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Un départ retardé - Présent



Finalement, étant donné les conditions météorologiques, nous reportons notre départ à… je l’ignore. Suelto rage à l’idée de perdre davantage de temps, mais c’est pas comme si nous étions en retard, bien autre contraire. D’ailleurs, pour clairement me signifier son agacement, il n’hésite pas à tirer une balle qui traverse mon crâne, sous les yeux stupéfaits de nos nouveaux camarades. J’imagine que je dois les rassurer un coup.

« - Ne vous inquiétez pas, camarades, c’est notre manière d’exprimer nos sentiments, haha. Puis il sait que les balles ne m’atteignent pas. dis-je en rigolant comme un abruti gêné pour détendre l’atmosphère.
- Ouais, c’est bien dommage que les balles ne t’atteignent pas… Peut-être qu’en exploitant du granit marin, je pourrais créer des balles capables de te tuer. murmure Suelto derrière moi, quittant le navire et provoquer une tension irrespirable à bord du navire.
- Vous savez quoi les potes ? Ce soir on s’remet une race monumentale ! Et quand on sera bien bourré, on ira défier les types à l’arène ! rétorqué-je aussitôt pour rendre cette atmosphère un peu plus viable.
- Buvez, crétins. Cela n’aura pour effet que de vous fatiguer davantage, diminuer vos performances, vous faire tuer dans l’arène et, pour les plus chanceux d’entre vous, se faire massacrer à Shabondy. Tout cela parce que vous aurez préféré boire plutôt que de vous entraîner et vous reposer. conclu-t-il avant de se tirer pour de bon. »

Là, je touche le fond ma peine. Esmeralda le suit probablement pour s’entraîner avec lui, ainsi quelques types. J’ordonne un quartier libre pour tout le monde. Certains s’installent sur les différents navires, d’autres s’en vont vaquer à des occupations diverses et varier, mais je me retrouve finalement seul sur le pont principal du navire. Même Robert, le médecin toujours à bord d’ordinaire, m’informe qu’il s’en va se balader. C’est bien le seul qui a le droit de s’en aller sans prévenir personne après tous les services rendus.

De mon côté, n’ayant plus un sous, j’imagine qu’il est temps de retourner à l’arène pour me faire du fric et ma saouler la gueule tranquillement. Merde. À quel moment suis-je autant tombé amoureux des boissons alcoolisées ? J’ai toujours bu deux-trois coups, mais pas au point de me mettre des mines. Serait-ce le stress des missions ? Cela fait plus d’un an que ma vie n’est faite que de voyages et d’aventures périlleuses. Je ne compte même plus le nombre de potes morts au combat ou le nombre de fois où j’ai failli perdre la vie.

Le pire, c’était à Kanokuni. À cet instant, j’ai réalisé que si je ne devenais pas plus fort rapidement, je pourrais sérieusement y laisser ma peau bêtement. Cet à ce moment là que j’ai rencontré ce qu’il se faisait de mieux du côté du gouvernement, des pirates, de la révolutionnaires et de même des civils que l’on croit blancs comme neige. Tout le monde est dangereux. Et sur Dead End, je vous en parle pas. En soit, survivre sur cette île, c’est un entrainement quotidien pour chacun de mes hommes.

Bref. Il est temps pour moi de me faire des sous.


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« NNNNNOUS AVONS L’HONNEUR D’ACCUEILLIR DE NOUEAU NOTRE NOUVEAU CHAMPION ! JJJJJJJJ’APPELLE RAGNAR ETZMURT LE RÉVOLUTIONNAIRE ! hurle speaker sur son micro. »

La foule, comme la dernière fois est en extase. Les types sont complètement cinglés ici. Certains se foutent sur la gueule, d’autres sautent à moitié à poils, et d’autres encore hurlent sans raison comme des abrutis. En prenant réellement le temps d’observer les lieux, je réalise que je suis dans une cage remplis d’animaux. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai le sentiment d’être le plus civilisé. C’est pour vous dire le genre d’endroit dans lequel je me trouve.

