Rapt glaçant

Ah… Le quotidien. Une routine qui s’enchaînait jour après jour avec un certain calme dans lequel berçait les habitants de Boréa et j’en faisais parti. Jour pour jour, cela faisait un mois que j’étais arrivé sur ce diamant flottant et son climat froid. Un mois que je me réveillais à la même heure, que je me préparais de la même manière, que je faisais mon rapport au chef de la garnison, que je patrouillais sur le même circuit, que je rentrais après le même tournant et que je dormais. Cette boucle se répétait inlassablement et j’en avais assez. Quand je ne patrouillais pas, je m’entraînais. Et quand je ne m’entraînais pas, je me reposais. Encore et encore. J’avais l’impression d’être dans mon village sur Tanuki tellement je tournais en rond. Les seuls moments où j’avais le droit à un peu d’action demeuraient les mêmes accidents de chariots de marchand itinérants qui ne les avaient pas bien équipés pour le temps.

Heureusement pour moi, si je n’étais pas encore devenu fou à cause de cette ritournelle temporelle, c’était grâce à mes gars. On m avait imposé à mon arrivé une petite equipe de Marine : trois matelots première classe et deux de la seconde. Les trois premiers, je les connaissais déjà : nous faisions nos classes ensemble et nous étions arrivés sur le même bateau.

Il y avait tout d’abord Nick, un chic type, mais il avait de sales manies, surtout au niveau des jeux d’argents. C’était un joueur invétéré, insatiable et surtout très doué. Il aurait pu être promu en même temps que moi s’il n’avait pas ridiculisé un de ses supérieurs lors d’une partie de poker où il avait tout raflé, même les vêtements de l’adjudant. C’était aussi un tireur hors-pair malgré ses très longs cheveux rose et blond qui lui bouchaient souvent la vue. La discrétion n’était vraiment pas son fort non plus.

Le deuxième, il s’appelait Iban, un mec sérieux, un peu réservé, mais surtout coincé. Il était plus grand que Nick et moi, un peu plus vieux aussi malgré ses longs cheveux bleu-ciel. Sa spécialité était le corps-à-corps, mais tout en gardant ses distances. Il maniait très bien sa lance qu’il embarquait toujours avec lui, même en permission. Lui aussi aurait pu devenir Caporal, seulement, il n’avait fait trébucher le même supérieur lors de la soirée où notre joueur l’avait dépossédé de ses fringues. Je m’en souvenais encore de la dizaine de minutes qu’il avait passée à s’excuser, mais rien ne pouvait arrêter la colère de l’Adjudant.

En ce qui concernait le dernier du quatuor de ma promo, Juno, je devais l’avouer : je ne l’aimais pas beaucoup. Arrogant et hargneux, c’était une vraie teigne derrière sa gueule d’ange et ses cheveux blancs. Il savait très bien jouer avec son apparence de gentil garçon afin de mieux tromper ses supérieurs et tous les autres. Devant tout le monde, il faisait le gosse discipliné, un peu peureux et pas très courageux, mais je n’avais jamais autant entendu de gros mots à la suite qu’après qu’il se soit fait bousculer par l’homme en caleçon qui tombait à cause de la lance de notre grande perche et qu’il ait fait tomber son verre. Au niveau du style de combat, comme moi, il maniait les lames, mais il en possédait qu’une seule et en combat, sa soif de gagner était insatiable. Même si je le désarmais à chaque affrontement, il chargeait. Aussi féroce qu’un lion sur une brebis ce type.

Pour finir, il y avait les deux nouveaux, Anna et Doroteo, fraîchement sortis du banc de l’école après leur deux mois de formations. Tandis que la première s’était assez bien habituée au groupe avec sa tendance à toucher les cheveux des autres et son côté complètement déjanté à base de piercing partout, le second était encore pas mal hésitant et effacé, mais diablement efficace à la course et au combat à mains nue.
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Avec cette belle bande de courageux Marins, j’arpentais les rues de Boréa à la recherche de quelque chose à faire, d’un chat à sauver d’un arbre, d’une femme à sauver d’un pot de fleur ou même d’un chariot renversé par le verglas qui tapissait le sol. Cependant, cela faisait une bonne semaine qu’aucun accident ne s’était produit, à croire que tout le monde avait enfin trouvé la solution à tous leurs maux : des clous. Il fallait tout clouer ! Clouer les pots de fleurs au rebord de fenêtre, les roues aux sols et surtout, les chats chez eux !

