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Le percepteur mal perçu

- Terrain d’entrainement – Base Marine de Shell town – 10h du matin -

2nd Amon - YAAAAAAA !                 YAAAAAAA !                              YAAAAAAA !

Ikeda - AAAAAAAMON!!!!, tu cris beaucoup trop fort ! j’entends même plus le bruit du bois qui crack!

2nd Amon - PARDON MON CAPORAL!

Une journée tout à fait normal commençait à Shell Town. Karuma et ses cinq subordonnés s’entrainaient dans la cour. Rick Amon, qui comme à son habitude criait trop fort en faisant les mouvement, s’excusé envers son caporal en le saluant parfaitement mais en continuant de gueuler aussi fort.  La deuxième classe Kanacki s’empressa de lui taper la tête avec son Bokken à bout de bras.

2nd Kanacki - MAIS TU VAS LA FERMER!!!!!

2nd Amon - QUI T’AS PERMIS DE FAIRE CA? TU VEUX TE BATTRE C’EST CA ?!

2nd Kanacki - Si je dois te mettre une raclé pour te faire arrêter de gueuler y a pas de soucis !

2nd Amon - TU VAS VOIR CE QUE

- PAF  PAF -

La réponse de Rick ne se fit pas attendre, il se tourna vers la jeune Kanackie, Bokken en garde avant de la menacer. Il s’apprêtait à la frapper à son tour. Karuma sauta entre les marines et attrapa les deux sabres de bois qui allaient s’entrechoquer. Il les tira rapidement vers le haut pour que les deux marines les lâchent. Sans attendre il fit retomber les sabres sur les têtes des deuxièmes classes.

Ikeda - arrêtez de vous chamailler ! c’est pas comme ça qu’on s’entraine.

2nd Kanacki - 2nd Amon - Excusez - nous caporal!

Sans même voir qu’ils inclinaient en guise d’excuse, Le caporal Ikeda leur renvoya leurs sabres. Il se remis devant son mannequin. Les trois autres deuxièmes classes : Paul Rosari, Karasuma Natakora et Rin Chisuru regardaient la scène un peu consternés mais surtout lassés de voir cela tous les jours.  Ils s’en retournèrent à leur exercice : un simple enchainement d’une dizaine de coup basique. Cela avait pour objectif d’habituer leur corps à donner ses coups, histoires qu’il deviennent des réflexes, qu’ils deviennent naturels.

2nd Natakora - Pffffff, Toujours pareille avec ceux-là . Et pendant ce temps nous on se tape l’exercice débile !

2nd Chisuru - ce ce ce c’est pas débile… ce ce ce c’est le même entrainement qu’a reçus le caporal

Le deuxième classe karasuma ne pouvait même mettre en doute la parole bégayante de Rin. Il avait déjà vue le caporal à l’œuvre. Il se contenta de soufflet et de se retourner sur son mannequin lui aussi pour continuer les enchainements sans trop de conviction. Après deux coup extrêmement mou le caporal l’arretat.

Ikeda - STOP! Karasuma, Souple sur les appuis ! Pas mou! Même un veillard est plus rigide ! des mouvement rapide et précis ! on ne se contente pas de faire tomber son sabre sur la cible

Des petits gloussements étouffés se firent entendre suite à la remarque sur la rigidité du caporal. Bien sûr, Ike était à des galaxies de pouvoir comprendre l’allusion. Il se tourna vers son mannequin en faisant un signe de la main vers le râleur pour qu’il le regarde.  Bras tendu le long du corps, avec ses deux tonfas en main, il prit une grande inspiration en fermant les yeux. Il les ouvrit à nouveau en se mettant en garde serré : les deux tonfas en position courte bras gauche protégeant le torse et bras droit sur le côté.

- PIF PAF POUF SCRITCH SCRITCH SCHLACK BAM BLUF SCRAAAAAAAAATCH -

En 3 secondes chrono en main, frappa le mannequin 9 fois en le faisant exploser. Amon, Chisuru , et Rosari était impressionné Natakora était soulé de le voir se la jouer de la sorte et Kanacki trouvait cette démonstration inutile.

Ralenti:

2nd Kanacki - Vous êtes au courant que là on a rien le temps de voir ?!

