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[Event One Love Requiem] Brandolph va-t-il trouver l'amour ?

Règles de l'event ici

Vous êtes sûr qu'il n'y a plus de place ?

Le visage atterré de l'hurluberlu force le réceptionniste du Baratie à revérifier sa liste, noircie de noms à toutes les cases. Derrière lui, la clientèle s'impatiente tout doucement. Si les lieux ne se prêtent pas au scandale, ce jour se veut parfait pour tous les couples, formés ou à venir. Certains osent un léger signe de contrariété, sans pour autant risquer de passer pour des gâcheurs d'ambiance ou d'espoirs. Car si Brandolph respire la détresse, sa sympathie et les efforts un peu grotesque de sa tenue lui donnent l'aspect d'un clown qui s'est trompé de costume. Il était moins prêt à porter que sa panoplie chemise cravate.  Si les couleurs sont correctes, ses lacets sont noués différemment à chaque jambe, une manche est plus retroussée que l'autre et il porte sa montre au mauvais poignet. Certains pensent d'ailleurs à un sketch. Le petit vendeur ambulant de souvenirs aurait aimé qu'il en fût ainsi.

Je suis navré, tombe l'employé du restaurant, Soeur Anko est complète depuis plusieurs jours maintenant. Vous avez une table au restaurant principal, la qualité du service y est exactement la même.

- Mais...mais le poisson.

Le haussement de sourcil du réceptionniste est perçu par Brandolph comme une envie d'en savoir plus.

Une dame va arriver sous peu. J'aimerais lui offrir un beau cadre. Elle étudie les poissons vous voyez, et à la Soeur Anko on est sous l'eau, entourés de poissons. Ce serait magnifique pour elle.
- Ça l'est pour tous, monsieur.
- Je sais bien. Mais je...rha, comment faire ? Il y a forcément une solution. Oh! Un instant, je sais.

Brandolph utilise la pouvoir de la petite voix de son fruit; Il songe à des mots clés pour invoquer un orateur qui ne résout pas tout par le combat. Minos prend l'appel de détresse le premier et comprend instantanément ce qu'attend Brandolph de lui, comme s'il avait vécu les dernières minutes avec lui. Comme guidé par le Roi, le moustachu se redresse, cesse de se gratter l’arrière du crane et se retourne vers la file de clients. Puis il parle, avec une nouvelle assurance.

Eh ben, moi qui pensais être chic, j'envierais presque autant vos costumes que mon rendez-vous messieurs. Certains d'entre vous connaissent les lieux par coeur je parie. Les tons pastel, le climat de sécurité, l'ambiance paradisiaque qui vous suspend le temps. Et l'odeur, ça c'est le plus étonnant. Dans n'importe quel restau, on renifle aussi les assiettes des autres, y a un mélange indéfinissable qui baigne les lieux. Agréable, mais flou. Au Baratie, on ne respire que ce qui est servi à notre table. Le zig à côté peut s'adonner à sa passion des choux à l'oignon, t'auras pas les fringues qui puent en rentrant chez toi. J'imagine que ça vient des cloches hermétiques, ou du système d'aération. Je ne connais tout ça que par ce que j'ai entendu de précédents clients. C'était un rêve de venir ici. Peu importe dans quelle salle d'ailleurs, je voulais l'espace d'un repas comprendre ce qu'est la perfection culinaire.

Je ne dis pas tout ça pour vous apitoyer, c'est pas mon genre de faire tourner le chapeau. Pour être franc, je vais vous proposer un simple échange: ma table au bâtiment principal contre une des vôtres à Soeur Anko. Une offre que vous refuserez sûrement d'abord, légitimes que vous vous sentirez dans votre bon droit. Puis, certains reverront leurs perspectives. Vous avez déjà été à l'Anko. Vous ne doutez pas de votre capacité à autant apprécier la terrasse du Baratie donnant sur le déclin du soleil. Ou bien, vous aimez le piment ailleurs qu'au Nasugasira.

L'amour, ce n'est pas une chose balisée qui doit se dérouler exactement comme on le désirait. Ca, c'est la routine. Et ce mot vous fait tous flipper hé hé. Les histoires d'amour, Ce sont des surprises, des rebonds, des risques et du panache. C'est être spontané,  consommer la vie en en découvrant de nouvelles saveurs. Même si parfois elles déçoivent. Même si vous vous en voulez parfois de ne pas avoir suivi ce que vous indiquait votre love pose. Certains d'entre vous sont des aventuriers. Je ne suis ni fortuné, ni vraiment aventurier. Mais si je dois avoir des bur...du courage ce soir, c'est pour tenter d'offrir à celle qui m'a conquis le tableau de sa passion tout autour d'elle. Je ne veux pas un tableau avec des poissons pour me la jouer, je veux lui offrir ce qui lui plait le plus. Si sa passion avait été de reluquer les formes des nuages, j'aurais demandé la chaise avec les plus grands pieds. Mais voilà, elle, ce sont les poissons.


