

            On tenta de la prendre par revers, mais une petit charge et un coup de sabre qui ouvrit une carotide empêcha toutes manœuvres belliqueuses. Elle était armée et dangereuse elle aussi. Ils décidèrent que le temps de la concertation et de la stratégie étaient passés, voulant venger leur pauvre ami le plus vite possible. Ils foncèrent à trois sur elle, et elle ne dût la vie sauve qu'à des réflexes longuement aiguisés. Elle contra un premier coup de couteau du plat de sa lame, fit un écart pour esquiver le second, et utilisa sa jambe qui se déplia tel un fouet pour que le troisième ne l'atteigne pas. Elle se retrouva dans une situation délicate après ça, étant au contact de trois personnes en même temps, elle décida de désarmer le premier d'un torsion de sabre bienvenue, et coupa dans le vif pour faire cesser toutes velléité à son égard.

            Les deux derniers étaient encore plus remontés après ça, décidant de se coordonner, il l'attaquèrent de deux côté différents, l'obligeant à esquiver d'un saut de main sur le côté. Sa blessure crachait toujours du sang, et la douleur lui fit lâcher son arme. Qu'elle récupéra instantanément par terre, pour contrer une nouvelle offensive de son adversaire le plus direct, tandis que le dernier se remettait du choc avec son confrère. Elle se releva en fouettant l'air de son arme, obligeant le pauvre bougre à reculer. C'était décidément pas leur jour.

            Elle para une énième attaque, et porta un coup, tandis que le deuxième ne vint entamer son bras de sa lame acérée. Le premier tomba, une main en moins, se tenant le membre dans son bras et criant comme un porcs qu'on égorge. Cela allait attirer du monde, et c'était tout ce qu'elle ne voulait pas. Que la marine ait le temps d'intervenir et de lui mettre des bâtons dans les roues. Ainsi, elle décida d'expédier le dernier ad patres d'un mouvement de lame astucieux : Commençant par une attaque d'estoc, et terminant par un coup de travers par la suite.

            Il était temps de déguerpir et de se sortir de ce guêpier avant que les mouettes n'arrivent.

            Elle prit dans les ruelles aveugle sans hésiter, ne se faisant aucun espoir d'une vie meilleure malgré ses hauts faits. Peut-être qu'ils les laisseraient repartir en vie, ou peut être que pas. Elle ne pouvait pas savoir, pour le coup, c'était assez embêtant pour elle. Elle aimait être certaine, et ne se reposait jamais sur des espoirs facétieux. Ainsi, elle passa d'abords chez Crédance pour y déposer une partie du dossier, lui demandant un service énorme en retour d'une amitié presque contre nature. Elle détestait les grattes papiers. Il accepta, pas conscient de ce dont les révolutionnaires étaient vraiment capables pour récupérer leur dût.

            Elle prit ensuite la direction du tribunal, enfournant la photo qui lui servirait de preuves face aux juges qui voulaient sa peau. Elle était attendue quand elle arriva enfin en vue de l'attroupement qui avait fortement baissé depuis le début de la matinée. Elle tendit la photo à Anton dans une atmosphère tendue comme un string.

            - Ca, c'est la preuve que le dossier existe, la suite, vous l'aurez si vous nous libérez sur le champs. J'ai pris mes dispositions, et je vous donnerai la position exacte du dossier par escargophone.


            En espérant qu'ils ne leur metteraient pas des bâtons dans les roues.

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          Toujours droit comme un i, la potence ayant au moins à son crédit de redresser la colonne vertébrale des renégats - peut-être un peu trop diraient les mauvaises langues, Jacob trônait sur l'échafaud perché sur la pointe des pieds, mains dans le dos, corde au cou et clope au bec. Toute aussi inconfortable pouvait s'avérer la position dans laquelle il se trouvait, que ce soit d'ailleurs aussi bien au sens propre que figuré, il était serein. Serein était un bien grand mot pour décrire cette gueule blasée qu'il tirait habituellement mais qui ne le quittait pas en cet instant funeste.

          - Carte.

          Installé derrière un petit bureau beaucoup trop bien entretenu pour lui appartenir, le bourreau, sa crinière de cheveux fins au vent et sa barbe naissante fixait les cartes alignées devant lui. Vraisemblablement, les deux hommes jouaient au Black Jack . Le monsieur avait dit «Carte» alors son partenaire d'exécution obéit sagement. Le montant total des deux cartes était de dix-neuf.

          - Carte.

          - Putain Jacob... Tu te doutes bien que statistiquement parlant, t'as quasiment aucune chance de tomber en dessous de vingt-et-un.

          - Qui t'a bombardé statisticien ducon ? Carte.

          - Je dis ça... c'est dans ton intérêt, m'enfin...

          La mort dans l'âme mais pas que - bourreau oblige, le camarade de jeu du Pendu posa une nouvelle carte sur la table. Un As. Ainsi, le montant des cartes s'élevant maintenant à vingt, le pouvoir des statistiques avait été ébranlé et même anéanti par l'audace de Longdrop.

          - Ah bah toi mon salaud, t'as vraiment une veine de...

          - Carte.

          Alors Sitrus se dressa de sa chaise, cette dernière basculant derrière lui. Bien qu'il avait été mobilisé pour tirer sur le levier qui tuerait vraisemblablement son camarade, le bourreau s'insurgea devant la décision de Jacob, se sentant vraiment concerné par les décisions stupides et répétitives qu'il s'obstinait à prendre. Le menaçant de son index pointé vers lui, il insista - véhément - pour lui dire à quel point les statistiques jouaient contre lui cette fois encore. Statistiques. Il ne connaissait le mot que depuis une semaine mais s'affairait à l'employer autant que faire se peut devant la plèbe hilare.
          L'affaire se déroulait sous le regard médusé du procureur et des juges et ne fut entravée que par l'entrée en trombe d'une Canaille méchamment amochée par ses excursions bancaires. Tous les regards étaient braqués sur elle et Jacob, de sa voix calme et implacable s'écria :

          - Carte.

          Mais on ne faisait déjà plus attention à lui. Ce qui était d'ailleurs pour le mieux car les baffes se perdaient le concernant. La nouvelle que Canaille communiqua à ses pairs ne fut pas du meilleur goût, elle suffit en tout cas à contrarier le plus grand nombre. Il ne faisait pas bon faire chanter l'armée révolutionnaire.

          - Mademoiselle Rogers, nous avons suffisamment soupé de vos frasques à tous les deux. Si les informations qui me parviennent sont satisfaisantes, vous avez ma garantie que votre peine se limitera à dix années de cachot.

          - Des clous ! On est libres ou rien.

          Exaspéré ou plutôt blasé comme le criminel qu'il avait vocation à exterminer, Qoton, assis en biais sur un siège en osier, le dos sur un accoudoir et les jambes sur le second à se balancer, se grattait le nez. On ne cherchait même pas à avoir l'air discipliné ou rigoureux, la parodie de Justice était clairement assumée. La parenthèse Rogers le fatigant lui aussi, il déclara sur un air embourgeoisé et désinvolte :

          - Pendez-moi l'autre con et torturez-moi cette crétine, on finira par avoir ce qu'on veut.

          C'était une certaine idée du monde nouveau dont ils souhaitaient l'avènement une fois le Gouvernement Mondial renversé. Anton était réticent mais quelque peu convaincu par l'hypothèse d'une brutalité nécessaire. Plissant ses yeux de fauve, il réalisa enfin quelque chose. Quelque chose qu'il aurait dû soupçonner depuis le départ.

          - Vous saignez Rogers...

          - C'est une femme ; c'est quand ça saigne pas qu'il faut s'inquiéter.

          Doigt d'honneur adressé à l'homme qu'elle cherchait à sauver sans trop savoir pourquoi finalement, Canaille reporta son attention sur Anton pour lui rétorquer un aimable :

          - Ouais, et qu'est-ce que ça peut te foutre ?!

          Cela pouvait lui foutre qu'une crétine marquée au fer et au feu au point de se vider de son hémoglobine - fusse à petites gouttes - avait pour principale caractéristique de laisser un trace derrière elle. Derrière cette trace, il y avait généralement des hommes. Dans les mains de ces hommes, des fusils. Rien n'était plus contrariant pour une faction révolutionnaire de changer de repaire à cause d'un impair aussi ridicule.

          - On a une touche les gars !

          - Ah... merde... dit-elle en se retournant

          Les marines n'étaient pour l'instant pas très nombreux, une quinzaine à peine à faire irruption dans la rue du bastion, mais ceux-là avaient la fâcheuse tendance à se multiplier comme des sauterelles dès lors où il y avait du dissident à passer par le fil de l'épée. Pris au dépourvus, les révolutionnaires s'agitaient à la recherche de leur arme. Les premiers coups de feu fusèrent alors que sur l'échafaud, des bruits de pas lent se faisaient entendre comme une marche funèbre s'insinuant au milieu du rythme frénétique de la poudre.
          Hugues - qui s'était prestement levé de son siège à l'arrivée des intrus, tourna doucement la tête. Malgré le tumulte et l'agitation, il lui avait semblé un instant que les sons qui l'entouraient s'estompaient et que le temps s'était comme figé. Debout sur l'échafaud, se frottant ses poignets endoloris par les liens qui venaient de lui être ôtés, l'ombre menaçante du Pendu fit craquer ses vertèbres comme aurait pu le faire la corde si le châtiment avait été porté à son terme.

