La tragédie d'Erina Loung (partie 2): Première rencontre de courte durée.

La nuit fut agitée entre les gens festoyant tard le soir en bas et les bruits de coup de feu et de cris dans la nuit. En questionnant le gérant, cela était pour lui une soirée des plus tranquilles, il n'avait pas vu cela depuis plus de vingt ans à Noland à en croire ses paroles

Le lendemain, les deux arrivant décidèrent de visiter Noland pour mieux s'y repérer, ce serait utile une fois qu'ils voudraient repartir. Bien que le gérant leur donna un vieux coffre bancale pour y sécuriser leurs affaires le temps de revenir, ils préférèrent tout porter sur eux.

Entre les déjections humaines à même le sol et les cadavres jonçant sur ce même sol depuis quelques jours au moins l'odeur était pestilentielle. Soudain les deux jeunes gens furent interrompus par la charge d'un enfant, des vêtements déchirés, une casquette blanche virant au gris à force d'accumuler la poussière, des cheveux courts roux et des yeux bleus perçants mis en relief par son visage sale.

-Excusez moi  Monsieur je vous avez pas vu.

-C'est rien.

-Est ce que vous n'auriez pas une petite pièce ou à manger si le cœur vous en dit ?

Pas de temps de répondre, à peine Rey prit le sac qu'il portait, contenant les provisions qu'ils avaient fait pour le voyage tandis que Mika avait les vêtements et autres boules de fumée, qu'un groupe d'enfants sortant d'un angle mort s'en saisirent pour se cacher dans la ruelle la plus proche. Le temps de se retourner que la mendiante avait disparu également. Ils s'étaient fait avoir en beauté, de quoi se mordre les doigts pour le coffre proposé plus tôt. Mais Mika plus vive dans sa réaction, était déjà à la poursuite du groupe, aussitôt Rey la suivit.

Au bout de quelques secondes et grâce au passé de Mika, ayant passé beaucoup de temps dans la rue dans son enfance, orpheline très jeune, elle su à la perfection ne pas se faire avoir par les prises de détour faites volontairement pour faire perdre la piste aux poursuiveurs en temps normal, et tout particulièrement au nouveau arrivant en terre inconnue.

C'est ainsi le petit groupe d'enfants, entre sept et douze ans au vu de leur apparence, maîtrisé tant bien que mal qu'ils reprirent leurs affaires. Mais s'apprêtant tout juste à les questionner et possiblement leur faire la morale que le dernier enfant surgit derrière eux. Et prenant plus le temps de le scruter, il s'agissait malgré l'accoutrement d'une petite fille dans la pré-adolescence .

-Hey vous !  Laissez les tranquille où   je m'occupe de vous !

-Arrêtes Erina ! Laisses nous et  vas t'en !

-Comme si j'allais le faire !

La jeune fille prit la première chose lui passant par la main, une barre métallique, et se prépara alors à charger vers les deux révolutionnaires. Ces derniers se concertèrent brièvement sans s'inquiéter   avant de se décider à agir.

-Mika je te laisse les autres  ou tu veux t'occuper d'elle ?

-Je te la laisse j'ai du mal à y  aller en douceur ces derniers temps.

Sans prévenir Rey accouru à toute vitesse vers la jeune fille. Elle fut prise de  court  au vu de leur différence de vitesse et de  carrure,  bien que Rey soit quelqu'un de relativement faible. Profitant de cet instant de choc il donna un coup vif et  précis  à l'aide  de son pommeau  sur la nuque de l'enfant.  Cela eut pour effet presque immédiat de lui faire perdre l'équilibre avant  la faire s'évanouir. Rangeant  son arme dans son fourreau  et prenant la victime inconsciente sur ses épaules tandis que Mika tenait toujours le petit groupe sous la menace de son épée, ne les quittant pas une seconde des yeux.
Arrivé au niveau de sa partenaire il posa en douceur  la prénommée Erina  avec ses camarades.

-Bon, et si on parlait maintenant, il se passe quoi ici ?!

-Plutôt mourir !

Dit l'un qui semblait être un des plus âgé, sûrement un des leader naturel du groupe.

-Ouais c'est une option aussi. C'est parti par lequel je commence ? Rétorqua Mikaela.

