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Who's the fairest of them all ?

Jardin à la française, les bosquets et les haies parfaitement symétrique embrassaient avec délicatesse un joli parc et son gazon millimétré. Sans extravagance, les fleurs explosaient çà et là dans une harmonieuse composition : roses, iris, bleuets et pensées s’abreuvaient d’un soleil radieux et répondaient de leurs couleurs assorties. Une fontaine, ornée des armoiries de la famille hôte, crépitait au son des gammes de l’orchestre mandaté pour l’occasion. Les violons et les flutes faisaient danser les branches d’arbres, emporté par une douce brise leur doux son ravissait les invités. Chacun s’asseyait sagement à sa place, impeccablement alignées au centre du jardin en deux identiques rangées, les chaises de bois blanc étaient incroyablement confortables et les convives s’en réjouissaient comme de tant d’autres choses. Gloussements, potins et franches accolades s’épanouissaient dans cette foule, mais une personne au moins ne s’y sentait pas à sa place.

"Honnêtement… qu’est-ce que je fais là ? "

Flanqué d’un costume bon marché, Raphaël avait abandonné son uniforme de croupier pour une tenue plus cérémoniale. Nœud papillon droit et bien tiré, gant de soie et chaussure cirée jusqu’à la pointe, son habit avait beau ne pas jurer avec ce nouvel univers, il ne s’en sentait pas moins mal à l’aise. Pas qu’il ne soit étranger aux discussions mondaines, c’était déjà arrivé à sa table de jeu que l’élite lui fasse vent de leurs importantes préoccupations, mais échanger d’égaux à égaux avec eux cela sonnait bien trop faux. D’autant que certains d’entre eux seraient ses clients le soir même.

"Tu profites du beau temps et d’une somptueuse cérémonie, n’est-ce pas plus agréable que de rester enfermé toute la journée à bord du bateau ?
- Probablement… Surtout que Bleue et Pourpre devenaient insupportables à l’approche de l’événement, les préparatifs les rendent complètement cinglées.
- Alors réjouis-toi d’avoir pu leur échapper.
- En un sens ouais… m’enfin j’aurais quand même préféré échapper aux préparatifs de la soirée ET à la cérémonie.
- Hé hé. Pas sous ma garde, cela m’aurait fort embêté de me présenter seul avec deux invitations. Rose est une très bonne amie et je sais que du fait de l’influence de sa belle-famille, les places accordées à ses invités à elle étaient rationnées. Cela n’aurait pas été correct.
- C’est l’amie peintre avec laquelle vous arpentiez les mers dans votre jeunesse non ?
- Une vraie lady, malgré ses origines modestes je te défie de le différencier d’un de ses dames de bonne famille.
- Oui mais… De ce que vous m’en racontiez elle n’avait de toute façon pas tant de famille que ça, si ?
- Bien vu. Mais trop tard hé hé. "

Un petit sourire aux lèvres, passant ses doigts dans sa barbe blonde d’une façon moqueuse, Monsieur Topaze signifia à son apprenti croupier que tout le monde avait fini par gagner son siège. Les instruments s’étaient tus et la cérémonie s’apprêtait à commencer. Cela faisait des semaines qu’on parlait de l’organisation de ce mariage sur tout East Blue : l’aînée de la famille Richilde allait passer la bague au doigt de son ancienne professeure des beaux-arts. Et si dans la famille, on était ouvert et progressiste, cela n’avait pas empêché à l’histoire de faire scandale. L’écart d’âge était une chose tacitement admise dans les hauts-cercles, mais qu’un des leurs pusse choisir de s’unir à la classe populaire… Dès que la rumeur s’était répandue, tout le monde avait cherché à se faire inviter à cette union défiant la chronique.

L’exclusivité des meilleurs racontars seraient à ceux qui y assistaient.

Et quant au Gambling Blue, célèbre casino flottant qui parcourait les mers bleues pour y faire vivre le frisson du jeu, il avait été choisi, du fait de l’amitié entre Rose et Monsieur Topaze et des bonnes relations qu’entretenait le propriétaire avec la bourgeoisie Sirupienne, pour accueillir la soirée qui ferait suite à la cérémonie. Les grands moyens étaient déployés et depuis que les préparatifs avaient commencé l’atmosphère était devenue plus pesante pour les employés.

"Je vous le revaudrai… " lâcha Raphaël piquant alors qu’une musique légère accompagnait l’arrivée d’une des mariées, il n’était pas si mécontent d’être au grand air, mais le fait de servir de faire-valoir l’incommodait.

L’assemblée se retourna comme un seul homme, les yeux rivées sur l’allée de pétales qui menait de l’autel jusqu’à l’entrée du parc. La quarantaine, sublimée dans une robe de satin qui la dessinait comme une cascade, Rose était au bras de son père. Ses cheveux tirés vers l’arrière étaient un bouquet de fleurs épanouies dans leur plus bel âge, elle commença à s’avancer et les langues les plus acerbes ne purent s’empêcher de lâcher des compliments. Elle était plus ravissante que n’importe quel jeune femme dans l’assistance.

Les notes s’envolèrent et ils franchirent la première arche fleurie, marchant au pas, sereinement  quand tout à coup Rose manqua de trébucher visiblement instable sur ses talons. Son père la retint et les moins attentifs ne virent rien. Seulement quelques pas plus tard, elle s’arrêta, tressauta et retint un hoquet malencontreux. Son père lui chuchota quelques mots sans laisser rien paraître, ils continuaient à avancer.

"Un peu mal à l’aise pour une lady…
- Effectivement… Le stress peut-être." conclut Monsieur Topaze, les sourcils froncés et les lèvres pincées alors qu’autour d’eux on se montrait bien plus médisant sur l’allure de la pauvre Rose.

Laborieusement, ils gagnèrent l’autel et se mirent en position pour accueillir Blanche, sa future femme, qui serait la suivante à défiler. Rose eut un autre soubresaut.

Quelque chose n’allait définitivement pas.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 10 Jan 2020 - 13:23, édité 3 fois
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Franchement Irysia, je ne pense toujours pas que c'était une bonne idée !
Lorédia. Je te l'ai déjà dit, les humains me connaissent sous le nom de Lorédia.
D'accord, Lorédia. Mais ça change rien au fait que j'ai rien à faire là moi ! Et si on me reconnaissait ?!
Allons, Séléna, cesse de t'inquiéter et profite de l'instant présent ! Ah, regarde, voilà Blanche qui arrive, n'est-elle pas magnifique ?

Et tandis que Lorédia étire le cou pour mieux apercevoir la jeune femme qui s'avance dans l'allée de pétales, moi je rajuste discretement ma perruque de cheveux bleues que j'ai déjà utilisé sur Logue Town. Non mais franchement, pourquoi Lorédia m'a embarquée là dedans ! Soit disant pour me remercier à l'avance d'aller sauver son île céleste... Super le cadeau !

J'espère pour toi que tu as vu juste sur la pièce montée au chocolat...
Ne t'en fais pas, Rose aime ça au moins autant que toi.
Si tu le dis...

La patience... Ça m'a toujours fait défaut. Mais lorsqu'on me promet un tel dessert, je veux bien essayer de m'y contraindre. Alors je cesse de gigoter sur ma chaise en surveillant tout acte hostile à ma présence, rajustant simplement ma fine cape qui sert à planquer mes ailes et me concentre plutôt sur la seconde mariée, elle aussi au bras de son père. Ses longs cheveux blonds cascadent dans son dos en décrivant des boucles harmonieuses. Seule une couronne de fleurs blanches habille sa tête, les mêmes fleurs qui coiffent Rose. Un effort d'harmonisation entre ces deux femmes qui à première vu n'ont pourtant rien en commun. L'une est brune, l'autre blonde. L'une petite, l'autre grande. Rose doit avoir quarante ans tandis que je soupçonne Blanche d'être plus jeune que moi.

Ce qui est sûre, c'est qu'elles sont aussi belles l'une que l'autre.
N'est-ce pas ? Bon, je l'avoue, c'est un peu grâce à moi.
Tu m'en diras tant.
Ah, tu ne me crois pas ? Et d'après toi, elle a quel âge, Rose ?
Et bien, quarante, pas plus, pourquoi ?
Elle aura 53 ans dans deux mois.
QUOI ?!
CHHHUUUUT !
Oups, pardon, pardon.

C'est clairement pas le moment de me faire remarquer, et pourtant, maintenant, j'ai des dizaines de paires d'yeux braquées sur moi. Heureusement, Blanche, elle n'a pas l'air de m'avoir entendue. La voilà d'ailleurs, qui, embrassant chaleureusement son père, monte les dernières marches de l'autel seule pour se positionner en face de sa chère et tendre. Et alors que le prêtre commence son discours, je me penche vers l'oreille de Lorédia pour continuer notre conversation plus discrètement.