          - M.. mais pourquoi tu l'as détaché espèce de con ?!

          - Oh ça va hein ! Le Jacob c'est un copain, y va pas nous laisser dans la merde.

          Non, ce n'était pas dans ses habitudes effectivement. Jacob Longdrop ne laissait pas ses camarades dans la merde : il les enterrait profondément dedans. Sa liberté retrouvée, les balles fusant autour de lui alors que les renforts ennemis s'apprêtaient à arriver, le Pendu marcha paisiblement jusqu'au petit bureau où était précédemment installé Sitrus afin de tirer une nouvelle carte. C'était une idée fixe. Il avait pioché un deux.

          - Je t'avais bien dit que statistiquement...

          - Vas plutôt me chercher une corde.

          Alors qu'il venait juste de quitter celle qui avait été nouée autour de son cou, Longdrop voulait encore jouer de la corde à nœud. Un instrument qu'il maîtrisait admirablement bien et avec lequel il avait écrivait de somptueuses symphonies. Toutes des requiem.


          Dernière édition par Jacob Longdrop le Mar 8 Jan 2019 - 10:10, édité 1 fois
              Tout allait bien. Tout était calculé. Je vous jure. Sans déconner les gars. Profiter du ramdam pour s'enfuir et ne plus jamais revoir ses tronches de cake était un plan comme un autre. Aurait-il fallu qu'elle s'en aperçoive avant que la débandade obligea les juges à se tirer comme des lapins devant le chasseur ; C'était assez ironique finalement : Ceux qui les avait condamné s'était aussi condamné le jour ou ils avaient mandater une grosse bourine pas très finaude pour une de leur mission secrète. Il ne fallait pas se mentir, elle était plus doué pour botter des derrière que pour réfléchir avant d'agir.

              M'enfin, rien d'insurmontable pour la terrible révolution de Luvneel, ils avaient de la ressource. Ou sinon n'étaient-ils doués que pour faire des rond de jambe administratif plus que pour se défendre. Heureusement, dans le chaos général, pouvait s'épanouir la fleur de sang. Les marines ne savaient pas vraiment qui était Canaille, ni son accointance avec la révolution. Aussi, leur objectif était d'arrêter une forcené un peu frappadingue, qui n'avait cambriolé la banque que pour un seul coffre, plutôt qu'une bande de révolutionnaire.
              Il était l'heure de faire son office. Aussi, elle attrapa le double canon scié qui pendait à sa ceinture -elle l'avait récupéré chez Crédance après le braquage, et tira dans le tas, visant une tête au hasard, qui fit un *Poop* pas très agréable pour le propriétaire de ce visage.

              Elle se dirigea vers Jacob, zig zaguant entre les balles et les invectives des mouettes. Elle le retrouva sur le point de récupérer une corde pour se défendre, et l'interrompit avant qu'il ne se lance dans une de ses séances où pleuvaient la mort et la désolation.

              - Tiens, je t'ai pris des malback rouge, ça te va ? Elle tendait un paquet de sa main libre, pas plus concernée que ça par le rafût tout autours d'eux.

              Sa sentait la poudre et les condés. Le cuir se mêlait à ses effluves et cela donnait un tableau chaotique à souhait. Pas pour autant qu'ils allaient se laisse démonter pour autant.

              - Alors, elle est pas bien ma diversion ? On fait quoi, on les bute tous et on se casse ? Fit-elle sur le ton de la conversation, badine de surcroît. Elle fit glisser son sabre de son Etui pour accompagner les paroles par des actes, et renversa la table sur laquelle trônait anciennement le bourreau.

              - Je parie que je t'ai manqué, pas vrais mon petit glandu ? Termina-t-elle par dire, se frottant les mans devant la baston qui les attendait. Un répit dans la débandade se fit alors sentir, il fallait bien qu'ils rechargent.

              Elle bondit par dessus la table et se rua sur les marines tandis que Jacob faisant la fine bouche. Peut-être que l'idée de l'abandonner seule face à tout ses soldats lui avait traversé l'esprit. En tout les cas pouvait-il s'éloigner de trop de la seule navigatrice à même de le sortir de là pour autant ? Elle fut rassuré quand une corde frôla son visage pour stopper derechef un mouvement ennemi. Jacob était bien de la partie, c'était juste qu'il n'aimait pas trop s'impliquer dans la vie. Et c'était exactement ce que lui faisait faire Canaille.

              Elle fit également son office, usant de son sabre pour découper carotide, membres et autres choses qui dépassaient d'un peu trop. Elle virevoltait, à droite, à gauche, usant de son agilité avancée et de son entraînement passé pour décimer le plus d'ennemis possible. Ils n'avaient pas eu le temps de recharger, aussi sortaient-ils leur armes dans un chuintement glauque et pas annonciateur des meilleurs nouvelles pour Canaille, qui était complètement encerclé d'ennemis.

              Elle avait encore foncé tête baissé sans réfléchir, et elle en paya le prix par le fer de leurs armes.

              Découpé de partout, son manteau presque foutue, d'une humeur de chien à cause de ce fait, elle vint à bout du dernier homme en le découpant dans le sens de la hauteur, dans un râle que l'on aurait pû associé à l'orgasme plus qu'à l'effort. Ils faisaient un bon duo quand même, c'était peut être pour ça qu'elle voulait le sauver depuis le départ. Elle avait trouvé un binôme acceptable et ne comptait pas le lâcher de si tôt.

              - On débarrasse le plancher avant qu'il n'en arrive plus et que les autres se reveillent.


              Tant pis pour ceux qui faisait le pied de grue au port, ils allaient bien être au courant rapidement que le marine venait de débarquer au camp, et leur priorité changerait à ce moment là, tout simplement.
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            - Que dalle.

            L'homme avait parlé. Pour dire une connerie. Évidemment, car c'était encore ce qu'il faisait de mieux. Mettre les bouts ? Il en était hors de question. Peut-être avait-il un rien d'animal territorial pour tenir absolument à rester ici, là où ses pairs avaient essayé de le lyncher dans les règles de l'art. Quoi qu'il en fut, rien n'aurait pu l'en faire démordre : il ne partirait pas. Pour le meilleur et pour le pire, il appartenait à l'armée révolutionnaire. Ladite armée ne voulait clairement plus de lui dans ses rangs, mais il s'imposait malgré tout auprès d'elle. Viendrait peut-être un jour où elle se ferait une raison.
            En tout cas, il restait.

            - Mais t'es con ou t'es con ?! Tu...

            Elle se braqua un instant. Un tir de fusil avait détonné à dix centimètres de son oreille droite. De rage, elle assomma le bougre qui avait fait feu d'un simple coup de poing sur la tête. Fâcheuse décision car il s'était agi d'un de leurs «alliés». Ce n'est pas pour autant qu'elle se démontai puisqu'elle harangua aussitôt Le Pendu.

            - Tu piges pas que toute la marine de Luvneelgrad sera là bientôt ?!

            Quinze au départ, les marines avaient fini par se retrouver à trente. Dans un premier temps tout du moins, car ils furent rapidement cent dans la place à se répandre et proliférer pour faire cracher la poudre et assiéger les rats révolutionnaires s'étant terrés dans cette ruelle délabrée - d'autant plus maintenant qu'une guerre urbaine se déroulait en son sein.
            Jacob, sans détourner le regard de Canaille, fit jaillir une corde de son bras gauche soudainement tendu. L'ustensile s'était noué autour de la taille d'un bleu à casquette que le révolutionnaire avait immédiatement tracté à lui pour le recevoir d'un coup de pied dans le thorax, brisant par là-même sa cage thoracique dont on pu entre les côtes perforer les poumons. Longdrop l'avait tué comme par réflexe, sans que son visage cireux n'ait à sourciller ou même à porter ses pupilles sur sa victime.

            - Toute la marine ?

            - Oh putain qu'il est lent à la détente... Oui Longdrop... TOUTE ! T, O, U, deux T, E, S... je crois qu'il y a un "H" quelque part aussi... bref ! Y vont tous rappliquer !

            Immobile au milieu de la cohue et du désastre qui se jouait autour de lui, Jacob réfléchissait. Sans doute n'avait-il pas trouvé le moment le plus opportun ni le lieu ne plus adéquat pour ce faire, mais cela se faisait, il fallait se faire une idée. Tout aussi exalté pouvait se montrer le Pendu être dès lors où il s'agissait de briser des nuques et d'étouffer le tout-venant, il n y avait en l'état, aucun scénario où la révolution pouvait remporter cette bataille. Prise au dépourvu dans un cul-de-sac par des effectifs plus conséquents, la situation s'annonçait catastrophique.

