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Apprendre à mettre une droite, ou deux... (Serpiente)

Apprendre à mettre une droite, ou deux...
Hiver 1627

Cet hiver avait été particulièrement rude. Bien plus que les précédents d'ailleurs. Même si en été l'île de Poiscaille offrait à ses habitants un beau soleil et quelques vagues de chaleur, la période hivernale ne s'était pas avérée aussi réjouissante. Nous avions eu le droit, cette année, à de lourdes chutes de neige ainsi que des pluies givrantes.

Pour les pêcheurs de South Blue, la période n'avait pas été très productive, voir même désastreuse. En ce qui concernait les petits commerces locaux tels que l'étalage dans lequel je travaillais, les bénéfices n'avaient été que très moyens. En somme, seules les exportations à l'étranger avaient pesées dans le poids de l'économie de l'île.

Et je me serais bien glissée dans l'un des bateaux à destination de Kage Berg ou Inu Town, mais il fallait bien que je porte mon tablier pour assurer la vente.
Pour les idées d'exode, on repasserait plus tard.

Aujourd'hui, j'avais réussi à prendre mon après-midi. Déjà pour ne pas me taper la vente, mais aussi et surtout pour prendre un peu de temps pour moi, histoire de souffler et m'aérer l'esprit ailleurs qu'autour des poissons et leur imposante odeur.

Poiscaille était une île qui tournait essentiellement autour du commerce halieutique, alors à part les institutions de bases telles que l'école, les épiceries, la garnison marine, la mairie, les pompiers, etc, il n'y avait pas beaucoup de choses à faire. Il y avait néanmoins, en ville-basse, quelques bars et restaurants attrayants.

...

Bras croisés, j'hochais la tête.

« Hum. Choix compliqué. »

À ma droite : « La Taverne de Jimmy » et son ambiance ultra chaleureuse. À ma gauche : « La bière aux poissons » et sa qualité du breuvage.

Et bien sûr, ils n'auraient pas pu s'unir pour créer l'endroit parfait. Non. Les deux se livraient une guerre sans fin aux abords d'une seule et même rue : La Rue du Hareng.

J'ai mûri l'idée quelques minutes et me suis enfin décidée en partant du principe que la taverne de Jimmy m'offrirait plus les moyens de rencontrer du monde. Je me suis alors dirigée là où le guitariste semblait accorder au mieux son instrument.

...

« Vous auriez un grand verre d'eau avec du sirop à la framboise ? »

Ma question semblait avoir déstabilisé le barman. En effet, il ne devait pas avoir l'habitude de servir ce genre de boisson. C'est vrai qu'autour de moi, il y avait beaucoup d'hommes et peu de femmes. Principalement de la bière, du whisky, de la vodka et parfois du vin. Et qu'est-ce que ça sentait plus fort que mes poissons.

Et je regardais autour de moi, mais il n'y avait personne susceptible de me plaire. Personne avec qui j'aurais pu taper la discussion. Ils étaient déjà tous en groupe de deux, de trois, de quatre. Alors je sirotais tranquillement mon sirop. Peut-être qu'il suffisait d'attendre encore un peu.

Étrange, ce sirop avait quand même un goût piquant.
    Il faut, pour situer, expliquer que toutes les aventures de l’ancien marin semblaient avoir pour cadre les mêmes endroits, les mêmes causes, et souvent, les mêmes conséquences. A savoir, des bars, des bagarres, et des douleurs atroces dans le crâne, provoquées alternativement par l’alcool et par les coups reçus sur la caboche.

    Cette fois n’étant pas coutume, il ne s’agit nullement d’une aventure classique, ou plutôt si, mais pas exactement dans le même ordre. Déjà, il n’était pas dans un bar. Mais où était-il d’ailleurs ?

    « Mais je suis où d’ailleurs ? »

    Il n’en savait rien, et c’était bien ça le problème. Il avait ouvert un œil, puis deux, et les avait refermés aussitôt. Le soleil, vil traître, lui avait léché le visage sans autre forme de procès et l’avait aveuglé – pour de vrai. Il soupira, et essaya de bouger un tant soit peu, avant même de se rendre compte qu’il n’était pas loin d’en être incapable. Une migraine terrible venait de l’attraper, et cela ne pouvait vouloir dire qu’une seule chose.

    « J’ai beaucoup trop bu hier. Bordel. »

    Ce n’était pas tout à fait vrai, pour être honnête. Il avait bu quelques verres dans un sale rade et malheureusement s’était trompé de verre. Sans doute l’avait-on drogué, car il n’avait pas l’habitude de partir dans les limbes aussi vite. Une chance pour la victime, et une mauvaise nuit à passer pour l’habitué. Comme il n’avait pas un sou, et qu’il n’était quand même pas gaulé comme un Adonis, il n’avait pas eu grand-chose à craindre lorsqu’il s’était endormi à même les docks. Ceci dit, si le problème existait, il étiat plutôt à conjuguer au présent :

    « Où j’suis p'tain ? »

    Et ça, c’était une grande question. Au prix d’une énorme souffrance, il s’extirpa du sac de nœuds dans lequel il avait comaté pour se rendre compte qu’il était en fait dans la cale d’un navire, et d’un gros en plus. Si on ne l’avait pas jeté par-dessus bord, c’était probablement parce qu’on ne l’avait pas retrouvé. Et c’était pas plus mal. Tâtonnant, il replaça son vrai bandeau de faux borgne, et il rejoint le pont en catimini. Ce dernier était désert à son grand soulagement.

