Revirement de situation !

Nous voilà Grand Line, depuis sept jours nous naviguons, nous avons réussit à distancer la flotte de Marine mais pour combien de temps… l’ambiance est éphémère, les hommes qui restent passent plus de temps à faire quelques bricoles sur le navire qu’à s’occuper de la navigation, c’est en principal Moka, Matt et Léonardo qui gère les voiles etc. Quant à Arhye, il est perché là-bas en haut du mat à scruter l’horizon.

Nous commençons à crever de faim, les rations se font rares sur le navire, l’eau potable est utilisée avec parcimonie. Nous risquons tous de sombrer dans la folie si ce voyage continue dans ces conditions, les membres semblent de plus en plus maigre et quand ils se pavanent sur le pont j’ai l’impression de voir des zombies déambuler dans une ville.

Je n’ai jamais vu de voyage aussi catastrophique que ça, nos vivres sont parties avec les trous qu’ils ont creusé dans le bateau… et la pire des tragédies c’est qu’il n’y a plus de rhum, ça fait depuis trois jours que je suis sobre, juste à y penser j’ai envie de pleurer.

La longueur de notre traversée en mer créée des tensions, les gars commençaient même à douter de mes capacités de navigateur. Combien de fois j’ai dû sortir le flingue pour éviter toutes les mutineries qui s’annonçaient. Heureusement pour nous, ils ne savent pas que les réserves de poudres sont en grandes parties inutilisables à cause de l’eau qui s’est infiltrée dans les navires, pour le peu qui reste, j’ai de quoi assez tirer quelques balles avant d’achever notre réserve.

D’un côté je comprends ces chiens galeux, ils voient tous un fou comme moi passer son temps à regarder ce bracelet qui pointe dans une direction, censé indiquer une île.

Je ne dors presque plus pour vous dire, à Manshon, mes nuits étaient paisibles mais là, avec tous ces risques de mutins et en plus la Marine qui n’est pas non plus loin de nous, j’ai décidé de rester à mon poste jusqu’à que nous soyons en sécurité et aussi pour surveiller mes arrières.

Pour éviter de faire perdre la boule aux gars je leur fais miroiter gloire et richesse, que ceci n’est qu’une petite mésaventure comparé à la fortune qui nous attend à la clé. Même moi je me convaincs de ces rêves qui pour l’instant ont l’air si loin.

La nuit comme de jour le rafiot nous menaçait de couler, il craque comme un vieil escalier, comme une putain de vieille maison qui s’apprête à tomber en ruine. Tout comme moi la plupart ne dorment plus ou que très peu histoire de tenir le navire en haleine.

Le gamin de la dernière revient me voir en ce septième jour, sans doute veut-il que je lui raconte encore une de mes histoires abracadabrante. Il s’assit désormais à côté de moi et observe l’horizon, le regard totalement hagard, le teint pâle, le pauvre gosse ressemble à un anorexique. D’une voix faible et légèrement cassée il commence à me questionner.

- Dîtes… vous avez déjà connu le bonheur de la chair ?

Quelle question ! Eheh ! Le gamin a un côté pervers à ce que je vois ! Je ricane et prends une grosse voix pour que tout le monde m’entends, je vais remonter le moral de tout le monde en racontant une de mes mésaventures que j’adore.

- Alors gamin, t’apprendra à jamais ne faire confiance à une donzelle ! Très, très, trèèèèèèès mauvaise idée ! Elle avait ton âge dis-toi… et elle m’a entubé en beauté ! FUAHFUAHFUAAAAAH ! *KOF KOF KOF*

Un toux grave me prends subitement à la suite de mon rire, en me remémorant de cette histoire j’en tape plusieurs fois le pied par terre en continuant de tousser en rigolant.

- Cette garce m’a fait miroiter l’amour, je le sentais, là, je pouvais quasiment le toucher, nous avons fait un braquage ensemble, elle était en ma compagnie par défaut, cela faisait déjà deux fois que l’on se croisait sur East Blue. Je l’ai accueilli comme mon hôte mais attention, un bon hôte, tapis rouge et tout le tralala ! Et v’la ti pas qu’elle se barre le lendemain sans laisser un mot… et avec mon putain de pactole ! FUAHAHAHAHAAAAAAAAAH !

Le jeune semble perplexe, comme si il lui en veut plus que moi.

- Vous l’avez poursuivi et taillé en pièce je suppose ?

Je me mis à sourire de pleine dents.

- Non mon petit, à cette époque je n’étais pas aussi que maintenant et j’étais encore naïf. Tu apprendras… et vous apprendrez tous ! Même-toi Moka. Les hommes se paient le corps des femmes alors que… les femmes se paient la tête des hommes.

Après mon histoire et mon petit proverbe gratuit, je vois les hommes déjà plus souriants, le gamin aussi, en plus de ça, il semble en avoir tiré une leçon. Avec un sourire satisfait il se lève et s’en va, reprendre la tâche qu’il a abandonné.

Notre désespoir est temporaire, pendant que je consulte les cartes dans la cabine du capitaine avec notre nouveau dirigeant, j’entends Arhye crier île en vue, je sors de la cabine précipitamment, je n’en crois pas mes yeux, devant nous se dresse un cactus géant, inhabitée ou non, je m’en fiche, un immense sourire se dresse sur mon visage, j’en verse presque une larme, l’espoir nous sourit enfin.
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Une île aride, balayée par des courants d’air chaud et dont le sol stérile, rocailleux, ne voyait pousser que quelques cactus épars : voilà le premier endroit de Grand Line où l’équipage du Prince avait atterri. Ayant délaissé leur navire au large d’une petite crique qui, au vu des ruines côtières, était autrefois habitée, les pirates avaient établi un petit campement sur l’ancienne place de la bourgade. Quelques recherches menées par Arhye avaient pu mettre au jour un puit qui recelait encore de quantités d’eau fraîche, ce qui sauva le groupe…mais fit enrager Daemon.

- Putain de bordel de merde, je ne veux pas d’eau mais du rhum ! s’écria-t-il en jetant au loin une gourde que lui avait tendue un mousse de l’équipage.

- Tu vois bien que nous sommes dans un village abandonné Daemon…Néanmoins, tu peux tenter ta chance de l’autre côté de la place, dit Moka en pointant une vieux bâtisse dont l’enseigne branlante indiquait « Bar ».

- Et bien, c’est parti pour un peu d’exploration ! Je dirais pas non à un peu de bouffe car bon, Moka, j’vais pas me contenter des fruits et du jus de cactus que vous avez ramené toi et les gars hehe !

- Tu peux toujours essayer de trouver un truc à grignoter, mais vu l’état des bâtiments autour de nous, je pense que tu ne dénicheras que de la poussière, ricana Moka.

Moka se posa un moment contre le mur en ruine de ce qui fut sans doute la villa d’un notable des environs, sirotant son jus de cactus, mais le savourant pas tant il était acide. Assurément, la Marine allait elle aussi rappliquer sur cette île et, même s’ils avaient quelques jours d’avance, ils devaient les distancer encore davantage. Néanmoins, le problème du bateau se posait…

- Hey Boss, je pense que même si nous f’sons des ptites réparations, notre navire ne tiendra pas jusqu’à la prochaine île, intervint Vasco, accompagné de plusieurs matelots aux mines revêches.

- Nous ne pouvons pas nous en procurer un autre pour l’instant, donc rassemble une équipe d’une vingtaine d’hommes avec toi, récupérez du bois un peu partout, au niveau de ce qui reste des charpentes de cette bourgade, et réparez moi ce foutu navire, répondit Moka, d’un ton impérieux qui ne souffrait nulle opposition.

- Comme vous voulez, mais je garantie pas un résultat formidable, souffla l’intéressé, avec un crachat.

- Tu peux disposer Vasco.

Les situations de crise minaient l’enthousiasme des hommes, et certains équipages se désagrégeaient par quelques mutineries et luttes internes. Cette fois-ci, Moka devait s’imposer en chef, et couper les têtes récalcitrantes si besoin. Vasco avait mis sa patience à l’épreuve par son manque de volonté et sa mollesse, et puis, il y avait ce crachat. Un tel acte aurait été puni par le fouet dans l’armée où le prince avait officié tant d’années.

