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Une vie de voyages. Je repensais aux paroles de Bernadette au fait de songer à me poser quelque part. Fumant une de mes vulgaires cigarettes de mauvaise qualité, je songe à une éventuelle réponse. Jaya pourrait se rapprocher de ce que je considère comme mon « chez moi ». C’est beaucoup dire pour un lieu où je n’ai passé que quelques mois, mais ça reste un endroit où j’ai participé à son indépendance, au début de sa nouvelle vie. C’est aussi l’endroit probablement le seul endroit où je suis capable de baisser ma garde. Je m’y sens en sécurité.

Tout à l’avant du navire, au levé du soleil, je me tiens debout en fumant tranquillement cette foutue clope. Les cheveux balancés en arrière par cette douce brise matinale, j’observe le ciel encore légèrement rougeâtre, jusqu’à ce que le soleil se lève un peu plus franchement. Marcel, le navigateur, est le premier à me rejoindre en vérifiant que nous suivons toujours le bon cap. Il s’allume également une mèche et observe silencieusement l’horizon.

« - Ainsi nous rentrons au bercail, captain ?
- Ainsi nous rentrons au bercail.
- Je ne pensais que cela arriverait aussi rapidement.
- Moi non plus. Vous pourrez souffler un long moment.
- C’est-à-dire ? Suelto vous expliquera. Me remettre de l’opération prendra quelques temps, puis je devrais ensuite régler certains paperasses administratives et partir, seul, dans une mission où je ne suis pas sûr de revenir. Et dans le cas où je reviens, j’espère vous revoir prêt à mener l’une des plus grandes batailles de votre existence.
- Rien que ça. Bon, on dévie légèrement, je retourne à la barre. »

Le connaissant, il a senti que ça ne sentait pas bon, alors il a décidé de se vider l’esprit ailleurs qu’en ma compagnie. Ou simplement qu’il avait envie de réveiller Yumi, perché sur la vigie, à coups de fusils. Ce dernier se réveille la gueule à l’envers, furieux d’un réveil aussi brutal. Les deux réunis forment une sacrée paire d’abrutis. Marcel est cependant très intelligent contrairement à Yumi, toujours trop bourré, pour que je puisse réellement déterminer ses capacités intellectuelles.

Mes sens accrus détectent une odeur émanant de la cuisine, signifiant que Mokthar est déjà aux fourneaux. Je me languis d’avance à l’idée déguster ses petits-déjeuners effectués avec amour. Il ne me manque plus que Suelto, Maria et Robert, probablement déjà réveillés. Enfin, je serais un menteur de dire que je l’ignore, puisque rien ne m’échappe dans ce foutu navire. Absolument rien. D’ailleurs, c’est avec bien des idées en tête qu’ils arrivent jusqu’à moi. Suelto ouvre le bal.

« - Salut, dit-il simplement en se dirigeant vers Marcel, on suit la bonne route ?
- À ton avis, Suelto, répond simplement Marcel d’une voix froide.
- Ragnar ! Le vieux et moi avons discuté de quelque chose d’important à nos yeux, me dit Maria.
- En effet, et comme tu t’en doutes, c’est du domaine médical, insiste le vieux. »

Il est bien trop tôt pour ce genre de choses, connards.

« Que voulez-vous ? Faites vite, Mokthar a presque fini. »

La bouffe passe avant les recommandations.

« On voudrait une équipe médicale bien plus conséquente. Si je compte Maria qui n’est officiellement pas vraiment médecin, je suis le seul. On a bien vu sur Parisse que cela ne suffisait pas et que dans le cas où tu es amené à diriger un nombre d’hommes assez important, je serais rapidement débordé tout seul. »

Hm. C’est pas faux. Je prendrais la recommandation du vieux au sérieux.

« - Pour ma part, il me faudrait un jardin botanique.
- Tu te fous de ma gueule, Maria ? Où est-ce que je vais bien pouvoir foutre ton putain de jardin sur ce putain de navire ? »

Je reste particulièrement calme malgré sa connerie. Ma voix ne s’élève pas d’un pouce.