« Kagami… Hoy, Kagami ? T’es là ? Mais il est bourré ou quoi ? »

Une douce voix me parvint jusqu’aux oreilles, elle venait de ma gauche. Alors que je tournai la tête pour en voir sa source, la seule chose que j'aperçus fut la savate du plus jeune de la bande. J’eus à peine le temps d’ouvrir grand les yeux que je me la pris de pleine figure. Le coup fut tel que je fus propulsé en arrière en poussant un léger cri de douleur avant de m’écraser sur le sol. Je pouvais nettement sentir l’empreinte de la geta sur mon visage. Heureusement, nous étions dans une petite ruelle, personne ne pouvait nous remarquer. Je restais étalé dans la fine couche de neige tandis que je voyais une à une les têtes de mes subordonnées se pencher au dessus de moi. Ils s’échangèrent tous des regards tout en discutant entre eux, enfin… Discuter :

« Mais… Mais… Tu n’étais pas obligé de faire ça, Juno » murmura le bleuté.
« C’pas de ma faute s’il l’a pas vu venir... » Soupira l’argenté. « Normalement , il les esquive ce genre de coup… Hoy Nick, arrête de te bidonner comme ça ! »
« J’peux pas m’en empêcher… Tu l’as pas loupé ! » S’esclaffa le joueur tout en se tapant le ventre à force de rire.
« K… Chef Kagami, vous allez bien ? » S’inquiéta le jeune mousse tout en tendant sa main pour me remonter.

Remonté, ça je l’étais. Mais qu’est ce qu’il lui avait pris à cette gueule d’ange ?! Même si le grade ne m'importait pas, il me devait quand même un minimum de respect. Ce n’était pas parce qu’on avait fait nos classes ensemble qu’il pouvait me faire ça. Je bouillonnai limite de rage, je pouvais limite faire fondre la glace sur laquelle j’étais étalé. En un instant, je décrochai un de mes sabres de ma ceinture et m’en servis pour leur faire un croche-pied avant de me relever. Tous tombèrent, sans exception, même les deux matelots qui n’avaient rien demandé. Je les regardais, spécialement le petit qui faisait l’intéressant, et je chopais ce dernier par le col et le fit se lever. Je le dévisageai avant de prendre la parole, ma tempe droite pulsant de colère :

« Alors toi… Tu vas voir quand on va rentrer… Corvée de lavage ! »
« Hoy hoy… Ka… Chef Kagami, soyez gentil, s’il vous plaît » Se mit à geindre Juno tout en joignant ses mains.
« Tu le sais bien pourtant… je te connais. Ce genre d’apitoiement ne fonctionne pas avec moi ! »

Je le lâchai d’une manière dédaigneuse puis je me recoiffai tranquillement pendant que tous les autres se relevaient sans broncher. Qu’est ce qu’il pouvait m’exaspérer parfois… Je soufflais longuement avant de reprendre un sourire et la parole :

« Bon aller les gars… on va rentrer et manger un coup ! »
« OUAIS !!! » hurlèrent-ils en cœur.
« Mais j’oublie pas hein… Juno. » Finis-je tout jetant à l’intéressé un regard noir.

Celui-ci se figea un instant sur place, tourna sa tête pour affronter mon regard… Et finit par se bidonner comme s’il était devant un spectacle comique. Je le regardai avant de souffler longuement et de reprendre la route. Il était vraiment irrécupérable, mais il n’allait pas esquiver la corvée de ménage sur toute l’aile du bâtiment, ça lui lavera peut-être son envie de faire son petit garçon gentil...Enfin non, ça n’arrivera pas à le changer, mais au moins je le faisais chier pendant un petit moment. Une maigre victoire en somme.

Je pris alors la tête de mon petit groupe pour revenir à la garnison. Pour faire une petite dernière vérification, je me dirigeai vers la grand-place, centre d’intérêt et d’affluence du port de Lavillère. On pouvait y trouver de tout, la plupart des itinérants s’y posaient pour vendre leur marchandise ou leur talent, plusieurs représentations sauvage se déroulaient tous les jours, histoire d’amuser le peuple. En parlant de cela, une fois arrivé sur la place, je remarquai qu’un petit attroupement s’était formé un peu en retrait. La plupart du public était des enfants avec leur parent qui discutaient tranquillement sans vraiment faire attention. Rien ne pouvait arriver de toute façon, la vie était assez calme sur Boréa. Seulement, alors que je passais à côté du magicien qui se produisait, quelque chose me dérangeait… Je sondai celui-ci de haut en bas tandis que mon rythme de marche diminuait lentement. Je l’avais déjà vu quelque part… Mais je n’arrivais pas du tout à remettre les souvenirs sur ce visage. Où est-ce que je l’avais vu ?

« Outch ! »

J’avais ralenti un peu trop, je m’étais même arrêté. Pendant ce temps, Nick discutait avec Iban et ne m’avait pas remarqué. Le choc était inévitable et m’avait complètement déstabilisé et je me retrouvai une nouvelle fois au sol, la tête la première.

« Oh, Kagami ! Désolé ! »

Il s’excusa et me releva tout en me souriant de manière un peu gêné. Je soupirai longuement et lui répondis avec le même sourire avant de rependre la route vers la Garnison… Même si j’avais l’impression d’avoir loupé quelque chose d’important.

Le reste du chemin se fut sans encombre et je libérai alors mes troupes, mais pas avant d’avoir donné le balais et le sceau au petit argenté avec un sourire condescendant comme il savait si bien le faire.

« Et il faut que ça soit N-I-C-K-E-L ? » Ajoutai-je tout en figeant mon expression.

