Les nuits sont glaciales, les histoires sont sombres

CHAPITRE 3 :

Deuxième sous chapitre : Les nuits sont glaciales, les histoires sont sombres

Il est 6h du matin, cela fait maintenant 3 jours que j’ai quitté le QG d’East Blue pour une mission de contrôle plutôt routinière, en fait, il s’agit simplement de prêter main-forte à la garnison de Shell Town, qui recherche activement 3 criminels en fuite et qui manque de moyens pour assurer à la fois la protection des bonnes gens et l’arrestation de ses trois bougres. Le QG nous a donc dépêché, le Lieutenant Henry, moi, ainsi qu’une quinzaine de gars afin d’aider les forces de l’ordre en présence là-bas, selon les estimations de l’adjudant navigateur Youri, nous devrions arriver d’ici deux jours sur place, ce qui me laisse amplement le temps de faire connaissance avec l’équipe qui m’entoure, cependant, les deux jours précédents, le Lieutenant Henry m’a gardé sous la main afin de m’occuper des ordres de mission, du contact avec la garnison de Shell Town via escargophone et de toute la paperasse nécessitant un minimum son attention, m’empêchant de parler aux hommes.

Autant vous dire que là, j’en ai plus qu’assez de passer pour un gratte-papier, alors je vais aller lui en toucher deux mots, de telle sorte qu’il comprenne à qui il a affaire. Je ne suis pas du genre à rechigner les ordres, mais m’occuper de la liste de courses de monsieur Henry alors que je suis le second officier en charge de la troupe, commence légèrement à me taper sur les nerfs.



- Chef, j’ai à vous parler 5 minutes, si possible.
- Que se passe-t-il Lieutenant ?
- Je sais parfaitement qu’il ne s’agit que de ma cinquième mission hors QG depuis que je suis entré dans la Marine, mais soyons bien clair, je ne m’occuperai pas de vos affaires domestiques, j’ai fini les dossiers à caractère strictement militaire et administratif, n’abusez pas de vos fonctions où j’en référerai à nos supérieurs.
- Écoutez-moi bien Lieutenant, ici c’est moi le chef, je dispatch les hommes qu’on m’as confié comme bon me semble, si vous n’êtes pas heureux de votre affectation, soyez promu Commandant et donnez-moi des ordres, en attendant, vous êtes sous les miens, et vous allez les respecter ou je vous fais mettre aux arrêts. Rompez !



Tout soldat normalement conçu aurait compris, au ton du Lieutenant, qu’il ne fallait pas rigoler avec lui, mais vous l’avait bien compris, je ne suis pas normalement conçu, alors j’ai laissé de côté ses directives qui, à en jauger par son âge et ses capacités mentales et physiques, n’étaient destinés qu’à me décourager. Le Lieutenant Henry était plutôt du genre à ne pas pouvoir (plutôt qu’à ne pas vouloir) escalader les marches de la hiérarchie, il n’était pas à l’aise dans son rôle de petit officier de seconde zone et rêvé de plus, cela se voyait dans ses yeux. Quant à moi, je m’étais promis de ne pas rêver, mais de réaliser, et c’est bel et bien ce que je comptais faire.

Alors plutôt que d’écouter les ordres de cet incapable, je me suis mis à la recherche des différents marins qui avaient étaient demandés pour cette mission au même titre que moi, car une fois l’équipage de mon côté, les pouvoirs du Lieutenant Henry ne seraient que très limités.

À l'avant du navire se trouvait le tout jeune Caporal Lowis, 16 ans, n’ayant pas souhaité se lancer dans des études, dans lesquels il ne se sentait pas à sa place car grand humoriste. Il s’est engagé dans la Marine à l’âge de 14 ans comme mousse, ou soldat seconde classe selon l’appellation exacte. En deux ans, il avait déjà, au contraire du Lieutenant, gravi pas mal d’échelon, se plaçant à la cinquième place des membres les plus importants de cette petite expédition et servant par la même occasion de relai avec les 9 soldats, de qui il était très proche. Tout ce que je sais, je l’ai appris en triant les dossiers de l’équipage selon les ordres du Lieutenant, seul problème pour ce dernier, je ne suis pas voué à rester officier subalterne tout le reste de ma vie, j’ai le culot des jeunes, la sagesse des anciens et l’initiative des plus grands officiers. En l’occurrence, le caporal Lowis était une cible intéressante car primordial à la mise en place de la première partie de mon plan.


