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Sur les traces d'un petit trésor

14 heures. Un homme étrange descend de son voilier, l'air un peu sournois, la démarche de travers, la dégaine qui fait pas rêver. Il est bien intriguant. Entrons un peu dans la tête de ce personnage...


- Bon. Où est donc la baraque de c'fameux lord ?

Je sifflotais les mains dans les poches. C'est que j'avais pas grand chose à faire ma foi. Enfin si, j'avais à faire, mais comme je faisais ce que je voulais, ben je le faisais pas maintenant. Mouais, même moi je me comprenais pas tout le temps. Bref. Un pas devant l'autre, un peu titubant mais assuré, je faisais mon bout de chemin direction le centre de.. la ville ? Hum. J'aurais plutôt dit un village. C'était petit ici, y'avait rien à faire, rien à voir. Ben ok, je m'étais pas renseigné sur l'île, moi ce qui m’intéressait c'était le fric de ce Lord machin j'sais plus quoi. Quoi que... y'avait une jolie petite brune au loin. Mooh, je pouvais bien m'amuser.

J'attendais de croiser son chemin. Elle m'effleurait et hop. J'lui attrapais le poignet. Un joli sourire de fou aux dents refaites. Un son de clochette. Celui des mes petits pompons sur mon bonnet de clown. La demoiselle m'observait, réticente. Ben quoi, j'avais une sale tête ? Je faisais peur ? Mmh.

- Alors madame ? Vous n'avez jamais rêvez de vous faire hypnotiser ? Je peux vous aider dans n'importe quel domai... Aïe !
- Lâchez-moi saltimbanque ! Madame ? Voyons je suis une demoiselle !

Vexée celle-là. Je me craquais le cou et continuais ma route. C'est qu'elle en valait pas la peine cette nunuche. Il y avait une dame, ou demoiselle j'en sais rien elles sont chiantes, assise sur un banc. Un peu plus brune et petite que la première mais certainement pas moins intéressante. J’essayais de mettre en avant mon talentueux jeu d'acteur. J'étais persuadé d'en avoir un. Alors j'avançais tranquillement jusqu'au banc où je m'asseyais. Hum ben c'est qu'elle me regardait pas gentillement. Ils avaient des problèmes avec les gens bien habillés dans ce bled ? Parce que franchement, mon look était vraiment de haute qualité. Bref je tentais ma chance.

- Eh bonjour madam... oiselle ! Ouf, je l'avais échappé belle, encore un mot de travers et les filles allaient me détester. Est-ce que ça vous dirait de tenter l'expérience Hypnose Man ?

Elle me dévisageait et était prête à partir. Okay je lui attrapais le poignet et la remettais assise sur le banc avec un peu plus de force que prévu. Mon visage avait totalement changé et la colère était montée. Fallait pas fuir Hypnose Man.

- Ça te tente pas ? Ben on fait quand même. J'posais ma main sur son front et ma voix s'accelerait. Aller regarde moi dans les yeux, il n'y a que moi, tu n'écoutes que moi, tu n'entends que ma voix, il n'y a que moi. Quand je dirais tu dors au bout de trois, un deux trois, tu dormiras, quand je dirais tu dors au bout de trois, un deux trois, tu dormiras. Un, deux, trois. Et tu dors.

Sa nuque tomba en arrière d'un seul coup. Nan pas de coup du lapin, j'avais ma main en dessous, ben ouais l'habitude du métier. Mais on se mit à crier à ma gauche. P'tain on pouvait pas être tranquille dans ce bled paumé ? Les habitants étaient décidément trop collant trop chiant. En même temps qu'elle idée de faire ça dehors c'est vrai je suis bête.

- Messieurs les gendarmes ! Il a tué cette femme !!

Encore une vielle au sac à main plein de babiole et de bijoux dont je pouvais m'enrichir. Mais c'est que c'était pas le moment parce qu'un mec de la marine me tomba dessus. Vermine envahissante.

- Eh qu'est-ce qu'il se passe ici ? Monsieur éloignez-vous on ne bouge plus !

C'est qu'il pointait son arme vers moi le saligaud. Pas le choix, c'était l'heure de replongez dans mon talent d'acteur inconditionnel. Hypnose Menteur Man. Je sortais une petite carte de visite de couleur bleu, toujours prendre les couleurs de la marine, et la montrais au soldat. J'aimais pas me forcer à sourire.

- Il y a erreur sur la personne monsieur. Je suis le docteur Ervan Wang. Cette femme est simplement l'une de mes patientes... qui.. qui avait décidé d'arrêter de fumer. Et pour se faire elle souhaitait recourir à l'hypnose. Cela pose un problème ?