- La prochaine fois qu’il fait ça, je le ferai fouetter devant le reste de l’équipage, fulmina-t-il avant de jeter le bout de cactus qu’il tenait dans la main.

Le jeune pirate marcha parmi les tentes sommaires que l’équipage avait dressées sur la grande place, et la vue de ses camarades amaigris et affaiblis lui faisait de la peine. La vie de forban n’était pas, celle rêvée, de l’aventurier vivant de bonnes rapines, de rencontres avec de jolies donzelles, et de ripailles à foison. Non, en réalité, c’était la faim, la peur, la fureur des combats, la paranoïa. Une main se posa sur l’épaule de Moka qui tressaillit, la main portée au pommeau de son épée.

- Hey, Cap’tain, j’ai une suggestion pour vous, souffla la voix d’Arhye, le jeunot qui avait tant impressionné Moka depuis leur rencontre sur Manshon.

- Je t’écoute Arhye.

- Je me disais que je pouvais partir en exploration sur l’île, en longeant la côte avec quelques types.

- Dans quel but ? Cette île est dépeuplée…

- Pas sûr ! Nous pourrions tomber sur un village ou d’autres lieux habités, trouver de l’aide.

- De l’aide, ou un endroit à réquisitionner…

Arhye, l’air gêné, esquissa un maigre sourire : la perspective de commettre des crimes sur des populations civiles ne l’enchantaient guère, mais il fallait survivre.

- Ouais…Alors ?

- C’est d’accord, prends Nikolas avec toi, c’est un bon pisteur.

Moka congédia Arhye et continua sa petite inspection du camp, tout était calme, et la faiblesse de ses hommes les rendaient inaptes à une future confrontation avec le Commodore Miltiades, il le savait.
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- Comment t'as rencontré Moka, au fait ?
- Pas le temps de t'expliquer. Concentrons-nous sur l'objectif.


   A l'entente de cette réponse je grommelais : j'avais encore beaucoup de mal à cerner Nikolas, le compagnon aveugle de notre capitaine, et son attitude froide rendait toute discussion difficile. J'en venais à croire que seuls les actes avaient de l'importance pour lui. Ce qui était étonnant quand on savait qu'il ne risquait pas de les voir...
   Nous avions quitté le village en ruine et ses quelques bâtisses noircies par ce qui devait être un terrible incendie. J'espérais sincèrement que Daemon et les autres puissent trouver ne serait-ce que trois morceaux de planche intacte dans ce merdier. Je regardais autour de moi et constatait que les immenses cactus qui parsemaient l'île, visibles de loin, étaient en fait des collines. Leurs épines ? Des pierres tombales. Une vision de bonne augure quand on savait qui pouvait arriver d'un moment à l'autre.

   Je ris jaune.

   Nikolas me fit signe de m'arrêter lorsqu'il se pencha pour toucher le sol. Il palpait la terre et l'effritait entre ses doigts, puis recommençait tout autour de lui, à plusieurs reprises avant de me demander :

- Y aurait pas des traces de pas là, des fois ?
- Euh... Maintenant que tu le dis oui ! Mais faut vraiment se pencher pour...
- A quoi ça te sert d'avoir des yeux si tu ne sais pas t'en servir ?!


   Et il se relevait d'un coup, d'un air sombre et impatient. Je restais deux secondes à l'arrêt, un peur surpris par sa réaction. Sa mauvaise humeur commençait à me taper sur le système ! Je ne pus m'empêcher de grimacer dans son dos :

- Gnagnagna et gnagnagna, à quoi ça te sert et gnagnagni...
- Je t'entend !


   Et merde.

   Nous continuâmes notre route et je contemplais plus loin un immense pic rocheux. Je crus y voir de la fumée, mais nous avancions dans la zone la plus dégagée de l'île, entre les monticules-cimetières, et le vent qui y soufflait ramenait sur nous toute la poussière et tous les résidus de sable et de cendres du voisinage. Je crachais les quelques cristaux de minéral qui me rentraient dans la bouche. L'archer me fit remarquer que je n'avais qu'à la fermer. J'allai le frapper un jour.
  Nous marchâmes ainsi pendant de longues minutes, tantôt attirés par des odeurs familières, telle le parfum des champs et des plantations, tantôt par des silhouettes ressemblant à des habitations... Mais l'odeur s'éloignait à mesure que nous avancions et les bâtiments étaient tous dans le même état que ceux du bourg.

   Je suivais Nikolas tout en regardant par terre, espérant y trouver d'autres traces de pas. Lui marchait d'un pas décidé droit devant lui, certain de la direction.
   Et effectivement, il avait raison d'être si sûr de lui : à l'arrière d'une autre colline, j'aperçus enfin des baraquements. En bon état ! Sans prendre le temps de réfléchir je m'approchais des lieux. A peine avais-je fais trois mètres qu'un individu jaillit de derrière le premier chalet et se mit devant moi en croisant les bras. Plus haut d'une bonne tête, les bras musculeux et une tige de je-ne-sais-quoi entre les dents, il avait tout du travailleur manuel rural élevé à la dure avec pour seul livre de chevet "J'apprend à traire mes vaches et à les protéger du moindre danger". Sauf que je ne voyais pas de vache... Il me dit :

- Qu'est-ce vous faîtes dans l'coin, vous ? Z'êtes pas d'ici ça s'voit.

   Le ton était sec et le parlé rustre au possible. Mais je décidais de jouer franc-jeu : hors de question d'être mal vu des autochtones, nous avions déjà assez d'un ennemi.

- Nous venons d'accoster. Nous avons essuyé quelques dommages en faisant la traversée et espérions trouver ici de quoi restaurer notre navire.
- Y a pas grand chose sur cette île. Du moins plus maint'nant. On a déjà eu assez d'problèmes ces dernières années avec tous les pirates qui traversent ! Vous pouvez r'brousser ch'min : on a rien pour vous ici.
- Mais je ne vous ai encore rien demandé !
- Pas b'soin ! Z'alliez le faire ! On est pas né d'la dernière pluie, v'savez ? Les seules personnes qu'accostent ici sont soient la Marine, soit des hors-la-loi. Z'avez pas d'uniforme. Donc voilà not' réponse : tirez-vous.


   D'autres types venaient d'émerger des bâtiments alentours. J'en dénombrais une quinzaine. Nikolas serrait nerveusement le bois de son arc. Je serrai les dents avant d'insister :

- On ne cherche pas les ennuis.
- Vous les am'nez avec vous. C'est toujours la même chose. C'est à cause d'vous qu'on en est arrivé là, à vivre en retrait du village, en espérant que ce qu'il en reste vous fasse abandonner l'idée d'nous chercher. Mais non ! Faut toujours qu'y en ait qui r'viennent fourrer leur nez où faut pas ! Et v'savez c'qui est l'pire ?

   Les hommes se rapprochaient de nous, armés de faucilles, de sabres, de matraques ou de pistolets pour certains, tous plus menaçants les uns que les autres. Nikolas serrait davantage son arme. Je lui tapotai discrètement la manche pour l'inciter à se tenir prêt et fis un léger pas en arrière. Notre interlocuteur pencha la tête, le regard noir :

- C'est qu'y a plus d'place pour d'autres pierres tombales.
- MAINTENANT !

   
   Ni une ni deux, je flanquai un coup de poing à l'armoire à glace qui beugla en se tenant le nez. L'aveugle dégaina son arme et décocha une flèche qui se ficha dans l'épaule d'un type qui lui fonçait dessus en braillant.
   En réponse, trois autres tentèrent de nous descendre, mais j'eus la vivacité d'esprit de nous pousser hors de la trajectoire des balles. Tous les sens en alerte, je ne pris pas le temps de m'en vouloir pour cet échec des négociations. De toute façon, il n'y avait pas eu négociation. De son côté, Nikolas réussit à abattre l'un des pistoleros avant de rouler derrière un abri. J'en fis de même en voyant que les deux autres me prenaient pour cible.
   C'est ce moment que choisit le grand baraqué pour réapparaître et tenter de m'en coller une... Avec une masse. J'esquivais de justesse et le coup vint se ficher dans un pan du mur. De rage, il enchaîna les attaques, m'obligeant à faire des bonds vers l'arrière pour éviter de me faire démolir les côtes et le crâne.