            - On y va.

            - Alléluïa ! Scanda la punk avant d'occire un téméraire du gouvernement venu lui chercher des noises.

            Un «Alléluïa» de courte durée puisqu'après avoir hissé son cordage à une corniche située au dernier étage d'un des bâtiments délabrés qui les entouraient, Longdrop se saisit de la jeune fille par les cheveux avant de se remorquer violemment comme un poisson au bout d'une ligne de pêche et d'atteindre les toits avec elle. Hermétique à ce qui l'entourait, il fit mine de ne pas entendre les mille insultes proférées par Canaille à son encontre. Ni gentilhomme, ni même galant, ce n'était pas dans les habitudes du Pendu de ménager le sexe faible ou qui que ce soit d'autre. Eut-il pris la parole qu'il n'aurait rien trouvé de mieux à lui dire que de s'estimer heureux d'avoir encore son scalp sur la tête.
            La parenthèse des politesses d'usage éclipsée, le duo sauta de toits en toits pour s'extraire de la chienlit. Ce n'est qu'une fois suffisamment éloignés qu'il brisèrent les tuiles de la toiture qu'ils arpentaient pour s'engouffrer dans la bâtisse et en descendre tous les étages sous les yeux médusés des pensionnaires ahuris par une telle intrusion. La crasseuse ne se priva d'ailleurs pas de piquer une baguette de pain d'une famille qui déjeunait paisiblement au passage.

            Le discret n'était certes pas leur fort, mais ils s'en étaient facilement sortis. Trop occupés à descendre le gros des troupes révolutionnaires, on n'avait pas estimé nécessaire de devoir mobiliser des hommes pour appréhender les deux fuyards qui détalaient à présent à vive allure.

            - Ah-ah-ah-ah ! Ça leur apprendra à ces enfoirés de juges ! Nous pendre...! J't'en foutrais moi de leur Justice en papier mâché de merde ! Direction... la liberté ah-ah-ah-ah-ah !

            Mais Jacob prit un virage.

            - Jacob. Jacob. JACOB ! On va où là ? Jacoooooob ?... JACOB ! C'est le port de la garnison ça ! Nous, faut qu'on en prenne un autre ! On n'est pas marines je te signale.

            - Toute.

            N'ayant pas fait «mongolien taciturne» en première langue à l'école - n'étant d'ailleurs jamais été à l'école, Canaille ne saisissait pas le sens de cette réponse aussi lapidaire que peu concluante.

            - Quoi, «Toute» ?

            - Tu as dit que toute la marine de Luvneelgrad attaquait le bastion.

            Sans trop savoir pourquoi elle continuait à le suivre dans leur course folle, la révolutionnaire en herbe n'avait plus vraiment les yeux en face des trous alors qu'elle réfléchissait à ce qu'il voulait dire.

            - S'ils sont tous là-bas, ça veut dire qu'il n'y a plus grand monde ici.


            La remarque ne manquait pas de bon sens bien qu'elle était absolument dépourvue de toute intelligence.
            S'arrêtant un instant auprès d'une ancre à quai, il dénoua la corde qui y était liée afin d'y substituer celle qui glissait - menaçante - le long de sa manche. Bien évidemment, il ne prévint pas Canaille avant de commencer à tournoyer avec comme un champion de lancer de poids. D'abord lentement, puis de plus en plus vite alors que la jeune femme tâchait d'éviter la corde en bondissant à chaque fois que celle-ci menaçait de la faucher. Son calvaire ne dura fort heureusement pas longtemps car son complice, s'assurant que le cordage se défit, propulsa alors l'énorme masse d'acier qui ne manqua pas de perforer par les deux bouts la coque du galion le plus proche d'eux.

            - Et d'un.

            Il y avait huit galions à quai et presque personne pour s'assurer de leur protection, la priorité absolue ayant été accordée au démantèlement d'un nid de révolutionnaires vindicatifs. Le conflit se déroulait maintenant sur deux fronts.

            - Putain Longdrop. Juste... putain.

                Ce type était surprenant. Sans rire, il était toujours là où l'attendait pas, que ce soit par sa loyauté envers la révolution, que ses idées les plus saugrenues. Ainsi, elle suivait le mouvement sans trop perdre de mire sa façon de voir les choses : Soyons clairs, elle était tout sauf réfléchie. Il lui manquait quelques cases et en plus, dans le contexte de son adolescence, on avait pas trop cherché à la rendre plus maligne que les autres. Pendant ce temps là, Jacob faisait son office et une fois que la mission qu'il accomplissait était plus claire pour Canaille, elle le couvrait du mieux qu'elle pouvait. Car si elle avait dit que toute la marine était sûrement au bastion, elle n'avait pas raison pour autant, il restait quelques éléments à la base susceptible de les retarder, voir même de les arrêter.

                - Euh... Chef, je crois qu'on a une intrusion au niveau des bâtiments maritimes.
                - Une intrusion ? Et vous ne vous en êtes pas occupé encore ?
                - C'est que tout ceux qu'on a envoyé sont jamais revenus surtout...
                - Et c'est maintenant que vous me tenez au courant ??! Envoyez un message au commandant Brett, et envoyez moi tout ce qui nous reste au port pour s'en occuper.
                - C'est qu'il nous reste plus personne à part vous et moi ....
                - Nani ! Il faut vraiment tout faire soit même ici, quel bande d'incapable.


                Le commandant Jackson n'en revenait pas, il devait se faire violence pour ne pas hurler. On l'avait dérangé pendant sa partie de solitaire hebdomadaire pour qu'il s'occupe de menu fretin. Vraiment, c'était dérangeant... On ne trouvait décidément plus de bon personnel à cette époque, c'était chiant. En attendant les ennemis d'en face n'était pas plus organisés, mais au moins il mettait un peu plus de bonne volonté dans leurs actions. Il attrapa son blouson réglementaire, blanc rehaussé de bleu, et se rendit sur le champ à la section maritime. Il y'avait deux tarés qui coulaient les navires, l'informa-t-on sur le chemin vers son objectifs.

                Il rangea ses cartes dans le paquet prévu à cet effet, puis le glissa dans sa poche intérieur.

                Il était clair que cela avait un rapport avec l'absence de personnel dans la caserne de Luvneel. Comme de par hasard on avait choisit ce moment là non par hasard, mais par stratégie. Et si ses doutes étaient fondés, c'était des révolutionnaire qui menait une contre attaque à la déférente de marine dans leurs camps. Car on avait pas mit longtemps à deviner que le sang qu'on suivait était gris, une fois découvert le pot au rose et les compagnons qu'elle avait. Depuis, ils avaient envoyés tout les meilleurs membres de la caserne à un endroit précis, laissant ouverte la porte vers leur propre caserne.

                - Là, commandant, ils en ont déjà coulé quatre !

                Tandis que Jacob continuait son oeuvre de destruction méticuleuse, Canaille vit arriver le commandant Jackson d'un mauvaise œil. Bien sûr, il restait toujours quelques ersatz de marine qui squattaient la place, c'était ceux dont on avait pas voulu pour l'attaque. Mais le type qui arrivait était fringué comme un officier supérieur, et semblait plus puissant que tout ce qui était venu jusque alors. Et c'était bien sûr à elle de se coltiner, heureusement, cela était son pain quotidien, et elle aimait s'en bâfrer à la chaîne.

                - Jacob, y'a du client sérieux qui débarque, et je crois qu'il va en rameuter quelques uns dans son sillage, j'en vois un deuxième avec un escargophone. Dieu qu'elle détestait ses bestioles là.
                - Hm.
                - Comment ça "hm", tu m'écoute pas ? Je te dis que y'en a un avec un putain d'escargophone, les renforts vont arriver.

                Mais rien ne semblait pouvoir l'émouvoir, c'était une chose qui lui plaisait la plupart du temps, mais dont elle avait horreur en cet instant. M'enfin, elle n'avait pas trop le choix que de temporiser le temps qu'il fallait. C'était après tout un mal pour un bien, peut être que leur camarade aurait plus de chance si on leur enlevait quelques adversaires. Même si elle avait envie de les laisser dans leur mouise après le traitement qu'on leur avait infligé, elle ne pouvait pas se renier complètement et ne pas aider la cause, ne serait-ce qu'un peu.

                Une lance sur l'épaule, Jackson pointa le bout de son nez. Elle fit chanter l'acier dans l'air dans un moulinet parfaitement maîtrisé, mais le bougre ne fut pas impressionner pour autant, et en plus, il avait l'avantage de l'allonge. Un combat sans merci allait avoir lieu, et rien ne pouvait l'en empêcher. Ou ne voulait, dans le cas de Longdrop. Il continuait sans une once d'hésitation sa destruction méthodique.