Je partis un petit instant, juste le temps d’aller récupérer une chaise et de la poser dans le couloir, sous le regard de Juno dont l’expression se décomposer peu à peu. Il pensait sans doute pouvoir échapper à cette corvée, mais je ne voulais pas lui faire cette fleur. Alors je me suis assis tranquillement sur la chaise, les jambes croisées tout en soulevant les deux pieds histoire de caller le dossier contre le mur et je l’observai avec un petit sourire sadique, les bras croisés.

« Et il faut que ça brille… » Ajoutai-je en ricanant très légèrement.
« … »

Lui qui avait une répartie acérée et acerbe, il se contenta de commencer le nettoyage sans m’adresser un seul mot, ni même me porter une seconde d’attention. Même si ça ne me plaisait pas du tout de faire ça malgré les apparences, il fallait que j’assoie une petite forme d’autorité, histoire de ne pas me faire marcher sur les pieds. De toute façon, ce n’était pas la première fois qu’il le faisait, ni la dernière. Chaque semaine, il était de corvée. L’aile B n’avait jamais été autant propre que depuis que nous étions arrivés. Tel était notre quotidien… Seulement, il suffisait d’une seconde d’inattention pour changer ce quotidien.
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Le lendemain matin, alors que le soleil n’était encore qu’à ses balbutiements, un vacarme doublé d’un brouhaha indescriptible me sortit tellement violemment de mon sommeil que j’en tombai de mon lit, m’écrasant face contre terre. Cependant, je ne m’attardai pas au sol, pas le temps. Toutes ces voix provenaient de l’accueil de la garnison, quelque chose de grave avait dû se passer pendant la nuit, ou ils avaient des réclamations à faire. Ni une ni deux, je sautai dans ma tenue de Marine, prit un petit peu de temps pour me jeter de l’eau sur le visage afin de me sortir complètement de ma torpeur matinale et je rejoignis au pas de course l’entrée. Au moment où je sortis de ma chambre, je remarquai que mon équipe était déjà sur le pas de ma porte. Je les saluai, leur fis un petit signe de tête et les menai au rez-de-chaussée. Au fur et à mesure de notre approche, les voix se précisaient, mais je ne comprenais pas du tout ce qu’elles disaient tellement elles étaient nombreuses.

Une fois descendu, je pus voir ce qu’il se tramait et j’en étais fortement surpris : plusieurs familles avaient limite défoncé la porte de la garnison et hurlaient tous en même temps. Ils étaient retenus par plusieurs matelots qui avaient beaucoup de mal. Je restais quelques secondes sur place, abasourdi par ce spectacle assez étrange. Je jetai un œil à mes cinq gaillards, nous échangeions tous un petit regard puis je soupirai longuement. Je frottai mon visage de mes deux mains avant de m’avancer au-devant de cette horde de personnes affolées avec une énorme appréhension. Je sentais une longue goutte de sueur glisser le long de ma tempe au moment où je prenais la parole, vraiment pas rassuré :

« S’il vous plaît… Calmez-vous. Si vous hurlez tous en même temps, on ne peut p… »

Je fus interrompu par une main qui se posa sur mon épaule, m’arrachant limite un cri de surprise. Je sautai de deux mètres sur le côté en réflexe et je fis face à… Au chef de la garnison, le colonel Grey. D’un seul coup, je me raidis comme un piquet et je le saluai comme il se doit. Il dégageait toujours cet aura rassurante, à chaque fois qu’il apparaissait devant les civils, ceux-ci se calmaient pratiquement dans la seconde… Et la même chose arriva aussi aux familles affolées : lentement, les cris s’estompèrent et les pauvres seconde-classes purent souffler un bon coup. L’homme à la longue tunique blanche s’éclaircit légèrement la voix tout en avançant vers les civils et prit la parole d’une voix forte et pourtant apaisante :

« Bonjour à tous. Pourquoi cette soudaine agitation de si bon matin ? … Calmez-vous, s’il vous plaît. Une seule personne à la fois… Vous, monsieur. Dites moi, pourquoi êtes-vous là ? »

Il désigna un homme d’une quarantaine d’années. Celui-ci se figea pendant quelques secondes avant déballer son sac en hurlant :

« On a kidnappé mon fils !! »

Un nouveau brouhaha reprit de plus bel, mais tout le monde s’accordait sur ce point : leurs enfants avaient été enlevés. Ils étaient au moins une dizaine de familles, donc cela faisait au minimum une dizaine de marmots enlevés. Cela faisait vraiment beaucoup. Mon cœur se serra en voyant tous ses visages meurtris par la tristesse. Je regardai mes pieds tout en mordant ma lèvre inférieure sous la douleur.

