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Genesis

Ils étaient 105 à débarquer ce jour-là. 105 recrues venues de tout horizon. 105 personnes qui n'étaient pas encore préparées à l'enfer qu'elles allaient vivre. Et parmi ces gens qui désiraient intégrer l’Élite de la Marine, se trouvait le jeune Kal Cinco, venant tout juste d'abandonner sa vie de voyou et de changer complètement de monde. Une semaine plus tôt, il se trouvait dans une cellule, menottes aux poignets. Aujourd'hui, le jeune homme se préparait à entamer la plus célèbre et très certainement la plus dure formation de la Marine. Si tout se passait comme prévu, dans quelques mois, Kal ferait partie de ce fameux corps d'élite dont pour l'instant, il ignorait tout. Mais cela lui importait peu, il avait su saisir une opportunité et il savait que ce changement de parcours était sans aucun doute la meilleure décision qu'il avait prise de sa vie. Personne ne le connaissait et il savait qu'ici, fils de médecin, fils d'ouvrier, ou fils de rien, tout le monde était logé à la même enseigne. Tout le monde allait endurer les mêmes épreuves, les mêmes souffrances, les mêmes doutes. Cette formation représentait pour Kal un moyen de prouver qu'il était quelqu'un. Lui, qui durant toute son existence avait été ignoré de tous, s'était senti bon à rien, c'était l'occasion de prendre une revanche sur son passé.

Tandis que les recrues débarquaient du bâtiment de la marine, le jeune homme prit le temps d'observer ceux avec qui il allait passer les prochains mois. Et il y avait de tout. Certains étaient louches, d'autres avaient de véritables gueules de criminels. Au moins, Kal savait qu'il n'était pas le seul ex-bandit parmi toute cette troupe d'extravagants. De nombreuses personnes n'avaient pas l'air de savoir pourquoi elles étaient là et en les observant, le jeune bleu comprit qu'elles allaient avoir du mal à tenir la cadence. Les 105 étaient désormais tous réunis sur la plage, ils s'alignèrent instinctivement tandis qu'ils regardaient le vaisseau qui les avaient transporté jusqu'au BAN s'éloigner. Certains l'observaient avec la larme à l’œil, tandis que pour d'autres comme Kal, c'était le signe qu'ils venaient totalement de tourner la page sur leur ancienne vie. Les bleus attendirent de longues minutes sur la plage avant qu'un homme ne fasse son apparition.

- Bienvenue au Quartier Général du BAN ! Mon nom à moi c'est McKlean, mais vu que je vous aime bien, je vous autorise à m'appeler par mon prénom : Lieutenant. Vous avez tous décidé en âme et conscience de vous engager dans l'élite de la Marine. Ici, on forme les meilleurs, ceux qui seront amenés à être en première ligne sur le terrain et qui seront prêts à donner leur vie pour servir la justice. Que ce soit bien clair, les faibles et les lâches n'ont pas leur place au sein du corps d'élite ! Durant les prochains mois, vous allez apprendre tout ce qu'un soldat d'élite doit savoir et si vous parvenez au bout de la formation vous intégrerez officiellement nos rangs. Je vois que vous êtes très nombreux, mais croyez-moi votre nombre va s'alléger très rapidement ! Nous ne sommes pas là pour faire du social et être tendres avec vous. Je peux vous garantir que vous allez en baver ! Bien, maintenant vous allez me suivre. Et que j'en entende pas un ouvrir sa gueule.

Le ton était donné. Sans dire un mot, toutes les recrues s'exécutèrent et suivirent leur nouvel instructeur, le Lieutenant McKlean. Le groupe s'engouffra à travers une immense forêt tropicale. Ils esquivèrent des branchages, escaladèrent des rochers et traversèrent des cours d'eaux durant des minutes qui paraissaient interminables. Kal, quant à lui, tentait de se familiariser avec cet environnement et cette atmosphère tropicale qu'il allait endurer durant de longs mois. La chaleur et l'effort physique commençaient déjà à le faire suer à grosses gouttes. Et après une marche éprouvante, le Lieutenant McKlean – qui n'avait pas transpiré une seule fois – suivi du groupe de 105 recrues arrivèrent au cœur de l'île. Ils y trouvèrent enfin la base qui avait plus une allure d'un campement que d'une véritable base militaire fortifiée et défendue. Constituée simplement de plusieurs bâtiments ordinaires et de grandes tentes éparpillées un peu partout. L'endroit était rustique. Il n'y avait que le strict nécessaire pour survivre. Et à la vue de cette modeste base, certains bleus commençaient à pâlir sérieusement. Avant de débuter la formation, ils ne s'attendaient sûrement pas au cours de celle-ci à devoir s'entasser dans des tentes dans un lieu relativement inhospitalier. Le Lieutenant McKlean se positionna devant l'attroupement et d'un geste il ordonna au groupe désorganisé de s'aligner correctement. Après un cafouillage de quelques secondes, les 105 recrues étaient positionnées convenablement.

- Les tentes dispersées aux alentours vous feront office de dortoir. Bon, maintenant, je vais vous appeler un par un et je vous laisserai ensuite avec « Le Formateur ». Je veux pas entendre un bruit !

