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I used to spend my nights out in a barroom.



La vie d’artiste n’est pas chose facile. C’est ce que disait Keaton en remuant son verre de whiskey comme s’il s’agissait d’un bon cru.

Aujourd’hui, la pluie avait rendu son travail au cimetière quelque peu désagréable. La terre s’était imprégnée du liquide et s’était métamorphosée en boue nauséabonde. Il n’avait eu d’autre choix que de prendre un congé forcé, mais quelque chose d’autre l’énervait. Depuis un certain temps, il remettait beaucoup de choses en question, est-ce que Las Camp était assez pour ces obscurs dessins ? La tête sur ses bras croisés, il avait l’air d’un régulier attablé au bar le plus sale de la ville. Seul son sarrau blanc laissait croire qu’il n’était effectivement pas de ce secteur de la ville et certains blaireaux l’avaient déjà souligné d’un signe du doigt ou d’un regard désapprobateur.

Dans un coin reculé, on entendait même clairement un énorme gorille à la voix rauque et au crâne rasé s’exclamer :

- Non, mais pour qui il se prend lui. Avec ses beaux habits !

Ses compagnons s’étaient tout de suite mis à rire, nerveux face à la réaction de leur boss. Celui-ci claquait sa chope de bière sur la table comme un enfant, maugréant sur tout et rien, revenant toujours sur le cas du bon docteur.

- Hé, enfoiré, tu te prends pour qui à venir dans notre bar ?

Ouvrant un œil, Keaton ce demandait s’il devait partir avant que tout ne dégénère. Il n’avait pas l’intention de causer des ennuis, il voulait simplement finir son verre et se morfondre sur son sort. Triste de n’avoir pu enterrer qu’un seul cadavre, il se tourna sur son tabouerait pour regarder son interlocuteur, car il ne pouvait parler qu’à lui, il n’y avait personne d’autre dans le bar à cette heure. Il le reconnut aussitôt, un baraqué avec un cerveau probablement aussi gros qu’un pois. Seulement, il se sentait en confiance, car Mr. Le chauve avait une prime sur ça tête, un brigand de bas étage, mais quelqu’un d’influent quand même, si on est une sous-merde.

D’un doigt, K. se pointa le visage comme pour demander s’il parlait de lui.

- Oui toi, tu te penses mieux que nous avec ta belle chemise ?

Et en simple réponse, il haussa les épaules. Soudainement désintéresser en contemplant celui qui lui criait des bêtises. Il n’avait probablement pas la force de trainer un corps si énorme jusqu’à la morgue et il était agacé de ce fait. Il s’imaginait bien lui couper les jambes pour un transport plus simple, mais encore… Le chauve était un bœuf…
    Une véritable catastrophe est entrain de s'abattre sur Atoum. Depuis qu'il est partie de l'Archipel Vert il n'a pas été ivre une seule fois, ça fait donc déjà 3 jours. De sa mémoire d'alcoolique ce n'était pas arrivé depuis bien longtemps, peut-être était-il gamin à cette époque d'ailleurs. Seul sur sa barque, flottant et se faisant ballotter c'est un cadavre qui dérive sur les flots. Un misérable légumes qui n'a quasiment plus aucune réaction. Le vent de le fait pas frémir, le soleil ne le fait pas cligner de l'oeil... le chasseur de prime est bel et bien une loque vivante.
    Heureusement pour lui une terre se profile au loin. Bien qu'il ne réalise ce que ça implique un peu tard, le jeune homme parvient à récupérer quelques forces pour manoeuvrer son embarcation jusqu'à la terre promise.

    Après quelques dizaines de minutes d'une lutte approximative contre les éléments la barque arrive dans les eaux de Las Camp. Aussitôt quelque chose interpelle le chasseur de prime. Son nez bouge, il renifle, hume à nouveau et d'un coup se lève en furie. L'odeur de l'alcool, il la sent. Son corps entier la ressent presque maladivement. Tout excité, Atoum s'affaire à un accostage correct à un ponton. Cependant, dans toute sa splendeur il échoue, lançant sa corde à côté de la bite d'amarrage. Un échec cuisant pour lui qui ne peux plus patienter.
    Après deux autres essais infructueux il saute avec la corde et après avoir nagé jusqu'au ponton, accroché son embarcation pour qu'elle ne continue pas l'aventure sans lui.

    L'aube n'est plus qu'à une heure ou deux de pointer son nez et tandis que tous dorment, Atoum erre dans les rues tel un vampire assoiffé de sang. Prêt à sauter sur la moindre choppe de bière, le moindre verre de saké, même de quoi désinfecter une plaie lui suffirait au point où il en est.