« - Et bah ? Où est le problème ? Tu devras avoir bientôt plus d’hommes sous tes ordres, donc un navire plus grand, et donc beaucoup plus grand pour mon jardin nécessaire à la fabrication d’antidotes et médicaments. Pas vrai, Robert ?
- Absolument.
- Absolument, forcément. Vous aviez tout préparé.
- On restera sur Jaya durant de nombreux mois, on a même le temps de le construire ce navire, non ? »

Un jardin botanique. Après tout, pourquoi pas voir les choses en grands. Un coin de détente pour ceux qui en auront marre de voir la mer, c’est plutôt pas mal. Et comme c’est nécessaire pour la médecine, les médecins pourront concevoir les produits nécessaire, et ce qu’importe où nous serons sur cette foutue mer. Sur ces paroles, comme s’il nous écoutait, Mokthar sort de la cuisine avec un énorme charriot, conçu sur plusieurs étages, où sont entreposés plusieurs garnitures. Il a même réussi à… à réaliser ces foutues pâtisseries de Paris !

C’est totalement subjectif, c’est personnel : j’ai le meilleur équipage du monde.

J’espère que Kardelya et son gosse s’y sentiront bien. On les attend.



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Je ne saurai trop dire si ce voyage à Parisse a été trop court ou trop long. Dans l'idée, je ne savais pas vraiment si j'avais été utile sur place, à faire mes repérages et à aider la population à gauche à droite.
Et concernant ma prise de parole, au cours de la réunion entre gouvernementaux et révolutionnaires, je dirai que c'est encore plus complexe de faire un bilan dessus.
Mais bon, qu'importe, la Révolution n'attend pas et a toujours à faire ailleurs et aujourd'hui, on part sur Jaya, un fief Révolutionnaire que je connaissais vaguement de nom, mais où je n'avais pas encore pu mettre les pieds. Lorsque nous sommes partis des Blues, nous sommes passés quasiment en ligne droite, sans faire de vraie escale et Jaya a été bien esquivée.

Mais bon, je pense aussi que revenir une étape en arrière, à savoir Grand Line, c'est un nouveau départ plus crédible que le Nouveau Monde. Rien que la simple traversée aurait aisément pu nous coûter la vie, si nous n'étions pas bien préparés. Bon, le trajet jusqu'à Grand Line n'était pas non plus des plus aisés, mais ça restait plus gérable quand même.

Fumant vers la poupe du bateau, j'observe l'horizon avec Mibu, alors que nous voguons paisiblement en direction de Jaya.

-Alors? Tu penses quoi de Grand Line comme nouvelle étape? Tu penses que l'on va pouvoir contribuer à l’effort révolutionnaire?

Je soupire, expulsant la fumée au loin, réfléchissant encore un temps

-C'est déjà plus gérable que le Nouveau Monde, je pense; et aussi plus à notre niveau. Et puis, c'est une zone assez "centrale" du monde; ce sera plus simple et rapide de partir vers les Blues ou le Nouveau Monde, en fonction des besoins Révolutionnaires.

Mibu reste songeur un temps, accoudé au bastingage du navire, avant de hocher la tête positivement:

-D'accord, on peut tenter le coup. Et puis, ça nous permettra de voyager aussi au passage.

Je tapote l'épaule du jeune homme en souriant, continuant à observer l'horizon. J'avais bien récupéré un petit navire au niveau des Blues, mais j'ai dû l'y laisser, pour le grand voyage jusqu'à Parisse. En même temps, ce n'est pas sûr du tout qu'il aurait pu tenir le coup, sur toute cette traversée...

Le lendemain matin, je sors sur le pont et rejoins Ragnar et les autres, avec Mibu à mes cotés, leur adressant un signe de la main.

-Bonjour tout le monde.

Mibu enchaîne en inclinant la tête:

-Bonjour.
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« Et voici nos derniers invités, dis-je en les invitant à s’assoir, nous pouvons ainsi commencer. »

Le petit-déjeuner se passe à merveille. Il est temps pour moi de mettre les choses au clair tant que j’ai tout le monde sous la main.

« Personne n’ignore la raison de notre venue sur Jaya : me refaire un nouveau portrait. Cela ne m’enchante guère mais nous n’avons pas trouvé mieux pour l’instant. En toute honnêteté, je serais un menteur de dire que ça ne me terrorise pas. Changer de visage… Qui fait ça, sérieusement ? Bref, je le dis tant que nous sommes en petit comité. La raison de ce changement physique n’est pas une envie personnelle… »

J’espère qu’ils s’en doutaient.

