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Séduction


- « C’est ici que tu vas moisir enfoiré ! Allez descends ! »

Grosse taloche au cul. Chute inévitable. Face contre terre. Il n’y avait pas plus efficace pour le garde qui m’avait adressé la parole et qui m’avait éjecté du char branlant d’un bon kick des familles. Le truc… Qui fait pas mal du tout et que j’aurai pu aisément éviter. Je me retins même de rire, mais je me gardai aussi de gémir. Un type qui a vaincu un seigneur de guerre ne serait pas crédible en pleurant pour un simple coup de pied dans le derche. Le même garde qui m’avait frappé aux fesses descendit du véhicule et vint agripper fermement ma chevelure pour me redresser avec toute sa force. La pression qu’il exerçait sur mon cuir chevelu aurait pu me faire grincer des dents, mais non. Je ressentais rien ou presque. Juste quelques picotements, sans plus. Il était bien pratique le retour à la vie. Sans lui, je n’aurai certainement pas pu venir ici. Avec une barbe postiche et une perruque, j’aurai certainement été grillé depuis 500000 ans. Une aubaine. J’eus un sourire qui s’effaça après un gros éternuement. Pas glamour on s’entend. Mais j’avais mordu la poussière au sens propre comme au sens figuré. Faut croire qu’ils ne connaissaient pas la tendresse dans ce pays, même si j’étais pas bien placé pour en parler vu ce que j’avais fait à l’un de leurs fameux seigneurs de guerre… Enfin. C’était pour la bonne cause. Ou plutôt pour ma cause. Mes intérêts personnels quoi...

- « BOUGE PUTAIN ! »

La hampe de la lance du garde heurta de plein fouet l’une de mes côtes, avant qu’il n’use carrément du bout de cette même arme pour me l’enfoncer dans le dos pour m’inciter à avancer. Je finis par marcher péniblement ou plutôt à simuler cette difficulté, avant de regarder devant moi et de voir enfin le gigantesque édifice qui se tenait droit devant. Je me fis la réflexion qu’ils devaient avoir un problème de mesure ici. Entre le palais de la shogun, le château du daimyo, la porte des héros et cette prison, il y avait de quoi se poser des questions. Le pic de fer hein… Cette prison portait bien son nom. Couleur acier et imposante de par sa taille, elle semblait terne et austère. Normal pour un centre de détention, hé. J’avais même l’impression qu’on jouait presque dans la même ligue qu’Impel Down dans son temps, bien avant qu’elle ne soit détruite par des combats entre un amiral et toute une ligue de pirates. Pirates dont le souvenir me fit grincer des dents. On parlait de gros calibres qui furent des marines pendant un temps avant de virer dans le côté obscur. Et dire que j’allais faire la taule comme eux… Risible. Le vieux s’il voyait tous les risques que je prenais pour foutre le bordel sur cette île et appâter Kiyori, m’aurait certainement interdit une telle initiative. D’ailleurs, je me demandais comme il allait. Presque trois mois que j’étais sur ces terres pourries…

- « Qu’est-ce que t’as ? T’as peur ?! AVANCE PLUS VITE !!! »

Encore un coup dans les côtes. Et cette fois-ci, je tombai sur un genou non sans feindre un gémissement. C’est peut-être ce qu’il voulait entendre finalement… Et comme si j’en avais eu l’intuition, il se mit à ricaner, fier de sa grosse connerie. L’autre garde se mit néanmoins à réprimander son collègue. Non pas parce qu’il voulait me défendre, mais bien parce qu’il voulait se tailler ici, quitte à bien me traiter jusqu’aux grandes portes de la prison qui se trouvait à même pas 500 mètres devant nous. Je me redressai lentement avant de recommencer à marcher. L’endroit était à la fois rocailleux et boueux du fait de la proximité d’une rivière qui prenait sa source dans la chaine montagneuse qui se situait non loin de la prison. Une porte pour les barbares de l’ouest, non… ? Enfin, peu m’importait. Ce qui était urgent, c’est que je faisais maintenant face à mon destin. J’allais entrer dans un trou où je n’étais plus sensé en sortir. Les remises de peine n’existaient pas ici. Cependant, des rumeurs sur des acquittements existaient, bien que personne ne pouvait confirmer. Je jouais vraiment à la loterie pour le coup, même si mon petit doigt me disait que j’étais sur la bonne voie pour faire évoluer mon plan et saisir le bon moment pour tout chambouler sur Tetsu. Il le fallait… Trainer trop longtemps ici me ferait perdre la boule… Ou alors, je commettrais une erreur fatale...

Après tout, je n’étais ni un acteur parfait, ni un agent du CP…

Sans compter que je n’avais prévenu personne du côté des hautes strates… Galère…

Le garde le plus pondéré fut celui qui frappa aux portes de la prison en s’annonçant et en rappelant que mon arrivée était prévue. Alors que je venais à peine d’être jugé et que nous avions immédiatement fait route vers ces lieux ? De quoi m’arracher un air étonné ponctué par un sourcil haussé, ce qu’aucun des gardes qui me surveillaient ne vit heureusement. Ceci dit, la surprise s’envola vite fait. Vu le caractère rustique et traditionnel du pays, il était fort probable qu’un valet de la cour du daimyo ait utilisé un pigeon voyageur sous l’ordre d’un juge spécialisé. Ou alors il existait des escargophones ici… Pour les plus hautes instances. Ce qui n’était pas du tout con quand j’y pensais… La shogun de l’île devait l’utiliser pour être en contact permanent avec Kiyori. Cette supposition selon laquelle les plus hauts gradés où les points stratégiques bénéficieraient de ces gadgets n’était pas du tout farfelue ; ce qui expliquerait le fait que les gardes du coin aient été prévenus. D’ailleurs, ces derniers finirent par m’extirper de mes pensées puisqu’un judas archaïque s’ouvrit dans un raclement métallique à vous déchirer les tympans. Nous pûmes voir un regard intriguant qui nous détailla pendant un court moment, avant que l’ouverture dans la porte ne se referme. Puis ladite porte s’ouvrit non sans grincer ! Supplice pour l’ouïe qui indiquait ce qui m’attendait à l’intérieur…