                Elle para un premier coup en faisant crisser l'acier contre l'acier, elle tenta de réduire l'allonge en plongeant sur le côté de la lame, mais elle fut arrêter d'un coup pied qui la sonna légèrement. En plus de ça, elle pissait encore le sang par le cul - une fois n'est pas coutume aurait dit Jacob, et elle commençait à voir de petites étoiles devant elle. Clairement, elle n'avait pas l'avantage dans ce combat. Elle se contenta de défendre chèrement sa peau, parant comme elle le pouvait les attaques de son opposant.

                - Jacob, on a un sérieux client là, tu veux pas te grouiller un peu de m'aider ?

                Décidément elle ne pouvait plus se passer du révolutionnaire, c'était redondant. Malheureusement pour elle, il fit la sourde oreille, et il ne lui restait plus qu'à subir les attaques de son adversaire du mieux qu'elle pouvait, sans se faire blesser. Un seul soldat pouvait changer la donne dans le bataille qui s'était lancé face à l'hostilité des marines autochtones. Un seul pion pouvait mettre le roi en échec, c'était connu. Aussi essaya-t-elle de se préserver, sentant ses forces faiblir suite à un manque d'hémoglobine. Fort heureusement, le deuxième type ne semblait pas vouloir en découdre lui aussi, elle avait déjà fort à faire avec le premier, qui maniait terriblement bien la grande lance, et commençait à déborder le pauvre Canaille.

                Une fois de plus, le sang coula, d'une vilaine blessure à l'épaule causé par un combo bien maîtrisé de son adversaire. Elle recula encore un peu. Il ne lui restait plus qu'un mouvement à tester, passer sous la lame et faire son office. C'est suite à un mouvement horizontale qu'elle se lança au ras du sol vers Jackson, son sabre parallèle au sol, la main sous son deuxième bras. Elle libéra l'attaque de toutes ses forces, et le toucha à l'estomac, ce qui le fit grogner et reculer de quelques pas. Un instant de répit dans la tempête de métal qui s’abattait sur elle.

                Il faisait le fier à bras, mais il avait douillé. Un point pour Canaille, balle au centre.

                - Raclure, tu n'es rien face à la puissance de la marine, tu perds rien pour attendre !

                Aucun réponse si ce n'est une moue provocatrice, le menton relevé et le sabre au clair. Ajoutez le sang séché qui n'était pas que le sien au tableau et vous aurez l'aura de violence qui accompagnait toujours Canaille. L'accalmie n'était que de courte durée, puisque le combat repris de plus belle après cette annonce. Un effet de manche désespéré de la part du marine, qui n'avait pas reçu aussi bien le dernier coup de la jeune révolutionnaire un peu plutôt. En tout cas, pas aussi bien reçu qu'il ne le laissait voir. L'estomac, c'est douloureux, quand les sucs gastriques commençait à s'échapper par une blessure, l'acide présent dans l'organisme faisait mal au possible.

                Il tenta une passe secrète, faisant tourner la lance autours de son cou épais et musculeux, et rabattant la lame d'un coup sec, à la verticale. Elle recula un peu mais pas assez rapidement, une coupure naquit sur son bras droit, encore lui. Elle para un coup d'estoc, fit glisser sa lame le long de la lame de la lance acérée,
                et coupa un bras qui dépassait, c'était la fin du combat, et elle n'en était pas sortie indemne. A quand l'intervention des renforts ? Elle ne savait pas mais ses limites étaient bientôt dépassé, même si elle avait l'habitude d'aller au delà quand elle le pouvait.

                Ou en était son comparse ?

                - Jacob, les renforts.
                La voilà qui singeait le Pendu en usant de peu de mot, ne se détournant pas du petit être qui était le dernier marine encore en vie.

                - On fait quoi de celui là ? Termina-t-elle toujours sans se retourner, allumant une clope pour se récompenser.

                Le calme avant la tempête de sang et de morts.
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              Un esprit simple dans une tête de con, voilà qui suffisait à résumer la «complexité» du Pendu. Par-delà les bastingages des bâtiments qu'il s'affairait à démolir copieusement et même allègrement, le monde pouvait bien brûler. Les éruptions volcaniques pouvaient se multiplier alors que les morts revenaient à la vie pour dévorer la chair des vivants, Jacob n'en avait cure. La nature de ses calculs était pour le moment d'ordre strictement algébrique. Puisqu'il y avait à l'origine neuf galions mouillant au port de la garnison et qu'il en avait détruit un, il en restait huit à envoyer par le fond.
              Énoncé ainsi, la besogne avait des allures de formalité. Tout n'était que formalité pour cette bête humaine faisant jaillir des cordes de ses manches. Un fracas assourdissant retentit lorsqu'un mât s'écroula de tout son long sur le vaisseau qui l'arborait encore fièrement avant qu'un révolutionnaire mal luné ne le brise de ses cordages. Il restait sept galions en état.

              De temps à autre, par courtoisie, il répondait d'un laconique «Hm.» aux supplications de sa partenaire qu'il n'écoutait pourtant pas le moins du monde. Cela était certes plus raisonnable que de lui objecter un «Ta gueule» à chaque prise de parole, mais ce n'est pas pour autant que la demoiselle obtiendrait du renfort.

              Dans le bruit de fond qui rythmait son épopée d'un navire à l'autre - provoquant les naufrages à la chaîne - celui-là même qui était justement aussi chaleureux qu'un iceberg entendit enfin la conclusion de cette symphonie métallique lui ayant égratigné les oreilles depuis qu'il œuvrait en ces lieux. D'un œil distrait et inattentif, il remarqua que Canaille était toujours debout sur les quais. Elle n'était pas pimpante, certes. Décoiffée - plus qu'à l'accoutumée en tout cas, lacérée de part et d'autre, l'hémoglobine perlant le long de toutes ses blessures, elle était néanmoins vivante. Il n'en fallait pas plus au Pendu qui s'en retourna à ses occupations nautiques.

              On lui avait annoncé des renforts. Remarque avisée de la punk qui était tombée dans l'oreille d'un sourd. D'un sourd qui ne la gratifia même pas d'un commentaire ne serait-ce qu'ironique lorsqu'elle demanda quoi faire de la dépouille de sa victime. La réponse de choix eut été de lui suggérer d'envoyer un jambon à sa veuve et d'organiser des funérailles militaires. Mais l'heure n'était pas aux plaisanteries.
              Blasée par les événements qui commençaient très sérieusement à lui courir sur le haricot, mains dans les poches, du bout du pied, Canaille poussa la cadavre encore chaud jusqu'aux rebord du quai afin que ce dernier ne garnisse les débris maritimes de sa présence.

              - On y va maintenant ?

              Comme une gosse mal élevée - qu'elle était par ailleurs - la jeune femme trépignait sur ce port militaire avant d'aller poser ses fesses sur un tonneau en attendant que les choses ne se passent. Les choses. Elles se présentaient mal pour le moment. Coincée entre un lunatique qui avait manifestement une dent contre les bateaux et quelques comiques troupiers brandissant le sabre à la main pour se ruer maintenant vers elle, elle avait connu des jours meilleurs.

              À la guerre comme à la guerre et parce qu'elle n'avait pas tellement le choix, elle fit craquer sa nuque, s'étira brièvement avant de dégainer sa lame.

              - Mais qu'est-ce que je fous ici ?...

              Perdu en pleine confusion frénétique, on avait tendance à perdre de vue ses objectifs. Certes, l'idéal révolutionnaire supposait de vaincre les forces armées du Gouvernement Mondial, mais la crasseuse ne voyait pas en quoi couler des bateaux à quai et massacrer à la chaîne du marin d'eau douce était un apport à la révolution.
              Avant que son sabre ne s'entrechoque avec celui des godillots revenus du bastion révolutionnaire qu'ils assiégeaient encore il y a peu de temps, une bête furieuse surgit entre les deux belligérants. Il était essoufflé, recouvert de sciure entre autres copeaux et portait sous chaque bras un petit tonnelet. Jacob Longdrop revenait sur la terre ferme.

              Son irruption stoppa net la cavalcade des hommes en bleu ; pour autant, le Pendu ne fit pas attention à eux. Les avait-il seulement remarqués ? Il le devait en principe, car les effectifs commençaient à approcher la trentaine.
              Vêtements trempés - car envoyer une flotte par le fond avait tendance à mouiller son homme, il scruta Canaille d'un regard de dément que cette dernière ne lui connaissait pas.

              - J'ai trouvé de la p...

              «PpPPpPPWwAaAAaAAAaaH».
              Tel fut approximativement le son des explosions qui retentirent derrière lui, achevant d'annihiler la flotte armée de Luvneelgrad. Le souffle balaya chaque homme à quai, Jacob le premier. Peut-être avait-il un peu trop chargé la mule en déversant la poudre qu'il avait manifestement découvert en quantité immodérée à bord d'un des galions.
              S'il y a encore quelques secondes de ça, toute l'attention de la ville s'était tournée vers les événements du bastion clandestin de la section révolutionnaire de Luvneelgrad, la fine équipe des quais de la garnison avait su s'attirer les projecteurs de la ville si ce n'est de l'île entière. Le Pendu était pourtant un homme discret qui n'aimait pas attirer l'attention en règle générale. Mais la poudre à canon avait trouvé sa routeet l'issue de leur rencontre avait été aussi prévisible qu'inévitable.

