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Contrat : Helmi Riemann

BAM ! Je sursautai au bruit de la chope qu’un client dans un rire tonitruant avait abattue sur sa table. Autour de moi « L’Orchestre Alcoolique » battait de son plein et si je ne pouvais discerner d’instruments a cordes, les éclats de voix des travailleurs résonnaient à travers la salle bondée tel les plus gros cuivres. Emmitouflé, le dos voûté, recroquevillé sur moi-même pour me réchauffer, ma boîte de violon à mes pieds, j’attendais patiemment le vin chaud que j’avais commandé à la tenancière. Je venais de terminer une longue surveillance nocturne et la chaleur humaine de l’auberge n’avait pas encore chassé le froid humide qui avait lentement envahi mon cœur plutôt dans la soirée. J’étais venu à Nova Rhodésia pour ôter la vie d’un homme. Cet homme se nommait Helmi Riemann. Quel étrange nom... J’avais appris au cours de mes recherches que Helmi signifiait dans une certaine langue, si je seulement je me souvenais laquelle, Perle. Et bien cet homme n’en était pas une. Il avait été l’un des nombreux fournisseurs en esclaves qui avait approvisionné les Dragons Célestes lors de la construction du Don des Saints. Si il n’avait pas été l’un des majeurs fournisseurs, il avait construit sa vie et son commerce autour de l’esclavage et cela faisait de lui une cible potentielle pour la Révolution. Et si en général la Révolution ne veux pas utiliser ses ressources pour chasser les petits trafiquants, ce-dernier avait signé son arrêt de mort lorsqu’il avait, pour le « spectacle », fit graver "Chien de révolutionnaire" dans le dos d'esclaves capturés avant de les faire décapiter. Helmi avait sans doute espéré dorer son image auprès de ses clients et ainsi gagner quelques juteux contrats mais ce qu’il avait fait était impardonnable et la Révolution voulait en faire un exemple.

Et il était venu à Nova Rhodésia pour se réapprovisionner.

Je fus désigné pour le « job ». Enfin c’est ainsi que les autres le disait mais moi j’aurai préféré qu’ils utilisent le terme d’assassinat tout simplement, qu’ils assument leur demande. En vérité il n’y avait que peu de personnes qui arrivaient à parler de moi en tant qu’assassin. La plupart semblait si effrayée  par ce terme, comme si ne pas l’utiliser leur permettait de ne pas sentir l’odeur de mort que tout habitant des ombres porte avec lui. C’est notre fardeau et chacun le porte en silence et chacun à sa manière. C’est aussi notre signature et parfois certains vont jusqu’à s’enivrer de cette odeur et au réveil s’imaginent avoir couché avec la Dame en noir lorsqu’ils sentent son parfum dans leur drap.


Il m’incombait de faire tomber la tête de Riemann. J’étais alors venu à Nova Rhodésia et j’avais commencé mes repérages : j’avais traîné dans divers bars, je m’étais renseigné, glissé quelques piécettes dans des mains crasses qui devinrent mes informateurs. Il y a deux jours, j’avais finalement appris dans quelle auberge le marchand logeait. Je m’étais alors installé hier matin presque devant l’entrée, pas tout à fait, assis contre le mur en pierre froide de la maison d’en face sur le pavage boueux de la rue. Je passais inaperçu, considéré comme de la vermine par les carrosses qui défilaient devant moi. J’avais eu le temps de jouer du violon pendant près d’une heure avant qu’il ne sorte par la porte grinçante du « Chat Joueur » pour monter sur une chaise portée par deux esclaves. Je ne m’étais pas levé tout de suite et je vis sortir deux gorilles, deux armoires à glace aux muscles saillants et aux épaules surdimensionnées. Ils avaient tous les deux les cheveux coupés à ras et exposaient leur force physique tels deux taureaux prêts à se disputer une vache. Ils ne ressemblaient pas vraiment à des professionnels, probablement achetés récemment, mais ils faisaient lassez peur et effrayaient suffisamment pour faire réfléchir quiconque voudrait s’en prendre à ce cher Helmi, moi par exemple.


J’avais réussi à les tenir en filature jusqu’à ce que la nuit commence à tomber. Ils étaient resté dans des lieux animés, me permettant de me fondre dans la foule mais les rues seraient peu à peu vidées à l’approche dans la nuit donc j’avais mis fin à mon espionnage. Helmi et ses gars avaient passé une heure et demi à peu près au marché des esclaves, sans rien « acheter », puis il avait donné congé à ses gorilles le temps du déjeuner. Lui déjeunait dans une auberge bien tenue et eux, et bien j’avais supposé qu’il avait du finir dans un lupanar pas très loin. Enfin ce n’était qu’un préjugé, qui néanmoins leur correspondait plutôt bien. Moi j’avais jeûné assis sur un banc pas très loin. Je ne me levai que lorsque j’avais aperçu les deux lascars passer devant moi. Le trafiquant était ensuite rentré, toujours accompagné et n’avait plus quitté sa taverne qu’en fin d’après-midi pour aller jeter un nouveau clin d’œil au marché, cette fois plus rapide. J’étais resté sur le marché pour faire mes repérages.