Le Lieutenant énuméra donc les recrues une par une et une fois celles-ci appelées, il s'en alla s'en dire un mot tandis qu'un autre énergumène quitta un bâtiment et rejoignit le groupe. Il était de taille moyenne, plutôt trapu, vêtu d'un uniforme rouge avec inscrit « BAN » sur la poitrine. Les mains derrière le dos, le torse bombé, il défila le long du rang en toisant de haut en bas chaque nouveau. Ce nouvel instructeur dégageait un charisme incontestable et personne n'osait bougeait d'un iota de peur de se faire passer un savon ou de se faire fracasser promptement.

- J'suis le Caporal d'élite Cooper, durant les prochains mois, je serai un de vos instructeurs. Je vous enseignerai la cohésion de groupe, la discipline et surtout j'vous ferai bouger vos gros culs plein de graisse ! Que ça rentre bien dans votre crâne, vous n'êtes rien, des blancs-becs qui se croient déjà puissants parce qu'ils ont mis un pied dans la formation d'élite. Mais moi j'vais vous rappeler qui vous êtes vraiment ! Des sous-merdes, voilà ce que vous êtes ! Si on vous donnait à bouffer à des animaux ils n'en voudraient même pas ! A partir de maintenant, le premier et dernier mot qui sortira de votre gueule c'est « Caporal » est-ce que c'est bien clair tas de larves ?! Hurla-t-il tout en continuant à longer le rang.

- Oui, Caporal !!!

Un des stagiaires se mit tout à coup à ricaner et s'arrêta immédiatement lorsque l'instructeur le fusilla d'un regard noir. Le Caporal s'approcha lentement vers lui en fronçant les sourcils peu à peu. La recrue qui regrettait amèrement de s'être marrée commençait certainement à voir sa vie défiler sous ses yeux. L'instructeur s'arrêta nez à nez avec elle et lui lança un coup de genou magistral en plein dans ses parties intimes. Le bleu s'effondra lamentablement, les deux mains sur ses bijoux, foudroyé par la douleur.

- TU ME PRENDS POUR UN CON MERDEUX ?! Ça à l'air de t'amuser ce que je raconte hein ? Et dépêche toi de te relever, qui t'a d'mandé de te coller au sol sac à merde ?!! Oh tiens, ça t'irait bien comme nom ça. Sac à merde. A partir de maintenant on va t'appeler comme ça ! Vous avez entendu ? J'veux que tout le monde l'appelle comme ça !

- Oui, Caporal !!!

- M-mais, je m'appelle Joe, Caporal... balbutia t-il en se relevant péniblement.

- Ferme-la ! S'exclama l'instructeur après lui avoir collé une gifle mémorable. Comment tu t'appelles recrue ?!!

- S-sac à m-merde...

- Comment ?!

- Sac à merde !

- J'ENTENDS RIEN !!!!!!!!!

- JE M'APPELLE SAC A MERDE, CAPORAL !!!!!!

- Bien...

L'instructeur tourna la tête comme s'il n'avait jamais existé et continua à longer le rang. Après les avoir à nouveau rabaissés et insultés de tous les noms, il ordonna au groupe d'enfiler les tenues de sport qui avaient été disposées devant les tentes. L'instructeur claqua des doigts et tout le monde se rua à une vitesse folle vers les vêtements. Kal retira ses habits trempés de sueur en un rien de temps et enfila une tenue de sport à sa taille. Désormais vêtu d'un simple t-shirt noir, d'un short et d'épaisses chaussures usées, le jeune homme se replaça dans le rang en silence. Kal attendit patiemment les prochaines instructions du « Formateur » qui était occupé à botter le cul des retardataires. Une fois tout le monde fin prêt, le Caporal reprit la parole.

- Bon c'est parti pour un footing ! Tout le monde me suit.

L'instructeur commença soudainement à courir comme s'il était poursuivi par un lion et 105 personnes le suivirent sans perdre une seconde. La première épreuve venait de débuter et Kal comptait bien montrer qu'il était plus que tout déterminé à réussir. L'échec était intolérable. A peine la course avait-elle commencé que le jeune homme s'efforça de prendre le groupe de tête de ce qui s'annonçait être un marathon insurmontable.


Dernière édition par Kal Cinco le Dim 27 Aoû 2017 - 23:50, édité 2 fois
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Kal ne savait pas exactement depuis quand la course avait commencée, ni même quand elle allait s'arrêter. C'était un véritable marathon interminable. Le soleil commençait à se coucher tandis que 100 recrues cavalaient derrière leur instructeur à peine essoufflé. Cinq personnes avaient déjà abandonné, exténué par cette épreuve d'endurance. Cet échec venait de signer leur arrêt de la formation. Kal ne savait pas encore comment il arrivait à tenir, mais mentalement quelque chose le poussait à aller au-delà de ses limites et à ne pas relâcher son effort. Le jeune homme ne sentait plus ses muscles et il avançait avec lourdeur sur le sable encore chaud. Il ne réfléchissait plus mais se contenter de courir, encore et encore. Il fallait surmonter cette souffrance, c'était un devoir pour lui. Un tas d'épreuves l'attendaient au cours de la formation, il n'allait quand même pas faiblir sur la première. Kal faisait toujours partie du groupe de tête qui talonnait le Caporal Cooper. A ses côtés se trouvait « Sac à merde » qui, malgré son corps peu athlétique, tenait remarquablement le coup. Non loin d'eux se trouvait également une montagne de muscles qui avait tout l'air d'être un ancien hors-la-loi.