              Fébrile, l'artificier amateur parvint à se hisser sur ses bras tremblants. Noirci par l'explosion comme tout à chacun dans les alentours, il reporta son regard sur Canaille une fois de plus. Celle-ci avait atterri les quatre fers en l'air et grinçait des dents.

              - J'ai trouvé de la...

              - DE LA POUDRE, LONGDROP ! OUI, J'AVAIS CRU COMPRENDRE !

              Elle ne criait pas seulement parce que la détonation l'avait rendue sourde. Les nerfs commençaient aussi à lâcher.
              Premier debout, titubant mais sur ses pieds, un vaillant marine à l'uniforme quelque peu terni par les derniers événements brandit son mousquet en direction des intrus. Trop formel, le malheureux eut la bêtise de demander spontanément :

              - Vous là ! Rendez-nous les tonnelets de poudre et vous ne serez pas abattus !

              Le formalisme pouvait parfois être poussé jusqu'au drame. Ce drame, il advint lorsque Jacob, très littéraliste quand l'envie lui en prenait, jeta l'un des tonnelets en direction de la petite meute venue plus tôt à leur rencontre. Ou plutôt, il advint réellement lorsque ce même Jacob projeta sa corde au dernier moment pour entourer le tonnelet avant que ce dernier ne touche le sol et, d'un mouvement vif et puissant, ne tira d'un coup sec pour provoquer une friction sur le bois sec du récipient. Un bois sec et inflammable.

              L'explosion-ci fut moins tonitruante bien que spectaculaire elle aussi. Plus que la déflagration, ce furent les morceaux de corps virevoltant partout dans l'air qui eurent de quoi impressionner.

              - Merde Jacob ! Tu pourrais prévenir ! Pesta la pesteuse en enlevant de sur elle quelques lambeaux de tissus et de chairs ne lui appartenant pas.

              - On y va.

              Elle avait déjà entendu ça quelque part et sourcilla en le voyant se saisir du dernier tonnelet. L'explosion ne lui avait hélas pas scié les jambes ni quoi que ce soit d'autre et le Pendu se retrouvait à nouveau pleinement opérationnel pour perpétrer ses nuisances habituelles.

              - Laisse-moi deviner.... on retourne au bastion ?

              Sa phrase achevée, son partenaire entama une nouvelle course dans la direction inverse de là où ils étaient venus.

              - Évidemment.

              Oui, venir aux secours de ceux-là même qui menaçaient de le faire se balancer au bout d'une corde il y a quelques heures encore relevait de l'évidence. Pour un sociopathe comme lui, sans doute. Canaille, elle, cherchait encore à digérer ce qu'elle venait d'encaisser à l'instant.

              - Jacob. Je crois que je ne t'aime pas beaucoup.
                  La marine mondiale était un rouleau compresseur qui aplatissait tout à chaque passage. Ils allaient encore une fois le prouver ce jour là, rien n'était moins certains. Encerclant la base, ils ne laissaient quasiment aucun échappatoire aux révolutionnaire présent sur place ; Après avoir comprit de quel bois était fait l'assemblé au fond de la ruelle, ils avaient immédiatement céder au siège le plus féroce, conscient que c'était une chance qui ne se reproduirait sûrement pas.

                  En tout cas, pas à Luvneel. Décidant que cet île puait plus que la grande et féroce Manshon -et ce n'était pas un compliment, Canaille avait conclut qu'elle n'y remettrait jamais les pieds. En tout les cas, pas volontairement. On aurait pû la kidnapper qu'elle préférait mourir que de se retrouver là une nouvelle fois. Sur la route qui menait au bastion révolutionnaire, elle ne décrocha pas un mot, frottant ses mains noires l'une sur l'autre pour y enlever les relents de suif de l'explosion et avoir une meilleur adhérence à la poignée de son sabre.

                  Elle était prête à en découdre. La violence allait parler. Et elle ferait bien gaffe à ce que tout le monde l'entende bien, qu'on ne s'imagine plus la piéger sans en subir les conséquences. Ils arrivèrent à l'entrée, le blanc était la couleur dominante dans le coin depuis que les gris avaient déserté pour s'enfermer à l'intérieur du bâtiment.

                  - On passe par les égouts pour rejoindre les autres, tu me suis ? Fit-elle de manière rhétorique. Car c'était bien plus qu'un suicide que d'essayer de passer le cordon de sécurité qu'avait installé la marine mondiale. Elle fit glisser un panneau dans le sol, et sauta directement dans les égout de Luvneelgrad.

                  - Et si tu fais une remarque sur mon odeur et les égouts, je te fais la peau sur place. Ajouta-t-elle ensuite, sûr que le désobligeant Jacob avait quelques idées de taquinerie à son sujet. Ce que tu peux être susceptible. Fit-il du tac au tac, mais il garda ses distances avec toute sorte de bravache possible.

                  Il progressèrent difficilement dans l'obscurité ambiante, qui dissimulait à peine les détritus et même quelques rats particulièrement ignobles. Ils proliféraient comme des poux sur le crâne d'un mioche de dix ans à l'école. Une fois arrivé au niveau du bastion, Canaille fit sauter un verrou à l'aide de son sabre, et passa une porte ronde suivit par Jacob. La promenade de santé était terminé. Place aux choses sérieuses. Elle monta l'échelle en métal jusqu'au repaire de la révolution, poussant une nouvelle plaque pour se retrouver dans les geôles infâmes qui avaient accueilli Jacob plus tôt.

                  - Retour à la case départ, reste plus qu'à trouver nos gentils tortionnaires.
                  - A l'étage.

                  Elle ouvrit la marche, pas comme à l'aller. Elle avait encore un peu mal au cuir chevelu d'ailleurs. Sacré Jacob, il savait comment traiter ses partenaires, et même si parfois elle aimait qu'on lui tire les cheveux, il avait fait plus que n'importe lequel de ses anciens amants. Encore une façon de lui montrer son amour, c'était trop mignon. Pour la peine, elle s'alluma une clope en montant les escaliers vétustes...

                  ... Pour débarquer en pleine effervescence révolutionnaire. Ça courrait dans tout les sens, qui pour empacter, qui pour dépacter, qui pour apporter un papier à la dernière minute. En suivant le fil d'ariane de cette agitation, ils arrivèrent dans une grande pièce ou se trouvait le Cavalier Anton, effaré, qui ne savait pas comment se sortir de cette situation. Le procureur n'en menait pas large non plus, un pouce passé dans l’intérieur de son veston, l'autre entrain de se gratter les cheveux. Son visage s'illumina d'une lueur sadique quand il vit apparaître Jacob et Canaille.

                  - Voilà nos traitres ... Tout est de leur faute, qu'on m'apporte une corde.
                  - Du calme, s'ils sont revenus, c'est qu'il sont des nôtres... Enfin au moins un peu... Fit Anton. Que nous vaut le plaisir ?
                  - Je crois que vous êtes dans une situation délicate, et que vos avez besoin de tout les talents disponibles... Commença Canaille, attrapant son sabre qu'elle mit au claire, elle continua : Ma lame est vôtre, ainsi que mon talent pour conduire des navires.
                  - Très utile, mais nous sommes coincés ici.
                  - Pas si nous passons par les égouts.

                  Un tour de passe-passe, manipulation de la perception de ses adversaires, digne d'un magicien.
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                Les égouts avaient fait l'affaire. Éparpillés, persuadés d'avoir à combattre des renforts révolutionnaires à même le port de leur propre garnison, les marines, dans la confusion, avaient laissé s'échapper le gros des troupes du bastion. L'idée saugrenue de les suivre dans les dédales souterrains leur était évidemment passée par l'esprit. Tout du moins jusqu'à ce qu'ils s'aperçurent - trop tard - que l'entrée des égouts avait été scellée.
                Ajouté à cela les innombrables dégradations afin de prévenir la présence de poursuivants éventuels et l'on pouvait annoncer sans ambages que l'opération de dératisation était un succès fulgurant. Un succès dans la mesure où les rats avaient changé de domicile. On préférait - par pudeur - taire le fait que leur éradication n'était pas au goût du jour. Ce qui n'empêcherait pas le lendemain la presse de déclarer quelle opération d'envergure fut l'intervention des forces armées de Luvneel. Les huit galions coulés ? Cela n'était ni plus ni moins que l'œuvre de l'armée révolutionnaire de Aeden intervenue en renfort. Rien que ça.