C'est vraiment possible de faire un tel miracle avec une simple crème de jour ?
Elle n'a rien de simple, tu sais. J'ai du parcourir un bon nombre d'endroits pour réussir à trouver la formule parfaite.
Alors elle marche vraiment ?
Bien évidemment, comment crois tu que j'ai réussi à conserver ma propre jeunesse ?
Bah, je t'avoue que quand tu me l'as dit, je pensais que ça devait être un truc d'ange plus qu'un secret de beauté...
Désolé de te décevoir ma grande, mais non, les anges n'ont pas ce genre de pouvoir.

Zut. J'aimais pourtant bien l'idée de rester avec une belle peau comme la sienne aussi longtemps... Mais si je comprends bien, si je ne veux pas finir toute ridée, il faudra moi aussi que je fasse des efforts... Un jour...
Quelle plaie.

Ne t'inquiète pas, je t'en donnerai un pot...
Euh... Ce ne sera pas nécessaire... Après tout, je suis encore trop jeune pour...
Saches qu'il n'y a pas d'âge pour entretenir sa peau ! Maintenant tais toi, je veux entendre les voeux !

M'appuyant lourdement sur mon dossier, je souffle sur une mèche de cheveux bleue qui gène mon champs de vision, légèrement vexée dans mon amour propre par cette discussion. Alors je porte mon regard au couple qui se tient la main, face à face. Et tandis que Blanche récite les mots du prêtre avec ardeur, Rose quant à elle, à l'air plus crispée que jamais et ne dit pas un mot. Ce qui à tôt fait d'entacher l'humeur de Blanche, qui soudain, devient inquiète, comme toute l'assistance d'ailleurs.

L'atmosphère se tend très vite. Une atmosphère peu habituelle dans ce genre d’événement. Parce qu'en général, il n'y a pas de suspens et à la fin, les amants disent oui.
Or là, Rose reste silencieuse malgré un hoquet. Suivit d'un autre. Et d'un autre. Le stress sans doute, avec tous ces regards braqués sur elle. Ces regards énervés, outrés. La pauvre, j'ai de la peine pour elle.

Mais alors que ses yeux oscillent entre chaque invité, les voilà qui viennent finalement se poser sur la deuxième mariée. Et tandis qu'il se passe une seconde de silence qui parait une éternité, Rose est soudain cachée par un nuage de fumé aussi improbable qu'inattendu.

Quelques secondes de plus et la fumée se dissipe enfin, laissant une Blanche en proie à un choc émotionnel la figeant sur place tandis qu'à la place de Rose, il n'y a plus personne.

Plus personne, oui, mais pas plus rien...

Ce serait pas... une grenouille ?!


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L’intriguant défilé avait continué et Raphaël s’était peu à peu rendu compte que d’autres convives se comportaient étrangement : agités des mêmes spasmes que la mariée, complètement assommés ou jusqu’à un de leurs voisins qui, sous les protestations gênées de sa compagne, mordillait son avant-bras.  Et alors qu’il partageait ses observations avec son mentor, l’impensable les prit de court.

Sans un « oui », sans un baiser pour conclure l’union, Rose disparut dans un panache de fumée et un croassement trop longtemps contenu.

"Que… Mais… Quooooi ? " s’abasourdit Raphaël dont la réaction fut partagée par la plupart des invités, en tout cas ceux qui ne s’évanouirent pas à leur tour dans un nuage de fumée pour laisser place à autant d’animaux.

La panique gagna aussitôt l’assistance, les phobies se superposant aux situations irréalistes, les chaises valsèrent hors de leurs lignes bien rangées, les cris stridents s’élevèrent en chœur et leur pauvre voisine fit un malaise lorsqu’elle vit qu’un Dobermann était en train de lui ronger le bras. La situation était totalement impossible et les plus optimistes se tournèrent vers les organisateurs de l’évènement, espérant qu’on leur annonce que cette animation n’était rien d’autre qu’une vaste blague, que rose allait réapparaître dans une pluie de confettis accompagnée des disparus.

"Bordel, mais qu’est-ce qu’il est en train de se passer ?! Un fruit du démon ?! Qui ?! "Debout, à l’affût du moindre individu suspect, Raphaël était à peu près sûr que ce qu’il se passait était le fait des pouvoirs d’une personne. Même s’il en connaissait peu sur ces étrangetés de son univers, Raphaël savait d’expérience que les phénomènes paranormaux leur étaient souvent liés.
"Pour le fruit, je ne pourrais pas te dire, mais ça m’a tout l’air d’être une prise d’otage… "

Sortis des rangs des convives ou du personnel, des gorilles lourdement armés rabattaient ceux qui envisageaient de fuir. La sécurité de l’événement avait été sapée et le jardin était cerné. Mais ces hommes de main n’auraient rien été sans leur meneur.

"Miroir, miroir… Mes chères âmes nobles je vous souhaite la bienvenue à cette célébration d’amour et de tolérance ! Un événement rare, délicieux ~"



Les derniers mots avaient été susurrés, mais tout le monde les entendit. La démarche chaloupée, l’homme qui un instant plus tôt se présentait sous l’apparence du père de Rose avait du coffre et une aura singulière. Maigre, presque squelettique dans son pardessus déchiré et ouvert pour être rendu plus confortable, il avait les traits émaciés et un air narquois qui en disait long sur sa responsabilité dans l’affaire. Jouant avec une boule dorée qu’il promenait entre ses doigts, il laissa planer le doute et le silence quelques instants, n’explicitant ni sa faute, ni ses intentions, ni son identité.

"Henri… C’est toi ? Qu’est-ce que… Qu’as-tu fais à rose ?...OÙ EST ROSE ?! " s’emporta Blanche, la grenouille qui avait été son aimée entre les mains, aussi troublée par sa disparation que par l’apparition d’un souvenir de jeunesse.
"BON DIEU FILS, QU’EST-CE DONC QUE CETTE HISTOIRE ?! DE QUEL DROIT TE PERMETS-TU DE TE PRESENTER SUR CETTE ÎLE APRÈS TOUTES CES HUMIL- " un des convives était devenu rouge de colère, aisé et visiblement de bonne famille il partageait de nombreux traits physiques avec l’intriguant, mais la balle qu’il reçut en pleine tête l’assomma. Aussitôt, ramenée par un filin élastique, elle revint se promener dans la main de son propriétaire.
"Merci père pour ton intervention, mais comme toi, elle n’est pas utile ~" il ricana de son trait d’humour douteux tandis que les plus proches se précipitèrent au chevet du blessé, puis se tournant vers la mariée reprit de sa voix doucereuse "Miroir, miroir… Blanche, ma douce, tu comprendras bien que je ne pouvais pas manquer le plus beau jour de ta vie ! Dès que j’en ai eu vent, j’ai terminé mes affaires en cours et me suis pressé de rentrer dans ma mèftirére patrie…. " il prit une nouvelle pause, puis souriant et dévisageant l’assemblée il reprit "Miroir, miroir… Chers convives, chers compatriotes, vous n’avez pas changé ! Monsieur le maire, Dame Lorédia, Monsieur et Madame Richilde ~ "

Et tandis qu’il continuait de saluer narquoisement ces connaissances d’une autre vie : Raphaël et son accompagnateur libérait leur infortunée voisine des crocs du molosse, Lorédia et la jeune femme aux cheveux bleus à sa suite se rapprochaient de l’autel en calmant et rassurant ceux qu’elles pouvaient sur leur passage, Blanche quant à elle s’était saisi d’un chandelier et s’apprêtait à frapper l’enflure dans le dos.

Mais celui-ci perçut son intention et s’écartant pour éviter l’attaque, envoya sa balle comme un poids lesté pour enserrer les poignets de la mariée, elle lâcha son arme et se retrouva tirée dans les bras de sa cible, portée et maintenue comme la petite chose fragile qu’elle avait toujours refusé d’être.

"Voyons, est-ce une façon de retrouver un amour de jeunesse ma tendre ?
- … Je pensais pourtant avoir déjà été claire… Je ne t’aime PAS. " et ce disant, la jeune femme toute incommodée par sa tenue cérémoniale et la position inconfortable dans laquelle elle était, trouva la force de décocher le plus beau crochet du droit-gauche qu’il ait été donné de voir à toutes les personnes présentes, se libérant au passage "Bon sang tu es complètement cinglé, qu’est-ce que tu veux Henri ? "
- Comment osez-vous comporter ainsi avec ces ladies ?!
- Où est Rose ? Où sont les autres disparus ?! La marine est déjà en route. "

Monsieur Topaze et Lorédia défiaient toute prudence, mais si la situation dégénérait, ils savaient tout deux pouvoir compter sur leurs accompagnateurs. Si ce n’était eux, personne d’autre ne serait venu épauler Blanche. La démonstration de force, de celui qui n’était autrefois qu’un enfant mal éduqué, les en avait dissuadés. Le sourire perdu, se massant sa joue douloureuse, l’invité surprise reprit d’un ton plus sérieux.