- Hoy mon garçon, comment vas-tu ?
- Bien le bonjour mon Lieutenant ! Comme une matinée en pleine mer avec un bon soleil qui pointe à midi aha ! Et vous ?
- Tu m’as l’air motivé, ça fait du bien au moral aha ! Ma foi, comme un lundi matin ! Dis-moi, que dirais-tu de manger en ma compagnie ce midi ? J’aimerais beaucoup apprendre à vous connaitre, toi et les autres !
- Cela serait avec plaisir mon Lieutenant ! Je dois vous avouer que nous n’espérions plus vous voir, après deux jours en mer sans même apercevoir l’ombre de vos galons !
-J’ai étais, disons, pris par quelques complications d’officier, mais vous n’avez pas à vous en faire, c’est fini aha !



Je participerai à cette mission de routine, pleinement, il n’y avait pas d’autre alternative, je dois faire savoir au monde qu’Ersten Gudric est bel et bien là !


Dernière édition par Ersten Gudric le Dim 19 Nov 2017 - 21:16, édité 2 fois
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Je dois avouer que mon choix d’entrer dans la marine était surement le meilleur que j’ai fait jusque-là, il s’agissait d’une alternative à la fois viable et rassurante. Elle offrait la possibilité de vivre confortablement sans pour autant être un acharné du travail à la frontière du burn-out. De plus, la marine m’assurait la possibilité de réaliser l’objectif que je me suis fixé il y a sept ans, je devais trouver la salamandre et le tuer. C’est sur cette base de réflexion que c’est engagé le repas avec les fiers marins sélectionnés pour nous accompagner, j’avais finalement pu faire connaissance avec eux et ils étaient contents qu’un officier, aussi peu important soit-il, s’intéresse enfin à leur existence. Bien que je ne le fasse pas par gaité de cœur je dois avouer que l’ambiance est bien meilleure ici qu’en tête à tête avec le lieutenant.

Il régnait, avec les hommes du rang, cet air de fraternité qu’on ne peut retrouver nulle part ailleurs, cette joie et cette confiance réciproque qui manque à une bonne moitié des officiers. Je me sentais bien entouré de ces hommes qui, bien que peu intéressé par leur avenir, avait un but commun, rendre leur vie meilleure, d’une manière ou d’une autre. Certains, comme le jeune Curtiss, visaient les sommets, mais ils se comptaient sur le doigt de la main et les soldats plus âgés avaient, comme pour mission, de leur rabattre constamment le fait que la vérité était toute différente des rêves.


- Et vous mon Lieutenant, quels sont vos objectifs ?



C’était un moment crucial, auquel il fallait faire attention car chaque mots, en fonction de leurs placements, pouvait influer sur leurs jugements et leurs façons de me voir. Il me fallait paraître à la fois réaliste et ambitieux, tout en mettant en avant leurs envies plutôt que les miennes. Il fallait aussi que je fasse ressortir mon vrai âge, je restais tout de même plus jeune que la plupart de ses hommes, j’étais pour ainsi dire, le jeune sorti de l’école. Ce n’était donc pas le moment de paraître hautain ou confiant.


- Oh vous savez, je ne cherche pas à faire parler de moi, mais si un jour, j’ai la possibilité de saisir des opportunités me garantissant un avenir grandiose, alors pourquoi pas ? Si cela peut me permettre de commander des hommes tels que vous, je veux bien devenir Amiral !


Je lâchais un petit rire, qui paraissait franc à leurs yeux mais qui était tout calculé aux miens. Et cela fonctionna, puisque tout le monde éclata de rire et me donna des claques sur les dos, c’était une bonne journée, le temps était beau et les mouettes se querellaient avec leur grande sœur, fièrement affiché sur nos voiles. Je savais parfaitement que le lieutenant arriverait d’un moment à l’autre, je lui avais ouvertement déclaré la guerre en refusant de manger à sa table, mais ma popularité grandissait à mesure que les minutes passaient, je n’avais pas grand-chose à craindre.


- MONSIEUR GUDRIC


Et le voilà, comme prévu, réglé comme le serait un réveil des hommes de l’élite, aussi prêt à en découdre que ne le serait un chihuahua en apercevant le caniche empiétant sur son territoire. L’image me fit sourire, ce qui causa bien évidemment la stupéfaction de monsieur Henry, l’admiration de monsieur Lowis et les sourires des soldats présents sur le pont.


- Que se passe-t-il monsieur Henry ?


