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Affectation punitive

Voir Orange et mourir. Mourir de honte quand on appartenait à la 473eme division de la marine. Jurer de protéger la veuve et l'orphelin, de répandre la Justice et faire respecter la loi pour se retrouver à servir de taxi pour l'une des pires ordures à visage humain ayant souillé terre et mer, là était l'infamie. Seulement, dans la marine comme ailleurs, ce que le bas peuple appelait vulgairement "l'enculage hiérarchique" avait cours. On reniait ses idéaux pour mieux courber l'échine afin de ne pas subir un blâme. Le glorieux corps constitué qu'était la marine du Gouvernement Mondial se voyait une fois de plus entachée d'une impureté, une impureté du nom de Joe Biutag.

À bord, on le craignait. Sa réputation avait fait le plus gros, son caractère pernicieux ayant achevé de convaincre de sa capacité de nuisance. Lui, un vulgaire matelot, un écumeur de fond, et encore, de bas-fonds, le cafard, le bien-nommé, il trônait aujourd'hui impérieux en proue, son épais manteau de fourrure noire recouvrant sa frêle silhouette tandis que son regard restait masqué de la visière de cette casquette de marine par-dessus laquelle il avait eu l'irrévérence d'inscrire "pirate" en lettres de sang. Que de chemin parcouru pour une pareille vermine. Les nuisibles avaient la vie dure, d'autant plus lorsque le sceau du Gouvernement Mondial couvrait leurs méfaits.
Ce long chemin, il l'avait fait aussi bien au sens propre que figuré. On avait été le chercher jusqu'aux confins de la quatrième voie de Grand Line, là où l'autorité du Gouvernement Mondial n'était que trop peu répandue, là où l'œil attentif du conseil des cinq étoiles ne pouvait le scruter.

Là où il enfreignait ostensiblement tous les termes du contrat qui le liait au G.M. Pillage de marchandises, massacres de civils et mises en esclavage au programme. Aucune preuve évidemment, s'il était assez malhonnête pour flouer ses co-contractants, il regorgeait de suffisamment de malice pour le dissimuler au mieux. Seulement les rumeurs enflaient et la marine ne pouvait rester les bras croisés, il en allait de sa réputation.
Cette même réputation qui l'empêchait aussi d'assassiner Biutag dans les règles de l'art. Ce faisant, les autres capitaines corsaires auxquels ils étaient liés se seraient méfiés et il n'était pas bien prudent de se les mettre à dos en ces temps troublés. Alors, ce caillou dans la chaussure qu'était le cafard devait bénéficier de mesures exceptionnelles, à sa mesure en somme.

On l'avait convoqué à Marie Joie. Bien évidemment, on ne convoquait pas un capitaine corsaire, ceux-là étaient soit trop cons soit trop fiers pour obéir à la moindre injonction d'un quelconque état-major. Il allait sans dire que Joe faisait partie des cons.
Si cette sordide engeance s'illustrait par sa capacité de nuisance accrue, elle brillait aussi par son assujettissement à toute forme de manipulation correctement rodée. Une promesse de pactole scintillant était un steack juteux suffisant pour faire saliver ce clébard de Blattard qui n'avait d'ailleurs pas tardé à accourir. Pourtant, il avait fait la sourde oreille des mois durant aux missives dont les enveloppes furent recouvertes d'une mouette bleue.
S'il savait être retors, il péchait par excès de prévisibilité dès lors où l'argent était en jeu. Dans ces moments malheureux, la bave lui venait aux lèvres et seul le cerveau reptilien demeurait fonctionnel. C'était sa faiblesse et ses rares alliés aussi bien que ses ennemis n'hésitaient jamais à en profiter, quitte à se brûler en attisant un feu qu'ils ne pouvaient pas toujours éteindre.

À Marie Joie ce n'était pas un trésor qui l'attendait, mais une escorte censée le mener là où coulerait le lait et le miel. On avait prétexté qu'à force d'œuvrer avec l'ardeur qui était la sienne - c'est à dire piller le tout venant, de préférence lorsqu'il était désarmé - le malheureux corsaire risquait de s'épuiser à la tâche. Dans sa grande mansuétude, le Gouvernement Mondial avait décidé de lui offrir des vacances.

- Et un bateau.

Des vacances et un nouveau bateau - celui avec lequel il était parvenu jusqu'à Red Line ayant principalement flotté jusque là par la force du saint esprit. Aveuglé par l'avarice - on ne se faisait pas appeler Greed pour rien - il n'en restait pas moins lucide sur les intentions de ceux-là même qui juraient ne vouloir que son bien.
À force de trop chercher à baiser son monde, celui-ci préférait ne plus lui tourner le dos et cherchait à l'écarter. Pour un temps en tout cas. Dans ces moments là, il fallait obéir pour faire amende honorable mais ne pas se priver de gratter quelques suppléments au passage. Un bateau c'était peu cher payer pour garder le cafard en laisse ne serait-ce que quelques semaines.

Pour son bien-être - paraît-il - mais surtout pour diminuer drastiquement les abordages sur la quatrième voie de Grand Line, on lui offrait une cure sur Orange. On avait même dépêché un lieutenant-colonel pour la peine. Que d'argent de temps et d'énergie perdu pour cet atout incertain que constituait Joe pour le Gouvernement Mondial.
C'est ainsi que la 473e division de marine s'était retrouvée à devoir transporter à son bord cet encombrant passager dépourvu de tout sens des civilités. Parce que c'était "tous frais payés", il avait vidé le garde-manger, insulté les matelots et pissé du haut de la vigie, car... pourquoi pas après tout ? Passer des années traqué par la sainte congrégation de la mouette pour enfin les humilier était un délice de fin gourmet dont le cafard ne se privait pas. La modération n'était pas son fort, le respect d'autrui encore moins.

Seulement, alors qu'ils accostaient enfin - un soupir de soulagement général s'étant échappé du fond des cages thoraciques de tout l'équipage - le colis Biutag pouvait enfin sévir dans un espace moins confiné. Il avait sauté du haut du bastingage pour rejoindre la terre ferme, davantage pour montrer son empressement de prendre des vacances bien imméritées qu'autre chose, s'était bien évidemment mal réceptionné et avait boité comme si de rien n'était en direction du plus proche débit de boisson des environs.

- Ya-hin-hin, les couillons ! « Vos consommations seront à nos frais » qu'ils ont dit ! M'en vais mener le G.M à la faillite comptable, tu vas voir ça va pas traîner Hin-hin ! Avait-on pu l'entendre persifler au loin du pont de la frégate l'ayant mené jusqu'à Orange.

Atterré par le comportement exécrable de ce fléau qu'il avait amené jusqu'à ses terres, le lieutenant-colonel avait toutefois un sourire satisfait s'étirant le long de ses lèvres. Ce n'était pas que des vacances qu'on lui avait offert généreusement. Quelque part dans la garnison d'Orange, un autre cadeau l'attendait. Un cadeau peut-être plus empoisonné encore que le fiel du cafard.
Le Gouvernement Mondial ne se laissait jamais avoir deux fois. Un fou était sous sa responsabilité ? Qu'à cela ne tienne, il convenait de lui attribuer le garde-fou adéquat. Tout chien avait vocation à finir en laisse, Greed ne faisait pas exception.
La porte d'un bar lointain fut enfoncée d'un coup de botte ; l'île entière put entendre un énergumène vociférer à l'intention du tenancier :

- Fais cracher la vinasse enfoiré ! Je viens te dévaliser avec l'assentiment du conseil des cinq étoiles ! Ya-hin-hin
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Miyack




∞ feat Joe Biutag



Assise sur un tabouret de piètre qualité, Miyack affichait une grimace tandis qu’un simple matelot retirait son pantalon. S’efforçant de rester professionnelle malgré la gêne qu’elle ressentait, elle enfila des gants blancs et s’approcha légèrement. L’homme toussota, lui aussi mal à l’aise. Sans dire un mot, la jeune femme observa le problème auquel faisait face son patient. Après une petite minute, elle s’écarta et lui demanda de se rhabiller. Tout en se levant, elle jeta les gants à la poubelle et s’en alla chercher une crème.