Après des heures de souffrance, sans prononcer le moindre mot, le Caporal ralentit sa course avant de totalement s'arrêter. Le groupe de tête, soulagé, imita son instructeur et se stoppa dans sa lancée. Kal à bout de souffle haletait comme un chien après l'effort surhumain qu'il venait de fournir. A cet instant il ne réclamait qu'une seule et unique chose : de l'eau. Malgré ses innombrables douleurs musculaires et articulaires et son cœur qui battait la chamade, le jeune homme était fier d'être allé jusqu'au bout. Néanmoins, malgré cette réussite, ce n'était que la première épreuve et il commença à se poser de nombreuses questions. Comment allait-il tenir le rythme sur plusieurs mois ? Tout allait se jouer dans la tête, il ne fallait pas craquer. Ceux capables d'encaisser les exercices seraient dignes de rejoindre l’Élite de la marine. Et au terme de ce marathon, Kal l'avait bien compris. Après quelque temps d'attente, les retardataires pointèrent le bout de leur nez et le groupe était enfin au complet. Sans sourciller, les recrues se mirent en rang machinalement.

- Bon, on va passer maintenant au parcours du combattant. Vu que je suis gentil, j'vous autorise à récupérer 10 secondes.

Le marathon venait à peine de prendre fin que les 100 recrues allaient encore devoir fournir un effort. Certains commençaient à regretter de s'être engagé dans cette formation qui s'annonçait être un véritable enfer. Kal, quant à lui, se contentait de serrer les dents. Il ne voulait pas se plaindre, c'est lui et lui seul qui avait pris la décision de changer de voie et malgré tout, il ne regrettait pas le moins du monde ce choix. Les dix secondes de « récupération » passèrent en un éclair et le Caporal ordonna à sa troupe de le suivre. L'instructeur mena le grand groupe au parcours du combattant près de la plage et les recrues découvrirent avec stupéfaction ce qui les attendait. Palissades, cordes, murs, poteaux d'équilibre ; à la vue de tout cet agencement, Kal comprit que ce n'était pas encore l'heure de se reposer. Les stagiaires formèrent une immense colonne et chacun leur tour, ils s'élançaient sur le parcours du combattant. Kal, faisant partie du groupe de tête du marathon, fut également un des premiers à se lancer sur l'exercice.

Le premier obstacle se présentait sous la forme d'une épaisse palissade en bois qu'il fallait franchir à la seule force de ses bras. Le jeune homme l'escalada sans grande difficulté et s'élança avec ardeur en direction du prochain obstacle constitué d'une épaisse corde de plusieurs mètres à laquelle il fallait grimper. Usant du peu de forces qu'il lui restait dans les bras, Kal se tracta tant bien que mal jusqu'au sommet tandis que le chanvre lui brûlait les mains. Après avoir frappé l'extrémité de la corde pour signaler à l'instructeur qu'il avait réussi cette deuxième difficulté, il se laissa retomber du haut de celle-ci en prenant bien soin de retomber sur ses appuis. Le jeune homme se précipita ensuite sur les prochains exercices, sans prendre le temps de souffler un coup. Plus vite il aurait terminé, plus il pourrait se reposer à la fin du parcours en attendant que chaque participant passe son tour. Tout du moins c'est ce qu'il pensait. Après de longues minutes qui lui parurent être des heures, Kal atteignit la ligne d'arrivée indiquée par un poteau marqué par une croix blanche. Soulagé, il détendit ses muscles en s'étirant lentement. Malgré la fatigue qu'il avait accumulait tout au long de la course, le parcours du combattant restait sa tasse de thé. Pour exceller sur cette épreuve, il était nécessaire de savoir allier technique, agilité et force physique. Chose que la jeune recrue savait faire à merveille. Kal ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, fier de lui. Il n'avait faibli à aucun moment durant l'épreuve, il s'était élancé sûr de lui et ça lui avait finalement réussi.

- Ceux qui ont terminé, si vous croyez pouvoir vous la couler douce vous vous mettez le doigt dans l’œil. En position de pompe et c'est parti, dépêchez-vous ! Hurla Le Formateur de l'autre bout du parcours.

Cette phrase résonna comme un coup de tonnerre à travers Kal. Lui qui, exténué, pensait pouvoir profiter d'un petit moment de calme afin de récupérer tranquillement, il s'était de toute évidence trompé. Bien obligé d'obéir à son supérieur, il commença à effectuer des pompes, accompagné de Sac à merde, de la montagne de muscles et d'une dizaine d'autres énergumènes. Les muscles de Kal étaient quasiment hors service et il lui fallait maintenant puiser dans ses réserves pour ne pas risquer de  s'écrouler lamentablement. Le groupe s'agrandissait au fil des passages de participants. Et après avoir exécuté un nombre de pompes considérable, le Caporal Cooper, dans un cri, ordonna à la troupe de s'arrêter étant donné que le dernier participant venait d'achever le parcours. Là encore, au cours de cette épreuve, ce sont dix personnes qui avaient décidé d'abandonner. La réussite étant obligatoire au sein de l'élite, échouer sur une épreuve était synonyme d'élimination de la formation. Le premier jour n'était pas encore achevé que déjà quinze stagiaires avaient renoncé.

