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Entre deux...

Tic…Toc… Le bruit incessant du temps qui passe et qui file à vive allure. Mes yeux ne peuvent s’empêcher de suivre chaque mouvement de la trotteuse. J’ai l’impression d’être figé dans le temps, seul, à l’intérieur de cette sale d’attente. Personne à ma droite, ni à ma gauche. Pas un chat à qui parler. En face de moi, des journaux traînent sur la table basse située au milieu de la pièce. Je me penche vers elle pour en attraper un et je me redresse. Je me dégage la vue en passant la main dans mes longs cheveux blonds et je commence à lire le journal. Rien de bien intéressant. Faut le dire, je ne m’intéresse pas trop aux évènements du monde, je dois déjà m’occuper des problèmes qui me concernent. Je repose alors le bulletin et m’affale complètement sur ma chaise. Ca fait combien de temps que je suis là ? Cinq minutes, peut-être dix, grand maximum. Et pourtant, je me sens comme si je suis resté sur place depuis plusieurs heures. C’est long… Beaucoup trop long.

Pour passer le temps, je glisse une main dans la poche avant gauche de mon uniforme de Marine et j’en sors un petit paquet de cartes que j’observe sous toutes les coutures. Celui-là, il me suit depuis plusieurs années… Hm, la bonne vieille senteur de cigarette et d’alcool, elle me rappelle le temps où je m’amusais à dépouiller les gens sur Shell Town, mais c’est loin derrière moi maintenant. Même si je ne me gênais pas pour ridiculiser certains collègues au détour d’une petite partie de poker. D’un geste adroit et souple, je nettoie mollement la table histoire d’avoir un peu de place et j’entreprends de réaliser un château, histoire de tuer le temps… En plus d’avoir tué quelqu’un d’autre. Tout en sifflotant un petit air pour me concentrer, je m’applique à chaque mouvement afin de le faire aussi solide possible, que même une bourrasque venue du Nord ne pourrait même pas le faire frétiller.

Seulement, il suffit d’un léger courant d’air provoqué par l’ouverture d’une porte pour effondrer tous mes efforts. Toutes les cartes s’envolent et retombent lourdement sur le sol, inerte… Pauvre gars. Un petit sourire mélancolique se forme sur mon visage alors que je fixe les cartes au sol puis je relève la tête. Je remarque un homme en blouse blanche. Plutôt jeune, des cheveux courts et une petite paire de lunettes discrète posée sur son nez. Il me sourit, jette un regard au sol pour remarquer le petit bordel que j’ai créé et s’écarte un peu de la porte tout en m’invitant à rentrer.

« Monsieur Gumshow, rentrez s’il vous plaît » Dit-il d’une voix assez douce.

Sans me faire prier, je range mes affaires tout en laissant les magazines à terre et je me dirige les mains dans les poches dans l’antre du psychologue, adressant un petit signe de tête amical au docteur qui ferme la porte après que je sois à l’intérieur.

Sans attendre l’aval du praticien en psychologie, je prends place dans l’un des imposants fauteuils bleu marine qui trône devant le bureau assez sombre et assez bien rangé. Le doc s’installe devant moi, joint les mains devant sa poitrine tout en posant les coudes sur ses accoudoirs et m’observe un instant avec son sourire bienveillant. Je le regarde à mon tour, le détaillant un peu plus, puis je me permets une petite remarque :

« Z’êtes quand même jeune pour être docteur, docteur Kunieda. Vous avez quel âge ? Si vous m’dites que vous avez plus d’trente ans, j’coupe mes cheveux. »

Un petit rire m’échappe alors que mon interlocuteur reste de marbre. Ca me fait un peu peur quand même… Après quelques instants, je le vois esquisser un sourire en coin un peu malsain tout en entendant un bruit de tiroir s’ouvrir. Lentement, il en sort une paire de ciseaux qu’il dépose devant moi et fouille aussi sa blouse pour en sortir ses papiers d’identité. Curieux, je les observe avant de me figer sur place. Eh merde… Il approche de la quarantaine, le vieux !

« Alors, qu’est ce que vous attendez, Monsieur Gumshow ? Allez y, couper vous les cheveux. » Prend-il la parole avec un ton condescendant.

Moi et ma foutue malchance légendaire. La prochaine fois que je sors une connerie pareille, quelqu’un pourrait me mettre une grosse poire ? Je lève la main devant mon visage et lui fait un signe négatif de la tête en lui répondant.