Il se tait, leur sourit et se décale. Minos lui conseille de ne regarder aucun client dans les yeux, mais de s'effacer comme s'il attendait que l'eau boue, avant de lui-même disparaître. Brandolph suit les mouvements des clients via leurs ombres étirées sur le carrelage. Un décompte approximatif lui fait se demander s'il reste encore deux minutes ou plutôt une et demi. La voix du serveur dessine son nom. Il rejoint le couple féminin prêt à échanger sa place. L'une d'elle lui fait comprendre qu'elle a ingéré un fruit du démon cette année et que faire l'impasse sur une bulle d'air entourée d'eau ne la dérange plus vraiment à partir de maintenant. Brandolph déglutit, il n'avait absolument pas vu les choses sous cet angle. Pendant tout le trajet qui le mène de la réception à la Soeur Anko, il ne savoure pas autant sa victoire qu'il le voudrait.

[Event One Love Requiem] Brandolph va-t-il trouver l'amour ?  Barati10

On le place. Arrivé en avance, il contemple la grande baie vitrée circulaire où l'océan s'écrase par sobres vagues. Dans le reflet de l'une de ses cuillères, il replace sa broche à motif aquatique sur sa cravate. Dents, ongles, regard étrange du client voisin observant ses grimaces face à son ustensile qu'il range du côté des fourchettes, tout va bien.  Enfin, Samantha apparait, guidée par un chef de salle. Elle porte une charmante tenue rouge, élégante sans insister sur le galant de l'intention. Brandolph se lève pour l'accueillir, lui serre la main sans l'écraser avant de ne pas comprendre pourquoi elle lui a aussi échangé la bise. Le couple prend place. L'épisode de la bise perd Brandolph, il emploie immédiatement la petite voix pour l'aider. Complimenter sa tenue ? Commander au serveur ? Demander les consignes de sécurité en cas de fuite d'eau dans l'appareil ? Qu'est-ce qu'il faut faire ? Quelqu'un ?

Dans quelques minutes, la Soeur Anko entamera son immersion.
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Complimenter le serveur ? Commander sa tenue ? Qu'est-ce qu'il faut faire ? Quelqu'un ?

Dans un état de panique palpable bien que correctement dissimulé, Brandolph en appelait au premier venu, il lui fallait de l'aide, qu'importe la provenance, il en avait besoin maintenant. À solliciter à tort et à travers le premier venu, on prêtait ouvertement le flanc à la déconvenue.
Samantha. Déjà, il se voyait l'appeler "mon trésor", il spéculait sur l'avenir, un avenir un peu plus incertain les secondes passant, le silence se faisant un peu plus gênant. Brandolph aurait invoqué le diable pour lui prêter la réplique, mais il fit bien pire.
Songer au champ lexical du trésor n'avait pas été très inspiré de sa part, malgré lui, il venait de ferrer un poisson aux propriétés venimeuses.

- Je vous assure madame que ça n'est jamais arrivé avant enfin ! Nous vous offrons bien sûr le repas pour ce jour et nous vous prions de nous excuser.

Ce n'était effectivement jamais arrivé auparavant. Ce serveur qui se confondait en excuses à la table voisine ne comprenait décidément pas comment un cafard avait pu se glisser jusqu'aux parterres de la Sœur Anko. Il y avait un rien de surnaturel à ce qu'une créature aussi sale puisse trouver ses accès dans un restaurant si prisé. Un rien de surnaturel relevant du mauvais présage : le secours tant escompté se manifestait enfin auprès de Brandolph. À en juger par l'intonation nasale et mesquine, il n'avait pas tiré le gros lot. Toutefois, même avec une paire de deux en main, il fallait savoir tenter le tout pour le tout et faire confiance aux sifflements sournois qui lui léchaient à présent les tympans.

- Éblouissante.

Tels furent les premières syllabes avec lesquelles le maladroit séducteur déchirait le voile du silence. Cette audace nouvelle et insoupçonnée fit rosir les joues de la victime consentante de ce compliment soudain.

- Ce n'est... évidemment... qu'une première estimation.

Brandolph reprit jusqu'aux haltes du phrasé propre à son souffleur, se refusant en revanche  à éructer les quelques rictus insidieux et fourbes qui ponctuaient chaque phrase.

- Maaaaais... je me dis qu'un restaurant sous-marin était décidément de circonstance pour notre rencontre. Car ce n'est que dans les plus profondes galeries maritimes que l'on peut être susceptible de découvrir les plus splendides joyaux. Ils ne scintillent qu'avec plus d'intensité grâce au contraste des abysses et à peine avons nous entamé notre descente que vous resplendissez déjà.

Que d'allégories en lien avec les pierres précieuses. Quelque fut celui qui lui prêtait ses mots, son tempérament vénal s'exprimait dans l'allégresse et sans la moindre retenue.
Peu importait en réalité que celui-là même lui prêtant main forte en cet instant était réputé comme étant une telle incarnation de la cupidité et qu'on lui avait attribué le titre de Greed, ses piques semblaient faire mouche. Sans préliminaires ni précautions d'usage, il avait choisi de piquer au vif sa proie, l'assaillant sous les compliments les plus ravageurs.
L'artillerie lourde en guise d'introduction ; ce souffleur était semble-t-il aussi tapageur que cupide.