- « Alors c’est le nouveau pensionnaire ? Vous ne l’avez pas raté en tout cas… »

Un homme se présenta à nous. Et contrairement à tous les bras armés de Tetsu que j’avais pu voir -Si l’on omettait le daimyo-, il était plus que beau. Malgré ses nombreuses cicatrices qui lui donnaient l’air de Scar, un vice-amiral particulièrement efficace, ce type était magnifique : 2m de taille, cheveux roux, yeux clairs, beau sourire… Bref, un vrai tombeur quoi ! Sauf qu’il avait un regard un peu louche… Comme si j’avais affaire à un okama. Soudain, je me mis à frissonner de dégout, mais je gardai mon air stoïque. Cette parodie du professeur, je la jouais toujours mais à un degré moindre maintenant. Vu que j’allais entrer dans un univers assez différent de ce que j’ai connu jusqu’à présent, j’avais besoin de mes tous sens aiguisés. On parlait quand même d’une prison nationale ! Une expérience assez inédite pour moi, tiens. Il y aura donc une part du vice-amiral Fenyang sous couvert du professeur Bith. Le changement de décor impliquait intrinsèquement un changement de façon de faire. Et puis, si je n’arrivais pas à trouver de solution, je serai bien obligé de faire un carnage avant d’inciter les détenus à me suivre jusqu’à la capitale pour initier un semblant de siège qui me permettra de titiller Leona et de choper sa tête. Je voyais haut, mais je n’avais pas le choix. Il me fallait rester un tant soit peu optimiste pour ne pas sombrer dans la démence et le désespoir.

- « C’est normal Matsushima ! Il a quand même agressé le seigneur Kaname ! » Déclara le plus agité de mes surveillants.

- « Le seigneur Kaname hein… »

Le dénommé Matsushima en m’observant avec instance, resta songeur un tout petit instant avant de l’ouvrir.

- « Peu importe maintenant ! Il est des nôtres, hihihihi ! »

Ce rire aigu ne me dit rien qui vaille. Pareil pour les gardes qui m’avaient escorté. Ils avaient une drôle de tronche…

- « Bon… » Intervint le deuxième garde et le plus pondéré. « On te le laisse Matsushima, on repart sur Arma’Lo. »

Il balança la clé de mes chaines qui ceignaient mes poignets au roux et tous les deux finirent par rebrousser chemin, bien content de se tirer de là.

Quand à mon nouveau bourreau…

- « Bienvenue Bith… Ici tu n’es plus un professeur… Mais rien qu’un chien parmi tant d’autres ! Et tu vas bien le comprendre, huhuhu... » Qu’il dit en se pourléchant les babines.

Génial.

Première rencontre et premier détraqué. Mon séjour ici promet…


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- « Ne t’inquiète pas. Tu te feras plein de petits copains ici, hihihihi… »

Non vraiment, ce Matsushima ne me disait rien qui vaille. Et pourquoi il tortillait son cul devant moi comme ça déjà ?! J’étais prêt à parier que j’avais affaire à un gros dégueulasse. Mais je n’eus pas trop le temps d’y penser. Le décor qui nous entourait et qui ne m’était pas encore familier m’absorba vite fait. Alors qu’il marchait devant moi tout en tirant sur ma chaine comme si j’étais effectivement son chien, mes yeux eux scrutaient tout. Les murs, les rares fenêtres visibles, les portes, avant que je ne fasse un constat saisissant : L’absence notable de gardes dans le périmètre qui devait être consacré aux rondes autour de l’infrastructure. Ce n’est que lorsque nous débouchâmes dans la « cour d’entrée » que je vis enfin les fameux surveillants pénitenciers. Leurs armures et armes ne faisaient place à aucun doute : Ils étaient issus de l’armée nationale de Tetsu. Mais pour une raison qui m’échappait, je les sentais assez détendus. Comme s’ils ne foutaient rien de leurs journées. D’ailleurs, ils ne m’accordèrent que de brefs regards avant de vaquer à leurs diverses occupations. Constatation qui me frappa au point que je ne cachai même pas mon air plus que surpris. Mine stupéfaite qui n’échappa au regard de celui qui me tenait en laisse. Il eut un rire un peu maniéré et finit par me répondre, comme s’il lisait dans mes pensées ce qui était impossible.

- « Mis à part l’ouest, il n’y a que des surfaces planes partout… Un évadé se ferait rapidement repérer et serait vite rattrapé même de nuit. Par contre, il est plus aisé de se cacher et de fuir dans les chaines montagneuses que tu as dû voir… Mais je suppose que tu sais qui sont ceux peuplent ces régions. On a l’habitude de ramasser des cadavres d’évadés dans cette zone, hihihihi ! »

Les barbares de l’ouest… Ouais… Le message était clair. Fuir relevait de l’impossible. Le pic de fer avait une position stratégique. Au sud, au nord et à l’est, aucune cachette possible. La zone en plus d’être boueuse et peu abrupte ne possédait pas vraiment de végétation. Un intrus ou un fugitif était repérable à des kilomètres à la ronde. A l’ouest, c’était la mort assurée. Prisonniers ou pas, les sauvages de cette zone semblaient ne pas faire de différence et massacraient tout le monde. Plutôt ingénieux… La décontraction des gardes de cette prison s’expliquait. Les évasions devaient être rares. D’où le fait « qu’on ne revenait jamais vivant du pic de fer ». Soit on crève ici pour une quelconque raison (Maladie, vieillesse…) soit on s’échappe et on se fait liquider par des barbares assoiffés de sang. Super ! Je baissai alors la tête comme si j’étais complètement découragé ce qui suscita le caquètement du garde qui me promenait toujours. Sauf que j’étais plutôt dépité. Quitter cet endroit serait plus facile que prévu, si jamais je ne tenais plus. Mais comme je n’étais pas encore réduit à cette extrémité, je préférai chasser l’idée de mon esprit. Ma limite serait d’un mois et pas plus. Après un mois, je n’aurai plus d’autres choix que de bouger par la force pure. Du reste, nous arrivâmes une minute plus tard vers un local où il me fit rentrer. Un endroit plutôt spacieux…