- Vous n'êtes pas du coin ! Tout le monde se connait ici. Et c'est quoi cet accoutrement ? Drôle de tenue pour un.. docteur vous dîtes ?
- Je suis en voyage sur North Blue. Cette femme, qui m'a vu dans le journal la semaine dernière, souhaitait que je m'occupe de son problème. Quant à mon accoutrement je crois que nous vivons dans un monde libre et que tout le monde peut s'habiller comme il veut non ? Vous en posez des questions, c'est comme ça que l'on accueille les voyageurs dans votre... un pays vous dîtes ? J'aimerai terminer mon travail si vous le voulez bien. Sauf si vous préférez la laisser dans cet état de transe éternellement ?
- Très bien. Faîtes ce que vous avez à faire. Mais je garde un œil sur vous.

C'est qu'il était collant celui-là. Bon. Je me rasseyais sur le banc et continuais mon travail. Je lui chuchotais à l'oreille. Je voulais pas qu'on nous entende trop.

- Tu n'entends que moi, que ma voix, celle qui te réveilleras. Maintenant, pense à ton porte feuille, à ton argent. Il n'est désormais plus dans ta poche. Ok ton argent n'est plus dans ta poche. Quand tu te réveilleras tu ne remarquera pas la différence et tu rentreras chez toi. Tu ne verras pas qu'il te manque de l'argent. Attention à trois quand je taperais dans ton épaule tu te réveilleras et tu ne feras pas attention à l'argent qui a été volé. A trois. un, deux, trois.

Je lui tapais l'épaule droite, attrapais l'argent de son porte feuille d'un coup sec et déguerpissais au plus vite de cet endroit. Voilà quelques berrys qui valaient la peine ! Ah.. Etre un voleur ce n'était pas de tout repos. Je me souvenais bien de la vieille, elle était la prochaine sur ma liste, après le Lord. D'ailleurs je m'empressais d'aller chercher sa maison. Ça devait se repérer de loin une baraque de bourge, nan ?

    14 heures, chez « Kaya ».

    - Allez Aiko, à ce soir !

    Que me balançait ma patronne sur un ton toujours aussi enjoué. Je venais de terminer mon service. Et c'est qu'il n'y avait pas eu beaucoup de client ce midi, alors j'avais pu sortir un peu plus tôt.

    - Ouais ! En espérant que y'ait un peu plus de monde !

    D'un coup de main et d'un clin d’œil, je saluais la chef, avant d'ouvrir la porte. Nous n'étions pas beaucoup dans le bar. Il y avait une autre serveuse/barmaid, deux cuisiniers et Kaya, qui s'occupait un peu de tout. On servait principalement des boissons en tout genre mais aussi des pizzas et burger. C'était un petit lieu assez convivial et on avait pas vraiment besoin de plus. Avec la concurrence d'autres établissements et le petit nombre d'habitant sur l'île, c'était suffisant.

    Mais j'aimais bien quand y'avait beaucoup de client. Y'avait plus de bourrés, et du coup.. plus de monde à voler. Ils donnaient pas souvent de pourboire, alors j'aimais bien me servir moi même. Voleuse.

    L'air était frais. Il y avait une brise, douce. Un ciel bleu dégagé et un soleil qui brillait. On pouvait même entendre quelques oiseaux chanter. C'était agréable, l'été. J'hésitais à rentrer chez moi, il était encore un peu tôt. J'avais prévu d'aller voir Suji, et d’ailleurs elle voulait me faire goûter à ses légumes verts. Elle avait apparemment dénichée une sauce exquise. J'avais hâte de goûter ça. Du coup, je m'éloignais un peu de la ville pour me diriger chez elle.

    Sur le chemin, je pensais à pas mal de chose, notamment à la proposition que j'avais fait à Suji. Je me demandais si elle y avait réfléchi, à vouloir partir en mer avec moi. Ben c'était un pari risqué. Je veux dire, abandonner sa vie actuelle pour partir à l'inconnu dans un équipage sans bateau, sans personne d'autre. Je comprenais sa réticence, mais l'idée de partir en mer m'animait de plus en plus ces derniers temps. J'avais même regardé les catalogues de vente de bateau. Une petite caravelle avait retenue mon attention mais j'y comprenais rien. Entre les mats, les voiles, la vitesse du bateau, son bois, y'avait tellement d'élément à prendre en compte qui influaient sur la qualité et le prix du bateau, mais malheureusement, je m'y connaissais pas du tout. Ce qu'il me fallait, c'était une navigatrice, une charpentière.  

    Sur un chemin de terre entre deux champs de moutons j’apercevais au loin la maison de Suji. Elle était tellement colorée qu'on la repérait facilement. Une silhouette s'animait au loin. Je me rapprochais pour y voir un peu plus clair et... c'était la mère de Suji : Yuari.

    - Hé Aiko !

    Elle avait l'air de s'occuper de ses plantes. Et comme Suji, elle avait toujours le sourire.