"Miroir, miroir…Peu importe la marine. Vous êtes bien pressés. Soit alors, trêve de spectacle, restons synthétique. " sa voix doucereuse avait pris un ton ennuyé, ce n’était pas la première fois que la jeune femme le repoussait mais c’était encore une fois de trop "Pour ceux qui ne me connaissent pas mon nom est Henri Baker, le prestidigitateur un pirate primé à 30 Millions de Berrys connu pour être sans-pitié. Miroir, miroir… Toutes les personnes disparues ainsi que la mariée du nom de Rose Rotmärchen sont entre mes mains. Vos vies le sont également. Remettez tous vos biens de valeur à mes hommes et réunissez une rançon de 300 Millions de Berrys avant ce soir 20h ou nous commencerons les exécutions. "

Ceci dit, les couards qui n’avaient perdus personne se précipitèrent vers les hommes à présent armés de grand sac en toile pour se déposséder de tous leurs biens et regagner au plus vite leur liberté.

"Quant à vous ma chère, si vous souhaitez revoir votre « aimée », je vous propose gracieusement de m’accompagner ~ "

Son aigreur bien vite oubliée, il tendit avec révérence sa main ouverte à la jeune femme. Raphaël n’en put plus de ne rien pouvoir faire, d’un accord complice avec son mentor, ils se décidèrent à intervenir. Alors que le premier d’un habile coup de canne renversait le colosse qui leur faisait obstacle, le vert se précipita par cette ouverture pour intervenir.

"Stop, on ne va pas se laisser traiter comme ça ! Blanche ne l’écoutez pas ! "

Pesant rapidement le pour et le contre, les pensées de Blanche étaient toutes tournées vers Rose et elle n’entendait rien d’autre. Elle prit la main de Baker et il l'incita à s’asseoir au bord de la fontaine, y plongeant son autre main. La manœuvre surprit Raphaël, mais s’attendant à un mauvais tour il pressa le pas. La même intuition frappa Lorédia.

"Iz- Séléna, VITE ! "

Les réflexes aiguisés, la demoiselle aux cheveux bleus débarassée d’un autre homme de main, analysa en un instant la situation et rattrapa Raphaël en quelques bonds.

Trop tard.

Le prestidigitateur plongeait sur le côté en emportant la blonde. Coiffe. Corset. Jupe. Et bientôt jambes disparurent dans cette eau sans fond.

Les deux jeunes gens, se penchant sur la fontaine, n’eurent que le temps de saisir la traîne de la mariée.

Emporté dans leur élan, ils se sentirent entraînés. Une inévitable attraction les emporta dans l’eau de la fontaine, tête la première.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Mer 6 Juin 2018 - 15:45, édité 1 fois
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Mais qu'est ce que c'est que ce...
Mais où est ce qu'...
Mais c'est qui l...
Mais pourquoi ?!

Pourquoi je suis là moi ?! Je les connais même pas tous ces gens ! Et pire, si eux me connaissaient ils voudraient surement me tuer ! Alors pourquoi ?!
Pourquoi je me retrouve dans ce monde bizarre, trempée de la tête aux pieds, avec ce type bizarre qui me regarde bizarrement comme si j'étais la pire criminelle du monde alors que moi, dans tout ça, je n'ai rien fait si ce n'est essayer d'aider une pauvre mariée ?!
Et pourquoi elle me dévisage, elle aussi ?!
Et on est où là au juste !

Non parce que j'ai beau regarder tout autour de moi, je ne reconnais rien ! On dirait juste qu'on est dans une GRRRRAAAANDE pièce remplie de miroir ! Et derrière nous, une fontaine ? NON ! Un autre miroir ! Ou plutôt une fenêtre ? Une fenêtre avec un bord travaillé de miroir ouvragé... Et qu'est ce qu'on voit au travers ? Une masse bleue, flottante, au contour flou... Comme si... Comme si c'était des fils, ou plutôt des cheveux.
Cheveux ?

Je tire mes cheveux devant mes yeux. Rouge.
Ah d'accord... Je vois le malaise.

Bon, on se calme tout de suite, le grand méchant de l'histoire c'est pas moi ! D'ailleurs je ne devrais même pas être ici.
Miroir, miroir... Alors qu'est ce qu'une supernovas fait donc là ?
Ça, j'ai envie de dire, c'est pas tes oignons. Alors relâche la jeune Dame, et sa chérie aussi, qu'on finisse le mariage et qu'on passe au dessert.

Je me relève et essore ma robe avant de l'épousseter histoire d'être un peu plus crédible et présentable pour mener à bien cette négociation. Mais avant même que j'ai le temps de me redresser pour faire face à cet importun, de la fumée apparait en face de moi et l'autre type au cheveux vert, faisant disparaitre Henri et la mariée.

Non mais c'est une blague ?!

En désespoir de cause, je me tourne vers ce type qui est à mes côtés. L'attrapant par le col, pressée et surtout pressante, je le regarde dans les yeux comme si notre vie dépendait de sa réponse.

Tu l'as vu partir ? Dis moi que tu l'as vu partir !

Parce que moi, je n'ai rien vu. Trop occupée que j'étais à croire que les gens sont sympas et respectueux de leurs interlocuteurs. Non ! Non. Mais j'aurai du m'en douter vu l'accueil qu'ils m'ont offert sur cette île il y a deux jours : en me fermant toutes les portes au nez et en me balançant des pierres à la gueule !

Et je me retrouve quand même à essayer de sauver un mariage de gens que je connais même pas !

Bordel, y'a pas de justice ! Juste du chocolat.

Voyant que l'autre ne me répond pas, je le secoue vivement.

Alors ?! Tu m'écoutes ou pas ?!
Euh... Non mais qu'est ce que...

Ah bah bravo. Il m'écoute pas et en plus il l'avoue !

On est où là ? Est-ce que c'est l'eau de la fontaine qu'on voit à travers le miroir ? C'est bien un miroir, hein ?

Je le lâche, le jette presque. Le mec sert à rien.

En fait, t'as rien suivi, hein ?

Pinçant l'arête de mon nez au niveau de mes yeux, je tente de m'éclaircir les idées et surtout de me calmer. Parce que là, la situation commence à m'énerver. Elle est bien sympa, Lorédia, à vouloir me faire aider tout le monde, mais moi, j'ai rien demandé à personne !

Oh mais elle, c'est pas la femme qui était avec vous ?

Je me retourne vivement vers le miroir-fenêtre et regarde le visage de mon amie ange aux ailes amputées apparaitre tout en étant légèrement déformée par l'eau. A priori, elle pointe du doigt le miroir et très vite, d'autre gens apparaissent et ont l'air de sortir la fenêtre de l'eau.
Alors, ni une, ni deux, je m'approche du cadre et commence à taper dessus.

LORÉDIA ! ON EST DEDANS ! TU M'ENTENDS ? HÉ HO !
Ils ont pas l'air de réagir... On est coincé ?
Pas pour longtemps.

A cet instant, je regrette un peu de ne pas avoir pris Narnak avec moi malgré les protestations d'Irysia sur le fait que porter un sabre de pirate à un mariage, ce n'était pas quelque chose de convenable. Mais ce n'est pas très important.
Adoptant ma forme hybride, je recouvre mon point de Haki et frappe avec force dans le miroir avec la ferme intention de briser cette vitre qui m'empêche de rejoindre mon amie.

Manque de pot. C'était bien un miroir, et non une vitre. Donc lorsque le miroir se brise et derrière, il n'y a qu'un mur.

Et merde !

Autour de moi, y'a des petits bouts de miroir qui reflètent des invités forts surpris de se retrouver devant un miroir brisé. Mais quelle plaie !

Ah. Du coup on est coincé...
Ouais bah ça va hein ! T'avais une meilleure idée peut être ?!
Euh, non non...

Soufflant, je me détourne de lui et m'agenouille pour ramasser un morceau de miroir, cherchant une solution à ce problème. Si c'est bien l'effet d'un fruit du démon, et c'est forcément ça pour être aussi bizarre, alors il me faut retrouver ce type qui doit en être l'utilisateur, mais où est il ?...

Et euh... sinon... euh... Vous... Qu'est ce que vous faites là ?

Furieuse, je me tourne vers ce pauvre type qui ne me sert à rien si ce n'est à me déconcentrer.

Là, tout de suite, je cherche à trouver un moyen de retrouver ce fumier qui compromet ma dégustation de pièce montée au chocolat pour lui apprendre les bonnes manières. Alors soit tu m'aides, soit tu restes là et une fois que je l'aurai... disons... "éduqué", je repasserai te chercher pour nous sortir de là.

Où je t'oublierai. Mais si t'as peur, j'préfère pas t'avoir dans les pattes...

Ceci étant dit, je regarde autour de moi et je commence à avancer droit devant moi en comptant sur la chance pour trouver ma cible. L'autre au cheveux vert, il me suit, il me suit pas, je m'en fiche un peu.

Mais bon, forcément, avec le miroir que je viens de briser, faut peut être pas que je m'attende à des miracles niveau chance...


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C’était complètement hallucinant.

"Ce n’est pas ce que je voulais dire enfin !... Bien sûr que je suis là pour aider… Mais enfin… qu’est-ce Izya, le dragon rouge échappé d’Impel Down vient faire dans un mariage des Blues ! Enfin, votre prime est complètement hallucinante !
- Ca me fait une belle jambe."