Peut-être que je poussai le bouchon trop loin, peut-être que cette phrase changerait le reste de ma vie, en utilisant l’adjectif « monsieur » je mettais le Lieutenant sur un pied d’égalité, or je n’étais censé être qu’un officier novice, en apprentissage, respectueux des règles et de la hiérarchie, aha, c’était beaucoup trop plaisant d’imposer ses propres règles.


- Dans mes quartiers, immédiatement.



Les « bons courage » et les « bien jouer » étaient chuchotés de toute part, j’avais eu l’occasion de parler du Lieutenant Henry avec ses hommes, tous le détestaient. Il était considéré comme un éternel incapable, vieux jeu et même ses supérieurs le tenaient pour responsable d’échec de mission auxquelles il n’avait même pas participé, non décidément, je ne craignais vraiment pas grand-chose.

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Le lieutenant Henry tournait en rond autour de la table qui lui servait, à peu de chose près, à tout. Il se tenait fermement les arêtes du nez comme le ferait un père en colère contre son fils, et il avait l’âge d’être mon père, ce qui rendait la scène encore plus amusante. Je savais très bien à ce moment qu’il ne trouvait pas quoi dire car il se savait en net désavantage. Il n’était pas brillant, j’avais presque de la peine pour lui, mais il était suffisamment réfléchi pour ce savoir en position désavantageuse. Il se massait les tempes à intervalles réguliers, toutes les minutes à peu près. Sans dire mot, je suis resté au repos, jambes écartées, bras derrière le dos, attendant la remontrance.



-  Écoutez, je ne sais pas ce que vous avez en tête, petit malin, mais ça ne passera pas comme ça vous m’entendez, j’ai vingt ans de métier monsieur Gudric, je connais du monde à l’état-major, je peux vous assurer que vous allez en enten…



Et blablabla, c’était une technique basique d’intimidation, le problème était que cet idiot avait également laissé son dossier dans les papiers à trier, dossier que j’avais pris beaucoup de plaisir à feuilleter, et je savais que tout n’était que ragot. Malgré une grande envie de pouffer de rire, je me suis contenu jusqu’à la fin de son déballage, m’amusant de ses nerfs de plus en plus saillant à mesure que sa voix montait dans les aigus, c’était d’un ridicule …



- ... POUR QUI VOUS PRENEZ VOUS A LA FIN, VOUS ETES DANS LA MAR …



Et blablabla, en plus d’être barbant, il n’essayait même pas d’être original, j’ai connu des caporaux avec plus de repartie et de vivacité intellectuelle, c’est pour vous dire ! Et puis cette voix, insupportable, semblable à celle d’une enfant frustrée de s’être fait prendre son petit joujou, elle me donnait envie de … Non, rien.



- … JE VAIS VOUS APPRENDRE A VOUS JOUER DE MOI DE LA …
- Avez-vous fini, Lieutenant ?
- JE VOUS DEMANDE PARDON ?!
- Ne le faites pas je vous prie, je reste votre subordonné.
- JE VAIS VOUS …
- Ne vous mentez pas à vous-même Lieutenant, je conçois qu’il soit très difficile pour vous, soldat de métier et officier depuis maintenant, quoi, sept ans ? De vous voir malmené de la sorte par un jeunot idiot et inculte du métier tel que moi me donne presque envie de m’administrer moi-même une correction, si je vous jure ! Mais ne vous ridiculisez pas au point de me mentir, parmi la tonne de paperasse inutile que vous m’avez demandé bien gentiment de traité, j’ai trouvé votre dossier, je sais qui vous êtes, vous avez autant de relations que de chance de devenir Amiral monsieur, sauf votre respect.
- Mais, mais …
- Vous êtes mon supérieur, alors j’aurai la décence de ne pas faire de rapport quant à votre comportement vis-à-vis de vos hommes, être hautain après quatre échecs de demande de promotion, c’est un peu présomptueux vous ne trouvez pas ?
- Qu’est-ce que ?
- Écoutez, je ne veux pas d’histoire avec vous, je suis un garçon somme toute respectueux de mes aînés, disons que si vous vous occupez vous-même de votre paperasse, je veux bien passer l’éponge, qu’est-ce que vous en dites ?