« Calmez-vous. » Répéta le colonel et, après qu’il ait obtenu le silence, il reprit. « J’ai compris. Pourriez-vous me dire quand, et comment ça s’est passé ? »

Tous les civils échangèrent quelques messes basses avant qu’une femme ne lui répondît :

« Hier soir… On était sur la grande place, à discuter entre nous avec plusieurs autres personnes qui venaient d’arriver. Pendant ce temps-là, nos enfants regardaient un spectacle de magie où je ne sais pas quoi, je n’avais pas trop regardé. Plus on discutait, plus on s’éloignait de la représentation… Et moins on entendait les enfants. Jusqu’à ne plus les entendre. C’est un autre parent qui nous l’a fait remarquer… Mais c’était trop tard… » La femme partit en sanglot tout en s’agenouillant au sol, soutenu tout de même par son mari
« D’accord, d’accord. Ca va aller… » Interrompit le chef de garnison. « Donc, ça s’est passé hier soir… Et pourquoi n’êtes vous pas venu directement le signaler ? »
« On était affolé et…. » Reprit un autre homme. « On a commencé à faire le tour de la ville ensemble. On a cherché partout et… On n'a pas trouvé. Même… Même les personnes avec qui on discutait n’étaient plus là. Y avait plus personne… On ne sait plus où fouiller… S’il vous plaît… Aidez nous. Je veux retrouver mon gamin. »

Alors que les témoignages s’enchaînaient et que le colonel écoutait scrupuleusement chaque déclaration et plainte, quelque chose me chose me chiffonnait l’esprit. Je me frottai les mains tout en regardant derrière le comptoir de l’accueil où était affiché plusieurs avis de cherche. Je fis plusieurs grimaces sous les yeux incompris de mon équipe. Nick se marrait en me voyant, Iban était soucieux et notait tout dans un petit calepin pendant que Juno s’en fichait éperdument en se tournant les pouces et les deux bleusailles se regardaient en haussant les épaules. La chose qui m’avait échappé la nuit dernière commençait à me revenir. Ce magicien… Après quelques petites secondes de réflexions, je me dirigeai vers ces avis pour les observer de plus près. Je fouillai même la pile d’avis qui se trouvait sur le bureau jusqu’au moment où j’eus une illumination.

« J’savais bien que je l’avais déjà vu !! » Pensais-je à très haute voix, tellement que tout le monde m’entendit hurler dans la salle.

Le colonel se retourna, me regarda dans les yeux et fronça les sourcils avant de reporter son attention sur les civils.

« Ne vous inquiétez pas… Nous allons mettre tous les moyens à notre disposition afin de retrouver vos enfants. Vos pouvez rentrer chez vous sans crainte. »

La foule, au début interloqué par mon cri, finit par se disperser alors que plusieurs personnes continuaient de pleurer. Lorsque les portes se fermèrent, le colonel Grey s’approcha de moi et me fit un petit signe de tête de le suivre, chose que je fis sans attendre en attrapant quand même au vol l’avis de recherche. Je ramenai quand même ma fine équipe avec moi, mais celle-ci dût attendre devant le bureau.
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Mon supérieur désigna de la main la chaise en face de son bureau et m’invita à m’y installer. Je pris alors place pendant qu’il contourna son grand bureau et s’assit dans son siège. Il croisa les doigts, posa ses mains sur son torse et me regarda, me toisant limite de ses yeux bruns. Pendant ce temps-là, je regardais un peu autour de moi histoire d’observer un peu la pièce. Elle était assez spacieuse et classieuse, la couleur blanche avec des liserés bleus dénotaient pas mal avec le reste du bâtiment, mais rappelait très bien la Marine. Plusieurs beaux tableaux aux couleurs vives trônaient sur les murs. La plupart représentaient des paysages paisibles, des contrées verdoyantes et arborées ou même des cascades. Tout respirait le calme et la tranquillité.

« Caporal Kagami, vous êtes avec moi ? »

L’homme aux cheveux bruns m’interpella pour me sortir de ma contemplation. Je sautai limite de mon siège et me remis bien droit tout en m’exprimant d’une voix claire et précise, quoi qu'un peu paniqué par les évènements.

« Oui, mon colonel ! »
« Bien… Bien. Et détendez vous… Vous me paraissez stresser. »
« Ah ah… » Ris-je de manière gêné tout en me grattant l’arrière du crâne. « Ca s’voit tant que ça ? »
« Oui. » Répondit-il avant de poser ses coudes sur son bureau. « J’ai l’impression que vous avez une piste… C’est qui sur cet avis de recherche que vous tenez dans la main ? »
« Ah ! Oui ! J’allais oublier ! » Criai-je une nouvelle fois.

D’un geste sec et sûr, je plaquai le bout de papier devant les yeux de mon supérieur tout en enchaînant.

« C’est lui qui a fait l’coup ! »
« Hmm… Wincho Sadus. »

Il resta silencieux pendant plusieurs longues secondes, observant le parchemin de manière pensive tandis que je me remis au fond de mon siège. L’attente fut assez longue, j’avais limite le temps de me tourner les pouces.

« Et pourquoi sautez-vous sur cette conclusion, Caporal Kan ? » Demanda-t-il en me regardant. « Certes… C’est un kidnappeur d’enfant, mais ce n’est pas le seul. Donc : pourquoi êtes-vous aussi sûr de vous ? »
« Eh bien… Comment vous dire… Euuh… C’est-à-dire que… »

Je tournai tellement autour du pot que j’étais en train de le brûler.