- « Shinzo. Voilà le nouveau venu. Tu peux remplir le registre à présent. Donne-lui un uniforme… »

Le dénommé Shinzo était un vioque qui se demandait sans aucun doute ce qu’il faisait là. Il était assis derrière une sorte de comptoir et leva paresseusement les yeux vers moi. Je crus déceler dans son regard une sorte de pitié avant qu’il ne rabaisse ses mirettes vers un gros registre noir dans lequel il se mit machinalement à écrire sans même me demander quoique ce soit. Ni nom, ni prénom, ni âge… Rien. Ce n’est que lorsqu’il finit de gribouiller je ne sais quoi qu’il se leva pour contourner un mur, avant de revenir des dizaines de secondes plus tard chargé d’un uniforme bleu sombre et de petites sandales de même couleur. Le roux qui m’avait promené jusqu’ici vint glisser la clé dans le cadenas de mes chaines pour me délivrer. Suite à cette « liberté », j’eus un soupir avant de masser mes poignets ; mais pas pour bien longtemps cependant, puisque l’homme m’enjoignit de me changer sur place et sans attendre. Son ordre et sa gueule salace me révulsèrent sur l’instant, mais je ne discutai pas et m’évertuai à obéir sagement. Si ma gueule était salement amochée, ma musculature malgré mes bleus, plaies et autres cicatrices était parfaite. Matsushima eut un gros sifflet d’admiration que j’essayai d’ignorer tout en me foutant à poil. Néanmoins, je m’affublai rapidement de mes nouveaux vêtements avant que le vieil homme ne passe un badge immatriculé 6969 au roux qui vint me l’épingler sur l’uniforme, au niveau de la poitrine, le tout sous un gros sourire presque baveux.

- « Désormais, ton nouveau nom, c’est 6969 ! Je suppose que tu n’aurais aucun problème pour le retenir hihihi ! Allez, suis-moi ! »

6969. Paye ton matricule ! A croire qu’on était vraiment des toutous, vu qu’on n’avait même pas le droit de porter nos noms. Affreux. Et dire que j’étais sensé passer le restant de mes jours ici. Risible. Je me retins de rire alors que le roux revint me menotter pour la forme avant de tirer sur la chaine pour que je le suive. Je portai un dernier regard au vieillard qui remua sa tête de gauche à droite, puis je me laissai conduire à travers le dédale de couloirs internes du bâtiment. On montait, on descendait, on passait à gauche, puis à droite, non sans croiser quelques gardes sur le chemin. Après deux minutes de marche, nous arrivâmes enfin au corridor principal de prison. Plus qu’un corridor, c’était un espace gigantesque qui pouvait office de cour interne. Pleins de prisonniers y pullulaient. Certains jouaient, d’autres papotaient ou se battaient… Bref, c’était la jungle sans en être vraiment une, puisque personne n’agressait les gardes ou ne tentait de s’évader à première vue. De chaque côté du corridor, il y avait des façades géantes composées d’innombrables cellules. Chaque bâtiment avait au moins six étages. Toute la population carcérale devait être parquée en ces lieux. Sordide ! Vivre ici 30 jours… Qu’est-ce qui ne fallait pas faire pour avoir la tête d’un empereur ?! Cette réflexion m’arracha un rire nerveux. Presque hystérique. De quoi amuser le roux.

- « Oh ? Tu craques déjà ? Il ne faut pas, petit chiot. Tu vas pourtant bien t’amuser, tu vas voir ! »

Et ça… J’en doutais pas une seule seconde !


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- « Oooh ! Regardez ! Un nouveau ! »

L’un des prisonniers qui me vit depuis la cour interne pointa un doigt sur moi. Toutes les activités cessèrent aussitôt et tous les regards convergèrent vers moi. Et le silence fut. Pendant quelques secondes seulement, il n’eut pas le moindre bruit. Rien. Seulement des types qui voyaient en moi une bête de foire, un nouveau pote de jeu, un imbécile à maltraiter, un larbin et souffre-douleur de plus. Puis, des sourires fendirent les gueules déjà défigurées par des blessures et autres cicatrices en tout genre ; avant que des rires mauvais et gutturaux pour la plupart ne brisent le fameux silence. Il eut une certaine liesse générale, puis phrases peu élogieuses en mon encontre fusèrent : « Bienvenue p’tit con ! » « On va bien s’occuper d’ton cul, t'vas voir » « T’veux pas faire connaissance avec mon pote là ? » Le tout parfois avec des grimaces, mimiques et évocations qui en disaient long sur une bonne partie des intentions de tous ces ours mal léchés. Ou plutôt bonobos. Mais peu importe. Le plus surprenant fut le gardien qui me tirait comme son « toutou ». On avait vraiment l’impression qu’il était dans son élément, sans compter qu’il était respectueusement salué par une bonne partie des prisonniers qui n’osaient même pas le toucher. A croire qu’il devait être très craint. Et donc très fort. Pour ces ploucs, tout du moins. Constat qui m’arracha un sourire presque imperceptible. La barbe trop fournie que j’avais et le visage baissé ne pouvaient pas me trahir…

- « Chef Matsushima ! C’est rare d’vous voir vous-même venir avec un nouveau prisonnier… » Fit un taulard, en frottant ses mains, l’air idiot, comme s’il n’avait qu’une seule envie : Entrer dans les bonnes grâces de celui qui semblait être le chef de la prison.