    Une fois sur les docks et du coup relativement sauf, l’ancien marin se passa la main sur le visage. Il ne se sentait pas bien, et, pire encore, n’avait pas la moindre idée de où il se trouvait. Il devait remédier à ceci, et se dirigea vers le tumulte. S’il devait trouver où il était, cela allait être bien plus simple en demandant aux gens. Encore aurait-il fallu en avoir besoin, et ce n’était pas vraiment le cas. Un gros panneau, digne des plus belles villes de l’Ouest Américain, se tenait devant lui. Poiscaille. Le Serpent eut comme un blanc mental.

    Poiscaille dans West Blue.

    WEST BLUE ?

    Ok, il avait pris une cuite, sinon plus. A la rigueur il pouvait piger comment il s’était retrouver dans la cale d’un navire marchand. A la limite, il aurait pu tolérer de changer d’île… Mais changer de Blue, c’était une blague ? Il lui fallait un verre. Fort. Maintenant.

    Sans prendre de pincettes, il demanda à la première personne qu’il croisa où on pouvait se rincer le gosier, puis il soupesa l’intérieur de sa poche. Il aurait de quoi se payer quelques verres. C’était toujours ça de pris. Il aurait tout le loisir de prévoir ce qu’il allait faire une fois ce mal de tête disparu, et dans tous les cas, on disait qu’il fallait combattre le mal par le mal non ? Il poussa le battant de la Taverne de Jimmy sans se douter qu’il allait encore passer une sale journée.
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    Je me redressais d'un coup en plissant les yeux. Depuis quand est-ce qu'un sirop à la framboise piquait ? Je me retournais furtivement, mais personne ne m'observait. Tous semblaient à leurs occupations, aussi insignifiantes pouvaient-elles être. *Bon stop Kat' ne commence pas à psychoter, peut-être qu'il t'a mis de l'eau gazeuse, c'est vrai, tu n'as pas spécifié si tu la voulais plate.*

    Je soupirais. J'avais esquissé une solution au problème. Disons que je me parlais souvent à moi-même. Non pas que j'étais folle ou un peu dérangée, mais tout simplement pour me rassurer et me remettre les idées en place. Toujours se remettre en question et analyser chaque situation, c'était une sorte de règle. Enfin, juste pour moi quoi.

    Tandis que je sirotais les dernières gouttes de mon verre en faisant du bruit avec la paille, je pensais un peu aux derniers mois. Quand je m'étais faite poignarder et totalement laminée par un petit groupe de pirate, ou du moins de bandit. Je me sentais faible et sans défense. Une pauvre petite fleur perdue dans la nature.

    Ô petit être sans défense.
    Ô petite fleur toute mignonne.
    Ô petite nature.

    Il fallait que j'apprenne à me servir de ces bras et de ces poings autrement que pour vendre des poissons. Il fallait clairement que j'apprenne à me battre. Déjà pour moi : assurer ma survie de petit saumon dans ces eaux de requin. Et ensuite pour l'avenir : je rêvais de changer de métier et de, peut-être, faire quelque chose de fougueux. Un job à la fois excitant et passionnant. Je voulais de l'aventure !

    ...

    Et je fantasmais tellement sur les métiers d'archéologue, d'aventurier, de chercheur de cités perdues que j'en oubliais même les autres clients de la taverne. Pourquoi étais-je venue déjà ? Ah oui, pour essayer de rencontrer quelqu'un. Mais personne ne m'inspirait, personne sauf lui. Oui ! Lui là-bas.

    Un cache-œil sur la tronche, des cheveux longs et pas trop coiffés, un énorme manteau en cuir et des mitaines toutes aussi stylées. Lui, il avait l'air d'en avoir vécu de ces choses. Il revenait peut-être de grand line, le fameux océan chaotique ! Qui sait, peut-être s'était-il attaqué à des monstres marins de plus de dix mètres de haut. Ou bien avait-il terrassé des équipages pirates à lui tout seul ?

    Il n'y avait qu'un moyen de le savoir.

    ...

    « Euh.. bon...bonjour, je ne vous dérange pas ? »
    « Qu'est-ce-que... »

    A peine était-il installé, à peine avait-il été servi que je m'étais incrustée, le sourire et la mine innocente.

    « Dites vous en avez vécu des choses vous non ? »
    « Des choses ? Mais d'quoi tu m'parles là ? Quel genre d'chose ? »

    J'essayais de ne pas faire ma timide. Il n'avait même pas eu le temps de boire le pauvre. Peut-être était-il venu ici pour être tranquille, il n'avait sûrement pas besoin d'avoir quelqu'un sur le dos. Peut-être que je lui avais déjà gâché ce petit moment. Alors je me taisais, l'observant prendre une gorgée. Il n'avait pas l'air trop bavard. Et moi, peut-être trop imposante. *Pas de panique Ka', il ne te connait juste pas, tout va bien se passer.*
      Le Serpent venait de mettre les pieds derrière une table, et c’était tout juste si sa commande venait d’arriver – un bon verre de malt un peu sale, mais assez fort pour lui faire passer le point de douleur derrière les yeux – qu’une inconnue venait de s’assoir à sa table. S’il n’avait pas eu cette ignoble migraine … Non, ne nous mentons pas, il n’aurait pas été plus accueillant. Ce n’est pas que ce n’était pas son genre, c’était juste que, quand on est poursuivi par des mecs avec des sales idées de vengeance dans le ciboulot, on a tendance à faire attention à ceux qu’on aborde, ou qui nous abordent. Et en l’occurrence, la jeunette en face de lui sortait du lot.