« Alors ? » M’interrompit-il d’une voix un peu plus sèche.
« Je l’ai vu. Hier soir. Pendant ma ronde. » Finis-je par dire, d’un ton fataliste.
« Attendez… Vous me dites que vous avez vu Wincho Sadus, le pirate kidnappeur d’enfant, hier soir pendant votre ronde et que vous ne l’avez pas attrapé ? Alors qu’il était en train de pratiquer sans doute un de ces fameux tours de magie pour kidnapper des pauvres enfants devant vos yeux et vous n’avez rien fait ?! »

Au fur et à mesure de la tirade, le ton de sa voix devenait de plus en plus grave et le volume de plus en plus fort. Le colonel ponctua la fin de sa phrase par un coup-de-poing sur sa table, ce qui la fit trembler légèrement et me fit sursauter. Je déglutis bruyamment tout en acquiesçant de la tête.

« J’avais des doutes, mais… » Répondis-je d’une toute petite voix. Je n’aimais vraiment pas me faire engueuler.
« Mais ?! Si vous aviez des doutes, Caporal Kan, pourquoi n’avez-vous alors pas consulté les avis de recherche des pirates du coin ?! Vous savez, celle que vous devez avoir TOUJOURS sur vous vu que vous êtes maintenant gradé ?! »
« Je… Euh… Ca m’était sorti de la tête… »
« Sorti de la tête hein… Et bien, votre prochaine paye va me sortir de la tête aussi tiens ! » S’agaça le colonel avant de rouler les yeux et de souffler un bon coup. « Bref. Vous êtes vraiment sûr de vous Caporal ? »
« Oui chef ! La même tête de sadique, le même chapeau, tout pareil, chef ! »
« Bien… Bon, dispositif de crise ! »

Le brun composa alors un numéro sur son denden mushi pour appeler quelqu’un. Une voix féminine en sortit :

« Oui Colonel Grey ? »
« Bonjour Edna, est-ce que le Lieutenant-Colonel Tabor est avec vous ? »
« Oui. Vous voulez lui parler ? »
« Dites lui plutôt de passer me voir. J’ai une mission pour lui. »
« Bien Colonel. Edna terminé. »

Il raccrocha, fouilla un tiroir de son bureau et en sortit un gros cigare qu’il découpa et alluma à l’aide d’une allumette. Il en prit une longue taffe avant de rejeter la fumée en levant la tête. Il resta silencieux pendant une bonne minute, me laissant dans ma solitude. Je ruminai pas mal à cause de mon erreur… J’avais vraiment fait le con. Une petite minute plus tard, quelqu’un toqua à la porte.

« Entrez. »

Celle-ci s’ouvrit et laissa apparaître un homme assez dans la moyenne au niveau taille, pas vraiment baraqué, mais quand même bien portant. Il était un peu grisonnant et avait une longue barbe qui lui arrivait au milieu du torse. Sur ses épaules se trouvait la même veste que le colonel Grey, même si elle possédait un peu moins de décoration.
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L’homme s’éclaircit un peu la voix, dégagea la fumée qui venait l’agresser de plusieurs revers de la main et prit la parole :

« A chaque fois que j’me ramène dans ce bureau, tu fumes toujours un cigare Grey… Ca a l’air important. »
« C’est "colonel Grey" devant les jeunots, Lieutenant Colonel Horace Tabor. »

Le vieil homme posa son regard sur moi. Je me levai alors du siège en sursaut et lui fit un salut.

« Bon-Bonjour Lieutenant Colonel !»
« Repos Caporal. » Ajouta le colonel et je m’assis de nouveau. « Je te présente le Caporal Kan Kagami. » L’autre homme me fit un petit signe de tête. « Je pense que tu as entendu l’histoire ? »
« Ouais… Les civils gueulaient tellement qu’ils ont réveillé toute la garnison… Et il fait quoi là, le jeunot ? »
« Il a identifié le mec qui a fait le coup. Wincho Sadus. »
« Ahh ! Cette raclure de pirate… Mais, il a réussi à l’identifier et il n’est même pas blessé ? »
« Longue histoire… » Grey soupira légèrement et reprit une taffe avant de reprendre. « Rassemble le plus de troupe que tu peux, on va ratisser toute cette ville et les côtes aux alentours. On va le coincer ce salaud. »
« Pas d’problème, Grey. »
« C’est Colonel Grey… »
« Ouais ouais… »

Il salua d’un geste un peu mou le chef de la garnison et se mit en route pour prendre la parole pendant que je bouillonnai de l’intérieur. Les poings serrés sur les jambes en train de me mordre la lèvre inférieure, je finis par bondir de ma chaise et de crier :

« Laissez moi participer ! C’est de ma faute si on en est arrivé là, je veux au moins être utile ! »

Horace s’arrêta net et se tourna vers moi tout en fronçant les sourcils.