    Son corps avance seul, simplement guidé par ses sens tous captivés par l'odeur de son graal.

    Au détour d'une rue il le sait, il a trouvé. Son corps entier frémit de plaisir en s'imaginant tout le trajet de l'alcool dans celui-ci. Le précieux liquide abreuvent chacune de ses cellules et son esprit s'égarer dans le flou, l'euphorie et le plaisir intense.

    Déterminé il approche de la taverne et pousse la porte franchement. Un homme positionné un peu trop près bascule en avant, quelque peu séché par l'impact. Forcément tous les regards se tournent vers le nouvel arrivant qui lui ne prend pas la peine d'analyser qui que ce soit. Il esquive un homme qui le pointe du doigt puis se glisse tel le plus grand des prédateur jusqu'à la table d'un chauve costaud. Aussitôt sa main semble ne faire qu'un petit écart mais en une fraction de seconde il a volé la choppe qui se trouvait là. Devant l'étonnement général il penche sa tête en arrière et en quelques gorgées sèche le contenant.

    > Putain ce que ça fait du bien ! Tavernier, sert moi de l'alcool d'homme parce que le sirop de monsieur boule de billard c'est fadasse !gueule le chasseur de prime soulagé d'enfin pouvoir se gnôler après une sobriété qui aurait pu le tuer.

    Deux énormes veines se mettent à palpiter sur le crâne du chauve suite aux affronts d'Atoum. Ses hommes se préparent à répondre aux ordres mettant la main à leur sabre ou à leur pistolet. Ils n'attendent plus que l'approbation de leur boss pour réparer son honneur. Ce dernier commence à rire nerveusement, prenant sûrement le chasseur de primes pour un avorton inconscient. Le pauvre n'est pas au bout de ses peines.


      Hors de lui, le chauve tape du poing sur la table. Toutes ses veines sont apparentes, ses yeux lancent des regards assassins. Se sentant supérieur aux autres, qu'on le prenne pour une lopette le rend complètement fou. Sa musculature est toute contractée, ses bras étant absolument énormes. Il en arrive même à trembler tellement il boue de l'intérieur.

      > Gamin j'vais tuer ! T'es qui pour m'dire ça ?! hurle-t-il.

      Souriant, Atoum aime par dessus tout le combat et sent la tension monter d'un cran. Il n'a peur de personne et surtout pas d'un chauve qui gueule comme un petit chien. Les brigands n'attaquent pas encore, attendant l'ultime ordre pour agir. Ils sont eux aussi tremblant mais pas pour les même raisons, ils savent ce que l'énervement de leur boss signifie. La dernière fois ils en ont tellement bavé qu'ils ne veulent absolument pas revivre la même scène.

      La montagne de muscle se lève d'un seul coup, balançant la table sur laquelle il était attablé droit devant lui, manquant d'assommer l'homme qui buvait son verre l'air déprimé. Atoum sourie, il sait que tout va s'accélérer et il est plus qu'enjoué.

      Le chauve lui saute dessus, tentant de le terrasser avec ses énormes poings. Une esquive à gauche puis à droite tout en reculant, le chasseur de prime se sauve la mise. Puis, il se baisse et tente de faucher les jambes du colosse. Cependant, le brigand ayant une arme à feu tire et coupe Atoum dans son élan pour ne pas se prendre la balle.

      > A trois contre 1 alors ? Bande d'enfoirés !

      Sans plus tardé le natif de Kage Berg lance la choppe de bière qu'il a dans la main droit dans la tête du brigand qui tombe à la renverse. Le verre s'est brisé et il est ouvert à plusieurs endroit, son sang commençant à retapisser le parquet. Le second brigand arrive en courant, sabre à la main et tente de couper Atoum en diagonale. Évitant le coup en sautant sur la droite, Atoum effectue une roulade pour se réceptionner mais à l'instant où il retrouve sa verticalité il se fait accueillir par le poing du grand chauve qui l'envoie valser contre les tables, en fracassant deux au passage.

      > J'tavais dit, tu vas crever ! Personne ne me manque de respect comme ça !


        > Va voir Giorgio ! ordonne aussitôt le bandit à son sbire qui s'exécute immédiatement.

        Le pauvre bougre a de multiples coupures au visage à cause des éclats de verre, immaculant le plancher de la taverne de son sang.

        > Sortez d'chez moi ou j'vous plombe bande de connards ! crie soudain le tenancier de l'établissement, débarquant sur le champs de bataille avec un fusil. Il ne tremble pas, sûr de son moyen de dissuasion.