D’aussi loin que je me souvienne, la dernière où j’ai eu écho d’autant de bruit, c’était sur le champ de bataille de Kanokuni. Là où révolutionnaires, marines et mercenaires s’affrontèrent ardemment dans le but d’empêcher l’autre de réaliser ses desseins. Ce fut intense et extrêmement sanglant. C’est effrayant le champ de bataille. Aujourd’hui encore j’en frissonne. Entre ceux qui crient de douleurs, d’autres de rages, accentués par les nombreux tirent et lames qui s’entrechoquent… C’est un enfer sur terre.

« FFFFFFFFACE À LUI ! LE JEUNE ET PRODIGIEUX SERGI FIORTENSIIIIII ! SSSSSON TALENT À L’EPÉE EST TOUT SIMPLEMENT UN BONHEUR POUR NOS YEUX. VA-T-IL ÊTRE CELUI CAPABLE DE METTRE FIN AU RÈGNE DE NOTRE CHAMPION ? RAGNAR L’ENCRIER VA-T-IL CONSERVER SON TITRE ? RÉPONSE DANS QUELQUES INSTANTS !!! »

Pardon ? L’encrier ? Je lance un regard massacrant en direction du speaker, qui baisse immédiatement la tête lorsqu’il croise celui-ci. Il ne manquait plus que ça pour couronner cette journée : un surnom aussi minable que mon leadership sur ma nouvelle flotte. Minable. Je suis de toute manière ici pour m’aérer l’esprit, alors commençons rapidement ces foutus combats. Il est temps pour de briser des os et faire gicler du sang pour le bonheur du public.

Avant d’être révolutionnaire, je suis un affamé de combats. On me reproche souvent de me comportement comme un pirate. Le seule chose qui me différencie d’eux, c’est probablement ma volonté d’abolir l’esclavage. Mes intentions n’étaient pas claires au début, mais depuis qu’elles le sont, la révolution me fait à peu près confiance. J’ai parfois tout de même la nette impression d’avoir une épée Damocles au-dessus de la tête. Du genre, à la moindre connerie, on me tombe dessus.

Du coup, Dead End est visiblement l’endroit où je peux me défouler sans soucis. Mon adversaire du jour est du même style que Suelto. C’est un homme de taille moyenne, assez fin et élégamment bien habillé. Une longue chevelure blonde pas attachée, une chemise blanche, un pantalon noir et des bottes de la même couleur. Je l’avais deviné à la description, mais j’ai bel et bien un épéiste en face de moi, d’où son arme attachée à sa ceinture.

« Sérieusement… Le champion n’est autre qu’un moine bouddhiste ? dit le jeune homme de manière assez hautaine. On ne sait vraiment plus quoi inventer pour appâter la foule. »

Une veine apparaît sur l’une de mes tempes. Mes poings se serrent de manière assez brutale. Moi, un moine bouddhiste ? Ouais, j’en ai rencontré sur Kanokuni, je les ai même fréquenté. Et alors ? On juge un adversaire à sa tenue vestimentaire ? Je me plais bien dans ces kimonos. Ils sont amples, souples, solides et jolis. Alors quel est le problème ? Sous prétexte qu’il s’habille tendance, je suis moche et nul.

« Ramène-toi, cow-boy. Le moine bouddhiste va gentiment t’apprendre les bonnes manières. rétorqué-je en affichant un grand sourire supérieur. »

Je lui fais simplement signe d’approcher de la main.


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Comme convenu, l’élégant jeune homme s’approche de moi. Ce dernier disparaît soudainement de mon champ de vision. Quelle étonnante capacité. Serait-ce là une téléportation ? Avec le haki, je ne perçois que partiellement ce dernier. Il réapparait subitement sur mon flanc droit où son épée est déjà armée pour m’envoyer un coup horizontal. Je dégaine aussitôt ma lame pour parer son attaque avec force. Mais la force produite par mon adversaire est telle que je recule légèrement à l’impact de nos deux armes blanches.

Ah !

Ça me revient. C’est l’une des techniques du rokushiki : le soru. J’ai rencontré un officier de la marine, sur Kage Berg, qui utilisait ces foutues techniques qui ont bien faillies me tuer. Quand je disais que j’ai de bien nombreuses risqué d’y laisser ma peau, c’est pas des salades. Le niveau de ce type est légèrement plus élevé que mon défunt adversaire, mais je suis légèrement plus fort également. Ce combat risque d’être plus intéressant que je ne l’imaginais.