« L’idée, grosso modo, est que j’infiltre le CP9 et tente d’y retrouver au moins une des deux femmes que l’on recherche. Ma couverture, c’est dans la poche. Ce qu’il se passera après, c’est encore autre chose, seul l’avenir nous le dira. Prions les dieux pour qu’ils soient avec nous. »

Personne ne m’écoute. Ils sont tous à bouffer comme des porcs, ce que je comprends étant donné le goût exquis de ces mets. C’est un peu les vacances pour eux, pas de mission, une vie tranquille les attend avec le plaisir de retrouver leurs proches pour certains. Je vise essentiellement Marcel et Yumi qui sont originaires de l’île révolutionnaire. C’est une première pour Kardelya et j’espère qu’elle s’y sentira comme chez elle. Qui sait, peut-être que l’île lui donnera des ailes.

Jaya la douce, désormais face à nous, nous contemplons tous ces rochers qui nous accueillent, décorés de canons et de soldats qui montent la garde. La particularité de cette est son entrée extrêmement étroite, qui mène dans un grand espace totalement dégagé dans lequel on s’engouffre. Une fois entré dans Jaya, c’est la mort assurée pour tout navire. À mon arrivée déjà, nous avons su monter un plan de dernière minute, mais avec la présence de la révolution, c’est carrément incroyable.

Des navires de défense sont constamment en mouvement et nous saluent au passage, tandis que des canons sont alignés tout autour, nous saluant indirectement. Je me demande bien qui serait assez fou pour attaquer l’île. Des assaillants pour se dire que l’autre côté n’est pas défendu mais c’est une partie de l’île où des pirates habitent en réalité, donc pas forcément une meilleure idée. Je guide ensuite Marcel pour éviter les épaves de navires que nous avions créés pour paralyser les navires ennemis. Une véritable défense.

Jaya:

Nous accédons ensuite à cet immense port dont l’activité est toujours aussi fleurissante, si ce n’est plus que la dernière fois où je suis passé. La ville ne respirait pas aussi bien. Excepté Belmud et Othar, puis j’imagine le reste du conseil, personne n’était censé être au courant de notre, et pourtant des gens sont là à scander mon nom. L’arrivée discrète est ratée. Nous stationnons tranquillement une foule d’individus s’amassent autour d’Othar et Belmud, que je salue expressément.


« - Ils sont prêts, me dit Belmud. Veux-tu que je les prévienne ?
- Plus tôt ce sera fait et mieux ça sera, dis-je en buvant dans une bouteille rhum filé par Othar. Je te l’emprunte. Merci.
- Te prive pas, va. Il est trop tôt pour moi de toute manière, répond Othar.
- Allez, Ragnar, commence à pas te faire dessus, on y va. 
- Occupez-vous bien de mes hommes, surtout de Kardelya qui n’est jamais venue, dis-je me faisant trainer par Belmud. »

L’instant suivant, je disparais dans la foule. Et presque aussi rapidement, en exagérant légèrement, je me retrouve sur un bloc opératoire. Une pièce confinée, aucune fenêtre, seulement de la lumière et des tas d’instruments. J’ai des branchements de partout, j’aime pas ça. On m’avait déjà montré le visage que j’aurais après l’opération, le chef du bloc me demande à nouveau si ça me convient, puis j’aspire un somnifère qui m’envoie aussitôt dans les bras de Morphée.

Un bon dodo et tout sera réglé.



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Apparemment, Mibu et moi sommes les derniers arrivés. J'imagine que nous n'avons pas les même habitudes que les autres, peut-être avec un peu plus de sommeil. Ou alors c'est juste que l'on prend plus notre temps, qui sait?
Mais bref, mettons ça de coté et concentrons-nous sur ce que va dire Ragnar, qui semble d'un coup plus sérieux et grave. C'est d'ailleurs une expression qui me terrifie chez lui, étant plus ou moins coutumière de ses "folies" et j'avais déjà eu vent de quelques bribes de son nouveau plan, suite à l'opération de Parisse.
J'osai presque espérer qu'il nous annonce qu'il renonce à ce plan complètement suicidaire, mais je me doute que ce sera pas aussi simple, vu la détermination du gars...