                Sachant maintenant que la marine locale pouvait bouter hors de l'île une armée entière - armée dont personne en ville n'avait seulement entendu le bruit des bottes, les habitants de Luvneelgrad pouvaient dormir sur leurs deux oreilles. Pas longtemps cela dit. Jusqu'à ce que des marines mal embouchés ne fassent irruption chez eux au beau milieu de la nuit et ne les traînent en garnison pour les questionner.
                Malgré leur victoire à la Pyrrhus, les forces armées du gouvernement mondial demeuraient quelque peu nerveuses. Alors, pour un temps, le temps de s'assurer que la révolution ne la leur mette pas deux fois dans la semaine, on avait promulgué un décret justifiant les arrestations arbitraires sur simple dénonciation. Le chien du voisin avait chié sur votre pelouse ? Cela pouvait justifier que vous trouviez à ce voisin un tempérament relativement révolutionnaire. Une semaine durant, les conflits de voisinage se réglèrent à grand renfort de dénonciation calomnieuses si bien que les vrais révolutionnaires - profitant toujours de la cohue, eurent le temps de s'installer dans un nouveau bastion abandonné situé un peu plus en périphérie que le dernier.

                Là-bas, on fêtait la «victoire». Propagande oblige, les deux belligérants se proclamaient vainqueurs d'un conflit qu'ils avaient en définitive perdu tous les deux. Le premier camp délesté de son armada et le second accusant le coup après avoir perdu près d'un quart de ses effectifs, le reste faisant pâle figure, emmitouflé sous des bandages noircis d'un sang infecté.
                On fêtait comme on pouvait. Pas de provisions, pas même de gnôle, alors il fallait improviser les réjouissances en se reposant sur l'événementiel.

                - Moi, Anton Fidge, Cavalier de la révolution, président de cette cour, assisté de mes auxiliaire Urloas Galimat et Belouën Simon ainsi que du procureur Hughes Qoton, déclare devant cette assemblée que l'accusé Jacob Longdrop a été reconnu coupable des crimes qui lui furent reprochés et sera par conséquent pendu en place publique.

                Pour la deuxième fois, on avait dressé la potence. Il y avait d'ailleurs quelque chose de truculent à remarquer qu'aucun des juges n'avait la moindre ecchymose à faire valoir. C'était à croire que les gens de bien étaient invulnérables. Ou planqués. Cela dépendait des avis. Jacob et Canaille étaient d'avis que le trio qui venait de prononcer la sentence était un beau ramassis d'enculés. Ce qui expliquait pourquoi ledit trio avait suggéré qu'on leur mette la corde au cou.

                - Bravo Jacob, bravo. J'applaudirais volontiers, mais on m'a attaché les mains dans l'dos. J't'avais pas dit qu'on aurait dû partir ? J'te l'avais dit, oui ou merde ?!

                - T'as dit des tas de trucs.

                Manière courtoise de dire qu'il ne l'écoutait qu'à ses moments perdus, c'est à dire jamais. Longdrop avait été lui aussi dépassé par les événements. Ils les avaient sauvé, certes, mais cela, seuls les têtes pensantes du bastion de Luvneelgrad étaient au courant. Et comme le Gouvernement Mondial n'avait pas l'apanage de la propagande mensongère, Anton et compagnie n'avaient pas rechigné à se jeter les lauriers en proclamant haut et fort à quel point ils avaient été bien avisés de se sauver par les égouts.

                - Attendez ! Le dossier !

                Dans la confusion, tous avaient oublié jusqu'à son existence. Initialement résolue à ne divulguer les informations que dès lors qu'elle aurait les garanties nécessaires qu'ils pourraient repartir en vie, Canaille - corde au cou - s'était faite à l'idée de s'adonner au compromis.

                - Si j'vous dit où il est, vous nous épargnez ? La prison, ça m'va après tout.

                Après tout, on s'échappait plus facilement d'une geôle que de la potence.

                - On verra en fonction de ce qu'il y a écrit dessus.

                - Anton ! Tu vas quand même pas...

                D'un signe de la main, l'homme au regard de fauve fit comprendre à Hugues que ses objections n'étaient pas recevables. On ne plaisantait pas avec la trahison. La preuve en était la présence de Jacob sur l'échafaud.

                - Et où est-il ce document ?

                - Dans... dans ma culotte.

                Comme figés par une glaciation aussi sévère que spontanée, l'assemblée se trouva un instant aussi expressive que Longdrop dans ses bons jours. Tout le monde le savait mais personne ne voulait le dire : quelqu'un allait devoir se dévouer pour fouiller. La gueuse était propre comme un morceau de charbon et courir partout entre deux joutes au sabre l'avait fait suer outre mesure. Elle avait macéré dans sa crasse durant une semaine.
                Alors, Anton posa le bout de son index sur son nez. Il fut immédiatement imité par ses deux auxiliaires puis par Hugues qui venait de saisir le bien-fondé de la chose.
                Dans la foule des ahuris venus assister au lynchage, on comprit de quoi il en retournait et très vite, tous eurent l'index sur le nez - à l'exception de ceux qui avaient perdu les deux lors du dernier conflit armé.

                - Jacob est le dernier à ne pas avoir mis l'doigt sur son pif !

                Et pour cause, il avait les mains attachées dans le dos. C'était à lui que reviendrait la tâche ingrate de devoir fouiller dans une antre où même la mort n'aurait probablement pas eu ses accès. Il prit la nouvelle avec optimisme.

                - Pendez-moi.

                Hugues se pressait vers le levier, interrompu dans sa marche rapide par un Anton excédé et pressé de connaître le fin mot de l'histoire.

                - Sitrus, veuillez fouiller la demoiselle. Vous aurez la médaille du mérite ou je ne sais quoi encore. Mais pressez-vous !

                On menait les hommes avec des hochets et des médailles, cela valait autant pour les mouettes que les révolutionnaires. Tous plaignirent le bourreau qui, allant à reculons jusqu'à la suppliciée, ferma les yeux avant de plonger la main dans le futal cradingue qui devait dissimuler une perle de saleté plus écœurante encore.

                - Attention aux dents.

                - Oh ! Ça va hein ! Vous allez pas tous en faire une histoiIiIiiIiiIIre la vache il a les mains glacées l'enfoiré !

                D'un geste brusque, Sitrus extirpa le document. Lui, d'habitude si jovial, d'autant plus lorsqu'il était question d'une exécution affichait une mine déconfite. Il savait dans quoi il s'était aventuré lorsqu'il avait rejoint la révolution. La drame au quotidien, les conflits armés, la misère, parfois même la faim. Mais il n'avait pas été préparé à ça.
                Son traumatisme acté, il déplia le parchemin collant dont il évita d'humer la fragrance et commença à lire.

                - Ra.... Rap... Rapport d'in... d'in...d'indi.... ca... d'indicateur.

                Bien évidemment, il était illettré. On n'entrait pas non plus dans la révolution par hasard. Et puisque personne ne voulait se dévouer pour partager son calvaire, tous firent preuve d'une patience olympienne.
                Il s'agissait d'un rapport d'indicateur de la marine. Un infiltré avait donné les renseignements à la grande mouette coûtant la vie de trois Cavalier de la révolution. Après que les alinéas les plus soporifiques aient été énoncés avec l'éloquence d'un bègue attardé, Sitrus entama enfin le point litigieux.

                - Si.... signé, s.... sergent Kolins, o....offi... officier réf.... réfé... référent.

                Pour avoir été confronté plus d'une fois audit sergent, Sitrus n'avait pas eu de mal à épeler son nom.

                - Et... l'in.... l'indicateur..... Putain, c'est une autre écriture dégueulasse.

                - L'indicateur Hugues Qoton. Membre émérite de la révolution Luvneeloise et fieffé fils de pute.

                Regardant droit devant lui, impassible et pas même irrité par la lecture éprouvante et rébarbative de l'acte par son bourreau, c'était le Pendu qui avait délivré la sentence.
                Hugues s'était effectivement décomposé au fur et à mesure que l'on avait lu le papier. Se dérober à ce moment précis n'aurait fait qu'attirer les suspicions sur lui. Anton se rua sur le bout de papier pour s'assurer de ses yeux de la chose tant elle lui paraissait invraisemblable.

                - Hugues ?! P... pourquoi ?!
                    On ne pouvait pas leur reprocher un mauvais accueil, puisqu'un médecin avait été détaché pour soigner son postérieur. Mais la logique lui échappait : Pourquoi soigner quelqu'un si c'était pour le pendre directement après ? Curieuse façon de remercier leur sacrifice à la cause. Mais ce monde était sombre et plein d'ombres, ça c'était certains.

                    - L'intégrité même, ce cher Hugues. Elle n'en menait pas large il y'a une seconde mais elle venait de sortir la tête de l'eau, si le procureur était un véreux, il y'avait encore un espoir d'en réchapper en vie. Car s'il ne possédait que peu de qualité, il était retors au combat. Sûrement plus que n'importe qui dans la pièce. Alors il n'y avait plus qu'une solution pour la communauté ! User de leur pire éléments, qui étaient aussi les meilleur dans la pièce. En attendant, découvert, Hugues ne se démonta pas pour autant. Il connaissait sa domination sans ambages sur toutes les crevures postées ici bas.