Du coup, il a dû s’apercevoir que j’étais quelque peu en difficulté face à ses techniques de déplacements. Il recommence à nouveau. Par flemme, ou probablement par sensation de supériorité, je ne daigne pas me bouger plus que ça. Il réapparait quelque par autour de moi, chargeant son pied sur mon visage. Malheureusement pour ce dernier, son pied passe au travers de mon encre. Il s’arrête aussitôt et me regarde avec du dégoût.

« Révolutionnaire, laid et maudit : un adversaire qui me dégoûte au plus haut point. Tu vas finalement m’épuiser un peu plus que prévu. dit le blondinet, écoeuré, en détournant le regard vers son public. »

Je règlerai cette haine contre la révolution un peu plus tard. Pour l’heure, je souhaite seulement l’épuiser. A priori, en continuant te taper désespérément dans le vent, je ne crains pas grand chose. Alors comme précédent, le type se déplace si vite que je ne peux réellement le percevoir, jusqu’à un certain moment où il décide enfin de m’attaquer. Comme précédemment, je reste statique, sauf que je ressens quelque chose d’assez effrayant. Mes capteurs sensoriels sont en alertes et me poussent à me laisser tomber vers l’arrière.

Sa lame frôle ma joue durant ma chute arrière, celle-ci m’ouvre une légère plaie, laissant une coulée de sang parvenir jusqu’au niveau de mes lèvres. Je me relève élégamment avec une acrobatie arrière, puis je passe un coup de langue au niveau de plaie. Le goût du sang est assez infect. Pour sûr, je ne suis pas un vampire. Plus sérieusement, mes sens ont bien ressenti le danger en cours, sa lame m’a belle et bien touché. Deux choses possibles : sa lame est faite de granit marin ou il maîtrise le haki de l’armement.

J’opte pour le haki de l’armement. En effet, j’aurais senti le granit marin bien avant. Lors de notre premier échange, nous étions suffisamment proche pour que je puisse ressentir ce malaise. J’aimerais ne plus jamais ressentir cette sensation, mais je crains malheureusement ne pas être à l’abri d’un fou furieux plus fort que moi, armé de cette arme maudite qui représente l’une de mes plus grande hantise. Un adversaire à prendre finalement au sérieux.

Connard.

Un combat d’endurance encore une fois ? Mon dernier adversaire maîtrisait également le haki, mais sa vitesse de déplacement n’était pas aussi impressionnante. Moi qui pensais m’économiser, je vais finalement devoir être l’affût et constamment user de mon haki. C’est probablement la même chose pour mon adversaire, en plus de son Soru, uniquement grâce auquel il peut me surprendre. J’aime pas trop ça, mais la réflexion sera probablement ce qui me sauvera au cours de son combat.

En effet, depuis le temps, je pense avoir accumulé pas mal d’expériences.



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Extrêmement vigilants, mon adversaire et moi-même échangeons de nombreux coups d’épée. Sa lame est entièrement recouvert en haki, alors au moindre contact avec mon corps, on sait ce qui peut arriver. Chacun de ses coups sont extrêmement lourds. Divinité, mon meitou, est extraordinaire, tant par sa résistance que la volonté de détruire qu’elle dégage. Oui, « elle », j’ai estimé que c’est une femme aux nombreux caprices qu’elle me fait. Elle ne semble pas être énervée par cela, alors j’estime que c’est réellement une femme.

Bref.

Notre niveau à l’épée est identique. J’imagine qu’il est purement épéiste et qu’il possède de bonnes capacités physiques. Moi, je suis épéiste en tombant par hasard sur ma douce Divinité, j’aime plutôt les combats à mains nues. C’est le moment pour moi de laisser place à mon instinct. Je n’y arrive que lorsque que je suis bourré. La technique de l’homme ivre, c’est ça ? Le cerveau guide le corps ? Pourquoi l’instinct ne guiderait pas mon cerveau qui guidera mon corps ?

Bref.

À trop penser, j’en oublis mon arrogant adversaire, qui s’empresse de m’attaquer à la moindre occasion. J’utilise mon haki au maximum de ses possibilités actuelles. J’entends le public hurler, jusqu’aux murmures de certains concernant l’issue du combat, pas spécialement à mon avantage visiblement. Les salopards, ils tournent déjà leur veste. Apparemment, de l’extérieur, je suis acculé par mon adversaire qui m’oppresse de plus en plus. Intéressant.