   J'esquivais pour la huitième fois quand je me décidai à m'éloigner du colosse d'un flip arrière, atterrissant sur un monticule. Je pris appui dessus et, dans mon élan, sautai à nouveau pour parvenir sur le toit du bâtiment. Il y avait des jours où je bénissais mon agilité.
   Inaccessible, sauf pour les tireurs, je courus jusqu'à atteindre le bout du toit et me décidai à me coucher sur le versant opposé lorsqu'une balle me frôla la joue.

- Nikolas, c'est ton moment là !
- T'es vraiment qu'un...


   Ne finissant pas sa phrase, il tira une flèche sur l'un des deux hommes au pistolet restant avant de fuir sous les assauts d'un sabreur.
   L'attention étant tournée maintenant vers lui, je pus me redresser, trouver mes cibles et me lancer sur eux : le dernier pistolero et un homme à faucille. Tête en bas, je tournai sur moi-même et mes pieds rencontrèrent la tête des deux individus avec force. Je terminai ma réception d'une roulade en avant et fonçai sur un autre gus, bras semi-tendu au niveau de son cou, prêt à lui imposer mon lariat : l'aile de corbeau.
   La glotte écrasée par l'impact, il tomba à la renverse et suffoqua jusqu'à sombrer dans l'inconscience.

   Je rejoignis l'archer et nous finîmes de mettre à terre les autochtones agressifs. Le dernier à se tenir debout était le grand gaillard du départ et il grinçait des dents en faisant tournoyer sa masse comme un enragé.
   Nikolas était sur le point de l'abattre quand je lui abaissai son arc :

- Celui-là est pour moi.

   Je courus sans hésiter en direction du colosse. Tout alla très vite : salto avant, pied tendu, coup sur le sommet du crâne, sa masse juste derrière ma tête, la sienne qui touchait le sol et je terminai debout derrière lui. Je sentais encore le souffle du passage de son arme dans mon dos pendant la rotation tandis que lui mangeait littéralement la terre. Assommé, il ne bougeait plus.
   L'archer se gratta le menton avant d'annoncer :

- Mmh... On a plus qu'à retourner au village. On ne peut plus rien tirer de ces types, mais leur bois pourrait nous être utile.
- Ça reste leurs maisons... Est-ce qu'on doit vraiment faire ça sans autorisation ?
- Ce n'est pas parce qu'on leur a fait mordre la poussière qu'ils ne vont pas continuer à montrer les crocs. Tu les as entendu comme moi : ils ne supportent pas les pirates. Pour eux, ce serait plus humiliant de nous venir en aide que d'être vaincus. Je ne sais pas ce qui leur ait arrivé par le passé, mais de toute manière, ça ne nous regarde pas : nous sommes dans le pétrin si nous ne repartons pas.
- Ouais... La belle affaire.
- Écoute si tu ne... Attend. J'entends quelque chose...


   Sur le qui-vive, l'aveugle tournait la tête, prêt à dégainer à nouveau. Je regardai autour de nous jusqu'à entendre du bruit à mon tour. Une sorte de murmure lointain qui se transformait petit à petit en bruits de pas, puis en marche ordonnée, presque lourde.
   C'est alors que je les vis au loin : un détachement militaire avec en tête de file une figure aussi pâle que la lune. Deux épaulettes dorées et le symbole d'une mouette me firent comprendre à qui nous avions affaire.

- Merde... Ils sont déjà arrivés. Il faut prévenir Moka et les autres !

   Pour que le commodore Miltiades nous ait rejoint aussi vite, je ne voyais qu'une explication possible : du démon, il n'avait pas que le fruit.
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Alors que les autres dressent le camp, je suis en train de fouiller le bar, à la recherche d’alcool et de nourriture, c’est marrant, l’extérieur tombe en ruine alors qu’une fois à la l’intérieur, on dirait que ce village a été abandonné seulement qu’hier.

Certains tabourets sont renversés, le comptoir est en bon état encore, sur les tables certaines assiettes figurent encore avec de la bouffe moisies dessus. Je ne sais pas quoi penser, si c’est impressionnant ou terrifiant. C’est comme ci une tempête avait tout embarqué ici et avait laissé l’intérieur intact. Seulement quelques bouts de pierre accompagnées de ciment jonchent le sol à certains endroit. Le parquet grince sous mes pieds, je décide d’emprunter l’escalier qui descend à la cave. J’ai un sensation étrange, je trouve que ça pu le cramé.

Arrivé dans la cave, j’ai cette odeur qui m’embaume le nez, heureusement que je suis devenu nyctalope, pas besoin d’allumer de torche pour y voir. Je m’avance sur le sol recouvert de cailloux, j’aperçois des braises d’un feu de camp fraîchement éteint.

Soudain un gars surgit derrière un tonneau, bâton en main et torche qu’il vient de rallumer dans l’autre afin de m’assommer. Par pur réflexe je dégaine mon sabre et tranche net l’arme avec laquelle il voulait me sonner. Désarmé, le gars se jette à mes pieds, implorant ma pitié.

- S’il vous plaît… je suis le propriétaire de cette bâtisse, ne la détruisez pas, ne me faîtes pas de mal.

Propriétaire du bar… il doit être barman ! Un sourire parcours mon visage, l’espoir remplit mon corps.

- Tu es barman et serveur je suppose ?

Il acquiesce de la tête.

- Très bien, alors si tu veux qu’aucun de mal et dégât ne soit fait, tu vas me donner tout ton stock d’alcool… et aussi me donner une bouteille de rhum dans l’immédiat, je suis légèrement en manque. Tu vois, si je n’ai pas ma dose quotidienne… il m’arrive… de tuer le premier gars que je vois !

Sans attendre il m’apporte une bouteille de rhum que je dé bouchonne à coup de dent avant de recracher le bouchon sur le propriétaire des lieux.

- Ah et aussi, si tu as de la bouffe j’en veux bien aussi pour moi et mes nakamas.

A partir de là, il commence à jouer son difficile.

- Mais vous vous rendez compte ? Comment je vis après ?! Vous donnez tout ma marchandise… .

Je finis par l’attraper par le col tout en prenant une grosse gorgée de mon alcool favoris qui peu de temps après me remplit d’euphorie.

- Écoutes-moi bien. De toute façon dans ton village miteux tu es seul ! Alors j’crois pas que beaucoup de clients viennent te voir !

Il sanglote.

- Si… y’a des survivants aussi plus loin qui viennent me rendre visite alors je ne peux pas… .

J’en ai déjà marre, je le jette contre un mur de pierre avant de remplir de nouveau mon œsophage de rhum. Je remonte les escaliers, sort du bar avant de crier de joie.

- Ici, dans la cave ! Venez, prenez tous les tonneaux et la nourriture qu’il y a !

Les gars me regardent avec un air surpris, comprenant l’information que je viens de passer, leurs mines semblent plus radieuses les unes des autres. Je montre ma bouteille de rhum aux autres avant de finir la moitié cul-sec, faisant dégouliner le rhum de ma bouche tellement que j’ai soif.

Les autres alors s’empressèrent de dévaliser le bar, bien que le barman essaie de les retenir je lui pointe mon flingue dessus et j’active la gâchette, la balle partie se loger dans son abdomen. Moka va pour me passer un savon.

- Daemon ! Je n’aime pas trop que les personnes comme ce pauvre homme soient tuées !

Blablabla, rien à foutre.

- Écoutes mon jeune nobliau.

- Ne parles pas comme ça au prince saleté de pirate !

J’esquisse un grand sourire.

- Merci Vasco ! Beau résumé ! Nous sommes des putains de pirates ! On n’est pas là pour chipoter ! On tue, brûle, viole, pille ! On est les pires de tous ! On est pas des putains de fiottes qui mangent sur de la soie ! Sinon je te rassure ôôôôô ! Messire Moka, nous aurions un immense navire sublime ! Qui n’aurait pas de dégâts occasionné comme le nôtre ! Et même que lorsqu’on péterait ça sentirait la rose ! Désolé pour vous je ne suis pas de cette classe sociale. Nous, on vit dans la misère et on n’hésite pas à tuer n’importe qui, vous apprendrez que c’est la loi de la jungle.

Alors que Vasco me lance son regard le plus noir, sa main effleurant la garde de son épée, je plonge mon regard dans le sien, ricanant. Il n’aura pas les couilles de le faire et si il les a, je le tuerai. Enfin, ce n’est pas sans compter sur l’intervention d’Arhye accompagné de Nikolas, les deux arrivent, courant comme des dératés, respirant au rythme des bœufs. Je pose mon œil sur mes deux compères, une mine totalement affolée de la part d’Arhye.