- Vous n'êtes plus que 90. Et croyez-moi y en a encore pas mal qui vont sauter ! Ceux qui ont abandonné n'avaient rien à faire ici, vous pouvez les remercier, ils vous auraient ralenti. Maintenant, écoutez-moi bien tas de larves ! Vous venez de « réussir » votre première journée. Et ce n'était qu'une p'tite mise en bouche, ça n'est rien en comparaison avec ce que vous allez endurer les prochains mois. Mais c'est votre mental et la cohésion du groupe qui permettront à ceux qui en ont dans les tripes d'arriver à la fin de la formation. Je vois sur certains visages que vous ne vous attendiez pas à ça. Vous avez osé sous-estimer la Marine d'élite, maint'nant vous allez être obligés d'affronter les épreuves jusqu'à votre abandon. Bon, ça suffit pour aujourd'hui. Retour au bercail ! Et au pas de course bande d'ordures !

Sur ces douces paroles, les 90 recrues retournèrent au centre de l'île afin de rejoindre la base. Après avoir à nouveau traversé la forêt, le groupe fut autorisé à aller se coucher. Kal n'eut pas besoin d'attendre une confirmation de plus qu'il se jeta littéralement sur une des nombreuses couchettes d'une tente. Le repos du guerrier, il l'avait grandement mérité. La prochaine journée s'annonçait encore plus dure que celle-ci.


Dernière édition par Kal Cinco le Lun 28 Aoû 2017 - 0:04, édité 3 fois
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Kal fut réveillé par un bruit assourdissant qui frappait à ses oreilles. Dans un sursaut, il ouvrit les yeux et se redressa pour savoir d'où provenait ce vacarme. Et c'est avec étonnement qu'il surprit le Caporal Cooper qui s'amusait à réveiller ses élèves en tirant en l'air. L'instructeur, dans un cri, ordonna à ses recrues de se lever et de sortir des tentes. Le soleil se levait à peine, mais la chaleur étouffait déjà Kal qui se frottait les yeux pour essayer de sortir de son somme qui n'avait duré que quelques heures. Les stagiaires s'alignèrent comme à leur habitude et le Formateur se plaça devant eux. Il les toisa, les mains dans le dos, l'air sévère. Cette journée s'annonçait diabolique et Kal savait qu'il allait devoir redoubler d'efforts pour la surmonter. Chaque heure qui passait le rapprochait peu à peu de son nouveau but : intégrer la Marine d'élite. Même s'il ne savait pas exactement ce qui l'attendait s'il réussissait la formation, le fait d'avoir trouvé une voie le motivait. Chaque souffrance qu'il ressentait durant les épreuves n'était là que pour le forger et pour enterrer ses démons du passé. Ce stage représentait la passerelle entre son ancienne vie et une vie meilleure sous le drapeau de la justice.

- Bien le bonjour les merdeux. Pour cette première partie de la journée j'vais vous confier à mon frère, le Caporal Henry Cooper, qui va vous apprendre à dégommer un lapin à 200 mètres de distance. S'en suivra ensuite une épreuve de tir qui je le rappelle est éliminatoire. Vous ratez, vous dégagez, c'est bien clair tas d'larves ?!

- Oui, Caporal !!!

Et sans dire un mot de plus, le Formateur se retira pour laisser place à son frère, « La Guigne » chargé d'apprendre aux élèves l'art du tir et le maniement des explosifs. Ce nouvel instructeur était de toute évidence le frère jumeau du précédent. Même faciès, même démarche. La seule chose qui les différenciait, c'étaient leurs vêtements. La guigne était vêtu d'un uniforme bleu clair qui portait également l'inscription « BAN » au niveau de la poitrine. De la même manière que son frère jumeau, il commença à longer le rang des bleus, les mains derrière le dos, mais porta un regard qui paraissait plutôt bienveillant. Chose qui étonna grandement le jeune Kal qui jusqu'alors avait été habitué aux regards stricts du Lieutenant McKlean et du Formateur.

- Salut les nouveaux. Je crois que j'ai pas vraiment besoin de me présenter, mon frère s'en est occupé. Je suis l'instructeur qui est aujourd'hui chargé de vous enseigner tout ce qu'il y a à savoir sur le tir de précision.

Après avoir entendu le mot « tir de précision » de nombreux yeux se mirent à pétiller dans les rangs, notamment ceux de Sac à merde. Kal, bien qu'il n'était pas un fan incontesté des armes, quelles qu'elles soient, il était tout de même content de savoir qu'il allait passer des heures à écouter puis à restituer plutôt qu'à courir et transpirer. Cependant, il ne fallait pas sous-estimer l'instruction au tir et prendre ça à la légère, l'épreuve restait tout de même éliminatoire et Kal restait de ce fait déterminé à réussir. Les recrues suivirent leur nouvel instructeur qui les mena à une sorte de champ de tir non loin de la base. Plus d'une centaine de fusils étaient entreposés dans deux grandes caisses en bois avec en face un nombre de cibles incalculables disposées à des distances différentes. Certaines étaient mouvantes grâce à un système de coulissement. La Guigne demanda à ses 90 élèves d'aller s'équiper d'un fusil puis de se diviser en quatre colonnes. Les recrues s'exécutèrent immédiatement et une fois celles-ci en place, l'instructeur se plaça face aux colonnes, fusil en main.

