Matheson Sorrow

Le crépuscule colorait le ciel d'une myriade de couleurs chatoyantes, passant lentement du rouge au violet à mesure que le soleil disparaissait à l'horizon. Le spectacle était éblouissant et tranchait violemment avec les rues sales et dangereuses de Las Camp. Malgré cela, la beauté de la voûte céleste n'était pas ce qui occupait l'esprit de Roy en cet instant, non. Des étoiles plein les yeux, il contemplait Le Palazio, son navire qui avait été remis au goût du jour.

Le propriétaire du chantier naval avait été conciliant avec les amis d'Habu Jackson. Il y a peu ce dernier était devenu son nouveau partenaire commercial. Les gangsters de la Famille se recyclaient peu à peu en travailleur honnête, constructeur de navire et pêcheur en haute mer. Avec cet afflux de personnel extrêmement efficace, couplé aux autres activités moins avouables du gang dont il comptait bien profiter, l'homme d'affaires peu scrupuleux était avide de contenter Habu. La rentrée d'argent offerte par le démantèlement de la Guilde des Usuriers, associé à leurs nouveaux contacts dans la Marine avait propulsé la Famille Jackson au sommet de la chaîne de pouvoir. Elle était devenue l'un des groupes les plus influents de l'île, si ce n'était le plus influent. Cela n'était pas sans venir avec quelques avantages. Malgré sa prime, Roy avait obtenu de pouvoir arrimer le bâtiment au port de la ville.

Le nom du navire avait été masqué pour ne pas attirer l'attention des militaires. Après tout, Petersen Alec, maître de la Prison de Las Camp et son propriétaire était toujours à sa recherche. Mais ce n'était pas le seul changement qui avait traversé le navire, non : Le Palazio avait été entièrement remis à neuf. C'en était fini des multiples signes de délabrement qui s'était emparé de lui après de trop longs mois passés à prendre la poussière. Il reluisait à présent et les talentueux charpentiers du chantier naval l'avait adapté aux besoins de Roy selon les directives de sa comptable, Lily. Avec cette dernière il était justement en train de visiter la caravelle, prenant la mesure du travail accompli au cours de ces derniers jours. Il n'était pas déçu.

Le navire ressemait à un authentique vaisseau pirate à présent. Arborant de majestueuses voiles noires et une peinture mate de la même teinte, Le Palazio se démarquait clairement du reste des bâtiments amarrés dans le port. Son apparence extérieure avait été complètement modifiée, adaptée et modernisée pour satisfaire à la vision romanesque de Roy. L'armature qui cerclait la coque avait été colorée d'un rouge stylisée qui rehaussait encore l'allure majestueuse de la caravelle. Toutefois, c'était son intérieur qui avaient subis les changements les plus importants.

Les quartiers de matelots recyclés en entrepôt pour marchandise de contrebande n'étaient plus. La cargaison volée avait été revendue et la pièce, située juste en dessous du mât, avait été réaménagé pour accueillir l'équipage. À ce titre, du mobilier avait été ajouté pour rendre l'endroit cossu et douillet, Roy ayant fait le choix de prendre de véritables lits plutôt que des hamacs, sacrifiant l'espace au confort. Ce qui autrefois était la cabine du capitaine dans le gaillard arrière était devenue une salle de séjour, un salon qui abritait également une cuisine équipée et un frigo. Sous les directives de Mochi, une petite partie de la pièce avait également été aménagée en infirmerie dans laquelle le médecin de l'équipage trouverait tout ce dont il a besoin et pourrait même recevoir jusqu'à deux patients. La salle de bain également avait été déplacée sous le pont, près du gouvernail et disposait maintenant d'une douche, d'une baignoire, de toilettes et d'un lavabo. Le cadre de vie à bord s'annonçait de qualité.

Des dix canons qui encombraient autrefois la caravelle, Roy n'en avait gardé que quatre, revendant le reste pour s'offrir de nouveaux jouets. Allégé, Le Palazio était maintenant équipé de deux canons mobiles à l'avant, un mortier en proue et deux canons par bordée. Bien qu'elle n'ait pas encore été achetée, la réserve de poudre était destinée à être entreposée bien à l'abri dans la cale en compagnie du râtelier d'armes blanches, des munitions de balles et de boulets et du set de harpons pour la pêche au gros que leur avait conseillé Habu. Pour couronner le tout, le jeune capitaine s'était permis une petite folie en prévision de la chasse au trésor qui les attendait : le prototype d'une cloche de plongée avait été installé sur le navire. Reliée à une grue de récupération manuelle, elle était censée pouvoir amener un individu à près de vingts mètres de profondeur. De cette manière, la vulnérable femme-poisson de l'équipage n'aurait pas à plonger toute seule le moment venu. Avec tous ces changements, on lui avait certifié qu'il était maintenant en possession de l'un des navires les plus rapides de toutes les Blues. Sachant qu'il comptait traverser Grand Line avec ce bâtiment, Roy ne comptait pas se contenter de moins.

Ayant terminé le tour, ils se retrouvèrent bientôt sur les quais du port où ils purent admirer la nouvelle apparence du Palazio, lequel n'avait désormais plus rien à voir avec une caravelle de la Marine. Il ne lui manquait plus que ses lettres et son drapeau, et l'équipage aurait enfin un authentique navire pirate. Le charpentier qui les accompagnait leur laissa tout le temps dont ils avaient besoin pour se repaître du spectacle. En silence, ils admirèrent le navire et profitèrent des bons effluves de bois vernis qu'il dégageait. La mer se joignit également à eux, les gratifiant de son souffle marin, remuant la coque du bâtiment et provoquant de légers clapotis, parfaitement audibles au milieu de ce port désert. La soirée était paisible.

 - Donc je vais partager la même salle que toi, Mochi et Moria si je comprends bien, réalisa soudain Lily au milieu de leur contemplation.

Arraché à son émerveillement, Roy se figea des pieds à la tête. Durant un instant, rien ne bougea chez lui si l'on omettait le léger dégluti qui avait parcouru sa gorge. Puis, lentement, avec la grâce et la vaillance d'une porte grinçante, il tourna la tête vers sa comptable. Découvrant la mine mécontente de la jeune femme, il ne put s'empêcher de déglutir à nouveau.

 - J'imagine oui, lâcha-t-il finalement avec un rire nerveux, à moins que tu ne préfères dormir dans la baignoire ?

Il regretta immédiatement sa veine tentative de détendre l'atmosphère. Tapant du pied en le foudroyant du regard, Lily ne sembla pas le moins du monde amusée par sa suggestion.

 - Bon ça va, tenta-t-il de désamorcer la situation, tu nous connais on n'est pas des bêtes... il y a assez de place pour qu'on ait chacun notre intimité ! lui assura-t-il ensuite vivement quand elle fit mine de s'approcher pour le frapper.

Son calepin déjà bien haut dans le ciel, Roy ne dut son salut qu'au Den Den Mushi des pirates qui choisit ce moment pour se mettre à sonner. Son visage abrité derrière ses bras, le jeune capitaine patienta quelques instants, le temps d'être bien sûr qu'elle ne finirait pas son geste. Finalement Lily se résigna dans un soupir à baisser son arme.

 - Je savais que j'aurais dû vérifier les plans, rouspéta la femme-poisson en décrochant l'escargophone, oui allô ?

 - Quels plans ? chuchota le jeune homme au charpentier qui les accompagnait, lequel haussa les épaules tandis que la comptable engageait la conversation avec son interlocuteur.

Préférant éviter que le travailleur n'écoute l'échange escargophonique, Roy l'entraîna à l'écart et discuta avec lui le temps que Lily en ait fini. Le propriétaire du chantier naval avait choisi des hommes de confiance pour traiter avec les pirates. Le temps de leur entrevue, cette partie du port avait été évacuée, mise à disposition des hors-la-loi pour qu'ils puissent circuler librement sans être inquiétés par la Marine ou les civils. Rapidement heureusement, la femme-poisson coupa les communications et rejoint les deux hommes.

 - C'était Habu, informa-t-elle son capitaine, il a une nouvelle urgente à nous transmettre apparemment, il aimerait qu'on le rejoigne immédiatement.

 - On aura bientôt fini les travaux sur ce navire, se dépêcha de terminer le charpentier, comprenant que ses clients allaient le quitter. Vous avez déjà effectué le premier paiement auprès de monsieur Wilcox, Le Palazio vous sera livré quand vous aurez effectué le second.

 - Transmettez-lui mes remerciements, répondit Roy avec un sourire, je n'aurais pas pu être plus satisfait du résultat.

Il voulut serrer la main du charpentier, mais c'était sans compter Lily qui le poussa sans ménagement dans l'eau comme elle avait pris l'habitude de le faire au cours de ces derniers jours. Elle plongea à son tour avant d'attraper son capitaine et de les diriger tous deux vers la base sous-marine de la Famille Jackson.


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 2 Jan 2018 - 4:19, édité 3 fois
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Dans la grotte des Hommes-Poissons, au bord d'un mince filet d'eau, Mochi était allongé, profitant de l'agréable fraîcheur des lieux. L'eau qui courait sur la roche marine offrait un joli spectacle et par un mystère de la physique que le toubib ne s'expliquait pas, la couleur de l'eau semblait changer au grès de sa pérégrination. Tout près de lui, Moria, le tireur d'élite, astiquait et manipulait ses joujoux, nettoyant dans les moindres recoins des canons de ses armes de morts. Il lui arrivait parfois, dans sa maladresse de les faire s'entrechoquer dans un boucan d'enfer. Mais le toubib, absorbé qu'il était dans la contemplation du filet d'eau n'y prêtait pas attention, il était dans un autre monde.

D'un claquement de doigt, un peu trop près de l'oreille, il fut extirpé de ses rêveries. On l'appelait. C'était Moria. Roy venait de rentrer. Ils devaient le rejoindre dans les quartiers d'Habu. Il avait des nouvelles à donner sur la situation de la ville, ou quelque chose du genre. Le binoclard, encore à moitié rêveur, s'exécuta sans mot dire et bientôt, ils rejoignirent leur capitaine et l'Homme-poisson. Ils parlaient du navire. De l'avancement des travaux. L'engin était fin prêt. Mochi s'imaginait déjà l'infirmerie. Il ne l'avait pas vu depuis la fois où il avait donné ses directives d'aménagements. Quand Moria et Mochi entrèrent, Roy, ravi qu'il été, fier de son tout nouveau rafiot, raconta ce qu'il venait déjà de raconter à Habu. Ce dernier trépignait d'impatience, souhaitant avant tout balancer ce qu'il avait dire. Et comme les explications du jeune pirate se faisaient de plus en plus détaillées, d'un raclement de gorge, il coupa cour à la conversation, ou plutôt, au monologue du capitaine.


"J'ai reçu un coup de fil de Matheson ..." commença Habu Jackson.