- Samantha, derrière cet étincelant visage aurifère, je suspecte la présence d'un filon plus riche encore. Alors... de grâce... ne m'en voulez pas de prospecter sans retenue et de déjà vous demander de me parler de vous.

Ne pas s'attarder sur le physique pour chercher à la découvrir un peu plus. L'opération de séduction en dépit de sa brutalité apparente se faisait avec tact et méthodisme. Sans doute cette voix désagréable mais forte inspirée permettrait à Brandolph de ravir un butin inestimable à l'issue de ce dîner. Tentant de mimer l'assurance, il la regardait dans les yeux tout en ouvrant la carte des plats qu'il effleura à peine du regard. Grand mal lui en pris.

"Dix-mille berries pour du cabillaud ?! Sans moi !"

Subitement, le lien qui unissait Brandolph à son mystérieux acolyte se rompit et le souffleur s'en alla persifler ailleurs. Il s'en était fallu de peu pour le faire fuir. Dès lors, le malheureux séducteur se retrouvait une fois de plus livré à lui-même après avoir allumé un feu dans le cœur de la jeune fille, un brasier qu'il était incapable de maîtriser seul.
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Vl'a la belle et pimpante dulcinée qui plisse légèrement les yeux après la malheureuse sortie qui vient de m'échapper comme si le tarif lui-même avait décidé de m'étriper à vif avec une pincée de gros sel. La belle est une créature raffinée, distinguée, gracieuse et sophistiquée... pas sûr que jouer d'emblée le pèlerin désargenté fasse pencher la balance en ma faveur.  Erreur de néophyte en guise d'amuse-bouche, la vl'a qui reluque mes frusques avec ce regard à la fois doux et  inquisiteur que les femmes de sa trempe décochent sur le premier prétendant venu. Une sueur acre ascendante me remonte subitement le long de la colonne tandis qu'elle continue de faire le tour du propriétaire en prenant grand soin de ne rien laisser transparaître. Un ange passe sans que j'arrive à dénicher une rustine quelconque pour colmater le blanc de tout à l'heure. Je sens vaciller le maigre intérêt qu'elle consentait à bien vouloir m'accorder alors que toutes mes petites cellules grises turbinent à plein régime pour regagner son attention. Je tente une sortie mais les mots me restent dans la trachée, je bredouille presque et au bout du bout je parviens à articuler syllabe après syllabe une phrase puérile dans la même veine de celles d'avant.

« Vous êtes ravissante et de surcroît, vous avez de très beaux bijoux. », que je balbutie dans une voix à peine audible qu'elle n'avise même pas.  

Elle pose délicatement son joli minois dans l'une de ses paumes,  scrute langoureusement le serveur en jouant avec l'une de ses mèches et pose innocemment une question quelconque sur le plat du jour. Pas gêné le moins du monde, le bel hâbleur est piqué au vif et fait montre de tout ses égards à la belle demoiselle qui n'en demandait pas tant. Je vire au cramoisi à l'intérieur,je maudis l'énergumène qui me vole la vedette au moment le plus opportun, Samantha glisse parfois une œillade vers moi comme pour prendre le pouls de son habile manœuvre. Gustavo, le serveur à la courtoisie sans accroc, à la bienséance toute parfaite et précieuse, m'a littéralement éteint auprès de Samantha. Je me liquéfie sur place jusqu'à ce que Samantha trouve un prétexte bidon pour aller se repoudrer le nez et faire une pause technique alors que je profite de l'occasion pour passer le relais aux autres-moi qui sommeillent dans l'éther.

« Hey, toi-là, dugenou, Gustavo, peu importe ton foutu nom, ramène un peu ta fraise par ici pour voir »

« Plait t'il monsieur ? »


« Tu fais bien de t'en enquérir petit salopiaud, tu ferais mieux d'aller mettre un peu d'aneth sur le saumon d'à côté plutôt que de faire du gringue comme le dernier des crève la dalle  à la belle créature attablée ici si tu veux mon conseil. »


« Mais c'est elle qui ... »


Je lui largue un coup de latte gentillet en plein dans le caisson par dessous la table pour qu'il capte que c'est chasse gardée et que le terrain est suffisamment miné pour qu'il y perde sa seconde burne. La mine déconfite, il détale en claudiquant, amen.

« et que je t'y reprenne pas ou je te déchausse les gencives ! » 


Samantha revient bientôt et mazette, je suis subjugué par la belle plante, ce haut tailleur carmin met tout autant en valeur sa taille de guêpe qu'une chute de reins vertigineuse qui donnerait le tournis à tout mâle alpha qui poserait ses loupiotes dessus. Elle a ce charme ravissant et tout emprunté de ces grandes dames indépendantes, douces et intransigeantes à la fois, calmes et éprises de folie quand elles se laissent aller, ardente et passionnée lorsque conquise à la cause d'un autre. Et Brandolph y va donc de ses meilleurs vers pour piquer au vif la créature, quitte à devenir trop fleur bleue. Le jeu en vaut bien la chandelle.

L'Amour semble idiot mais il sait parler avec les yeux.