- Ils… la… Ma… Marine ! Ils sont là ! Le… Commodore Militiades !

Oh… en voilà un gros problème. Je me tourne vers Moka, l’air sérieux.

- Dis aux autres de tout embarquer sur le navire. Nous on va les retenir. Moka, Arhye, Nikolas, Vasco, Matt et Léonardo, tous les sept nous allons leur tenir tête afin de pouvoir nous réapprovisionner.

- Je ne peux pas plutôt aider les autres ? Lance-Matt, inquiet, se faufilant derrière notre petit groupe.

- Très bien. Il est vraiment trop fou ce cyclope. Crache Arhye entre deux respirations.

- C’est au prince de décider ! Bougonne Vasco en dégainant son sabre.

- Ceci dit, Daemon n’a pas tord. Soupire Nikolas en bandant son arc.

- Je suis toujours avec toi Boss. Dis Léonardo, en haussant les épaules.

- Très bien. Tout le monde, tenez vos positions ! Vous autres, approvisionné le navire ! Et plus vite que ça ! Nous allons les retenir mais malheureusement pas des heures ! Alors au galop ! Cri Moka.

D’un air satisfait, je fais rouler mes épaules, j’étire mes jambe, mes bras, une marche en chœur au loin, se rapprochant, faisant petit à petit trembler la terre, de plus en plus fort.

Nous allons passer aux choses sérieuses, cela fait trop longtemps qu’ils nous poursuivent !

- J’en ai marre qu’ils nous reniflent le cul à longueur de journée, cette fois-ci, nous allons gagner du temps.
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La Marine se rapprochait, mais les contingents ennemis étaient encore assez loin pour préparer le terrain pour une embuscade. Les ruines du village où Moka et ses hommes avaient atterri fourmillaient de rochers, de poutres en bois, de pavés, de meubles inutilisables…tant d’éléments à mettre à profit pour dresser barricades et positions fortifiées. Aidés des quelques hommes qui avaient décidé de rester, Moka organisa la défense du site en deux positions éloignées l’une de l’autre d’environ 250 mètres, encadrant l’avenue principale que les soldats de la Marine allaient surement emprunter pour pénétrer les lieux.

- Bon, Daemon, n’oublie pas d’attaquer lorsque je lance le signal lumineux, c’est compris ? dit Moka.

- J’vais essayer de me retenir, mais j’te garantis rien Moka, répondit l’intéressé, de l’autre côté de l’escargophone, avant de rompre la liaison.

Le groupe de Moka, constitué de Vasco, Arhye, et Matt, était retranché derrière un petit monticule protégé par un amas de ruines doté de quelques espaces agissant en meurtrières. Chacun d’entre eux avait un fusil, et tous pointaient l’entrée du village faisant face aux terres. Arhye n’était pas à l’aise avec les armes à feu, et cela se voyait à la manière dont il tripatouillait son fusil, revérifiait les mécanismes les uns après les autres…

- Vasco a déjà vérifié ton arme Arhye, tu n’as plus qu’à viser, et tirer lorsque je te le demanderai, souffla Moka, le regard braqué sur le bataillon qui grossissait à vue d’œil à l’horizon.

- Très bien, et quand les soldats seront à portée, on tire dans le tas c’est ça ?

- Notre cible est le Commodore : tuer le chef apparaît souvent comme le meilleur moyen pour désorganiser une armée et lui faire perdre l’avantage du nombre.


Ils attendirent de longues minutes qui semblèrent durer une éternité, avant que l’avant-garde du cortège militaire ne se présente, quelques éclaireurs inspectant mollement la zone sans remarquer les embusqués, les dépassant bientôt pour arriver sur la grande place, dans leur dos.

- On a des types dans notre dos, il ne faudra pas s’louper boss, dit Vasco, de la sueur perlant sur son front, tandis qu’il jetait un regard en arrière.

- Je sais, reste en position.

Après avoir fait feu, il faudrait régler le compte des éclaireurs occupant la place : tout se comptait en mortelles secondes et, comme lorsqu’ils avaient éliminé les Grante lors de cette inoubliable cérémonie de mariage à Manshon, chacun devait connaître son rôle, et y pourvoir au bon moment.

- Le voilà…


En tête du bataillon, tout vêtu de noir, les épaulettes d’or rutilant à la lumière du soleil, le Commodore Miltiades fit son entrée sur scène. Ses cheveux, impeccablement coiffés en arrière, la fraise blanche qui rehaussait son uniforme noir, ainsi que l’épée à garde d’or qui battait son flanc gauche trahissait une possible origine aristocratique. Miltiades se tourna vers l’un de ses hommes, pointa une bâtisse située derrière Moka et son groupe, puis un petit détachement se dirigea vers celle-ci, fusils en main.

- Il faut tirer maintenant, je lance le signal à Daemon.

Moka tira de sa poche un morceau de miroir brisé et, l’orientant vers le soleil, envoya le signal lumineux à l’attention de Daemon. Le Commodore sembla remarquer le signal puisqu’il tira son épée, s’élança en direction de la cachette de Moka…

PAN !

La tête du Commodore venait d’exploser en mille morceaux, et son corps foula le sol poussiéreux, à la stupéfaction générale. D’autres coups de feu retentirent et plusieurs soldats s’écroulèrent à leur tour. Moka se retourna brusquement, tout comme ses compagnons, leurs armes pointées en direction des éclaireurs de la place.

- FEU ! s’écria-t-il.

Ses camarades firent brûler la poudre et de nouveaux corps jonchèrent les pavés, mais le combat ne faisait que commencer. Moka tira son épée et, se levant, vit Daemon qui fonçait déjà à toute allure sur les soldats paniqués tentant vainement de réorganiser leurs rangs pour riposter. Le corps du Commodore fut alors pris de convulsions et, au moment où Daemon allait abattre sa lame sur un matelot apeuré, le cadavre sans tête de l’officier dégaina et para le coup.

- Satanés pirates, vous pensiez vraiment me tuer avec une tactique aussi minable ? Mourez, clama le visage du Commodore qui se reformait sur le cou meurtri.

- Un logia hein ? ricana Daemon, un sourire fou se dessinant sur sa face usée par la vie de forban.

Un logia, le genre de fruits qui pouvaient rendre un homme immortel…Une lutte sans espoir pensait Moka, alors qu’il s’élançait dans la mêlée.
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- I-il a parlé... Il a parlé là ?!
- Contente-toi de tirer ! Daemon va le retenir...
- Mais il n'a plus de tête ! Du moins pas toute !
- Notre connard de cyclope non plus. Au moins ils sont à égalité...


  Enfin c'était ce que j'espérais. A bien y regarder, je voyais mal comment Daemon pouvait s'en sortir face à un type immortel capable de contrôler la glace. Le mot "suicide" résonnait entre mes oreilles et je crispais la mâchoire en descendant au passage un second soldat à découvert.
   Matt, paniqué, trouva tout de même de l'énergie dans son désespoir et tira sur un autre Marine alors qu'il nous cherchait dans son viseur. Je le congratulai avant de me remettre en position. Et dire que j'allais bientôt fêter mon dix-septième anniversaire... La majorité au Royaume de Luvneel !
   Je ne comptais pas mourir ici.

   Moka venait de se jeter dans la mêlée, derrière Daemon qui se battait en duel avec le commodore. Les deux hommes semblaient faire jeu égal : chacun usait de bottes et de parades complexes pour essayer de déstabiliser son adversaire, mais l'expérience de chacun jouait en ligne de compte et toutes les tentatives échouaient, les unes après les autres. Au final, leurs sabres s'entrechoquaient sans que personne ne puisse dire qui dominait et qui suivait le rythme.
   Le prince, lui, participait à cette danse macabre à sa manière : rapide, agile, ses jambes touchaient à peine le sol, ses gestes précis et dénués de superflu s'enchaînaient de manière fluide et son épée ne laissait sur son passage que quelques trainées sanglantes alors que ses adversaires s'écroulaient. Les balles fusaient bien autour de lui, mais il les esquivait de justesse et, au vu de la situation, les hommes de Miltiades se concentraient davantage sur leur survie face à nos tireurs embusqués plutôt que face à deux bretteurs seuls au milieu de leur formation.