« Franchement, ce n’est pas sérieux... dit-elle en le fixant droit dans les yeux. Je t’avais demandé de pas retourner voir cette femme.


- Je sais bien docteur, mais vous savez... Elle m’a eu aux sentiments, rétorqua le matelot en riant légèrement.


- Aux sentiments... Bien. Toute relation t’es interdite pendant deux semaines, ordonna le médecin. De plus, tu vas devoir appliquer cette crème tous les soirs durant le mois à venir. Pas de questions ?


- Hahaha non ça ira !


- Et pitié, ne retourne pas la voir... », conclut-elle en soupirant.



Sans demander son reste, l’homme prit la la lotion dans la main et quitta la salle de consultation où travaillait Miyack. De nouveau seule dans la pièce, elle fit un peu de rangement. Le moment allait bientôt arriver. Dans peu de temps sa vie allait changer. Elle ne savait trop qu’en penser. D’un côté, s’occuper des maladies vénériennes d’une bande de soldats n’était pas très passionnant. De l’autre, le fait d’être en garnison avait bien des avantages, notamment d’avoir une vie relativement paisible. Alors qu’elle n’était seule que depuis une petite dizaine de minutes, l’on toqua à la porte. La personne qui fit irruption n’était autre que le Lieutenant Kaplan. Bien éduquée, la médecin se mit au garde à vous et salua sa supérieure.


« Il est arrivé, il est temps d’y aller Miyack », annonça Jane avec un sourire de compassion.


C’était donc pour maintenant ? Bien. Les ordres étaient les ordres, elle n’avait pas le choix et allait obéir comme la bonne militaire bien dressée qu’elle était. Après avoir jeté un bref regard dans son cabinet, suivit celle qu’on appelait le visage d’Orange sans dire un mot.


Joe Biutag était arrivé. Le célèbre Capitaine Corsaire qu’on surnommait le Cafard était ici, à Orange. Un homme dont la prime, bien que gelée, s’élevait à 334 millions de berries. Qui ne le connaissait pas ? Sa sournoiserie était légendaire et son rang n’était pas usurpé. De ce que la militaire savait de lui, il était aussi dur à tuer qu’un cafard, ce qui lui valait son pseudonyme. Au fond d’elle, Miyack ne voulait vraiment pas faire sa connaissance. Pourtant, elle allait devoir se faire une raison, car Marie Joie avait donné ses consignes. Elle avait beau y repenser encore et encore, elle ne comprenait toujours pas la raison qui avait poussé l’Etat-major à la choisir elle pour cette mission. Elle n’était personne, rien de plus qu’une vulgaire médecin affectée dans une garnison de seconde, voire troisième zone. Décidément cette affaire n’avait aucun sens.


Le pas rapide, les deux femmes se rendirent en ville pour rejoindre le corsaire. En arrivant, elles tombèrent face au Lieutenant-Colonel Gallagher. Au garde à vous, elle l’écoutèrent donner ses directives avant qu’il ne parte en direction de la garnison. Fidèle à lui même, il évitait autant que faire se pouvait de fréquenter les civils. La moitié de son escorte se sépara pour accompagner le Lieutenant Kaplan, le reste le suivit.


« Prenez ceci, ordonna Jane en tendant une missive scellée vers Miyack.


- Bien. De quoi s’agit-il ? demanda-t-elle en obtempérant.


- Un ordre de Marie Joie concernant votre nouvelle affectation. Remettez le au Cafard. Cela devrait l’obliger à obéir...


- Vous êtes sûre ?


- Non. Je vous laisse allez vous présenter et régler les détails pendant que mes hommes et moi assureront la sécurité de la ville, expliqua le Lieutenant. Bon courage, vous en aurez besoin.


- À vos ordres ! » déclara la militaire avec conviction.


Se mettant au garde à vous, elle salua sa supérieure. Jane lui rendit son salut avant de partir, accompagnée de sa petite troupe de marins. Tout en se retournant, Miyack n’eut aucun mal à comprendre où se trouvait le Cafard. De sa taverne préférée s’échappait bien du bruit, bien plus que d’ordinaire et surtout beaucoup trop pour l’heure qu’il était.


« Force et honneur... » dit-elle pour elle même en regardant l’établissement.


Le pas lent et sans une motivation débordante, la doctoresse approcha. Elle n’était vraiment pas rassurée. Faire la connaissance d’un être tel que Joe Biutag n’était pas anodin. Fermant les yeux, elle souffla longuement pour se donne du courage et entra. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant pour la première fois le Cafard. Il avait tout d’un pirate et son apparence était très fidèle à sa réputation. D’une taille assez petite pour un homme, il portait un grand manteau noir en fourrure ainsi qu’une casquette. La militaire tiqua en voyant l’inscription «pirate» sur ce qui semblait à la base être un vêtement de la Marine. D’un autre côté, elle ne pouvait pas vraiment dire qu’elle était très surprise. Deux bouteilles de vin à la main, il accaparait toute l’attention sur lui. Dans l’établissement ne se trouvaient que trois ivrognes et deux marins. D’un coup d’oeil, Miyack vit qu’il buvait deux grands vins, assurément les plus raffinés que vendait Erik au sein de son bar. Soit l’ancien pirate avait les moyens, soit il était invité par le gouvernement, ce qui ne semblait pas impossible. Après quelques secondes, il remarqua la présence de la jeune femme et se tourna vers elle. Accoudé contre le bar, il attira l’attention d’un des matelots en tapant sa bouteille contre son épaule.


« Ya-hin-hin, on a même droit à de la compagnie ! dit-il en pointant la militaire du menton. Le GM pense vraiment à tout Hin-hin ! »


Décontenancé par un tel comportement, Miyack ouvrit de grands yeux et ne sut que dire l’espace d’un instant. Consciente du fait qu’elle devait faire une bonne première impression, elle s’approcha de l’homme en faisant en sorte de pas montrer son inquiétude. cet homme était redoutable et elle en avait peur. Jamais elle ne le sous-estimerait ou ne se montrerait impolie face à un tel monstre, hors de question. Soucieuse de garder un brin de formalisme, bien que ce ne soit pas nécessaire, elle le salua par politesse.


« Médecin principal Miyack, ravie de faire votre connaissance Capitaine Biutag, dit-elle un petit sourire aux lèvres. J’ai une lettre à vous remettre. Veuillez l’accepter. »


Elle tendit alors la missive frappée du sceau de Marie Joie au Corsaire. Bien sûr, elle ne pensait rien de ce qu’elle disait. Elle n’était ravie, bien au contraire. En ce moment, elle aurait tout donné pour n’être qu’une simple cliente. Oh, foutu veinard de Klans qui était en train de boire un verre de rhum quelques mètres plus loin. Pourquoi elle ? Quelle corvée...





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Parcimonieux lorsque l'alcool était payé de sa poche, avare même, le cafard ne s'alimentait à l'éthanol qu'en de rares circonstances, carburant d'habitude à l'eau distillée. L'occasion faisait le larron et ledit larron ne se privait pas dès lors où le contribuable finançait généreusement sa cuite. En réalité, c'était davantage pour jouir de ce plaisir exquis qu'était de pouvoir chopiner aux frais des plus indigents qu'il s'enivrait sans modération. Plus rien n'avait de goût pour lui. Le nez dans la poudre - à canon, cela va sans dire - depuis des années maintenant, imprégné jusqu'aux pores de sa peau d'où émanait une fragrance pareille à celle des fusils, tout avait pour ses narines comme pour ses papilles l'âcre saveur de la poudre. Il s'en accommodait de longue date, l'argent étant devenu pour lui une finalité plutôt qu'un moyen de profiter de la vie. Ni les alcools les plus somptueux, ni les plus belles femmes n'auraient su le satisfaire davantage qu'un berry scintillant.