Elle feint l'intérêt et pour cause, Brandolph n'y est pas allé avec le dos de la cuillère avec cette tirade. Surprise et en dépit des apparences, amusée par la tournure de ce rendez-vous, elle  rougit imperceptiblement sous le fard et bat des cils consécutivement. Brandloph bombe le torse et ne se laisse pas pour autant déballonner.

«Si l'amour est un temple. Et qu'il y faut prier. Comme on prierait le ciel. Si l'amour est un temple, toi tu seras ma religion.»


Touché. Il lui tend bientôt la réplique à son tour

« Et toi, Samantha, en quoi as-tu foi ? »

« La sauvegarde des espèces, la conservation des milieux marins, je crois fortement ... »

Brandolph a tiré sur une corde sensible, le laïus de Samantha ne l'intéresse pas beaucoup mais la conviction la jeune femme l'émeut, elle irradie de bonté et d'humanité dans un environnement où d'aucuns se privent pour en dévorer les plus beaux spécimens.

« Je suis moi-même un fervent défenseur des droits animaliers, Samantha. Je suis ravi par ton engagement en faveur d'une cause bien trop indolore et bien trop souvent décrié par nos gouvernants. Cela fait bien trop longtemps que le gouvernement mondial aurait dû créer des réserves naturelles sanctuaires pour accueillir ces écosystèmes et sa richesse exceptionnelle. J'ai moi-même œuvré en ce sens en luttant contre la surpêche à Logue town au travers de ...  »

Brandolph se déshinibe peu à peu au fil des mensonges éhontés  qu'il lance avec tout l'aplomb nécessaire pour qu'ils soient véridiques. Le serveur rapplique bientôt avec l'assiette aux cèpes et aux truffes de Madame qu'il pose délicatement et ma soupe aux poireaux et à l'estragon....qu'il renverse malencontreusement sur votre serviteur en trébuchant contre le pied de table.

« Ah, non, merde, franchement, regardez-moi ! »

Les plus plates excuses du serveur n'y changent rien, l'angoisse chronique me reprend de plus belle, noue ma gorge et me paralyse de stupeur dans la foulée. La voix, elle-aussi, a pris la poudre d'escampette, chienne de vie,  la panade reprend de plus belle...
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Quel merdier ! Ce troufion de serveur fait du gringue à Samantha mais en plus il s’amuse à me relooker. Il le fait exprès, je suis persuadé qu’il le fait exprès. Je le vois bien depuis tout à l’heure qu’il zieute ma future zouze ! En plus regardez le ce con, avec sa démarche subtile de crapaud buffle et son air de benêt alors qu’il m’a renversé ma soupe sur la tronche...C’est chaud en plus ce truc, ça a percé ma chemise cette saloperie. Fait chier, je supporte pas les poireaux. J’ai pris cette connerie parce qu’elle se la joue activiste pour la protection des animaux, j’voulais un bon gros steak frites avec masse de sauce. Si elle savait ce qu’il y a dans son rouge à lèvres...Fin bref si je lui explique je risque pas de la pécho, mais c’est pas non plus avec mon nuage de potage que je vais la faire roucouler et battre des cils.  

- Je suis confus monsieur, je ne voulais pas…

J’espère bien qu’il le voulait pas cet attardé ! Mais c’est quoi ce resto sélect ? On attend huit mois pour avoir ne serait-ce qu’une réservation, on se fait couillonner parce qu’ils ont même pas l’air d’avoir de bouffe aphrodisiaque pour les rencards drague, et en plus le personnel se fout de ta gueule en renversant leur bouillon. On en est qu’à l’entrée et j’en peux déjà plus de ce bled. Il veut se marrer, je le vois bien qu’il veut se marrer ce loufiat en costume de pingouin. Et Samantha...Aaaah Samantha...Elle a pas l’air de trop savoir quoi dire. Mâchouillant un morceau de cèpes qu’elle venait d’ingurgiter, elle me fait de l’effet cette belle brunette. Mais ça risque pas d’être réciproque si je garde cette tâche. On dirait que j’me suis fait gerber dessus par un gamin.

- Allez m’en chercher une autre !

- Hm...euh...d’assiette ou de chemise ?

- A votre avis…?

Et il se casse avec ses yeux de merlan frit. Enfin, de l’air, il commençait à me taper sur le système. Je peux enfin être tranquille avec Samantha. mais bon, on aura attiré l’attention à cause du serveur. La rombière d’à côté continue de se marrer derrière son éventail en plumes. Elle va vite s’arrêter sinon j’vais me lever la claquer et lui mettre son carpaccio de poisson dans le nez.

- Tu ne veux pas aller te changer ?

- C’est à dire que...j’ai pas de chemise de rechange

- Ah bah, dommage. Tant pis…

Merde elle est déçue ! Alerte rouge, j’avais pas prévu ça ! Je le savais, je le savais ! J’aurais dû prévoir une valise sous la table. Faut que je rebondisse sinon elle va vouloir changer de table ou partir. Elle reprend un bout de cèpe, j’aurais peut être dû relancer la conversation. Mais je pense que c’est l’odeur du poireau ça doit la déranger.

- Je vais aller arranger ça, je reviens tout de suite.