- Sachez qu'un tir n'est pas quelque chose d'anodin. Généralement, quand on appuie sur la détente, on n'a pas le droit à l'erreur et c'est pour ça qu'il faut toujours savoir faire mouche. En opération, un tir raté pourrait potentiellement toucher un civil qui se trouvait près de la zone de conflit ou pourrait ne pas éliminer la cible du premier coup. L'entraînement au tir ne s'arrête jamais, il faut toujours parfaire sa technique pour être sûr que le moment venu, la balle atteigne l'endroit précis choisi par le tireur.

A peine avait-il terminé sa phrase que la Guigne fit volte-face aussi vite que l'éclair, se mit en position de tir avec une facilité et une élégance déconcertante puis appuya sur la gâchette. Le plomb s'en alla rejoindre une des cibles mouvantes dans un bruit fracassant. L'instructeur se retourna à nouveau face aux colonnes en affichant un sourire puis souffla au-dessus du canon encore fumant de son arme. Les élèves, bouche bée face à cette démonstration, se demandèrent comment avait-il pu tirer au bon endroit aussi rapidement.

- S'exercer, encore et encore, et un jour peut-être vous parviendrez à tirer avec autant d'aisance. Retenez bien ça : personne ne naît tireur de précision, c'est le travail qui paie toujours. Vous avez compris ?

- Oui, Caporal !!!

La Guigne somma ensuite à ses élèves de chacun leur tour tirer en direction d'une cible. Mais avant de les laisser débuter l'exercice, étape par étape il leur apprit tout ce qu'il y avait à savoir sur le tir : la position à adopter, la manière de viser et de gérer le recul de l'arme, etc... Et, une fois le tir décortiqué, il autorisa les recrues à s'exercer sur les cibles. Kal se trouvait sur la première colonne, derrière Sac à merde et la montagne de muscles et il attendait patiemment son tour, tout en se demandant s'il n'allait pas manquer son tir. Le jeune homme ne s'était servi que quelques fois d'une arme à feu durant sa vie, quelques bandits lui avaient enseigné à tirer auparavant mais ça n'avait jamais été aussi précis que les enseignements dispensés par la Guigne. Kal tourna son regard en direction des deux gus qui se trouvaient devant lui. Sac à merde paraissait extrêmement confiant et excité à l'idée de pouvoir tirer. Impatient, il ne cessait de gesticuler dans tous les sens et de toucher son fusil. La montagne de muscles quant à lui, n'était au contraire pas très enthousiaste et ça se ressentait sur son visage. Kal comprit qu'il craignait de rater les épreuves de tir qui allaient suivre et d'être éliminé juste à cause de ça.

Les participants défilaient rapidement. Certains firent mouche du premier coup tandis que pour d'autres, c'était plus compliqué. Se fut au tour de la montagne de muscles qui commençait à s'affoler, sachant pertinemment qu'il était un mauvais tireur. Il se mit en position de tir selon les instructions du Caporal, mit une des cibles en joue et appuya sur la détente. Malgré sa puissance musculaire indéniable, il fut surpris par le recul de l'arme et la balle s'en alla au-dessus de la cible. Déçu de sa performance médiocre, il quitta la colonne tête baissée. Sac à merde prit donc sa place, toujours aussi excité. Contrairement aux autres participants, il prit moins de temps à se mettre en place. Beaucoup moins de temps. Avec une rapidité et une aisance phénoménale, il fit feu à cinq reprises et toucha cinq cibles mouvantes. Tout le monde était abasourdi. Après avoir replacé le fusil dans son dos, Sac à merde se mit à rire aux éclats les mains sur les hanches, fier de sa prestation.

- Vous avez vu Caporal ? Du premier coup !

- Euh... Oui, bien joué ! Répondit l'instructeur, stupéfait devant la facilité au tir de Sac à merde. Mais bon, ça se voit qui tu as déjà tiré avec une arme, tu as un avantage par rapport aux autres !

- Non c'était la première fois, Caporal.

- Ah... euh... bah bravo...

L'instructeur se gratta la tête et devait certainement remettre en cause son discours précédent où il avait expliqué que personne ne naît tireur d'exception. Après ce coup de génie effectué par Sac à merde, Kal pensait que peu importe ce qu'il fasse il paraîtrait ridicule au tir. Le jeune homme se mit en place en appliquant les indications données par son instructeur et tira un coup. La balle se logea dans une des cibles mais Kal n'exprima pas sa joie, ce n'était pas grand-chose par rapport aux tirs de Sac à merde. Cependant, le Caporal Cooper lui adressa un sourire afin de lui montrer qu'il avait parfaitement restitué ses instructions. Kal s'écarta de la colonne et s'en alla rejoindre ceux qui étaient déjà passé.

- Alors l'ami, t'as réussi ? Lui demanda Sac à merde, sourire aux lèvres.

- Ouais j'ai touché une cible. Mais bon, par rapport à toi...

- L'essentiel c'est que t’aies touché la cible. Tu seras moins stressé au moment de l'épreuve vu que tu sauras que tu peux parfaitement réussir.

- Ouais pas comme moi... répliqua la montagne de muscles, d'un air dépité.