                    - Pourquoi ? Ce sera bien de se poser la question du comment ! Vous êtes si aveugle que vous ne vous rendez plus compte que la révolution à changé! Des salopios comme Longdrop ou Rogers, on en juge quasi tout les jours ! Rien que la semaine dernière, nous avons pendu plus d'une dizaine de dissidents ! Ca ne veut plus rien dire la révolution de nos jours, on ramasse les pommes pourrîtes dont personne ne veut... Tout ça n'est qu'une mascarade ! Alors qu'importe que je me fasse quelques menues monnaies sur le dos de ce mouvement décadent. C'est dans l'ordre logique des choses... mais vous ne pouvez pas comprendre avec votre intellect de singe.


                    La masse grouillante de révolutionnaire s'indigna de pareil discours, et on lâchait des "Traître!" ou encore des "Pendons le!" à qui mieux mieux. Anton restait médusé pendant ce temps là, le procureur en profita pour sortir un de ses stylets d'une poche intérieur, et de l'agrandir d'un petit mouvement de poignet expert, grâce à un mécanisme planqué à l’intérieur de la lame ronde.

                    - Venez donc me chercher bande de pleutre ! Fit-il en sortant un poignard de son autre poche intérieur. Personne n'osait plus rien dire, ni rien faire. Pendant ce temps là, Jacob et Canaille furent complètement oubliés de la plèbe comme des responsables de la révolution. Le bourreau, en grand copain de Jacob, lui libéra les poignées quelques minutes après, s'il avait pû aider une fois, il le ferait bien une deuxième fois. Il le gratifia d'un "Vasy mon copain, défonce moi cet abrutis" et se recula ensuite de l'action pour ne pas risquer de prendre un mauvais coup dans la bagarre.

                    - Et moi alors ?! Hého, sale con, viens me libérer aussi, steuplé ! Non mais reviens... Me laisse pas comme ça, hohooo, du gland ! Rah mais le personnel compétent se fait rare de nos jours, bordel de merde ! Il semblait encore sous le choc d'avoir du fouiller sa culotte, décidément ce bourreau n'avait pas une âme d'aventurier de l'extrême comme d'autres. Il fit la sourde oreille plutôt que d'avoir à retoucher Canaille, et resta dans son coin d'ombre.

                    Il ne restait plus que Jacob pour redresser la situation. Cela tira un soupir à Canaille, qui n'attendait pas après le Pendu pour sauver ses abattis. Il était plus du genre à aggraver les cas, plutôt que de les traiter. C'était connu. En attendant elle se débattait avec les cordes pour pouvoir s'échapper, et aider au mieux à traiter avec Hugues.

                    - Attrapez moi ce salopard, s'autorisa à dire Anton à l'assemblé, dont la moitié avait déjà détalé. Et la moitié restante ne semblait pas pressé d'en découdre, connaissant la réputation de l'ex-procureur aujourd'hui dévoyé. Ce n'était pas parce qu'il était un traître à la cause qu'on pouvait lui enlever son expertise des armes et son sens inné du combat. Toujours sur l'estrade, il attendait, patient et méthodique. Toujours sur l'estrade, il se donnait en spectacle, trouvant de son stylet le plus courageux du lot, qui s'était avancé avec un gros couteau dans la main.

                    Et toujours Canaille qui martelait : Hé ho ! Allé, détachez moi les gars ... Je veux lui faire sa fête moi aussi, putain ... Désœuvrée comme jamais, reclus dans un coin de la pièce, impuissante mais sans personne pour la surveiller. Elle pouvait sans doute faire quelque chose dans la bataille à venir. Un chose qui sauverait la vie de Jacob -pour ce qu'elle valait, et lui attirer de bonne grâce bien que celle ci ne semblait pas exister pour un individu comme le Pendu.

                    Il ne restait plus qu'à savoir comment faire.



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                  Au début, par acquis de conscience, on s'était levé pour brandir son sabre. Par esprit de Justice paraît-il. Les spectateurs mollassons voulaient du drame sur la potence, ils en avaient eu pour leur argent. Chaque homme et chaque femme présents sur place étaient à présent garnis de ferraille. Plus de pendaison qui tienne, on allait éviscérer du notable à la lame rouillée.

                  Au fond, que ceux qu'ils avaient à tuer furent coupables ou innocents, peu leur en importait. Les purges n'étaient pas rares au sein de l'armée révolutionnaire. Initialement nécessaires, ces massacres internes virèrent rapidement à la frénésie meurtrière pour enfin incarner le statut de sport national. Sans que qui que ce soit n'ait dressé le bilan de leurs méfaits - ce qui en soi aurait justifié la potence pour défaitisme - on pouvait facilement établir que l'armée révolutionnaire avait davantage tué les siens que de mouettes. Le Gouvernement Mondial eut-il voulu terrasser la plaie séditieuse qu'il lui aurait suffi d'attendre en silence sans même bouger une oreille.
                  À croire que la révolution servait ses intérêts. Après tout, à toute structure sociale il fallait un bouc émissaire pour maintenir la cohésion du groupe.

                  Sans pousser la réflexion jusque là ou jusqu'où que ce soit d'ailleurs, les soldats de la révolution s'étaient pressés autour de Qoton, son affaire était faite. Puis, après que quelques mains furent sectionnées dans les règles de l'art, on rangea les tambours de guerre pour sonner la retraite. Plusieurs dizaines de gaillards, puissants et fiers, repartaient la queue entre les jambes quelques secondes après avoir lancé l'assaut contre le procureur.
                  Haut de près de trois mètres, le bougre devait sa réputation à quelques hauts-faits militaires plutôt qu'à ses talents de juriste. Il avait d'ailleurs troqué sa dague contre une lame de la plus belle espèce, arrachée à une main qu'il avait lui même coupée. Arrogant, sûr de lui, il fit quelques moulinets d'échauffements en tournant le dos aux quelques téméraires restés sur place. Il y avait d'abord Canaille et Jacob qui, conviés à leur propre exécution, s'en seraient voulu de faire faux-bond à leurs hôtes. Ça et aussi le fait d'être attaché par la gorge à une poutre les surplombant. Devant eux, il y avait Anton. Calmé, résolu à régler cette affaire pour de bon, il souhaitait expédier les affaires courantes de ses propres mains. Mains mises à contribution pour ressortir de son épais manteau, une dague et un pistolet à silex. Puis il y avait Sitrus. Sitrus s'était foulé la cheville en fuyant.

                  - Mon pauvre Anton... toi comme moi tu sais bien que j'ai fait ce qu'il fallait. Si je n'avais pas donné ces trois pourris aux mouettes, ils auraient retourné chaque baraque dans tout Luvneel pour mettre la main dessus. Les habitants en dépendaient.

                  Il avait asséné sa réplique dos tourné avant de faire doucement volte-face et lire le visage du juge. Impénétrable et implacable, fidèle à lui-même.

                  - Si tu arrives à croire ce que tu dis, ça fera une personne de convaincue de l'assemblée. Y'a-t-il quelqu'un ici pour se trouver séduit par de telles conneries ?

                  Dieu merci, Jacob avait les mains liées dans le dos. Le cas contraire, il aurait volontiers levé le bras pour témoigner de son soutien à Hugues.

                  - Eh bien monsieur le juge, ce sera tout pour mon plaidoyer. Voyons ce que vaut la sentence.

                  Sans se faire prier davantage, le Cavalier aux yeux de fauve tendit le bras pour faire cracher la bille de plomb dans le barillet. Massif mais véloce, sa cible n'eut aucun mal à esquiver sur le côté. Ce ne fut pas pour autant qu'un seul instant de répit lui fut accordé.
                  N'ayant pas encore une le temps de se repositionner sur ses appuis que Hugues vit le poignard de son adversaire fuser en direction de sa poitrine. Le sens des priorités lui commanda alors de lâcher son sabre et, des deux mains, coinça la lame destinée à lui percer le cœur à deux centimètres de sa poitrine. Il avait été placé en situation défavorable en quelques dixièmes de seconde à peine, mais il jubilait d'avance à l'idée de savoir qu'en face, Anton était à présent désarmé.

                  En réalité, il ne l'était pas tant que ça. Barillet vide, mais barillet quand même, le zélé officier révolutionnaire avait balancé son mousquet au visage du demi-géant. Sans arme et dans une position trop mal assurée pour se remettre immédiatement en garde, Hugues reçut le projectile inhabituel de plein fouet. Le combat démarrait à peine et son arcade sourcilière droite était suffisamment fendue pour qu'un torrent d'hémoglobine ne suffise à l'éborgner.

                  - Ah le fils de....

                  On ne saurait jamais de qui Anton était le fils puisqu'il avait profité de la surprise pour fondre sur son adversaire et le garnir d'innombrables coups à l'estomac. Petit bonhomme face à un colosse malingre, chaque impact arrachait un souffle rauque et baveux au révolutionnaire renégat.
                  Là se jouait la différence entre un Cavalier de la révolution et un subalterne - même réputé pour ses compétences martiales.
                  Et le combat reprit de plus belle.