"Ah ! Alors ? Ils ont arrêtés tout le monde ?" demanda Moria, impatient.

"Nos opérations conjointes ont été fructueuses. Devant notre réussite, beaucoup ont fui, ou se sont rendus, en fait, il ne reste plus qu'Esmera, la lune régnante et ses plus fidèles acolytes. Autrement dit, pas grand monde. Matheson veut monter un ultime coup pour les attraper une fois pour toute. Il veut que votre équipage se joigne à nous" expliqua Jackson.

"Vous en êtes aussi ?" questionna le toubib.

"Non, nous serons sur un autre coup, il y a encore pas mal de chose à faire avant qu'on retrouve le calme complet."

Étrange nouvelle que celle-ci. Autant l'alliance avec la famille Jackson, contre nature, pouvait s'expliquer du fait de leurs intérêts communs, autant, la marine n'avait plus franchement intérêt à collaborer avec Roy et son équipage. Au vu de la notoriété naissante de l'équipage, ça puait le mauvais coup de com pour la marine. D'autant qu'ils avaient été devancés par les pirates dans la découvertes des trésors dissimulés de Shifumi et de sa clique. Le colonel avait-il si peu confiance en ses propres troupes ? Quand bien même, au vu des difficultés rencontrées pour l'embrigader dans l'alliance avec la famille Jackson, il ne semblait pas homme à s'allier aussi facilement avec des fripouilles. D'autant que ce coup ci, les Hommes-poissons, leur seuls alliés fiables, ne seraient pas de la partie.


"Nous ? Pourquoi ?" questionna le toubib.

"Vous avez déjà vaincu Miss Sutter, une huile de l'organisation. C'est bien peu, mais considérant tout le mystère qui entoure la lune régnante et les mythes qui lui sont attribuées, Matheson préfère vous avoir à ses côtés. Selon lui, vous êtes les plus à même de les vaincre ... Je le crois aussi."

"Il veut maximiser ses chances, c'est normal." dit Roy, comme pour convaincre Mochi, "On en est, c'est l'occasion de finir ce qu'on à commencé. Et puis cette Esmera m'intrigue ..."

"Je pense pas que ce soit une bonne idée ... Ça pourrait tout autant être un piège." dit le toubib, perplexe.

"Je suis d'accord, on a rien à y gagner, laissons les se débrouiller et filons !"

Un ange passa, et le poisson, les bas croisés dans le dos, reprit.

"C'est possible ... Je comprendrais que vous ne vouliez pas nous suivre ce coup"
"Je ne pense pas, on a tous été réglo depuis le début du deal ..."
"C'est pas une raison" reprit le tireur.
"Vous êtes parano et puis, on pourra peut être mettre la main sur le butin d'Esmera, qui sait. Ça vaut le coup de prendre le risque."
"Parano ? T'as quand même une jolie prime sur la tête."
"Peut être, mais depuis qu'on a trouvé un accord, il nous laisse tranquille. Tu l'as vu toi même, on se ballade dans Las camp comme si de rien n'était. S'il avait voulu nous arrêter, il aurait déjà essayé."
"Mouais ... Je suis pas convaincu ..."

Le jeune capitaine haussa les épaules, il avait pris sa décision, il serait difficile de l'en faire changer, le médecin oublia l'idée et cessa toute tentative. Il ne restait plus qu'à espérer qu'il ne soit pas dans le faux. La décision prise, le chef de la famille Jackson communiqua à l'équipage, le lieu et l'heure du rendez-vous. L'attaque aurait lieu le soir même, à 18h pétante, tout près d'un hangar désaffecté et prétendument abandonné, mais qui, en réalité, cacherait les restes de la lune opaque ainsi que leur chef, la mystérieuse lune régnante, Esmera.

L'équipage se sépara du chef des Hommes-poissons pour s'en retourner vers les quartiers qui leur avaient été réservés. Roy était tout content du coup à venir, Moria boudait, mécontent que ses avertissements n'aient pas été pris aux sérieux. Lily était silencieuse.

"On a pas besoin de tous y aller ..." déclara le toubib.
"Oui je vous serez inutile" répliqua Lily.
"Moria non plus, il ne devrait pas venir" dit le toubib.
"Quoi ? Qu'est ce que tu insinues ? Que je suis inutile ?" demanda le tireur.
"Il est malade, regardez le, le pauvre." annonça le toubib, ignorant la vexation de son camarade.
"Moi ? Malade ?" reprit-il, incrédule.

Roy et Lily jetèrent des coups d’œils mi-inquiet, mi-inquisiteur. Le toubib l'attrapa par le bras, simulant, avec maladresse, l'empressement.

"Holà ! Oui, faut que je m'occupe de ça au plus vite !"

Et il tira le bonhomme vers lui, s'éloignant du reste du groupe qui regardait la scène, perdu, en suspens entre surprise et incrédulité. Mochi mena son compagnon jusque dans la salle médicinale de la grotte, celle du médecin des Hommes-poissons, qui laissait aimablement Mochi en faire usage. En entrant, il jeta un bref regard derrière lui, histoire d'être sûr de ne pas avoir été suivi. Enfin il se retourna vers Moria. Le tireur s'était assis, le visage pale, l’œil livide. Inquiet devant tant de précipitation.


"Qu' ... qu' ... qu'est-ce que j'ai ?" balbutia t-il.
"Rien, bougre d'âne !" répondit le toubib, agacé et de reprendre "J'ai pas confiance en Matheson, ça fait bien trop longtemps qu'il est dans cette foutue ville. A rester dans la merde trop longtemps, on finit par sentir la merde aussi"
"C'est un genre de métaphore ?"

Mochi pensa à son ami d'enfance, Lumard, qu'il avait hasardeusement retrouvé sur Las camp après bien des années. Depuis le début des opérations qui visaient à faire tomber les lunes, il avait essayé de le contacter à deux reprises. Pas de réponse. Aucune nouvelle. Ce n'était pas le genre du bonhomme et ça ne plaisait pas franchement au boulonné. Cette disparition soudaine n'annonçait rien qui vaille.

"T'es là ?"
"Je veux que tu nous suives discretos" déclara le médecin en se reprenant "Que tu couvres nos arrières, au cas où la marine tenterait quelque chose. T'es d'accord ?"
"C'est dans mes cordes" conclut le tireur, affichant un sourire sûr de lui.

Quand ils se quittèrent, le médecin afficha un petit sourire nerveux. Sans doute, psychotait-il pour rien ...


Dernière édition par Mochi le Mar 26 Sep 2017 - 12:20, édité 2 fois
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- Alors, tout va bien avec Moria ? s'enquit Roy en sortant de l'eau.

Du coin de l’œil il vit Lily repartir en direction du port. Elle allait se charger de régler la note et prendre possession du Palazio pendant que le reste de l'équipage s'occuperait de la Lune Opaque. Derrière lui Mochi mit quelques instants avant de répondre. Les genoux encore immergés, le médecin dût forcer le pas pour rester à la hauteur de son capitaine, éclaboussant ce dernier au passage.

 - Oui rien de grave, le rassura-t-il, je lui ai prescrit du repos.

 - Du repos ? s'étonna le jeune pirate. Et il a accepté sans broncher ? Je ne m'y attendais pas, de nous tous c'est lui qui désire le plus ardemment en finir avec la Lune Opaque.

Le soleil était quasiment couché, même si l'on devinait encore sa présence derrière l'horizon, une partie du ciel étant légèrement éclairée tandis que l'autre était nuit noire. Ce faible éclairage était suffisant aux deux hommes pour se repérer à mesure qu'ils pénétraient dans les rues mal famées de Last End.

 - D'ailleurs pourquoi il les déteste autant ? répondit Mochi, avide de détourner la conversation sur un autre sujet. Il est resté plutôt évasif là-dessus, ils l'ont envoyé en prison c'est ça ?

 - Oui, confirma Roy, mais pas seulement. En fait Moria a eu une aventure avec une femme, révéla platement le pirate, la fille d'un gangster de la Lune Opaque. Quand il a appris que sa fille s'était amourachée d'un vagabond, il lui a interdit de le revoir et a même fait en sorte de tirer les bonnes ficelles pour que Moria finisse exécuté.

 - Aie, commenta le médecin.

 - Oui, acquiesça l'autre avant de continuer son histoire : j'ai permis à Moria d'échapper au billot, mais quand il est ressorti à l'air libre et qu'il a voulu retrouver la fille, il s'en est retrouvé incapable. Elle était séquestrée chez elle et constamment surveillée par des mercenaires et des marines.

 - Comment elle "était", c'est plus le cas ? Il l'a retrouvé finalement ?

 - Exactement, acquiesça Roy en se grattant la tête, avec tous ce qu'on leur a mis autant dire que les Lunes ont rencontré quelques problèmes. Le papa gangster a fini par se faire coffrer durant l'inquisition de Matheson - comme quoi il y a une justice - et la fille a pu ressortir à l'air libre (Mochi haussa les sourcils et se pencha vers son capitaine, attendant la suite). Ils se sont vus hier, lâcha Roy en hochant la tête, répondant à la question silencieuse du médecin d'équipage.

 - Ah, commenta simplement ce dernier, passé les premières secondes d'étonnement. Et donc ? On va avoir un cinquième membre d'équipage alors?

 - Euh non, je ne connais pas tous les détails mais apparemment leur rendez-vous ne s'est pas très bien passé.

 - Ah merde, il y a eu un problème ?

 - Un genre de malentendu ; elle elle voulait qu'il reste à Las Camp, qu'ils se marient et fondent une famille sur l'île, lui il voulait justement qu'elle vienne avec nous sur le navire, la Route de tous les Périls et tout le tintouin. Ça s'est mal goupillé.

 - Mes avis que ça m'a tout l'air d'une histoire d'amour foireuse oui.

 - Non mais je crois qu'elle l'a carrément giflé. À cause de nous son père est en prison et sa famille a perdu tout son argent, c'est plus une gosse de riche. Apparemment ça ne lui a pas vraiment plû d'être privée et de son idylle et de son héritage, de sa vie facile.

 - Mmh ça d'un autre côté je peux comprendre... ah mais c'est pour ça qu'il a accepté de rester au calme alors ! s'écria le médecin, sautant sur l'occasion de fournir des explications à son mensonge.

 - Eh bien pour le coup je pensais justement qu'il t'avait déjà raconté tout ça, expliqua Roy, que c'était la raison pour laquelle tu l'avais mis "à l'arrêt". Pour le choc tu comprends ?

 - Ah oui remarque, ça non plus c'est pas bête comme idée..., commenta le médecin en y réfléchissant.

 - Pardon ?

 - Rien rien ! Je me demande si ça lui arrive souvent ce genre d'histoire de gonzesse, commenta Mochi, pressé de changer de sujet. Il nous a quand même bien compliqué la tâche pour pas grand-chose le gars Moria.

 - Ah ça... eh bien j'ose espérer qu'il n'en fera pas une habitude, soupira le jeune capitaine.