- « Du vent, mocheté ! »

Le coup qui suivit fut peut-être rapide pour le commun des mortels et la plupart des prisonniers du coin, mais j’eus le temps de bien le voir -en slow motion même. Le Matsushima lui avait infligé un high kick d’une rare violence qui l’envoya voler plus loin, vers l’une des façades. Décollé à plus de dix bons mètres, le pauvre taulard retomba piteusement au sol, le tout sous des réactions contrastées : Certains firent apeurés. Les plus faibles du coin sans aucun doute. D’autres au contraire s’esclaffaient comme de gros enfoirés. Les plus forts des environs. Si j’avais été stoïque devant cette action, force est d’avouer qu’elle me surprit quelque peu. Mes suppositions sur sa force venaient d’être corroborées. Il avait peut-être la gueule d’un gros pervers un peu dégueu sur les bords, mais il n’en demeurait pas moins fort. Très fort. Il retourna son visage vers moi et eut un sourire. Un sourire qui s’accompagna d’une remarque totalement pertinente : « Comme attendu de l’homme qui a vaincu Kaname… Ta sérénité ne m’étonne même pas. Le contraire m’aurait paru suspect, par contre… » Et là-dessus, il tira sur ma chaine pour me faire plus vite avancer devant tous ces grosses brutes avides de sang. Que de pourritures dans cet endroit. Et dire que je les aurais déjà tous neutralisé en temps normal… Ironie quand tu nous tiens. Au moins, l’univers carcéral n’aurait plus aucun secret pour moi. J’allais devenir un marine plus qu’accompli suite à mon passage sur cette île.

- « Hohé… Il ne va quand même pas l’amener là-bas ?! »

- « Déjà ?! Mais c’est qui ce nouveau ?! »


Soudain, les nombreux rires firent place à des murmures somme toute inquiets. Pour des gars qui prévoyaient de m’humilier, de me tabasser et pourquoi pas de me niquer, ça sonnait bizarre. Je vis alors que certains d’entre eux pour ne pas dire que presque tous avaient des mines ahuries. De quoi me titiller ma curiosité. Je me tournai alors vers le gardien qui se diriger vers une cellule de l’édifice gauche. Cette dernière était isolée d’une drôle de manière : Devant ladite cellule, il y avait une grande clôture faite en bois et en barbelés piquants. Charmant. De quoi envisager le pire. Quant à la porte en fer de la cellule, celle-ci paraissait bien plus grande que les autres. Environ une dizaine de mètres carrément. Mon mantra m’indiqua une présence dedans, mais je ne creusai pas plus. Je m’imaginais déjà ce qui allait en sortir. J’étais vraiment pas sorti de l’auberge. Ce n’est que lorsque nous fumes devant la clôture que Matsushima consentit enfin à lâcher « ma laisse » et à me la retirer définitivement pour me libérer. Automatiquement, je me mis à masser mes poignets tandis qu’il passa la clôture d’une simple pirouette digne d’une gymnaste. Une fois dans le périmètre de la prison, s’arma d’un trousseau de clés et déverrouilla la porte sans l’ouvrir, avant de ressortir par la même cabriole alors que la clôture avait pourtant une ouverture bloquée par un simple portail en bois. Il était timbré ce Matsushima. Il y avait un truc qui n’allait pas avec ce type…

- « OGA ! SORS DE LA ! »

Chez les prisonniers, ce fut la débandade ! Tous s’étaient mis à fuir si bien qu’en l’espace d’une seule minute, il n’y eut plus personne dans la cour. Abusé… Enfin bon… Je suppose que j’allais devoir me coltiner la plus grosse brute de la prison. Normal vu ma prouesse qui semblait avoir épaté Matsushima lui-même. De ce que j’avais pourtant vu, il devait être bien plus fort que ce Kaname que j’avais laminé. Je haussai mes épaules, avant que le gardien bien aimé du pic de fer ne re-gueule au fameux Oga de bouger son derche. Et cette fois-ci, il eut un grognement commun à tous les géants ou demi-géant que j’avais pu rencontrer. La taille de la porte de la cellule ne fit pas de doute. Ensuite ? Le suspens relatif à ce genre de scène : La voix grognonne, lourde et grave, le premier pas qui fait trembler le sol, la porte qui s’ouvre lentement, mais bruyamment, la silhouette massive qui se dessine… Ouais non. A chier… C’était des clichés qui ne m’effleuraient même pas. Je cédai à l’ennui et baillai grossièrement avant de regarder un peu partout d’un air las, alors que le fameux Oga se présentait enfin. Un demi-géant d’à peu près huit mètres. Inutile de détailler son visage : Il était moche. Pas du tout beau. Crasseux aussi. Alors que Matsuchima me présentait comme son nouveau petit jouet, je fis pareil que lui : Un saut assez périlleux avant d’atterrir directement dans la zone où se trouvait mon nouveau compagnon de cellule. Un combat à sens unique s’en suivit dès lors.

Une minute plus tard, sous les yeux médusés des gardiens comme des prisonniers depuis leurs cellules, le grand Oga était à terre, le visage aussi défoncé que le mien.

C’est alors que je me retournai vers Matsushima :

- « Au fait, on bouffe à quelle heure ? Je dois t’avouer que j’ai pas bouffé depuis hier soir. »


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Un mois plus tard…

Aaaaaah, galère ! J’ai faim, putain ! Et soif, on en parle même pas ! Ça doit faire combien de temps que je suis enchainé maintenant ici ? Trois semaines… ? Un mois ? Ouais. Un mois. Quelque chose comme ça. Un mois sans manger, sans boire ni bouger, complètement enchainé contre un mur sale d’un cachot exiguë toute aussi crade. Quelques cafards et souris me tenaient compagnie, mais c’était tout. La poussière s’était accumulée sur mon corps et j’avais dépéri à vue d’œil. Tenir une trentaine de jours sans bouffer ni boire, il fallait quand même le faire. Comme un n’importe quel homme complètement à bout physiquement et psychologiquement aussi, j’avais commencé à délirer et à chanter tout seul. Mais en vérité, j’étais loin d’être fou. Pour passer le temps, j’avais surtout ruminé ma vengeance contre ces chiens sur l’île et contre la flotte de Kiyori en général. J’avais également profité de mon mantra pour percevoir toutes les conversations croustillantes sur cette prison. Et j’avais fini par percer le secret du pic de fer, en plein milieu de la deuxième semaine. Si les taulards du coin se tenaient à carreau, c’était bien parce qu’on leur offrait parfois la possibilité d’intégrer l’équipage de Kiyori en fonction de leur force et de leur comportement. Ce qui expliquait le respect des gardes et la rareté des tentatives d’évasion… Une affaire bien rodée quoi…