                  - Ce qu'il lui met l'autre, la vache.

                  - Mh.

                  Se sachant moins puissant que le petit Cavalier l'ayant accroché au bout d'une corde, Longdrop réprima un commentaire afin de taire sa jalousie, se contentant simplement d'observer. Sitrus lui, se planquait derrière la potence.
                  Les coups pleuvaient et Anton distribuait davantage qu'il ne recevait, il avait la générosité dans le sang et le sang de son adversaire dégoulinant sur ses mains robustes. Seulement, en baston comme à la guerre, l'issue de la victoire n'était pas simplement le fait du fort sur le faible, mais du plus prévoyant sur l'autre.
                  Encaissant les coups comme un chef, tant et si bien qu'on sentait qu'il s'habituait à la douleur au point de revenir plus vite à la charge après avoir reçu chacun d'entre eux, Qoton mit suffisamment le fauve en confiance afin de lui faire croire que ce dernier était trop rapide pour lui, jusqu'à ce que l'occasion ne se présente.

                  Et elle se présenta car il fit tout pour. Dos à la potence dressée derrière lui, il bondit enfin quand le direct projeté dans sa direction lui fut adressé. Bras dressé en avant car il avait mis de l'élan pour frapper, Anton prit la mesure de son erreur. Le grand gaillard avait sauté sur les planches surélevées derrière lui et, de son pied gauche, avait aplati le poing de son ancien supérieur contre la surface sur laquelle il était à présent debout.

                  - Ça va faire crak.

                  Étant manifestement homme à tenir ses promesses, il frappa d'un coup sec l'avant-bras tendu à ses pieds du talon de son autre chaussure et brisa net les os avant d'écraser sa botte contre le visage du Cavalier qui tomba à la renverse.

                  - Finissons-en si tu le veux bien.

                  Debout sur la potence, ensanglanté mais fier et droit, Qoton se savait vainqueur. Pas de ce combat uniquement. La révolution luvneeloise ayant subi un coup dur encore récemment, les effectifs ne se pressèrent pas pour l'arrêter. Si peu de temps après un assaut de la marine, maintenant privés d'un chef, Hugues n'aurait pas trop de mal à effacer les preuves de sa culpabilité passée. La preuve brûlée et Jacob dans sa tombe, personne n'aurait alors les moyens de contester son autorité à venir.
                  Soucieux de la mise en scène et vaniteux, il s'apprêtait à se retourner en direction du Pendu pour le remercier de tout ce qu'il avait fait pour lui. Après tout, ce dernier avait grandement contribué à ce que la situation évolue en ce sens. Mais Qoton ne se retourna pas.

                  Autour de ses épaules, et plus nettement autour de son cou, une paire de jambes s'étaient nouées. Elles étaient serrées et l'étreinte n'avait rien d'affectueuse. Compressant ses muscles pour les bander au point où la langue du demi-géant ne ressortit de sa bouche sous la pression, Jacob avait saisi sa proie. Il était de notoriété publique que lorsque le Pendu nouait quoi que ce soit autour de votre gorge, la prière demeurait la seule issue.

                  - Comme tu veux.

                  Et d'un geste sec du bassin - manquant lui-même de s'étrangler en se contorsionnant autant, la corde toujours nouée autour de son cou - Jacob brisa la nuque compressée entre ses cuisses et ses mollets. Qoton eut-il mesuré cinquante centimètres de moins que son assassin n'aurait vraisemblablement pas pu l'atteindre ainsi.

                  - Ce que tu lui as mis à l'autre, la vache.

                  Canaille n'était pas une femme du monde et le vocabulaire comme le sens de la discussion lui faisaient cruellement défaut. Repositionné correctement, retrouvant le souffle qui lui avait manqué le temps de procéder, Jacob plongea son regard morne et abyssal dans les prunelles ardentes du Cavalier quasi-manchot.

                  - En la présence d'un haa vice de procédure haa, je me vois contraint de vous relâcher tous les deux haa.

                  Cette sanction appela évidemment un commentaire de la part du Pendu.

                  - Un tel manque de rigueur dans l'administration de la Justice... ça me fend le cœur.

                  Ce fut au tour de Canaille de se tortiller au point de s'étrangler avec sa corde pour enfoncer un coup de pied dévastateur dans l'estomac de son complice.

                  - Ferme un peu ta gueule avant qu'y nous fende la nuque !

                      Le sexe, c'est avant tout une découverte, de sois même et de l'autre ; Naviguer en terre inconnue et conquérir de nouveau espace à chaque coup de butoir. La castagne c'est un peu pareil. On en apprend beaucoup sur une personne rien qu'en s'y confrontant, ou en l'analysant. Et vu les cordes qu'il utilisait, le sieur Jacob avait beaucoup à cacher, un lourd secret, si ce n'était pas quelques travers déviants. Toujours coincé sur son échafaud, la jeune demoiselle qui avait un peu de bouteille trépignait d'impatience comme une gamine qu'on gourmandait avant Noël, mieux, qu'on la pria de bien vouloir attendre le passage du père noël sans être une pile électrique.

                      Ils ne savaient pas que c'était impossible, et du coup il l'on fait. Derrière ses traits d'humour, Jacob devait être soulagé que le pendre ne soit plus à l'ordre du jour. Il était bien humain, il devait avoir, lui aussi, un quelconque sens de la survie, un instinct primaire qui tenait plus la route que ce qu'il voulait bien admettre. Alors il pouvait fanfaronner, cela ne dérangeait pas la grise le moins du monde. Ca mettait un peu de piquant dans cette aventure -bien qu'elle n'en manquait pas pour autant, c'était comme une bonne harissa qui relevait le tout d'un petite pointe de piment.

                      - Bon, vous pouvez me détacher maintenant bordel ?! cria-t-elle à la cantonade, jusqu'à ce qu'Anton ne donne l'ordre, qui ne pouvait être désobéi par le bourreau, que le souvenir cuisant d'une main entre ses cuisses ne dégoûtait encore. Par réflexe, elle renifla sous son aisselle droite, puis gauche, et ne voyait pas ce qui pouvait clocher, elle sentait à peine le rance. Des fier à bras au nez de pucelle, voilà tout ce qu'elle pensait de cette révolution de Luvneel. De toute manière, elle ne s’accommoderait jamais du sens de l'hygiène, quand on à vécu dans une fosse à purin, on est insensible à toute forme d'odorat.

                      - Tu nous en doit une, là dessus, Anton. J'espère que t'oubliera pas de régler ta dette un jour, fit-elle en lui tendant une main qu'il se permit d'attraper par le bout du bout, pour ne pas laisser une Canaille déconvenue et énervée. Il savait de quoi elle était capable, il n'y'avait qu'à regarder pour s'en apercevoir : La mort était devenue une amie, et si tant qu'elle l’accueillerait à bras ouvert le moment venu, elle emporterait avec elle bon nombre de ses concitoyens. Il y'avait en elle une violence contenue dans un écrin de puanteur et d'insultes, la langue qu'elle chargeait de ses ignominies n'était qu'à peine plus lourde que le bras qui tenait son sabre en plein combat.

                      Tout du moins, il avait du respect pour elle et son travail, c'était en soit une bonne chose. Seul avec les deux compères, il ne manqua pas le coche de faire le sien, de travail.

                      - Ce n'est pas finis mes chers camarade, j'ai encore une mission qui vous attends. Faite là, et vous aurez toute la reconnaissance de Luvneel.


                      Alors que les deux le regardèrent, intrigué par tant de mystère, Anton ne ménagea pas plus longtemps ses effets de manche, et y alla de but en blanc : Voyez vous, il y'a un convois qui devrait bientôt arriver à Manshon, remplis d'armes et de munitions. La mission est simple, vous devez empêcher la livraison et repartir avec la cargaison en poche. Pour une fois qu'il parlait sans détour, Anton ne pouvait pas plus sonner le glas des deux compères, qui étaient tout deux personne non gratta sur cet archipel.

                      Il se regardèrent un moment, puis Jacob lança un petit trait en direction du Cavalier : J'espère au moins que tu seras reconnaissant qu'on bosse pour toi. La mission était acceptée . Ce qui semblait libérer un poids des épaules du petit Cavalier, qui ne manqua pas d'ajouter.

                      - La livraison est prévu pour le clan de Carbopizza, il est évident qu'il faut que vous restiez anonyme durant cette mission si l'on ne veut pas connaître la vendetta dont il sont capable. Par conséquent, vous ne pourrez compter que sur vous même durant la mission, il n'y aura aucun renfort d'aucune sorte pour vous. La révolution ne doit pas être impliquée, même si nous avons besoin de ses armes pour servir la cause.


                      - Bah voyons. Fut tout ce que s'autorisa à dire Canaille. Ca aurait aussi simple que j'y aurais pas cru, fut ce qu'elle taisait et gardait pour elle seule. Elle avait l'habitude des missions suicide après tout.
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