Ikeda - C’est le but, à force de travailler ces enchainement basic, vous pourrait faire pareille sans même réfléchir.  Je voulais juste vous montrer les résultats de cet entrainement. Donc maintenant, tout le monde reprend !

Sous les ordres de leur caporal, les deuxièmes classes se remirent chacun devant leur manequin. Ikeda quant à lui regarda un peu dépité son mannequin qu’il venait d’explosé. Il ramassa les plus gros bouts pour tenter des les encastrer l’un dans l’autre histoire qu’il puisse continuer à s’acharner dessus.

Ikeda - * et zut, c’est déjà le quatrième que j’explose cette semaine…. *

- DILINGDILING      DILINGDILING

La cloche du rassemblement se fit entendre dans la cours. Tout le monde se dirigea devant l’estrade comme le signal le demander. Comme à son habitude, Karuma s’y rendit à tout allure. Amon essaya de le suivre mais fut vite bloqué par la foule. Le Colonel de la base s’avança sur l’estrade.

Colonel Pal Véhachez – Bonjour à tous! Aujourd’hui, Nous recevons une personnalité importante, J’espère que vous l’accueillerait avec l’égard dû à son rang. Caporal Ikeda ! Vous serez chargé de l’escorter le temps qu’il sera ici.

2nd Natakora - Evidement, le caporal va encore pouvoir échapper aux corvées…

Suite à sa déclaration, le colonel invita le percepteur à venir devant pour se montrer et peut être dire quelques mots.
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Shell Town.

Shell Town...

Sheeeeell.... Toooooown...

Non, y'a rien qui me vient comme commentaire. J'y vais pas bien souvent faut dire. Mais c'est surtout que c'est assez morne. De loin on voit la base de la marine. Pis... y'a des maisons autour. Voilà pour Shell Town.
Paraîtrait que par ici on joue aux cons avec les sousous du gouvernement. C'est pas bien ça. Comme le veut la procédure habituelle, y'a un expert comptable qui devrait être envoyé pour faire un audit. Une manœuvre tout ce qu'il y a de plus réglo. Bien dans les clous, la légalité respectée à la norme prêt. On gère.

Moi dans tout ça ? Oh... on m'envoie comme ça, histoire de préparer le terrain...
Aussi pour pincer les marines véreux qui tapent dans la caisse, les faire chanter - j'espère qu'ils ont du galon - et, en échange de nos services «comptables» pour maquiller leurs magouilles, nous assurer que les fonds qu'ils détournent finissent... dans les caisses occultes du G.M que le C.P 2 est chargé d'approvisionner.

Y'a des moments où je me dis que quand on en est à filouter le G.M pour financer un autre pan du G.M, on va peut-être un peu loin. Mais au fond, ils en feraient quoi de tout ce fric à Shell Town ? Y'a des pirates ici ? Des révolutionnaires ?
Mon cul. Personne ne veut s'emmerder avec des gens pareils. Une population même pas riche, une île géographiquement intenable vu le nombre de bases de marine autour, qui pourrait être assez dingue pour s'en prendre à eux ? Quelque part, en truandant leurs fonds propres, je leur fait pas tellement de torts que ça. Ça reste dans la famille après tout. Seulement, plutôt que de servir à alimenter le petit cousin débile du Gouvernement Mondial, on met l'oseille dans les poches du patriarche. Lui y saura trouver un emploi constructif à tout ce pognon détourné.
J'ai entendu parler de tests de nouvelles armes chimiques par exemple, on m'en a dit le plus grand bien. Enfin... ceux qui les ont testées en tout cas.

Nous y voilà. Le plancher des vaches. Façon de parler, y'a même pas de vaches ici. Même pas de vaches... cet endroit est merdique à ce point. Pendant que je me rends à leur garnison de pouilleux, j'en suis à me demander c'était quoi la couverture bidon que je leur avait filée par escargophone. Faut dire que j'avais fait ça y'a une semaine à la dernière minute. Voilà ce qui arrive quand on me fait jongler avec la paperasse, je finis par perdre la boule et plus savoir ce que je fais.

Vu l'enthousiasme avec lequel tous ces cons de marines viennent me serrer la pogne, j'ai dû y aller un peu fort sur les boniments. Si je suis reçu comme un roi, c'est que j'ai bien été foutu de me présenter comme tel. J'ai pas fait ça quand même ?! Dites-moi que j'ai pas fait ça...
Non, j'aurais quand même pas été aussi con. Eh puis, y se seraient vite rendus compte qu'un grailleux aussi ventripotent que moi pouvait pas être de sang bleu. Encore que... paraît que j'ai des airs de Wapol Ier.