Écopant tout le stock du bouge à même le goulot, les bouteilles vides ne tardant pas à joncher le par-terre de l'endroit, Joe était surveillé par deux matelots aux dents serrées de rage. Tenus au garde à vous, ce n'était pas l'envie de tirer sur cet invité encombrant qui leur faisait défaut. Ils savaient pertinemment que leur hiérarchie nourrissait ce parasite nuisible et néfaste en toute connaissance de cause, cela n'en était que plus frustrant.
Mais le couperet ne tarderait pas à s'abattre sur les cervicales du cafard, un couperet semblable à une jeune femme qui venait de faire irruption dans la tanière où venait de s'établir Greed.

Le chromosome Y déficient chez elle rendait la remarque grivoise du corsaire inévitable. Prévisible, mais inéluctable. Sans se démonter, la malheureuse lui tendit une directive de l'état major, et avec le sourire, inconsciente qu'elle était.

D'un geste sec, sans dire merci - cela allait sans dire - Joe s'empara de la lettre et la scruta quelques longues secondes, occupé qu'il était à recouvrer ses esprits. Si on ne lui avait pas remise à même Marie Joie, cela tenait avant tout au fait qu'on avait craint sa réaction. Si sa propension à la fureur spontanée était prévisible, l'étendue des dégâts qu'il était capable d'engendrer dans cet état de frénésie dépassaient souvent l'entendement. Alors, courageux mais pas téméraires, les huiles de Marie Joie avaient tout naturellement refilé le bâton merdeux à une garnison des Blues, croisant les doigts pour que l'île d'Orange ne se transforme pas en caillou fumant à l'issue de la lecture de cette lettre ô combien gênante.

Mais le cafard était dans un état trop second, voire troisième pour s'abandonner à la lecture. Éclairé à la lampe à pétrole qu'il était - le soir approchant -, c'est tout naturellement qu'il tendit l'enveloppe que l'on venait de lui remettre en direction des flammes.

- aga'd ce que j'en fais de ta *hips* lettre, aga'd !

Les deux préposés à la surveillance de Biutag se ruèrent sur ce dernier afin de l'empêcher de commettre cette bévue et lui ôtèrent la lettre des mains comme l'on confisquerait un objet dangereux d'entre les pattes d'un enfant turbulent. Un enfant turbulent et bien aviné. Joe ne trouva rien à redire, se foutant en réalité que cette directive soit brûlée ou non. Sa principale préoccupation du moment se limitait à la considération de sa vessie trop pleine d'un breuvage trop cher et ingurgité en quantité trop immodérée.

Tandis qu'il snobait la nouvelle venue - comme le reste de l'assemblée d'ailleurs -, il se leva de son tabouret pour aller pisser à même le comptoir tandis que l'un des deux matelots, s'efforçant du mieux qu'il pouvait de ne pas lui éclater la mâchoire contre ledit comptoir, entama la lecture de la directive. Au fur et à mesure où les lignes se succédèrent, son ton fut un peu plus enjoué. Mauvaise nouvelle pour le cafard en perspective.

- «Capitaine Biutag»...

- C'est moiiiiii ! Scanda le principal intéressé avant d'entamer un rictus qui tourna court lorsqu'il se rendit enfin compte qu'il pataugeait dans ce qu'il venait de déverser à l'instant.

- «Dans le cadre d'une collaboration sereine comme celle stipulée dans le contrat auquel vous avez souscrit, et afin de faciliter les échanges entre nos institutions et votre personne, il a été décidé qu'afin de vous assister dans vos trajets et déboires à venir, une recrue de la marine régulière serait amenée à vous accompagner partout où vous irez.»

Lentement, dans une posture que n'importe qui de sain d'esprit aurait pu qualifier de "menaçante", Joe s'était redressé avant de tourner légèrement la tête en direction de l'orateur. Seul le barman pouvait apercevoir son regard d'où il se trouvait, et cela avait semblé suffisant pour le tétaniser de trouille.

- «Car vous êtes manifestement trop occupé à gérer vos affaires de flibuste, il va sans dire que le temps vous fait défaut pour nous communiquer vos agissements. De ce fait, vous voilà à présent délesté de ce contraignant devoir qui sera transmis à ladite recrue chargée de vous accompagner.
Bien évidemment, dans l'éventualité où cette dernière viendrait à disparaître, quelqu'en soient les circonstances, une enquête serait menée et, à l'issue de celle-ci, selon les conclusions, l'hypothèse de vous défaire de votre rang de capitaine corsaire pourrait être envisagée sérieusement. Mais cela n'arrivera certainement pas, l'état major de Marie Joie ayant une confiance absolue en vos services haha... cette précaution n'étant que purement formelle.
Nous réitérons une fois encore notre complète sollicitude pour vos services rendus et vous remercions pour votre implication sincère auprès du Gouvernement Mondial.» Oh des barres...


L'ironie aussi bien que l'hypocrisie suintaient de chaque lettre manuscrite sur le bout de papier. Le tout était évidemment signé de la griffe même de la vierge d'acier, amirale en chef. Le matelot ne s'y était d'ailleurs pas trompé, n'ayant même pas pu réprimer quelques ricanements durant sa lecture.
On affublait le cafard d'une nounou pour surveiller ses moindres faits et gestes. Une laisse nouée en douceur autour de son cou et qui l'étouffait déjà. D'ailleurs, la nouvelle avait suffi à le faire désaouler immédiatement.

- Qui ?... Avait-il lancé sur un ton lancinant et grinçant alors qu'il tournait toujours le dos à l'assemblée, sombre et menaçant.

- Qui quoi ?

Effectuant un volte-face fulgurant Joe saisit d'une main le col du matelot qu'il avait jugé trop impétueux à son goût. Comme à chaque épisode de fureur spontanée et frénétique, ses globes oculaires étaient gorgés d'épaisses veines rouges, ses pupilles se faisaient minuscules et ses lèvres retroussées dévoilaient une mâchoire carnassière.

- Qui est l'enfant de salaud qu'on veut me mettre dans les pattes ?!


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Miyack




∞ feat Joe Biutag



Sans même dire un mot à la jeune femme, le Capitaine Corsaire s’empara de la lettre. À première vue, il avait déjà consommé une belle quantité d’alcool. N’importe qui aurait été en mesure de voir qu’il était ivre et Miyack étant elle même alcoolique ne pouvait pas s’y tromper. Le voir dans un tel état lui donnait de plus en plus envie de boire. Après tout, son dernier verre remontait maintenant à près d’une journée, elle commençait à être en manque.


Malheureusement pour elle, il était hors de question de boire pendant le service et au vu de la situation actuelle il valait mieux qu’elle garde toutes ses capacités. Silencieuse, la doctoresse regardait le Cafard retourner la missive. Que cherchait-il à accomplir ? Avant qu’elle ne puisse trouver une réponse à cette question, son sang se glaça. Cet espèce d’imbécile de forban allait faire brûler le message du GQ ! Alors qu’elle allait se précipiter pour l’empêcher de commettre une telle bêtise, les deux marins l’en empêchèrent. Ouf... Fermant un instant les yeux, la militaire souffla, rassurée. Ne se démontant visiblement pas, le malappris tourna le dos aux marins. D’une démarche chancelante, il s’approcha du bar et baissa légèrement son pantalon.


« Ne me dîtes pas que... », murmura Miyack.


Et si. Voilà que l’homme se soulageait directement à l’intérieur du bar. Bon sang ! Où avait-il été élevée à la fin ? Cet homme n’avait vraiment pas de manières. Allait-il vraiment falloir que la doctoresse voyage en compagnie de cet énergumène ? Tandis que l’homme vidait sa vessie, la femme vit que le tenancier était sur le point d’éclater. Les veines de son cou étaient sur le point d’exploser et Miyack se dit que la seule raison pour laquelle il n’avait pas perdu son sang-froid était la réputation du corsaire.