 - Voilà le hangar, lâcha soudainement Mochi. Soyons prudent.

Souriant légèrement, Roy leva les yeux au ciel. Le bâtiment au loin était complètement encerclé par les marines. Avec autant d'alliés à leurs côtés, qu'est-ce qui pourraient bien aller de travers ?


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 2 Jan 2018 - 4:24, édité 3 fois
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La marine s'était mobilisée en nombre. Quantité de trouffions s'étaient déplacés, qui entouraient le vieux bâtiment et qui du bout de leurs armes de morts, menaçaient de le détruire. Et dans cette masse ordonnée de marine, il n'y avait aucun signe de Matheson, ni d'ailleurs de Lumard, l'ami d'enfance du toubib. Que le lieutenant Lumard manqua à l'appel n'était pas spécialement surprenant, tous les marines de l'île n'étaient pas mobilisés ici. Mais l'absence de Matheson, elle, était plus suspecte. Comme les deux pirates faisaient tâches au milieu des troupes, on les reconnut et un homme, officier en charge, vînt se présenter.

"Capitaine Aston ? Capitaine Vertignon. Ravi de vous avoir à nos côtés !" commença l'officier.

Ce ton, bien trop cérémonieux puait l'hypocrisie. Et Roy, satisfait qu'il était des égards qu'on lui accordait ne semblait pas y prendre garde.

"Où est Matheson ?" demanda le médecin, soupçonneux.

"De l'autre côté" répondit Vertignon, affable "La bâtisse est grande et on se doit de couvrir toutes les entrées."

"Doit-on le rejoindre ?"

"Non Capitaine. Il vaut mieux répartir nos force. De ce côté-ci de la porte, vous serez notre atout. C'est là, tout l'intérêt de votre présence. Nous avions un côté trop faible et personne pour combler cette faiblesse. Nul autre que vous, ici, ne saurait faire face à Esmera."

Pour la première fois, Roy, jeta un coup d’œil plein de doute à son compagnon. Et comme l'officier le remarqua, il précipita la manœuvre en attirant le capitaine pirate vers lui et vers la porte, où il était encerclé par la marine. Un coup de feu retentit et la porte s'ouvrit. Mochi, recula, jusqu'à sortir du cercle des soldats. Les marines lui prêtaient beaucoup moins d'attention. Après tout, il n'était pas primé, juste un inconnu mésestimé. Ce manque de précaution lui servirait. Reculant, il s'arma de ses aiguilles d'acupuncture, prêt à toute éventualité. Alors qu'il se croyait oublié de tous, un canon vînt pointer le bout de son nez et se posa délicatement sur l'occiput du boulonné. C'était un marine.

Derrière la porte, apparurent tout un tas de soldat. Et au centre, Matheson. Prévisible. Seul Roy semblait surpris. Et le capitaine Vertignon qui l'accompagnait pointa son flingue sur la tête du jeune pirate.

"Je m'attendais pas à ce que soit si facile !" gueula Matheson, presque déçu.
"C'est pas faute de l'avoir prévenu" murmura le médecin dans son coin.
"C'est pas faute d'avoir été prévenu" chuchota Aston de son côté.

D'un pas lent et assuré, le colon avança vers Roy. Un sourire plein d'assurance se dessina sur son visage, qui déjà, exultait de sa victoire. Roy de son côté ne bougeait pas. Pas plus que Mochi. Le seul membre d'équipage actif, c'était Moria. Le tireur avait, en plus du sien, récupéré une dizaine de fusil de précision chez les Hommes-poissons. Afin de pouvoir tirer plusieurs coup sans être inquiet et sans avoir à recharger. En outre, dans un souci de discrétion, il avait disposé ses flingues à différents endroits, afin de se déplacer après chaque coup et dissimuler toute trace de sa position. Bon tireur qu'il était, il s'était placé au sommet d'un bâtiment à 700m de là. Il voyait toute la scène. Du hangar, jusqu'à Mochi et le canon qui le menaçait. Néanmoins, il ne pouvait voir l'homme qu'il y avait au bout.

Et il ne se fit pas attendre. Matheson n'eut pas le temps d'atteindre Roy qu'un premier coup de fusil retentit. Le capitaine Vertignon qui tenait fièrement Aston en joug, chuta. Un coup de feu et c'était la panique, les marines, ensemble levèrent le pif, à la recherche du tireur embusqué. Mochi profita de cet instant d'égarement pour assommer son gardien. Un coup de coude vif et précis dans le plexus qu'il en était délivré. Et d'une volée d'aiguille, il fit chuter une dizaine de bonhomme qui le séparait de Roy.


Dernière édition par Mochi le Mar 26 Sep 2017 - 12:26, édité 2 fois
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Naturellement une forêt de fusil s'était pointée sur Roy dès le premier coup de feu. Sans leur laisser le temps de viser, il fit parler sa vitesse et partit comme un boulet de canon, en plein dans le colonel Matheson. Ce dernier tenta de dégainer son sabre, mais le pirate fut plus rapide et le percuta violemment au niveau du ventre, emportant le militaire avec lui dans sa redoutable charge. Avec la grâce d'un bulldozer, le jeune capitaine renversa tous les soldats sur son chemin et projeta son adversaire grisonnant contre la porte de l’entrepôt. Dans un fracas de métal et de gonds déchirés, les deux hommes pénétrèrent le vieux bâtiment.

À l'extérieur un chaos sans nom s'était emparé de la garnison. Malgré le guet-apens et leur surnombre écrasant, les malheureux soldats n'étaient tout simplement pas à la hauteur de Mochi et Moria. Ce dernier s'était mis à les canarder sans discontinuer, associant une redoutable précision à une cadence de tir effrénée. Toutes les deux secondes ou presque un marine tombait et le reste devait continuer en sachant que plus le temps passait, plus la roulette menaçait de tomber sur eux. Complètement désorganisés, ils devaient également assumer le pauvre choix stratégique de leurs supérieurs : plutôt que de menacer les pirates de loin avec leurs fusils, ils s'étaient rapprochés très près pour les encercler, trop près. À présent, avec la cinquantaine de marines présents pour l'occasion et le médecin fou qui dansait entre leurs rangs, il leur était impossible de monter le moindre semblant de formation. Pire, ils ne pouvaient utiliser leurs fusils au milieu de cette mêlée car ils risquaient de faire du tir ami. Réduits à dégainer leurs sabres, ils essayaient tant bien que mal de mettre la main sur le pirate, de l'entraver et le piéger avec la force écrasante de leur surnombre. Seulement, leur adversaire intelligent ne se laissait pas faire.

Le médecin évoluait dans la mêlée comme un poisson dans l'eau. Avec une précision chirurgicale, il éliminait en une fraction de seconde le pauvre hère qui avait le malheur d'être dans sa cible du moment, avant de réitérer sur sa victime suivante. Voyant clair dans le jeu des marines, il prenait grand soin à ne pas les laisser se regrouper. Dès qu'ils faisaient mine de se remettre en formation, Mochi intervenait et brisait leurs efforts d'un jet d'aiguilles bien placé. Tour à tour il esquivait un coup d'épée, plongeait au milieu d'un groupe de soldats pour les mettre hors de combat, disparaissait dans la confusion avant de réapparaître un peu plus loin dans la cohue. Et durant tout ce temps, sans discontinuer, Moria tirait sur les soldats depuis sa position sécurisée.

Même si plus le temps passait, plus les marines risquaient de piéger le médecin, ce manège aurait pu continuer encore longtemps si une voix ne s'était pas élevée depuis l'entrepôt :

- Mochi ! hurla Roy. Rendez-vous au Palazio !

Son pistolet à silex sur la tempe du colonel, le jeune capitaine tenait en respect la dizaine de marines qui s'était engouffrée dans le bâtiment à leur suite, autant pour échapper aux deux pirates déchaînés que pour secourir leur supérieur.


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 2 Jan 2018 - 4:27, édité 1 fois
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Bon nombre de soldats se tenaient encore debout, entre Roy et sa liberté. Le petit numéro de Mochi et de Moria, s'il s'était révélé rudement efficace, n'avait pas suffit à endiguer entièrement la menace militaire. Pourtant le capitaine pirate semblait assez sûr de lui et de l'ordre qu'il venait d'intimer à sa dernière recrue. Et pourtant, le dit ordre, ne plaisait pas franchement au toubib. Il avait l'impression de l'abandonner et s'il s'était engagé à le suivre dans ses aventures, il n'avait pas juré de lui obéir au doigt et à l’œil. Il pouvait fort bien se permettre de ne pas respecter cet ordre ci. Et à dire vrai, il n'en avait pas envie. Pourtant, il avait ressenti un quelque chose d'impérieux et d'assuré dans la voix du pirate. Comme s'il était certain d'opérer là le meilleur choix stratégique. Ou en tout cas, qu'il était certain de s'en sortir indemne. Mais les divins jeux de la probabilités ne s'accordaient pas franchement à cette conclusion là.

Et il sembla au boulonné qu'il y avait plus la dessous qu'un simple calcul. C'est que Roy voulait en terminer une bonne fois pour toute avec Matheson. Et il voulait le faire à l'ancienne. Seul. Sentiment d'honneur ou de dignité à la con qui menait bien souvent les hommes de vie à trépas. Sentiment totalement dépouillé de logique et de bon sens mais que le toubib, s'il le comprenait mal, le respectait et parfois y succombait lui même. Si son analyse était peut-être erroné, c'est elle qui le poussa à obéir. Et après avoir fait un signe de repli à Moria -Signe qui n'avait pas était préalablement prévu entre les deux hommes et qui pouvait être fort mal interprété par le dit Moria- il recula. Au passage, il ne se priva point d’assommer les soldats endimanchés qui bloquaient encore sa retraite. Et comme il s'éloignait des combats, les coups de feux de Moria cessèrent. Et quelques soldats égarés partirent à la poursuite du médecin, malgré les contre-indications des quelques officiers ou sous officiers subalternes qui tentaient de réinsuffler cohésion et combativité à ces troupes désabusées.

Le toubib, délaissant donc les tumultes de Last end, s'échappa en direction du navire où déjà attendait Lily, seule membre d'équipage à ne pas avoir fait le déplacement pour se jeter dans le guet-apens. De son côté, Moria, le tireur, avait lui aussi quitté son poste. A eux trois, ils pourraient aisément préparer le navire avant que le capitaine n'arrive. Si sa course, aisée, se fit sans encombre, il constata à l'arrivée que le navire était encerclé et occupé par une trentaine d'Hommes de la Marine. Les Hommes sur les quais, se tenaient droits comme des i, formant des rangées ordonnées. Sur le navire en revanche, il y avait du mouvement. Les soldats semblaient chercher quelque chose.

"Psst pssst !"

Le toubib sursauta et se retourna, c'était Lily.