« Sans façon, il n’y a que mon coiffeur qui a le droit de les toucher… Vous savez, pour entretenir ce genre de cheveux, il me faut des mains d’experts… Mais on s’en fout complètement de mes cheveux ! Dites moi plutôt : pourquoi j’ai été convoqué ici ?! J’vais bien pourtant… J’suis pas fou, j’ai pas d’besoin d’aide ! »
« Ceci est une procédure normale, Monsieur Gumshow. Vous avez été témoin de la perte d’un de vos collègues de brigade, c’est normal de vérifier si tout va bien chez vous. »
« Si tout va bien chez moi… Ha. »

Un petit rire m’échappe alors que je regarde le plafond. Si tout va bien…

« On a perdu Doroteo, Juno fait la gueule plus que d’habitude, Iban s’est un peu plus renfermé sur lui. Quant au chef Kagami… » Je plante mon regard dans celui du doc, la voix un peu tremblotante. « Je l’avais jamais vu aussi atteint qu’après cette mission. »
« La mission durant laquelle votre collègue Doroteo est mort, c’est bien ça ? »
« Tain’, ça vous amuse de remuer l’couteau dans la plaie ?! » Le ton de ma voix est monté au quart de tour.
« Non, non… C’est mon travail, Monsieur Gumshow. »

Un petit silence s’installe dans la pièce. Je sors mon paquet de carte et je l’observe tranquillement pendant que le docteur me scrute de la même manière.

« Monsieur Gumshow. » Reprends t-il tout en posant les coudes sur son bureau. « J’aimerais que vous me disiez ce qu’il s’est passé lorsque le mousse Doroteo est mort, ainsi que la réaction de chef d’escouade. »
« En quoi ça vous intéresse ? J’ai pas envie d’parler ça ! Laissez moi tranquille ! »
« C’est mon travail, Monsieur. Vu que le Caporal Kan se repose dans l’enceinte de l’infirmerie en ce moment-même, j’ai besoin de recueillir votre version. »

Je soupire longuement, une main se pose sur mon cœur qui se serre un peu. J’ouvre alors mon paquet de cartes et en sors une cigarette sous les yeux intrigués du psychologue. Je le regarde, un petit sourire sur le visage.

« Vous en voulez une ? » Dis-je tout en lui en tendant une.
« Mais… Je pensais que ce paquet ne contenait que des cartes. »
« Eh bien non… Un magicien garde toujours ses secrets. »

Tranquillement, en voyant le refus de mon interlocuteur, je sors mon briquet et j’allume ma cigarette. Je prends une longue taffe, me replissant complètement les poumons de fumée et je lève la tête pour l’expulser dans un nuage de fumée avant de répondre aux interrogations du médecin.

« Ca devait être juste une mission de reconnaissance… Des pirates avaient kidnappé une dizaine de gamins et on devait les retrouver. Doroteo et moi, on était chargé de fouiller les côtes à l’Est du port pendant que le chef, Iban, Juno et Anna s’occupaient de la ville avec les autres gars de la Marine et du Lieutenant Colonel. La fouille fut assez longue, mais on avait fini par les trouver. Ils avaient accosté assez loin de Lavillère pour ne pas se faire repérer, au moins à trois-quatre heures de marche. Il y avait pas mal de mouvement sur le bateau, ce qui m’avait pas mal intrigué. On s’est rapproché et on avait remarqué qu’ils allaient partir, ses enfoirés ! Et, manque de bol : la vigie nous avait remarqués ! On a essayé de fuir comme on pouvait, mais ils étaient trop nombreux. Le pauvre Doroteo s’est pris une balle dans la jambe, puis il s’est fait abattre comme un chien devant mes yeux ! Putain… J’ai rien pu faire. J’me suis même pris quelques balles… J’ai fait le mort pendant une dizaine de minutes, avant de prévenir le chef Kan… Je ne l’avais jamais entendu aussi énerver et triste à la fois.

J’ai cru mourir plusieurs fois… Mais lorsque je l’ai vu débarquer, je me suis senti sauvé… Mais aussi très mal en voyant son visage déformé par la haine par la culpabilité. Il me parla comme si de rien était, même si je ne le sentais vraiment pas bien. Il a ensuite foncé dans le tas, en passant à travers tous les tirs des pirates… Du moins, c’est ce qu’il croyait. Plusieurs balles ont déchiré ses vêtements et l’ont même entaillé. Il pensait peut-être pouvoir éviter ce déluge de balle avec sa technique de déplacement, mais le choc émotionnel et la vision du corps inanimé du Doroteo avaient eu raison de sa rapidité. Il se prit même une balle en plein buste, mais il ne l’avait sans doute pas remarqué. Il continua de se battre comme un forcené, déversant sa colère dans chacun de ses coups. Lorsqu’il affronta le chef des pirates… l’affrontement fut assez court, il le balaya sans soucis d’un revers des deux bras… Mais le hurlement qu’il poussa pendant son attaque déchira le ciel et ma sensibilité. Derrière mon viseur, j’avais les larmes aux yeux… Puis il s’effondra après avoir reçu les félicitations du chef. Il avait perdu trop de sang. Et c’est depuis ce moment qu’il est alité à l’infirmerie, ça fait une journée.
»

Pendant tout le long de mon discours, j’ai fumé ma cigarette… Et une autre en même temps. Le docteur m’a regardé sans broncher, ni même afficher une seule expression. Je le regarde, je penche la tête sur le côté et je finis par hausser les épaules.