- Excellence, c'est un plaisir de vous recevoir.

Excellence. D'accord. Bon, j'ai pas poussé le vice jusqu'à m'accorder le titre de monarque de droit divin mais semblerait que j'ai quand même tapé dans le haut du panier. Qu'est-ce que ça fait de moi ? Un ministre ?

- Oh ! Monsieur l'ambassadeur ! Je suis confus vraiment ! Nous ne vous attendions pas de sitôt. Rien n'a été préparé, enfin... rien ou presque. C'est un réel plaisir de pouvoir conclure un jumelage entre nos deux îles. En espérant peut-être que cela soit un premier pas vers... l'adhésion de votre nation au gouvernement mondial.

Ah oui, tout de même. Quand je fais des promesses pour accéder à des locaux de la marine en toute impunité, j'y vais pas avec le dos de la cuillère. Bon, me voilà bombardé ambassadeur. Je sais même plus de quel pays. Faudrait que j'arrête de faire trop de trucs en même temps. Faudrait surtout que quelqu'un s'occupe de mes papelards pour moi bordel ! Moi je me suis rendu dans ce nid de guêpe les mains dans les poches, sans la moindre préparation. Il a l'air fin l'ambassadeur en marcel.
Y font tous comme si y trouvaient pas ça bizarre, mais y'a quand même des regards qui trompent pas. Clarifions mes bons, clarifions.

- Écoutez officier... J'apprécie tant d'sollicitudes mais, je suis là incognito. Nous n'tenons pas à c'que notre rapprochement 'vec le gouvernement mondial ne se sache, fut-il partiel. D'où le... l'accoutrement.

L'ouvre grand la bouche comme si l'avait compris qu'il venait de gaffer. Faire croire aux autres qu'y sont fautifs quand c'est nous-même qu'avons fait la connerie, c'est encore ce qu'on sait faire de mieux au C.P 2. Plus personne ose inspecter nos services de peur de devenir fou d'ailleurs. Là encore, c'est un savoir-faire.

- Mais restez pas au garde-à-vous vous autre ! Escortez-le jusqu'à sa résidence !


Ma résidence ? Y'a maldonne. Faut pas que je m'éloigne de leurs locaux si je veux truander peinard.

- Nan nan. Trop visible là encore. Y m'avait semblé que je serais logé en garnison au même titre que vos hommes. J'insist'rai jamais assez, mais faut vraiment que je passe inaperçu.

Et c'est peu de le dire. Là je suis en train de lui expliquer clairement qu'y faut qu'y m'aide à passer inaperçu pour que je puisse plus facilement infiltrer sa garnison. Et il acquiesce le con. Y'a pas à dire, je fais un beau métier.

- Ikeda ! Menez à vos quartiers monsieeeeeur... oh je... je vous prie de m'excuser, c'est un nom assez compliqué à retenir. Vous me voyez confus vraiment, j'ai à peine eu le temps de réviser le protocole.

Mon nom ? Mais occupe-toi donc de ce qui te regarde espèce de sale... quel nom vaseux j'ai bien pu lui filer à cette andouille ? Si je me suis emmerdé à me faire passer pour un ambassadeur, y'a fort à parier que j'ai usurpé une identité. C'est pas comme si je pouvais lui répondre que j'avais oublié mon blase, y serait capable de devenir méfiant.

- T'jours pour des raisons de discrétions, j'aim'rais autant qu'vous m'appeliez monsieur euh... disons... Oletto. C'était le nom de jeune fille d'ma mère.

Et l'acquiesce encore une fois. Vu les galons, c'est un lieutenant. Eh bah je vous félicite pas mon lieutenant. Laisser entrer des espions aussi facilement, vous mériteriez un blâme, moi je vous le dit. Alors je suis son troufion jusqu'à ma piaule. Mon enquête pour découvrir qui s'en met plein les fouilles va bientôt pouvoir commencer. Tout ce qui m'emmerde maintenant, c'est qu'y va falloir que je discute de rattachement politique d'une île que je connais même pas.
Boarf, la belle affaire. Au pire ça provoquera un petit incident diplomatique, une guerrounette de rien du tout et ça passera. Je suis percepteur, pas diplomate bordel. Enfin... si. Officiellement.