Aller, les toilettes. J’y fonce, faut que j’arrange mon allure, c’est le rencard de ma vie j’en trouverai pas deux des comme ça. J’aime pas trop ça, les chiottes du Baratie...J’ai un pote qui m’a raconté qu’y avait des trucs pas nets là dedans. Paraît que dans la troisième cabine y a des révos qui se cachent sous la cuvette. Ça va pas le faire si y a des révoltés dans les cabinets, j’ai pas signé pour ça. Puis Samantha elle risque d’avoir peur. Quoi que....ça me donne une bonne excuse pour la prendre dans mes bras et la protéger. Bon, du coup j’espère que y en a.

- Olala...olala !

Nan mais qu’est ce que c’est qu'ce binz ?! Y a un gros type dans les toilettes qui occupe toute la place devant les miroirs. Il a l’air de suer comme un porc en plus ! Et c’est quoi ce costume trois pièces ? Depuis quand orange à pois verts c’est la nouvelle mode ? J’en peux plus de ces blaireaux VRP qui ramènent leurs gonzesses dans des restos chicos pour leur faire du gringue...Heureusement que j’suis là pour relever le niveau de bogossitude des lieux.

- Pardon.

- Olala…

- Oh Pumba bouge de là !

Vrai qu’il ressemble à Pumba...Le petit cochon du Roi Fion que mamie me racontait. Eurk il se retourne, il est aussi laid de face que de dos. Je plains la personne avec qui il est venu, ça doit être un supplice de le regarder manger celui-là.

- Uh ?

- Voyez pas que j’suis taché ? J’ai besoin de nettoyer un peu tout ça.

- Oh pardon monsieur, excusez moi. Je suis nerveux. J’ai mis 1 an à avoir une table ici et…

- Vous pourriez vous pousser ? Je veux une serviette.

Et en plus faut que je me tape sa litanie sur ô combien c’est cher ici, que son rendez-vous est compliqué, bla-bla-bla…J’en ai rien à cirer moi j’veux flirter avec Samantha. Et merde la tache se fonce encore plus...On dirait une énorme auréole sur tout mon bas ventre, comme si j'm'étais pissé dessus ! Zut. Au moins, elle sent plus le poireau à dix kilomètres mais le savon à la lavande. C’est mieux que rien….Bon, mon break est fini, retour sur le ring ! Vas-y mon Brandolph, t’es le meilleur. Tu vas l’avoir la pépée.
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Monsieur Savon avait fait son office. Et quelle office. Les portes battantes des toilettes se fermant dans le dos, le nouveau Brandolph trainait la patte pour rejoindre sa place. Le rouge de la tenue de la bien-aimée semblait bien fade dorénavant, si on le comparait aux joues empourprées de son gentilhomme d'un soir. La courtoisie discrète, attendue à l'intérieur de la distinguée Sœur Anko, n’empêchait pas les regards réprobateurs de toute une salles guindée d’assaillir la souillure lui dépassant le nombril. Ou alors était ce son imagination ? Qui sait.. Un mélange de honte et de panique lui grillaient le cerveau. Pris dans une mélasse de pensées l'enfonçant toujours plus bas, radio ange s'ouvrit de nouveau. Bouée lancée au premier venu qui saurait le tirer de l'impasse. Une ombre dénuée de pudeur entra sans frapper, le glacial sur les talons. Le souffleur attrapa les commandes pendant que le vendeur digérait l’uppercut. Toujours le pas trainant, la moue crispée laissa place à un sourire enjôleur. La gamine grignotait encore ses champignons en l'attendant, lorsqu'il s'installa de nouveau face à elle. Une nouvelle assiette de soupe de poireaux l'attendait. Entre deux cuillères du mets de renommé, il se laissa radoter à quelques souvenirs.

- Cet accident me fait penser à ce jour, où m'suis... "mouillé" dans la même veine à Konokuni. Un peu trop de boisson, l'attention qui fait défaut... et la magie c'était opérée. De la même sorte je vous dis hé hé.. Mais n'en déplaise, ça sèchera.

Ne sachant pas vraiment s'il y avait à rire, elle préféra tourner la page.

- Konokuni tu dis ? Je ne te savais pas être allé sur West Blue. J'en ai entendu le plus grand bien, une île magnifique à ce qu'il parait. Avec un style unique.
- Pfff c'est ce qu'on en dit ? M'étonnes pas. S'y connaissent rien ceux qui causent. Mais te trompes pas. Les villes, les villages et les cahuttes de péquenauds.. de la caillasse, toujours de la caillasse. Et je te parle pas de ces déserts qu'y en a qui viennent te gausser les oreilles de leur magie... du sable. Voila ce que c'est. De la caillasse en plus petit... Les forêts des arbres, les montagnes de la grosse caillasse et les prairies de l'herbe. Il est bon de mettre les mots sur les choses de temps en temps.

La mine de Samantha s'assombrissait à chaque vérité énoncée et le pauvre Brandolph tenait plus la barre. Le froid mordant d'outre-tombe entrant en son esprit fragilisé avait eu l'effet d'une bombe. Mais bien décidé à sauver son rendez vous quoi qu'il lui arrive, il ne tardait plus à reprendre le contrôle et éjecterait sans tarder l'importun.