"Lily ! Content que tu te sois pas fait arrêtée, que se passe t-il ?"
"Je ne sais pas. Je suis venue, accompagnée de quelques gars de la famille Jackson, ils m'ont aidé à transporter notre butin de guerre. Mais voyant la marine ils ont refusé de se battre. Ils ne veulent pas mettre en péril leur alliance avec eux."
"Où sont-ils ? Ils sont repartis"
"C'est ce qu'ils voulaient faire, je les ai convaincu de rester, ils attendent dans un entrepôt à eux à quelques mètres d'ici. Ils m'ont dit de les rappeler quand on se serait débarrassé des soldats."
"Hmm ... On devrait attendre Moria, il devrait pas tarder."
"Et Roy, il est où encore ?"
"Il a été retenu ... il arrivera plus tard ..."

La femme poisson fronça les sourcils mais n'ajouta rien. Quelques minutes plus tard, Moria arriva, à bout de souffle, Lily l'interpela dans sa course, avant que bêtement, il ne se retrouve sur le quai, entouré de forces hostiles.

"Qu'est ce qui se passe ?" demanda t-il, circonspect.
"Y se passe qu'on va devoir se débarrasser d'eux" répondit Kirk.
"Ça devrait pas poser trop de problèmes ..."
"Non ! On doit faire ça discrètement et en douceur.
"Pourquoi donc ?"
"D'abord, si on fait trop de boucan, on risque d'attirer des renforts avant que Roy n'arrive. Et puis si vous vous battez à fond si près du navire, vous allez l’abimer !"
"Pas bête ..."
"Et on doit mettre les voiles, tout de suite ! Il faut qu'on protège le navire."
"Mais Roy ? Il est pas là !"
"On l'attendra, on restera a porté du port, il aura qu'à nager ! J'irais l'aider s'il faut. Bref j'ai un plan."
"Accouche"
"J'ai fait le tour du navire une où deux fois. Le hublot de l’infirmerie est ouvert, et suffisamment large pour que quelqu'un s'y glisse."
"Pourquoi le hublot de mon infirmerie est-il ouvert ?" l'interloqua le médecin.
"C'est la dernière pièces qu'ils ont fait, la peinture est pas encore tout à fait sèche ..." dit-elle d'un ton rassurant, avant de reprendre "Bref, de là on pourrait se débarrasser des traînards qui fouillent les cales. C'est toi le plus fort Mochi, alors tu devras t'occuper de ceux qui y sont et tu remonteras vers les quais. Là tu devras les retenir et pendant ce temps Moria et moi on rentrera en douce par les hublots avec notre trésor et on met les voiles."
"Je me tape encore le mauvais rôle" soupira le toubib.
"On y peut rien, t'es le seul à pouvoir les ralentir." dit-elle d'une voix charmante, et un brin manipulatrice, comme pour motiver le toubib.

Sur ces entrefaites, Lily entraîna Mochi dans l'eau du port et ils s'y glissèrent avec tant de délicatesse qu'ils ne firent pas le moindre bruit. Et grâce à ses talents de nageuses, Lily emporta le médecin jusqu'au navire. Jusqu'à son autre côté, qui n'était pas en vue depuis les quais. Et personne ne semblait regarder ce côté là. Ici Lily abandonna le boulonné et ce dernier grimpa en douceur, jusqu'à atteindre le hublot de l'infirmerie, lequel, comme il a été dit plutôt et dans un souci de revêtement était toujours ouvert.[/color]


Dernière édition par Mochi le Mar 26 Sep 2017 - 12:30, édité 4 fois
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Un bras encerclant le cou de Matheson, Roy gardait fermement le canon de son pistolet sur la tempe de sa victime, qu'il entraînait lentement en arrière. Guidant ses pas de quelques coups d’œils prudents derrière lui, il prenait garde à ne pas se laisser surprendre par les soldats qui les avaient suivi à l'intérieur de l'entrepôt. Tenus en respect par la prise d'otages de leur supérieur, ces derniers n'osaient pas trop avancer, mais ils ne reculaient pas pour autant, ce malgré les injonctions du pirate.

Se débrouillant pour ne pas avoir de marines dans le dos, ce dernier se retrouva bientôt acculé contre un mur du bâtiment. Complètement encerclé, la seule chose qui le séparait des marines était un vieux militaire.

 - Très bien colonel, on va pouvoir discuter un peu à présent, lâcha posément Roy une fois que tout le monde eut cessé de bouger.

 - Qu'est-ce que vous attendez pour tirer ? lâcha soudainement Matheson, d'une voix terriblement calme, tranchant avec la tension ambiante.

Interloqué, le pirate se demanda à qui s'adressait cet ordre. En face lui, il découvrit les marines tout aussi perplexes quant aux directives de l'officier. Défiait-il le pirate de mettre ses menaces à exécution ? Ou ordonnait-t-il à ses hommes de faire feu sans se soucier de lui ? Peu importait, dans les deux cas l'ordre était totalement inconscient. Il était tout simplement impossible aux marines de tuer Roy sans risquer de toucher son otage, lequel devait forcément le savoir.

 - Abattez-le, c'est un ordre, continua malgré tout Matheson, précisant enfin sa pensée.

Légèrement paniqué, le jeune homme n'eut d'autres choix que d'observer impuissant les soldats finir par réagir à l'insistance de leur supérieur. Quelques-uns raffermirent leurs prises sur leur fusil et d'autres commencèrent même à le pointer vers le pirate, qui n'eut d'autres choix que de brutaliser un peu plus sa victime pour les rappeler à l'ordre. Il enfonça le canon de son pistolet dans la joue du colonel tout en lui envoyant un coup de genou dans la hanche, lui décrochant un grognement de douleur.

 - Ça suffit, vous avez perdu le sens commun, grogna Roy à l'intention de sa victime, avant d'apostropher son audience : pas un geste ! Baissez immédiatement vos armes où le colonel y passe !

Les grognements de douleurs dudit colonel eurent l'effet escompté, son avertissement fut pris au sérieux. Alors que les marines cessaient de le viser et reculaient prudemment de quelques pas, le statu quo revint progressivement dans l'entrepôt. Son cœur battant la chamade, le jeune capitaine pût enfin prendre quelques secondes pour réfléchir à sa situation, ou du moins l'aurait-il fait si son esprit n'avait pas été accaparé par une question bien plus importante, à ses yeux du moins.

 - Qu'est-ce qui vous prend vous, reprit finalement le pirate en brusquant sa victime d'un mouvement de l'épaule, ce qui déclencha une vague de mouvement chez les militaires inquiets, vous tenez tant que ça à mourir ?

Ce n'était pas exactement sa principale interrogation, mais il fallait bien commencer quelque part et le comportement insensé du vieux militaire n'avait pas manqué de le surprendre.

 - Ah ah ah qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? ricana Matheson, un filet de sang coulant au coin de sa bouche. Tu n'as nul part où aller Roy !

Abasourdi par la véhémence de ces paroles, le pirate marqua un temps d'arrêt. Perplexe, il releva les yeux et croisa furtivement le regard d'un des lieutenants du colonel, qu'étrangement il découvrit aussi confus que lui. L'euphorie du vieux soldat alors même qu'il se trouvait en danger de mort était décidément suspecte, profondément dérangeante même.

 - Où est-ce que vous êtes allé pêcher l'idée que je cherchais à m'enfuir ? répliqua Roy, faussement étonné. Où est la Lune Régnante ?! rugit-il immédiatement après, passablement énervé.

 - Partie ! s'écria le colonel au plus grand étonnement du pirate, avant d'éclater de rire. Six ans qu'elle transforme les rues de Las Camp en dépôt de débauche et de sang ! Six ans ! Et quand je commence enfin à l'approcher, elle décide d'abandonner le navire et ELLE QUITTE L'ÎLE !

Si l'hilarité du militaire avait mis mal à l'aise les occupants de l'entrepôt, l'indignation et la haine avec laquelle il finit sa phrase leur fit carrément froid dans le dos. On aurait dit un cri de détresse envoyé au monde et à la réalité même, le rugissement plaintif d'un homme qu'on avait dépouillé de tout ce qu'il avait de cher.

 - La Lune Régnante a quitté l'île ? répéta le jeune homme à sa suite, partagé entre sa surprise quant à ce retournement de situation inattendu et son inquiétude pour le colonel. Et la Lune Opaque, toute son organisation, son réseau ?

 - Partie ! confirma Matheson, avant de s'agiter violemment sous la poigne du pirate, qui eut grande peine à le garder en place. Elle a quitté l'île avec tous ses hommes, toutes ses planques et son intel ! Les Lunes de Las Camp sont mortes !

D'une brusque torsion de l'épaule et un geste de son pistolet, Roy le maîtrisa à nouveau.

 - On a gagné ? souffla le pirate une fois sa prise raffermie sur le colonel, lequel cracha par terre à ses mots.

 - Vous avez gagné, corrigea-t-il d'une voix pleine de venin. Une fois de plus, la 480ème n'a été que le pion des forbans et des criminels.

Roy plissa les yeux tandis qu'une vague de malaise parcourait les militaires de l'entrepôt. Un silence pesant s'installa alors dans le bâtiment, avant que les regards des soldats ne convergent vers leur chef d'escouade, en quête de réponses.

 - Sergent, qu'est-ce que cette histoire ? s'enquit bientôt l'un d'eux.

 - Comment vous avez dit que vous l'avez attiré ici déjà ? enchaîna un autre militaire, bientôt rejoint par le reste de l'escouade, qui n'avait manifestement pas eu droit à un briefing complet.

 - Ouais maintenant que j'y pense, il s'est jeté dans nos bras comme s'il pensait qu'on était allié, c'est suspect ! accusa carrément un troisième, surfant sur le brouhaha qui s'était soudain emparé de l'entrepôt.

 - Parce qu'on est allié ! s'écria Matheson sans laisser à son subordonné l'opportunité de répondre. Vous n'avez pas compris depuis le temps ?! continua-t-il, hilare devant la série de mines atterrées qu'avait déclenché sa déclaration. Toutes ces arrestations en séries aux quatre coins de la ville, nos "mystérieux" alliés hommes-poissons qui interviennent comme par...

Affolé, Roy le tira brusquement en arrière avant qu'il ne puisse continuer, le coupant au milieu de sa phrase afin d'amener son oreille près de ses lèvres.

 - Colonel, qu'est-ce que vous faites ?! se mit-il à chuchoter d'une voix pressante.

Un reniflement de dédain accueillit sa question. Le Bon sembla réfléchir quelques secondes en observant les visages de ses hommes, puis il finit par céder et offrit des explications à son ennemi.

 - Je récolte ce que je sème, pirate, murmura-t-il. Tôt ou tard il fallait bien que mes crimes soient révélés au grand jour.

 - Vos crimes ? Vous avez fait ce qu'il fallait pour le bien de votre ville !

 - Aha..., ricana Matheson, tout n'est affaire que de perspectives, n'est-ce pas jeune homme ?