En train de perdre les pédales ? C’était peu dire pour résumer ce qu’il se passait dans la tête de Raphaël. D’une situation cocasse, piégé dans un mariage auquel il n’avait aucune raison d’assister en premier lieu, puis confronté à d’étranges métamorphoses, il se retrouvait à présent dans une dimension absurde dans laquelle haut et bas n’avaient aucun sens, mais surtout accompagné d’une des plus grandes terreurs de l’équateur. Et le pire était que passée la surprise, cela ne l’effrayait même pas : quoiqu’un peu grincheuse et pourvu d’un appétit compulsif, Izya avait tout l’air d’être une bonne personne.

Il avait appris dans son enfance que les jugements de cours n’étaient jamais les plus justes. Son avis, il était bien assez grand pour se le faire lui-même. Et au vu de la situation, son pragmatisme l’emportait sur la peur de finir broyé ou calciné.

Ayant aussitôt emboîté le pas de la dragonne, Raphaël remit en place une mèche de cheveux trempés tout en scrutant le moindre détail de ce qui les entourait. Des miroirs, de toute taille et de toutes formes, dès qu’on s’approchait d’eux on pouvait distinguer à travers des environnements bien différents. Tantôt le feu d’un foyer, tantôt l’intérieur d’une chambre ou de somptueuses décorations.

"S’il y a bien une chose certaine, c’est que c’est l’œuvre d’un fruit du démon. Tous ces miroirs semblent être des portails et… " accompagnant son exploration et son analyse du monde miroir, Raphaël s’arrêta en face au reflet d’une femme en robe de chambre, occupée à se poudrer. Réalisant quelque chose, il imita son geste en grimaçant "si ce fruit confère les capacités d’un miroir peut-être peut-il également créer des reflets ?
-Et faire passer des animaux pour d’autres personnes… possible. P’tet pas si inutile finalement, par contre ça ne nous dit rien sur ce que sont devenus les kidnappés.
-Certes."

Ses pensées se remettaient peu à peu en ordre et son esprit analytique s’activait. Des chambres, des salles de bain, des intérieurs… L’essentiel de ce que montraient ces miroirs était des intérieurs. Simple, travaillés ou ornés, vieillis et parfois même jaunis par le temps, les portails étaient de toute époque et de tout genre et Raphaël en conclut très rapidement qu’ils ne devaient pas être la création d’Henri Baker. Son fruit devait donc au contraire lui permettre d’accéder à tous les miroirs dans son périmètre.

Le monde miroir semblait s’étendre dans toutes les directions à l’infini… Autant dire qu’ils pouvaient être partout sur Sirup. Et eux étaient incapables de faire chemin inverse.

" Et t’as un nom où je continue à t’appeler machin ? " le coupa Izya dans ses réflexions, leur
- Raphaël, je suis vie-.
- Raffaaeeeello… " articula la dragonne dans une plainte misérable alors que ses entrailles se manifestaient dans un gargouillement peu élégant "Pourquoi est-ce que tu devais forcément avoir un nom de bonbon au chocolat…et de révo, m’enfin là on s’en fout, je crois que je préfère machin…. RENDEZ-MOI LE CHOCOLAAAAAT !
- … Va pour machin. " négocia Raphaël qui finalement se rendait compte qu’accompagner la rousse n’était pas sans risque "M’enfin c’est vrai que le buffet était ce qu’il y avait de plus attrayant dans ce mariage, ça et les mariées. Elles étaient magnifiques, vous les connaissiez ? " s’exclama-t-il pour changer subtilement de sujet.
- OOOOOH ! Ça c’est vrai qu’elles étaient magnifiques !
- Magique, grandiose, j’aimerais tellement avoir des jambes pour porter de si jolies robes en toute saison hihi ! "

Préoccupés par le fait de retrouver au plus vite Baker et ses captives, Raphaël et Izya avaient avancé sans se rendre compte qu’on s’intéressait à leur discussion. À l’entente de ces voix, ils se retournèrent comme un seul homme, l’une déployant ses écailles et l’autre prêt à dégainer ses pièces de monnaie à la vitesse d’une balle. Mais personne ne les suivait. Méfiants, leur regard s’agita de droite à gauche avant qu’on ne vienne les aider.

"Ici mes chéris, nous sommes ici ! "

La mâchoire de Raphaël manqua de se décrocher quand il comprit qu’un miroir était en train de lui adresser la parole. Rondouillette, ceinturé d’un bel ornement en bois peint qui rappelait des formes végétales, celui qui venait de les héler donnait sur une pièce rose bonbon richement décorée de tableaux et de meubles patinés. Il n’avait ni bouche, ni quelconque appendice qui puisse lui permettre de parler, mais sa conscience et ses mots étaient comme une résonnance qui émanait de lui. La limite de l’absurde ayant été atteinte depuis déjà un moment, le vert se ressaisit toutefois rapidement pour partir à la pêche aux infos.

"Est-ce vous les avez-vu Blanche et son ravisseur ? Par où sont-ils partis ?
- Et Rose, vous savez où est Rose ? La seconde mariée.
- Hmmm... La quarantaine, 36 parfait, belle et impeccable ?
- Ça doit être ça.
- Oui, mais je ne sais pas bien où il la retient elle et les autres qui sont arrivés aujourd’hui. Tu sais-toi ?
- Non, mais je crois que le patron a construit une planque pas loin, Berthe m’en a parlé l’autre jour " lui répondit le miroir adjacent.
" Où ?
- Aucune idée hihi.
- Oh et tiens d’ailleurs tant que j’y pense si vous cherchez ce cher Henri, il doit être en train de récupérer ses employés un par un, leur rendez-vous est dans… dix minutes. " réintervint la première comme si elle venait de consulter l’horloge comtoise dans la pièce de l’autre côté de son miroir.
- Où ?!
- Aucune idée.
-
- Ah mais tiens, vous pouvez récupérer un plan auprès de Marlène.
- Marlène ?
- Bah oui, Marlène la boule à facettes. Après c’est vrai que parfois elle se fait appeler Tony.
- Pedro l’autre soir.
- Et hier c’était Jeanne " intervint un troisième miroir en fer forgé qui n’avait pas pu contenir son exaspération.
"Enfin, vous nous comprenez toute éclatée qu’elle est, ça ne doit pas être facile de rester constante et stable. Sa personnalité  a…  comment dire… plusieurs facettes !
-Hihihihihi !
-
- C’est vrai que c’était drôle!
- Non.
- Et… où est-ce qu’on peut la trouver cette Marlène-Tony-Jeanne-Pedro ? " tenta Raphaël qui sentait que les miroirs n’allait pas survivre à l’exaspération de la dragonne.
- Oh bah juste là-haut, regardez, elle vous fait coucou ! "

Et en effet, suspendu à un plafond qui -comme l’intégralité de ce lieu, coudé, tordu et absurde- n’en avait que le nom, une énorme sphère, couverte d’éclats de miroir qu’on avait rassemblé pour en faire une boule à facettes digne des plus grands disco-club, étaient en train de se balancer pour attirer leur attention.

Le vert écrasa sa main droite sur son visage. Avec tout le bon sens qu’il lui restait.
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Ça devient vraiment n'importe quoi tout ça. Et pourtant, j'en ai vu d'autre, notamment à Impel Down où les murs bougeaient dans tous les sens, où les températures d'un étage à l'autre n'avaient ni queue ni tête et où toutes les créatures qu'on croisait n'étaient que d'horribles mélanges de plusieurs animaux.

Et malgré tout ça, j'arrive quand même à être légèrement perdue par la situation dans laquelle je me trouve. Et quand je me perds, je m'énerve. Parce que se perdre ça fait perdre du temps, et que le temps perdu, c'est du temps où je ne mange pas de chocolat, où je ne dors pas, où je ne forge pas... Bref, c'est vraiment tout pourri.

Alors je regarde ces miroirs qui parlent en essayant d'enfouir mon désarrois sous une tonne de confiance. Après tout, j'ai qu'à faire comme si tout était ABSOLUMENT normal et tout ira bien, non ? Enfin, tout ira bien pour moi, pour Henri, j'ai de plus en plus de doutes, rapport que plus le temps passe et se perd, plus ma colère contre lui me monte aux narines et me démange les griffes. C'est donc tout naturellement qu'une fois la fameuse boule à facette repérée au dessus de nos têtes, je change de forme pour faire sortir mes ailes de mon dos et m'envoler de deux battements d'ailes violant qui manquent de peu de frapper Machin pour aller arracher nonchalamment ce truc du plafond et le ramener au sol.

AAAAAAAAAAAAAYYYAYYYAYYYAYYAAAIIEUH ! Bouhouhouhou pourquoi vous m'avez fait ça ! Ça fait super mal ! Bouhouhouhou
Non mais ça suffit là ! Depuis quand les objets ressentent des choses ?!
Franchement... Il a l'air de souffrir quand même... Vous y êtes peut être allés un peu./
MAIS C'EST UN OBJET ! UN PUTAIN D'OBJET ! Comment je suis censée savoir que ça souffre ? Hein ?!
Bouhouhouhou j'ai mal ! Bouhouhou !