   Nous semblions prendre un net avantage malgré la simplicité de notre plan. Pourtant je ne cessai de m'inquiéter : les soldats se désintéressaient totalement du borgne, et ceux qui n'avaient pas affaire à Moka également. Aucun d'eux n'avaient été gênés par l'absence de tête de leur officier supérieur.
   Ils avaient l'habitude, ils étaient ses hommes, ils connaissaient son pouvoir ainsi que sa manière de faire. En somme ils avaient une confiance aveugle en lui et c'était ce qui allait nous donner du fil à retordre.

- Derrière nous ! Ils reviennent à la charge !

   Vasco reculait au fur et à mesure que les volontaires à ses côtés se faisaient abattre par le groupe d'éclaireurs qui était passé plus tôt. Matt et moi dûmes concentrer nos assauts sur ces ennemis tandis que les pirates côté cyclope continuaient de couvrir le capitaine et le navigateur.
  A la poussière s'ajoutait l'odeur de poudre et au vent le bruit incessant des coups de feu. Le village en ruine était devenu un véritable champ de bataille en l'espace d'à peine deux minutes.
  Après avoir fait ma sixième victime, et avoir raté plusieurs fois ma cible, je me retrouvais à court de munitions. Je n'étais clairement pas fait pour ça... Et dire que je ne m'en sortais pas si mal avec un canon !

  Je demandai à Matt de me couvrir et je descendis rejoindre la mêlée sous ses protestations. J'aurai préféré ne pas en arriver là mais...
  La vie était injuste. Je tâtais ma poche et y sentis le paquet de cigarettes à moitié vide et celle des derniers pansements en ma possession. Je m'en serai bien grillé une avant la fin. Je passai ma main dans mes cheveux avant de soupirer.

- C'est franchement pas cool.

   Un premier Marine arrivait vers moi. Je n'eus qu'à lever la jambe pour qu'il vienne écraser son visage contre ma semelle avant que je ne le repousse sur ses compagnons. Je fonçais dans le tas avant qu'ils ne se remettent en garde : un coup de poing pour le premier, la paume dans l'estomac du deuxième, le genou dans les parties du troisième et un coup de talon pour le quatrième. Les numéro cinq et six arrivèrent alors, l'un avec une épée, l'autre avec un fusil. Je me protégeais de ce dernier en conservant le cinquième dans la ligne de mire.
   Sa lame frôla ma tête et je faillis glisser sur le corps du quatrième au moment où je lui extirpais l'arme des mains. En trois coups, je lui fis mordre la poussière et dû me pencher pour éviter le tir du sixième. La balle termina dans le ventre du troisième, lequel s'était remis de mon attaque sournoise.
   En tournant la tête je me rendis compte que c'en était fini des éclaireurs. Nous pouvions nous concentrer à nouveau sur le groupe du commodore.

   Ce fut à ce moment que Daemon parvint à blesser Miltiades en dégainant sans prévenir son pistolet, caché dans sa veste. L'officier à la peau pâle recula en regardant le trou dans sa poitrine d'un air las. Il fronça les sourcils et je frissonnai en voyant ses yeux noirs nous fixer à tour de rôle.

- Bon, ça suffit comme ça.

  Il leva le bras en l'air. A cet instant, l'air se rafraichit et de la glace commença à apparaître entre ses doigts, tournoyant jusqu'à recouvrir l'entièreté de son avant-bras.
  Il abattit soudainement la main au sol et une vague de glace apparut, telle une onde de choc.

- Putain de m...

  Daemon recula d'un bon et échappa à la marée in extremis. Certains soldats furent pris dans l'attaque et virent leurs pieds coincés dans la banquise qui s'était formée. Moka recula à son tour et des stalagmites émergèrent d'un peu partout.
   Nous regardions la chose sans savoir comment réagir. Le commodore en habit noir écarta les deux bras et aussitôt chaque pointe de givre se détacha du sol et se tournèrent lentement vers chacun de nous. Nous comprîmes au dernier moment. Ou plutôt : nos corps réagirent à la seconde où les mains du Marine se rejoignirent, l'index pointés dans notre direction.

- Tout le monde à l'abri !

  Mais c'était trop tard : le capitaine et le navigateur se couchèrent de justesse pour voir passer le pieu qui leur était destiné continuer leur course. Matt, Vasco et moi-même esquivâmes de peu à la mort... Mais plusieurs des nôtres à être restés se firent emportés et embrochés par l'attaque multi-cible de l'ennemi, lequel affichait un sourire satisfait.
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Je trouve le temps long, couché sur le sol, j’observe le champ de bataille, je regarde la mort frapper l’équipage, les uns après les autres, une grande partie tombent au sol, parmi ces cadavres j’ai fixer le minot, tomber la bouche ensanglantée, une teinte pâle s’installant peu à peu, voyant la lueur dans ses yeux s’éteindre à tout jamais.

Il est mort.

Le seul gars qui m’admirait vient de mourir sous mes yeux.

Le seul « enfant » de l’équipage vient de s’éteindre sous mon nez.

Le seul qui voulait suivre mes traces vient de s’écrouler en me voyant rien faire. A part sauver mon cul.

Je n’ai pas bougé le petit doigt… et maintenant, je les vois, tous autour de moi, allongé sur le sol, le regard vide, les yeux fermés pour certains, pourquoi ? Pourquoi eux ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi je survis encore et encore ? Pourquoi je n’arrive à sauver personne ? Je me crois fort… je ne suis qu’une pauvre et immonde merde. J’ai beau joué les caïds seulement, je visualise les miens mourir, sans bouger le moindre orteils.

Encore la mort qui me rend visite. Pourquoi ne m’as-tu pas prise lorsque que tu as emmené ma famille avec le Buster Call ? Pourquoi t’acharnes-tu sur moi ?! Pourquoi les autres et pas moi ?!

Je sens monter en moi quelques-choses d’enfoui depuis un long moment, mon visage se déforme sous une grimace haineuse, je libère une aura sombre, beaucoup trop sombre, la rage qui est en moi me prends au tripe, j’ai envie de la dégueuler, je vais la dégueuler. J’attrape mon sabre dans ma main droite, je me relève, les soldats croient avoir gagnés, ils pensent pouvoir simplement maîtriser les survivants en demandant de se rendre. Il est trop tard pour ça. Il ne me reste qu’une seule solution pour mon plus grand bien et ceux des autres. Me sacrifier. Ici, maintenant. J'ai bien compris que la vie ne veut pas que j'ai mon bonheur, ma joie d'avoir des gens avec qui partager mon chemin en mer, l'euphorie d'avoir une seconde famille. Contenant la fureur qui est en moi je crache aux autres ce qui sera ma dernière volonté, sûrement.

- Partez. Allez au bateau. Atteignez Rough Tell.

Après ces mots, je déferle tout autour de moi une immense lame d’air circulaire, balayant tous les militaires, se réjouissant trop tôt de leur soit-disant victoire. Penchés sur mes compagnons ils se retrouvent actuellement coupés en deux, propulsé loin en arrière et dans toutes les directions.

N’arrivant plus à contenir ma folie meurtrière, je m’approche de Militiades le pas lourd et haineux, crachant toutes les injures possibles. Mes amis derrière j’entends leur cris de détresse. Je sais qu’ils ne veulent pas que j’y aille.

Mais… je le fais pour vous. Je le fais pour votre survis. Alors, vivez. Vivez. Vivez. VIVEZ POUR MOI !

- MILITIADEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEES ! TU VAS ME LE PAYER ! SALE FILS DE CATIN ! ILS NE T’ONT RIEN FAIT POUR MÉRITER CA !

Pendant ces cris, je prenais de l’élan avec mon autre poing, mon bras gauche et avant-bras gauche est devenu noir, l’officier ne semble pas l’avoir vu et sur le coup moi non plus. Je l’élance accompagné de toute ma force, sur le Commodore qui ne s’en soucis aucunement, aux vues de son invincibilité, même moi je sais que ça ne va rien lui faire.