« Tu crois vraiment qu’on va laisser un jeunot comme toi y aller… »
« Quoi que… Vas-y Horace, prends le avec toi. » Coupa le colonel.
« Mais quoi ?! Je refuse de prendre un blanc-bec comme ça avec moi ! S’il se fait trucider par Wincho et son équipage, ça va pas retomber sur ta gueule ! »
« On ne discute pas les ordres, Lieutenant Colonel Tabor ! » La voix du colonel se fit très autoritaire.

Je me pinçai les lèvres en regardant mes deux supérieurs se crier dessus et je ne pus m’empêcher d’ajouter :

« Je saurais me rendre utile ! Avec mes hommes aussi ! S’il vous plaît, prenez-moi avec vous ! »

Un lourd silence se posa dans la pièce où des regards s’échangèrent entre les deux brisquards de la Marine. Le nouvel arrivant finit par souffler longuement et me fit signe de venir tout en disant :

« Bon aller la bleusaille, ramène toi. Et ton équipe aussi. »
« O-Oui, Lieutenant colonel ! » Hurlai-je tout en sautant une nouvelle fois du siège en faisant le salut.
« On va faire un petit briefing avec les autres hommes. Je veux que tes hommes et toi soyez prêts en civil dans 30min dans la première salle de réunion. »
« Bie-Bien pris, Lieutenant Colonel ! »

Ni une ni deux, je sortis précipitamment du bureau du colonel pour retrouver mes hommes qui m’attendaient juste derrière la porte. Enfin, m’attendre, mes trois anciens camarades de promo faisaient une petite partie de cartes pendant que les deux nouveaux discutaient ensemble et fleuretaient même un peu. Je fis une légère grimace en voyant ça, ils n’étaient vraiment pas croyables… Ils ne pouvaient pas attendre cinq minutes ou quoi ? M’éclaircissant la voix bruyamment afin de me faire remarquer, j’ordonnai à tout ce beau monde :

« Bon, je veux tout le monde en civil, on se rejoint dans la salle B2 dans une demi-heure, compris ? »
« Euh… Pourquoi en civil ? » Demanda le jeune argenté alors qu’il chopait de manière malicieuse une carte dans la main du blond et rose.
« Discutez pas, c’est le Lieutenant Colonel qui veut ça. Allez, hop ! On y va ! Et vous deux-là, Anna et Dorotero, c’est pas l’moment ! »
« O-oui chef ! »

Le petit monde se dispersa et je pouvais rejoindre rapidement mes quartiers afin de me changer. À contrecœur, j’enfilai une tenue assez neutre, assez épaisse histoire de ne pas détonner avec les autres civils. J’avais pensé à mon uniforme du dojo, mais j’étais trop repérable. Une bonne tenue chaude beige histoire de me fondre dans la masse, c’était le mieux que je pouvais. Bien sûr, je n’oubliais pas mes deux sabres que j’accrochais à ma ceinture et je me dépêchai de rejoindre le point de ralliement. Lorsque j’entrai dans la salle, je fus surpris de voir le monde à l’intérieur. Il devait y avoir au moins une vingtaine de personnes à l’intérieur, sans compter mes hommes. En parlant d’eux… Qu’est-ce qu’ils foutaient eux. Ah, les voilà !

« Allez, vite vite ! On va se foutre devant. » Murmurai-je tout en faisant signe de me suivre.

Discrètement, je serpentai entre les soldats afin de me retrouver pratiquement au premier rang, précédé par Nick, Iban, Juno Anna et Doroteo. Je pouvais voir le Lieutenant Colonel sur une estrade, toisant de son regard et sa posture fière ses hommes. Il s’éclaircit légèrement la voix avant de prendre la parole :

« Bon alors les gars ! Si j’vous ai réuni ici, c’est parce que nous faisons face à une crise ! Plusieurs enfants ont disparu hier soir et nous savons de source sûre qu’il s’agit du pirate Wincho Sadus et de son équipage, connu principalement pour ses rapts d’enfant. Soyez vigilant : ce sont des tueurs de Marine. Ils n’hésiteront pas à nous tuer si on n’est pas sur nos gardes. Alors je veux des équipes de deux, histoire d’être discret. Je veux aussi que toutes les équipes soient équipées d’un denden mushi sur la même fréquence, histoire de rester en contact. »

Il s’arrêta quelques secondes, histoire que tout le monde ait le temps de bien comprendre la situation et il reprit.

« Vous allez me ratisser toute la ville, interroger tous les civils que vous voyez. Je veux aussi deux équipes sur les côtes. Leur bateau doit avoir amarré prêt d’ici. Caporal Kan. »
« Eh-Oui ! » Je me raidis d’un coup.
« Votre équipe de civil sera en éclaireur. Soyez le plus discret possible, vous les avez déjà vu… Enfin, ils VOUS ont déjà vu. »
« Pa-Pas de problème, Lieutenant Colonel ! »
« Bien. Bon, aller, rompez ! Je veux cette raclure derrière les barreaux ! »
« BIEN CHEF ! »

Tout le monde se dispersa et partit en ville pour faire leur boulot. De mon côté, je séparai mes hommes en trois équipes, Anna avec Iban, Doroteo avec Nick, je restais avec Juno, même si ça ne plaisait pas trop à celui-ci. J’envoyais la deuxième escouade sur les côtes, la plus discrète pendant que je descendais vers la grand-place, l’autre équipe ratissant le port.