Je n’attendais pas vraiment de réponse, il n’y en aurait pas, le lieutenant n’était pas homme à la discussion, à peu près aussi lent à la détente que ne l’était un pirate des Blues, il ne pouvait ni répliquer, ni même penser à une quelconque réplique, je l’avais dépassé en tout point. J’avais lu quelque part que pour devenir un grand homme, il fallait choisir d’emprunter le chemin avec les plus grandes ronces, je venais certainement d’entamer ma randonnée. Mais, pour la fierté de mes parents, j’en étais heureux. C’était hier après-midi, à 16 heures.  
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En ressortant vivant et souriant de ce que beaucoup appelaient jusqu’alors « L’enfer sur Terre », j’avais incontestablement acquis le respect de tout l’équipage, qui me prenait jusqu’alors pour un bouche-trou et un gratte-papier sans une once de culot. J’étais devenu ce que beaucoup avaient rêvé d’être, maitre de moi-même et de mes envies. Beaucoup m’ont alors demandé comment ça s’était passé.


- Nous nous sommes arrangés entre gentlemen, autant vous dire que le Lieutenant est un homme dur en affaires !


C’était exactement ce qu’ils voulaient entendre, je sauvais l’honneur du Lieutenant tout en mettant de bonne humeur l’équipage, quoi de mieux pour bien clore une journée de navigation .

Quelques heures plus tard, sur le pont, les hommes s’échangeaient des bribes de leurs vécus respectifs tout en s’échangeant les tours de garde, ce qui permettait de rester éveillé à tout point de vue. Ayant fini ma part de paperasse à traiter et ayant passé le coup d’escargophone quotidien à la base de Shell Town, je me suis décidé à les rejoindre afin d’en apprendre un peu plus sur eux. Je ne pensais pas vraiment participé, mais puisqu’ils avaient appris à m’apprécier plutôt rapidement, je me suis dit que si mon tour de parole avait à venir, je leur raconterais une histoire construite en tout point afin de faire semblant de me sentir concerner.

Le premier homme à parler fût l’adjudant Youri, qui depuis la barre, nous as raconté comment il avait perdu son meilleur ami en combattant un pirate et son équipage à la prime évalué à vingt millions de berrys, son récit était vraisemblable mais parsemé d’exagération, cependant son émotion était palpable, presque autant que son taux d’alcoolémie. J’aurais certainement deux mots à lui dire un peu plus tard, être gentil était une chose, être inconscient en était une autre.

Le second, sans réelle surprise, était le Sergent Atchet, qui nous a alors expliqué comment il a quitté son travail de boulanger pour s’engager dans la Marine, sa première intention était de faire le bien et de devenir quelqu’un d’important, puis il a appris la mort de son fils lors d’une opération de la révolution. Il a alors sombré dans l’alcoolisme laissant tomber un plan de carrière qui aurait pu être brillant. Cependant, l’œil vif, je sentais en lui cette férocité qu’ont les hommes qui ont perdu quelqu’un. Il était un peu comme moi.

Et cela continua durant toute la nuit, le jeune Caporal Lowis nous raconta qu’il avait commis beaucoup d’erreur et que, en plus des études qui ne lui plaisaient pas, il n’avait pas vraiment d’autre solution que la marine, sa famille étant pauvre et endettée, elle ne pouvait nourrir une bouche inutile. Certains soldats étaient d’anciens criminels repentis, des tueurs, des kidnappeurs, une bande de lascar qui avait décidé de se tourner vers une vie meilleure.

C’est un choix que je respecte, pour beaucoup, la vie n’est qu’un long chemin en ligne droite, sans détour, ennuyant et placide, ces hommes-là au moins, ont connu la misère, la peur et la colère avant de prendre goût à la justice. Il n’y a qu’en fréquentant les bas-fonds que l’on sait quels chemins mènent à la sortie. Et ils sont tous sur l’un de ses chemins, désormais tout est une question d’endurance et de volonté.

Quand est enfin venu mon tour, je leur ai raconté. Mis en confiance par leur révélation, je leur ai dit qui j’étais, pas tout ce que j’avais fait ni pourquoi j’avais eu à le faire, mais je leur ai raconté mon histoire, le fait de se confier permet la création de liens solides, et entraîne ainsi un potentiel de réussite bien supérieur lors d’une opération, j’ai gardé cette part d’ombre que je réserverai à celui ou celle qui réussirait à me la faire craché, mais ils savent désormais l’essentiel, et c’est à peu près ce que je veux. Ils n’ont pas besoin de plus pour savoir qui je suis.

Le navire vogue tranquillement sur East Blue, nous ne sommes plus qu’à un jour de Shell Town, il est 6h et une autre journée commence.
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