Si proche.

Sa vitesse est telle qu’il est maintenant juste en face, prêt à me couper en deux, alors que j’étais concentré sur d’autres détails futiles. Pour lui aussi, c’est l’attaque ultime ? Paraît-il que des combattants, à force de combats, savent tous deux quand l’autre a décidé de tout donner. Full Armement pour l’un, full Empathie pour l’autre. Lequel des deux hakis sera le plus efficace ? Nous le verrons après cet affrontement.

Mon haki est à son paroxysme. Je crois qu’inconsciemment, j’ai même trié les informations qui me sont inutiles. Le public, les bruits de couloirs, les insectes, les cris en-dehors de l’arène… Tout cela m’est inutile. Je suis essentiellement focalisé sur ce blond de merde. Il a complètement disparu de mon champ de vision plus quelques instants. Je ne le sens qu’à travers ses quelques ralentissements pour reprendre ses appuis, sa respiration, les frottements avec l’air…

Mais le moment arrive où…

Où il réapparait face à moi, sa lame tendue à quelques millimètres de mon torse. De l’extérieur, on pourrait croire que c’est la fin. J’y ai cru le temps d’un instant quand il a réapparu. Encore une fois, c’est la solidité de Divinité qui, in extremis, pare parfaitement la charge renforcée en haki de Sergi. Mais ce renard ne s’arrête pas là, c’est son poing libre qui arrive à hauteur de mon visage, lui aussi chargé en haki.

Merde.

Qui suis-je ? Bordel. Ragnar Eztmurt, As de la révolution depuis peu, c’est comme ça que je dois finir ? Moi ? Par ce foutu minable qui me prend pour un moine bouddhiste ? Merde… Merde. Merde ! Son poing de merde, là, tout de suite, je vais m’en défaire comme s’il ne représentait rien. Ce n’est pas à ma hauteur. Comment pourrais-je prétendre sauver Maria si je ne suis pas capable de battre un vulgaire rigolo qui se déplace pas trop mal.

Je dépasse mes limites. Les mouvements de son attaque se décomposent de manière un peu plus fluide. Un espace s’ouvre au milieu de sa tête, avant que le poing n’y parvienne, lui faisant une belle haie d’honneur. Le poing s’engouffre dans cet intervalle. C’est alors que mon corps s’abaisse, que ma tête se reconstitue et, avec un bon élan et mon fameux meitou transformé un gros marteau d’encre solidifié, que je balance toutes mes forces dans la rotation de mon buste et dans la frappe.

Un énorme bruit résonne jusque dans les gradins au moment de l’impact. J’ai comme l’impression de frapper un mur. Je n’ai pas l’impression que ce soit du haki, mais probablement du Tekkai comme l’officier que j’ai rencontré. Il n’est pas encore capable de déployer du haki sur tout son corps, ou alors il est tout simplement à sec. C’est ma chance. Le Tekkai empêche son utilisateur de bouger. Alors même s’il ne ressent pas la douleur, je frapperai jusqu’à ce que ce mur cède.

Le coup le projette, mais à l’aide de mon second, qui devient un filet d’encre, je l’attrape à la cheville pour le ramener vers moi et balancer un nouveau coup, cette fois-ci dirigé vers le sol. Un cratère se forme par l’intensité du coup. Mais ça ne s’arrête pas là. J’enchaîne de nombreux coups de cette manière. C’est violent. C’est peut-être même trop brutal pour ce public pourtant habitué, mais ça m’est bien égal. Tant que son armure n’aura pas cédée, je continuerais de frapper. Alors je frappe encore et toujours.

Oh ?

À un moment, j’aperçois du sang sortir de la bouche de mon adversaire, les yeux fermés et probablement inconscient. Je fous un dernier coup pour être certain, pour le malheur du public qui ne semble pas totalement approuver cela. Enfin pas tous, une partie semble totalement m’aimer. Je suis complètement bousillé. Trop vieux pour ce genre de conneries. Je me tiens le dos d’une main, récupère Divinité de l’autre, en écoutant à peu près ce que raconte le speaker.