        Atoum se relève du puissant coup de poing qu'il a essuyé, ses capacités étant restreintes par un taux d'alcoolémie bien trop inférieur à ses habitudes. Se passant la main sur le visage, il remarque que son nez saigne un peu. Il a prit une sacrée droite à vrai dire. En temps normal il pourrait défoncer le chauve et même fracasser le tavernier mais en l'état il ne le peut pas. La fuite n'est pourtant pas une option pour Atoum, jamais.
        Alors qu'il se relève tranquillement, le grand chauve lui fonce dessus épaule en avant et le percute avec une grande violence. Le chasseur de prime est projeté contre le mur du bar et le brise, créant un large trou. Propulsé à l'extérieur de l'établissement, le natif de Kage Berg est égratigné de partout, peinant cette fois à se relever. Le costaud qu'il a en face est une vraie brute, il lui faut le calmer rapidement.

        > J'tais dit quoi Rémi ! Tu t'prends pour qui ? hurle de tavernier une nouvelle fois.

        > Oh ta gueule toi tu ... arghh

        Avant que Do Rémi n'ait le temps de finir sa phrase le propriétaire des lieux lui a tiré dessus, le faisant taire par la douleur. La jambe touché à la cuisse, le bandit est tétanisé quelques secondes par le choc. Sa jambe tremble, il a mal. Son regard transmet une haine infinie, une rage terrible envers le tireur.

        > J'ten tire une autre ?!

        Aussitôt son sbire qui s'occupait de son homologue au sol se lève et fonce sur le tavernier, sabre à la main. N'ayant pas le temps de tirer, il tente de donner un coup de crosse pour se débattre mais son geste est maladroit. L'homme de Rémi évite grossièrement et d'un seul coup de sabre ôte la vie à cet homme. Son arme se fige dans l'abdomen de celui qui venait d'être grand-père pour la première fois. Le sang s'échappe de la blessure, il râle de douleur et s'effondre sans pouvoir agir d'une quelconque autre manière. La lame ensanglantée, le sbire regarde son boss et espèrant une félicitation mais n'obtient qu'un regard de dédain de son patron.

        > J'allais l'tuer heureusement que c'est toi qui l'a fait sinon il aurait souffert ! lance-t-il.

        Atoum observant la scène est attristé par les faits, il aurait voulu éviter qu'un civil ne meure inutilement. Son regard foudroie les brigands sur place, la rage grimpant en lui il a envie de leur faire payer ce meurtre. Un pauvre homme déterminé à défendre ce qui lui appartient vient de s'en aller, doit-on forcément être prêt à en payer le prix lorsque l'on pointe un flingue sur un homme, surement.

        Dans un élan quasi justicier Atoum s'élance à nouveau dans le bar, partant à l'assaut des brigands qui viennent de commettre l'irréparable. C'est à cet instant qu'il croise l'homme qui buvait tout à l'heure tranquillement un verre dans son coin. L'air désemparé, l'homme a attendu le moment opportun pour fuir toute cette agitation et sauver sa peau pour ne pas finir six pieds sous terre. Un geste de survit essentiellement. Le chasseur de prime ne l'interpelle pas, il sait que le plus important lorsque l'on se sent en danger est de vivre, vivre le plus longtemps et rigoler une fois vieux de cet instant d'affollement.

        Se focalisant à nouveau sur ses ennemis, Atoum débarque dans la taverne par le trou qu'il a crée dans le mur. Il fait volte face à Rémi et attrape un morceau de bois plutôt bien taillé qui a volé en éclat tout à l'heure. Avec son arme d'une trentaine de centimètre de long il se positionne devant les deux bandits encore valide.

        >Bande de merdes ! Vous n'auriez jamais dû !

        Sans attendre une seconde supplémentaire il s'élance dans la bataille, esquive un coup de sabre par la droite et tamponne le visage du sous-fifre avec sa semelle avant d'asséner un terrible uppercut au boss. Les deux reculent de quelques mètres plus ou moins sonné. L'heure est à la bataille, l'instant de vérité qui dira qui avait raison. Un alcoolique violent ou une bande d'assassin.
          L'assaut éclair d'Atoum lui a permis de repousser ses adversaires et il les a surpris. Le bougre est rapide mais il le sait, en l'état il ne pourra pas gagner se combat. Il n'a pas assez bu et les quelques gorgées de tout à l'heure ne lui permettent pas d'avoir l'énergie nécessaire pour déployer toute sa puissance. Bridé par la sobriété le chasseur de prime est dans une mauvaise posture, peut-être que son aventure se termine ici. Enfin, si c'est le cas il n'aura jamais trouvé le fameux saké légendaire… impossible il ne peut mourir avant.

          > Va voir Giorgio je t'ai dis du con, j'm'occupe du nabot !