- La Mer par contre.... Perdre son regard sur la terre, c'est quitter la Mer à tord. Jamais deux fois la même.  Je te parle de la belle et de la houleuse. De celle qui te porte et te soulève, te guide et te fracasse. C'est une Dame de caractère qui offre son cœur à qui sait la saisir. Il ne faut jamais la sous-estimer, jamais la prendre de haut, elle ne te le pardonnera pas. Si le ménage doit marcher, il faut savoir.. l'écouter, la comprendre... Tous les jours ne sont pas joyeux, mais tous valent le coup. Car entre ses creux, de nouvelles surprises te seront apportées. Oui... la Mer est la seule qui compte.

Elle sourit. Le souffleur n'était plus.
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Bon. Le repas suit son cours, je ne pense pas avoir fait de faux pas, hormis mon accident. J'espère que cela n'a pas fait tâche dans cette opération séduction. Et inversement. Elle s'y connaît peut-être en éradication des tâches... Non, il ne vaut mieux pas aborder le sujet de suite, plutôt demain, sur l'oreiller. Oui, ça sera plus pratique, elle pourra s'occuper de ma chemise quand je me prélasserais au lit. J'ai de bonnes idées parfois, je devrais peut-être écrire un livre un jour. Ou deux. Peu importe. Mieux vaut-il que je ne m'enfonce pas dans tout cela, je ne voudrais pas avoir un air idiot, plongé ainsi dans mes pensées. J'ai été vachement profond n'empêche tout à l'heure, dommage que je n'ai pas de papier j'aurais pu tout noter. Le repas. Mon assiette. Voilà sur quoi je dois me concentrer seulement sur ça et pas sur... Wow. Belle vue sur ces deux collines depuis le balcon. Bon. Du calme Brandolph, tout va bien se passer. Merde, me voilà tout stressé. A ce rythme là, si je continue à paniquer, je vais paraître deux fois plus pour un saint. Il suffit, esprit malade. Mince, elle a l'air de s'ennuyer, elle triture sa nourriture avec sa fourchette. Vite un sujet de conversation, rebondissons sur quelque chose.


Tu sais, ma chemise...


Et merde. J'avais dit que ce n'était pas le moment d'en parler. Je suis nul sous la pression, la vache. J'espère qu'elle ne m'a pas entendu parler... Ah fait chier, elle me regarde, j'ai réussi à l'interpeller dans ma panique. Il faut que je trouve un moyen d'utiliser ça sans pour autant parler de lessive. Pas le choix, il faut improviser, pas le temps de réfléchir à une porte de sortie.


Euh, oui donc, tu sais ma chemise.... Au-delà de cette tâche.... Qu'il va bien falloir s'occuper assez rapidement, parce que bon, après, des tâches sur des vêtements clairs, c'est difficile de les ravoir après avoir séché. Ça m'est déjà arrivé de laisser en plan une tâche, de ne plus y penser et au final, elle était encore là le lendemain.


Attends. De quoi je parle là. Bordel, je comprends mieux pourquoi ils n'ont pas voulu de moi en cours de théâtre quand j'étais plus jeune...


Mais ce qui est bien, c'est que rien ne se perd dans le tissu, même s'il est abîmé ou tâché, on peut toujours y trouver une nouvelle utilité, une nouvelle vie. Par exemple, imaginons cette chemise. Je lui applique un produit quelconque, par exemple du savon, je frotte, je frotte. Fort, pas juste en étaler tout juste histoire de, et que, au final, même après cet effort conséquent, la tâche est encore là au lavage et si personne de plus apte à la lessive s'en occupe, et bien je pourrais toujours m'en servir en guise de chemise pour faire de la peinture ou du bricolage, ou alors un torchon pour essuyer les pinceaux qui servent à faire la peinture. Mais j'avouerais que je préférerais la récupérer toute propre, c'est pas comme si j'avais de la peinture à faire sous peu !


Samantha semble perplexe. Je dois avouer que moi-même je ne sais pas si j'ai compris la moitié des choses que je viens de dire. Est-ce misogyne ou non, aucune idée. De toute manière le mal est fait, je ne peux plus esquiver la question bien longtemps, pas la peine de me voiler la face, autant aborder ce sujet et se retirer cette épine du pied. Et si au passage, je peux glaner des recettes de grands-mères pour faire partir une tâche... Elle doit bien s'y connaître dans ce domaine...


Tu as peut-être une recette miracle contre les tâches.... Pas moi, celle de la chemise ! Ah-ah


Voilà, un petit trait d'humour pour faire passer la pilule. Tu es un génie Brandolph. Je vais réussir à aller droit au but et la mettre au fond. Ce n'est probablement pas la meilleure façon de le dire, mais l'idée est là. Le fait est, elle glousse, c'est une petite victoire. Prends ça dans ta face, féminisme ! Je m'emballe peut-être un chouia trop.


