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Espéra Maria ! |pv.Ragnar Etzmurt|



Quelques jours plus tôt :

-OUAISS ! OIII ! TUE-LE !

La foule est en extase. Les bras tendus vers le ciel en sont la métaphore. De toute part, les cris de joie et de rage fusent pour la gloire des combattants. Le sable rouge brille sous mes pieds nus. Mon corps, soutenu par de longues mèches, se balance au-dessus du sol. Une crinière blonde tombe mollement sur mon œil droit tandis qu’un sourire enfantin illumine mon minois. Autour de moi, dans un cercle que je constitue, plusieurs hommes et femmes armés se font face. Entre nous, loin du brouhaha ambiant, le jeu des regards cherche à estimer la force de chacun ainsi que le plus faible. Quelle sera la première proie ? Qui sera le maillon faible et cassera la chaîne ? Un sourire en coin apparaît chez l’un de mes opposants. Le premier coup de couteau vole et déchire le haut d’un autre. Premières perles de sang et voila la reprise des cris du public. Des animaux assoiffés par le carnage proche et le sang qui ne peuvent verser : des faibles.

En prise avec un balafré au crâne brillant, je me laisse porter de bonds en bonds par mes cheveux. Il se fatigue à me poursuivre et soulever des gerbes de poussière à chaque coup. Ses muscles, trop lents, ne peuvent rivaliser. J’entends mon surnom du moment, « Little Girl », scandé par la foule. Une troisième mèche blonde se dresse au zénith de mon crâne, se durcit et s’aiguise avant de s’abattre d’un seul coup. Le sol se fissure doucement tandis que le souffle continue sa route ne s’arrêtant qu’à la rencontre d’un participant. Au mauvais endroit, il titube avant de perdre l’usage d’un de ses bras inondant le sol de ses larmes rouge et nos tympans de ses couinements…


….

Seule, encore debout, les habits décousus et teintés par le sang des opposants, je reste statique. Devant les énormes grilles, j’attends qu’on m’ouvre le passage aux coulisses. Ni les cris de joie, les rires et autres suintements d’affection et d’admiration ne m’émeuvent. Un den-den haut-parleur crache les futures réjouissances, les croque-morts récupèrent leurs dû et la herse s’élève dans un vrombissement sourd, rituels immuables. Véritable labyrinthe, les couloirs s’emmêlent et se ressemblent. On entend les cris émanant du combat en cours. Proche de mon point d’arrivé, un homme passe à mes côtés, le regard froid, la veste en cuir roulé autour du bras. Il fredonne : « quand je rentre dans l’arène - j’suis comme un dieu qui s’amène… ».

Le Bureau des Paris. La salle est bondée, comme à son habitude, et l’argent circule à flux tendus. Assise sur le bord d’un tabouret, je sirote un lait fraise en compagnie de « I’m Outta Rhum » du célèbre Tahar Tahgel.


Pulu-Pulu… Pulu-Pulu
-OÏ ! Little Girl ! C’pour toi.
-Hummm ? ♪ Sourcil soulevé, j’observe le combiné. - Allôô ? ☼
-Agent Quinn ?
-Ah ! Ça fait longtemps que je n’ai pas entendu ça.♥️

///

Maintenant :

Le haut du corps penché au-dessus du garde bout, j’observe l’écume formée par le navire. Voila plusieurs jours que nous sommes partis et je me fais chier ferme. La galère y’a rien à foutre. Les joues gonflées par l’ennuie, je laisse les minutes s’étirer en heures. J’peux pas cuisiner, j’sais pas. Ni naviguer, j’sais pas. J’pourrais. Mais les tenues ne sont « pas adaptées ». Le livre, presque fini, trône quelque part dans la cabine.

La seule information en ma possession : Shabondy. La mission, quant à elle, reste un mystère grisé. Mon interlocuteur est un certain Etzmurt. Apparemment « As de la révolution », il n’est pas connu à mon actif. A ma décharge, cela fait longtemps, trop, que je suis coupé de tout. Ruminant ma haine contre Le Kidd et ma perte d’âge. Une fois cette mission finie, je me casse à sa recherche. Je veux retrouver mon vrai moi, enfin… celle après avoir mangé ce fruit caché dans le Boru Bodur. Perdue dans mes pensées, ressassant mon passé, je n’ai pas remarqué l’embarcation approchant de notre position. C’est un petit vaisseau, mobile et rapide, qui permet de faire la navette entre les différents navires. Un mousse aux tâches de rousseur apparentes s’approche de moi. S’essuyant les mains rigoureusement sur son pantalon, il me demande de bien vouloir le suivre avec une voix chevrotante. J’accepte sans rechigner et me laisse guider par le jeunot après avoir récupéré mes quelques affaires.