          A cet instant, le chef des bandits s'apprête à avancer pour éclater Atoum mais il semble coller au sol. Sa jambe meurtrie n'avance plus à cause de la balle qu'il a reçu. La douleur l'immobilisant et lui faisant serrer la mâchoire, Rémi passe la main sur sa blessure et la porte devant ses yeux. Maculé de sang.. il est sacrément amoché et il n'arrive pas à faire correctement abstraction de la douleur qui est trop vive.

          Opportuniste, le chasseur de prime s'élance sur le brigand puis droit face à lui. Avec une grande vivacité il lui assène deux coups de pied de front puis prend appuie sur le thorax du chauve avant de se propulser en arrière en faisant un salto. Le grand gaillard est éjecté au sol tandis qu'Atoum se réceptionne avec panache.

          Le sbire de Rémi a des étoiles pleins les yeux, admirant la prouesse technique dont vient de faire preuve le chasseur de prime.

          > Classe...

          > Tu veux qu'j'taide ou que j'te tue connard ?! lui hurle Rémi furax après l'avoir entendu murmuré son admiration.

          Le costaud plonge sa main droite dans sa poche et la retire rapidement pour finalement la porter à sa bouche. Il l'ouvre en grand et déglutis aussitôt. Soudain un changement s'opère, ses veines gonflent, ses yeux sont injectés de sang. Il prend une deuxième, puis une troisième pillule devenant tel un chien enragé. Une bave mousseuse lui recouvre la bouche et tel un fou il se lève. Ne faisant plus aucune attention à sa jambe blessée, il fonce comme un dératé sur Atoum et lui envoie un direct du gauche dévastateur. Le chasseur de prime esquive mais se fait cueillir par un coup de genou dans l'estomac qui lui fait décoller les pieds du sol.
          Surpris, le souffle coupé Atoum ne comprend plus ce qu'il se passe. Il y a quelques secondes Rémi n'arrivait plus à bouger et désormais il a un regain de vitalité impressionnant. Finalement, le brigand saisit le chasseur de prime par le visage et l'enfonce dans le parquet, creusant un trou à la silhouette du natif de Kage Berg.

          Crachant un peu de sang, ce dernier grimace de douleur mais doit rapidement revenir à la réalité. Il voit le pied de son adversaire s'approcher dangereusement de lui et roule sur le coté pour l'éviter. S'enfonçant à son tour et se bloquant la jambe, Rémi perd de sa mobilité et Atoum en profite une nouvelle fois pour sauter et lui décrocher un coup de pied horizontal magistral. Malheureusement l'attaque ne donne rien et le chauve se libère avant de saisir le chasseur de prime par le bras et de l'envoyer valser à travers la pièce. Un véritable monstre, une bête sauvage se déchaîne et Atoum est submergé. Il ne peut que subir les coups et tenter d'en rendre quelques-uns mais il est en très mauvaise posture.

          Soudain il entend un bruit, un tir qui s'est figé dans le bois du parquet. Un deuxième, puis un troisième retentissent. Rémi se retourne et c'est alors qu'Atoum aperçoit le dos de son ennemi ensanglanté, frappé par trois impacts de balle.

          > Rend toi Do Rémi ! C'est fini ! hurle un marine qui arrive dans l'établissement par le trou dans la façade.

          > Jamais bande d'encul....

          Le brigand n'a pas le temps de finir sa phrase, il est coupé par cinq nouveaux tirs qui tous atteignent leur cible. La drogue faisant encore effet il ne sent pour l'instant aucune douleur et se corps ne s'effondre pas. Profitant de la diversion, Atoum s'échappe par l'arrière boutique, volant une bouteille au passage. La marine l'interpelle mais il fonce, sans s'arrêter.

          Rémi avance à nouveau face aux marines, mais ceux-ci tirent une nouvelle salve qui cette fois-ci est de trop. Le bandit change de regard, beaucoup plus doux cette fois et met son pouce à la bouche avant de pleurer. Il s'effondre comme une masse, continuant à brailler comme un enfant tandis que son corps entier est recouvert de sang à cause de ses blessures. Puis, il s'arrête de pleurer, la vie le quittant peu à peu. Il tombe inconscient, tandis que la marine arrête ses deux acolytes.

          Un peu plus loin et toujours entrain de courir, Atoum tient fermement sa bouteille afin qu'elle ne tombe pas.

          > Putain d'merde... les combats c'est plus c'que c'était ici ! Avant on pouvait s'mettre sur la gueule y'a personne qui f'sait chier ! dit-il à voix haute pour lui même. Qu'es-tu dev'nu Las Camp ?