Mais je me comprends.
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Ikeda - Bonjour Monsieur!  

Karuma allez comme à son habitude esquiver toutes forme de respect et se retourner directement sans avoir salué l’invité. Mais bon, le regard du conlonel et les 246 vaines visible sur son front réussirent à le rappeler à l’ordre.

Ikeda - C’est un honneur de vous rencontrer !  

Effectuant un salut impeccable envers l’étranger, il essayé tant bien que mal de se rappeler de qui il s’agissait. Mais bon, ce n’est pas le genre de détails que Ikeda prenait la peine de stocker dans sa mémoire. Se tournant en se grattant la tête avec une moue un peu débile, il invita l’étranger à le suivre, suivant les ordres du colonel. Le look un peu étrange de se monsieur Oletto aurait pu rendre suspicieux beaucoup de monde, mais pas Karuma, il ne se fiait jamais à l’apparences. Il l’a constaté, tout simplement.

Ikeda - Je pensais que les ambassadeurs était bien habillé ! Mais bon, en tous cas, vraiment bien réussi le déguisement roturier crasseux pour passer inaperçu !

Et oui, pour notre bon caporal, sa phrase avait vocation d’être un compliment… un jour il insultera quelqu’un de beaucoup plus fort que lui sans s’en rendre compte. Peut-être qu’à ce moment-là, toute la « réalité » qu’il se prendra dans la poire lui remettra les idées en place. Mais bon ce n’est pas en restant à Shell Town qu’une aussi grosse pointure allait se ramener. Il n’y a jamais personne dans ce coin paumé. Marchant à son rythme habituel, soit une marche rapide, il ne se souciait même pas si l’homme ventripotent arrivé à le suivre. Tout en « marchant », oui parce que vue de l’extérieur cela ressemblé clairement à une petite course, Ike présentait les pièces à côté des quelles ils passaient.

Ikeda - Bon alors ici c’est la salle de repos de ce quartiers, c’est la meilleur parce que c’est la plus proche de la cantine, qui ait juste là ! les trois portes là c’est juste des placard à balais. Là c’est la cuisine, normalement Ya que les cuisiniers et les commis qui peuvent y rentrer mais on peut négocier avec le chef pour venir piquet les reste dans le frigo, toute manière c’est de la nourriture qui est censé être jeté, elle manquera à personne. Bon nous y voilà l’escalier menant aux quartiers des soldats. Les deux premiers étages sont des dortoirs, il n’y a que des hommes dans ce bâtiment, et au troisième étage il y a les chambres des sous-officiers, enfin c’est plutôt des placards à balais mais bon, au moins on peut faire des exercice le soir sans être embêté. Qu’est-ce que vous voulais voir en premier ?

Déjà un pied sur la première marche de l’escalier, il se retourna pour la première fois pour voir ou en était son interlocuteur.
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Je t'en foutrais du «roturier crasseux» petit con. Tu crois peut-être que t'as l'air malin sapé en gigolo premier choix ? Bon sang, ceux là, à la régulière, il leur manque guère que le pompon accroché au niveau de la raie pour avoir la parfaite panoplie du tapin de compétition et ils trouvent encore moyen de faire des commentaires sur mes frusques. L'hôpital... la charité.... la paille... la poutre....
Chiasseux à la manque va. Je vais pas te rater. Y'a toujours des dégâts collatéraux dans mes missions. Celui-ci sera délibéré.

Tout aussi discourtois puisse être ce rustre, ce malandrin, ce philistin, cet enc.. il a au moins le mérite de me fournir toutes les informations sur la garnison en un rien de temps. Y mettent de la bonne volonté à se faire envahir par le premier venu. Si la révo payait bien, ce serait l'affaire d'un après-midi d'ici à ce que j'annexe Shell Town par mes propres moyens. Ce qu'y peuvent être empotés ma parole. Va falloir que je fasse du zèle et que je rédige un rapport sur la sécurité dans les garnisons d'East Blue en rentrant.
Non seulement tout ce ramassis de sperme gâché qui se dit marine fout en danger la sécurité du G.M et - par voie de fait - des habitants qu'y sont censés protéger, mais en plus ce sera à moi de rattraper leurs conneries. Et à titre gracieux qui plus est. Heureusement que je détourne un peu d'oseille pendant les missions, y'aurait de quoi se sentir dévalorisé autrement.