Bien qu’elle aurait put s’enquérir de son état, la militaire préféra prêter l’oreille aux paroles du matelot. Après avoir ouvert la missive de Marie Joie, il avait commencé à lire son contenu à haute voix. Bien qu’il ne semblait pas particulièrement attentif, le Cafard répondit à l’évocation de son nom. Bras croisés contre sa poitrine, la jeune femme arrêta de sourire, elle savait bien que la suite du message n’allait pas lui plaire. À mesure que le matelot parlait, la posture du corsaire changea. Miyack vit le faciès d’Erik se décomposer. Elle ne l’avait jamais vu comme cela. D’habitude, le tavernier était imperturbable. Quelque chose n’allait pas.


Un silence pesant s’installa quand le matelot eut terminé de lire. Miyack se dit que ses moqueries n’étaient certainement pas une très bonne idée. C’est là que l’ancien pirate s’adressa aux militaires. Son ton était bien plus sérieux, comme s’il n’était plus sous l’effet de l’ivresse. Qui ? Qui quoi ? C’était une bonne question. Malheureusement, avec une vitesse déconcertante, le Cafard se retourna et agrippa le col du militaire qui avait lu la missive. La doctoresse se décomposa un instant en le voyant. Il était terrifiant et la plupart des gens auraient souhaité s’enfuir en pareilles circonstances. Pourtant, elle ne le pouvait pas, elle était militaire, elle n’avait pas droit de fuir. Terrifiée par l’aura que dégageait l’homme, Miyack porta la main à sa ceinture et s’empara de son arme. Sans savoir pourquoi, elle ne dégaina pas tout de suite. Un éclair de lucidité sembla lui traverser l’esprit. L’homme était un Capitaine Corsaire, il ne pouvait pas s’en prendre à des marins, surtout pas ici devant tant de témoins et quand le Q.G savait pertinemment où il était. Elle ne risquait rien, il fallait qu’elle se calme.


«Force et honneur... »


Revenue à la raison, la jeune femme avança de quelques pas pour poser la main sur l’épaule du second matelot. De l’autre, elle l’obligea à baisser le fusil qu’il était en train de pointer vers le Cafard. Tout le monde devait se calmer, c’était primordial. Mais comment y parvenir ? L’homme semblait vraiment furieux.


« Bordel lâche moi ! », hurla le marin agrippé par Joe.


Prenant son courage à deux mains, la doctoresse s’approcha des deux hommes. Trop peu confiante pour les séparer, elle se contenta de placer son bras gauche contre le torse du matelot, comme pour le protéger. Elle ne se sentait pas de toucher le Cafard pour le moment. Bien que protégée par la Marine, elle préférait rester prudente.


« Je suis celle qui vous accompagnera, dit-elle en avalant sa salive et le regardant droit dans les yeux.


- Toi ?!?


- Moi, continua la militaire calmement. Je n’ai pas d’ordres à vous donner mais accepteriez-vous de laisser mon collègue tranquille ? S’il vous plais », demanda-t-elle sans le quitter du regard.



Oh bon sang ! Jamais elle n’avait eu aussi peur de sa vie. Pourvu que ce monstre ne se décide pas à la zigouiller. Qu’est-ce qui l’en empêchait vraiment ? Un contrat ? Et s’il décidait de redevenir un pirate à part entière ? Olalala....





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Instantanément calmé par l'insignifiance de sa "nounou" en devenir, Joe lâcha le col qu'il tirait jusque là sans même adresser un second regard au matelot sur lequel il avait reporté sa hargne. Dès lors où il ne le considérait plus, ce dernier n'existait plus dans son paradigme. Telle était la capacité de détachement du cafard, annihiler toute forme d'empathie jusqu'à oublier l'existence même d'individus respirant pourtant à moins d'un mètre de sa personne.
Pirate, c'était une affaire d'état d'esprit. Un esprit vicié, vicieux et viscéralement malsain.

- Toi ?!?

Elle n'était pas bien épaisse, pas bien dégourdie ni même franchement impressionnante. Là où tout être raisonnablement constitué aurait considéré la perspective d'obéir à la lettre aux injonctions voilées du Gouvernement Mondial, Greed envisageait déjà la manière dont la jeune femme allait mourir. Fluette qu'elle était, ce ne serait pas dur de trouver une quelconque maladie à lui transmettre insidieusement. Il se voyait déjà à son chevet, mimer obséquieusement la tristesse devant cette pauvre demoiselle qu'il s'emploierait en sous-main à empoisonner un peu plus jour après jour à grand renfort d'eau contaminée. Déjà, il en avait la larme à l'œil alors qu'il se retenait de pleurer de rire à cette simple idée.

- La roue tourne à ce que je vois.

"La roue" faisait vraisemblablement référence au barillet d'une arme à feu dont il se servirait bien assez tôt pour abattre la jeune femme dans un scénario où il imputerait le meurtre à un révolutionnaire zélé. Révolutionnaire qu'il chasserait ensuite inlassablement et sans relâche au nom de la Justice, de l'amour et des petits oiseaux pour un jour présenter à l'état-major un lampiste dont la bouche aurait été trop garnie de plomb pour articuler correctement et avouer en conséquence. Cela ne faisait pas une minute qu'on venait de lui annoncer qu'il était maintenant surveillé de près que le cafard avait déjà envisagé une dizaine de scénarios d'homicids tous plus tordus et alambiqués les uns que les autres. Intriguer pour nuire faisait partie de sa nature profonde et relevait à certains égards d'une pathologie grave. Pathologie dont il semblait s'accommoder sans trop d'encombres.

- Je vois, je vois, je vois... J'ai bien compris le plan.

Le pire était à venir.

- En haut lieu, loin, loin, très loin en direction des cieux...

Quand il commençait à s'agiter en parlant, montrant le plafond pour illustrer à quel point les donneurs d'ordre étaient - selon lui - hauts placés, cela n'était généralement pas bon signe. Tout chez lui était de toute manière de mauvaise augure.

- On s'est dit - parce qu'entre deux siestes faut pas croire, ils se creusent la tête - on s'est dit.... « tiens ! Le père Biutag, c'est tout de même un mâle alpha comme on n'en fait plus. »

Aucun parmi tous ceux l'écoutant vomir sa logorrhée n'osa prendre la parole pour lui dire qu'on préférait généralement ne pas reproduire les modèles défectueux, ce qui expliquerait pourquoi on ne faisait plus des "mâles alpha" comme lui. Mais tous le pensèrent.

- « Et puis il passe de longues journées en mer pour amasser des sous à la kilotonnes afin de payer nos soins pour nos varices. »

C'était le bout du monde si en plusieurs mois les percepteurs du Gouvernement Mondial étaient parvenus à lui gratter - au prix de lourds efforts - dix-mille berries.

- Alors les, les cinq sages - attention hein ! J'ai dit "sages", pas "singes" ! - ils se sont dit... « On va lui mettre une greluche entre les pattes à notre cafard d'amour » - je sais qu'ils m'appellent comme ça en privé alors arrêtez de rouler des yeux.

Pointant maintenant son index menaçant en direction de la principale intéressée, avec ce visage de dément pour la scruter, il la considérait enfin. Elle n'en était pas ravie pour autant, bien au contraire. Au fond de son regard, on pouvait voir une lueur qui brillait aussi intensément que les flammes de l'enfer, ces flammes auxquelles il la vouait déjà.

- Le plan, je l'ai vu venir de loin. S'assurer qu'une de leurs recrues se fasse engrosser par leur plus éminent atout et à partir du môme qu'elle pondra, perpétuer une dynastie de soldats d'élite ! Il veulent s'emparer de ma substance, mais ils ne l'auront pas. Car le cafard est vertueux.

Partout sur Grand Line, des pierres tombales indiquaient le contraire de cette dernière assertion.