« EEEEEEET NOTRE GRAND CHAMPION EST TOUJOURS CHAMPIIIIION !!! »

Merci. J’imagine que personne ne l’avait deviné celle-là. Sans prendre la peine d’écouter la suite, je saisis la bourse qu’il tient dans sa main, un gros doigt d’honneur au publique qui me hue et m’applaudit en même temps, puis je me tire de ce bourbier. J’erre lamentablement dans ces ruelles étroites de Dead End où des bagarres, des vols et viols ont lieux. Pour le dernier cas, j’écrase violemment les types contre les murs, à l’aide de grosses mains d’encre. Le reste, j’estime que c’est un choix de vie en venant ici.

Allez, vite, un bar.

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Je suis complètement épuisé après ce combat de haute volée. Rencontrer quelqu’un avec des aptitudes pareilles, c’était pas du tout prévu au programme. Et maintenant, voilà que je m’agrippe contre les murs de ces ruelles, pour avancer désespérément vers une source de breuvage. Je repasse devant des types que j’ai dégommé il y a quelques temps… Je comprends alors que je tourne en rond depuis un bout de temps.

Cessant le pas, je m’arrête quelques instants. Avancer tête baissée, sans savoir où je vais, c’est… C’est toute ma vie. Avancer sans but, sans fondement, seulement sur des coups de tête. Au début, on me donnait des ordres et j’obéissais simplement, c’était excitant. Maintenant, j’ai mes hommes, des vies entre mes mains, des objectifs à déterminer et à atteindre. Heureusement pour moi que Suelto est là pour m’épauler. Je n’ai toujours été qu’un sous-fifres, que ce soit à la marine ou à la révolution.

Quel genre de meneur dois-je être ? J’en ai marre d’avoir ce genre de réflexions quand je suis au bout de ma vie. Ces tourmentes n’arrivent jamais au bon moment et baissent ma vigilance. Pour preuve, sans que je le remarque, une pulsion meurtrière arrive si vite que je n’ai pas le temps de réagir à temps. Je sens seulement le coup m’arriver et impacter violemment ma joue, me projetant quelques mètres au loin.

« Eh oui, gros con. Détenir un logia ne te rend pas invincible. », pensé-je au fond de moi en imaginant Suelto me faire la morale. En levant la tête, je reconnais le visage de mon agresseur. Il s’agit sans nul doute de mon adversaire du jour, l’élégant blondinet au terrifiant haki. Je ressens son envie de me tuer, se froid glacial qui parcourt tout son corps… Je crois comprendre ce dont il s’agit. S’attaquer à moi et pas à quelqu’un d’autre, c'est pas un hasard.

- Ragnar Etzmurt ? demande-t-il.
- Lui-même, Sergi.
- Ah, ça ? Ce n’est pas mon vrai nom.
- Allez, finissons-en. »

Bon, je fais le fier mais je suis dans la merde. Enfin, nous venons de nous foutre sur la gueule, je m’en sors logiquement mieux que lui, alors j’imagine qu’il est aussi dans un sale état. Quoique son coup de poing m’a bien sonné. Ce type, c’est un agent du gouvernement. La marine n’est pas la bienvenue ici, alors les agents du gouvernement, qui passent inaperçus, tentent la pêche aux gros poissons. J’imagine que je suis un gros poisson ?

Ce petit con enchaîne assez rapidement, et le pire scénario se produit, je suis incapable de bouger. Ses mouvements sont très lisibles pour moi, mais mon corps ne réagit pas. Serait-ce dû au coup reçu précédemment ? Des coups, je m’en prends à la pelle là. Mes bras placés devant mon visage en guise de protection, je les sens se fendre à la force des poings de l’ennemi. Quelle impuissance ! Acculé à ce point, je sens la mort arriver plus vite que prévu.

Ça fait mal.

Je sens. J’entends les os de mes avants-bras se craqueler à chaque coup. C’est abominable. Ma défense a totalement explosé. Premier coup dans la tronche, mon nez se casse. Cela fait des mois que je n’ai pas ressenti de telles douleurs. Se sentir invincible c'est cool, sauf quand on ne l’est plus. Le retour à la réalité est trop violent. Le second coup, c’est comme si un marteau m’écrasait la pommette. Là encore, je sens comme des craquements.