- Oh vous savez... maint'nant qu'on est à l'abri des r'gards indiscrets dans la garnison, je m'dis que je devrais un peu faire connaissance avec le personnel. Qu'est-ce que vous voulez, un diplomate, ça aime faire de nouvelles connaissances mwarf-arf-arf-arf !

Vrai que je suis plutôt sociable dans mon genre. Mais même pour tout l'or du monde je serais jamais aller causer spontanément à tous ces traîne-savates de la régulière. Bon... pour tout l'or du monde, pourquoi pas. Quoi que ça déstabiliserait l'économie mondiale qui serait obligée de trouver un nouveau mode de paiement pour palier au manque de métaux précieux. Au final, mon or perdrait toute sa valeur. C'est quand même fin con comme expression «même pour tout l'or du monde» si on y réfléchit plus de deux secondes.
Toujours est-il que je suis pas du genre à copiner avec la régulière. Quand on a servi la marine d'élite et le CP comme moi, on sait ce que c'est être un homme et on sait ce qui n'en n'est pas un. Tout ça là, ça ferait même pas de la chair à canon. Maigres comme des clous, apathiques - avec des sales gueules en plus - on sent qu'y sont là parce qu'y savent rien faire d'autre.
Des larves, tous autant qu'y sont.

- Vous devriez pouvoir tous les rencontrer à la cantine lors du repas de ce soir.

Mais je peux pas attendre. Faut que je commence à taper dans les huiles locales, identifier ceux qui palpent le pognon. Les officiers qui peuvent avoir accès aux transferts d'argent, c'est qui ? On a un lieutenant-colonel avec lequel commencer l'enquête. Tapons dans le haut du panier, et on descendra la piste en cascade.

- Oh mais... z'avez été si hospitalier avec moi. Je tiens au moins à remercier le responsable de la garnison en personne, vraiment.

J'insiste sur le «vraiment», parce que ça urge cette histoire. J'ai pas cinq jours pour mener mon affaire avant que l'expert n'arrive pour l'audit. Mon guignol, l'a pas l'air rétif à l'idée de déranger le lieutenant-colonel juste pour que je passe faire un coucou. Je persiste et signe : c'est une maison de fous ici. De fous stupides et incompétents.
Autant que je sache, je pourrais bien être un assassin, même un cannibale pourquoi pas, venu m'en prendre au plus haut gradé du coin et y fait quoi mon guignol ? Y me mène droit au bureau du lieutenant-colonel Paddington. Et «entrez» qu'y dit l'autre dès que Karikeda machin truc frappe à sa porte. C'est un moulin la garnison de Shell Town. Z'ont tous trois grammes de farine dans la tête.

- Lieutenant-coln'el Paddington je présume ?

- Lui-même.

Ah, y m'a quand même l'air un peu plus rigoureux le bestiau-ci. Dans son intonation, je sens bien que je le fais chier, faut croire qu'y travaillait. Y'en faut bien un après tout. Et si c'est le seul dans l'assemblée à bosser, y se pourrait bien que ce soit lui qui détourne le fric. Qui le vérifierait ? Le Jean-foutre qui me colle aux basques ? Vaste blague.

- Je vois que vous avez fait connaissance avec Karuma.

Qui ça ? Ah le... lui. J'ai fait connaissance avec lui avant même de le connaître faut dire. Il est jeune, plein de bonne volonté, tout droit arraché des mamelles de sa génitrice - en atteste les traces de lait sous le nez, il est pur, innocent, pétri de bonne volonté...
Lui il a le profil du type qui ne soufflera jamais ses trente bougies. Je connais la maison. Dans la régulière, ce sont les meilleurs qui partent toujours en premier. Littéralement. Au fond, c'est comme à la révo, les vieux cons cyniques envoient les jeunes idéalistes plein d'espoirs au casse-pipe. L'est mignon à sourire tout le temps, mais le jour où des pirates vont le choper, y lui arracheront toutes les dents. C'est vicieux un pirate. On s'imagine qu'y sont gentils comme tout avec des chapeaux de paille et des mascottes à chapeau rose à cause des autres cons d'y a un siècle, mais les temps ont changé depuis.
Tant mieux. On a moins de remords quand on les abat maintenant.