Il s’agissait d’une assez grande place pavée au centre de laquelle avait été montée une estrade en bois. Au fond de l’estrade avait été monté un tableau en ardoise sur lequel était encore affichés les derniers prix. Dans le coin  gauche de l’estrade il y avait un petit escalier qui menait à une sorte d’enclos dans lequel on parquait les esclaves en vue de les vendre. Il y avait un autre escalier, symétrique à ce-dernier, au fond à droite de l’estrade, sûrement l’entrée des vendeurs et des propriétaires. Autour de la place il n’y avait pas grand-chose, essentiellement des réserves en brique rouge. C’était compréhensible, qui voudrait habiter là?

Je faisais le tour des bâtiments : c’étaient des vieux bâtiments construits sur deux étages avec des larges fenêtres qui donnaient d’un côté sur la place, et de l’autre sur les rues désertes de ce quartier abandonné. On pouvait lire sur la majorité des bâtiments : « Réserves de Finleye ». Il me fallait trouver un moyen pour accéder à ces bâtiments. Ils devait sûrement m’offrir une vue imprenable de la place sur laquelle venait quotidiennement Helmi. Pour cela j’étudiais de près chaque bâtiment qui étaient en fait identiques. Chacun présentait trois entrées : une porte principale par laquelle les employés et les éventuels clients devaient rentrer, une large porte juste à côté de la précédente, qui permettait sûrement un accès direct aux stocks pour les chargement et déchargement, et enfin une petite porte sur la face gauche qui devait sûrement servir aux commis de transférer les messages directement aux gérants.


Après deux heures d’observation, la nuit commençait à tomber mais j’avais eu le temps de comprendre le fonctionnement de cette machinerie. Dès que quelqu’un voulait récupérer quelque chose, il venait se présenter à la première porte derrière laquelle on vérifiait les papiers du quidam. Ça prenait à peu près un quart d’heure avant que la grande porte ne s’ouvre et que les chargement/déchargement soient effectués. Après la dernière cargaison, je me suis mis à suivre le chariot qui était venu amener des antiquités. Il appartenait à une petite compagnie portuaire qui appartenait, je l’appris sans trop de mal, à un certain Laplace.

Le plan avait commencé à prendre forme dans les méandres de mes cellules grises.


Dernière édition par Ilpo Ruusumeri le Ven 24 Aoû 2018 - 14:01, édité 1 fois
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Le lendemain, j’étais prêt. C’était osé, mais pas trop risqué. Je passais la matinée à griffonner une liste : chandelier, vaisselle de l’île de Drum, assortiment de fauteuils et de canapé de South Blue,… Des objets que l’on pouvait facilement trouver chez tout antiquaire. J’écrivais aussi une petite note : « Monsieur Laplace m’a rappelé, merci de votre aide». Finalement, j'enfilais mon collier en or et j'étais fin prêt.

Vers midi, je pouvais passer à l’action. À 500 mètre environ de la réserve de Finleye, je me mis à courir, vite. Arrivé devant la porte en bois du bâtiment en briques rouges, je sentais mon souffle court qui irritait le fond de ma gorge. L’impression n’allait être que plus réaliste, le plus dur était à venir : la comédie.

Ha.. Ha.. Bonjour ha…. Je viens de ha… la part de Monsieur Laplace ha…. Il a un besoin de ces ha…. objets au plus ha…  vite…

Je plaque la liste sur le comptoir en bois tandis que je m’appuie dessus pour récupérer mon souffle. Un homme me faisait face, corpulent, il était en train de fumer une longue pipe en bois sombre lorsque j’avais déboulé à travers la porte principale. Je remarquais son collier d'or. Sa casquette brune avait pratiquement fait un saut sur son crâne lisse et brillant de surprise. Il écarta légèrement ses lèvres épaisses pour balbutier :

Tout d’abord il me faudrait…

C’est ha… pressé. S’il vous plaît !

Oui oui j’entends bien mais il me faut d’abord voir son sceau.

Ah oui bien sur.. Ha… son sceau… Attendez un instant s’il vous plaît…

Je fis mine de fouiller les poches de mon caban. Là c’était la partie la plus dure, je me concentrais du mieux que je pouvais pour lui offrir un visage sensé représentant le plus grand désarroi du monde.

Oh non ! Il a du oublier !! Je vais me faire étrier !  Oh je sais, si vous pourriez commencer à rechercher ces objets pendant que je cours chercher le sceau, ça le fairait non ?

Je le vis commencer à mouvoir ses lèvres grasses pour exprimer un refus, je le coupai :

Mon boulot est en jeu, allez s’il vous plaît, ça me prendra que 10 minutes pour effectuer l’aller-retour !

Quel désespoir j’arrivais à mettre dans ma voix ! Il ne restait alors plus que la dernière touche :

Je suis même prêt à vous payer une partie de la course pour ça, allez s’il vous plaît !