- Et puis, quitte à chercher à m'induire en erreur par la voie du sexe faible... ils auraient pu en choisir une jolie. Je dis pas ça pour vous vexer hein mademoiselle, mais... vous pourriez au moins faire un effort Ya-hin-hin.

Mêlant ironie et provocation depuis sa prise de parole, Joe n'était plus loin des insultes. Il y viendrait bien assez tôt.
Soit. Pour un temps, ses méfaits seraient surveillés, il faudrait redoubler de zèle pour apparaître aux yeux du conseil des cinq étoiles comme un individu indispensable et - à peu près - digne de confiance. Le tout, avant d'assassiner la demoiselle, était de faire en sorte que ses rapports le concernant soient aussi dithyrambiques qu'élogieux. Même confronté à l'adversité, Greed trouvait toujours moyen de retourner la situation à son avantage d'une manière ou d'une autre.
Restait à savoir pourquoi cette matelot-ci lui avait été attribuée plutôt qu'un autre bougre plus disposé à le calmer dans ses errements.

- Donc, si j'ai tout compris.... *burp*, la ribaude m'obéis au doigt et à l'œil, c'est bien ça ?

Manifestement, il n'avait pas tout compris.
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... ... ...
Miyack




∞ feat Joe Biutag



Aussi qu’il s’était emparé du militaire, le forban le relâcha. Faisait-il cela par politesse ? Était-il en train d’écouter sagement la demande de la doctoresse ? En aucun cas, il se désintéressait tout simplement du matelot. À ses yeux, il n’existait même plus. Quelle serait l’utilité de malmener une personne n’ayant pas d'existence ?


Soudain, le capitaine Biutag changea de comportement. Sans crier gare, il se lança dans un discours sans queue ni tête. Il vomissait sa haine du Gouvernement Mondial sous forme d’ironie et de sarcasmes. Espérait-il que les militaires s’énervent et ne s’en prennent à lui ? Si tel était le cas, il se fourrait le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Bien que les deux collègues de Miyack soient déjà très remontés, jamais ils ne feraient quelque chose de déplacé. Ils connaissaient leur place, tout comme la jeune femme. D’ailleurs, le Cafard devait très bien connaitre la sienne aussi. Ses paroles semblaient masquer sa colère. Il allait être surveillé et il n’aimait pas cela. Aucune chance que la militaire ne réagisse.


Du moins c’était ce qu’elle pensait... Partant toujours plus loin dans ses élucubrations, le Capitaine Corsaire fit une hypothèse. Si la jeune femme était présente et allait le suivre dès à présent, c’était pour une raison secrète. La Marine voulait qu’il l’engrosse afin de créer des soldats d’élite. Le doigt pointé vers Miyack, il la regardait avec un air terrifiant. Pourtant, plus les secondes passaient, moins elle avait peur. Quelque chose clochait. Cet homme était une légende vivante et sa seule réputation suffisait à la terrifier. Alors pourquoi était-il si grotesque ? Les pieds baignant toujours dans sa propre urine, ses paroles et ses gestes perdaient vraiment de leur grandeur. Tout cela n’avait aucun sens.


Les choses ne s’arrangèrent pas quand il expliqua clairement que la doctoresse n’était pas à son goût. Se prenait-il pour un canon de beauté ? Malgré tout, les bêtises de l’homme firent légèrement rougir la timide jeune femme. Ce n’était vraiment pas sérieux. Pourquoi elle ? Franchement... Finalement, pour conclure ses paroles, il supposa qu’elle était dorénavant à ses ordres. Cela la fit rapidement déchanter et elle retrouva son sérieux tandis que son teint reprenait ses couleurs habituelles.


« Bien. On vous prête certes des qualités, je le reconnais. Votre ingéniosité est par exemple réputée dans le monde entier, confia-t-elle. Pourtant, personne ne vous décrit comme une personne vertueuse. Bien au contraire et à en voir votre comportement je doute que cela soit prêt de changer... », le reprit Miyack.


Malgré la crainte que lui inspirait cet homme, la doctoresse se devait d’être forte et de ne pas flancher devant lui. Elle devait s’efforcer de mettre les points sur les «i». Du moins, du mieux qu’elle le pouvait. Retirant son bras du torse du matelot, elle s’écarta d’un pas.


« Bien. Clarifions la situation je vous prie, commença la jeunette. Votre statut de Capitaine Corsaire fait de vous un membre proche de la Marine, mais en aucun cas vous n’êtes militaire. Je ne vous dois nulle obéissance, expliqua-t-elle. Ma mission est de veiller à ce que vous n’enfreigniez pas les termes de votre contrat, et non de me plier à vos exigences. Je vous suivrai comme votre ombre et vous porterai assistance au besoin. Rien de plus. Est-ce clair, Capitaine Biutag ? », demanda finalement Miyack en fronçant un sourcil.


Elle était satisfaite, elle avait réussi à tenir tête à ce maudit forban. Malheureusement, cette réussite ne fut que de courte durée. La flaque d’urine du Cafard coula lentement jusqu’à toucher les bottes de la militaire. Affichant une grimace de dégoût, elle recula légèrement avant de fixer Joe.


« Euh... Vous ne voulez pas vous écartez de... Ça ? » s’enquit la jeune femme en continuant de reculer à mesure que le liquide jaunâtre avançait.





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***

- C'est intéressant.

Imprévisible à ses heures perdues, Greed avait accepté la nouvelle sereinement. Au premier abord en tout cas. Et du premier abord au premier abordage, il y n'y avait qu'un pas à franchir.
Suite à sa courte entrevue au troquet avec la commissaire politique lui ayant été récemment attribuée, Joe avait d'abord hurlé, puis geint, et avait cherché tous les prétextes du monde pour fausser compagnie à cette garnison qu'il n'avait que trop vue depuis son arrivée. De ce fait, et le plus naturellement du monde, il avait exigé qu'on le mène au bateau que Marie Joie lui avait dépêché comme convenu.

Spoiler:

Ils avaient poussé le vice jusqu'à le fournir avec une note sur laquelle avait été rédigé « Un navire à la mesure de son capitaine. ». Si les relations entre Joe et l'amirauté relevaient officiellement de l'alliance, il semblait qu'une guerre officieuse s'était déclenchée entre eux pour se manifester sous la forme d'un conflit larvé où tous les coups bas étaient de rigueur. En somme, le Gouvernement Mondial attaquait le cafard sur son terrain de prédilection. Audacieux programme. Dangereux, mais audacieux.

- Ah ça oui. C'est très intéressant.

On l'avait mené jusqu'à son présent ; un cadeau empoisonné pour un spécimen débitant aussi bien son venin grâce à son fruit du démon que par son fiel. De rouille et d'eau, voilà de quoi était fait le navire attribué au dernier rescapé des Blattards.
Derrière lui, on riait sous cape, on pouffait même derrière sa main. Un impertinent y alla même de son commentaire. Celui-là ne savait manifestement pas que tout malheur incombant au cafard avait la fâcheuse particularité de se répercuter au centuple à l'encontre de ceux en étant responsable. Il n'était jamais trop tôt pour apprendre, ou pour décéder prématurément.

- Comme neuf. Faudra juste écoper un peu. PffFFffFf

S'étant cru malin d'avoir joué avec le feu sur une montagne de poudre, le matelot reçut un seau de métal en pleine face. Tout était arrivé si rapidement. Prenant un court instant sa forme hybride, Joe avait laissé s'échapper de dessous son épais manteau noir une queue sinueuse et vive qui, d'un coup seulement, avait projeté le récipient de métal se trouvant sur le rivage. L'épais flagelle se rétracta alors presque aussitôt. Sans avoir eu à se retourner ou faire entendre l'insupportable son de sa voix, le cafard venait de se faire entendre.

- S'il faut juste écoper. Écopez.

Aucun lien hiérarchique n'unissait Greed au moindre marine, personne ne lui était subordonné, pas même celle-là même qui allait lui coller aux basques jusqu'à ce que trépas advienne. Et pourtant, ils allaient écoper.