Sac à dos paillettes en place, je pose enfin le pied sur le navire de tête. Tandis que j’avance sur le ponton, une foule de marins révolutionnaires me dévisagent. L’œil mauvais, je leur rends leur accueille peu chaleureux tandis qu’une voix s’élève derrière moi : serait-ce Etzmurt ?

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Suelto, Yumi et Marcel, ont réalisé un travail de fond assez conséquent. La simple de tâche de répertorier toutes les personnes sous mes ordres, leur rang, leurs aptitudes… Concrètement, j’ai un peu de tout avec moi, j’apprécie grandement la polyvalence que l’on me propose. Avoir autant n’est pas chose aisée, surtout quand on sait qu’il s’agit de l’Archipel Shabondy que l’on compte envahir. Une certaine pression sur mes épaules pèse à mesure que l’on se rapproche du lieu.

Cependant, avec son grand air sérieux, Suelto tend fixement son carnet tourné sur une page particulière. Je lis « Levy Queen, archéologue et As de la révolution ». Et là, à l’instar d’une montre, les mécanismes dans ma tête commencent à se mettre en route. De Shabondy, je me projette plus loin. Immobile, seuls mes yeux bougent dans tous les sens. Yumi souhaite me parler, Suelto l’en empêche en lui barrant la route de son bras : il sait que je suis en train de réfléchir.

Chaque chose en son temps, mais une archéologue peut nous être extrêmement utile. Ils se font si rare que je compte bien la protéger comme la prunelle de mes yeux. Le second point essentiel est que tout comme moi, cette personne est également cavalier de la révolution… En soit, je n’ai aucun pouvoir sur cette dernière, et si elle participe à cet évènement, il est logique qu’elle dirige également cette armée. Je reprends mes esprits, et voyant Yumi tout excité, je le choisis.

« Yumi, tu m’as l’air bien excité. Va donc me chercher Levy Queen avec le rouquin au fond. Ouais, toi, celui qui picole en cachette. Dois-je te rappeler que je vois tout ? dis-je en le regardant d’un air navré, alors que tout l’équipage se retourne vers ce dernier. »

J’ordonne à ce que tous les navires s’arrêtent. La prochaine île encore assez loin, les hommes épuisés, il me paraît sage de nous reposer en plein milieu de la mer. Puis qui viendrait nous embêter ici ? Le temps que l’on me ramène la cavalière, je discute de notre arrivée sur l’archipel avec Suelto, nous élaborons enfin le plan d’attaque. Je ne vous raconte pas ce poids qui ne cesse de peser sur mes épaules…

Et ce n’est que dix petites minutes plus tard que la barque envoyée vers un autre navire, revient avec une personne supplémentaire. Un petit bout de femme, sac à dos en paillette, une longue chevelure blonde… Ce n’est absolument pas ce qu’on m’avait décrit. Pas du tout. Parce que ouais, j’admets avoir passé un coup de fil à Knox, en lousdé, pour en savoir davantage sur cette Levy. Tu parles, elle m’a décrit une bombe, je me retrouve avec une gosse. Elle me farce ou quoi ?

« Oï… C’est comme ça que l’on accueille nos camarades, bande de bons à rien ?… envoyé-je d’un ton massacrant. Bienvenue parmi, chère Levy ! d’une voix nettement plus joyeuse. Pardonne-moi pour cet accueil de merde, ces types n’ont pas été correctement éduqués visiblement, c’est ma faute. Et pour tout t’avouer, je ne m’attendais pas à être confronté à une enfant… Mais je m’en moque. Je ne suis pas vieux non plus. Pis t’es cavalière, non ? C’est que tu dois être une bête ! Allez, présente-toi à tous ces connards. À partir de maintenant, c’est également ton armée. »

Et là, un énorme silence glacial s’installe. Tous les types qui regardaient mal la jeune fille se retrouvent maintenant bouches-bées par cette annonce. Seuls Suelto et Marcel rigolent, peu étonnés de cette décision rapide et inattendue. Ils sont assez habitués. Yumi, lui, s’en moque royalement. Il est posé sur ton tonneau à bichonner son épée en fumant sa clope. Ouais, je crois que peu de choses l’intéresse à bord.  

Maintenant, j’attends avec impatience que cette dernière se présente.




Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Ven 9 Fév 2018 - 14:52, édité 1 fois
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Tandis qu’il réprimande ses camarades et subordonnés, je regarde ce fameux Ragnar de haut en bas. Il est jeune, il est grand, il est robuste et porte des lunettes de soleil. Il n’a pas l’air si méchant que ça mais, comme tu as pu l’apprendre à tes dépends, ne pas se fier aux apparences. Surtout ne jamais se fier aux apparences. Cependant, je ne peux m’empêcher de serrer mes poings en entendant le terme d’enfant. J’ai envie de lui sauter à la gorge, telle une lionne prise au piège, pour lui apprendre à réfléchir avant de l’ouvrir. Aie ! Deuxième erreur, je ne suis pas cavalière coco. Tu es sûr d’être capable de diriger une équipe de cette taille en fait ? Tes informations ne sont pas très fiables… Au moins, tu sais parler à une femme ou, tout au plus, rattraper tes faux pas : « Mon armée également ». Sourire en coin, je me centre vis-à-vis de la masse formée par l’équipage…

-OOO… Mes cheveux grandissent et s’étalent, recouvrent petit à petit le pont et se frayent un chemin entre plusieurs pieds. Certains révolutionnaires se reculent, d’autres n’osent pas bouger. Mon séjour sur Dead End n’aura pas été de tout repos mais j’aurais appris une chose essentielle : la mise en scène. Toute les tueries, démonstrations de force et prise de paroles, aussi importantes soit elles, ne vaudront le spectacle. Marquer les esprits et les cœurs, voilà ce qui reste, qui s’inscrit dans les livres et perdure à travers les âges.

Appel qui perce les tympans. S’ils ne m’écoutaient pas, voila qui est fait. Animées d’une vie propre, mes mèches se rassemblent, se mêlent et se nouent. Depuis la base, deux nattes cascadent pour se finir en mains. Ces dernières épousent le sol et se crispent pour supporter mon poids poussant quelques hommes. Maintenant au-dessus de la masse d’une demi-tête, je peux observer leur nombre -plus que sur l’autre navire- bien. …OÏ !

-J’AI L’AIR D’UNE ENFANT MAINTENANT ?! Les coudes se rejoignent et s’enroulent me faisant réaliser un angle de 360° sur place. -L’un de vous veut-il ouvrir son claque-merde pour dire quelque chose ?!...  Bien !

Petit 1 : JE suis Mademoiselle Queen. Donc je veux du bonjour et un salut en bon et due forme.
Petit 2 : L’habit ne fait pas le moine, rappelez-vous-en.
Enfin, petit 3 : …


Comme des spaghettis, mes cheveux sont aspirés jusqu'à retrouver leur forme initiale. Je retombe au sol en laissant résonner, comme seul son, le ploc de mes chaussures.. Redressant ma couronne, je me dirige d’un pas décidé vers mon hôte. - T’es qui toi ?
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« - Tu n’sais pas lire, sale illettré de merde ? m’agresse Suelto. As de la révolution. Cette femme est une As de la révolution.
- Quoi ? Cette gamine ? Sérieusement ?
- J’éviterai de l’appeler comme ça si j’étais toi.
- Ouais, tu me diras, on est du même rang. 
- Ça ne t’emmerde pas ?
- J’ai pas vraiment le choix. Je préfère que ce soit elle plutôt qu’Émilie Knox.
- Vous avez pourtant l’air de bien vous entendre…
- Ferme ta grande gueule, enculé de latino. »

Sur cette petite discussion entre le rouquin et moi-même, la jeune Levy Queen fixe ses règles avec l’ensemble des hommes à bord. Enfin, elle les tyrannise. J’imagine qu’en agissant ainsi, elle n’aura plus aucun problème pour diriger l’armée, surtout avec ma bénédiction. Pour diriger, il faut de la légitimité, et celle-ci ne s’obtient pas que par son rang, et cela, cette demoiselle l’a parfaitement bien intégré visiblement. Ce n’est pas une novice et elle le prouve.

Alors que nous discutons encore avec Suelto, cette dernière reprend sa forme… naturelle ? Puis elle s’approche ainsi de moi d’un air décidé. Elle semble demander mon identité d’un air « je m’en foutiste », du style « t’es personne, minable », choquant l’ensemble de l’équipage qui s’attend à une réaction de ma part. Je suis assez surpris, coupé dans ma passionnante conversation avec mon ami, qui me regarde tout aussi choqué.