C'est vrai que je ne suis pas vraiment une fée du logis, c'est un petit peu mon seul défaut... Ahah. Les lessives, ne pas mélanger les couleurs et les textiles, je n'y ai jamais rien compris, c'est du temps perdu non ? C'est comme, pourquoi utiliser de l'eau chaude et pas de l'eau froide pour laver le sol ? Tu dois t'y connaître un peu là dedans non ? Tu aimes faire le ménage Samantha ?


Oups. Rien qu'à voir son regard, je vois que j'ai vraiment merdé à continuer dans cette voie là. Je crois bien que je n'aurais pas de réponse à cette question, tant pis pour ma chemise. On va laisser tomber un silence pesant entre nous deux en attendant un laps de temps suffisant avant de reprendre la parole sur un meilleur sujet. Tant qu'elle ne quitte pas la table, c'est que j'ai toujours une chance. Enfin je crois...
  • https://youtu.be/dQw4w9WgXcQ
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Bhaaa, qui aime faire le ménage ?

J'interviens avant de la couper, la petite. Elle a les ongles trop courts pour ignorer ce qu'est une vaisselle et, de toute façon, ce sont encore les femmes qui doivent nettoyer les tâches de ce monde. Ne me contredis pas Brandolph, je me rappelle ce dont tu te rappelles. Tu comptes vraiment le manger ce vieux fromage qui change de couleur dans ton vieux frigo  ? Et les poussières sus le tapis, t'attends que ton bateau coule pour les évacuer ? T'es tout content quand tu époussettes ta boutique. Enfin, le principal. La poussière, c'est un argument commercial pour toi, hein ? Tu te dis que ça fait un super souvenir qui vient de loin. Les clients voient surtout des invendus de longue date. Mais toi, tu ne t'en rends pas compte. T'es un homme. Tu vénères la crasse et la sueur comme des récompenses de travailleur. Ben j'ai une nouvelle à t'annoncer, Brandolph: les mollassons qui macèrent dans leur canapé des jours durant puent tout autant. Tu veux te lever une jolie pouliche ? Commence par te respecter. Tu sais quoi ? Tu m'énerves. Je prends la main. On va te l'éduquer ta dulcinée.

Vous laissez pas faire, chérie. Les hommes voudront toujours abuser de vous. Au début, ou pardonne, on se dit qu'ils sont machos pour faire genre. Et après, on se rend compte qu'ils ne jouent pas aux coqs, ils sont véritablement incapables de faire autre chose que se mettre en avant. Un homme, c'est un enfant qui se pense trop grand pour mériter une gifle. Ils sont tous là, avec leurs barbes peignées et leurs chaussures brillantes sans scratch, à vous jouer les roméos du bidonville. Mais chérie, ils sont tous pareils, tous ! Des chats de gouttières qui ne rêve que de devenir de bons gros matou d'appartement. Pourquoi leur demander de faire quelque chose ? C'est vrai ! Ils sont tellement mignons, ça les épuise. C'est aux femmes de le faire. Parce qu'elles, elles ont l'habitude des tâches, du ménage, des responsabilités bien sûr ! Naaaaan, te laisse pas faire par des petits minets en manque d'attention chérie, broie tout ce qui dépasse.

Que je lui fais en mimant au ralenti les doigts qui se referment sur un machin douloureux. Perdue la gamine, la vérité c'est toujours une gifle. Mais je me rends compte que j'ai un peu fait des généralités. Alors je tempère, je rends un peu d'espoir.

Tous, sauf un. Sauf mon Tanguy. Oooooh, Tanguy, quel saint homme. Vous l'auriez aimé, j'en suis sûre.

- Oh ! Je n'avais pas compris que vous étiez...
-...un magnifique homme-anguille. Littéralement. Avec un oeil bien rond et des nageoires frivoles. Et pas fainéant avec ça. Ca c'était un vrai mâle, comme on devrait en connaître au moins un dans sa vie. Les hommes valeureux existent toujours. Mais ils sont si rares. Comme des perles de Tanuki. Comme des indemnités de mère au foyer. Il me manque vous savez. Tous les jours, je me dis que ma vie aurait été tellement plus simple s'il avait toujours ses mains palmées sur mes épaules fragiles pour sentir la chaleur qui me manque. Vous avez déjà trouvé l'amour ? Le vrai ?

- Je ne peux pas vraiment le dire. En ce moment, je suis fort occupée par mon travail.

- Vous n'êtes pas vilaine, Samantha. Vous devriez mettre deux couches de vernis pour éviter qu'il s'écaille et choisir des bijoux plus adaptés à votre morphologie, mais vous êtes une poupée. Ca ne durera pas, croyez-moi j'en sais quelque chose. Alors attrapez-vous un homme avant de perdre votre jeunesse dans vos futiles combats perdus d'avance et vivez un peu pour vous. Les poissons peuvent attendre votre aide. Votre horloge biologique, elle a une durée plus limitée que les espèces océaniques. Pensez à vos priorités, amusez-vous et ne vous laissez pas abuser par ces incompétents de la race masculine. Santé! On peut en ravoir ?

Que je dis en agitant mon verre au serveur qui me fixe d'un oeil ourdi de sombres menaces. Crétin, pendant qu'il fait le service ici, sa femme est probablement en train de fêter son treizième mois avec tous les réparateurs du coin. Bien fait pour toi, eunuque. Sers-moi et souris. Fais ma journée.