- Tant que le bateau ne sera pas en état de naviguer, je profiterai de votre généreuse hospitalité. D'ailleurs....

Son intonation se faisait plus insidieuse encore qu'à l'accoutumée.

- Je me suis laissé dire que beaucoup parmi vous aviez de la famille sur l'île. Je me demande si vos sœurs sauraient résister à mes charmes si je leur présentait quelques... arguments concluants.

La menace était à peine voilée et déjà cinq matelots briquaient toute surface de la coque à la cabine de sorte à ce que là où l'on aurait pu trouver de la rouille, un acier scintillant et luisant puisse attirer l'œil à des miles à la ronde.
Se retournant vers son cancer attribué via décret gouvernemental, il s'étonna de ne pas la voir mettre du cœur à l'ouvrage. Il semblait ne pas prendre au sérieux le travail de surveillance qui avait été confié à la doctoresse.

- Eh bien quoi ? On a peur de se casser un ongle ? Et que ça brille roulure !

Tapant des mains pour battre la cadence, il l'enjoignait à aller rejoindre ses petits camarades pour faire reluire le bateau.

- T'y aurais ton compte pourtant. Oublie pas que d'ici peu, ce sera ton lieu de résidence et... en cas d'événement aussi... fortuit que fâcheux...

Il avait ricané en prononçant chacun des adjectifs.

- Ta dernière demeure. Sois au moins soigneuse avec ton cercueil Ya-hin-hin.

Foutu pour foutu, surveillé pour surveillé, ce n'était pas ça qui allait indisposer le cafard au sadisme le plus élémentaire dont il était si friand. Il ne pouvait pas l'écorcher vive ? Soit. Il y avait manière et manière de tuer son monde. Miner le moral était sa raison d'être. Il ne l'aurait pas au canon mais à la pression.
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... ... ...
Miyack




∞ feat Joe Biutag



Une épave. Juste une véritable épave. L’Etat-major comptait-il vraiment les voir naviguer sur une telle merde rouillée jusqu’à la base ? Que Marie Joie en veuille au Cafard était compréhensible, mais à ce point, ce devenait presque puéril. D’un autre côté, au vu de son comportement, Miyack arrivait un peu à les comprendre. Cet homme était exécrable, un misérable déchet humain. En moins d’une heure, il avait réussi à détruire toute l’estime et la crainte qu’il inspirait à la jeune militaire. L’air profondément blasée, elle le regarda menacer de pauvres matelots, une fois de plus. Allait-il finir par changer de disque ? On avait compris qu’il était le mauvais garçon, c’était assez clair. Rien à faire, il continuait et se répétait tel un disque rayé.


Regard tourné vers le ciel, la doctoresse décida de s’assoir pendant que certains de ses collègues se mettaient au service du Corsaire. Obéissant comme de jeunes chiots, ils briquaient, piquaient, meulaient et peignaient. Miyack avait bien du mal à les voir comme de vrais militaires. La Marine ne devait pas se plier ainsi aux volontés d’un pirate caché derrière un contrat. C’était d’un ridicule sans nom. Agacée par le Cafard, la jeune femme ne lui accorda pas un regard.


« Ya-hin-hin, répéta-t-elle avec lassitude. Un scorpion qui crache son venin, comme c’est étonnant. »


Toujours sans le regarder, Miyack se releva et commença à partir en direction du village. Il était évident que Joe voulait quitter cette île au plus vite alors elle devait prendre ses dispositions. De plus, s’éloigner de cet homme abject, ne serait-ce que quelques minutes, lui semblait être une véritable bénédiction.


« Bien. Je vais chercher mon paquetage. Continuez donc de tyranniser ces pauvres marins » laissa-t-elle tomber en s’éloignant.


Ce n’était pas son problème. Si ces matelots n’étaient que de misérables lavettes, elle s’en moquait éperdument. Dans moins de temps qu’il n’en faudrait pour le dire, notre jeune femme quitterait cette île. Orange ne serait bientôt qu’un lointain souvenir pour elle et ces hommes là se feraient vite oublier. Dire que tout cela n’arrivait qu’à cause d’un misérable malentendu. Un jour tout allait bien et le suivant, Miyack était condamnée à suivre à un pouilleux sans manières. Elle ne le méritait pas. Franchement, comment pouvait-on considérer qu’elle avait merdé à ce point ? Certes, son alcoolisme avait failli la pousser à tuer de simples voyageurs qu’elle pensait être des pirates. Cela était vrai, mais franchement, la punition n’était-elle pas mille fois plus grande que la faute ? Une telle sanction n’avait presque pas de sens.


Le pas lent, la doctoresse retourna chez elle. Il ne s’agissait qu’un appartement miteux que son père l’aidait à payer, rien de plus qu’une bicoque de fortune. Dans la pièce à vivre se trouvait déjà le paquetage de la doctoresse. Elle savait que son départ était imminent et s’était donc préparée en conséquences. Silencieuse, elle alla chercher un verre et une bouteille de rhum. Seul le bruit du bouchon qu’elle retira du goulot rompit le silence qui régnait. Méticuleuse, Miyack remplit son verre à ras bords et l’avala d’une traite. Elle avait besoin de boire, plus, beaucoup plus. Après tout, aux côtés d’un pirate en apparence repenti, au nom de quoi devrait-elle rester sobre ? Marie Joie se moquait bien d’elle et elle avait déjà été punie, alors autant se laisser aller un peu. Un second verre ne tarda pas à venir et un troisième après lui. Légèrement pompette, la militaire vit l’heure et se rendit compte qu’elle avait été bien plus longue qu’elle ne l’escomptait. Zut ! Franchement il ne fallait pas la laisser boire en journée ! D’un autre côté, qui l’en aurait empêché ?


Son sac sur le dos, elle revint en vitesse vers la plage, où ses futurs anciens collègues continuaient de traiter le navire du cafard comme s’il s’agissait de celui d’un Amiral. Fusil en bandoulière sur l’épaule, elle posa son paquetage dans le sable et s’approcha du Capitaine Corsaire. D’une main, elle sortit son paquet. Habile, elle fit virevolter les cartes d’une paume à l’autre en souriant. Elle adorait faire cela. Soudain, elle s’arrêta pour fixer l’homme droit dans les yeux avec un air de défi.


« Le temps que tout ce beau monde ne termine de travailler, voudriez-vous faire une partie ? », proposa Miyack avec un léger rictus.


Ce bougre de forban n’avait pas la moindre chance contre elle. Qu’importe qui il était, ce n’était pas un rustre sans éducation qui allait la battre aux cartes. Oh non ! Déjà quelque peu alcoolisée, la militaire n’avait qu’une idée en tête: le bouffer tout cru. Il aimait humilier les gens ? Qu’à cela ne tienne, elle allait lui botter le cul au jeu !


« Bien ! Je n’ai pas d’argent à parier, mais je suis certaine que nous pouvons trouver quelque chose à mettre sur la table, annonça la doctoresse. N’est-ce pas, Capitaine Biutag ?





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- Je n’ai pas d’argent à parier [...]

La conversation pouvait s'arrêter là. Bien assez tôt, Miyack aurait l'illustre privilège de découvrir pourquoi le titre de Greed allait comme un gant au cafard. Tout exubérant et impulsif pouvait-il être, chez lui, chaque décision relevait du calcul, un calcul comptable se chiffrant en berries uniquement.
Bras, croisés, renâclant la doctoresse qui revenait plus chargée qu'à son départ, les lèvres gercées du cafard s'étendirent délicatement pour se terminer en un sourire pernicieux se mariant à merveille avec ce regard inquisiteur qu'il lui adressait.

- Mais dites-moi docteur, vous n'auriez pas désinfecté une plaie à l'éthanol pur pendant votre petite escapade ? hin-hin.