Encore plus énervée, je lance la boule à Machin et m'éloigne de quelques pas pour aller extérioriser ma colère un peu plus loin.

Là, là. Elle ne voulait pas te faire mal, tu sais.
Oui mais elle l'a fait... Bouhouhou.
Bon, Marlène, arrêtes ta comédie maintenant, tu mets la vie de Bernard en danger.
Hein ? Mais qu'est ce que tu racontes ?
Tiens, mais tu pleures plus toi ?
Mademoiselle ! Hé ! C'était une blague ! Pas la peine de frapper Bernard ! Tony est désolé, vraiment ! Petit farceur qu'il est !

Un peu plus loin, j'avais bien l'intention de passer mes nerfs sur un miroir au hasard. Et voilà qu'on me hèle juste au moment où mon poing armé de Haki allait partir. Une blague ? C'était une blague ? Et ça, c'en est une aussi ?!

Je ris jaune.

Journée de merde.

La mine sombre, je reviens lentement sur mes pas pour revenir à côté de la boule de miroirs et de l'homme au cheveux verts. Et tandis que je m'avance lentement, mon corps change de nouveau, prenant mon aspect très agressif, avec des piques acérés parcourant tout mon corps.

Une blague, hein ?
Euh... Oui oui. Je suis un objet, alors je peux pas ressentir la douleur... C'est évident... Euh... Pardon ?

En guise de réponse, je tends simplement ma main ouverte devant Machin. Il n'a qu'une chose à faire : me donner cette boule pour que je puisse briser un à un ces petits miroirs histoire de lui faire payer sa vanne à deux balles et me passer les nerfs.
Mais rien n'arrive dans ma main.

Je suis désolé mais... Je crois que je vais garder Marlène le temps qu'elle nous donne la carte... Parce qu'on a besoin de la carte, non ? Pour trouver Henri...
Mais ça veut dire que si je te donne la carte, tu vas me livrer à elle ? Non elle me fait peur !
Donne.
Après. Allez Jeanne, donne la carte maintenant.
Non ! Je dirais rien !

Je tape du pied sur le sol à un rythme rapide tandis que la veine de mon front commence à se faire remarquer tant je perds patience.

Si, tu vas parler sinon on est mort tous les deux !
Oui mais moi je suis mort dans tous les cas !
Oui. Donne moi ça MACHIN !
Ça t'apprendra à faire des blagues pourris Pedro !
Allez ! Parle maintenant !
NON !
Bon allez, ça suffit les conneries.

Je tends ma main griffue et la pose sur la surface de la boule sans pour autant la prendre des mains de Raphael. Et, armant mes griffes, je les laisse parcourir la surface de Marlène lentement, très lentement, rayant la multitude de petits miroirs sur leurs chemins et provoquant un crissement horrible qui résonne dans tout ce monde bizarre.

AAAAH ! Elle m'a rayée !
Et je peux continuer. Je continue ?
NON ! Non ! Je vais tout vous dire ! Tout !
Non, mieux. Tu vas nous guider jusqu'à Henri. Pigé ?
Euh, d'accord, alors c'est par là.

Sans plus attendre, je tourne les talons et avance par là.

Euh, non. Par là, à gauche. Non l'autre gauche !
OKAY ! C'est bon, j'ai compris : Machin, tu passes devant et je te suis.

Au moins, il aura pas été complètement inutile, comme quoi il a bien fait de venir.

Du coup, avec l'aide de Pedro, on parcourt le monde des miroirs de manières moins aléatoire. Toujours un peu irritée par ce qui vient de se passer, et par la journée en totalité en fait, je reste légèrement derrière, tendant simplement l'oreille aux indications de la boule à facettes dans les bras de Machin. Le chemin qu'elle nous fait parcourir commence à être long, et les décors ne nous aident pas à nous dire que nous allons dans la bonne direction. A plusieurs moment, j'ai cette étrange impression de déjà vu, comme si nous tournions en rond. Mais c'est peut être dû au fait que nous descendons actuellement un escalier qui tourne... Sûrement.

Et finalement, nous arrivons devant une sorte de grosse baraque en bois, genre cabane de pêcheur sur pilotis, mais en mieux.

Il est là dedans. La réunion a commencé il y a dix bonnes minutes déjà.
Évidemment, le meilleur arrive toujours à la fin, non ? Cela dit, ne pense pas que tu es tiré d'affaire pour autant, Marlène.
Loin de moi cette pensée...
Bon, Raph. T'as un plan ou je rentre dans le tas et je les fume tous ?

Non parce que là, je ne suis clairement pas d'humeur à élaborer une stratégie.


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Raison et prudence étaient deux qualités qui souvent venaient à bout des pires situations. En l’occurrence il aurait été raisonnable de penser que les otages de Baker et de ses acolytes étaient très probablement sous leur surveillance, en conséquence de quoi il aurait été bien plus prudent de perdre des heures à s’assurer que personne n’était en train de surveiller les environs, de prévoir un plan pour distraire leurs ennemis en même temps qu’ils permettaient aux otages de s’échapper tout ça pour qu’ils puissent enfin avoir le loisir de se déchaîner contre les vilains.

"Honnêtement ?... " articula Raphaël en posant Marlène au sol. Ses articulations craquèrent et la boule à facettes trouva encore moyen de se plaindre en parlant de son ancienne vie en tant que Rico, un beau miroir Rhétalien qui s’était retrouvé brisé à la suite d’une rixe et donc un des éclats ornait sa croupe.

La veine battante, le vert se retint de l’écraser sous son pied. Tout était beaucoup trop incontrôlable dans ce monde, l’absurdité de leur errance avait franchi des sommets et les miroirs étaient tout sauf des interlocuteurs agréables. Son agacement allait bientôt atteindre celui d’Izya et il était pressé d’échapper au Monde Miroir.

Alors raison et prudence pour les otages, il s’en curait bien les oreilles. Tout en restant cordial.

"Rien à foutre, ON S’LES FUME. "

Il crut voir la dragonne sourire, elle n’attendait que ça. Les écailles écarlates s’épanouirent en rangs serrés sur son épiderme, sa chevelure muta en une traînée d’épines dorsales qui se développèrent jusqu’à former en sa queue serpentine le prolongement de sa colonne vertébrale. L’ange prit de la mâchoire en même temps qu’elle s’allongeait, ses muscles dévorèrent ses formes et ses doigts se transformèrent en griffes. Elle n’allait faire qu’une bouchée du cabanon. Raphaël s’arma, prêt à viser la moindre tête sortie des décombres qui ne lui reviendrait pas.

Rico couina lorsque le décollage d’Izya balaya une masse d’air incroyable qui le bouscula et le fit rouler sur lui-même, mais personne ne lui prêta attention. Les muscles de Raphaël se tendirent pour résister à la pression d’air et d’une impulsion il prit la suite de la pirate, il sentait déjà les mâchoires craquer sous ses poings et cela lui faisait le plus grand bien… tout du moins jusqu’à ce qu’un étrange reflet rouge ne vienne l’inquiéter !

"ATTENTION ! " hurla-t-il.

Emportée par son poids et son élan, au moment où Izya s’en rendi t aussi compte, il était déjà trop tard. Le miroir géant savamment placé contre un mur en angle s’écailla avant de voler en éclats, il en fut de même pour le mur dans lequel la dragonne pénétra sur plusieurs mètres de profondeur. Par pur réflexe, Raphaël projeta ses pièces détruire les pointes des décombres qui se refermèrent sur elle. Il ne put toutes les avoir, mais se douta après réflexion que cela avait à peine le potentiel de chatouiller la rousse.

Sa réflexion en revanche, ne put durer qu’une fraction de seconde qu’un projectile le frappait en pleine jugulaire. La balle dorée de Baker.

"Miroir, miroir, il me semble que vous êtes en train de vous tromper de direction. Nous étions juste à côté, si vous nous cherchiez.
- Pouvoir de merde… faites nous sortir de là. " cracha Raphaël en remettant sa tête en place.
"Voyons… " il sortit sa montre à gousset, nullement inquiété par le croupier et visiblement convaincu de s’être débarrassé de la dragonne "Il n’est pas encore 20h et je n’ai pas été payé, vous êtes bien pressé. Et puis… je suis venu m’amuser un peu avec vous, le temps est long ici " conclut-il dans un sourire terrifiant.
"Qu’est-ce que vous avez fait de Blanche ? Où sont les autres otages ?
- Miroir, miroir… toujours à parler de sujet fâcheux. " grogna Baker en se renfrognant "Blanche n’est plus celle qu’elle était, elle est devenue immonde et déplaisante, je me suis… expressément dispensé de sa compagnie.
-Hmm… " se contenta de contenter Raphaël en haussant un sourcil, rien qu’au timbre de sa voix il était évident que le prestidigitateur n’était pas convaincu de ce qu’il disait. Se voyant à son tour piégé, l’homme-miroir enchaîna sur un sujet plus brûlant.
"Je vais me faire un plaisir d’écrabouiller votre insignifiance et celle de cette île. Miroir, miroir… Dès que j’aurais encaissé la rançon, cette nouvelle fortune va me permettre de tourner la page… et avec une supernova vaincue sous les bras, qui sait miroir, miroir… Je pourrais bien me négocier un titre de corsaire ! "

Saisissant l’occasion pour profiter des pensées confuses et du ricanement de son adversaire, Raphaël lui fonça dessus. Ses pièces fusèrent entre ses doigts, s’écrasant sur les doigts de Baker pour les briser et les empêcher de manier ses étranges balles de Jokari, et lui laissant la voie libre pour prendre son élan et aller encastrer son poing dans le visage du métisse. Il était grand temps que ça se termine et si comme pour ses miroirs, il devait le convaincre de l’écouter par les poings, il allait s’en faire un grand plaisir.