Je regarde le décor autour. C'est chic. Brandolph, montre à mon fils comme c'est joli ! Nicholas ? Un monsieur va te montrer des choses. Ce n'est pas un inconnu, tu peux aller sur l'attraction. Maman est là pour veiller sur toi. Brandolph ! Montre le joli boui-boui à mon petit !


Les yeux de Brandolph s'écarquillent sur le décor. Samantha, confrontée à une nouvelle excentricité de son rendez-vous, soupire discrètement. Le moustachu ne remarque rien, tout occupé qu'il est à pointer du nez partout autour de lui, et même en l'air.

Wooooh !
- Est-ce que quelque chose ne va pas ?

Il tombe la tête jusqu'à l'alignement de ses yeux avec ceux de Samantha. Le rouge lui envahit les joues. Une femme ? Avec lui ? Et adulte en plus ! Brandolph pique du nez dans son assiette. Des légumes terrestres. Voyant que Samantha est en avance sur lui, il met autant de nourriture qu'il peut sur sa fourchette et l'enfourne. Le goût est infect, au point de le faire tousser et doucement pleurer du coin de l'oeil. La dame en robe rouge le regarde, mais il la rassure d'un sourire carnassier comme Nicholas arrive à en faire. Puis, il se bouche le nez et continue de finir son assiette. Il termine même avant elle. Le goût reste. Rincer le légume le tenterait bien, mais il sent l'alcool dans le verre et sa maman lui interdit d'en boire. Brandolph n'aurait qu'une envie, c'est plonger la tête dans l'océan pour se rincer la bouche jusqu'à oublier ce goût du végétal dégoûtant. Poliment, il lève le doigt et attend que Samantha lui donne la parole.

Oui, Brandolph ?

- Je peux sortir de table ?
- Je...vous en prie.
- Merci Madame !

Il saute de sa chaise et trottine jusqu'à l'immense baie vitrée qui offre une vue imprenable sur la faune aquatique des Blues. Les déchets que rejette le restaurant fait l'affaire des estomacs opportunistes, alors les poissons ont pris pour habitude de suivre la Soeur Anko comme un camion de glaces. Brandolph les regarde avec admiration, envie et parfois appétit. Il longe la cloche de verre, détaille les espèces. Là où il vit en ce moment avec sa maman, le port est bien loin. Et la mer lui manque. Il ne remarque pas la venue de Samantha. A peine entend-t-il ce qu'elle lui dit.

Je crois que je ferais mieux d'y aller.
- Ça, c'est une perche de Drum.
- Oui, admet la dame en vérifiant l'identification. C'est vrai.
- Et le petit-là, il fait croire qu'il est une truite dorée de Koneashima, mais c'est pour être acceptée des eileaniennes. On en voit plus à cette période de l'année, à cause du froid.

Tout juste, à nouveau. Samantha se tait. Brandolph lui prend la main et l'entraîne à la poursuite des poissons qu'il décrit. Son énergie est telle qu'il n'est pas rare qu'elle doive courir pour le suivre. Ils parcourent ensemble une partie du dôme, elle lui découvrant une connaissance pointue des espèces. En dépit de toutes les bizarreries de cet individu, comme les moments où il peut se montrer odieux, elle apprécie ce moment où il explore avec elle les espèces qu'elle protège. A certains moments, elle s'avoue même prendre plaisir à être baladée.

Lorsque le serveur vient à leur rencontre leur annoncer le service suivant, Samantha comprends que Brandolph continue de déranger l'établissement par ses excentricités. Nicholas, lui, n'a rien compris de tel.

On est obligé d'y retourner ? La nourriture elle est pas bonne...
- Hm, c'est vous qui avez choisi le menu, Monsieur. Mais si Monsieur désire autre chose.
- Je peux avoir du poisson ? demande Brandolph timidement.
- C'était prévu, Monsieur.
- D'accord. Alors, je veux bien revenir.
- Formidable...

Le serveur lève les yeux avant de partir. Brandolph remettra à plus tard la découverte de ce qu'il pouvait bien fixer au plafond, sa main reliée à Samantha se délie de sa paume. Elle lui adresse un sourire gentil, poli, mais sans hypocrisie.

Nous devrions retourner à notre table.

Il acquiesce et la suit, en regardant les clients qu'ils croisent et à qui il dit bien bonjour. Arrivés à leur place initiale, Nicholas repart. Le den den sonne et il doit répondre.
    Voix off a écrit:Le repas s'achève sur une entente cordiale, sans désir particulier de se revoir. Samantha trouve Brandolph trop instable, excuse difficilement ses écarts de conduite et sa superficialité. Sans parler d'un mauvais moment passé avec lui, elle ne souhaitera pas réitérer l'expérience et ne s'est pas trouvée suffisamment d'atomes crochus pour garder le contact. Il restera quelqu'un qu'elle saluera si elle le recroise, sans désirer davantage de contact.

    Séduction ratée.

    Mais pas de panique ! Brandolph reviendra. Et peut-être que cette fois il trouvera des joueurs l'amour.
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