      Et c’était pas super rassurant.

      Les dernières fois qu’il s’était fait alpaguer de la sorte, soit il avait du faire gaffe à que sa bourse ne disparaisse pas dans des mains baladeuses, soit il avait carrément du esquiver un ou deux coups de sabre. Sans oublier cette fameuse soirée avec Laurel et Hardy qui l’avait amené à devoir défendre chèrement sa peau contre un tank. Ouais, carrément. Un tank.

      Tout ça pour dire que le déserteur, il était pas très chaud pour taper la discute, de base. Bon, à la rigueur, pour un joli minois comme celui-ci il était prêt à faire un effort. Au moins à la laisser dire deux ou trois banalités avant de lui faire comprendre qu’il était pas vraiment du genre fréquentable. Ceci dit, ça marchait rarement. En général il tombait sur des têtes de mule qui ne lâchaient pas l’affaire. A ses premières questions, il répondit, plutôt sèchement. Mais elle ne devait pas le prendre pour elle, c’était la migraine qui parlait, pas le déserteur paranoïaque. Il leva un index pour lui demander une seconde, puis il descendit son verre d’un trait. Quitte à virer le mal, autant s’y prendre rapidement.

      Il inspira un bon coup puis il la regarda. Quelque chose clochait, et pas qu’un peu. Elle n’avait rien à faire dans ce genre de rades. Enfin, concrètement elle pouvait, ne me faites pas dire ce que j’ai pas dit, mais dirons nous qu’elle semblait se démarquer du péquin moyen qui semblait côtoyer le zinc – lui y compris. On avait de l’aventurier sur le retour, du mi-clodo mi-mercenaire, un ou deux roublards qui tentaient de poser la main sur une cuisse ou une bourse – pas forcément de la même personne – et quelques habitués qui jouaient aux cartes. Mais pas d’apprentie-karatéka.

      « Là, ma p’tite va falloir être plus précise. Parce que ça peut être interprété de plein de manières, et p’tet même de façon limite insultante. » Répondit-il finalement. Il n’avait pas la moindre idée de ce que la jeune femme voulait. Par contre, il était à peu près sur qu’elle ne s’était pas adressée à lui par hasard. Il devait surement être à ses yeux le moins pourri des glandus de l’assemblée.

      Faut dire qu’au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.
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      Je n'avais jamais voulu le contrarier ou même le blesser. Et pourtant, ma question n'avait pas dû lui sembler clair. Sombre comme de l'eau en profondeur. Mais soit, je posais mes coudes sur la table et replaçais mes cheveux derrière mes oreilles. Je respirais un grand coup. *Réfléchissons simplement et efficacement.*

      Déjà, il ne m'avait pas ignoré, ou n'avait pas changé de table précipitamment. Il fallait avouer que c'était un bon début. Ensuite il avait continué la discussion, un chouïa de manière nonchalante, mais il l'avait quand même fait. Et puis il ne semblait pas s'être arrêté à l'étrange couleur de ma peau. Les tons bleutés et grisés étaient passés inaperçus.

      C'est bon, j'étais tombée sur le meilleur loustic de l'assemblée. J'avais une espèce d'intuition qui me disait que ce bonhomme allait être un merveilleux professeur.

      « Enfin... vous savez.. n'y voyez rien de péjoratif. En fait, vous... enfin votre... »

      J'avais un peu de mal à m'exprimer. Mes joues s'étaient même un peu enflammées. J'étais assez timide de nature alors cette conversation était un grand cap pour moi.

      « Bref ! Vous avez un sacré look d'aventurier ! »

      C'est bon, j'avais réussi à le sortir. Difficilement, certes, mais j'avais déjà gagné la première étape. Face à moi, il eut un petit sourire et se pencha, montrant de l'index son cache-œil.

      « Hum. Tu m'parlerais pas d'ça par hasard ? »
      « Oui ! De ça, des longs cheveux, du manteau en cuir ! Enfin... ne vous vexez pas hein... c'est peut-être un peu cliché, mais vous ressemblez un peu à un pirate. »

      Il s'était contenté de terminer son verre. D'une traite comme ça. J'espérais ne pas l'avoir blessé une seconde fois. Je me tournais les pouces, je ne savais pas s'il fallait que j'embraye sur autre chose, ou s'il fallait que je me taise. Parfois je ne parlais pas et ça arrangeait tout le monde, mais parfois je parlais trop, et ça agaçait tout le monde. Difficile de trouver un juste milieu quand les gens ne vous aident pas.