Dernière édition par Kan Kagami le Dim 20 Aoû 2017 - 18:27, édité 1 fois
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La journée fut longue, très longue… Et terriblement infructueuse. Personne n’avait vu ce foutu magicien depuis hier soir, ni même ses collègues qui avaient distrait les parents. J’avais beau interrogé chaque passant, leur poser les mêmes questions, personne avait vu quelque chose. J’avais fouillé les bars, les tavernes, les boutiques et hangars près de la place de la ville, mais je n’avais rien trouvé. Comme si ce pirate… N’avait jamais mis les pieds sur cette île. Et si j’avais tords ? Et si j’avais confondu ce Wincho Sadus avec quelqu’un d’autre ? Au fur et à mesure des tentatives infructueuses d’avoir des informations, j’avais cette sale impression de m’être trompé… Et ça m’insupportait grandement. J’étais de plus en plus nerveux. Après chaque discussion avec les civils, je devais souffler légèrement pour m’empêcher de le frapper tellement il était inutile. Pour couronner le tout, j’avais choisi de faire équipe avec le mec le moins compréhensif et le moins empathique de tout Boréa. Alors que je me démenais pour trouver une seule maigre piste des ravisseurs, Juno se tournait les pouces, les bras croisé derrière la tête tout en sifflotant. Le pire, c’est que devant les personnes, il s’intéressait à ce que celles-ci lui racontaient, jusqu’au moindre détail insignifiant, mais dès qu’elles avaient le dos tourné, le matelot argenté se moquait d’eux. Je venais même à me demander si mon agacement ne venait pas plutôt de lui. Non, clairement, j’avais envie de lui faire ravaler son sourire moqueur sur sa gueule d’ange. Les minutes paraissaient des heures à côté de lui, je vivais un enfer.

Cela faisait six bonnes heures que je tournais avec mon coéquipier dans les rues de Lavilliere, le soleil trônait bien haut dans le ciel. On traversait une ruelle déserte pour rejoindre une autre artère fréquentée. La ruelle était sale et très humide, l’odeur des eaux usées me soulevait le cœur. À n’importe quel moment j’aurais pu rendre mon petit-déjeuner. Et pendant ce temps-là, l’autre avait toujours les bras croisés derrière la tête et il sifflotait à tue-tête. Je n’en pouvais plus. La puanteur, les échecs et les sifflements, j’en avais mal au crâne. J’essayais tant bien que de mal de me contrôler, mais au final, mon agacement l’emporta et ce qui devait arriver arriva. Je me stoppai net alors que mon insupportable collègue continuait de marcher jusqu’au moment où il se rendit compte de mon arrêt. Il s’arrêta, se tourna vers moi et me dévisagea limite avant de demander en haussant les épaules :

« Bah, alors, qu’est-ce que t’as ? Faut s’dépêcher ! »

Il se permettait de me faire des réflexions alors qu’il n’en avait rien à faire de la mission. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. J’en pouvais plus. Je ne savais pas que ce mec pouvait être aussi je-m’en-foutiste que ça. Je contractai méchamment les poings et en un instant, je bondis sur lui pour abattre mon poing sur sa sale face, mais j’évitais quand même de lui péter le nez.

« Tu vas la fermer oui ?! » Hurlais-je pendant mon coup.

Le coup l’envoya dans un amas de détritus, provoquant un boucan pas possible. Il resta enseveli pendant une dizaine de seconde, le temps de comprendre ce qu’il venait d’arriver. Cependant, après qu’il en soit sorti, il planta ses yeux dans les miens et fronça les sourcils. Un rictus de colère se figea sur son visage alors qu’il posa les mains sur sa lame pour la dégainer et me menaça avec. Aucun mot ne sortit, mais ses intentions étaient nettes. J’avais peut-être été un peu loi n… Ce n’était pas le moment de se combattre vu l’urgence. Pendant notre possible combat, les pirates pourraient très bien filer à l’Anglaise tout en emportant les gamins avec eux. Alors, lentement, je levai les mains en l’air tout en reprenant la parole :

« On se calme Juno… Je suis désolé. Avec la journée de merde qu’on passe, j’suis un peu à cran. J’aurais pas dû t’foutre un pain, tu m’en vois désolé. Alors range ton katana, s’il te plaît… »

À part un regard méprisant et hautain, je n’obtins aucune réponse. Il voulait vraiment me faire payer ce coup-de-poing et plus encore. Peut-être qu'il y avait plus que ça. Sauf que Juno ne me laissa pas le temps de réfléchir et se rua vers moi avec une ferme intention d’en découdre. J’eus à peine le temps de décrocher mes deux armes qu’il était déjà au contact. Il leva haut son katana et l’abattit sur moi… Avec l’envie de me découper la clavicule ! Oh, il allait se calmer ! Sa lame siffla lorsqu’elle se rapprocha de son point d’impact, mais d’un geste habile, je le parais sans grande peine.