De mon côté, je me contente d’un sourire que j’adresse à cette demoiselle. As ou pas, il excite des manières de politesse, surtout quand on est au sein d’un équipage qui n’est pas le sien. Alors forcément, Yumi et Marcel la dévisagent du regard, comme l’ensemble des gars d’ailleurs… Suelto, lui, est plus posé et sait pertinemment comment tout cela va finir. À mon tour, encore les bras croisés, j’avance d’un vers l’excitée.

« Premièrement, mademoiselle, je te prierai de bien vouloir retirer tes pompes à bord de mon navire. Comme tu peux le constater, nous sommes tous pieds nus ici. Deuxièmement, j’ai cru comprendre que tu es finalement autant gradée que moi, alors tu mérites également un certain respect. Ou pas. Parce que troisièmement, je suis Ragnar Etzmurt, et j’en ai strictement rien à foutre de la hiérarchie et des rangs attribués aux uns et aux autres. »

Je me retourne ensuite vers mes hommes, à qui je souris chaleureusement.

« Vois-tu cette bande de connards ? Aucun ne t’obéira. Parce que ce sont des connards, mais aussi mes plus fidèles compagnons. Mais comme je suis un homme de parole, et que ton rang te donne une légitimité dans la fonction de dirigeante, tu pourras diriger l’ensemble des navires. »

Puis je refais fasse à cette dernière, cette fois-ci avec un regard beaucoup moins chaleureux.

« Et ça sera selon mes conditions. Le marché d’esclaves, c’est notre seul et unique objectif, c’est tout. Du moins concernant l’archipel Shabondy. Des questions ou contestations ? Nous autres révolutionnaires sommes ouverts à la discussion après tout. »

Je reprends mon sourire.



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Un bon point en sa faveur., il ne se laisse pas démonter et reprant, ou plutôt, appuyant son rôle de véritable capitaine. Tandis qu’il m’explique ses règles et conditions, je regarde mes chaussures et les enlèves d’une simple pression sur le talon. Expliquant sa relation avec ses hommes, une mèche attrape mes espadrilles et une autre les range dans mon sac à dos doré. Le marché d’esclaves, c’est donc l’objectif de la mission. Soit, cela me permettra peut-être de prendre ma revanche sur un de ces fils de Dragon Céleste... Ouvert à la discussion ? Tous les révolutionnaires n’utiliseraient pas ce vocabulaire.

- Des questions ? Nombreuses. Des contestations ? Certainement. En ce qui concerne la hiérarchie… Si nous l’aimions tant nous serions marines, non ? ♪. Lui rendant son sourire, je force une poignée de main digne de ce nom. Retirant ma main, celle-ci se décroche dans un ploc et reste entre les doigts de Ragnar.

-HIIiiii Cri perçant, j’attrape le membre décroché et le replace. D’abord à l’envers, -Et merde. et dans le bon sens. - Ouf !... Désolé, ça arrive de temps en temps... Sacrée poigne ☼  
Le caractère de la jeune femme a basculé du tout au tout. D’un départ froid et agressif, la voila maintenant joviale et pleine d’entrain. -J’aimerai bien savoir ce qu’on fait des Dragons Céleste... Le mot est jeté dans l’assistance. -On peut en parler tranquillement autour d’un lait-fraise. ☼ ?
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Étonnamment, celle-ci retrouve également un merveilleux sourire et accepte mes conditions, du moins en ce qui concerne le port des chaussures à bord. Elle finie même par m’adresser quelques mots. C’est merveilleux. Nous allons donc pouvoir discuter de choses plus concrètes à présent. Une pognée de main et… Hm ? Un léger bruit, je me retrouve avec la main de cette dernière. Normal pour une poignée de main, sauf que cette main est détachée du reste du corps.

Euh… Je ne sais pas tellement comment réagir face à cette situation inattendue. Cela dit, il semblerait que ça ce soit seulement déboité, aucune trace de sang n’est visible. Elle ne semble pas non plus extrêmement en souffrir. Serait-ce un cyborg ? Elle récupère son membre et le remet sans trop de difficulté. Ça n’a pas l’air métallique, ni technologique, alors serait-ce plutôt les attributs d’un fruit du démon ? Présentation étonnante.