      « Mais dites monsieur... vous accepteriez de m'apprendre à me battre ? »

      Ma voix s'était calmée mais je rougissais encore plus. Et puis je baissais les yeux, vers le verre vide. Qu'allait-il penser de moi ? Allait-il rire et se moquer ou me prendre très au sérieux ? Allait-il partir d'un coup sans rien demander d'autre ? Ou allait-il essayer de me comprendre ? *Allez Ka', tu ne peux plus faire marche arrière maintenant...*
        Il la fixait de son seul œil disponible, sans sourciller, et sans esquisser le moindre mouvement. La main sur son verre, encore frais, ne bougeait pas alors qu’elle essayait, non sans peine, à s’extraire de la situation inconfortable. Seul son index tapotait le gobelet, battant la mesure pendant qu’elle parlait. Elle rougit, c’était mignon, même si compte tenu de sa couleur peu habituelle – était-ce là un violet naturel ou un maquillage de tout le corps ? – ça tirait plus vers le pourpre que vers le rouge. Il pointa du même index son bandeau de borgne. Comme quoi, il n’était pas si discret que ça. Il faudrait peut-être qu’il revienne sur cette idée, au final. S’il l’avait servi à se confondre dans la masse d’éclopés qui vivaient dans les Lines, on pouvait effectivement le prendre pour ce qu’il n’était pas.

        Un pirate.

        Et voila, le mot avait été prononcé par la jeunette, justement, et ce n’était ni la première ni la dernière fois qu’on lui faisait la remarque, à croire que seuls les pirates avaient le droit de se couvrir le visage en ce bas monde. Il esquissa un sourire discret, qui détala aussi vite qu’il était arrivé. Car elle avait enchaîné avec une demande peu habituelle.

        « Te battre ? »

        Alors là, pour le coup, il ne l’avait pas vu venir. A la rigueur qu’elle lui demande s’il n’était pas capable de résoudre un problème à sa place, ça aurait été cohérent. Passait encore si elle désirait un bonhomme capable de la défendre temporairement, il avait déjà fait ça. Mais professeur, c’était pour le moins sorti de nulle part. Il arrêta le tapotement de son doigt.

        « J’ai une tronche de maître d’armes ? » Marmonna-t-il plus pour lui-même qu’autre chose. « Pourquoi ? » Ajouta-t-il immédiatement après. Non pas qu’il aurait pu considérer l’offre dans le cadre habituel, mais après tout, il avait besoin de se trouver de quoi becqueter, et sa bourse commençait légèrement à tirer la gueule. Si elle était capable de lui payer les cours… Encore fallait-il qu’elle veuille se défendre pour de bonnes raisons, parce que si c’était pour racketter les petites mamies de la ville, il ne voulait rien avoir à faire avec ça. Question de principes, m’voyez ?

        « Et bien en fait... C'était il y a quelques mois... Je vendais mes poissons comme ça, tranquillement et des hommes ont essayé de me voler un sac. Enfin ce sac contenait le One Piece, un homme m'avait demandé de le garder pour lui, il devait insulter des mouettes ou je ne sais quoi.. Bref... Et puis ils sont arrivés snif.. snif. Des pirates... ou bandits... snif.. Et là bim ils m'ont pris le sac... alors moi j'ai essayé de me défendre... snif... mais j'étais trop faible.. alors ils m'ont poignardé.. snif.. et laissé dans la rue comme ça... snif.. snif... je suis trop faible... snif »

        Alors là… Le était éberlué. La jeune femme avait sans doute bon fond, mais balancer comme ça qu’elle avait pu croire qu’elle avait eu le One Piece … Il soupira. Bon, si c’était pour se défendre, c’était presque cohérent. Presque. Il héla le barman et commanda un autre whisky, ça risquait d’être une discussion plutôt compliquée. Alors que le serveur lui remplissait le verre, il rompit de nouveau le silence. Il ne voulait pas être théâtral, mais quand même, fallait en jeter un peu quand même maintenant qu’il avait cette étiquette d’aventurier collée sur le front.

        « On parlera de comment tu comptes me payer mes conseils plus tard, mais on va rentrer dans le dur du sujet immédiatement. Conseil numéro un. Évite de rentrer dans un bar où tu ne connais personne, et de t’adresser à un mec louche comme moi en balançant aussi facilement que tu saurais pas quoi faire de tes poings si je venais à avoir envie de te kidnapper. J’pourrais te coller une avoine, et te tirer par les cheveux jusqu’à traverser cette porte qu’aucun des peigne-culs de ce rade bougeraient le p’tit doigt. » Dit-il lentement avant de boire une gorgée de single malt. « Non pas qu’je veuille te kidnapper, mais tu vois c’que j’veux dire. » Ajouta-t-il rapidement face à l'air affolé de son interlocutrice.

        Avec une moue songeuse, il dévisagea de haut en bas la jeune femme, se passant la main sur le menton, puis il aquiesca, avant de reprendre. « Bon, tu as l’air à peu près en forme. Tu sais faire quelque chose en particulier ? Tu manies un truc quelconque pendant ton boulot qui pourrait te servir plus ou moins d’arme et avec quoi tu pourrais être à l’aise ? J’sais pas un balais, un hachoir de cuisine, des fléchettes, un casque de chantier ? » Quitte à prendre en main une arme, autant que cette dernière soit toujours à portée de main…


        Dernière édition par Serpiente le Ven 4 Mai 2018 - 17:11, édité 1 fois
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        Je séchais mes petites larmes et reniflais un gros coup. J'espérais vraiment qu'il n'ait pas remarqué l'humidité de mes yeux et la rougeur de mes joues, mais honnêtement, c'était mal barré. J'étais toujours trop émotive. Que c'est chiant des fois d'avoir un cœur tout mou.