Les plus jeunes se regardèrent  avec une inquiétude qui transpirait  de leurs expressions  faciale, mais le même enfant qui  décriait plus tôt qu'il préférait mourir   prit les devants.

-Moi ! Mais à une condition ne les touchez pas ! C'est moi qui ai eu planifié ce vol .

-Hmm c'est qu'il est  brave le gamin tu trouves pas Mika ?

-Oh même très brave. Même si à mon avis c'est  plus proche de la bêtise que de la bravoure.

-J'ai d'ailleurs une meilleurs idée,  si cette Erina passait plutôt en première ? Après tout elle ne ressentira rien et mourra sûrement  très rapidement.

-Oh c'est que tu peux te montrer malin quand tu veux.

À cette  proposition, le leader changea ses plans presque aussitôt tandis que Rey approchait dangereusement  d'Erina au vu de s'en saisir une nouvelle fois. Mais ce n'était pas comme si les deux révolutionnaires allaient vraiment faire du mal à des enfants, ce n'était pas dans leurs natures, tout du moins pas dans celle de Rey. Il s'agissait surtout d'une  stratégie vouée à les faire parler.

-Attendez !  Arrêtez s'il vous plaît, je vous dirais tous mais ne touchez pas à Erina.  Elle a la santé fragile. Je vous en pris !

Une fois la tension retombée, tout le monde avait repris son calme et était plus à même de parler. Erina se réveilla avec un regard noir au départ à l'égard des adultes avant de s'apaiser également suite au conseil du jeune garçon de tout à l'heure. Ils partagèrent ensuite leur histoire aux deux soldats.

Ils étaient au nombre de huit, les plus jeunes Benjamin et Emma avaient tout deux sept ans et étaient frère et soeurs, de faux jumeaux blonds suivant aveuglément les directives des plus âgés. Venait ensuite Milou , Vanessa et Polo âgés respectivement de huit neuf et dix ans. Les deux jeunes garçons étaient bruns et ne s'appréciaient pas beaucoup tandis que Vanessa était rousse, cheveux long et frisés, des taches de rousseurs sur les joues, elle était surtout là pour les séparer quand ils venaient aux mains. Venait alors Niklaus, un jeune albinos de onze ans assez taciturne qui refusait souvent de se mêler aux autres mais n'hésitait pas à venir aider quand la situation le demandait. Restait alors les deux plus grands et leader du groupe, Erina et Claudio, treize ans tout deux. Il était brun le teint mate, les yeux gris, le vissage recouvert de salissure et portant un vieux pull-over en laine rafistolé même en été. Il en était le leader en absence d'Erina et n'hésitait pas à prendre les choses en main si cela pouvait protéger les autres.
Beaucoup d'entre eux étaient soit orphelins soit jeunes fugueurs, ils avaient fini dans la rue et comme dans beaucoup de situations l'union fait la force. Ce qui les poussa à agir de la sorte n'hésitant pas à voler pour subvenir à leurs besoins.

Une fois cela fait, les relations étaient déjà plus cordiales entre les deux révolutionnaires et la plupart des enfants de la rue. À l'exception d'Erina qui ne digérait toujours pas l'humiliation qu'elle avait subi.

-Je m'excuse pour tout à l'heure notre intention n'était nullement de vous faire mal. Pour la peine, prenez ce sac, il tout à vous.

-Sérieux ?! S'écria Vanessa  de vive voix.

-Vous êtes super gentil pour un adulte vous savez ?!  Ajouta  Benjamin.

-Oui c'est trop vrai ! Continua  Emma.

-Nous vous sommes très reconnaissant  monsieur.

-Appelez moi Rey, je suis pas si vieux que ça. Et elle c'est Mika.

-Humm.

-Tu en penses quoi Erina ? On est quitte ?

-Mouais, je vais y réfléchir...

-C'est comme tu voudras.  Bon allez nous on  trace. Si vous avez besoin de quoi que ce soit on est   au  Bateau Ivre.

-Merci monsieur Rey.


Une fois   sortis des ruelles,  Mika n'hésita pas à partager   son ressenti sur la situation.

-Tu es sure que c'est une bonne chose ?  C'était nos provisions , il y avait pour au moins une semaine là dedans.

-C'était le mieux  à faire, c'est des enfants après tout. Ils n'ont pas choisi de vivre cette vie là.