Dans cette folle tentative désespérée, je me suis laissé guidé aveuglément par ma haine, de sorte que  je me suis jeté sur l’officier à la suite de mon coup pour le plaqué au sol, une fois cela fait, je l’ai mitraillé de coup de poing, plus féroce les uns que les autres, je le sens en-dessous de moi, il arrive à parer certains coups dans la hâte, l’air devient de plus en plus froid, non, c’est le poing avec lequel je le frappe, une couche de glace commence à se former dessus mais rien à foutre, je le ferai. Je protégerai les gars.

Moins je retiens mes coups et plus je pressens les forces de mon adversaire le quitter, entre deux coups je perçois sa belle petite gueule qui est toute ensanglantée, elle commence même à gonfler, elle vire au violet.

J’ai réussis à le toucher… comment ?! Un bruit lointain attire mon intention, j’entends quelque chose fuser. Tout à coup une balle finit par se loger dans mon épaule gauche, cette balle aura eu l’effet de me sortir de ma crise, je me jette en arrière, souffrant à cause de cette balle qui m’a rouvert ma vieille blessure d’une autre bataille. J’étouffe un cri de douleur avant de reprendre mes esprits et de prendre conscience de la tournure des événements. D’autres soldats se ramènent, Militiades est à terre, la glace qui s’est formée sur mon poing qui se craquelle me fait dire que l’autre connard est inconscient. Un miracle comme ça ne se reproduira pas. Il est temps de déguerpir de ce secteur.

J’installe sur les soldats ennemis une énorme chambre noire depuis laquelle ils ne pourront plus nous viser. Arhye et Moka viennent me relever, du coin de l’oeil j’entrevois une lame s’abattre, je bouscule mes comparses en avant, faisant éviter à Arhye une mort certaine et me prenant de plein fouet un violent coup de sabre dans les côtes.

Lui n’est pas immortel.

Malgré mon esprit brouillé par ce qu’il vient de se passer, je lui colle mon pistolet chargé sur la tempe et j’appuie sur la gâchette.

Le soldat tombe raide mort, abandonnant son katana enfoncé dans ma chair.

Déboussolé et n’accusant pas encore le fait d’avoir perdu tant d’hommes, je me réjouis et sautille sur place tel un gamin ayant remporté un caprice auprès de ses parents.

- Je l’ai abattu du premier coup cet enfoiré ! Vous avez vu ça ?!

Un douleur affreuse me prends soudainement à ma plaie béante. Je me plie en deux sous le coup de la douleur. Il faut vraiment qu’on se casse d’ici ! J’en peux plus !
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Ce Daemon n’en faisait décidément qu’à sa tête ! Moka fulminait intérieurement de n’avoir rien pu faire pour l’aider contre cet officier de la Marine fait de glace…mais ces poings, les coups du borgne avaient réussi à mettre hors-jeu Miltiades, sous les yeux ébahis de l’assistance, et les pirates avaient profité de ce chaos pour s’enfuir et distancer leurs ennemis.

- Daemon, espèce de con ! Tu as failli crever, souffla Moka en épaulant son comparse qui titubait maladroitement.

- Qu’est-ce que j’m’en branle ahahah ! Vous avez vu ça les gars ? Ce marine complétement rétamé !

Daemon éclata de rire, avant de cracher une gerbe de sang.

- Faut se dépêcher, ou l’autre va nous crever dans les bras, ricana Vasco.

- Dans mes bras tu veux dire, retournons au bateau pendant que nos ennemis sont encore tétanisés par la défaite de leur chef…

Derrière eux, de nouvelles clameurs indiquaient que les soldats avaient repris leurs esprits et entreprenaient de les rattraper. Au détour d’une petite corniche, le groupe aperçut enfin de bateau, en piteux état, mais les soldats de la Marine les avaient bientôt rattrapé…Daemon ralentissait l’ensemble du groupe.

- Les gars, laissez-moi là, j’vous ralentis et puis, j’ai envie d’leur péter la gueule aux autres cons derrière, dit Daemon, le teint blême.

- Non.

Deux flèches filèrent, frôlant les visages de Daemon et Nikola, pour aller se ficher sur les torses des deux soldats qui se trouvaient en tête du cortège de leurs poursuivants. Nikolas et Arhye retournèrent sur leur pas, dépassèrent Moka et, tandis que l’archer faisait pleuvoir une pluie de flèches sur les téméraires voulant les atteindre, Arhye, qui affichait une expression un peu trop mature pour son âge, lança un regard en arrière.

- Nikolas et moi allons les retenir, filez au bateau.


- Notre bateau est dans un état pitoyable, nous ne pouvons pas repartir…D’autant plus que le log pose n’est pas encore rechargé…

Moka le savait, ils étaient désormais obligés de rester ici, sur une île quadrillée par des troupes hostiles…dirigées par un officier qui, s’il reprenait connaissance, voudrait tous les voir pendus.

- Fermez-la ! J’ai un plan ! s’écria Daemon, avant qu’une nouvelle quinte de toux sanglante le fasse tituber.

Daemon cracha une autre gerbe de sang puis empoigna une bouteille d’alcool par-dessous son manteau. Il s’en envoya une lampée, avant de repousser Moka qui l’aidait à tenir debout. Sa faiblesse le poussant à recourir à nouveau à l’aide de Moka, il poussa un juron étouffé avant de regarder son capitaine. Ce regard, fou et fourbe, Moka le connaissait désormais, et il comprit.

- Bon…Arhye et Nikolas, vous nous rejoindrez après….mais faut que je file au bateau avec Moka.

- Daemon, tu as un plan, et il va faire mal, pas vrai ? questionna Moka, un sourire naissant aux lèvres.

- Ouep, mais faut pas perdre de temps Cap'tain, aidez-moi à foutre le camp d’ici !

Moka, assisté de Vasco, emmenèrent Daemon au loin, tandis que derrière eux, le combat faisait rage. Une fois arrivés au bateau, Daemon, appuyé contre la rambarde, une bouteille de rhum à la main, riait aux éclats alors que le pont était en ébullition.

- Allez bande de cloportes ! Évacuez-moi les canons et les ressources de première nécessité !

- Tu es sûr que c’est une bonne idée ? Je veux dire, un piège aussi grossier…

- Crois-moi Moka, ces cons viendront fouiner dans notre bateau en espérant nous trouver…Et là…BOOM ! Ahahahahahargh !

Moka héla Léonardo et l’enjoignit de soigner Daemon : il avait un équipage à commander, et un navire à évacuer. L’escargophone en main, il appela Nikolas :

- Nous quittons le navire, tenez encore un peu les gars.

Il pouvait entendre toute la violence des combats à travers la coquille…Aucune voix ne répondait.
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"Arhye... Qu'est-ce qui va pas chez toi ? Tu veux mourir ma parole ?!"

   Outre le fait que je me parlais à moi-même, cette simple pensée suffit à me maintenir debout, faussement prêt à en assumer les conséquences. La vérité étant que je souhaitais m'enfuir en courant et me cacher dans un coin en pleurant comme une fillette. Sans honte.
   Je devais vraiment aimer les problèmes pour m'en créer plus que nécessaire... Tout ça parce que j'avais suivi Matt, puis Daemon, puis Moka et toute cette bande de débiles. Et le pire : j'étais censé être l'immature de la bande.

   En attendant, Nikolas ne faisait pas dans la demie-mesure : chacune de ses flèches atteignaient leur cible et, si elles ne tuaient pas toujours, blessaient suffisamment l'ennemi pour le neutraliser. Moi, je ne pouvais rien faire d'autre qu'esquiver les tirs en me mettant à l'abri et en courant un peu partout, entrant consciemment au centre d'un cercle de soldats pour les obliger à m'attaquer au corps à corps.
    Prévisibles, deux Marines foncèrent sur moi, dans mon dos. Je les repoussais d'un coup de pied rotatif et me penchais pour esquiver l'attaque d'un troisième ennemi. Déséquilibré, il me suffit de lui choper le bras et de le faire passer par dessus-moi pour l'envoyer tomber sur ses compagnons.

   Je serai bien rester plus longtemps mais le reste du groupe forma une ligne, épées tirées, et chargea dans ma direction comme un seul homme. Derrière eux, des fusiliers attendaient leur moment. Leur organisation me prit de court et je préférai fuir en sens inverse, agrippant Nikolas au passage.

- Hé ! Je suis occupé là !
- Crois-moi, ça attendra !