        Mais la réponse de l'aventurier m'avait vite refroidi. Elle m'avait même glacé. Alors je me redressais en plissant les yeux, me rendant tristement compte qu'il avait raison. Raison sur toute la ligne même. Ça me faisait mal de l'avouer, mais dans ce genre de lieu j'étais un peu comme...

        Un petit papillon sans défense face aux mantes religieuses.
        Une petite grenouille sans défense face aux piranhas.
        Une petite souris sans défense face aux chats.

        Mais là était toute la subtilité de la situation. Parce que même pris au dépourvu, le papillon pouvait toujours s'envoler, la grenouille pouvait toujours sauter et la souris pouvait toujours se réfugier dans un trou. Si le timing était bon, et le plan bien pensé, il y avait toujours un moyen de s'en sortir.

        Et c'est précisément ce que l'explorateur voulait savoir. Quel était mon point fort, mon atout, enfin quelque chose quoi. *Alors ouais, un point fort, mais lequel... Oh nan ne me dis pas que je suis si nulle que ça...* Et là : syndrome de la page blanche. Enfin, pas exactement vu que je n'étais pas en train d'écrire quoi que ce soit, mais j'ai tout simplement eu un blanc infernal.

        De toute ma vie, je n'avais jamais manié d'arme. Même quand je devais couper le poisson au gros couteau, j'avais peur de me couper moi-même alors je demandais à mon collègue de s'en charger. La fois où je m'étais faite poignarder, c'est bien parce que j'avais refilé un coup de casserole aux zouaves, mais ça s'arrêtait là.

        Alors je regardais le borgne dans le blanc des yeux... enfin le blanc de l'œil..

        « Et bien euh... je n'ai jamais vraiment manié d'arme de ma vie... enfin j'ai bien mes poings quand même. Faut dire que j'ai déjà mis un coup de casserole mais... c'était pas fameux... ça n'a fait que rebondir... Et puis pour tenir le sabre, j'sais pas vraiment si je suis assez... habile... Enfin non pas que je sois maladroite, mais il risque d'être un peu lourd... Non ? »

        Et là, une idée, une illumination.

        « Mais sinon j'ai déjà vu ça, vous savez le karaté ! C'est bien ça nan ? »
        « Une tronche d'maître d'armes pourquoi pas, mais alors une tronche d'karatéka, c'est qu'on m'lavait jamais faite celle là. »

        Je baissais un peu les yeux, il était décidément trop direct pour moi. Et puis je me grattais le nez, c'était l'effet du stress ça, on me l'avait déjà fait remarquer.

        « Mais vous, vous utilisez quoi comme arme pour vous défendre d'ailleurs ? »

        C'est vrai qu'il n'avait pas de sabre ou de pistolet près de lui, et pourtant c'est avec ça que je l'imaginais le mieux. Mais qui sait, peut-être maîtrisait-il des techniques secrètes d'un clan ancestrale inconnu de tous ?
          Et là, le blanc se fit. Et pas un petit blanc de quelques secondes, non. Carrément le temps de lire l’ancien testament. Au début amusant, il devint rapidement plutôt malaisant. Le Serpent regarda à droite, puis à gauche, puis son verre, puis le plafond avant de revenir sur la jeune femme, qui semblait perdue dans ses pensées. Il se tourna les pouces presque dix secondes avant de se rendre compte qu’elle le regardait droit dans l’œil.

          Ah. Une casserole. Ce n’était pas terrible comme arme d’appoint, il fallait l’avouer, mais quelque part, ça pouvait faire une masse pas trop dégueulasse. Bon, évidemment, on pouvait la remplacer par une matraque assez facilement, vu que c’était plus ou moins la même prise, et on obtenait assez rapidement des résultats assez satisfaisants. Il laissa cette idée dans un coin de sa tête pour répondre à la jeune femme, qui voulait apprendre le karaté.

          Des deux, c’était plutôt elle qui avait une tronche de femme poisson entre-nous –plutôt mignonne, mais carrément bleutée - , mais il s’abstint de le dire. Déjà parce qu’il avait besoin du boulot, et qu’en plus il avait surtout besoin d’un peu de blé, voire même d’un logement pour quelques jours. Non, tout ça pour dire que le Karate et lui ça faisait deux. Alors certes, il savait coller quelques avoines et quelques peignées, mais ça s’arrêtait là. Quand à son arme … « Bah je me bat à l’aide de mon sab… » Mais il était où ce débile de sabre ?