- Oui oui, y'a pas à dire, c'est un gentil garçon plein d'bonne volonté.

Un petit pisseux mal élevé oui ! Je te foutrais tout ça au pas.
Mais je suis pas là pour ça. Dieu merci, j'ai assez de boulot comme ça.

- Que puis-je faire pour vous monsieur Oletto ?

Me filer tes comptes, te soumettre au chantage docilement et fissa que je puisse me tirer de ce bourbier. Quelque chose me dit que ça sera pas aussi simple. Enfin, une fois que je le tiendrai par les couilles, les affaires se feront toutes seules. Reste à récolter les preuves pour ce faire.

- Eh bien, dans l'cadre du jumelage à v'nir y sera question de faire transiter une partie de nos denrées chez vous afin d'établir un lien de confiance. Un cadeau pour honorer not' partenariat.

- Oh, je vous en prie il ne faut p...

- Navré, mais nous n'pouvons y déroger, ce s'rait faire offense à not' culture.

Et y se ravise automatiquement. Qu'est-ce qu'on peut justifier au nom de la culture ma parole. Je pourrais aussi bien lui pondre une pêche sur son bureau avant de me farcir sa femme que j'en ressortirais blanchi dès lors où j'invoquerais la sacro-sainte barrière culturelle. Joli ramassis de conneries. Pour acheter la paix sociale aux îles conquises, le G.M laisse les peuples avoir leur folklore ici et là... je ne m'expliquerai jamais pareille bénévolence.

- Aussi, j'étais venu pour conv'nir des modalités logistiques prochaines pour faire transiter les cadeaux de mon île vers la garnison.

De mon île. Dont je ne connais toujours pas le nom, et encore moins ladite culture. Bluffons, bluffons, on verra le temps que ça dure. En attendant, on va essayer de voir comment y s'y prend pour la gestion des actifs de la garnison mon lieutenant-colonel. Que je sache qui fait entrer et sortir les marchandises et surtout, comment.

- Ce n'est pas moi qui me charge de ça ambassadeur.

Ah.

- Nous organisons des roulements parmi les sous-officiers afin de les former et les responsabiliser aux tâches administratives. L'un d'eux sera mieux indiqué pour vous renseigner que moi.

Je serais d'avis qu'y vaudrait mieux leur faire faire des pompes, mais à chacun son idée de la défense du territoire. Sait-on jamais, un bilan analytique comptable jeté pile entre les deux yeux, ça peut tuer son homme si on vise bien.
Que de foutaises en ces lieux.

- Alors... cette semaine, le responsaaaaable est.... ah. Le caporal Ikeda.

Qui c'est encore que ça ?

- Ah bah oui je suis bête ! C'est ma semaine !

Nom de... et y dit ça tout content de lui en tirant la langue entre ses dents. Si ça se trouve, y'a jamais eu d'escroc pour détourner tout ce pognon. Vu comme y m'ont l'air organisés ici, l'est pas improbable que ce soit l'un de ces foutus sous-off en papier-mâché qu'aient été assez cons pour sauter une ligne dans le bilan.
Je la sens mal cette mission, mais mal.

- Venez Excellence, je vais vous montrer comment je m'y prends !

- Calme Ikeda. Et sois un peu plus aimable avec notre invité de marque je te pr...

À peine que j'ai eu le temps de serrer la paluche au grand manitou que l'autre me traîne presque derrière lui en me chopant par le bras. Qu'est-ce qu'y leur donnent à manger à leurs troufions ici ? C'est pas permis d'être aussi enjoué et super-actif ma parole. Le voilà qui me promène jusqu'à ses quartiers pour me donner des leçons de compta avant le dîner.
On n'est pas rendus. Si seulement j'avais eu plus de temps sur les mains, j'aurais pu travailler chaque pécore les uns après les autres jusqu'à trouver le mouton noir dans la prairie. Cinq jour qu'on m'a donné. Cinq malheureux jours. C'est ça d'être un crack, on a vite fait de vous refiler les boulots les plus ingrats qu'y soient.
Voyons maintenant comment la logistique s'opère dans le bousin. Avec un peu de chance on pourra esquisser l'ombre d'une piste d'ici à ce soir.
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