 - Sergent, qu'est-ce qu'ils racontent ?!

Bien que personne dans la salle à part Roy et le colonel ne puisse entendre leurs messes-basses, l'officier était naturellement considéré comme faisant partie de leur lot. À ce titre, les soldats pensaient manifestement qu'il était au courant des échanges des deux hommes. Comprenant immédiatement le jeu de ses subordonnés, le sergent décida également qu'il ne supporterait pas une seconde de plus leurs soupçons, aussi exacts pouvaient-ils être.

 - Maîtrisez-vous monsieur Evans ! rugit-il en foudroyant du regard l'audacieux qui avait osé l'accuser, même implicitement. Je n'ai que faire de vos doutes et vos questions ! Vous êtes en mission et nous avons un pirate à appréhender, le reste attendra !

Ce coup d'éclat du sergent eut tôt fait de ramener son escouade à l'ordre. Oubliant momentanément leurs griefs, les soldats se concentrèrent à nouveau sur le principal problème du moment : le pirate qui tenait leur colonel en joue.

Ignorant royalement ce nouveau regain d'intérêt pour sa personne, Roy continua sa conversation avec Matheson :

 - Écoutez-moi, arrêtez cette folie, il n'est pas encore trop tard. Si la Lune Opaque a quitté Las Camp je n'ai plus de raisons de rester sur l'île, vous n'avez pas besoin de me poursuivre. Je partirais sur mon navire et vous ne me reverrez plus jamais.

 - Il n'y a plus qu'un groupe de pirates qui menace la sécurité nationale, énonça platement Le Bon en réponse, Roy et son équipage.

Grinçant des dents devant tant d'obstination, le jeune homme jeta un nouveau coup d’œil aux soldats qui l'encerclaient, avant de revenir à Matheson.

 - Je ne tiens pas à vous blesser colonel, chuchota-t-il d'une voix implorante. Laissez-moi partir et nous en resterons là. Vous pouvez encore revenir sur vos déclarations à l'instant. Gardez votre rang et redressez la ville... retournez à votre famille.

Le vieux militaire se figea totalement à ces derniers mots. Lentement, il entreprit de tourner la tête afin de regarder le jeune homme, qui découvrit un regard aussi froid qu'inexpressif. Puis, trop vite pour que Roy ne puisse réagir, Matheson leva une main et attrapa son poignet qui tenait l'arme.

C'était à ce moment qu'il était censé appuyer sur la gâchette, mais il ne put tout simplement se résoudre à abattre Le Bon. Ce dernier semblait l'avoir compris, car il se permit de patienter quelques secondes pour l'affronter du regard, avant de se mettre en action. D'une brusque torsion du torse il se retourna et écarta simultanément le canon du pistolet de sa tempe, avant d'empoigner le pirate par son débardeur. Ce fut alors au tour de Roy d'attraper le bras de son adversaire dans l'espoir de lui faire lâcher prise et à sa plus grande stupéfaction, il se retrouva surclassé. Comprimant ses muscles au maximum, le vieux soldat parvint bientôt à le soulever et à lui faire décoller les pieds du sol. Comprenant que sa vie était en danger, le forban abandonna ses états d'âme et pointa à nouveau son pistolet sur le militaire. Une fraction de seconde avant qu'il ne fasse feu, Matheson lui enfonça son poing dans le ventre et lui fit littéralement traverser le mur de l'entrepôt.


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 2 Jan 2018 - 4:37, édité 4 fois
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Atteignant le hublot, le toubib se glissa doucement dans l'infirmerie et passant au travers du hublot, il chuta au sol. Comme il tomba, une silhouette fit son apparition, émergeant de l'obscurité du couloir. Le boulonnée leva la tête pour découvrir la tête de son vieil ami Lionel Lumard, Lieutenant de marine, affilié aux troupes de Matheson. Comme à son habitude, son visage était marqué d'une expression goguenarde. Son sourire narquois, qui dans le temps était sa marque de fabrique et son air hautain étaient tout autant de la partie. Et comme il se tenait debout, droit, devant le toubib assis au sol, le contraste n'en était que plus saisissant. Sans doute s'amusait-il de la situation.

"Tu m'attendais ?" demanda Mochi.
"J'ai été informé de ta fuite de Last end, par den den" répliqua le marine et de reprendre "Te connaissant je me suis dit que t'essaierais d'infiltrer le navire discrètement, plutôt que de frapper dans le tas là haut ..."
"Je m'étonnais de pas t'avoir vu au hangar, toi qui met tant d'ardeur à vouloir me mettre au fer."
"J'ai une bonne raison maintenant, tu es officiellement à la botte de Roy"
"Je suis à la botte de personne"
"Appel ça comme tu veux, t'es un pirate, je suis un marine, point."
"Ne sois pas si manichéen."


Le lieutenant se mit à rire et tendit sa main pour aider le pirate à se lever. Une fois debout, le rire cessa, les deux hommes s'examinaient, se lorgnaient, tentant de s'évaluer l'un l'autre, de deviner ce qui allait se passer. La scène dura un petit moment sans qu'aucun des deux hommes ne bougea. Mochi n'avait pas envie de se battre contre Lumard, mais s'il ne faisait rien, la situation n'évoluerait pas d'un pouce, car il connaissant bien Lionel, qui n'était pas homme à renoncer, ni à nier ses principes. S'il était là sur ordre de Matheson, il mènerait ses ordres à bien. Dut-il pour cela, tuer son ami d'enfance. Sachant cela, le combat serait inévitable. Cependant un écart de force conséquent séparait les deux hommes. Il l'avait vu depuis leurs retrouvailles. Certes les aventures qu'ils vécurent ensemble ces derniers mois ont permis à chacun d'eux de se renforcer. Mais le boulonné gardait un ascendant certain sur Lumard. Il le savait. Et Lumard aussi le savait.

"Comment avez vous retrouver le navire ? Il était bien caché et nous l'avions suffisamment modifié pour qu'il ne ressemble plus à ce qu'il était ..."
"J'en ai appris pas mal en étant retenu captif par vous autres, je n'ai pas su localiser avec précisions la base de la famille Jackson, mais j'en sais suffisamment pour connaître les quelques sorties qu'ils utilisent. Avec ça, on a pu filer tous ceux qui utilisaient ces sorties. On a finit par repérer Lily et, à son insu, elle nous à mené directement ici"
"Notre plan s'est finalement retourné contre nous hein ?" et comme le marine ne répondit pas, le pirate reprit, "Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?" finit par demander le boulonné.
"On va se battre. Et si tu me bats, j'imagine que mes hommes ne pourront pas faire grand chose contre toi ... Mais ils se battront quand même."
"On pourrait faire sans tu sais. Tu m'as pas vu."
"Non, ça va pas être possible."

L'affrontement était inévitable. Honneur en cause, le marine ne pouvait reculer devant ce combat et aucune histoire d'amitié ne pourrait justifier la perte du navire. La seule option que le marine envisageait, c'était le combat, qu'importe l'issus. Il en sortirait glorifié ou massacré. Plus probablement massacré, compte tenu de la différence qu'il y avait entre les deux combattants.

"On va pas se battre ici quand même, je voudrais pas faire de dégât sur ce rafiot tout neuf."
"Non, on va faire ça sur le quai, je voudrais pas abîmer le navire non plus."
"T'es sérieux, devant tous tes hommes ? Tu me prends pour une bille ?"
"Je m'engage à ce qu'ils n'interviennent pas, du moins, tant que notre combat durera."
"Et si je gagne ?"
"Je garantis rien, mais si tu me bats, ils ne rivaliserons surement pas avec toi. Ils le savent tout autant, ils ne sont pas bête. Surtout que tu n'es pas seul"
"Et pourquoi tu tiens tant que ça à préserver ce bateau ?"
"C'est un  navire de la marine avant tout. Et si je  vous retiens ici, il est probable qu'il soit ma récompense"
"Toujours aussi désintéressé hein ?"

Le toubib finit par y consentir. Après tout, ça l'arrangeais bien, si le navire était évacué le reste de l'équipage y pénétrerait bien plus facilement. Ainsi il obéit, encore en suivit le lieutenant qui le conduisit sur le pont, puis sur le quai. Aucun des soldats ici présents ne semblaient surpris de la présence de Mochi. Tous s'écartèrent pour laisser aux hommes l'espace suffisant pour combattre. Avant que le combat ne commence, le toubib demanda à ce que le navire soit vierge de toutes présences humaines et par conséquent que les marines soient tous à terre. Par cette manœuvre il envisageait permettre à Lily de se faufiler à bord. De plus, en cas de complications, il pourrait s'en prendre plus rapidement à des troupes de marines regroupées, qu'à plusieurs groupes isolés. Et surtout, il aurait pu connaître le nombre exact de marines. Mais Lumard, qui n'était pas dupe refusa, concluant qu'il n'avait pas de quoi négocier. Malgré ce refus, il pensait pouvoir établir un chiffre avoisinant les trente. Légèrement en deçà peut être. Et moins d'une dizaine sur le navire. Rien que Moria et Lily ne pouvait gérer d'eux même.

Lionel Lumard était prêt au combat. Il avait ôté son ceinturon militaire qui portait son sabre et son revolver. Ici, il se battrait à mains nues, comme ils avaient coutume de le faire dans leur jeunesse passée sur Zaun. Il avait perdu de sa superbe et de son ton hautain. Mochi qui gardait ses mains dans les poches, repris l'ascendant. Tous deux étaient conscients de l'écart qui les séparaient. Et comme il le savait, Mochi aurait voulu éviter le combat. Mais il ne pouvait pas. Son adversaire, poussé par l'honneur aurait refusé toute portes de sortie autres que le combat. Et la présence de ses hommes n'arrangeait rien. Pas question non plus de le ménager de peur de faire honte à son ennemi.


Aussi, le boulonné pris l'initiative, fondant sur son adversaire et frappa.

"Opération à cœur ouvert" murmura t-il.

Paume ouverte, il frappa le lieutenant au niveau du cœur, ce qui eut pour effet de ralentir les mouvements de l'officier. Du moins, l'espace de quelques secondes. Lumard recula de quelques pas. Et Mochi, dont la main était toujours à portée de thorax, profita de ses quelques secondes pour asséner un uppercut magistral dans le menton de son adversaire qui s'envola, avant de retomber quelques mètres plus loin. Il avait perdu connaissance. Les hommes autours, pointèrent leurs fusils sur le boulonné, pendant qu'une poignée de marine venait évacuer leur officier supérieur évanoui.