Malgré ça, toujours aucun mouvement de ma part. Ma vue se trouble à chaque seconde, jusqu’à littéralement s’obscurcir. Je ne sens même plus la douleur, seulement mon visage virevolter de gauche à droite. C’est donc ainsi que s’achève mon aventure ? J’ai été bien trop ambitieux. Je me suis pris pour plus fort que je ne le suis réellement. J’ai promis des choses à ces hommes et femmes, des choses auxquelles j’étais sensé les mener… Il n’en sera rien.

Maria… Ou que tu sois, pardonne-moi.

Je sens mon inanimé bouger et être plaqué contre un support. Qu’importe ? Mes pensées vont vers Suelto qui, à cause de ma faiblesse et ma bêtise, devra soit continuer seul avec les types, soit devoir se séparer de tous. Il va tellement me haïr. J’aimerais tellement pouvoir bouger ne serait-ce qu’un doigt. Ce même Suelto que j’ai dû ramasser à la petite cuillère au départ de Jaya, à cause de la disparition de Maria, encore une erreur de ma part… Je lui ai promis de la récupérer.

« Maria… Maria… dis-je inconscient. »

L’agent du gouvernement, saisissant le corps inerte de sa proie, le regarde avec un regard amusé.

« C’est donc ça, les dernières paroles d’un mort ? »

Un mort ? Suis-je mort ? Et pourtant, je revois ces deux silhouettes approcher de moi, comme sur Little Garden, sauf que j’étais persuadé qu’il s’agissait de mon haki de l’empathie. Les deux silhouettes s’approchent, mais je ne les reconnais absolument. Les deux semblent me tendre leur main, que je saisis sans réellement le décider, puis une voix féminine - appartenant probablement à l’une des deux silhouettes - me dit tout doucement : « Relève-toi, mon fils. Une destinée semée d’embuches t’attend, mais à la fin tu seras à la fin couronné de satisfaction. »

En ouvrant subitement mes yeux, j’aperçois un poing noir s’approcher dangereusement de mon visage. Si ce coup parvient à m’atteindre, il en sera fini de ma personne. Je ne comprends pas trop ce qu’il s’est passé pour être honnête. La seule chose dont je suis certain, c’est que mourir n’est actuellement pas possible. J’ai trop d’engagements à tenir. Alors dans mes derniers retranchements, d’un excès de rage et de volonté de survivre, je lève mon bras pour parer l’attaque de mon adversaire. Allez savoir pourquoi, j’imagine férocement que mon bras est un double de mon meitou, Divinité. Son poing approche, le approche aussi vite, le moment du choc est imminent.

Un impact sonore assez assourdissant.

Serait-ce le bruit de mes os ? En regardant de plus, son poing s’est bel et bien bloqué dans la paume de ma… main ? Pourquoi a-t-elle cette couleur ? Mon sang serait devenu noir ? Quel sombre idiot je fais. En tout cas, le blondinet me regarde avec de gros yeux, preuve que c’est quelque chose de peu ordinaire et de pas prévu. À en juger par la couleur de ma main, la résistance de celle-ci, et le regard de mon nouvel ennemi, j’en déduis qu’un miracle s’est produit ce jour.

« - Je suis sensé assassiner un minable et j’en ai fais un monstre… s’insurge l’agent.
- Tu pensais m’avoir aussi facilement après avoir perdu ? Haha. rétorqué-je en me laissant tomber sur les fesses, à bout de force. Ta vitesse et ta force ont bien diminué également.
- Il me reste suffisamment de force pour t’achever. Adieu. »

Là, je suis mal. Il arme un coup de pied que je ne tiens pas spécialement à encaisser, mais bon. J’ai pu gagner quelques instants de vie supplémentaires. Son pied à quelques centimètres de mon visage, c’est la fin. La situation alors complètement désespérée, une balle vient perforer le genou d’attaque de l’assassin qui, dans un dernier effort, prend la fuite. J’aperçois cette silhouette aux cheveux rougeâtre que je reconnaitrais n’importe où, avant de définitivement m’écrouler.


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À force beuverie, la perception du temps est quelque peu détournée chez certain, mais Robert, médecin du navire, affirme que trois jours se sont écoulés.