Je reste silencieuse, alors qu'il explique une nouvelle fois son plan et je n'aime pas trop l'idée de compter sur les dieux ou la chance... Dans mes propres plans, je tâche toujours de m'aménager deux trois portes de sorties, au cas où le plan initial échouerait ou que la résistance ennemi serait plus forte que prévue, surtout après la réussite du plan...
Mais là, Ragnar ne semble rien avoir en stock, pas de plan B, rien du tout...

Le reste du petit-déjeuner se passe en silence pour ma part et je maintiens le silence et l'isolement jusqu'à Jaya, laissant Mibu traîner à gauche à droite. On est sur un bateau, il ne risque pas grand chose, si ce n'est passer par dessus bord, mais je lui fais confiance pour faire attention à ce genre de "détail"...

L'arrivée à l'île est méthodique et méticuleuse, alors que l'on passe entre une ceinture de bateaux de garde et une sorte de cimetière de navires.
Ragnar fait une entrée remarquée, avec quelques badauds qui l'attendaient... Moi qui pensait naïvement que les Révolutionnaires agissaient dans l'ombre, j'imagine qu'il y a des moments où on peut passer sur le devant de la scène... J'en ai eu un bref aperçu à la réunion de Parisse, où j'ai vu Ragnar quasi en homme politique, même si je sentais qu'il avait du mal à tenir le rôle, mais bon...

Je laisse Mibu partir visiter la ville avec le reste de l'équipage, restant près de la battisse où avait été emmené Ragnar, faisant les cent pas et fumant cigarette sur cigarette. Tendue? Peut-être. Stressée? Sans doute. Difficile à dire dans quel état d'esprit je suis, mais je tenais tout de même à rester près de Ragnar, avant qu'il ne se jette dans la gueule du loup...
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La dernière chose que j’ai senti avant de m’endormir est la présence de Kardelya à proximité.

Le néant s’installa ensuite.


***


De longues heures plus tard.


En ouvrant les yeux, je me sens extrêmement fatigué. Allongé dans un lit plus confortable que celui dans le bloc, une fenêtre donnant sur un merveilleux coucher de soleil. En face de moi, le chirurgien et des infirmières, ils discutent probablement des soins à m’administrer, jusqu’à ce qu’ils remarquent que je suis réveillé.

« Ah ! Déjà réveillé ? Pour faire simple : l’opération s’est très bien passée, dit fièrement le médecin. Je te déconseille d’essayer de parler pour le moment. Disons que ce n’était pas une opération des plus simples, nous avons dû casser certaines parties de ton visage, les remodeler, et donc des séances rééducations auront lieu tous les jours. »

Waow. Je comprends mieux la raison pour laquelle j’ai le senti d’avoir la tête compressée. La dernière que j’ai ressenti ça, c’était lors d’un entraînement contre Othar.

« Vous serez opérationnel d’ici quelques mois. Vous serez en mesure d’articuler correctement chaque mot, vos cartilages seront de nouveaux soudés et psychologiquement vous vous serez acceptés. »

Il a osé me parler de psychologie.

« J’ai d’autres opérations moins amusantes à réaliser, je vous laisse maintenant entre les mains de ces infirmières. »

Infirmières qui parlent de tout et de rien, de leurs histoires de cul, me faisant croire qu’elles pensent que l’on opéré des oreilles. Je ne peux pas m’exprimer comme je le voudrais mais j’entends parfaitement bien. Bref. Elles me refont mes bandages, remplissent une carafe d’eau et se tirent rapidement. Suelto les salue et entre à leur place.

« Oh ! On ne peut même pas voir les dégâts avec tous ces bandages, dit Suelto un peu déçu. »

On se regarde dans les blancs des yeux, aucune réponse ne sort de ma bouche.

« Quoi ? Ne me dis pas qu’ils t’ont cousu la bouche aussi ? Le chir’ a fait un excellent boulot, reprend-t-il en se tordant de rire. »

Mes yeux, seule partie visible de mon visage, restent figés sur le rouquin qui ne semble pas du tout effrayé. Son insolence, je dois l’avouer, peut parfois me mettre hors de moi du fait que je sois incapable de la contrôler. Même dans mon état actuel, il sait pertinemment qu’il me suffit d’un geste pour n’en faire que de la charpie, mais rien à faire. Et puis dans le fond, ce qui me ronge vraiment, c’est surtout de ne pas pouvoir communiquer comme je le voudrais. Je perçois légèrement un mur blanc derrière moi.