Hésitants, les marines n’osaient rien faire. Ils se savaient impuissant et pourtant leur supériorité numérique rendrait leur fuite lamentable, aussi restaient-ils là, immobile, coi. Ils furent néanmoins secoués par une série de coup de feu en provenance du navire et de la chute de quelques marines, touchés par balle. C'était Moria qui reprenait le contrôle du bâtiment. Sa célérité et sa précision avait eu raison des soldats et ceux qui n'avaient pas encore été touchés, abandonnaient le combat. Devant tant de couardise beaucoup craquèrent et à leur tour, s'échappèrent. Cherchant à susciter la crainte chez ses adversaires, Mochi fit mine de préparer une nouvelle attaque et les derniers soldats encore présent, les plus valeureux, craquèrent à leur tour et rompirent les rangs déjà éparses et clairsemés qu'il restait encore, brisant dans un ultime élan la défense des hommes de Lionel Lumard. Le toubib bondit alors sur le navire et la bruyante chute de la voile venant se poser en barrière au vent, couvrit les cris effarés des marines en déroute.


Dernière édition par Mochi le Mar 26 Sep 2017 - 12:31, édité 6 fois
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- Ma femme a quitté Las Camp avec mon enfant. Je n'ai plus rien à perdre, pirate.

Le murmure de Matheson se termina dans un flot de sang. Tombant à genoux, il observa les volutes de fumée provoquées par le tir du pirate se mêler à la poussière de plâtre ambiante. Avec le même regard absent, il reporta ensuite son attention sur sa blessure au ventre, sur le cercle rouge qui s'élargissait lentement autour de l'impact de balle.

 - Colonel ! s'écrièrent les marines dans l'entrepôt en se précipitant aux côtés de leur supérieur.

Un médecin voulut immédiatement s'occuper des blessures du vieux soldat, lequel se laissa faire sans bouger. Autour d'eux, une demi-douzaine de soldats les contournèrent et allèrent s’engouffrer dans le trou au mur ouvert par Matheson - dissipant la fumée au passage - à la poursuite du pirate. En silence, ils se déployèrent rapidement dans la rue.

Ils ne trouvèrent rien au milieu des débris de murs. Interloqués, les soldats inspectèrent minutieusement la rue, la parcourant de long en large à la recherche du jeune hors-la-loi, allant même jusqu'à diriger leurs regards en l'air pour voir s'il n'était pas en train d'escalader un bâtiment. Ils finirent cependant par se rendre à l'évidence : le pirate avait été plus rapide qu'eux et leur avait bel et bien échappé.

 - Colonel qu'est-ce que vous faites ?! entendirent-ils soudain protester derrière eux.

Tel un seul homme, l'escouade revint sur ses pas et se précipita dans l'entrepôt par le même chemin creusé dans le mur. C'est là qu'interloqués, ils découvrirent Matheson repousser le médecin inquiet pour se relever difficilement sur deux jambes flageolantes. Ignorant les injonctions du toubib, Le Bon alla chercher un mystérieux flacon dans une poche de son manteau. Sans perdre une seconde, il en ingéra tout le contenu. Le liquide sembla le brûler de l'intérieur et lui arracha une grimace de douleur. Alors qu'il serrait les dents pour supporter les effets du breuvage, son escouade assista médusée au spectacle. Matheson sembla avoir un regain de vitalité. L'hémorragie à son ventre s'arrêta net et il sembla prendre du volume, tous ses muscles tendus, prêt à l'action. Au bout de quelques secondes, l'action du principe actif sembla prendre fin et il reprit sa respiration, qu'il avait jusque-là bloquée pour supporter la douleur. Haletant et les yeux hagards, il ne semblait plus conscient de ce qui se passait autour de lui.

 - Colonel je me dois de protester, s'exclama soudain le médecin, comprenant que son supérieur n'avait pas l'intention d'abandonner, vous ne pouvez pas...

L'intervention sembla être un déclic pour le vieux soldat légèrement tremblant. Ses yeux reprirent vie et il s'ébroua soudainement. Passé le choc initial, ses hommes déglutirent en croisant son regard, qu'il avait maintenant fiévreux et dément.

 - En avant mes braves soldats ! s'écria le colonel dans un immonde gargouillis de sang. Le pirate ne doit pas s'enfuir !

Ses révélations précédentes semblaient lui être sorti de la tête. Il darda ses yeux fous sur ses hommes - lesquels empoignèrent leurs armes par réflexe face à tant d'imprédictibilité - et les harangua d'une voix effrénée, les appelant à partir avec lui dans sa croisade contre les criminels et les malfrats. Dégainant son sabre il lança un dernier cri de rage et se mit en mouvement. Dans un bruit strident, il sembla littéralement disparaître au milieu de ses hommes en provoquant une bourrasque de vent.

Un petit silence s'installa à l'extrémité de l'entrepôt, les soldats tentant vainement de comprendre ce qui s'était passé.

 - C'était un Soru..., souffla le chef d'escouade au bout de quelques secondes, sidéré.

Autour de lui, ses hommes échangèrent des regards perplexes. Naturellement, sur les Blues peu connaissaient l'existence de l'art de combat du Gouvernement Mondial, mais le sergent était un vieux briscard originaire de la Route de tous les Périls. Là-bas, le Rokushiki était souvent enseigné aux officiers les plus talentueux. Seulement, le sergent était à peu près sûr que Le Bon n'avait jamais été affecté sur une île de Grand Line et après un an passé sous ses ordres, il ne l'avait jamais vu utiliser l'une de ces redoutables techniques.

 - Ces empaffés de la scientifique ont vraiment déconné cette fois, grogna le sous-officier, comprenant que le comportement étrange de Matheson avait quelques choses à voir avec ces étranges fioles qu'il ingurgitait à longueur de journée depuis quelques semaines.

Les blouses blanches s'étaient faites un plaisir de les lui fournir. À la suite d'un féroce combat contre Roy, un assassin de la Lune Opaque avait été retrouvé mort dans les égouts de la ville. Sur sa dépouille, les pirates avaient récupéré une sacoche remplie de produits mystérieux, qu'ils avaient confié aux hommes-poissons, lesquels l'avait à leur tour transmise aux militaires (seul les rares officiers mis dans la confidence de l'alliance officieuse entre la Marine et la Famille Jackson étaient au courant de cette histoire). Le sergent se rappelait la conversation qu'il avait eu avec Matheson le jour même. Après étude des composés trouvés dans la sacoche, les scientifiques avaient établi qu'ils pouvaient aider le colonel à devenir plus puissant, mais que cela pouvait entraîner des effets secondaires.

Avec sa défaite contre le pirate Olek il y avait plus d'un an de cela et l'arrivée d'un nouveau et redoutable équipage pirate dans sa ville, il avait décidé de sauter le pas, malgré les protestations de ses hommes les plus proches. C'était ce qui lui avait permis de tenir tête au le chien fou Alaba pendant quelques minutes avant que Roy n'intervienne et en finisse avec le leader gangster. Les produits Kanpo Kenpo dopants de l'assassin avaient été d'une efficacité redoutable, transformant le vieil officier grisonnant en machine de guerre en à peine quelques semaines. Mais ils avaient eu des répercussions redoutables sur la santé mentale du cobaye des scientifiques.

 - Sergent le colonel ne peut pas espérer vaincre ! s'inquiéta immédiatement le médecin derrière lui, inconscient des inquiétudes qui lui occupaient l'esprit. En à peine cinq minutes d’interaction le pirate lui a cassé trois côtes et lui a collé une balle dans le ventre !

 - Alors il faut qu'on les rattrape avant qu'il ne soit trop tard, conclut le militaire en réponse, rappelé à son devoir. Allez assez perdu de temps, on y va !


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 2 Jan 2018 - 4:44, édité 1 fois
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- Je t'en ficherais moi des "Il est malade, regardez-le le pauvre", grommelait Roy en courant sur les toits de Las Camp. Comme s'ils avaient besoin de me mentir, à moi ! J'aurais très bien pu changer d'avis si de leur côté ils avaient été un peu plus convaincants...

Tout à sa mauvaise foi, le pirate de mauvaise humeur arriva près du rebord d'un bâtiment et bondit avec souplesse. Aidé par son élan, il fit un long vol plané et atterrit cinq mètres plus loin sur le toit de la rue en face. Trébuchant sur une gouttière, il retrouva rapidement son équilibre et repartit comme si de rien était, bien qu'une grimace de douleur ait furtivement traversé son visage. Le colonel ne l'avait pas raté en lui faisant traverser le mur de l'entrepôt, son corps entier lui faisait mal.

Par chance il n'avait pas de côtes cassées, mais il n'en était pas pour autant ressorti indemne. Un énorme hématome violacé commençait déjà à se former sur son torse, lequel était continuellement parcouru d'une douleur lancinante. Courant également depuis cinq bonnes minutes, le pirate avait la respiration quelque peu sifflante, bien que jusque-là ça ne l'ait pas obligé à ralentir le pas. Il n'était pas inquiet, sa progression était rapide et aucun soldat n'était capable de le rattraper ou l'intercepter, il atteindrait bientôt le port. Fort de ce constat, il bondit à nouveau et survola les badauds sur la rue en-dessous, vaquant à leurs occupations et inconscient de sa présence.

Il entendit d'abord un son strident s'approcher de lui à grande vitesse, puis il fut violemment percuté sur le côté au beau milieu de son saut.

Le choc perturba sa trajectoire et il rata lamentablement le toit suivant. L'objet non identifié l'entraîna dans sa trajectoire et ils vinrent tous deux s'écraser en diagonale sur la façade d'un bâtiment, avant de rebondir pour finir par fracasser un petit kiosque à journaux en retombant au sol. Sonné, Roy gémit de douleur en roulant sur son dos. Conscient dans son esprit embrumé que celui qui l'avait intercepté était déjà en train de se rétablir, il se fit violence et tenta de se redresser. À sa grande surprise cependant une main ne lui en laissa pas le temps et se referma sans attendre sur sa gorge. Surpris au milieu d'une expiration, le pirate s'étrangla sur cette poigne et ne put réagir le moins du monde quand il fut soulevé sans le moindre ménagement. Remis debout de force, ses pieds décollèrent du sol et il attrapa par réflexe le bras qui le maintenait en l'air. Le visage rougi par le manque d'oxygène, il tenta de focaliser son attention sur le visage de son ennemi. Avant qu'il n'y parvienne seulement, sa vision devint subitement floue tandis qu'il perdait à nouveau tous ses repères spatiaux. Tournoyant sur lui-même, l'assaillant avait fait un tour complet - transformant le monde du jeune capitaine en un désordre de couleurs informes -, et il termina sa violente pirouette en le projetant de toutes ses forces.



Les rues de Las Camp étaient des plus animées en cette belle nuit étoilée. C'était la fin de la journée, les badauds quittaient peu à peu leur travail et retournaient chez eux. Sur leur chemin ils pouvaient trouver de petites roulottes, tentes ou préfabriqués, tout ce qui permettait à des cuisiniers en herbe de faire parler leurs talents en échange d'une modique somme. Quelques marchands entreposaient leurs camelotes à même le sol, faisant souvent étalage de fruits ou de bijoux de coquillages, haranguant sans relâche la foule pour qu'elle vienne jeter un coup d’œil. Magasins et restaurants étaient ouverts, couples et familles étaient de sortie et chacun pouvait profiter des centaines d'effluves différents qu'émanait cette île portuaire. Loin de Last End, la vie était supportable, belle même.