- T'en fais pas, j'suis sûr que ça se passera bien pour toi. Au fait, c'est quoi vos noms les gars ?

- Kal.

- Moi c'est Jango. Et toi Sac à merde ton prénom c'est Joe c'est ça ?

- Bordel, je sens que ce surnom va me suivre toute ma carrière... Ouais, sinon, c'est Joe mon nom.

- Hahaha ! En tout cas tu peux être sûr que c'est original.

Les trois gaillards continuèrent à discuter et à faire connaissance en attendant que toutes les recrues finissent leur tir. D'autres élèves qui avaient également terminé se joignirent à la conversation ce qui forma au final un petit attroupement qui conversait et riait. La cohésion de groupe était importante, dans les moments difficiles, c'était ce qui permettait de tenir. De longues minutes passèrent et les 90 recrues avaient achevé leur tir. Bon nombre de personnes, notamment Jango, n'étaient pas confiants dans leur réussite à l'épreuve qui allait suivre. Sac à merde et quelques autres camarades étaient impatients de débuter l'évaluation. Kal, quant à lui, ne pensait certainement pas réussir avec brio. Mais ça lui était relativement égal. Le tir n'était pas son domaine de prédilection et il ne voulait pas qu'il le soit. Ses talents de combattant résidaient ailleurs. La Guigne interpella ses élèves en leur signalant que l'évaluation n'allait pas tarder à commencer. Il leur octroya dix minutes pour se préparer.


Dernière édition par Kal Cinco le Lun 28 Aoû 2017 - 0:16, édité 2 fois
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Les dix minutes passèrent en un clin d’œil. La Guigne, toujours avec sa bienveillance habituelle, ordonna à ses élèves de retourner sur le champ de tir afin d'écouter ses consignes concernant l'épreuve à venir. Sans contester, les 90 stagiaires s'alignèrent en rang face à leur instructeur. Celui-ci se lança alors dans une explication concise concernant l'évaluation. Les élèves, à tour de rôle, allaient simplement devoir tirer huit coups en direction des cibles les plus éloignées sur le champ de tir. Toucher une cible fixe rapportait au tireur un point. Les cibles mouvantes, quant à elle, rapportaient deux points. Bien entendu, un tir raté n'en rapportait aucun. Afin de réussir le test et de pouvoir ainsi continuer la formation, au terme de ses huit coups, la recrue devait obtenir un score minimum de dix. Mais une règle venait corser les choses : manquer deux tirs d'affilée était synonyme de disqualification immédiate. Après avoir pris connaissance de toutes les consignes, selon les instructions de leur Caporal, ils formèrent une gigantesque colonne. La Guigne, à l'aide d'un bâton, traça une ligne à ne pas franchir près de l'élève en tête de file. La dépasser menait également à une élimination définitive de la formation du BAN.

Kal se trouvait au milieu de la colonne, toujours derrière ses deux nouveaux compères : Sac à merde et Jango. Le stress commença à monter petit à petit et Kal se remémora dans sa tête tout ce qu'il fallait appliquer pour un tir parfait. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Devant lui, Sac à merde était toujours aussi crâneur et sûr de lui face à cette évaluation. Jango, quant à lui, devenait de plus en plus pâle et commençait sérieusement à trembler. Son manque de confiance allait très certainement lui jouer un mauvais tour au moment du tir. Il fallait impérativement qu'il se ressaisisse s'il souhaitait passer cette épreuve. Afin de rassurer son nouveau camarade, Kal posa sa main sur son épaule et lui chuchota que tout allait bien se passer, qu'il fallait seulement qu'il se calme et se concentre sur tout ce que la Guigne lui avait appris. Jango parvint à s'apaiser petit à petit et ses tremblements étaient de moins en moins prononcés. Kal avait trouvé les mots justes. La montagne de muscles savait pertinemment que ce n'était pas en paniquant qu'il allait arranger les choses, il fallait qu'il se focalise sur son objectif : obtenir un score de dix points. Les élèves passaient tour à tour et s'écartaient une fois leur tir effectué. Un bon nombre d'entre eux quittait le champ de tir les larmes aux yeux, après avoir échoué. Les cibles étaient positionnées à une longue distance, ça n'avait plus rien à voir avec l'entraînement qu'ils venaient d'effectuer. Cependant, Kal trouvait cette épreuve relativement absurde. Il pensait qu'un bon marine d'élite n'était pas forcément un bon tireur, il pouvait avoir d'autres qualités bien plus utiles. Mais le jeune homme n'était pas en mesure de décider et il était bien obligé de réussir au risque de voir son nouvel objectif partir en fumée.

Pendant des minutes qui parurent des heures, les participants effectuaient leur tir. Les armes provoquaient un brouhaha tonitruant mais surtout incessant. Les stagiaires défilaient comme des moutons et le vacarme ne s'arrêtait pas. Pour Kal, il était difficile de se concentrer et de se souvenir de toutes les consignes de tir tant les déflagrations lui embrouillaient le ciboulot. Se fut désormais au tour de Sac à merde qui affichait toujours son sourire, sachant assurément qu'il ne pouvait que réussir à cette épreuve. Le tir de précision c'était sa tasse de thé. Joe se mit en place, expira lentement afin de « verrouiller » la mire sur son objectif puis fit feu à huit reprises en orientant le canon à chaque fois sur les cibles. Dans un tumulte qui fit siffler les oreilles de Kal, toutes les balles vinrent se loger dans huit cibles mouvantes. La Guigne, essayant tant bien que mal de cacher son étonnement, compta les points et annonça le score. 16. On ne pouvait pas faire mieux. Sac à merde, quitta à son tour le champ de tir, fier d'avoir réussi avec autant de facilité et laissa un clin d’œil à Jango histoire de le rassurer.