Pas de réponse de Mika mais malgré sa froideur habituelle,  sans un un mot,  elle compatissait  pour ces enfants de la rue, elle  ne savait que trop bien ce qu'ils vivaient.

Les deux révolutionnaires passèrent le reste de la journée à explorer sans s'éloigner du Bateau Ivre avant de finalement retourner à l'auberge, bercés durant la nuit par la même sombre cacophonie que la veille.
Le lendemain matin, les deux arrivants furent réveillés plus tôt que prévu, vers sept heures du matin. Des cris d'enfants au rez-de-chaussé. Arrivant en urgence en bas ils voyaient une partie des enfants de la veille agrippés par le gérant et quelques employés. À leur vu , Claudio les avait reconnus et aussitôt vociféra en leur direction, toujours agrippé.

-Monsieur  Rey,  Madame Mika on a besoin  de votre aide c'est au sujet d'Erina !

-J'tais dis d'arrêter de te débattre et de dégager de chez moi !

-C'est bon ils sont avec nous.

-Ça va coûter plus cher alors.  Et qu'ils sortent de là déjà.

-Ça sera fait,  lâchez les maintenant.


Une fois le gérant et sa cupidité satisfaite il lâcha les enfants qui s'empressèrent de se diriger vers la sortie. Les deux soldats les rejoignirent aussitôt. Leur ton laissez transparaître une forme d'urgence et d'empressement funeste .

-Il faut venir vite, c'est grave Erina a   de nouveau fait une crise !

-Une crise ? Peu importe dites  nous où elle est on verra les détails plus tard.

Ils arrivèrent à grands pas vers une espèce d'amas de carton prêt des bennes à ordure, alignés sur la longueur de l'impasse. Dans l'un d'entre eux se trouvait la jeune Erina allongée, le visage grimaçant de douleurs une coulée de sang s'échappant du coin de ses lèvres. Rapidement Rey se saisit de son poignet pour y tâter son pou, celui-ci était dangereusement bas. Rey reprit alors le dialogue avec les camarades de la jeune malade.

-Qu'est ce qui lui arrive ? Vous avez dit que c'était pas la première fois. Je veux  tous savoir, vite !

-Ca lui arrive souvent  depuis qu'on la connaît mais  ce n'est jamais aussi violent, on savait pas  quoi faire. Vous  êtes les seuls adultes de bien qu'on connaissent , on savait pas qui d'autre voir.

-Je vois pas  de soucie pour ça mais d'habitude elle voit un médecin ou quelqu'un qui s'occupe de ces crises ?

-Non, plus maintenant, avant il y avait une veille dame qui nous aidez de temps en temps et nous fournissait des médicaments mais elle est morte depuis quelque mois déjà.

-Ramenez là dans notre chambre tout de suite on va faire venir quelqu'un.

-Mais le type avait dit que...

-On s'en fiche de ce qu'il dit, c'est urgent !

C'est avec empressement que le groupe prit Erina en forçant la porte de l'auberge, ce qui ne manqua pas de provoquer la colère de l'aubergiste et encore plus lorsqu'il aperçue le même groupe d'enfants qu'il avait chassé plus tôt.

-Hey mais vous faîtes quoi là ?! Je vous avez dit de sortir les morveux !

-La ferme ça te regarde  pas! Je paye ta chambre miteuse, je paye des extras  qui sortent de nul part en plus d'avoir payé plus tôt pour qu'ils puissent rester donc ne me la fait pas à l'envers !

-À  qui qu'tu crois parler là ?!

-Et toi à qui tu crois  parler ? Répliqua Mika le visage  figé sur une expression  froide et menaçante, le regard perçant  et sa lame à quelques millimètres de la gorge du gérant.

-Tu parles je te tue, tu bouges je te tue. Tu respires uniquement parce que je te l'autorise. C'est   clair ?

Il tenta alors de réaliser un hochement de tête en signe d'approbation que de son autre main, libre, elle s'en saisit par le col tout en mettant l'épaule du bras tenant le sabre en arrière pour éviter de l'embrocher. Elle lui cogna la tête violemment contre le comptoir ce qui ne manqua pas de faire saigner l'arcade du vieil homme. Ce dernier s'en remettait à peine que la voilà déjà reparti, maintenant sa tête contre le comptoir qui voyait s'accumuler une flaque de sang à sa surface, mettant cette fois-ci sa lame encore plus près de sa gorge totalement exposée.