L’effet de surprise fonctionnant, il enchaîna d’un autre coup avant de faucher le malfrat au niveau de la taille d’un puissant coup de pied retourné. Le coup fut d’une telle violence que Baker se plia en deux et tomba à terre dans une pluie d’éclats cristallins…des éclats de miroir.

Lorsque le corps s’écrasa à terre, vaincu, ce n’était pas celui de Baker.

Encore ce fruit. Des balles aux reflets dorés vinrent le frapper de toute part, écrasant ses os et broyant ses muscles. Le vert s’en mordit la langue quand le sinistre ricanement éclata partout autour de lui.

"Miroir, miroir… mes hommes et moi formons une bien meilleure équipe, quand nous nous réfléchissons sur la même longueur d’onde, ne trouves-tu pas ? ~ " répétèrent une vingtaine d’Henri Baker à l’unisson.

Raphaël tomba à terre alors que l’attaque massive s’apprêtait à reprendre, mais au même moment des ailes puissantes repoussèrent violemment l’éboulement qui les couvrait, les morceaux de murs allèrent éclater des miroirs çà et là. Un grondement terrifiant s’échappa de la gueule du dragon et résonna dans tout le monde miroir. Izya était de très, très, très mauvais poil. Les Baker en tremblèrent jusqu’aux os, sauf un.

Raphaël, un œil en sang , le distingua à peine mais il était certain qu’il s’agissait de l’original. Une confiance hors du commun émanait de lui au moment où la dragonne se lançait sur lui.

"Miroir, miroir… que de vilains traits fâchés. Rendons-la plus regardable… " s’amusa-t-il avant de prendre son appui pour violemment s’abaisser en posant son autre pied et ses deux mains à terre "MIROIR DEFORMANT ! "

Et quelques secondes avant que la dragonne ne le tranche de ses griffes, un immense miroir à la forme biscornue sortit de terre pour se placer entre-eux.
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*Pouf*

Miaou ?

Miaou ? Comment ça "Miaou" ?! Stoppée net dans mon élan, je regarde dans le miroir qui me fait face, et ce que j'y vois me choque : d'énorme Dragon Rouge de la Mort qui Tue, me voici devenu Mignon petit Chaton, certes rouge, trop choupinou.
Non mais c'est quoi ce délire à la fin ?! Il en a pas marre de jouer avec nos nerfs celui là !

Miroir, miroir, voilà qui est bien plus agréable.

Henri fait disparaitre le miroir et se penche au dessus de moi de toute sa nouvelle hauteur par rapport à ma petitesse de petit chat. Agréable, agréable, je vais lui faire voir moi !

D'un geste, je dégaine mes griffes de chaton et lui saute au visage ! Le lacérant de coups de pattes, me faufilant sur son cou, mordant oreilles et doigts qui se mettent sur mon chemin ! En bonne petite peluche, je glisse sous ses assauts pour m'enlever de son dos et continue mes attaques déchainées ! Et tandis que me plante mes griffes dans ses cottes, il réussit finalement par m'attraper par la peau du cou et me jeter sur Raphael qui se retrouve avec deux de mes pattes rembourrées de coussinets dans les yeux. Mais sans attendre de souffrir des lois de la gravité, je m'appuis sur ce support inopiné pour repartir d'où je viens et réattaquer mon adversaire.
Et en finir. Surtout en finir.

Alors je tente une nouvelle approche pour aller plus vite. Ayant mangé un Fruit du Démon de type Zoan, je peux changer de forme à volonté... Alors dans mon retour, au lieu de continuer d'être un petit chaton mignon, je me change en ange-dragon.
Sauf qu'un nouveau nuage de fumé m'entoure suite à l'apparition d'un nouveau miroir déformant, et au lieu d'un ange-dragon, me voici devenue...

Crôaha

Une vilaine petite grenouille, rouge.

Miroir, miroir... Sans griffes ni crocs cette fois, tu ne risques plus de m'avoir... Et dans une jolie cage dorée, je compte bien te livrer aux autorités...
Pauvre type va, grenouille ou pas, j'te bouffe quand je veux, et ou je veux ! Et, pas de chance, je veux maintenant !

Les grenouilles, ça fait quoi déjà ? Ça attrape des mouches avec la langue, non ? Et bah tiens ! Prends ça sale insecte ! Sans plus attendre, je saute dans la direction d'Henri pour me mettre à sa hauteur et déploie ma langue chargée de Haki pile en direction de son œil !

AAAAAAH !

Dans un cri de douleur, une main sur son globe oculaire en sang, l'homme miroir recule pour s'éloigner au maximum de moi. Moi qui, dans un excès de confiance, décide de réitéré mon plan de changement de forme, adoptant ma forme hybride de vole qui fait complètement disparaitre mon aspect grenouille.

Code Rouge ! Code Rouge !

J'avance lentement vers mon ennemi. Autour de nous, le combat entre Raphael et les faux Baker cesse un instant, reportant toute leur attention sur la défaite de ce fauteur de trouble.

En reculant, Henri trébuche et tombe le cul par terre. Mais cela ne l'empêche pas de continuer de me fuir tout en me faisant face.

Tu vois, Henri. Où je veux, quand je veux. Alors maintenant, tu vas être bien sage et libérer tout le monde avant que je ne me fâche vraiment.
Tu n'en feras rien, Izya.

Cette voix... C'est impossible ! Je me tourne dans la direction de la fameuse voix et voit apparaitre, au milieu d'un nuage de brume, nul autre que Red. Et alors que mon attention est portée sur cette nouvelle arrivée, je ne remarque pas le petit sourire narquois de Baker qui se réjouit d'avoir trouvé un avis de recherche de celui qu'il pense être mon capitaine afin d'en reproduire l'apparence sur l'un de ces sbires.

Mais qu'est ce que tu fais là, Red ? Tu ne devais pas rentrer à Armada avec Reyson ? Et puis, pourquoi je n'en ferais rien ? Ça n'a pas de sens !

Comme tout ce que j'ai vécu depuis qu'Irysia a décidé que j'irai avec elle à ce foutu mariage. Je savais que j'aurai du rester avec Ronan...

Je n'allais tout de même pas rentrer sans toi... Quant à Baker, il se trouve qu'il bosse pour moi.
Hein ? Et depuis quand tu fais dans le kidnapping de mariée toi !
Une vieille affaire, entre elle et moi...

Mon souffle se coupe un instant. A la suite de Red, Tahar, mon père, vient d'arriver. Et tout d'eux s'avancent vers moi. Non... Vraiment, tout ceci n'a pas de sens. Je les fixe, à tour de rôle. Je les fixe sans vraiment le croire. Parce qu'ils n'ont aucune raison d'être là, ils n'ont rien à faire là... Surtout Tahar, qui a fuit lorsqu'on aurait pu être réunit.
Qui a fuit en me laissant tout de même un souvenir... Un souvenir au creux de ma main droite.

Alors je baisse les yeux et regarde ce petit cercle de sang qui tourne, lentement. Une marque indélébile du sang de mon père. Une marque qui tourne et m'indique une présence constante, une présence rassurante.
Mais une présence lointaine.
Clairement, ce n'est pas Tahar qui est devant moi. Alors je serre les dents, ma colère prenant le dessus sur tout autre sentiment. Oser tenter de m'amadouer avec ma faiblesse, avec ce père que je veux près de moi mais qui ne souhaite pas ma présence. Mon poing se serre soudain et devient noir. Et sans crier gare, je l'enfonce bien profondément dans le visage de ce soit disant Tahar.

La métamorphose disparait et l'on peut voir le sbire de Baker voler loin, très loin dans le monde du miroir. Et tandis que tout le monde autour de nous constate que la trêve est finie, mon pied vient s'enfoncer profondément dans la nuque de ce faux Red, l'envoyant lui aussi valser à l'autre bout de cet endroit bizarre.

TE FOUS PAS DE MOI BAKER !

En rage, je prends mon aspect à pointe et me tourne vers l'endroit où l'instigateur de tout ceci se tenait avant que je ne sois interrompue par sa ruse.
Mais bien évidemment, il n'y a plus personne.

Furieuse, je regarde rapidement autour de moi et l'aperçoit entrain de fuir entre deux piliers recouvert de miroir.
Alors je fonce. Oubliant Raphael, oubliant les otages. Je fonce tête baissée avec la seule idée de le rattraper et de lui faire ravaler sa fierté.