Je vis l’éclat de l’avarice briller dans ses petits yeux.

Bon allez, tu m’as vraiment pas l’air d’être un mauvais bougre, va ! Je commencerai mais n’oublie pas ce que tu me dois !

Je ne le laissai pas en dire plus que je m’échappais par la porte,

Mille fois merci !

Je m’arrêtai au bout de 50 mètres. Je pris une minute pour reprendre mon souffle. Calmé, je m’approche à pas de loups de l’entrée. Personne à l’accueil ! Ainsi le réceptionniste était au fond, pas si mauvais que ça le bougre. J’entendis au loin des bruits d’objets déplacés, s’entrechoquant entre eux, le tout agrémenté de quelques semblants d’injures. Je déposai un peu d’argent et ma deuxième note sur le comptoir et me glissais en vitesse vers le fond de la boutique, il allait sûrement bientôt être exaspéré. Après un peu de recherche, je trouvais enfin les escaliers. Je montais dans un étage remplis de caisses en bois de tailles des plus diverses. Dans un coin je découvris avec joie des caisses couvertes de toiles d’araignées. Maigre, je me faufilais entre elles et pris mon mal en patience.

Une demi heure s’écoula avant qu’un autre client ne se présente au comptoir. Alors que je pouvais deviner une discussion animée, j’ouvrai ma boîte, sortis de sa cachette le canon et le manche de mon fusil. La ré fa mi ré fa ré mi ré si do laaaa…  je ne pouvais empêcher mes doigts de jouer cet air mélancolique lorsque je montais mon fusil. C’était comme un rituel pour moi, une façon de préparer tout mon corps, mon souffle, mon âme, mon cœur, à la tâche macabre qui m’attendait.
Je regardais ma montre : 13h47. Encore un peu et Helmi viendrait probablement sur le marché. Je me reprenais ma position du tireur couché entre les caisses. Dans mon attentes je vis une araignée commencer à me couvrir de sa toile, J’étais en train de parfaitement me fondre dans le décor.

Après une autre bonne demi heure, un autre client entra dans les Réserves de Finleye. Je sortis de ma cachette et me mis à scruter la place avec ma lunette. Je trouva immédiatement Helmi, assis sur une chaise avec deux esclaves prêts à le porter, le tout entouré de ses deux gorilles. L’un des deux avait un œil au beurre noir, il avait dû trop boire la veille et avait dû se faire provoquer bêtement par un autre ivrogne. D’une oreille, j’entendais comment on ouvrait les grandes portes pour effectuer le chargement. Je mis Helmi en joue. Je le voyais penseur, son menton crochu coincé dans les doigts squelettiques de sa main gauche. Je visais le cœur, toujours si je le pouvais. La ré fa mi ré fa ré mi ré si do laaaa….

Qu’est-ce que… BAM !!!!!

Le coup de feu était parti mais j’avais été déconcentré et imprudent, pas de temps à perdre. Je me retournai vers ce qui semblait être un gamin tétanisé, ses yeux immobiles figés de peur dans ce visage encore imberbe. Je n’hésitais pas, pas le temps, d’un grand swing de mon fusil je frappait se tempe. Il s’écroula sur le sol. Rapidement je rangeais mon fusil dans mon boîtier de violon et me faufilais à nouveau entre les caisses pour rejoindre les escaliers. Je pris un instant pour tâter le terrain mais je n’entendais rien, étrange. Tant pis il fallait que je me dépêche. Je devalais les marches en bois, et m’engageais dans l’arrière boutique, aucun signe du réceptionniste. Je me ruais à travers les doubles portes dans la rue où je le trouvais en train de tranquillement descendre d'une chaise portée par deux esclaves avec un sandwich dégoulinant de graisse dans les mains. Et il m’avait vu…

Qu’est-ce que vous faites encore là vous ?

Je me précipitai vers lui et m’appuya mes mains sur ces épaules comme pour reprendre du souffle. Je pris un air paniqué.

Monsieur, monsieur, il y a un jeune assommé en haut !  Il faut aller chercher de l’aide !

Son visage avait vaguement pâli.

Hein ? Mais quoi ?

Je suis revenu pour une course de Monsieur Laplace quand j’entendis un coup de feu à l’intérieur, je me suis précipité à l’intérieur quand je trouvais un jeune assommé, mais bref !  C’est pas le moment, allez prendre soin du petit, je vais chercher du secours.


Je lui fis une petite tape sur l’épaule et partis sans demander mon reste.
Après deux rues je reprenais un rythme de marche normal, me calquant sur l'activité préssée omniprésente dans Nova Rhodésia. Je trouvais une boutique de location de carrosses. Arborant mon collier d'or, j'en louais un. Les quatre esclaves m'amenèrent vite et incognito à "L'Orchestre Alcoolique", cette auberge portuaire. Je les renvoyais et allais tranquillement m’asseoir au fond de la salle, esquivant les quidam ivres au milieu de ce joyeux vacarme. Rassuré, je me laissais doucement bercer.... Il ne me restait plus qu'à repartir demain.
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