La montagne de muscles s'avança en veillant à ne pas dépasser la limite définie par le trait. Il suait à grosses gouttes et malgré les mots de Kal, ses tremblements reprirent de plus belle. Il empoigna son fusil qu'il avait placé dans son dos et se plaça en position de tir. Il sentait son cœur battre à une vitesse folle dans sa poitrine et il tenta de réguler sa respiration afin d'être le plus précis au moment où il presserait la détente. C'était là que tout se jouait pour lui. Il ferma son œil gauche et se prépara au tir.

- Jango ! Prouve nous que t'es pas un mauvais tireur, s'exclama Kal afin d'encourager son camarade.

Le premier coup parti et la balle s'écrasa sur une cible immobile. Un point. Jango expira à nouveau lentement, focalisé sur une des cibles mouvantes. Il fit feu, mais malheureusement pour lui, la balle n'atteignit pas son objectif. Le prochain tir devait faire mouche, sinon, c'était la disqualification assurée. Un bruit sourd retentit et un morceau d'une cible mouvante vola en éclats. Trois points. Il ne lui restait désormais plus que six coups à tirer. Et avec un sang-froid incroyable sorti de nulle part, il parvint à toucher cinq cibles fixes et une cible mouvante. Dix points. Jango ne put s'empêcher de sauter de joie. Il venait de réussir l'épreuve de ce fait, il pouvait poursuivre la formation. Kal félicita son camarade et lui adressa un sourire avant de se concentrer à nouveau sur sa tâche à accomplir. C'était son tour. Le jeune homme prit son temps pour tirer ses huit coups. Et avec un peu de chance, il toucha cinq cibles fixes et trois cibles mouvantes. Onze points pour la jeune recrue. Fier de sa prestation, il quitta la colonne à son tour et s'en alla rejoindre ses compères.

Cette fois encore, ce furent dix stagiaires qui échouèrent à l'épreuve de tir. Parmi eux certains avaient manqué deux tirs d'affilée tandis que d'autres n'avaient tout simplement pas atteint les dix points requis pour réussir l'évaluation. C'était le deuxième jour de la formation et déjà 25 recrues avaient quitté celle-ci. Le groupe de 80 personnes se regroupa autour du Caporal Cooper.

- Je vous félicite les gars, vous avez tous passé avec brio la première épreuve du tir. Pour la seconde partie de la journée, je vais vous confier à l'Ombrageuse, la Sergente d'élite Lyanna Flores.


Dernière édition par Kal Cinco le Lun 28 Aoû 2017 - 0:22, édité 3 fois
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Le groupe désormais composé de 80 personnes emboîta le pas de l’instructeur Cooper qui les mena à la base, au cœur de l’île. Durant le trajet retour en direction du petit quartier général, l’ambiance était morne au sein de la formation. Certains venaient de voir leurs nouveaux camarades échouer et quitter le  stage, ce qui démoralisa les recrues, mais paradoxalement, renforça la cohésion de groupe. Le trajet de retour fut long. Pour rejoindre le centre de l’île, les élèves s’engouffraient à travers une immense forêt tropicale remplie de moustiques et d’insectes en tout genre. Et après quelque temps d’efforts, ils arrivèrent finalement à leur base. L’instructeur Cooper, toujours avec sa bienveillance habituelle, autorisa ses élèves à se reposer quelques heures le temps qu’il prévienne la Sergente Flores qu’elle pouvait prendre le relais. Sans demander son reste, le jeune Kal profita de ce moment de calme pour se jeter sur sa couchette dans la tente. N’ayant que peu dormi, il ne tarda pas à piquer du nez. Dans un nouveau sursaut, il fut réveillé, cette fois-ci par une voix féminine.

- Debout la bleusaille ! J’ai pas que ça à faire ! Grouillez-vous, je veux que tout le monde soit regroupé dans une minute ! Et pas une de plus !

Kal, qui commençait à être habitué à recevoir des ordres, se leva d’un bond de sa couchette et sortit de sa tente rejoindre le groupe tout en se frottant les yeux. Il avait dormi une heure. Peut-être deux. Mais en tout cas, pas suffisamment pour récupérer pleinement des trois épreuves auxquelles il avait été confronté. Les doutes l’assaillaient, il se demandait comment il allait bien pouvoir faire pour tenir la cadence sur plusieurs mois. Leur groupe s’allégeait rapidement et il espérait ne pas être le prochain sur la liste des départs. Le jeune homme allait se donner corps et âme pour réussir cette formation. Il le savait, d’ici quelques mois, il serait Marine d’élite. La Marine représentait aujourd'hui son unique repère dans sa vie. C’était ça ou rien. Le groupe se rassembla avec fluidité puis attendit les instructions de la nouvelle instructrice.