Sans savoir les critères de cette sélection, j’avais tout de même décidé de rester sagement dans mon coin. Parce qu’autant le dire, ce n’était pas ces pitoyables entraves qui pouvaient me bloquer ici. La faim par contre, je la ressentais avec force depuis un moment maintenant, sans compter que j’avais un besoin urgent de me laver et de me faire soigner. C’était bien la première fois que je souffrais autant pour une cause personnelle.. Peut-être même que le gouvernement mondial me pensait mort, encore. Ce ne serait pas la première fois. J’eus un sourire en repensant aux évènements sur Alabasta et en relation avec le Leviathan avant de me marrer comme un fou. Mais le rire ne dura pas très longtemps puisque mon ventre cria famine de sorte à me rappeler que ma condition assez pitoyable ne me permettait vraiment pas de rigoler. Ce énième grondement me poussa à prendre la décision suivante : Me barrer de ce coin de fous si on ne me libérait pas dans les 24h à venir. Mais au même moment, je sentis des présences qui se dirigeaient vers ma prison, les bruits de pas qui allaient avec, puis l’ouverture de la porte de ma cellule. Aucun éblouissement heureusement, puisque ladite cellule était située au sous-sol. Devant moi ? Matsushima et ses hommes. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils furent étonnés de me voir encore vivant…

- « Tu es flippant, toi… Vraiment flippant… Détachez-le ! »

Je voulus rire, mais je préférai ne pas pousser plus loin. Les hommes du gardien en chef vinrent me délivrer et m’aidèrent à marcher vu l’état lamentable de mon corps. Il me fallait reprendre des forces. Bouffer surtout. En plus d’avoir été libéré, j’avais aussi la satisfaction de bluffer tous ces gardes qui m’entouraient. Mon petit doigt me disait que je n’allais pas croupir ici longtemps. De toute façon, je m’étais donné une limite d’un mois et je l’avais quasiment dépassé. Là encore, j’allais juste attendre d’être revigoré comme il faut pour agir. Il me fallait être au sommet de ma force pour tenter quelque chose. Lorsque nous arrivâmes enfin à la surface, la lumière du soleil m’éblouit inévitablement. Je dus fermer les yeux et baisser la tête pour éviter de me faire griller la rétine. J’avais peut-être le mantra, mais je ne tenais pas vraiment à être aveugle ou à bénéficier de prothèses oculaire. Être un cyborg ne me tentait pas du tout. Nous traversâmes alors la cour externe -Il y en avait bien une- et bien plus gigantesque que l’interne, pour évoluer jusqu’à la dernière. Lorsque nous arrivâmes à ce niveau, même ambiance que le premier jour. A se demander quand est-ce qu’on les lâchait à l’extérieur ces gens ! Mais lorsqu’ils me virent, ils eurent des cris de joies et se mirent à applaudir ! J’étais balèze. Pour ces types, j’étais carrément balèze !

Déjà parce que j’avais vaincu le demi-géant en deux temps trois mouvements, mais aussi parce que j’avais survécu un mois sans manger ni boire. Une ténacité et une force digne des plus grands.

Plutôt que de m’acheminer dans une geôle, on me transféra rapidement à « l’infirmerie » où je bénéficiai de soins et de repas pour me mettre sur pieds pendant une semaine. Le traitement sans être royal fut correct. Lors de mon dernier jour au sein de l’infirmerie, j’étais déjà sur pieds ! J’avais repris des formes, ma mobilité et j’avais une meilleure mine en plus d’être propre. Un Salem sale et amoché… A se demander si mes conquêtes auraient eu la foi de s’approcher de moi si elles m’avaient vu dans cet état. Etat causé par le géant d’ailleurs. Dès que je l’avais vaincu, Matsushima et tous les gardes présents s’étaient rués vers moi, affolés. J’aurai pu les vaincre, mais c’eut aurait été idiot dès le premier jour. Du coup, je m’étais laissé faire et j’avais ensuite été emprisonné. Ma dangerosité avait dû complètement les effrayer d’où leur réaction immédiate. Le fameux Oga devait bel et bien être le plus dangereux des taulards par ici. Mais pourquoi il était isolé ? Et pourquoi cette clôture grotesque autour de sa cellule d’ailleurs ? Faisait-il parti d’un projet ? Des questions qui demeurèrent sans réponses dans mon esprit. D’ailleurs, j’avais eu beau utiliser mon haki de l’observation pour sonder les esprits et épier les conversations que je n’avais rien appris sur ce sujet. Ce demi-géant restait un mystère. Sans doute un moyen de persuasion supplémentaire pour faire régner l’ordre.

Ordre relatif quand on y pense. Ce pénitencier restait bordélique dans un sens…


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- « Boss, acceptez nos modestes repas ! »

- « Je vous en prie, installez-vous ! »


Depuis ma sortie de l’infirmerie, tous les détenus n’avaient d’yeux que pour moi. Mes exploits ne s’arrêtèrent pas à ma victoire sur le demi-géant ou à ma résistance dans les cachots, non. J’avais également battu à plat de couture d’autres durs à cuire qui avaient osé me défier. Plutôt que de me foutre encore une fois en isolement, les gardes m’avaient cette fois-ci laissé faire, un peu comme si on leur avait donné l’ordre de me laisser agir comme bon me semble ; mais l’idée s’envola vite de mon esprit lorsque je vis certains prisonniers se bousiller la gueule. L’ordre hein… A croire que la violence était innée chez eux. De toute façon, avec un environnement pareil, il y avait de quoi être timbré. Cette prison constituait donc un vivier pour Kiyori qui avait de la chair à canon à profusion dont elle pouvait se servir pour ses basses besognes. C’était bien un empereur ça. Des chiens qui ne méritaient rien d’autre que la mort. Et cette putain allait crever, foi de Fenyang ! C’est sur cette pensée que je posai mon cul sur le siège qu’un autre taulard m’avait offert avant de me mettre à manger tous les plats devant moi. C’était pas fameux, mais au moins, il y en avait en quantité, puisque pas mal de types m’avaient gracieusement refilé leur part. Ils s’agglutinaient autour de moi comme des mouches, ce qui était assez irritant, mais après une bonne semaine à les côtoyer, j’avais fini par m’habituer à leur présence sans avoir des intentions de meurtres à chaque seconde.