Je pose ma main contre ce mur, qui devient une tâche d’encre que je peux manipuler à souhait. Je communiquerais ainsi pour le moment. Première question inscrite sur le mur à partir de la tâche d’encre qui s’est modelée en un ensemble de mots : « Tout le monde va bien ? »

« Bah écoutes, ça a l’air. Kardelya attend son tour pour te voir, Maria et Robert sont allés planter des plantes, Yumi et Marcel sont déjà les chefs de la ville. Et moi, si ça t’intéresse, je passais simplement dans le coin. »

Les mots se mélangent pour en former d’autres : « T’as mon paquet de clopes ? »

« Pourquoi devrais-je avoir ton putain de paquet de clopes ? Tes affaires sont sur la chaise à ta droite. Puis au pire tu demanderas à Kardelya, elle fume autant que toi si ce n’est pas plus. Allez, j’me tire. Ça pue la mort ici. »

Cela peut paraître assez sombre comme relation, sauf que je sais que Suelto se porte bien ainsi. S’il ne blague pas, ça va mal. La dernière fois, c’était d’ailleurs sur Jaya. Il avait même failli avoir ma peau le con. Tellement intelligent qu’il pourrait m’avoir malgré l’écart physique entre nous. Il s’en va en laissant sa place à Kardelya, donc. Lorsqu’elle rentre, il est affiché sur le mur : « je ne peux pas parler. »





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Je ne saurai pas trop dire combien de temps s'est écoulé, pendant l'opération de Ragnar; j'ai arrêté de compter à partir de quatre heures.
Passé un certain temps, je suis tout de même partie en ville manger un morceau, chercher Mibu et me balader un peu avec lui dans Jaya, histoire de me prendre aussi quelques repères au passage, même si je compte sur Mibu pour progresser en cartographie, en établissant un plan des lieux. Depuis un certain temps, j'envisage d’agrandir mon équipage avec d'autres matelots, avec des postes plus définis, surtout que je manque clairement de tout. Je suis Capitaine et combattante et Mibu est musicien/apprenti cartographe; ce n'est pas vraiment une configuration "optimale" pour un équipage, surtout quand on sait que Ragnar me proposait à une époque de prendre carrément la tête d'une flotte (mais à ce train-là, ce sera dans une autre vie).

Ruminant tout ça dans mon esprit, Suelto, un des camarades de Ragnar sort du bâtiment, me faisant un signe de tête vers l'intérieur.
Je pars de suite pour la chambre de Ragnar, pour retrouver mon futur capitaine le visage intégralement bandé, si ce ne sont ses yeux encore visibles.
Je reste immobile un temps, remarquant un message sur le mur blanc, à coté de Ragnar. Je vois...

Je soupire, écrasant mon mégot à terre, le récupérant et le rangeant dans une petite boîte en métal, avant de renfoncer les mains dans mes poches, observant Ragnar un temps...

-Bon... On fait quoi maintenant?
Je t'enguirlande copieusement pour la folie que tu t'apprêtes à faire? Je te colle une droite? Je te souhaite juste bonne chance?
Sérieusement, je suis complètement perdue...


Je baisse finalement la tête, serrant vivement les poings dans mes poches. Que dire et que faire de plus?
Je n'ai jamais eu ce genre de rapport avec un homme et j'avais parfois du mal à croire que ce type m'avait demandé ma main il y a quelques mois de cela... Je ne suis même pas certaine de ce que je ressens pour lui et encore moins ce qu'il ressent pour moi... Après, j'imagine qu'être en colère ou inquiète parce qu'il s'apprête à faire une grosse folie, j'imagine que c'est "logique" pour quelqu'un qui serait... amoureuse?