          Sa main tata ça ceinture une ou deux fois avant de se rendre compte que son arme ne s’y trouvait plus. Le ceinturon retenant son fourreau avait sans doute encore cédé. Il se pencha sous la table et le retrouva assez vite, il était tombé entre deux lames du plancher. Bordel qu’il était mal branlée, le zinc, pour avoir autant de place entre les lattes…

          « Bon, bah je me bat avec ça. Et avec un peu ce que je trouve sous la main. De toute façon, on va pas y passer toute la soirée. Si tu sais rien faire, et que tu veux apprendre à te battre, y’a pas deux mille solutions, faut que t’apprennes à improviser, et à rapidement analyser la situation. » lui répondit-il. Et le visage de la jeune femme resta aussi expressif qu’un poisson bulle, le figeant avec des yeux de merlan frit. Il soupira, comprenant qu’elle n’avait rien bité à ce qu’il avait pu dire. Il reprit : « Ok, c’est pas forcément hyper clair. En gros ça veut dire que tu choppes n’importe quoi, et que tu vises les bijoux de famille adverse. C’est pas glamour, mais ça fait le taf. »

          Il avait prononcé ces quelques mots en pointant du doigt un tabouret, non pas pour s’assoir dessus, mais pour l’utiliser en projectile. Il espérait juste que la force de l’inconnue – dont il ne connaissait toujours pas le nom, mais après-tout c’était peut-être une coutume de la région ? - soit suffisante pour le soulever. « Et par pitié, arrête de te frotter l’nez, tu vas finir par te l’arracher, et les mecs ne s’battront plus pour tes faveurs. »

          Bon, il fallait apparemment être un peu moins théorique, et un peu plus didactique, et illustrer donc ses propos par un aperçu. Une mise en situation en quelque sorte :« Imaginons une minute que tu doives te défendre, maintenant et tout de suite contre une attaque d’un gars mal intentionné. Disons qu’il t’en veut parce que, heu … tu lui as vendu un truc périmé, j’en sais rien. »

          Quelle erreur. Si elle ne s’était jusqu’alors pas énervée face au discours du déserteur, la tronche qu’elle tirait alors qu’il avait dit, complètement au pif, qu’elle pouvait vendre de la marchandise avariée était encore une fois plus explicite qu’un long discours. Il se reprint immédiatement « Non mais c’est pour mettre une situation, n’tire pas la gueule, je dis pas que tu vends des produits dégueulasses oh. Bon, le zouave, il en veut à tes miches. Tu fais quoi pour te défendre, là, comme ça, sans réfléchir ? »

          Les armes potentielles ne manquaient pas sur leur table. Une bouteille à briser, une longue cuillère en bois, le tabouret, et même un Fenouil. Quand bien même … Katsue était une débutante.
          Le débutant, qu'est-ce qu'il fait ? Il attrape le fenouil par la tige, et essaye de donner des coups avec la partie sporadique.
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          Je le regardais droit dans les yeux. La question était pas évidente. Mais déjà, je vendais pas des trucs périmés. C'était une insulte parce que mon étalage c'était le plus propre, peut-être même le plus propre de tout le marché. Les poissons, ils étaient bien rangés, ils étaient bien classés par poids, noms, tailles, races, bref. Qu'il me critique plus.

          Mais il était sympa ce type alors je lui en voulais pas. Je faisais comme s'il avait rien dit et je réfléchissais à sa question. Encore. Comme le karaté n'avait pas l'air de lui plaire et que je n'avais pas de sabre, j'ai improvisé. Je me suis levé et j'ai pris mon verre. Le sirop de grenadine était terminé.

          « Vous me dîtes si je me trompe, mais un bon coup de verre dans la tête ça fait très mal non ? Ca peut même couper les cheveux je suis sûre. »

          Et au même moment je mimais le coup. Mon bras droit élancé vers l'arrière. Sauf que bien sûr j'étais Kat', et Kat' s'attirait toujours des problèmes. Alors j'ai tapé dans le plateau d'un serveur qui passait juste derrière moi. Et bam. Le verre s'est éclate et le liquide s'est déversé sur un client.

          Je me suis retournée tout doucement. Pas de chance. Pratiquement tout le monde nous regardait. J'ai jeté un coup d'œil à mon interlocuteur, il avait l'air dépité. Alors je suis devenue toute rouge. Je me suis excusée face au serveur mais apparemment ça ne suffisait pas.

          « Mais monsieeeeeur, je vous dis que j'ai pas fait exprès ! Je devais bien montrer à mon ami comment je me défends ! Et puis c'est pas de ma faute si les tables sont si proches les unes des autres ! Faut miser sur l'espace pour moins de dégâts ! »

          Et puis le gérant n'a rien voulu savoir de plus alors on s'est fait mettre à la porte.

          ...

          Je me tenais face au borgne. Je ne connaissais même pas son nom. J'avais un peu honte de moi et lui ne devait pas vraiment se sentir mieux. Il devait clairement me maudire, je lui avais gâché son après-midi et en plus je l'avais fait virer du bar avec moi. C'est sûr que là, j'étais morte, mes chances d'apprendre étaient réduites à néant.

          « Je m'excuse monsieur... J'espère que vous m'en voulez pas... Au fait, comment vous appelez-vous ? Moi c'est Katsue. »

          Je lui faisais quand même un joli sourire. A la fois sincère et désolé.
            « Ah. Ca commence bien. » marmonna-t-il en se passant la main sur le visage

            La jeunette était une tornade, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, mais elle semblait aussi maladroite qu’un Pierre Richard des grands jours. C’était donc sans surprise que la première démarche cocasse se déroula sous ses yeux. Le verre avait manqué de glisser de sa main, et, heureusement, cela n’avait pas été le cas. Les jours où un verre volait à travers la salle d’un bar étaient des jours de bagarre générale, et elle ne semblait pas réellement prête pour croiser le fer avec … avec qui que ce soit, pour être honnête.