Mais alors que nous étions en plein milieu du repas, la cloche du gigantesque réfectoire sonna et des gardes firent irruption dans la salle. Les autres taulards furent tous aussi surpris que moi. Il devait donc se passer un truc. Matsushima finit par se présenter à l’entrée ce qui nous poussa à tous nous mettre debout avant qu’il ne nous annonce que la directrice de la prison était de passage, ce qui les obligeait à interrompre notre déjeuner et à nous renvoyer dans nos cellules sur le champ. De passage ? Voilà qui était bizarre. Pourquoi n’était-elle pas en permanence au sein de la prison ? Et pourquoi une femme à sa tête ? Était-ce l’une des lieutenantes de la shogun ? Les questions se multiplièrent petit à petit quand je décidai de les chasser de mon esprit pour suivre les autres jusqu’à ma cellule, tranquillement. En passant devant le roux pervers, celui-ci ne m’accorda point de regard contrairement à son habitude. Même qu’il semblait nerveux, mais je préférai ne pas me triturai les méninges pour connaitre les raisons à ce stress apparent. Cela ne m’avancerait à rien, sans compter que  je m’en fichais pas mal à vrai dire. Une fois dans nos cellules, les portes se refermèrent. Une bonne demi-heure s’écoula jusqu’à ce que des bruits de pas se fassent entendre. Un groupe se dirigeait vers notre aile. Couché sur le dos, je me redressai lorsque lesdits pas s’arrêtèrent devant ma prison et que la porte de cette dernière ne s’ouvre lentement…

Et là, une jeune femme s’aventura doucement à l’intérieur de mon périmètre avant de murmurer de façon malicieuse :

- « Vous m’avez manqué professeur… »

Mon visage se décomposa d’un coup. Ma bouche s’ouvrit par réflexe et mes yeux s’écarquillèrent comme pour marquer l’étonnement qui me saisit en une seconde seulement. Devant moi, la jeune femme souriait. Et cette femme-là, je ne la connaissais que trop bien. Ou je croyais la connaitre. Pour m’assurer que je n’avais pas la berlue, je me clignai des yeux et allai même jusqu’à les frotter, mais il n’eut  rien à faire : Celle qui se trouvait devant moi n’était autre que Miyuki Kinoshita, propriétaire de l’auberge Kinoshita à Shikoka. Je restai coi devant elle pendant une bonne poignée de secondes avant qu’elle ne se mette à rigoler de manière innocente. Mais cette manière-là me refroidit, si bien que je me mis d’un seul coup à froncer les sourcils tout en lui lançant un regard noir. Le chignon qu’elle avait réalisé, son kimono court qui laissait transparaitre ses belles cuisses pleines et le katana à sa taille ne laissaient place à aucun doute. Cette meuf était tout simplement… « Ne me faites pas cette tête-là, voyons… » La directrice du pic de fer ! Je voulus croire pendant un moment qu’elle n’était qu’une simple visiteuse qui avait usé de ses contacts pour venir me voir, mais cela me paraissait très peu probable. Qui plus est, la posture rigoureuse qu’avait adoptée Matsushima derrière elle (comme celui d’un parfait soldat) ainsi que celle de ses hommes me mirent la puce à l’oreille. Cette satanée blonde était la chef de cette prison. Il fallait être con pour pas le capter…

- « J’ai été triste d’apprendre que vous aviez fini ici. Mais après des investigations, j’ai réussi à connaitre le fin mot de l’histoire. Bith vous êtes un brave homme… »

Alors qu’elle voulut poser une main sur mon visage, je la repoussai sèchement. Ce geste eut pour effet de contrarier les gardes, en particulier Matsushima qui voulut se ruer vers moi pour me faire payer mon affront mais la jeune femme lui fit signe de se calmer. C’est à cet instant précis que je compris qu’elle s’était jouée de moi depuis le début. Ou plutôt tous. Ce concept d’auberge pour étrangers, c’était du flan depuis le début. Le décès d’un membre de sa famille aussi… Sans doute était-elle venue dans le coin pour régler un problème. De ce fait, j’eus soudain la sale impression de m’être fait épier depuis le début. Il faut dire en même temps que j’étais tellement à fond dans mon rôle de professeur que j’avais quasiment refoulé mon mantra, d’où le fait qu’elle avait eu tout le loisir de me berner sans que je ne puisse sentir quoique ce soit. Tout un savoir-faire bien rodé par une île qui vivait recluse sur elle-même. Je comprenais dorénavant les craintes de Cherry. Ceci étant dit, ils n’avaient pas encore découvert qui j’étais réellement. Ils avaient su que j’étais puissant (ou pas net) mais ils ne savaient pas pour ma véritable identité, sans quoi ils m’auraient déjà tué. Autant surfer sur la vague du mec qui n’était pas content d’avoir été abusé. La jeune femme devant moi se retourna et me fit signe de la suivre. Apparemment je n’allais plus moisir ici…

- « Suivez-moi… »

- « Pour aller où ? »

- « Tester votre détermination, professeur. »


Oh ? Une baston ? Voilà une occasion en or pour bien la dérouiller comme il faut.

Une lueur vengeresse illumina soudain mon regard.