« Du lait à la fraise ? Je digère mal le lait malheureusement. Mais on peut t’en faire. D’ailleurs, c’est l’heure du goûter ! Allez ! Tout le monde s’arrête, c’est l’heure du casse-croûte ! ordonné-je de vive voix. C’est mon moment préféré. »

Rapidement, Mokhtar, mon cuistot et son équipe de cuisine, sortent les collations prévues pour le goûter. Comme je suis le boss, j’ai le droit à des commandes personnalisées. Non, c’est juste que je m’entends bien avec lui en réalité. Comme beaucoup d’autres ici, il est tout à fait capable de m’envoyer paître. Du coup, je reçois rapidement mon thé à la menthe et le lait à la fraise, accompagné de biscuits faits maison.

« Discutons à présent. Questions et contestations ? Je t’en prie. Concernant les dragons célestes, j’y connais deux fois. Jamais j’ai eu le privilège de les rencontrer, ou peut-être durant mon temps d’esclavage mais j’étais aveugle. Et faisons le point sur nos capacités, ça peut toujours servir. À moins que l’on se fasse à combat d’entraînement, rien de mieux pour apprendre à se connaître. dis-je en esquissant un sourire. »

J’aime trop le combat.



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-Pour ce qui est des questions… Tu veux t’attaquer au marché d’esclaves. Attention louable mais est-ce tout ? S’il y a des objectifs cachés vous m’oubliez. Je n’vais pas mentir, les esclaves je m’en tamponne comme de l’an 300. Le gouvernement cautionne, secrètement ou non là n’est pas le problème. Alors, faire péter deux, trois guinguettes c’est bien beau et après ? Elles seront reconstruites et point barre… Il faut taper fort et vite, certes, mais avant tout là où ça fait mal.
Et quel est le meilleur moyen de taper dans les boulishs ? Les Dragons Célestes. Ils font la loi. Ce sont eux qui décident qui vit ou meurt et, lever la main sur eux revient à condamner votre vie et celle de toutes les personnes vous entourant, amis comme ennemis. Mon objectif est de les éliminer jusqu’au dernier.

En ce qui concerne les contestations, tant que je ne connais pas le plan exact, je ne peux rien dire.


J’observe le liquide rosé à l’intérieur de mon verre, réfléchissant à sa proposition. Avalé cul-sec, je regarde le révolutionnaire et ses camarades à tour de rôle. Un entrainement entre nous semble les amuser et même leur donner envie. Soit. Allons-y.

Je me redresse et pose mon sac à dos à mon ancienne place. Me dirigeant vers le milieu du ponton, mes cheveux commencent à s’animer et prendre de la hauteur. Tel un paon devant sa conquise, mes cheveux ondulent en l’air leur donnant l’aspect d’un soleil autour de moi. Les hommes de main s’écartent, laissent un espace important afin que l’on puisse s’amuser. L’échauffement terminé, on se salut et nous mettons en position.

Pas le temps de niaiser, je fonce tête baissée. Mes cheveux en première ligne forment trois pointes. La pointe centrale s’étend en direction de Ragnar tandis que les deux autres restent en arrière afin de prévenir une attaque surprise de sa part.

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Alors concentré à la dégustation de mon biscuit et à ma tasse de thé, je relève légèrement la tête vers mon interlocutrice, étonné de l’entendre s’exprimer autant. En toute franchise, je ne m’attendais pas à ce qu’elle débite tant de choses. Néanmoins pas inintéressantes. Taper les dragons célestes, c’était bien entendu prévu si nécessaire, ou s’ils se présentent devant nous. Plus pour laisser un message et par colère que par stratégie.

« Aucun autre objectif est prévu sur l’Archipel Shabondy. Nous libérons Maria, une membre de notre équipage, ainsi que le maximum d’esclaves, on cause le plus de dégâts possible, et on se tire. Cependant, cela ne se fera pas aussi facilement. Qui dit dragon céleste dit forcément amirauté. La tâche ne sera donc pas aisée. Quoiqu’il en soit, la libération des esclaves et l’évacuation de ces derniers sont nos priorités. Si je venais à rester bloqué, il est hors de question que vous veniez me chercher. Suis-je bien clair ? Étant donné que tu es aussi gradée que moi, la direction de la flotte te reviendra. Tu feras ensuite ton rapport. »

Je n’ai pas non plus prévu de me faire choper, retirez-vous ces fausses idées. Et maintenant, place au combat tant attendu. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne passe pas par quatre chemins. Sans perdre un seul instant, elle me fonce dessus en m’envoyant une énorme pointe, en laissant deux autres légèrement en retraits. Que dois-je faire ? Le laisser me transpercer ou faire l’effort de ne pas user de la facilité ?