« - Eh bien, jeune Ragnar, on peut dire que tu l’as échappé bel. dit le vieux en buvant sa tisane.
- Ça fait combien de temps… que je dors ?
- Trois jours. Suelto m’a affirmé que nous avions encore le temps. C’est lui qui t’a ramené ici, sans quoi tu serais probablement mort.
- Ouais, je lui en dois une belle sur ce coup.
- C’est marrant qu’il soit le seul à t’avoir trouvé… un lien vous unit, qui sait ? l’air pensif.
- Ce type voulait vraisemblablement ramener ma tête au gouvernement. Avons-nous perdu des hommes ?
- Difficile à dire vu le nombre et la pagaille sur cette grotte… D’après Suelto, qui a demandé à chaque capitaine de groupe de compter leurs hommes, aucune perte à déplorer. Tu es le seul que j’ai eu à soigner.
- Si quelqu’un souhaite la mort de notre capitaine, tout ne va pas bien. D’autant plus que ce type n’a pas été retrouvé depuis et qu’il t’a sacrément bien amoché.
- N’importe quoi. Je l’ai dégommé à l’arène et il m’a pris par surprise ensuite. vexé, détournant le regard.
- Les faits sont là, Ragnar. Tu ne peux plus te montrer au grand jour comme cela. Tu as un rang important dans la révolution, le gouvernement te traque à présent. Finie l’époque où tu pouvais sortir faire le zouave.
- La ferme, le vieux. Ce mec là, je vais le traquer et le tuer.
- Humpf. Et as-tu rêvé de ta mère durant ton sommeil ? Tu n’as pas arrêté de l’appeler. qu’il me demande en caressant sa longue barbe.
- J’ai dû prendre un sacré coup dans la tête. »

En y repensant, qui étaient-ce ces deux silhouettes ? L’une m’a appelée « mon fils ». Un souvenir de celle que je n’ai jamais réellement connu ? Il est vrai que je ne me souviens pas spécialement de ma tendre enfance avant d’avoir atteint l’âge de raison. C’est ce bribe de souvenir qui m’a permis de me réveiller, et, qui, par la suite, m’a injecté une volonté de vivre indestructible. De cette volonté a découlée une insatiable envie d’être plus dur que le haki de mon adversaire.

Ma main n’est plus noirâtre, elle est redevenue telle qu’elle était, si l’on enlève les nombreux hématomes. Était-ce du haki ? Je me retourne de nouveau vers le vieux docteur.

« - Doc’, où s’trouve Suelto ?
- Juste derrière toi, connard. répond le dénommé Suelto, en chair et en os.
- Merc-
- Ta gueule. Que me veux-tu, sombre merde ? T’es prêt à mourir à la moindre occasion et tu oses me demander. J’essaie de retrouver ton agresseur, mais c’est un professionnel.
- Un agent du gouvernement.
- Intéressant.
- Il me retrouvera. Pas la peine de le traquer. S’il sait que tu le cherches, je…
- Tu ne feras rien et lui non plus. Il a une jambe en moins pour le moment. La seule raison pour laquelle je ne l’ai pas poursuivi, c’est parce que la grande merde que tu es convulsait.
- Aurais-tu vu autre chose ?
- Un début de haki. C’est grâce à ta parade que j’ai pu viser aussi précisément le ligament de son genou.
- C’était donc ça…
- Je te conseille de ne pas oublier cette sensation et t’entraîner dès que tu peux. À ce niveau, ton logia ne sert à rien, et tu ne pourras pas esquiver éternellement. Si tu veux que l’on sauve Maria, deviens plus fort pendant ce qu’il nous reste de temps. »

Puis sans écouter ce que j’ai peut-être à dire, il remonte sur le pont principal vaquer à ses occupations. À son tour, Robert me salue et remonte à la surface. Me voici seul avec moi-même. L’heure est à la reconstruction physique et psychologique, refaire le point sur tout ce qu’il s’est passé, tout ce que j’ai pu penser… Et surtout, le déclenchement de ce foutu haki. Ce bougre de Suelto a raison, j’en ai impérativement besoin.

Mes souvenirs d’enfance attendront. Je dois devenir plus fort, éliminer cette menace qui rode autour de moi et sauver Maria.


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