- Aujourd'hui on reste ici sur la base. J’organise des combats d’arts martiaux histoire de voir ce que vous valez en combat pur. Vous avez de la chance, ce n’est pas évalué pour l’instant. Pas d’armes, on se sert uniquement de son corps. Le meurtre est bien entendu proscrit. Vous êtes 80 du coup vous allez vous diviser en deux groupes et on va former deux arènes. Allez au boulot ! Et on traîne pas !

L’ordre fut clair, net et précis. Selon les consignes données par leur nouvelle instructrice, les élèves se divisèrent en deux équipes de 40. Ensuite, à l’aide de grosses pierres, ils improvisèrent deux grands rectangles qui serviraient d’arènes pour les combats. Une fois que les arènes fabriquées à la va-vite étaient en place, les combats purent commencer. Pendant un temps qui parut interminable, les combats faisaient rage au sein de l’arène de l’équipe de Kal. Il constata avec stupeur que certains en avaient vraiment dans le ventre. Notamment, Jango qui s’illustra sur plusieurs combats en envoyant au tapis ses adversaires en quelques coups seulement. Kal avait compris qu’il n’était certainement pas le plus fort ici et que bon nombre de ses camarades allaient lui donner du fil à retordre. Mais pour son premier combat, il devait affronter une jeune femme. De longs cheveux blonds décoraient son visage angélique aux traits fins. Un corps svelte, une poitrine voluptueuse. Kal ne voulait pas abîmer le joli minois de la jeune femme et fut de ce fait, un peu réticent à l’idée de l’affronter. Mais à son plus grand étonnement et à celui des spectateurs, Kal fut très rapidement désorienté. C’était un déferlement de coups qui pleuvait sur le jeune homme, contraint de placer ses deux mains devant son visage pour se protéger. Il ne savait pas comment riposter et comment reprendre l’avantage. Et après un coup de pied bien placé dans la mâchoire, il fut envoyé au tapis sous les rires railleurs de ses compères. La jeune femme épousseta ses vêtements et lui tendit la main, un peu gênée de l’avoir en quelque sorte humilié. Malgré sa défaite cuisante, Kal accepta l’aide de son adversaire et quitta l’arène pour laisser place aux prochains combattants.

Pendant de longues minutes, les bras croisés, il scruta la jeune femme, embarrassée devant le regard insistant du jeune homme. Elle l’intriguait. Il se demandait comment elle l’avait pu l’envoyer au tapis avec autant d’aisance. Kal restait tout de même un combattant remarquable, mais durant leur bref duel, il ne l’avait pas touché une seule fois. Il avait pourtant tenté de riposter à plusieurs reprises, en vain. Le jeune homme essayait d’oublier cette défaite et se focalisa sur son prochain combat à venir. Il allait affronter un autre camarade et cette fois-ci, il comptait bien l’emporter.

Le jeune élève patienta en attendant son tour. Les combats défilaient et lorsque la Sergente Flores le rappela pour qu’il retourne dans l’arène improvisée, il se craqua les doigts, prêt à en découdre. Chose rare, son adversaire était plus grand que lui. Kal mesurait deux mètres et il n’avait pas l’habitude de croiser des gens plus grands. L’homme devait avoir la vingtaine, des cheveux mi-longs grisonnants terminaient leur course à ses oreilles et une longue cicatrice traversait son visage abîmé en diagonale. Malgré l’avantage de son adversaire par rapport à sa taille, Kal restait tout de même déterminé. Il se devait de gagner. Sans aucune hésitation, le jeune homme se rua à toute vitesse sur son adverse et lui asséna un coup de poing magistral dans la mâchoire. L’homme vacilla, sonné par l’attaque de Kal. Profitant de l’avantage qu’il venait de prendre, la jeune recrue enchaîna les frappes du poing au thorax et au visage de son adversaire. Néanmoins, celui-ci parvint à riposter en saisissant Kal par la taille et en le projetant par-dessus lui. Surpris par cette prise, le jeune homme s’écrasa tête la première contre le sol rugueux. Il se releva péniblement, cracha du sang et se mit en garde. Son adversaire fit de même et les deux hommes se jetèrent l’un sur l’autre avec fougue. Les coups pleuvaient d’un côté comme de l’autre. Les deux combattants étaient littéralement déchaînés. Et après quelques secondes de déferlement incessant, Kal parvint à percuter violemment son concurrent en lui administrant un coup de coude en pleine tempe. L’homme, hébété, se mit à chanceler terriblement. Ses yeux étaient perdus dans le vide, il n’était plus très lucide. Le combat était terminé. Kal, afin d’envoyer son adversaire au tapis, s’élança dans les airs et lui décocha un coup de pied retourné qui le terrassa. Victoire.

Fier de sa prouesse, le jeune homme sautilla en levant les mains en l’air, comme un gosse qui venait de recevoir un jouet. Et alors qu’il continuait de se réjouir de sa victoire, la voix féminine de Flores ordonna à tout le monde de se rassembler. Les combats étaient terminés pour aujourd’hui. Tous les combattants étaient littéralement exténués.

La formation du BAN pouvait être définie par un seul mot : enfer. Kal n’était qu’au deuxième jour de ce stage qui lui changeait sa vie et les choses commençaient déjà à devenir très compliquées. Mais il fallait redoubler d’efforts, son objectif était à portée. Encore quelques mois...
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