Je parviens à esquiver son attaque sans spécialement utiliser mon empathie, en me décalant rapidement vers ma droite. Il est possible qu’elle m’envoie la pointe face à moi, laissée en retrait pour l’occasion, mais je ne compte pas attendre qu’elle parvienne à ma position pour autant. Je me déplace assez rapidement, longeant la pointe envoyée précédemment. Rapidement en face de mon adversaire, je saute par-dessus celle-ci en effectuant un salto avant, puis une fois derrière elle, je dégaine ma lame pour lui envoyer une lame de vent.

L’enchaînement s’est effectué de manière relativement rapide.

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Il esquive, fonce. Ma mèche d’attaque se retracte en suivant son avancée. Au dernier moment, lorsque j’allais me défendre, il saute et me passe au-dessus. Pas le temps de me retourner, mes pointes défensives se pose sur le bois et me projette sur ma droite. La roulade anticipée me permet de me repositionner face à Ragnar.

-Humm. Joues gonflées et sourcils froncés. - Tu as abimé ma coupe ! Je reprends le sourire tandis que mes cheveux repoussent à vue d’œil. -Heureusement qu’ils sont infinis ☼
Les mains derrière le dos, mes tifs se rassemblent, je décroche ma main gauche, un katana se forme et la laisse tomber discrètement au sol.

-Bien… En garde ! ☼

J’attaque par une lame d’air. Dès qu’elle part, je la suis rapidement pour enchainer les passes. Mes attaques sont facilement contrées. N’ayant jamais maniée l’épée, je suis rapidement dépassée et préfère me reculer d’un bon pour me placer devant ma main. Je fixe Ragnar dans les yeux, le katana s’estompe pour laisser place à la gueule d’un serpent. Une seconde apparait, et ainsi de suite, me laissant l’apparence de Méduse.

-A toi l’honneur.

Prête à recevoir son attaque, je plie les genoux et garde mon bras nu derrière le dos.            
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« - En voilà une capacité bien emmerdante… T’en penses quoi, Suelto ? dis-je en détournant le regard de mon adversaire vers mon camarade.
- Qu’elle manipule son corps selon ses souhaits et que je n’aimerais pas l’affronter. Vraiment pas.
- Tu m’aides beaucoup, salopard.
- Répète un peu ça pour voir, cabron ! rétorque le rouquin en chargeant son fusil.
- Pose-moi ça, va. Tu sais bien que ça ne m’affectera pas. »

Bref. La gamine n’est pas une gamine à proprement parler. Je ne connais aucune enfant capable de maîtriser un pouvoir, visiblement tiré d’un fruit du démon, des lames de vent, et avoir des facilités aussi déconcertantes en ce qui concerne les mouvements d’arts martiaux. Cela n‘existe pas. À la limite, peut-être Kyori, un des empereurs, mais t’en as un par génération quoi. Faut vraiment m’expliquer ce qu’il se trame ici.

« Tu vas devoir m’en dire plus te concernant. On en apprend beaucoup au cours d’un combat, mais n’hésite pas à t’exprimer sur tes origines. »

Alors transformée en méduse, je présume qu’il ne me reste plus qu’à tout débroussaille. Je parle naturellement des tentacules et pas d’autre chose. C’est étrange - en y repensant - qu’elle ait pu projeter une lame de vent en étant aussi mauvaise au maniement de l’épée. J’ai rarement vu ça pour ne pas dire jamais. Revenons-en au combat. J’imagine que ses têtes de serpent m’empêcheront d’approcher de ma cible.

J’ai encore envie de m’amuser.

Je devrais être en mesure d’anticiper les attaques reptiliennes. D’un pas lent, je m’approche de celle-ci en laissant ma lame frotter le sol, donnant un air assez morbide. Ni joie, ni tristesse s’affichent sur mon visage. C’est un visage éteint qui fixe intensément Levy Quinn, qui s’approche un peu plus à chaque pas. Est-ce la mort qui s’approche d’elle ? Je n’aspire qu’à la destructrice à cet instance. Est-ce encore les effets pervers de mon fruit qui agissent sur moi ?

Un serpent s’approche à toute vitesse. Sans stopper ma marche, je l’esquive d’un simple mouvement, et sa tête quitte son corps l’instant suivant. Mais voilà. Cette fois-ci, c’est toute l’armée de serpents qui m’attaque simultanément. Je peux voir tous leurs mouvements, mais mon corps n’est pas assez rapide pour esquiver. Puis je suis bien trop proche pour esquiver. Mes pas s’arrêtent finalement face à cette horde affamée. C’est une belle et épouvantable image qui se dresse.