L'un de ses établissements connut malheureusement une fin des plus précoces : arrivant comme un boulet de canon, Roy fracassa une petite roulotte - une bonne odeur de poulet grillé s'en échappait jusque-là - et termina son vol plané dans un long roulé-boulé. Secoué dans tous les sens, le pirate finit cependant par retrouver ses repères et planta simultanément ses pieds et son sabre au sol. La lame créa un profond sillon de plusieurs mètres dans la rue pavée avant de parvenir à arrêter sa course. Un genou à terre, le pirate releva les yeux au milieu des passants qui s'enfuyaient dans un tonnerre de cris et d'agitation. En face de lui, indifférent au tumulte alentour se dressait le colonel de Las Camp, digne, ensanglanté et menaçant.

Comment a-t-il réussi à me rattraper avec la balle que je lui ai collé dans le buffet ? s'interrogea le pirate.

Lentement, prudemment, il se releva en fixant sans discontinuer le marine, attentif à ne pas le brusquer. D'un geste il rengaina son sabre et recula d'un pas, levant ses mains en signe d'apaisement. Quelque chose n'allait pas. Le marine était trop calme, trop impassible malgré les nombreuses blessures qui l'incapacitaient.

 - Colonel...

Cela sembla agir comme un déclic pour Matheson. Dans une volute de poussière, il sembla disparaître aux yeux de son adversaire. Un court instant éberlué devant ce tour de force, Roy eut heureusement la présence d'esprit de dégainer partiellement son sabre. La lame à moitié sortie intercepta l'attaque suivante de son adversaire, soudain réapparu sur sa droite. Si le sabre du colonel ne parvint pas à percer la garde du pirate, sa frappe l'envoya tout de même valser au travers de la rue où il termina son vol plané dans l'étalage d'un marchand de coquillage.

Cette fois-ci Le Bon n'avait plus l'avantage de l'attaque surprise. Le jeune homme se rétablit d'un saut carpé au moment même où le bruit strident de la technique du colonel résonnait pour la troisième fois à ses oreilles. Une vague de haine irrationnelle s'empara du pirate à l'écoute de ce son si caractéristique. Cela remontait déjà à plusieurs mois maintenant, mais le souvenir des deux agents du Gouvernement Mondial qui avait assassiné son amie était toujours aussi vivace dans son esprit. Revoir ces deux hommes et le crime irréparable qu'ils avaient commis le plongea dans une rage profonde. Le colonel utilisait la même technique de déplacement surnaturel qu'avaient employée les CPs quand un Roy ivre de rage et de douleur s'était jeté sur eux pour les exterminer. Le Soru était redoutable, mais il l'avait déjà vaincu ; il le vaincrait encore.

Le pirate bondit dans les airs au moment où son adversaire réapparaissait pour lui donner un coup de sabre. Se rétablissant quelques mètres plus loin dans un roulé-boulé, il voulut se lancer à son tour à l'attaque, mais le temps de se remettre sur ses deux pieds et le colonel avait de nouveau disparu.

Il tenait à peine sur ses jambes cinq minutes plus tôt et soudain c'est l'adversaire le plus rapide que j'ai jamais combattu ? Qu'est-ce qui se passe nom d'un chien.

Cet instant d’apitoiement lui coûta cher. Trop vite pour qu'il puisse l'anticiper, le colonel réapparut dans son dos et frappa sans hésitation. Ne s'attendant à ce genre de tactiques retorses de la part du Bon, Roy réagit avec un temps de retard et ne parvint à parer que partiellement l'assaut, tordant son dos dans les limites du possible au cours de cette manœuvre. Son sabre intercepta celui du Matheson mais ne l'empêcha de lui infliger une longue estafilade sur la hanche qui lui arracha un cri de douleur.

Dans un grognement instinctif, le pirate tenta de répliquer mais son coup ne trouva que le vide, le colonel s'étant instantanément déplacé plus loin. Bondissant sur ses pieds à toute vitesse, il ignora le jet de sang qui jaillit de sa hanche avec cette brusque impulsion et fondit à l'endroit où il savait que son adversaire allait réapparaître. Le Bon termina son mouvement à l'endroit prévu et pendant un instant son jeune ennemi crût l'avoir piégé, mais une fraction de seconde avant qu'il ne parvienne à l'atteindre, le vieux soldat disparut une nouvelle fois, abandonnant Roy dans une volute de poussière. Un cri de frustration échappa au pirate qui ne perdit pas de temps à s’apitoyer sur son sort et se remit en mouvement. Se rappelant soudain le combat à mort qu'il avait livré contre les assassins d'Angie Gregson, il réalisa qu'il avait vaincu parce qu'ils se trouvaient dans l'appartement de cette dernière à ce moment-là. Dans un espace exigu semblait-il, les mouvements ultra-rapides du Soru perdaient de leur utilité. Fort de cette nouvelle déduction, il changea de tactique.

Sans savoir où pouvait bien se trouver Matheson - il ne parvenait pas à le suivre des yeux - le jeune capitaine courut en direction du bazar qu'à maintes reprises il avait aperçu au cours de son séjour à Las Camp. Sans hésitation, il s'engagea dans le vaste réseau de galeries couvertes par un immense toit de plusieurs centaines de mètres. Il entendit à nouveau le bruit strident du Soru résonner derrière lui, et c'est avec une légère panique qu'il commença à slalomer entre les différents stands du souk, ignorant les cris de protestation des marchands. Sprintant et bondissant à une allure effrénée, sa course ponctuée des sorus successifs du colonel dans son dos l'amena enfin jusqu'à ce qu'il cherchait : une petite voie exiguë, un tunnel remplis à ras bord d'échoppes de toutes sortes dans laquelle le marine n'oserait pas se déchaîner. Fusant à travers l'allée  il se rétablit avec une roulade et s'était retourné au terme de celle-ci. Là il se releva, et attendit son adversaire.

Autour d'eux, les marchands de Las Camp, comprenant ce qui était en train de se dérouler sous leurs yeux, disparurent derrière leurs échoppes et ne firent plus de bruit, espérant que les deux adversaires s'entre-tueraient sans démolir leur bouiboui. Triturant un instant sa moustache, le colonel sembla prendre une décision. Dardant ses yeux fiévreux sur Roy, il disparut à nouveau de son champ de vision.

Il savait où le colonel allait réapparaître et il était fin prêt. Le reste n'était qu'une broutille pour un guerrier de sa trempe. Il abattit son sabre avant même que le soru ne soit terminé, anticipant l'attaque de Matheson. Ce dernier termina son mouvement d'épée avant et ne pût rien faire quand il fut accueilli par la lame du pirate. Cette dernière s'enfonça profondément dans l'épaule du colonel qui, emporté par son élan, passa sous le pirate ayant simultanément attaqué et bondit pour esquiver sa charge. Glissant sur le sol, Le Bon laissa une traînée de sang sur son passage et termina sa course au milieu de l'allée où il s'arrêta net et ne bougea plus.

Reprenant son souffle, le pirate arracha son débardeur, qu'il avait maintenant déchiré en plusieurs points. torse nu, il examina machinalement sa blessure à la hanche avant de se saisir d'une bouteille de gnôle sur l'étable d'un marchand. Arrachant le bouchon avec les dents, il versa une partie du contenu sur l'estafilade ensanglantée, retenant un grognement de douleur en serrant les dents. Ceci fait, et quand l'alcool eut cessé de le brûler horriblement, il humidifia sa gorge asséchée en prenant une gorgée. Le goût infect de l'alcool lui arracha une nouvelle grimace, de dégoût cette fois-ci. Dans un même mouvement, il cracha le liquide et jeta machinalement la bouteille par-dessus son épaule, avant de s'approcher de Matheson.

Entendant manifestement le pirate approcher, le colonel se retourna sur le ventre et jeta un regard plein de haine au pirate. La bouche obstruée de sang, il tenta de dire quelque chose mais ne parvint qu'à s'étrangler sur ses propres mots. En face de lui, Roy le regardait sans mot dire. Ses yeux étaient froids et tristes, emplis de pitié.

Soudain, derrière une étable un petit marchand grisonnant jailli de derrière sa devanture, brandissant un pistolet au bout de ses deux mains tremblantes.

 - Laisse le colonel tranquille forban ! lui ordonna le civil. C'est le seul espoir de Las Camp !

Tournés vers cet intervenant inattendu, les regards de Roy et Matheson se croisèrent à nouveau. Ils se dévisagèrent pendant quelques instants.

 - Je le pensais aussi..., avoua le jeune homme dans un murmure, avant de s'apprêter à rengainer son sabre.

Le marchand sembla comprendre le geste du pirate de travers car il choisit ce moment pour faire feu. Ni une ni deux, la balle qu'il avait tirée fût renvoyé à son propriétaire et siffla tout prês de son oreille. Le temps qu'il comprenne ce qui venait de se passer, et le pirate était déjà loin.

Autour d'eux, le bazar se réanima doucement tandis que de nombreux marchands sortaient à leur tour de leurs étables. On appela un médecin et un petit groupe entoura bientôt l'officier meurtri. Le commerçant héroïque qui était intervenu pour sauver Matheson fut félicité de nombreuses tapes dans le dos, et chacun alla de son commentaire sur la meilleure façon de sauver la vie du colonel. Indifférent à toute cette agitation, ce dernier sortit un nouveau flacon.



Courant à nouveau dans les rues de la ville, Roy aperçut contours du port loin devant lui. Encore quelques centaines de mètres et il pourrait enfin mettre cette île derrière lui. Il avait hâte.

Derrière lui, le bruit caractéristique du soru de Matheson retentit à nouveau, arrêtant net le pirate. Peinant à y croire, ce dernier se retourna et découvrit le colonel de Las Camp, droit comme un piqué et remis de ses blessures semblait-il. Comprenant qu'il y avait quelque chose de pas naturel là-dessous, il remarqua que quelque chose avait changé chez le marine.

 - Roy..., grogna Le Bon d'un air absent, le menton couvert de sang.

Ces yeux grands ouverts aux pupilles dilatées, cet écran de folie furieuse qui transparaissait en leurs fonds, il avait déjà vu ce regard.

 - Les drogues de l'assassin ? comprit enfin le jeune homme.


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 2 Jan 2018 - 4:56, édité 1 fois
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- Vous vous foutez de moi ?!

