Le Deal du moment : -14%
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 ...
Voir le deal
799 €

Sur le chemin du retour

Le capitaine renifla bruyamment. Il en avait vu des tonnes, durant sa longue vie de marin. Les types louches, ça le connaît. Aussi ne fut-il pas surpris quand lui et son navire croisèrent, par un parfait hasard, un bateau bien plus honnête et qui ressemblait à une épave vu de loin. Et ce n’était finalement pas bien mieux de près. Au bord de ce rafiot, ses hommes étaient tombés sur un petit groupe de survivants qui ne payaient pas de mine. Sales, cabossés pour la plupart, et parfaitement incompréhensibles. Seule une personne était encore en état et fit office de porte-parole pour les survivants. Klara, chasseuse de prime de son état, n’avait pas non plus fière allure. Mais au moins, elle se tenait droit et n’était pas entrain de sangloter ou de murmurer des prières sans queue ni tête.
Elle et le capitaine, qui répondait au nom de Baker, s’était rapidement entendu, et les survivants avaient été mis à l’abri sur la navire encore en état de naviguer. Un beau geste de la part d’un bon samaritain, habitué des repêchage et des sauvetages. Peut-être pour équilibrer son karma après une ancienne carrière que Klara n’avait pas encore pu percer à jour. En fait, Baker était tout simplement un ancien soldat de la Marine, qui, fatigué des ordres, avait décidé de partir écumer les eaux à son compte avec une poignée d’homme fidèles. Mais pour le moment, c’était lui qui posait les questions.

Il réajusta sa chemise, cracha sur le côté dans un geste très peu ragoutant, puis s’assit en face de la chasseuse. Baker était curieux. Et il dût faire montre de tout son talent d’interrogateur et de leader charismatique pour la faire parler.

– … Vous voulez vraiment pas m’dire ?
– Y’a rien à dire, rétorqua tranquillement Klara.
– Ben, quand même, vous v’nez bien de quelque part. ‘Pis on s’retrouve pas avec un rafio dans cet état comme ça. Allez… J’veux tout savoir.
– Bon…

Le capitaine fit signe à ses hommes, un sourire aux lèvres, d’amener de quoi manger et boire pour son récit qu’il attendait épique.

– Alors… Je suis partie des blues pour me rendre jusqu’à Clockwork Island, en transiléenne. De là, je me suis associée à un type pas vraiment recommandable pour arriver jusqu’à Dead End. Sur les blues, un type qui était censé pourrir en prison s’est échappé, et c’est sur Dead End que j’ai retrouvé sa trace. Alors j’y suis allé, sans trop réfléchir. Une fois là-bas, j’ai fini par tomber sur un groupe locale qu’on appelle le Fun Club, dirigé par un gourou homme-poisson franchement bizarre mais marrant. Le type que je cherchais, Ravel, avait fait partie de ce groupe. Le truc, c’est que plus personne ne l’avait vu depuis des lustres. Alors j’ai recommencé à chercher, mais cette fois, j’étais accompagné par ces gens bizarres et violents. C’était marrant un temps, jusqu’à ce qu’on se rende compte que Ravel, il avait été kidnappé par une écurie concurrente.

Même les sbires de Baker s’étaient arrêtés de faire reluire le pont pour écouter d’une oreille attentive  l’histoire, subjugués par la qualité du récit et la narration exemplaire.

– Sur Dead End, vous voyez, l’attraction principale, c’est l’arène. Et si il y a beaucoup de combattants, une vaste partie d’entre eux sont plus ou moins des prisonniers. Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai commencé à imaginer un plan avec mes nouveaux copains pour exfiltrer Ravel de sa cage et le livrer, encore, à la justice. Sauf que visiblement, elle l’avait déjà rattrapée. Il était déjà crevé bien avant que j’arrive, mort dans le sang au beau milieu d’une foule en délire. Du coup, j’en ai eu marre, et je me suis barrée. Parmi les sbires du Fun Club, y’avait ceux qui étaient avec moi sur le navire. Il est à eux, d’ailleurs. Enfin, était. Des marchands que les membres du club ont trouvé marrant de passer à tabac et de les forcer à rejoindre leur secte. Quand j’ai fais connaissance avec eux, je me suis dit que ça ferait un bon ticket de sortie. On était censé rallier Clockwork. De là, ils auraient fait leur vie et moi, j’aurai pris la transiléenne en sens inverse. Mais comme vous pouvez le voir, ça ne s’est pas passé comme prévu. On a pas eu un trajet très tranquille, et on a esquivé la mort de peu quand une flotte de pirate du coin nous a pris en chasse. On s’en est sorti uniquement grâce à la météo de Grand Line. Un gros coup de bol. Et après, on vous a rencontré. Voilà.
– …
– Quoi ?
– C’est tout ?
– Ben, ouais.
– Pas de twists ?
– Nan.
– Ni de superbes combats vous mettant face à la mort ?
– Non plus.
– Ah… Dommage.

Le capitaine fit signe à ses hommes, sans sourire aux lèvres, de ramener la nourriture et les boissons dans les cales.

– Pour être honnête, j’m’attendais à ce que vos histoires nous occupent plus longtemps.
– Ben celle-là c’est pas la meilleure aussi. J’en ai d’autres si vous voulez. Ah, et tenez.

D’un léger geste de la main qu’elle venait de plonger dans sa poche, elle tendit à son interlocuteur une petite boussole ronde.

– Les marchands avaient l’habitude de faire le même trajet de Clockwork jusqu’à Dead End. Ça a fini par leur coûter cher, mais au moins leur navire était équipé de ça. Vu l’état des propriétaires, j’ai préféré le garder avec moi.
– Ah ! Un eternal pose ! Plutôt rare ces machins. Z’avez bien fait.
– Ça devrait vous mener jusqu’à Clockwork Island, si c’est pas trop vous demander. Je peux payer.
– Du fric, on en a. C’est les anecdotes qui se font rares. Alors, j’vais me contenter de vos histoires. Mais des meilleurs que la dernière, hein.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t17441-klara-eilhart
  • https://www.onepiece-requiem.net/t17189-klara-eilhart