            Se faire dégager manu militari du zinc avait cependant quelque avantage, par exemple, ne pas payer ses consommations. Il avait au moins réussi à s’économiser le prix de quelques verres, et ce n’était pas plus mal, vu qu’il n’avait de toutes façons pas vraiment les moyens d’allonger la fraiche pour régler.

            « Bref. »

            Sortant son paquet de cigarettes, il en tira une, un peu tordue, et l’ajusta entre ses lèvres, avant de s’allumer lentement. Il rangea dans sa poche son briquet en métal, une bricole qu’il avait gagné au jeu quelques mois plus tôt à Manshoon, lors d’une longue soirée cartes et biture, puis il regarda la jeune femme. Il n’avait jusqu’alors pas tiqué sur le ton violacé de la belle, mais à l’air libre c’était d’autant plus visible.

            « Katsue, donc. » dit-il songeur avant de s’éloigner de quelques pas, avant de s’assoir sur un banc en bois qui donnait sur la rue principale. Elle ne tarda pas à s’assoir à côté de lui. « Tu peux m’appeler Serpiente. » continua-t-il, sans la regarder. « Au final, tu m’auras évité de payer une tournée, tu sais, donc quelque part, on va dire que je t’en veux pas. » Le soleil tapait fort, mais cela ne le dérangeait pas plus que cela, malgré sa veste et ses habits chauds. Il avait une certaine tolérance à la chaleur, ne transpirant presque pas. C’en était presque suspicieux.

            « Tu n’étais pas obligée de mimer le geste, l’expliquer aurait largement servi, petite. » ajouta-t-il avant de jeter la fin de sa cigarette par terre, à ses pieds. Il l’écrasa doucement du talon. « Quoi qu’il en soit, la première leçon est toujours la même, évite de te faire remarquer. Je me doute qu’avec ton physique, ça n’doit pas être facile. » Il ne faisait pas référence à sa plastique plutôt avantageuse, mais à sa couleur sortant de l’ordinaire. « Comme je t’ai déjà dit avant, tu dois trouver ton point fort. Ce n’est pas forcément évident, mais c’est une première base. »

            Son regard, interrogatif, trahissait une certaine incompréhension, mais il ne pouvait pas lui en vouloir, elle semblait plutôt perdue. On n’apprenait pas à se défendre comme ça, en deux temps trois mouvements. Il fallait un entrainement certain, des professeurs avisés, prendre conscience de ses autres qualités (physique, plastique, mental) et comment les mettre en pratique. C’était … long.

            « Et te trouver une arme. Tu ne peux pas te défendre avec des verres. Déjà parce que s’il éclate dans ta main, tu es bonne pour l’hopital, ma grande. »
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            Tu m'en veux ?
            Oui je sais que tu m'en veux.
            Mais je te comprends.
            Tu me pardonnes ? Siteplait...


            Marcher, ça faisait mal. Oh, ne pensez surtout pas que je suis une feignante. C'est juste qu'à force de tourner en rond dans la ville et de faire des allers retours dans les ruelles ça fait mal. Enfin, ça crève un peu quoi.

            Hum. Note pour plus tard : me remettre au sport. Ou m'y mettre tout simplement.

            Mais là n'était pas le propos. Si je tournais misérablement en rond comme ça dans la ville, c'est parce que je voulais absolument retrouver la boutique d'armement que j'avais vu. Bon, j'étais passée devant il y a deux, ou trois, voir quatre mois. Bon d'accord, ça faisait longtemps déjà. Mais une boutique ne pouvait pas disparaître en quelques mois. Elle devait forcément être encore là.

            Le truc, c'est que les mots de Serpiente raisonnaient encore dans ma tête : tu dois te trouver une arme. Et ma propre arme si possible. Et maintenant je savais que je devais éviter le karaté ou toute chose qui aurait pu ressembler à de la vaisselle. En fait je devais me trouver un truc propre à moi. Un truc classe. Un truc cool. Un truc qui fasse Katsue. Vous voyez ce que je veux dire ?

            « Mais on est bien dans la rue Garauthon là non ? Je comprends pas, j'étais pourtant sûre que c'était par là. »

            Vous savez c'est quoi le plus ironique dans toute cette histoire ? C'est que le poisson donne de la mémoire. Et je mange du poisson tout le temps. ALORS où est ma mémoire ? Paradoxale en fait. Quoi qu'un peu flippant aussi.

            Serpiente n'avait pas trop l'air d'aimer que je le fasse tourner en bourrique. Normal aussi. Récapitulons. Tu croises une fille, jusque là tout semble bien aller. Mais cette fille t'accoste, te dérange, te pose des questions, trop de questions en fait, et puis elle te fait expulser du bar sans que tu ne demandes rien à personne, et tu te retrouves là à la suivre alors qu'elle ne sait même pas où elle va.

            En fait, ce borgne était gentil, peut-être trop même. Et il avait une patience que je vénérais. Vous imaginez pas. En fait, j'étais fane de ce type.