Roy fulminait devant l'état lamentable du colonel. Ce dernier était méconnaissable avec ses cheveux décoiffés qui tombaient sur son visage ensanglanté et ses nombreux hématomes que l'on devinait sous son manteau d'officier. Bien que l'entaille béante à son épaule et l'impact de balle sur son ventre ne saignaient pas, il suffisait d'un coup d’œil pour voir qu'il avait encaissé de nombreux dégâts. Savoir en plus de cela qu'il en était responsable blessait profondément le pirate. Il n'avait fait que se défendre face à l'obstination mal placée de Matheson. Depuis le début, toute cette histoire aurait pu être évitée si les marines avaient fait montre d'un peu plus de jugeote. Réaliser ce fait le mettait dans une colère noire.

 - Je vous avais transmis ces produits pour que puissiez étudier nos ennemis ! accusa Roy d'une voix indignée. Pas pour que vous les utilisiez à votre tour !

 - ROOY ! hurla le marine en faisant un pas en avant.

 - C'est mon dernier avertissement colonel, laissez-moi partir ! Ma liberté n'en vaut pas la peine !

Extrêmement concentré sur sa proie, Le Bon ne sembla pas entendre les mots du pirate et fit un autre pas. Autour d'eux, quelques passants prit entre les deux combattants hésitèrent à prendre la poudre d'escampette. Ici et là, des volets étaient ouverts sur les façades des bâtiments, laissant entrevoir des silhouettes informes qui observaient la confrontation en silence.

Comprenant que le vieux marine ne comptait pas abandonner, Roy se tint prêt. Lui aussi était blessé, mais son état était de loin meilleur que celui de son adversaire, qui n'aurait même pas dû tenir debout. Contrairement à lui également, il n'était pas abruti par des substances chimiques ultra violentes et conservait ses capacités de réflexion. Aussi quand Matheson utilisa un nouveau soru pour se jeter à la gorge du pirate, celui-ci était prêt. Trop rapidement pour que les spectateurs alentour ne comprennent ce qui se passa, il intercepta le bras armé du vieil homme au niveau du poignet et attrapa sa gorge de l'autre main. Retournant son propre élan contre lui, il accompagna sa charge et le projeta de l'autre côté.

Le militaire alla lourdement s'écraser contre la façade d'un bâtiment délabré, autrefois ravagé par un incendie du temps de la guerre des gangs. Sonné, Matheson se cramponna à son sabre comme à une bouée de sauvetage. Relevant les yeux à la recherche du pirate, la dernière chose qu'il vit avant de passer au travers du mur fût Roy fondant sur lui à toute vitesse, genou en avant.

L'impact fut considérable, ébranlant la carcasse de la construction incendiée. Dans une avalanche de pierres et de poussière, Matheson s'écroula au sol et ne bougea plus, le pirate traversant le mur dans son sillage. Ce dernier se rétablit souplement au terme de son assaut, stabilisant sa position en posant une main par terre.

Et reste à terre cette fois ! grogna-t-il intérieurement.

Reprenant son souffle, il se releva et constata avec soulagement que cette attaque avait rempli son but. Le colonel ne bougeait plus. Enfin il cessait de se relever et de le poursuivre inlassablement. Goûtant enfin au calme et à la sérénité, le jeune homme prit une grande inspiration et retrouva peu à peu une respiration stable.

Observant le corps inerte du colonel d'un air absent, Roy s'attarda sur le dos du vieil homme, qui étrangement ne remuait plus. Sa vision se brouilla un instant, la fatigue commençant lentement à faire son chemin dans son corps meurtri. Ainsi, il lui fallut quelques instants avant de réaliser que quelque chose clochait. Soudain prit d'un horrible pressentiment, son cœur se mit à battre la chamade. Tombant à genoux aux côtés de Matheson, il le retourna sur le dos et se retrouva nez à nez avec deux yeux livides, grands ouverts. Une vague de bile remonta dans la gorge du pirate tandis qu'il réalisait ce qui venait de se passer, paralysé qu'il était par le regard vitreux du colonel. Refusant de croire à la mort de ce dernier, il voulut chercher son pouls.

 - Noon ! hurla-t-on au même moment derrière lui.

Se retournant par réflexe, le pirate entendit d'abord le bruit du tir avant de basculer en arrière, l'épaule traversée par une balle de pistolet. Grognant de douleur, il bondit en arrière et atterrit au sommet d'un mur brisé du bâtiment. Initialement sur la défensive, il comprit cependant qu'il n'avait pas grand-chose à craindre : tombant à genoux aux côtés de Matheson, le capitaine l'avait déjà oublié.

Ébranlé par le meurtre involontaire dont il s'était rendu coupable, confus et tourmenté, Roy voulut se justifier, expliquer à l'officier qu'il n'avait jamais été son intention que quelqu'un se fasse tuer. Si la blessure qu'il avait à l'épaule lui rappelait la dure réalité des choses, il tenta quand même d'offrir ses excuses, par respect pour l'officier défunt, par devoir envers sa famille. La gorge nouée, il chercha un instant ses mots, observant le capitaine prendre le corps de son supérieur dans ses bras.

 - Je ne voulais pas...

Sans même le regarder, le marine sortit un nouveau pistolet et tira de nouveau sur le pirate. Esquivant en basculant en arrière, Roy retomba au sol de l'autre côté et s'enfuit sans demander son reste.

Dans son sillage, alors que l'officier fermait les yeux de Matheson, une escouade de marines se lança à sa poursuite. Un bon nombre d'entre eux restèrent aux côtés du capitaine et se joignirent à son silence respectueux.



Torse nu, ensanglanté, courant à perdre haleine, Roy ne passait pas inaperçu dans le port. Avec l'impact de balle à son épaule, le petit passereau vert tatoué sur son dos - un souvenir de son combat contre Alaba, un souvenir de Las Camp - pleurait des larmes de sang. Arrivé là où aurait dû se trouver Le Palazio, Roy repéra immédiatement son bâtiment qui avait pris le large au loin. Sans ralentir l'allure ni regarder en arrière, le pirate arriva au bord du quai et fit un gracieux plongeon, sautant haut dans le ciel avant de retomber dans l'eau bras en avant.

Durant un court instant le sel marin lui fit subir le martyre, avant d'être remplacé par une douce sensation d'engourdissement, l'eau lavant la poussière, le sang et la sueur qui le recouvraient. Déterminé à rejoindre son navire, il se fit violence à l'idée de devoir nager dans son état pour rattraper Le Palazio au large. Heureusement et à son grand soulagement, la belle Lily était là à l'attendre près des quais. Elle prit les choses en main, attrapant son capitaine meurtri et l'entraînant sous l'eau en direction de leur navire, distançant rapidement les quelques marines qui avaient poursuivi Roy jusqu'au port.

Bien que forcé de retenir sa respiration, le jeune homme goûtait à une sérénité sans précédent. Après les épreuves aussi bien physiques que morales de cette nuit, la douceur infinie de ce voyage sous-marin apaisait son cœur et son âme. Le calme ambiant était telle qu'il aurait littéralement pu s'endormir ainsi, sous l'eau, dans les bras de femme-poisson de Lily. Il l'aurait fait si, au travers de sa vision déformée par l'eau de mer, il n'avait pas aperçu la centaine d'hommes-poissons qui l'attendaient, formant un baroud d'honneur jusqu'à la coque du navire. Trop fatigué pour être sûr qu'il n'était pas en train de rêver, Roy étudia les silhouettes fantomatiques qui flottaient à vingt mètres au-dessus des fonds marins, disposées en lignes parfaites et éclairées par la Lune. Émerveille, il se rendit compte qu'il reconnaissait quelques visages, tels que celui d'Adam Coste, le médecin de la famille Jackson, ou ceux des nombreux gangsters aux côtés desquels il avait combattu les triades de Las Camp. Il n'y avait pas que des hors-la-loi cependant. De nombreux citoyens amphibiens de la ville, ceux qui avaient trouvé refuge dans la base secrète pour se protéger des attaques de la guilde, étaient là eux aussi. Comprenant le message, Roy les remercia tous d'un signe de tête, que lui rendirent les amphibiens.

La minute qui suivit lui fit l'effet d'un réveil depuis un rêve majestueux. Prenant de l'élan avec son capitaine dans ses bras, Lily perça la surface de l'eau et bondit sur le navire pirate, atterrissant sur le pont dans une gerbe d’éclaboussures. Mochi et Moria qui les attendaient depuis quelque temps à présent se précipitèrent immédiatement vers eux. Le médecin voulut s'atteler à traiter les nombreuses blessures de Roy, mais ce dernier, reprenant doucement sa respiration, lui fit signe que ce n'était pas nécessaire, pour l'instant du moins.

Conscient que la Marine risquait fort d'envoyer des navires à leur poursuite, il voulut immédiatement ordonner le départ. Ni une ni deux, le navigateur de l'équipage protesta et demanda ce qui était advenu de leurs plans à l'encontre de la Lune Opaque. Blessé et épuisé, le jeune capitaine leur fit alors un résumé exhaustif de qui s'était déroulé un peu plus tôt sur l'île, incluant le fait qu'Esmera Morfa avait quitté l'île avec son organisation, et qu'il avait accidentellement tué Matheson.

Cette nouvelle ébranla les trois membres de son équipage, mais par respect pour Roy et comprenant que cela pesait déjà lourdement sur sa conscience, ils ne demandèrent pas plus de détails. Satisfait de ces révélations, acceptant de reporter sa vengeance contre la Lune régnante à une autre fois, Moria organisa le départ et appareilla le navire en quelques instants, avant de se diriger vers le gouvernail du Palazio, Roy, Mochi et Lily sur ses talons.

À quelques centimètres de la roue en bois, il suspendit son geste.

 - Tu veux prendre la barre ? demanda-t-il au capitaine.

Ce dernier hésita quelques instants. Meurtri de la tête aux pieds, il tenait déjà à peine debout.

 - Oui, accepta-t-il cependant, sa volonté d'honorer l'instant prenant le pas sur sa fatigue.

Quand Roy fit mine de s'approcher pour prendre les commandes, le navigateur l'arrêta une nouvelle fois.

 - Avant cela, il faut trouver un nouveau nom à ce bâtiment, expliqua-t-il. Il n'a plus rien à voir avec Le Palazio que l'on a volé à Petersen Alec, il mérite une nouvelle identité.

Les deux autres hochèrent la tête à cette idée. Hochant la tête, Roy sembla réfléchir un instant, son regard porté vers les lumières de Las Camp qu'il apercevait au loin. Un léger brouhaha lui parvenait du port, bien qu'il soit atténué par le léger remous des vagues faisant tanguer le navire. Un air de profonde mélancolie apparut progressivement sur son visage à mesure qu'il se remémorait tous les événements de ces derniers mois, sa fuite en catastrophe de son île natale qui l'avait conduit par hasard sur cette île décidément bien meurtrière, ainsi que les souvenirs de son passage dessus. Soudain, il sembla prendre une décision et s'empara du gouvernail avec conviction, prenant la barre pour la première fois de sa vie.

 - Le Matheson Sorrow, baptisa-t-il le navire qui, le jurait-il, l'amènerait au bout de la Route de tous les Périls.
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