« Et voilà… Content ? »
« Pas de problème… Merci Monsieur Gumshow, ça sera tout. J'ai eu tout ce que je voulais. »
« Ah… Ah bon ?! Vous allez rien me dire et me laisser partir comme ça ?! »
« Oui. Merci pour votre coopération. »
« Ah beh…Ah… Bien, à la voyure ! Heureusement que j’paye pas pour ça… Sinon c’est de l’arnaque ! »

Je prends mes affaires et je sors, direction l’infirmerie. J’espère qu’il va se réveiller bientôt…


Dernière édition par Kan Kagami le Mer 6 Sep 2017 - 14:21, édité 1 fois
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Un ciel bleu trônait sur la ville, la température assez fraîche permit le règne d’une ambiance sereine dans le port de Lavilliere. L’agitation causée par les kidnappings fut rapidement retombée et les enfants retrouvèrent leur parent sans exception. La vie reprit donc son cours et la routine s’installa de nouveau dans le quotidien des habitants. Tout se passait à merveille… Sauf à un endroit. Il restait un endroit où l’atmosphère restait tendue et les esprits s’échauffaient, du moins un seul esprit. Entre les bruits habituels d’une ville portuaire et vivante, autour de la garnison, des riverains pouvaient entendre une mélopée d’une douceur incroyable, aussi douce que les moutons sur Tanuki. Celle-ci devait être l’œuvre de dieu tellement elle demeurait cristalline.

« Putain… De… Bordel… De… Merde ! »

Chaque mot transpirait la rage et la colère, tel un torrent de haine qui déferlait sur un pauvre mannequin d’entraînement. Chaque pause se ponctuait d’une volée de coups, ce dernier n’était plus ce qu’il était et ressemblait plus à un amas de paille qu’une cible d’entraînement. Autour de ce spectacle de hargne et de rancœur, plusieurs mousses s’étaient attroupés, curieux et terrifiés à la fois. Des murmures se promenaient dans le groupe tandis qu’en son centre, un homme faisait pleuvoir les coups sur un totem devenu épouvantail. Il hurlait de toutes ses forces, dérangeant l’intégralité de la base, mais personne dans le cercle n’osait l’arrêter. Visiblement, aucun officier ne semblait être dérangé par cette nuisance sonore. Peut-être dormaient-ils tous, comme Kagami. Pourquoi, à chaque fois que l’on avait besoin de lui, il était aux abonnés absents. Qu’est-ce que je pouvais faire moi ? Je me sentais un peu démunis face à cette situation…

« Bon, respirons un bon coup… Murmurai-je à moi-même tandis que je posai une main sur le cœur. Je suis le plus vieux dans la bande… Je dois l’arrêter… Mais si j’lui dis de se calmer, Juno risque de me taper dessus et je vais passer un sale quart d’heure. Mais si j’l’arrête pas, le colonel ou le lieutenant-colonel risque de s’énerver et de nous mettre à la corvée de plonge ou de patate pendant un mois, voir pire. J’ai pas du tout envie d’devoir me salir les mains avec des pommes de terre, en plus je risque de me blesser et d’être inefficace pendant quelques jours. Après, qui pourrais soigner les trois autres et leur tête brûlée. Mais d’un autre côté, si je deviens la cible de la frustration de Juno, j’vais aussi prendre cher… ? »

Je mordillai nerveusement l’ongle de mon pouce. Je dégageais une légère aura d’angoisse qui se répercutait sur les Marins se trouvant à mes côtés. Ils me regardèrent de travers, tous ayant reculé de quelques pas. Et, pendant tout ce temps, les coups de sabre contre le mannequin ne se stoppèrent pas, le pauvre se faisaient malmener dans tous les sens, même si les cris de frustrations du jeune argenté s’étaient estompé, sans doute fatigué par tant d’énergie gaspillée. C’était sans doute le moment d’y aller.