-Je t'ai pas donné ordre de bouger !  Cligne des yeux si tu  es  d'accord !

Il n'hésita pas une seconde et s'exécuta, Mikaela pouvait être froide en apparence, mais elle pouvait vite devenir violente lorsqu'elle voulait. Elle lâcha finalement prise, laissant le vieil homme totalement tétanisé par la peur et ajouta d'un ton cinglant.

-C'est pas fini, trouve nous un médecin. Vous devez bien en avoir un dans ce   coin paumé.

Il cligna des yeux frénétiquement en signe approbation, n'osant même plus bouger ou parler. D'habitude Rey était plutôt le pacificateur qui calmait les pulsions de violence dont pouvait faire preuve sa partenaire, mais pas cette fois-ci, lui aussi était à bout, il savait que si Mika n'avait pas agi il aurait très certainement fait pire au vieil homme, elle le savait aussi c'était même probablement la raison pour laquelle elle prit cette initiative. Même pas le temps de calmer ses nerf, Rey reprit alors.

-Ramènes nous  Veniton, demande lui de ramener le meilleurs médecin possible de Golden City, je payerais la course moi même !

Ils installèrent la jeune malade sur ce qui faisait office de lit pendant que Mika était parti sans gêne prendre une serviette humide fraîche pour faire retomber la fièvre dans la cuisine.

'attente ne dura que quelques minutes, mais elle paru interminable tant la situation était critique pour la jeune adolescente. Rey faisait les quatre cents pas en tentant de garder son calme pendant que les camarades d'Erina tentaient quant à eux à la maintenir consciente.

Le médecin arriva enfin, des cheveux noirs crépu , de taille moyenne, carrure trapue, bronzé, de grosse lèvres proéminente, une blouse bien trop grande pour lui et un air simplet. Mais pas le temps de faire les présentations, Rey lui saisit le bras le tira de force jusqu'à la chambre où l'attendait la patiente à peine consciente. Mika prit soin de lui expliquer les détails.

Tout le monde sortit à l'exception de Mikaela pour s'assurer qu'il ne fasse pas quelque chose de louche à la jeune fille, on ne savait jamais, à Noland ils avaient vu tellement de raclures en seulement vingt-quatre heures.

Au bout de trente-cinq minutes le médecin de fortune sortit enfin et Rey pu enfin échanger véritablement avec lui. Ce dernier avait le regard fuyant et cherchait pour une quelconque raison à fuir l'endroit le plus vite possible.

-Son état est grave, j'ai pu la stabilisé mais je ne sais pas ce qu'elle a. Son état est stable pour  le moment.

-Je vois....Merci d'être venu aussi vite.

-Alors pour mes honoraires et  pour l'absence de prise de rendez vous cela vous fera...

-Voyez avec le gérant pour ça.


Répliqua alors Rey sèchement, une colère non dissimulé, tous des rapiats par ici ! La satisfaction du devoir accompli ne fait pas vivre certes, mais passer aussi vite du pronostique vital engagé d'Erina à ses honoraires, d'un simple revers, comme si un quelconque absurde équivalent pouvait exister ! Cela l'agaçait au plus au point, surtout venant d'un médecin. D'ailleurs il partit aussitôt, après avoir pris son dû auprès du gérant.

Veniton ne vint que deux heures après, essoufflé et dévoilant pour la première fois sa chevelure rousse broussailleuse. Et comme deviné à leur première rencontre, un oeil de verre l'oeil à moitié fermé, son visage était marqué par la fatigue et le poids des années.

-Veniton, je veux que tu me ramènes le meilleurs médecin que tu puisses trouver à Golden city, ici de toute urgence.

-Mais vous plaisantez ? Le temps que j'aille le chercher et le ramener   la nuit sera déjà tombée  depuis longtemps.

-Ça je m'en fiche, ramène en un et puis c'est tout. Je te payerais gracieusement pour cette mission.

-Si vous me prenez par les sentiments.  J'y vais de ce pas.

-N'oublies pas de ramener avec lui  tout le matériel adéquat !

Sans réponse, le petit homme repartit aussitôt sans perdre une seconde à coup de petites enjambées  au vu de ses petites jambes. Pendant  ce temps  tout le monde était au chevet de la malade en espérant d'un vive espoir que cela allait s'arranger.