Légèrement toujours, ses babines se retroussèrent pour dévoiler ses dents tandis qu'il semblait jubiler. Joe avait déjà ferré sa proie. Faire preuve de faiblesse, relâcher son attention un bref instant face au corsaire suffisait à celui-ci pour en tirer le meilleur parti. Une commissaire politique qui tirait au goulot était une aubaine inespérée, voilà qui offrait quelques angles d'attaque supplémentaires pour masquer un assassinat en suicide. L'alcool et la dépression faisaient bon ménage après tout, et de la dépression au tracé rectiligne le long des veines assisté au rasoir, il n'y avait qu'un pas. Un pas que l'aimable cafard l'aiderait à franchir.

Pendant ce temps, on s'affairait avec rigueur et discipline à rafistoler le vaisseau confié aux bons soins de Greed. La manœuvre n'était pas du goût de tous. En tout cas, pas de celui du lieutenant-colonel Gallagher ahuri de la docilité - motivée par quelques menaces voilées - de ses hommes d'équipage.
Fraîchement débarqué, un amas de papiers à la main, il coupait court à toute tentative du cafard de mettre le doigt sur la plaie béante de sa recrue imposée. Qu'à cela ne tienne, il aurait tout le temps pour ce faire une fois sur les flots.

- Qu'est-ce qu'y s'passe ici ?! Qui vous a d'mandé de réparer cette chiure ?!

Dilemme. Les mouettes avaient le choix entre mentir éhontément pour au final en payer le prix hiérarchique ou bien dénoncer les remarques insidieuses du corsaire et sacrifier tout ce qu'ils avaient de plus cher. Quelle que fut leur décision, elle ne leur revenait pas puisque Joe Biutag parlait en leur nom.

- Maaaaais... leurs engagements bien sûr.

En ce bas monde, Joe pouvait catégoriser les bipèdes en deux catégories : les cérébraux et les autres. Confronté à la grimace pour le moins circonspecte que venait de lui offrir Gallagher, il sut immédiatement dans laquelle le ranger, ne réprimant pas un sourire satisfait et baissant la visière de sa casquette pour couvrir la malice qui pétillait dans son regard.

- Leurs engagements ? Qu'est-ce que vous m'racont...

Lieutenant-colonel ou pas, le cafard se voyait mal écouter un traître mot de ce que débitait le plus haut gradé des environs.

- Figurez-vous qu'ils étaient siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii peinés de voir à quel point le Gouvernement Mondial m'avait floué en me jetant cette épave comme un os à ronger, que ces braves bougres mirent immédiatement du cœur à l'ouvrage pour laver l'affront qui m'avait été fait et redorer le blason de cette si nôôôôôble institution qu'est la marine.
En clair, ils cherchent à laver leur honneur terni par une promesse non respectée des tenants du G.M...


L'explication était si perchée qu'on aurait pu lui donner un nom d'oiseau. Toutefois, à défaut d'un éclaircissement plus convaincant, il fallait faire avec. Gallagher se rapprocha de Joe et - protocole oblige - lui susurra quelques mots devant se passer de tout témoin.

- Si on voulait laver notre honneur Biutag, on t'foutrait dans un tonneau, on percerait le tout d'un bon milliers d'coups d'épée et on t'balancerait au fond de la baie la plus proche.

Puisqu'il n'y avait manifestement plus de faux semblants entre les deux hommes, Joe hasarda une main sur l'épaule de son interlocuteur sous les yeux de la doctoresse afin de rétorquer - poliment - quelques franchises aussi bien senties.

- De vous à moi sergent...

Il était toujours de bon ton de rabaisser les officiers en faisant mine d'ignorer leur grade, cela les prédisposait aux rapports cordiaux.

- ... votre idée - à défaut d'être originale - ne manque pas d'audace. Seulement... toujours entre vous et moi... qu'est-ce qui vous fait penser que je n'y survivrais pas ?

Sûr de lui, sourire vicieux affiché sans complexe, la visière maintenant relevée dévoilant ses mirettes de dément, le corsaire comptait bien faire comprendre à ce roitelet de garnison sur les Blues qu'on ne l'appelait pas le cafard simplement pour son insignifiance et sa mesquinerie, mais avant tout pour sa propension à ne jamais se résoudre à crever.
Un petit clin d'œil là-dessus adressé à la doctoresse pour que le message soit compris de tous et Joe reprit sur un ton trivial et bon enfant :

- Ces papiers me sont adressés ? J'apprécie le geste, vraiment, mais je pense avoir assez de papier-cul à bord.

Après avoir abondamment dégluti suite à la répartie de son allié, Gallagher reprenait pied. Ces feuilles qu'il tenait fermement de sa main droite étaient un condensé de pièges tendu au corsaire pour le faire rentrer dans le rang ou déchirer son contrat. Dessus figurait toutes les conditions qui amèneraient le Gouvernement Mondial à le destituer de son rang de capitaine corsaire une fois que Miyack serait à bord.
Le dossier faisait vingt pages.

[...]

- Qu... Mais.... C'est.... RHAAAA !!! Vous vous foutez de moi ?!

Cette fois, c'était au lieutenant-colonel d'afficher une bouille satisfaite, ce dernier n'aurait d'ailleurs pas réprimé son sourire même pour tout l'or du monde. La mesquinerie du cafard débordait sur tous ceux qui l'entouraient.
Ayant lu en long en large et en travers les scénarios de mort suspecte et rédhibitoire qui pourraient accabler la doctoresse, Joe avait bien dû se rendre à l'évidence : on le tenait par les couilles.

- Comment ça «en cas de noyade» ?! Je travaille en mer, si jamais on coule.... il n'est pas exclu que...

- Si tu coules cafard, assure-toi de t'noyer avec elle, là on croira à ta bonne foi et on n'annulera pas ton contrat.

Un jeu de dupe auquel il n'y avait manifestement aucun échappatoire, voilà comment les bureaux de juristes situés à Marie-Joie étaient parvenus à trouver la parade parfaite afin de tempérer les ardeurs pécuniaires de Greed. On ne faisait plus taire les criminels par les armes mais par de l'encre répandue sur du papier. O tempore, o mores.

Furieux, grognant presque après ce pion gouvernemental qu'on lui mettait dans les pattes, Joe était bien décidé à faire payer d'une manière ou d'une autre la présence de la jeune fille dans ses affaires. Dans l'affaire, la plus à plaindre étant encore Miyack. Située entre le marteau et l'enclume on la jetait en pâture à ce corsaire encombrant avec l'espoir dissimulé qu'elle en crève afin de se débarrasser d'un allié plus nocif encore qu'une pléthore d'ennemis.
La cohabitation promettait d'être houleuse.
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... ... ...
Miyack




∞ feat Joe Biutag



Le teint rouge après l’accusation du Cafard, Miyack se fit bien silencieuse durant la suite des évènements. Bon sang mais pour sui prenait-il ? De quel droit un pirate se permettait de la juger comme ça ? Franchement...


L’homme refusant de jouer avec elle préféra commencer un concours de bite avec le Lieutenant-Colonel Gallagher. Qu’ils s’amusent donc, la doctoresse avait avec elle son paquet de cartes. Comme elle savait déjà ce que contenaient les nombreuses pages stipulant les conditions de la cohabition entre elle et le Corsaire, elle se réfugia dans son monde. Les cartes dans le sable, elle fit une partie de solitaire.


Commençant à trouver le temps long, la militaire monta à bord de l’épave flottante sur laquelle les deux compagnons de fortune allaient devoir naviguer. Bon sang, allaient-ils s’en sortit à bord de cette merde ? Ce n’était pas sérieux. Que cherchait réellement le Gouvernement dans cette histoire ? Miyack n’était-elle au final qu’un pion aisément dispensable ? Bien sûr qu’elle l’était, ce n’était pas la question. Elle n’était qu’une simple membre de la Marine comme les autres, ce n’était pas le problème. Simplement, de penser qu’on pouvait la sacrifier pour de si viles raisons politiques la terrassait. Elle avait donné tellement à cette institution et elle ne recevait rien en retour. Rien de plus qu’un aller simple vers les profondeurs. Décidément, le châtiment n’était vraiment pas à la hauteur du crime. Pouvait-on seulement parler de crime ? Combien de marins avaient la bouteille facile ? Combien ?!? Bordel quelle bande d’hypocrites ! Plus elle y pensait, plus cela la mettait l’énervait.