Rassemblant alors tout mon courage en prenant une longue inspiration, j’avançai vers notre bras droit d’un pas… Très peu assuré. Pratiquement tous les soldats qui composaient le cordon d’observation et de sécurité retinrent leur respiration lors de ma manœuvre d’approche. Visiblement, il ne m’avait pas remarqué, sinon il m’aurait déjà flanqué une bonne raclée pour l’avoir approché dans son dos. Très lentement, je sortais ma lance accrochée dans le dos, lance qui ne me quittait jamais, et d’une prudence extrême, je lui tapotai l’épaule avec le manche tout en l’interpellant à voix basse, un peu tremblante :

« Ju-Juno… Si tu continues, on va finir au charbon… Juno, s’il te plaît, calme toi… »

Mais rien n’y faisait, il m’ignorait complètement. C’en était presque… Frustrant. Une légère moue se dessina sur mon visage et j’insistai un peu plus franchement sur le tapotage tout en haussant légèrement le ton de ma voix :

« Juno… S’i-il te plaît. Tu peux arrêter de fra-frapper ce pauvre mannequin ? »

Aucun signe de réaction, à part un léger mouvement d’épaule qui envoya balader ma lance comme si c’était un vulgaire insecte. Ma patience avait quand même des limites, Juno… Et tu étais en train de l’user. Je mis un peu plus de force dans mes coups de manche, le bousculant limite à chaque impact, mais je n’avais même pas le droit à un seul regard ni à une seule remarque… Comme si rien ne pouvait le perturber. L’argenté était dans sa bulle et rien autour n’existait pour lui, comme si je n’existais pas. Je pris une nouvelle inspiration, mais pas pour me redonner du courage… Oh non, mais c’était pour contenir la rage qui bouillonnait en moi. Mais, ce mec… Ce gamin… Ce mioche… Ce petit machin osait m’ignorer ! Je jetai un vague regard autour de moi alors que mes mains s’activèrent toutes seules, distinguant plusieurs visages se décomposer en me voyant faire. Je vis plusieurs marins faire de grand signe négatif pendant que je retournai dans un mouvement habile mon arme, décrivant un cercle parfait. Lorsque je saisis le manche, je fermai les yeux un instant d’hurler de toutes mes forces tout en abattant la pointe vers ce connard de petit merdeux :

« Mais TU VAS ARRÊTER DE M’IGNORER ?! »

La scène se déroula en quelques secondes. Ma lance s’approcha dangereusement de l’épaule de notre second épéiste, prête à lui arracher l’os d’un coup violent, mais, un sabre arrêta le mouvement dans un fracas métallique, surprenant tout le monde dans l’assemblée… Surtout moi. Je n’en croyais pas mes yeux : la petite merde avait réussi à parer mon attaque alors que j’étais dans son dos, sans se tourner. Il avait juste levé le bras et s’était protégé d’une facilité déconcertante. Il tourna ensuite la tête vers moi et me lança un regard à me glacer le sang, le jaune de ses pupilles brillait d’une étincelle écarlate, la même étincelle qu’il avait sur le pont du bateau, la veille. Cependant, aucun sourire sadique habillait son visage, il paraissait même triste… Et fatigué. Je n’eus même pas le temps de le remarquer qu’il m’envoya balader d’un coup de pied tout en se retournant. Je restai tout de même sur mes appuis, malgré les deux mètres qui me séparaient de lui. Quelle puissance dans son coup, il m’avait clairement calmé.

Lorsque je remontai le regard pour le détailler, il ne bougea pas, campant sur ses positions, l’arme baissée. Il ne voulait pas du tout combattre. Il avait l’air… Changé. Il me lança un regard las, soupira un bon coup et rangea son katana en silence. Il s’approcha ensuite de moi et, surprise, il me tendit la main tout en plantant son regard dans le mien, sans rien me dire. J’enchaînai alors les points de vues : sa main, son regard, mes pieds. Je n’avais pas trop compris ce qu’il s’était passé, mais je levai la main juste en face de mon visage :

« Tu sais tr-très bien que j’aime pas ça… Murmurai-je, un peu agacé.
- Mais t’fais chier…
- Je sais… Bon aller, su-suis moi, le chef Kagami peut sortir. Ils nous attendent à l’infirmerie.
- Ils ?
- Ouais… Nick est là-bas aussi. »

Juno baissa légèrement les yeux tout en serrant le poing, ce qui était très bizarre de sa part. Je penchai légèrement la tête sur le côté d’une manière interrogative.

« Eh… Juno, ça va ? » Demandai-je innocemment.

La seule réponse que j’obtins, ce fut un coup-de-poing dans l’épaule qui m’arracha un léger hoquet de surprise et de douleur. Il ne croisa même pas mon regard et partit en direction de l’infirmerie, sans me dire un mot. Ah, ces jeunes…
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