Elle n’allait pas être déçue…


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Quelques minutes plus tard…

- « Il fait chaud, vous ne trouvez pas ? »

Notre petite marche nous avait menés à la cour externe. En plus d’être immense, elle était déserte et offrait ainsi un bon espace d’entrainement. D’entrainement ou plutôt de combat car c’était ce qui allait réellement se passer. Un combat sérieux. Un vrai de vrai. Le premier que j’allais avoir depuis mon petit duel avec Fuku à Marineford. Cela devait remonter à un trimestre à peu près. La petite altercation que j’avais eu avec le gardien de la porte de l’île et mes victoires éclaires tant sur Oga que sur Kaname ne comptaient pas du tout. Dans la même veine, il était inutile de mentionner les confrontations qui m’opposèrent aux différents prisonniers qui avaient voulu me défaire sans aucun succès. La petite blonde qui me faisait face était certainement d’un tout autre niveau. Entre temps, j’avais eu à passer un mois enchainé dans un cachot. J’avais repris des forces et j’avais meilleure mine –malgré mon physique quelque peu émacié-, mais j’étais debout devant elle. D’ailleurs, la jeune femme avait l’air d’être joyeuse à l’idée de se frotter à moi. Elle devait avoir un sérieux problème elle… M’est d’avis qu’elle devait même être une pirate primée au même titre que la shogun de cette île. Ceci étant dit, même un vice-amiral comme moi ne pouvait pas se rappeler de toutes les primes existantes à l’heure actuelle. Impossible. Et peu importait au final. J’allais la battre, prouver ma « détermination » et me barrer de cet établissement carcéral de merde…

- « Tenez professeur ! »

Miyuki et sans que je ne sache pourquoi me balança son arme. Un katana de bonne facture que je n’eus aucun mal à attraper en plein vol malgré toute la force qu’elle y avait mise. Un lancer qui aurait pu assommer voire même tuer un individu lambda. Une manière pour elle de jauger déjà ma force ? Peu importe. Alors que je dégainais lentement ledit katana, la jeune femme fit signe à l’un de ses gardes qui vint lui prêter sa naginata. Si à première vue, l’arme était très lourde, la blonde la tenait sans aucun problème. Même qu’elle se mit à l’agiter autour d’elle dans tous les sens à un tel point qu’elle engendra un souffle assez important qui faisait frémir les gardiens dans les alentours, Matsushima y compris. « Vous êtes plus à l’aise avec votre épée non ? Shinobi m’a confirmé que vous avez fait vos classes à Shimotsuki. » Shinobi ? Le nom ne me dit rien du tout. Mais cinq à six secondes plus tard, je me souvins n’avoir déclaré cela qu’à une seule personne : Le skinhead, gardien de la porte des héros. A croire qu’elle s’était renseignée un maximum sur moi. Malsaine cette meuf. J’eus un frisson avant de jeter le bourreau en bois plus loin tout en adoptant directement une posture de combat. Une posture défensive même. La jeune femme m’observa, interrogatrice, puis se mit à sourire. Elle avait bien compris que je l’invitais à m’attaquer en premier. Elle fit tournoyer très rapidement son arme entre ses doigts puis engendra soudaine une lame de vent qu’elle me balança à la figure.

Bien sur mes appuis, je n’eus aucun mal à faire écarter l’onde tranchante dès qu’elle fut proche de moi, sauf que madame avait déjà parcouru la distance qui nous séparait et me porta un coup latéral qui visait mes côtes gauche. Plaçant nonchalamment mon katana devant la partie visée de sorte à ce qu’il soit un bouclier, je fus surpris par la force qu’elle appliqua dans son attaque. Le coup me balaya sur plusieurs mètres non sans me faire décoller, tandis que madame, elle, avait planté sa naginata au sol et s’amusa à faire du pole dance autour de la hampe en riant. Une timbrée… J’étais tombée sur une timbrée ! Le même genre que Matsushima, mais en pire quoi. De quoi me donner envie de la saigner ! Ceci étant dit, il fallait que je dose impérativement. L’écraser pourrait devenir problématique et suspect. Le mieux était donc m’ajuster plus ou moins à son niveau, d’où le fait que je la laissais m’attaquer pour avoir une idée réelle de sa force. Une fois qu’elle redescendit de sa « barre improvisée », la danseuse arracha son arme du sol et fonça à nouveau sur moi. Soudain, elle disparut de ma vision, mais mon mantra et mes sens en alerte m’indiquèrent qu’elle se trouvait dans les airs. Sans attendre, je plaçai mon épée de façon horizontale au-dessus de ma tête, deux à trois secondes avant même que Miyuki n’abatte avec force sa lame sur la mienne. Sa puissance m’encastra presque dans la terre que je fis craquer sous moi, avant qu’un mini cratère ne se dessine…

- « Vous êtes foooort, professeur, hihihi ! »

Et elle disparut pour réapparaitre quelques mètres plus loin. Malgré sa vitesse qui s’avérait être supersonique, j’avais réussi à détailler sa technique qui ressemblait presque à du soru de bas étage. Pratique en combat en tout cas. Je fis un petit saut pour quitter ledit cratère, avant de me repositionner de façon à ce qu’elle ne prenne l’avantage encore une fois. Et loin d’être agacée, l’héritière des Kinoshita se lança une nouvelle fois vers moi en riant. Cette fois-ci, ce fut une pluie de charges qui m’assaillit de toutes parts. Mais comme un grand, j’arrivais toujours à la contrer in-extrémis. A la dernière attaque, je réussis à la repousser violemment et à bondir vers elle pour lui assener un coup de pied dans les côtes qu’elle répliqua en m’infligeant un coup à l’aide de la hampe de son arme et ce au même niveau. Son coup me fit moins mal que d’habitude, mais elle, par contre avait bien senti mon attaque et froissai sa face de douleur. Un moment qui me profita pour lancer une simple lame de vent qu’elle réussit à dévier avant de se mettre aussitôt en posture de défense. Cependant, elle vit que je n’avais pas bougé d’un pouce et que j’étais debout de façon nonchalante avec une main sur une hanche, l’autre tenant mon arme. Le sourire narquois qui trônait sur mon visage effaça le sien et ce fut une Miyuki presque furieuse qui se redressa en jouant de sa lance…

- « On va maintenant passer aux choses sérieuses... »