Je suis mordu de toute part. Et pourtant, mon regard ne quitte pas ma cible. L’instant d’après, mon corps se liquéfie, ne devenant plus qu’une tâche d’encre sur le sol. Tâche d’encre qui, sans prévenir, accélère et se dirige droit vers l’As de la révolution. Je m’enroule d’elle jusque sa poitrine où mon visage se remartérialise en face du sien. Je ne pouvais pas faire plus direct comme approche.

« Voici ma capacité. Celle que je considérais comme fardeau et qui m’habite à présent. Peu à peu, je me sens partir vers de lointains horizons. C’est le fruit du démon qui s’empare de mon esprit, qui meurt à petit feu. Qui sait, un jour je ne serais probablement plus apte à être révolutionnaire. dis-je d’un ton presque solennel. »

C’est la triste réalité. Suelto l’a déjà compris, une partie s’est déjà envolée. Il tente de me maintenir, mais lui-même sait pertinemment que ce n’est qu’une question de temps. Libérer Maria et probablement dernière mission en tant que Ragnar Etzmurt. Suelto et Maria ensembles sauront quoi faire de moi ensuite. Je suis fatigué, usé de me battre constamment contre moi-même. J’ai simplement envie d’abandonner et me laisser noyer dans les abysses de ce fruit.

Seul bémol : je ne connais pas ses intentions.



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Le regard sombre, l’épée effilée, il avance dans ma direction. Du camarade souriant, je trouve une ombre glissant sur le sol. Un point en lui a changé comme un mécanisme mis en action. Un instinct de survie en sorte. Le mien s’agite palpite. Je le ressens des crocs reptiliens jusque d’en mes entrailles. Une voix me crie de partir, de fuir ou d’annuler le combat. Une autre me dit de foncer, Laisser la main s’approcher, gagner du terrain. Quelque chose cloche, j’attaque...

La seconde suivante, la tête se détache du corps pour s’éparpiller au vent. Merde. Petit 1- il est rapide le con. Petit 2 - Les serpents commencent à faiblit. Première tentative sous l’impulsion, je n’avais jamais pensé à cela avant. Intéressante utilisation tout du moins. Serait-ce les chroniques de Tahar qui m’y ont fait penser ?

Deux serpents partent.
-Connais-tu Méduse ? Caché, un autre part sur la droite pour laisser deux mâchoires à bâbord. -Magnifique femme, elle fut violée et puni pour cela… Métamorphosée. -Tandis que les attaques faiblissent. Certaines têtes se font tranchées, des chanceuses se rétractent à temps du couperet. -Toi comme moi avons nos secrets. Pourquoi ne commencerais-tu pas ? ☼

Malgré mes agressions, il ne bronche pas. Situation déjà compliquée initialement, il me faut quelques secondes pour réagir. Là, pas là, là. Les cheveux complètement trempés, noirs, je reste figée face à ce jeune visage. Certes jeune, mais ampli d’une mélancolie noire. La distance qui nous sépare me permet de plonger dans son regard, un plongeon dans les abysses. Je vois des flots noirs aux reflets bleutés. Je vois une gentillesse prise sous les flots et la houle. La lassitude dans sa voix en dit long aussi, comme empli de regrets…

-KYAAAaaaaaaaaa !

Le cri est bref, perçant, trop, et me fait mal aux tympans et cordes vocales. Cette brulure me rappelle néanmoins à la réalité. Presque immergée par son encre, je retrouve enfin le ponton et ce qui nous entoure. Je force pour me séparer de son étreinte, les bras écartés au maximum, je reste sous son emprise. Fort, plus fort, et résistant aussi, il n’y a pas de doute mais je n’ai pas dit mon dernier mot.

-QU’EST-CE QUE TU CROIS ?! Que je vais m’apitoyer sur ton sort ?! REGARDE MA GUEULE ! Tu pensais qu’on les appelle « fruit du démon » parce qu’ils étaient rigolos ? Non. Ils viennent avec une dette lourde. T’as croqué, tu assumes et… ET JAMAIS RIEN EST ECRIT, NOUS SOMMES NOTRE PROPRE HISTOIRE !

Énervée, oui, je le suis. Se laisser petit à petit bouffer par une peur, une force invisible ou tout autre métaphore me révolte. Combien de fois par jours dois-je résister à cette princesse ingénue en moi ? Combien de fois me suis-je demandé qui étais-je réellement ? J’ai continué et avance malgré les délires et hallucinations kawaii.

-Alors ce n’est pas pour qu’un rabat-joie vienne pleurer sur mon épaule !!  