Après sa brève inspection du navire, elle retourna sur le sable. Visiblement, les deux hommes avaient fini de régler tous les menus détails. C’est alors que la jeune doctoresse eut une idée. Une seule personne était vraiment responsable de la situation actuelle. Ce n’était pas le Cafard ni le Q.G. La personne qui avait vendu Miyack au gouvernement n’était autre que ce foutu Gallagher. Elle qui pensait qu’il valait le coup, il l’avait profondément déçu. Il avait un problème avec son alcoolisme ? Qu’à cela ne tienne, à partir de maintenant il n’était plus son supérieur. Après être allé chercher une bouteille de rhum arrangé dans son sac, la jeune femme retira le bouchon. Les yeux dans les yeux, elle prit une gorgée devant son ancien chef. Se conduire ainsi n’était pas dans ses habitudes mais que voulez-vous, toute personne poussée à bout peut sortir de ses gonds.


Dorénavant, ce qui se rapprochait le plus d’un supérieur pour elle était ce Capitaine Corsaire. Ne faisant plus grande attention au Lieutenant-Colonel, elle s’approcha du Cafard. Elle lui remit directement en main sa bouteille avant de lui offrir un clin d’oeil. Miyack avait pour coutume de bien s’entendre avec ses collègues. À présent, ce fumier de gibier de potence était son collègue alors elle devait faire en sorte de bien s’entendre avec. Il devait l’apprécier, c’était comme cela qu’elle fonctionnait.


« Buvez donc Capitaine Biutag, dit-elle avec un sourire. Bien, vu l’état de notre bateau, nous allons avoir besoin de toute l’aide disponible », ironisa ensuite la doctoresse.


Laissant l’homme libre de boire ou non, elle remit son paquetage sur son épaule et tourna le dos au reste de l’île. Devant elle ne se trouvaient que le navire et la mer, rien d’autre à perte de vue. D’ici peu de temps, elle quitterait Orange. Bien que cela lui faisait plaisir en soit, elle aurait voulu le faire dans d’autres circonstances ET SURTOUT en meilleure compagnie. Vivre avec un criminel pendant des mois... Cela ne lui disait décidément rien. Après quelques pas vers l’embarcation de misère, elle tourna la tête vers le Cafard.


« Bien. Avez-vous encore des choses à faire ici, Capitaine ? », demanda-t-elle d’un air qui faisait bien comprendre qu’elle souhaitait partir au plus vite.





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- Bien, vu l’état de notre bateau, nous allons avoir besoin de toute l’aide disponible

- MON bateau !

Quelle autre réaction pouvait être escomptée d'un individu ayant poussé la radinerie au rang de discipline olympique - discipline où il raflait à la fois l'or, l'argent et le bronze - alors que la demoiselle cherchait simplement à entamer un dialogue cordial. Au diable la cordialité, le genre humain et le cafard ne pouvaient s'accorder qu'avec le même degré de cohésion que l'eau et l'huile.
Le clin d'œil de la doctoresse avait été malvenu et, à bien des égards, suicidaire.

- Si tu crois que je ne te vois pas venir avec tes petits airs de mijaurée.
"Buvez donc cââââââpitaine Biutag" avec un clin d'œil là-dessus. Et après, ce sera quoi ? "Oooooooh, il fait si chaaaaaaaaud, ces vêtements sont si superflus !" accompagné d'un très distingué "Haaaaaaaaaaaaan, j'ai fait tomber mon sylo, il me faut me pencher grââââcieusement pour le ramasser".


À insister sur les onomatopées comme il le faisait, Joe avait vite fait de capter l'attention du tout venant qui grouillait en nombre raisonnable sur Orange. Partant d'un simple élan de sympathie dont on ne pouvait reprocher que la maladresse, Miyack avait mis un berry dans la Biutag machine. Les calomnies pleuvaient déjà et la réputation de la bougresse était déjà faite auprès de ses collègues qui lui supputaient maintenant des intentions aussi obscènes qu'obséquieuse. Les regards des matelots étaient ponctuels, discrets, mais ô combien méprisant à son égard. Greed ne s'y trompa pas et rajouta un peu d'huile sur le feu ; car si l'huile et l'eau faisaient mauvais ménage, les flammes ne gagnaient qu'en intensité au contact du cafard.

- Tout à fait messieurs, vous venez d'assister à une tentative de corruption des plus déplorables. On attentait presque à ma vertu ! Mais on ne baise pas Joe Biutag comme ça ! Aucune succube n'a d'emprise sur le cafard, que cela soit dit, entendu et rappelé sur toutes les mers du globe !

La légende voulait que sa cupidité était telle qu'elle écrasait l'intégralité de ses autres péchés. Son orgueil ? Il n'avait aucune fierté dès lors qu'on causait argent. Sa gourmandise ? Radin qu'il était, il rationnait sa pitance au gramme près. Sa colère ? Elle n'était qu'une forme d'hystérie spontanée s'estompant dès lors où quelque chose de brillant croisait son regard. Sa paresse ? Le bougre savait mettre au point des trésors d'ingéniosité, y investissant toute son énergie, et ce, pour mettre au point des intrigues branlantes mais lucratives. Son envie ? Il n'y avait pas lieu d'être jaloux de plus riche que soi dès lors où on avait vocation à le dépouiller de tous ses biens. Quant à la luxure, elle ne se manifestait que sporadiquement, ayant le plus souvent cours entre les ventouses de femmes-poulpes dont le consentement à la chose était parfois relatif voire absent.

- MA bouteille !

Ajouta-t-il avisé en brandissant un cru premier choix dont son palais ne pouvait saisir les subtilités de corps. C'était sa manière à lui de démontrer qu'il buvait parce qu'il le voulait bien et non parce qu'on lui avait mis la bouteille entre les mains. Sans même se soucier d'un risque d'empoisonnement éventuel - le poison ayant plus de chance de se compromettre à son contact que le contraire - il s'était contenté d'une brève rasade avant de répondre aimablement à la question qui lui fut posée.

- Ici ? Rien. Toi par contre, tu vas briquer le pont. Et que ça brille, morue !

Feignant encore de ne pas comprendre les termes de ce partenariat imposé, Joe, bien que sachant pertinemment qu'il ne bénéficiait d'aucune autorité sur elle cherchait à en imposer une au forceps. Elle finirait bien par lui obéir sur un malentendu.

***

Une semaine passant, le bâtiment commençait à reluire, on l'aurait juré presque neuf. La perspective de voir le cafard dégager de leur île avait galvanisé Orange tout entier. Aux matelots s'étaient associés les commerçants ayant dû subir les frasques de ce si glorieux corsaire, eux aussi très pressés de le voir voguer au loin.

Faisant irruption dans la cabine étroite où Miyack avait choisi refuge, cette boîte de sardine où elle serait probablement amenée à mariner jusqu'à la fin de son existence - dont le terme était sans doute plus proche qu'elle ne l'espérait - Greed venait la tirer des bras de Morphée, ayant attendu patiemment qu'elle soit dans un sommeil profond pour le plaisir de l'en extraire violemment.

- Mais dis-moi roulure, le petit-déjeuner, il va se préparer tout seul ?! T'es une femme et t'as pas fait à bouffer ? Non mais, allô quoi !

À l'origine, Joe avait prévu de lui demander quelle serait leur prochaine destination afin de savoir où il devrait frapper, mais il s'était ravisé. Lui pourrir la vie était si tentant que l'idée même d'une discussion sérieuse avec elle lui paraissait inenvisageable.
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