Pas trop tôt…


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Et elle chargea. Encore une fois. Mais cette fois-ci, je fis pareil. Et nous croisâmes le fer avec force. Le fracas fut retentissant. Tout le pénitencier devait l’avoir entendu. Du reste, l’impact de nos lames créa une onde de choc assez violente qui balaya tous les hommes assistant à notre combat. Seul Matsushima réussit à rester sur place en plantant sa propre lame dans le sol et en tenant bon. Il se rendait compte à présent que j’aurai pu trucider tous les gardes de la prison et lui avec. Son cœur s’emplit de terreur. Un tel homme que moi ne devrait pas rester une seconde de plus par ici, qu’il se disait. Pendant notre passe d’armes, Miyuki eut un sourire carnassier qui m’arracha une moue dépitée. Etait-ce là son vrai visage ? Celle d’une femme fan de violence et de combat ? Pitoyable… Je regrettais presque la propriétaire de l’auberge dans laquelle j’avais passé un « agréable » séjour. La vie ne cesserait jamais de me décevoir apparemment. Nous finîmes par reculer au même moment pour pouvoir mieux réattaquer ensuite. Miyuki en se perdant dans un rire sardonique typique des grands méchants, fut la première à bouger une nouvelle fois. Si je lui concédais une chose, c’est qu’elle était souple, légère et très rapide. Sa force et sa technicité n’était pas non plus à négliger puisqu’elle maniait la hallebarde orientale avec une dextérité sans pareille. Son niveau était égale voire légèrement supérieur à celui d’un sous-amiral ou d’un commandant d’élite. Rien que ça…

Une vraie bête digne du nouveau monde.

Plutôt que de venir une nouvelle fois claquer son arme contre la mienne, la blonde multiplia d’un seul coup les coups d’estocs à n’en point finir. La vitesse et la violence avec lesquelles elle s’employait à le faire me firent comprendre qu’elle était prête à me blesser grièvement voire même me buter. Elle avait compris que j’étais de son niveau. Seulement, elle était loin de s’imaginer que j’avais deux fois sa force. Deux fois et demi, quelque chose comme ça. Un peu moins de trois fois. Mais peu importait finalement. Ses offensives, je les déviais à l’aide de ma lame ou je les esquivais comme je le pouvais. Bien évidemment, je la laissai m’érafler quelques fois et l’une de ses attaques transperça légèrement l’un de mes bras, mais sans conséquence véritable pour la suite du combat. C’était une légère blessure qui n’allait pas du tout m’handicaper. Lorsqu’elle mit fin à son grand enchainement et qu’elle décida de me porter une attaque lourde comme elle en avait le secret, je profitai du fait qu’elle leva son arme dans le ciel pour lui infliger un kick en plein dans le bide. Cela eut pour effet de la faire bouler plus loin, mais elle retomba agilement sur ses pattes, telle un chat avant de disparaitre de mon champ de vision. Lorsqu’elle réapparut derrière moi, ma main de libre volait déjà vers elle et lui décocha un sacré uppercut qui eut pour effet de la mettre au sol. Sol sur lequel elle roula volontairement pour échapper à la pointe de ma lame qui menaça de la planter.

- « C’est pas l’heure de dormir… »

Mais à peine voulut-elle se relever que j’étais déjà au-dessus d’elle. Mais plutôt que de poignarder, je retombai violemment sur elle les deux pieds joints, en plein ventre. Elle lâcha une grosse gerbe de sang dont quelques gouttes maculèrent mon visage, mais au lieu d’en finir avec elle, je fis un saut en arrière et me réceptionnai tranquillement à quelques mètres. Je lui laissai même le loisir de se relever, ce qu’elle fit difficilement, un bras autour de son bide. Haletant comme une folle, elle finit par essuyer rageusement sa bouche puis se remit en position de combat avec une gueule encore moins ravie que d’habitude. Aucunement essoufflé, je la regardais d’un air vague avant de me permettre de soupirer. A la longue, je commençais à m’ennuyer et ce test ne rimait presque plus à rien. Ce dédain de ma part l’enflamma pour ne surtout rien changer et c’est un gigantesque arc qu’elle décrivit en agitant sa naginata dans le vide, projetant ainsi une lame de vent surpuissante qui se dirigea vers moi en détruisant le sol sur son chemin. Bien trop rapide pour que je l’esquive à la régulière et n’ayant pas envie de me trahir en faisant usage du soru ou du geppou, je restai sur place et pris mon arme à deux mains pour parer sa technique. Celle-ci fut tellement surpuissante qu’elle me repoussa violemment sur plusieurs mètres en arrière. Les gardes qui s’étaient relevés furent heureux de me voir en mauvaise posture, surtout ce foutu Matsushima de merde, mais…

- « On va bien rigoler… »

D’un simili effort surhumain -Devrais-je rappeler que j’utilisais à peine la moitié de ma véritable force ?-, je repoussai son onde tranchante, non pas dans les airs mais dans le sens contrairement, tout bêtement ! Retour à l’envoyeur comme on dit. Cette fois-ci, j’eus un sourire complètement démoniaque, moqueur même. Et j’avais vu juste. La blonde, surprise, usa de sa rapidité pour se tirer in-extrémis du pétrin dans lequel je l’avais fourré, avant que le cône venteux n’aille heurter un bâtiment qui explosa et s’effondra complètement. Miyuki fut complètement médusée par ce qui venait de se passer. L’une de ses attaques les plus meurtrières venait d’être repoussée comme si de rien était. Une sueur froide coula sur l’une de ses tempes et un sourire un peu gauche vint marquer sa stupéfaction. Lorsqu’elle se retourna vers moi, elle vit que j’avançais vers elle d’un pas décidé. C’est alors qu’elle jeta son arme ce qui me fit hausser un sourcil avant de prendre son visage en coupe, dans ses mains. « Vous êtes incroyable professeur ! » Et elle courra vers moi telle une groupie, m’arrachant par la même occasion un frisson de dégout avec ses yeux imprimés de gros cœur. Lorsqu’elle sauta à mon cou, je lâchai mon arme pour essayer aussitôt de la déloger, mais rien à faire : Pire qu’un koala ce truc. J’essayai de l’éjecter plusieurs fois, mais sans succès. La directrice de la prison n’était pas encline à me lâcher une seule seconde. Après une bonne poignée de secondes, elle murmura enfin…

- « Dépêchons-nous de quitter cet endroit sordide. Vous faites maintenant partie de la grande flotte de notre déesse ! »

Un progrès. Un progrès comme je les aimais…

Kiyori n'a qu'à bien se tenir !


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