Je vois alors une goutte tomber à mes pieds, puis une autre et encore une autre... Pourquoi je pleure maintenant?!?
Je frotte vivement mes yeux, secouant la tête, observant Ragnar, tétanisée.
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Merde… Qu’est-ce qu’elle me fait, là ? C’est pour le moins une situation assez inattendue. Puis faut dire que je ne suis pas en état de gérer quoique ce soit. Je suis un génie. Comment est-ce que sous morphine, anti-douleurs, shooté à je ne sais quels produits, incapable de réellement bouger et muet, je parviens malgré tout à faire pleurer une demoiselle ? Un bon à rien, voilà, c’est tout ce que je suis. J’ai beau mener des batailles, commencer à être pas mal en combat, c’est une véritable catastrophe au niveau social.

Et puis au diable les recommandations du chirurgien.

« J… Je… Merde ! Aie… Je… N-Ne… Mourr… Mourrais… Pas. »

C’est tout ce que je pouvais faire actuellement. Impossible d’enchaîner les mots, je suis comme à moitié paralysé. Kardelya estime que je me lance vers une mission suicide, et elle n’a pas tord, sauf que c’est la seule solution que j’ai trouvé jusqu’à maintenant. Puis je lui ai fais une promesse que je compte bien tenir. Il ne manquerait plus que je meurs dans l’antre du loup, ça n’arrive qu’aux débiles ce genre de choses… Sauf si l’on considère que je suis souvent appelé le « débile » et que je réfléchis particulièrement peu.

Enfin ça c’était avant. J’essaye de légèrement évoluer sur le domaine, ce qui n’est naturellement pas chose aisée, mais bon. Sauf que ce n’est pas ce qui m’importe le plus à l’heure actuelle, c’est plutôt les larmes de Kardelya. Je ne sais pas gérer ces situations, pas comme Suelto qui sait gérer toutes les situations. Je fais signe à celle-ci de se rapprocher pour ne pas avoir à trop hausser la voix.

« S-Séche tes… arg… larmes. »

Je passe la partie extérieure de mon doigt plié sous ses yeux pour intercepter les gouttes d’eau qui s’échappent.

« C-C-C’est la…d-dernière f-fois… qu-que tu… tu… tu pleu-pleures par m-ma… ma… ma faute. »

Pendant le temps de ma convalescence, j’attends de cette dernière qu’elle progresse. Elle a le champ libre et mes hommes à disposition. Elle veut bouger, qu’elle bouge. Sa clairvoyance, son jugement, tant de qualités où elle me surpasse amplement.

« M-Mar-ia… Su… Suelto… Entr-entraines… Entraines-t-toi… av-ec eux. »

Je n’en peux plus de parler, c’est trop épuisant. Je reprends l’écriture au mur si nécessaire. Je lui fais, à l’aide de deux doigts devant ma bouche, mon envie de fumer une clope. Juste tirer au moins sur la moitié, je n’attends que ça.



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Sérieusement, qu'est-ce que je dois faire maintenant?
Je me retrouve à pleurnicher comme une vrai gamine, c'est juste pitoyable! Je devrais pas faire ça! Je me suis pas entraînée des années durant pour devenir une simple pleurnicheuse, qui pleure pour des bêtises!

Je redresse la tête, en entendant la voix empreinte de douleur de Ragnar... Attendez, il n'était pas censé ne pas parler? Qu'est-ce qu'il fabrique cet imbécile?!?
Continuant à me parler malgré la douleur évidente, mon capitaine commence à essuyer les quelques larmes coulant encore le long de mes joues.

Je secoue finalement la tête:

-D'accord, j'arrête avec les larmes! Mais, arrêtes de parler et de te faire du mal, je t'en supplie!

J'inspire profondément, calmant comme je peux mon cœur battant la chamade... Pourquoi il manque de me faire avoir un infarctus ce fou?
Je hausse un sourcil, en l’entendant parler d'entraînement avec son équipage... Pourquoi il change de sujet comme ça? Il se doute que si je n'ai pas d'occupation, je vais inévitablement commencer à stresser et m'inquiéter pour lui? Ou il veut vraiment que je m'entraîne comme ça? Je ne sais pas quoi dire ou penser...

Je peux changer de sujet mental, en allant chercher les cigarettes de Ragnar dans ses affaires et lui en tendant une, pour qu'il puisse la prendre en bouche et que je l'allume d'un rapide coup de briquet, avant de m'occuper d'en griller une à mon tour... Bon sang, plus je traîne avec Ragnar, plus j'ai du mal avec lui... Et j'ai encore franchement du mal à me considérer "en couple" avec lui...