    Quelques coups de feu finirent de convaincre l'archer et nous prîmes nos jambes à nos cous. Nous étions légèrement plus rapides qu'eux, aussi nous contentions-nous d'une course modérée, histoire de conserver nos forces.
   Nous quittions la zone du village et longions le cours d'eau qui menait à la mer et à notre navire. L'aspect chaotique du sol nous ralentissait, mais il gênait également nos poursuivants.

- Daemon a dit qu'il avait un plan.
- Ouais... Le simple fait de le savoir me fait imaginer le pire.
- Tu l'as dit ! Mais du coup : est-ce vraiment une bonne idée d'aller au bateau ? Nous les avons retenu à peine deux minutes, tout au plus. Et puis...
- ... Le bateau ne pourra pas repartir de toute façon donc... Oh ! Je crois que j'ai compris !
- T'as compris quoi ?
- J'ai traîné avec ce borgne suffisamment longtemps pour savoir ce qui lui passe par la tête. Il n'est pas si dur à cerner qu'il y parait.
- Ou alors t'as juste le même genre de pète au casque que lui.
- Pardon ?
- Rien.
- Il ne faut pas que nous allions au bateau... Mais nous pouvons les y attirer. Mieux : nous allons les obliger à monter à bord !
- ... J'en étais sûr, t'es aussi dingue que lui.


   Une balle pénétra dans un rocher à côté de moi et nous ramena à la réalité de notre situation : l'ennemi n'avait pas abandonné et nous étions de plus en plus à découvert. Nous apercevions plus loin le bateau et le reste de l'équipage monter à bord. Nous devions gagner plus de temps pour eux et, si mon intuition était exact, obliger les soldats à regarder ailleurs le temps nécessaire pour qu'ils le quittent sans craindre d'être vus.
   Je demandai à Nikolas de s'écarter et de trouver un abri à l'écart du bord de l'eau pour aligner la Marine avec ses flèches restantes...
   Mais combien en avait-il au juste ?

   Un autre projectile m'obligea à me pencher et à sauter derrière un reste de caissons noircis. Mais le plomb perforait sans mal le bois devenu fragile et je me retrouvai rapidement à plat ventre derrière un gruyère. L'aveugle, dirigé par la provenance des coups de feu, décima les tireurs et attira l'attention de la plupart des adversaires.
   J'en profitai pour quitter mon abri et foncer sur l'adversaire aussi vite que possible. Deux ailes de corbeau suffirent à mettre une paire de troufions au sol tandis que le reste des militaires se retournaient vers moi. L'un d'eux n'eut pas la chance de répliquer : mon pied arriva si vite dans sa mâchoire qu'il fut soulevé de terre par l'impact. Suite à cela, il me fallut esquiver quelques lames précipitées, laissant au passage un peu de tissu... Matt allait me tuer : la chemise que je portais était un cadeau de sa part, pour remplacer celle que j'avais mise en lambeau au précédent conflit sur Manshon.

   Notre duo tenait tant bien que mal et je dus reculer à nouveau pour ne pas me retrouver submerger. Je jetai un coup d’œil rapide vers le navire pour distinguer les silhouettes de l'équipage partirent en toute hâte. C'était le signal.
   Et le vent souffla, apportant avec lui une vague de fraîcheur aussi forte qu'inattendue.

   Parcouru d'un frisson, je me tournai vers la provenance du courant d'air et pâlis : le commodore Miltiades était là, debout au milieu de ses hommes, la moitié de son corps fait de glace. Et il n'avait pas l'air content du tout.

- Je vais vous glacer le sang. Vous pétrifier. Vous détruire.

   Du sang séché traînait encore au coin de sa lèvre. Je ne savais pas vraiment pourquoi mais l'attaque précédente de Daemon avait réussi à le toucher malgré son invincibilité. Si seulement il était encore capable de se battre... S'il pouvait réaliser cette exploit une seconde fois, nous aurions une chance de nous en sortir.
   Mais pour l'instant, nous n'avions pas d'autres choix que de fuir.
   Je hélai Nikolas et mis une gifle à un sous officier à côté de moi. Blessé dans son ego, il hurla à ses quelques hommes valides de nous courir après malgré les protestations de Miltiades, étouffées par le cri des Marines, bien décidés à nous en faire baver.

   Une chance que cela ait fonctionné : le commodore n'allait pas se risquer à utiliser ses pouvoirs si ses alliés se trouvaient sur le passage. Et le temps qu'il se décide à se changer en homme de glace pour nous rattraper, nous étions déjà devant le bateau. Celui-ci commençait à s'écarter du bord : les amarres avaient été retirées.

- Vous ne fuirez pas !

   Une lance gelée me griffa le bras et vint se ficher dans la planche menant au pont, déséquilibrée par l'écart toujours plus important du navire.
    Grimaçant, je parvins à mettre pied au plancher avant que la planche ne coule, laissant derrière nous des soldats coincés au bord. Mais ce n'était pas fini pour autant et je le savais : j'entraînais Nikolas avec moi jusqu'à atteindre l'autre extrémité de notre navire.

- J'espère que tu te débrouilles en apnée, parce que là c'est le moment.
- Oh bordel... Puisqu'il le faut.
- C'est parti !


   Nous sautions au moment où le bâtiment se figea, retenu sur toute sa largeur par un immense crochet de givre. De là où nous étions, personne ne pouvait nous voir. Du moins pour l'instant.
   Le commodore fit monter ses hommes à bord en créant un escalier avec son pouvoir. Bientôt presque l'ensemble des troupes ennemies posèrent pied sur le pont. Nous nagions sous l'eau, brassant aussi vite que possible pour nous éloigner d'eux. Ils nous cherchaient sans aucun doute. Je crus voir l'un des soldats regarder dans notre direction et faire signe à ses camarades. Puis un type pâle approcha le bras et un trait de gel frappa la mer.
   Ce qui suivit fut insensé : la surface se changeait en banquise !

   Cela continuait sur plusieurs mètres encore. Mais ce n'était pas le principal problème. Le pire venait ensuite, car la glace commençait à prendre forme en dessus, se répandant tel un nuage sous l'eau. Si ça continuait ainsi, même en nageant de toutes nos forces, nous allions finir coincés...
   Je paniquais, mon cœur battait de plus en plus vite et je sentais mon heure arriver tandis que l'air commençait à me manquer...

   Puis il s'arrêta. L'iceberg en formation cessa sa progression. Pourquoi ? Je n'eus pas le temps de me poser la question. Tout ce que je voulais, c'était de l'air. De l'air. De l'air...
   Je refis surface quelques mètres plus loin et inspira autant que possible, à m'en brûler les poumons. Je toussai, je crachai. Nikolas, qui suivait mon sillage, en fit de même. Son premier réflexe fut de vouloir me frapper, mais les forces lui manquèrent. Le sentiment de danger l'avait gagné lui aussi et avaient dû l'épuiser autant que moi.
   Je tournai la tête vers le rebord et vis plus loin Moka et les autres, cachés derrière un pan de colline-cactus. Nous les rejoignions tant bien que mal.

- Heureux de vous revoir.
- Je... Je ne comprend pas... Ah... Il a arrêté son attaque.
- Oh... Vu les cris, je pense qu'ils les ont trouvé.


   Effectivement, en y faisant attention, je pouvais entendre les soldats au loin. Mais cela soulevait une autre question :

- Qu'est-ce qu'ils ont trouvé ?
- Ceux qui se sont portés volontaires pour rester à bord.


   Daemon, toujours en piteux état, soutenu par Matt et Léonard, nous regardait d'un air peiné. Le médecin avait eu le temps de lui trouver des bandages qu'il lui appliquait en toute hâte.

- Des... Volontaires ?
- Ça ne pouvait pas être fait à distance. Et nous ne savions pas si vous finiriez par comprendre le plan, ni quand... C'était la seule solution.
- Je m'en doutais... Merde.
- Préparez-vous pour le feu d'artifice. Ensuite on se barre.
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Encore une fois, je perds un navire, encore une fois, j’observe au loin des compagnons qui vont mourir… mais cette fois-ci de ma propre main. Pourtant j’ai voulu y aller, je voulais me faire péter avec eux, c’était sans compter sur le désaccord du Capitaine soutenu par Léonardo, Vasco et d’autres.

Léonardo et Vasco m’assoient devant les canons, observant le combat entre nos sacrifiés et les navires de la Marine qui l’accostent. Je ressers mon poing sur la torche avec laquelle je m’apprête à allumer la mèche.