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"Oh bordel, ça va chier pour lui… "

La même pensée traversa l’esprit de toutes les personnes présentes.  Les capacités d’Henri Baker avaient beau être exceptionnelles, elles n’étaient rien en comparaison de la puissance que dégagea la dragonne lorsqu’elle se lança à sa poursuite. À essayer de manipuler ses émotions, il avait fait exploser le peu de calme qu’il restait à Izya et Raphaël en eut mal pour lui. La fin était proche.

Le vert en profita aussitôt pour se défaire des liens qui l’enserraient, ses mains jointes au-dessus de son épaule il bascula son poids en avant pour faire valser celui qui le maintenait. Ceux qui s’étaient remis de leurs émotions se jetèrent sur lui, rien ne les distinguait les uns des autres, mais ils étaient de bien moins grandes menaces que Baker.  D’un coup de pied, le croupier en réceptionna un premier avant de se baisser pour éviter les balles dorés qui voulurent le frapper. Emportés par leur élan, les sbires s’attaquèrent et se mirent hors-jeu sans le vouloir.

"On continue à danser ? " provoqua-t-il ceux qui tenaient encore debout alors qu’il essuyait du revers de la main le sang qui coulait de son arcade.
"Non, Non, NON ?! NE FAITES PAS ÇA ! "

Tremblante, Marlène qui s’était jusque-là fait discrète pour qu’on ne l’implique pas dans le conflit avait vu le pied de Raphaël venir et ce malgré ses protestations. D’une frappe colossale, le croupier envoya la boule à facettes s’écraser dans le dentier d’une énergumène qui fonçait sur lui, un sabre à la main. Il s’écroula aussitôt, raide, la mâchoire démise et la tête en sang.

"MAIS VOUS ÊTES COMPLÈTEMENT MALADE !!! " commença à s’insurger l’assemblage de miroir avec une nouvelle voix, certaines de ses facettes s’étaient fendues "DE QUEL DOIT EST-CE QUE VOUS TOUCHEZ À MON INTEGRITE ?! FAQUIN ! "

Les coups pleuvirent encore. Pièces de monnaie contre balles dorées, lames et massues contre poing rageur, la technique martiale du croupier finit par avoir raison d’eux alors que couinements et grondements témoignaient de la poursuite de l’homme-miroir et de la femme dragon. Chaque fois qu’il tentait de s’échapper par un miroir, un coup de griffes, d’aile ou de queue le faisait en éclats.

Jugeant qu’elle maîtrisait parfaitement la situation, Raphaël s’assura de s’être débarrassé de toutes menaces avant de se précipiter vers la cabane de pêcheur pour essayer d’y trouver les otages. Un loquet maintenait la porte fermée, mais il n’eut aucun mal à s’en débarrasser.   Ils étaient bien là. Inconscients pour certains, ligotés et impuissants, les convives enlevés étaient sagement rangés dans l’expectative d’être échangés contre rançon. Rose était bien présente, solaire dans sa tenue de cérémonie mais le vert s’étonna de ne pas trouver sa future épouse.

"Blanche ?
- Dommage pour toi, tu t’étais si bien battu. "

Un coup de feu partit.

Frôlant le cartilage de son oreille droite, la balle frappa Raphaël d’une douleur brûlante accompagnée d’une désagréable odeur de viande carbonisée. Il n’eut pas le temps de se retourner que de derrière la porte, un revolver venait se presser dans son dos.

"La prochaine te transpercera le cœur… Ou ptet’ pas, je vais peut-être m’amuser à te torturer et te réduire en bouillie comme tu as osé le faire avec mes frères.
- Sérieux, encore ce trip débile ?...
- Tu feras moins le malin quand je t’aurais troué la rate, je tire avec une précision chirurgic-AAh *BOUM*"

Alors que prenant son appui vers l’avant, Raphaël s’apprêtait à désarmer cette ridicule menace d’un bon coup de savates, une poêle bien huilée venait d’avoir le même effet.

"La réponse est non, je n’avais pas besoin de chevalier servant. Avec Rose, nous sommes tout à fait capables de surveiller nos arrières. Vous feriez bien d’en faire de même.
-  Je n’en doutais pas. " lui sourit le vert, qui était bien content de retrouver en sa sauveuse, Blanche la mariée perdue. "Comment avez-vous échapper à Baker ? "
- Ce grand idiot s’imagine encore pouvoir me conquérir, son égo est tel qu’il est pas capable d’accepter un non…
- C’est vrai que dans le genre obsédé… " reprit Raphaël en commençant à ligoter le sbire tandis que la mariée réveillait son épouse et ses invités.
"Et il a tellement le béguin qu’il est tout bonnement incapable de me refuser quelque chose, c’est dire à quel point il ne va pas bien… J’ai juste eu à me plaindre de liens trop serrés et j’ai fini par m’en débarrasser… En vrai, vous ne seriez pas arrivé que je me serai tout aussi bien débarrassée de son homme de main.
- Effectivement, on maîtrise la situation dehors, on devrait pouvoir reprendre très vite les festivités.
- Chérie ? Chérie ? Tu m’entends ?... Ah ces hommes, quel bande de crétins…. Sans vouloir vous offenser.
- Pas de problème héhé. "

Tout le monde remis sur pieds, ils purent admirer la violence qui s’était déchaînée dans le monde miroir. Baker avait eu beau utiliser tout le potentiel de son fruit, copiant et s’appropriant le reflet de la rouge, c’était elle qui avait fini par triompher.

Sa colère semblait s’être bien calmée en se défoulant autant, et elle adressa même un sourire à Raphaël quand elle le vit arriver avec tous les otages et le dernier sbire. Les rares d’entre eux qui avaient déjà repris conscience sursautaient à chaque inspiration de la dragonne.

"Eh bien, je pense qu’on va pouvoir bien la finir cette journée !
- Il serait temps, je commence à avoir faim du buffet !
- J’en connais une autre héhé. " remarqua le vert amusé alors qu’Izya indiquait dans un soupir qu’il avait bien raison.

Seulement, un peu plus loin, un grand bonhomme rachitique avait réussi à ramper jusqu’à un de ses miroirs encore en un seul morceau. L’attention de tout le monde détournée par leur réjouissance, la fuite aurait été simple, mais son obsédant égo l’empêcha d’être discret.

"Miroir, Miroir…. Urk… Si je ne peux pas vous avoir, je peux tout aussi bien vous faire disparaître ! Fu fu fu… Argh ! CREVEZ-ICI ET VIVEZ VOTRE FIN HEUREUSE LOIN DE TOUT ! VOUS NE SORTIREZ JAMAIS DU MONDE MIROIR ! "

Content de lui, il commença par passer la main à travers le miroir. Sans un contact avec lui, il semblait impossible de franchir les portails. Mais son cauchemar réagit immédiatement.

"Raphaël, saute ! "

L’ordre était sans équivoque, se saisissant des mariées à la volée le croupier sauta en l’air alors même qu’Izya laissait place à sa forme draconique. Monstrueusement vive, elle saisit entre ses griffes, les autres convives sans leur en demander l’autorisation. Raphaël se cramponna dans le cou de la bête, un instant avant qu’elle ne décolle.

Un regard en arrière et Baker contempla la vision la plus terrifiante de sa vie.
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Allez ! Ça passe !

Ayant récupérée tout le monde sur mon dos ou dans mes pattes, je fonce comme j'ai jamais foncée vers le miroir où cet enfoiré d'Henry est entrain de rampé.

Ça passe !

Déjà il ne reste plus que ses jambes dans le monde miroir, et malgré ma vitesse démesurée, je ne peux m'empêchée de me dire que quand même, il avance vite pour un type qui vient de se faire lacérer.

Ça passe !

Plus que quelques petits mètres ! Et les genoux viennent de disparaitre ! Et... Mais en fait, je passerai jamais en Dragon dans ce miroir ! Il est beaucoup trop petit !

Ça passe pas du tout !

Cela dit, on pourra pas dire que je suis pas ponctuelle. D'un coup de dent, je choppe la dernière cheville d'Henry Baker et l'immobilise entre les deux miroirs. Si j'avais été une sorte de super héroïne, je me serais sans doute contenter de passé d'une prise de gueule à une prise de patte, j'aurai invité tout le monde à traverser tranquillement le miroir, on serait tous retourné finir le mariage dans la joie et la bonne humeur, et avec un Baker ligoté prêt à être livré au autorité dès que j'aurai levé le camps, parce que les supers héros doivent rester dans l'ombre hein ?

Sauf que moi, je suis une pirate.

Alors, sans même laisser le temps aux convives que je viens de lâcher par terre de franchir le miroir portail, je tire Baker en arrière et l'envoie valser plus loin. Oubliant jusqu'à l’existence des types sur mon dos, je me rue à la suite de ce type qui me fait tellement perdre mon temps alors qu'il vient de s'encastrer dans un mur. Je l'en tire, le balance en l'air, et d'un vif mouvement de mon corps, je me sers de ma queue comme d'une batte de baseball qui vient frapper ma balle de fortune composer d'Henry Baker et l'envoie se fracasser dans un autre mur !