Soupirant longuement et expédiant la fumée au plafond, je m'affale le long d'un mur, épuisée d'un coup:

-Ah... Ne t'en fais pas... Etant donné que je compte me constituer un équipage digne de ton nom, je n'ai pas l'intention de délaisser mon entraînement, avec ou sans ton équipage...
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Je tire sur la cigarette tout en écoutant Kardelya. Je m’en doutais mais elle n’a pas prévu de se tourner les pouces durant le temps de ma convalescence. Parfait. J’ai une confiance aveugle en Suelto qui ne se laissera pas avoir par l’inactivité, j’ai un peu plus de doutes au sujet de Marcel et Yumi. À la limite, Marcel, Maria et Robert ne sont pas des compétents et je sais qu’ils renforcent leurs autres compétences, mais concernant Yumi c’est un potentiel gâché.

J’écris au mur grâce à mon encore : « Dans une semaine, lorsque je serais sortie, tu affronteras un de mes hommes tous les jours. »

C’est alors que Yumi franchit brutalement la porte, les infirmières derrière qui tentent de le freiner.

« - Monsieur Ragnar ! Ce type louche et totalement alcoolisé dit vous connaitre.
- Captain ! Dites-leur !
- Ah… Mais il ne peut pas parler, dit une des infirmières en réalisant. 
- Qu’est-ce que vous dites ? »

Je lève mon pouce vers le ciel pour signifier que tout est en ordre. Les infirmières se tirent, je me retrouve avec Kardelya et Yumi. Ce sale bretteur de merde empeste l’alcool. Je termine tranquillement ma clope, je la pose ensuite sur le cendrier et regarde le petit brin. « Petit » est un euphémisme quand on voit la carrure du type. Posant de nouveau ma main au mur, je rédige quelques mots.

« File t’entraîner. Maintenant. »

Fatigué, je m’endors. Mes yeux sont bien trop lourds. La dernière que je vois est le visage inquiet de Kardelya. Quel goujat je fais !



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Je reste silencieuse, prête à m'enfuir de la pièce et laisser Ragnar se reposer. Après-coup, je me sentais mal de n'être venue ici que pour l'enguirlander... C'est vrai quoi, il a sans doute besoin d'autre chose que des remontrances, alors qu'il est sur le point de faire une mission-suicide...

J'observe un temps le nouveau message de mon capitaine, hochant brièvement et rapidement la tête:

-Je suis même prête à le faire toutes les heures s'il le faut!

Durant mes quelques missions à East Blue, j'avais eu très peu de nouvelles de Ragnar et j'imagine aisément son niveau de puissance, pour pouvoir se balader sur le Nouveau Monde aussi tranquillement. Je ne peux pas imaginer un seul instant rejoindre son équipage, avec mon niveau pitoyable. Je dois lui faire honneur, en évitant au minimum de ne pas mourir bêtement en pleine traversée de Grand Line ou du Nouveau Monde! C'est pas comme ça que je pourrais contribuer à la cause, bon sang!

Un vacarme se fait entendre à l'extérieur et je me redresse brusquement, me plaçant entre Ragnar et la porte de la chambre, lorsque je vois un autre compagnon du capitaine débouler (Yumi, il me semble). Il fait un bazar pas possible et j'observe du coin de l’œil Ragnar faire deux trois gestes, ce qui calme aussitôt l’épéiste et les infirmières, qui finissent par quitter la salle.
Yumi se fait congédier par un nouveau message de son capitaine et je me retrouve à nouveau seule avec ce dernier. Il finit par s'écrouler sur le lit et semble s'endormir comme une masse.
Je soupire de nouveau, laissant échapper une dernier nuage de fumée, écrasant et récupérant mon mégot de cigarette dans sa petite boîte métallique.

J'observe un temps Ragnar, la main sur la poignée de porte, marmonnant pour moi-même plus qu'autre chose:

-Pourquoi faut-il qu'un fou comme lui soit mon premier amour?

Je secoue doucement la tête avec un sourire et sors de la salle, refermant doucement la porte dans mon dos.
Bon sang, j'ai besoin de me jeter sous l'eau glacée là!
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