Nous avons disposé une petite ligne de cinq canons pour tirer sur notre bateau et ses adversaires pour produire une jolie explosion.

- Observez bien nos braves. Ce sont nos amis. Nos frères d’armes. Sous ma main ils périront. C’était mon plan. J’aurais dû y aller. Les accompagner pour un dernier combat. Dis-je d’un ton neutre, lançant un regard pénétrant dans la direction à Moka avant de retourner mon œil hagard sur le combat lointain.

- Il est temps. Faisons tout péter. Ensuite allons capturer de nos mains un navire, histoire de partir de cette maudite île.

Je finis par allumer la mèche, du canon devant moi, je dirige la flamme vers les autres mèches à droite et à gauche. Les tirs se déclenchent les uns après les autres, chacun avec un léger décalage.

- N’oublions jamais ceux qui ce sont battus à nos côtés et leur sacrifices.


Ne mesurant plus ma force la torche se brise dans ma main, je suis inconsolable. Aujourd’hui est un jour beaucoup trop noir.

- J’aurais même dû y aller seul.

Peinant à me relever, Léonardo et Vasco m’aident une nouvelle fois.

- Ne dis pas ça, je n’aime guère ta façon de te comporter mais vu comment tu es pitoyable à voir tu ne les aurais pas plus retenus que ça.

Une explosion retentit, le souffle de l’explosion disloque notre rafiot et enflammes les navires ennemis, une immense fumée noire monte dans le ciel. Je grimace de douleur et je me retiens de tout casser.

- Ta gueule. Je les aurais retenu. Je les aurais même battu.

Au loin nous voyons les vestiges des navires s’enfoncer peu à peu dans l’océan. Moka se retourne vers moi, un air sérieux, un regard froid.

- Ne m’en veux pas. C’était le mieux à faire. Si nous t’aurions envoyé, nous aurions perdu sans doute notre meilleur élément. Dois-je te rappeler que nous avons qu’un seul navigateur ?! Tu as écumé les mers depuis plus longtemps que nous sous ton propre drapeau sans doute, mais, tu te comportes encore comme un enfant. Commences donc par te protéger toi-même. Si tu meurs, à l’heure actuelle nous ne pourrions pas continuer.


Sous ces belles paroles je repousse Léonardo et Vasco. J’arrive à tenir debout mais même immobile je tangue un coup en avant et en arrière, la colère grimpe doucement. Je bouillonne. J’arbore un sourire forcé, se déformant un peu à cause de la douleur.

- Tch. Tu m’agaces d’avoir raison. Mais le seul bémol c’est que tu ne sais pas ce qui s’est passé dans la chambre noire. Si je ne me prenais pas ce coup, Arhye serait allongé parmi nos compagnons. Puis c’est que… je n’aime pas perdre des hommes.
Un blanc s’installe, Moka pris un air songeur, il échange un rapide regard avec Arhye et soupir. Bon. Allons nous dégoter un navire avant qu’ils reviennent sur l’île pour faire je ne sais quoi. Si on recroise l’autre, je lui foutrais la raclée de sa vie.

A tout cassé, nous n’étions plus qu’une dizaine, à peine. J’ai l’impression une nouvelle fois de repartir à zéro.
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Profitant que la Marine soit occupée à soigner leurs blessés, nous nous dirigions droit vers le port, là où le navire du Commodore s’est accosté afin de nous déplumer.

Il se retrouve gardé par une petite patrouille de soldats, sans doute des bleus auxquelles ils ne voulaient pas faire courir de risques.

En attendant je déambule, telle une momie boiteuse, recouvert de bandages que Léonardo m’a soigneusement placé. Chaque pas, chaque secondes, chaque minutes sont un combat énorme pour ma gueule, je souffre le martyr malgré la dose de morphine que m’a fait engloutir notre médecin.

Si je dois me battre je sais ce qu’il encourt, sans doute mon dernier soupir sur cette terre sans plus de soin. Le piaf me l’a dit tout à l’heure discrètement à l’oreille. Il m’a ordonné de me reposer… pile poile ce qu’il nous faut pas dans cette situation.

J’observe au loin le navire gardé par les quelques péquenauds.

Je perds mon regard sur l’horizon, laissant les autres échafauder un plan pour prendre d’assaut le navire. En réalité, je trouve qu’ils se tracassent trop. En plus de ça, si ils mettent trop de temps le Commodore va être sans doute rapatrié sur son bâtiment, il faut alors agir vite. J’arrive derrière Vasco, ce lâche qui pense qu’à la sécurité de son maître tel un cabot montrant les dents à chaque fois que quelqu’un ose s’approcher de lui, il grogne encore devant la dangerosité du plan élaboré par Arhye, Léonardo et Moka qui montrent enfin qu’ils ont des couilles.

Encore en désaccord, je lui colle une coup de canne dans la tempe, après ça il se jette sur le sol, simulant d’avoir un mal de chien, voulant me faire passer une nouvelle fois pour une petite merde qui n’a pas son mot à dire.

Je lui lance mon regard le plus froid, pensant aux sacrifiés, à tout ce que j’ai vécu jusqu’à maintenant.

- Fermes donc ta gueule sale fiotte. T’es un pirate, t’es pas un gars avec une cuillère en argent dans la bouche à ce que je sache ?! Réfléchis un peu. Si nous ne prenons pas ce navire au plus vite il en est fini de nous et en plus de ça le sacrifice de tout à l’heure n’aura servi à rien et je REFUSE que des frères d’armes crèvent en vain pour nos gueules et que nous les gâchons si inutilement.


Suite à mes paroles il cesse sa simulation, reprends son sérieux et se redresse en me pointant avec son gros doigt boudiné.

- De toute façon vu ton état vieux fou tu n’es pas en mesure de te battre alors qu’est-ce que tu en as à foutre ?! Hein ?! Ce n’est pas toi qui vas aller déloger ces soldats !


Il commence vraiment à me taper sur le système.

Mon regard noir à son égard s’intensifie, sans qu’il ne puisse faire quelque-chose j’attrape son doigt avec ma main et je commence à le lui tordre en direction du bas, histoire qu’il s’agenouille devant moi, son visage démontre la souffrance qu’il subit à cause de ce simple doigt sur lequel mon emprise lui fait plus ou moins mal.

- Ecoutes-moi, ne me prends pas encore une fois au sérieux et je te tue. Depuis trop longtemps je te laisse me piétiner mais là c’est fini. N’oublies pas que j’ai l’expérience comparé à vous tous. Et surtout n’oublies pas ta place de petit toutou auprès de son maî-maître. Maintenant couche couche panier et suis donc les autres. Montre un peu tes couilles, car jusqu’à maintenant j’ai l’impression que le peu que tu as tu les a volé à quelqu’un d’autre.

Après notre petite altercation, personne n’a osé me contredire, ils semblent tous plus ou moins d’accord avec moi. Observant les larmes aux bords de ses yeux j’abandonne mon emprise sur son doigt, je m’assois brusquement, grimaçant de douleur.

- Ecoutez, je ne vous serais pas utile en combat pour l’instant, certes, mais j’ai un plan. Je vais attirer leur attention pendant que vous aller les prendre à revers. Prenez place, ensuite j’irai là-bas pour les déloger.


Enfin, tous décident de ce bouger le fion. Ras la casquette. Dix minutes passent et enfin nous déclenchons le plan, je m’avance devant les soldats attirant leurs foudres sur moi, ils lancent leur assaut, une opportunité trop bonne pour eux de capturer un pirate blessé qui vaut près de 100 millions de berrys. Une énorme promotion qui leur pend au nez là. Manque de bol. Les autres sans attendre leur sont tombés dessus, les soldats ne font pas long feu, le bateau est enfin à nous.

Nous montons sur le navire et partons de l’île le plus discrètement possible, essayant de ne pas se montrer aux autres navires des forces de la Marine.

Quant à moi, Léonardo m’a installé dans la cabine qui servait au Commodore, là il m’a prodigué les soins qu’il faut en trouvant en plus de ça une trousse de secours et du matériel médical dans ce rafiot.

Nous voilà en possession d’un croiseur de la Marine fufufufu.

Encore un joli coup du Borgne et de ses acolytes.

Direction la prochaine île de Grand Line !
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