Bim ! En plein dans un miroir !

Je pourrais m'arrêter là, oui. Je pourrais.
Comme je pourrais être entrain de manger une pièce montée au chocolat. Est-ce que j'ai l'air de manger une pièce montée au chocolat ? Non.
Alors je vois pas pourquoi je m'arrêterai. Je fonce donc, à la suite de ma balle qui ressemble un peu à mes yeux à une sorte de jouet anti-stress. J'ignore les cris qui résonnent à mes oreilles, j'ignore ces mains qui se cramponnent comme elles peuvent à mon corps de dragon.
J'ignore tout ça, et je continue mon sport. Le prochain coup, je vise le Homerun !

BAM !

Henry vole une fois de plus. Beaucoup plus loin maintenant. Je commence à trouver ce petit jeu drôle.

ARRÊTE ! KYYAAA !

J'ignore toujours, et je file à la poursuite de Baker.

AIEUH ! NON MAIS ÇA VA PAS !

J'ignore plus. Raphael vient de me réussir à me tirer les deux oreilles en même temps. D'un geste sec de la tête, je le fais retomber sur mon dos et tourne mon long cou vers lui pour le fixer de mon regard énervé et avec mes dents menaçantes visibles.

Si tu le tues, on pourra jamais sortir ! Et adieu la pièce montée !

Je cache mes dents. Il marque un point. Bon soit. Je retourne au sol et laisse descendre mes trois passagers qui, pour le coup, son vachement plus blancs que tout à l'heure... Et je file chercher Baker l'inconscient, qui n'a évidemment pas bouger du mur où il est profondément bloqué. Je l'en arrache d'un coup de patte et le ramène sans le malmener plus jusqu'au petit groupe d'être humain présent devant le miroir qui doit donner sur une salle de bain qui pourrait bien être notre porte de sortie vers le monde réel.

Je pose le corps inanimé de notre ennemis devant Raphael et redevient une ange, pour le plus grand soulagement de tout le monde. Et tandis que l'homme au cheveux vert se penche sur le corps de Baker, je m'installe contre un mur tout en attendant le verdict.

Alors ? Il est mort ?
Pour l'instant, non. Profitons en.

Et tandis que mon compagnon de fortune commence à tirer le corps vers le miroir, je me déplace afin de me mettre devant notre porte de sortie et l'empêcher de faire son oeuvre. Mon geste attire évidemment l'attention de tout le monde. Ce sera plus simple ainsi.

Avant qu'on rentre, je préfère être clair. Je suis pas là pour détruire Sirup, ni même pour m'en prendre à qui que ce soit sur cette île. Considérez que je ne fais QUE passer. Et je ne veux certainement pas d'ennuis avec qui que ce soit. Et je suis désolée de m'être pointée à votre mariage, Blanche et Rose, cela dit, l'un de vos invités m'y a conviée.
Votre présence nous a bien été utile, alors nous ne dirons rien.

Mon regard passe d'un convive à l'autre, attendant l'approbation de tous. Chacun murmure un peu, puis tous se mettent d'accord pour taire ma présence, au moins le temps que le mariage se termine.

Ceci étant fait, je me décale et laisse Raphael mettre le corps d'Henri Baker dans le miroir. Un a un, nous passons tous ce portail, moi la première, au cas où un petit malin déciderai de m'abandonner à l'intérieur de ce monde...

Et une fois que tout le monde est dans cette fameuse salle de bain d'une maison du village de Sirup, j'attrape Raphael par le bras, j'ai encore un truc à lui dire.
Ou du moins, une faveur à lui demander.

J'avais une perruque, au mariage, histoire d'être un minimum incognito... Y'aurai moyen que tu ailles me la chercher s'il te plait ? J'ai pas envie que tous les convives soient au courant de ma présence et je compte bien aller manger cette fameuse pièce montée...


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"Coucou, c’est nous on est de retour ! "

Bleues et veste déchirées en guise d’ornements, Raphaël menait la troupe en compagnie des deux mariées qui n’avaient plus d’yeux que l’une pour l’autre. Tendrement, elles s’échangeaient les vœux qu’elles n’avaient pas pu se dire alors que derrière on s’agitait encore de l’incroyable violence dont avait fait preuve la dragonne. Tous l’avait reconnue et en étaient secoués, mais tous lui étaient redevables et seraient garants de son secret jusqu’à son départ.

Raphaël le premier.

Alors, lorsque sorti de nulle part, ce curieux cortège se présenta sur les lieux de la cérémonie, c’est sa bravoure et celle des mariées qu’on mit en valeur dans l’interpellation de Baker et de ses sbires. Un récit fantasmagorique se créa de lui-même pour expliquer aux autorités les pouvoirs du ravisseur et la façon dont ses hommes de main avaient échappé à leur poursuite en traversant des miroirs. Mais ce qui intéressa les plus pingres des convives fût de savoir comment ils allaient retrouver les possessions volées… Broutille, mais qui obligea Blanche à prendre l’initiative.

"Hm… Croyez que notre intention première était de sauver nos vies et rassurer nos proches, l’idée de récupérer les objets volés ne nous a même pas traversé l’esprit à ce moment ! C’est bien mal avisé de votre part d’orienter ces réjouissances sur ce sujet…
- Mais donc… Vous avez tout laissé dans ce « Monde Miroir », avec mon fils ?! Cet imbécile ! C’est complètement inconscient, un peu plus et je vous jugerais complice ! " s’indigna Baker père à qui ses gourmettes en or, sa montre et son foulard de soie manquaient visiblement beaucoup.
- Comment osez-vous ?! " monta d’un ton la jeune mariée alors que le vieil homme se prenait un soufflet de la part de Rose. Un geste qui fit escalader inutilement la dispute mais qui détourna très subtilement l’attention.

Tout était prévu.

Le vert se faufila entre les interrogatoires menés par les autorités et les autres, se prenant au jeu de la crise de nerfs des épouses, tâchèrent d’éluder le plus longtemps possible le lieu par lequel ils étaient réapparus. Percevant sa manœuvre, Lorédia et Monsieur Topaze l’interceptèrent avant même qu’il ne s’approche de la fontaine. Si l’une était déjà au courant des risques que prenaient son amie en s’exposant au grand jour, l’autre n’avait pas eu beaucoup de mal à le comprendre en reconnaissant la dragonne à travers le miroir d’eau.

Sans prononcer un mot, celle qui avait un jour été un ange lui passa la perruque et lui indiqua d’un regard l’échappatoire le plus proche. Il n’aurait de toute façon pas été bien compliqué de s’éclipser tant la dramaturgie du couple attirait toutes les attentions.

Quand enfin, Rose le vit disparaître à l’ombre d’un bosquet il l’entendit reprendre dans un ton des plus raisonnables.

"Bon très bien, et si nous reprenions où nous en étions plutôt que de nous voler dans les plumes. On se dit oui, on s’embrasse et on sabre le champagne !
- Bon sang oui, faisons ça ! Je t’aime ! "

Et, ne pouvant s’empêcher de rire, il courut à en perdre haleine jusqu’à la maison dans laquelle l’attendait encore Izya. Belle demeure, richement décorée, c’était probablement là qu’habitaient un des convives du mariage. Par chance, ou tout simplement parce que les menaces se font bien trop rares sur Sirup pour qu’on s’en préoccupe, elle n’était pas gardée et la porte franchie, Raphaël retrouva Izya en bien charmante compagnie.

"Eh ben je vois que ça n’a pas chômé, t’es plutôt une bonne personne pour quelqu’un qui se revendique terreur des mers !... "

Bien rangés en paquets savamment ficelés, les sbires de Baker ainsi que leur butin avaient été ramené depuis l’autre côté du miroir. Ils étaient encore évanouis, mais à la lumière de quelques bleus supplémentaires, Raphaël devinait qu’ils s’étaient probablement montrés récalcitrants.

"DIS PLUTÔT QUE C’EST TOI QU’EST TROP LENT !.... Pfffeuh, j’ai eu le temps de finir les trois tablettes de chocolat qui traînaient dans la cuisine en attendant sur toi ! " s’énerva-t-elle en lui arrachant des mains la perruque, pour ne pas avoir à accepter la remarque.
"Et Baker ?... "

La question méritait d’être posée. Si le bandit avait en lui un souffle charismatique qui lui donnait son aura si particulière, il ne ressemblait à présent plus qu’à un pâté de chair et de vêtements boursouflé. Izya y était allée avec ses tripes et sa rancune.

"Il a survécu le temps que je vide le « Monde Miroir », j’sais pas s’il tiendra bien plus longtemps sans soin… J’avoue m’en foutre un peu. Laissons ces problèmes-là aux marines si tu veux mon avis. " commenta la rousse en réajustant sa perruque.

Elle n’avait pas tort et Raphaël devait bien admettre que le fin mot de cette histoire n’était plus de son ressort. L’adresse avait dû être donnée depuis son départ et il était grand temps pour eux de terminer cette soirée. D’un hochement de tête il acquiesça.

"Le buffet va bientôt être servi, on y va ?
- CHOCOLAAAAAAAAT ! "
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