Ma main, non, pas celle-là, l’autre qui rampe encore au sol, se retrouve engluée par l’encre de camarade de rang. L’énervement se lit facilement sur mon visage ainsi que mes yeux qui plongent dans les siens.

-APPOSITION DU GIRLY ☼

Mes paumes, engluées dans son encre, déverse cette hormone à l’apparence gentille aux effets malsains. Le rose, la kawaiiness et cette envie irrésistible d’aimer tout le monde parcourt son corps et, à cause de sa prise, le mien aussi. Le navire, les hommes, la mer et le ciel prennent des teintes pailletées aux nuances rosées. Les visages se lissent, s’embellissent, tout parait plus beau et plus propre. A nos yeux, son encre passe de l’obscurité au saumon. Nos cœurs s’accélèrent et deviennent douloureux. Son étreinte diminue et me permet de me libérer.

Quelques pas en arrière, je replace ma main manquante et fixe mon adversaire. De la sueur coule de mes tempes, ma respiration est haletante. Je ne tiendrais pas longtemps face à lui.

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J’entends bien ce qu’elle me dit. Et naturellement, je suis d’accord avec toi et c’est difficilement possible de faire autrement. Cela dit, je sens mieux que quiconque cette force qui me ronge de l’intérieur. Initialement, je pensais que le seul prix à payer serait de ne plus pouvoir me baigner en mer. Ça m’emmerdait déjà assez, d’autant plus que je n’ai jamais voulu de ce fruit. J’avais la dalle. Il était là, en face de moi, alors je l’ai mangé.

Enfin bref, c’est déjà un lourd sacrifice et un lourd handicap dans la vie ainsi qu’en combat. Si maintenant un être maléfique s’empare de moi… En même temps, on ne les appelle pas « fruits du démon » pour rien, comme l’a si bien suggéré la demoiselle. Et si l’on considère que les logis sont les plus rares, je suppose qu’ils sont aussi les plus puissants et les plus durs à contrôler. J’en ai chié au début. J’en chie toujours.

« Ouais, t’as pas tord. Tu n’as pas toujours été aussi chiante ? demandé-je en ricanant. »

J’avais la sensation de bien rigoler, mais j’ai la sensation que cela s’est légèrement accentué. Je me sens comme bercé dans un océan d’amour. Je vois la vie en rose. Et presque tout est quasiment rose. L’océan est fleurit de pétales de rose, le ciel légèrement rosé… J’ai bien conscience que tout cela ne peut être réel. Et pourtant, ça l’est. Je ressens l’envie de câliner tous mes hommes. Moi ? Depuis quand suis-je devenu câlin ?

Je titube tant l’envie de m’évader dans ce bonheur m’emporte avec elle. Je regarde chacun de mes hommes, en passant par Marcel, grand fumeur, que je vois avec sucette, et Yumi, amoureux des lames, qui semble polir une carotte plutôt que son arme blanche. C’est un monde plutôt amusant. Mais quand je tombe face à Suelto… Merde. C’est la douche froide. Le mec ne sourit pas, il a toujours ses mains dans les poches.

« Ça va ? On ne t’emmerde pas trop, sombre merde ? dit-il sèchement. »

Maria… Maria… Qu’est-ce que je fous ici ?… Maria n’est toujours pas là. Je n’ai pas le temps de rêvasser. Je dois me reprendre sur le champ. Je rêve probablement de cet avenir rempli d’amour, où tous mes frères pourront déposer les armes, se trouver d’autres passions, mais nous en sommes encore bien loin. Un dernier regard vers Othar, pour qui je ressens quelque chose d’étrange, comme un lien du passé qui nous lie, puis un tourbillon d’encre m’enveloppe.

« Merci Levy Quinn. Tout homme a besoin de rêver. dis-je en reprenant mes esprits, toujours enveloppé de ce tourbillon. »

Le tourbillon se concentre finalement sur l’un de mes bras, ne formant plus qu’un énorme marteau d’encre solidifié. Il est si imposant que son ombre recouvre quasiment toute la zone de combat. Le temps d’un instant, je remarque Suelto qui ne prête même pas attention au combat, simplement accoudé au bord du navire à regard vers l’horizon. Ce n’était pas vraiment lui qui m’a parlé tout à l’heure, mais simplement une hallucination de ma part.

« Il est maintenant temps d’en finir, miss Quinn. »

Le marteau s’abat en direction de sa cible, rapidement, sans aucune hésitation, avec une vitesse constante.



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