            « ENFIN. C'est bon j'ai trouvé, regarde !! »

            Toute excitée, je pointais du doigt l'enseigne. La bâtisse n'était plus toute jeune, on voyait quelques fissures dans les murs. Y'avait des grosses vitres mais recouvertes d'affiches alléchantes pour attirer l'œil sans trop dévoiler les secrets du contenu du magasin. Et un petit escalier qui menait à une grosse porte, aussi vitrée.

            « J'espère qu'on va trouver quelque chose de cool là-dedans. C'est là que je vais avoir besoin de tous tes conseils »
            « Allons-y. »

            Clochette alarmante qui sonne et on entrait là-dedans.
              Tout ça pour ça. Ils avaient marché pendant quoi, quarante-cinq minutes, une heure, peut-être plus, tout ça pour tomber devant un magasin tout moisi. Si la ville avait été un tronc d’arbre, le magasin en aurait été le champignon un peu moche, tout fripé, qui se trouvait entre ses racines. Bref, le Serpent n’était pas tranquille. Déjà une gonzesse qui l’abordait, ça n’arrivait pas tous les jours. Une bien roulée en plus, c’était carrément tous les trente-six du mois. Mais qu’elle le balade en ville sans même lui filer son nom, ou du moins pas tout de suite, ça commençait à être un poil suspect. Il ne connaissait pas la ville, ceci dit, c’était peut-être une coutume du coin, mais quand même, c’était pour le moins bizarre. Il plissa des yeux quand elle proposa d’y entrer.

              Jusqu’à ce moment-là, il ne s’était pas étonné plus que de rigueur de la demande la zouz. Il fallait dire que c’était tellement sorti de nulle part qu’il avait été plus étonné que méfiant. Et puis, elle semblait si maladroite qu’elle aurait pu faire partie de la fratrie des Stooges, ce qui ne faisait que compléter son personnage de gentille fille un peu perdue. Quand bien même … Il chassa l’idée que son ancien employeur ne fût derrière ce manège. Ce n’était pas sa façon de faire, pour être honnête. Si ce dernier avait pu le localiser, il aurait envoyé, sinon une armée, au moins une bonne dizaine de gros bras. Pas une gonzesse à la peau violette et un peu gauche.

              « Allons-y. »

              Si l’extérieur ne promettait pas monts et merveilles, l’intérieur ne venait pas le contredire. Point de Ying-Yang, en ces lieux, juste une échoppe assez moche qui proposait un peu tout et n’importe quoi. Il avait plus du marché aux puces ou du vide grenier que du magasin d’armes, dans tous les cas. L’ancien marin passa le doigt sur une étagère et souffla la poussière. L’endroit était aussi vieux que sale, ça promettait. Alors que la clochette tintait, un vieux bonhomme surgit, comme par magie de derrière la table qui se trouvait au fond de la pièce. Il était, lui aussi, aussi décrépit que son local, pour dire, et ne faisait pas tache dans le tableau. Au contraire. Le Serpent n’eut pas à se demander comment il avait fait, le vieux schnoque donna son truc tout seul.

              « Héhéhé. Désolé de vous faire peur comme ça, je cherchais mes lunettes par terre, derrière le comptoir. Faut croire que j’ai cherché longtemps, je me suis endormi. Mais qu’avons-nous là ? Un joli petit couple ! Que cherchez-vous ? Un parasol pour madame ? Une ceinture pour monsieur. » Demanda-t-il d’une voix douçâtre.

              Le Serpent ouvrit la bouche pour répondre mais la referma aussitôt. Il ne savait pas quoi répondre, et se contenta de passer la main sur le visage pour souffler deux secondes, presque théâtralement, puis il se reprit. « La p’tite dame voudrait une arme à sa taille. Z’avez quoi à lui proposer, qui ne coute pas un rein et qui ne tombe pas en lambeaux ? » Ajouta-t-il en se retenant de finir par un « contrairement à vous et à votre taudis » qui aurait été mal-venu.

              « Eh bien, eh bien, eh bien … Hmm. Vu la corpulence de madame, je ne saurais lui conseiller une arme lourde, mais plutôt une arme d’estoc. Comment sont vos notions d’escrime, ma chère ? » Reprit le vieillard, qui plutôt rapidement pour son âge – ou plutôt pour son âge présumé – sortait de derrière son comptoir. Face au regard affolé de la belle, il se rendit compte qu’il en demandait trop. « Une arme de néophyte, fort bien, un défi à ma taille ! »

              Le vieux crouton s’approcha d’une armoire, qui semblait prête à lui tomber sur le coin de la gueule, et essaya d’en ouvrir le premier tiroir. Qui était bien évidemment bloqué. En forçant, il parvint à forcer le bois gonflé, mais manqua de se prendre quelques papiers sur le sommet du crâne. Du tiroir, il tira une boite rectangulaire, d’une trentaine de centimètre, dont il souffla la poussière, dieu merci pas en direction du Serpent qui lui en aurait collé une faisant fi de son âge.

              Il tendit la boite à la jeune femme en lui demandant ce qu’elle pensait de la chose. Dans la boite trônait un stylet, d’une qualité qui dépassait sans doute celle de la plupart des objets qui se trouvaient dans la pièce, le duo y compris. La lame semblait aiguisée et prête à l’emploi, et avait pour elle la faculté d’être facile à cacher, et aussi simple à manipuler.

              Grosso modo il fallait figer le bout pointu dans le méchant.
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