« Wow ! On s’calme maintenant ! Sinon c’est corvée de nettoyage pendant 1 mois… Oh bordel ! »

Il était déchaîné. Les coups s’enchaînaient et fusaient à vive l’allure. Si je n’avais pas reçu un entraînement poussé, je serais déjà coupé de partout. Je réussis à annuler chacune de ses attaques sans grande difficulté alors qu’il s’acharnait sur moi. J’avais l’habitude de combattre contre lui, c’était le seul de notre promo qui résistait assez bien à mes assauts, mais là, c’était différent. Ses coups étaient plus lourds, ses mouvements plus acérés, ses intentions… Plus meurtrières. À chaque passe d’armes, je sentais son envie de me mettre hors d’état de nuire. Cela me terrifiait. Certes, je pourrais facilement le maîtriser, mais je n’avais pas envie de le froisser encore plus…
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D’un coup, mon escargophone se mit à sonner, ce qui stoppa toute velléité des deux côtés. Sauvé par le gong, je dirais même. Je m’empressai de le décrocher :

« Ka-Kagami, c'est Iban. On a trouvé des gars correspondant à la description faite par les civils. Vous pouvez venir, s'il vous plaît »
« Cool ! Vous êtes où ? »
« Côté Est de la ville, près des hangars de marchandises. »
« Ca va, on n'est pas loin. Bougez pas et surtout, ne vous faites pas repérer ! »
« Pas de-de soucis ! »
« J’oubliais, t’as prévenu le Lieutenant Colonel ? »
« Pas d'inquiétude. Anna s’en est occupée »
« Merci ! Caporal Kagami terminé ! »

On rangea nos armes et se hâta pour aller rejoindre les collègues. Enfin une bonne nouvelle dans la journée ! Au moins, elle n’allait pas aussi mauvaise qu’elle semblait être au début !

« N’empêche… Juno, qu’est ce qui t’a pris ? » Demandai-je alors que l’on courrait vers le point de chute.
« Journée d’merde, envie d’me défouler. Et ton coup d’poing m’a fait un mal de chien ! »

Le petit argenté se frottait douloureusement sa joue écarlate sur laquelle on pouvait très bien distinguer la forme de mon poing. Je ris un peu nerveusement tout en me grattant l’arrière du crâne.

« Désolé Juno… Mais pour la peine, tu laveras le dortoir jusqu’à la fin de la semaine ! »
« Mais… Caporal Kagami … »
« Tu voulais m’défoncer, j’te signale ! Je suis bien obligé de sévir là… »
« Ok ok… »

Il soupira longuement et on fila aussi vite que le vent vers les hangars.

Et j’avais l’impression qu’on était les derniers. Un attroupement de soldats se trouvait non loin de notre destination, avec le Lieutenant Caporal qui ordonnait ses troupes tout autour de celle-ci. Lorsqu’il me vit arriver, il me fit signe de m’approcher et prit la parole :

« Bien, vous êtes enfin arrivé. J’ai déjà placé votre première escouade derrière le hangar, histoire qu’il surveille s’il n’y a pas d’autres personnes aux alentours. »
« Compris, chef. »
« Quant à vous, vous allez faire partie de l’équipe d’assaut. Vous allez avoir une dizaine homme derrière vous, je serais pas loin. »
« Euh… Et pourquoi moi ? » Je penchai légèrement la tête sur le côté.
« Pour faire vos preuves pardis ! Vous avez dit vouloir vous rendre utile ? Eh bien, c’est le moment ! Et on ne discute les ordres c’est bien compris ?! Allez, en position tous, on investit l’endroit dans 10min. »
« O-oui Lieutenant Caporal ! »

Puis il repartit donner ses derniers ordres, me laissant sur place. J’avais des petites étoiles dans les yeux, un sourire niais sur le visage. C’était l’heure pour moi de me faire remarquer et en bien ! Je tournai la tête vers mon collègue. Celui-ci me jeta un œil, haussa les épaules et croisa de nouveau ses bras derrière le crâne. Il avait le don de me déprimer, j’en soupirai même, mais ce n’était pas le moment de se laisser abattre. Je rassemblai tout mon courage en inspirant longuement, faisant bomber le torse, et je me dirigeai vers le reste des troupes pour en prendre connaissance. D’après notre supérieur, une autre équipe se tenait en embuscade de l’autre côté du bâtiment afin de le cerner et personne n’en était sortit depuis que ma petite équipe était arrivée. Donc si je résumais bien, on avait affaire à trois personnes qui invertissaient l’endroit correspondantes aux signalements des parents inquiets et on était une vingtaine de Marine à encercler l’endroit… Ils n’avaient aucune chance.

Trois… Deux… Un. C’est parti ! Tel un seul homme, le groupe de marine mené par mes soins pénétra violemment dans la bâtisse, armes aux clairs. Je pouvais entendre l’autre groupe investir les lieux de l’autre côté. D’un rapide balayage, je remarquai les trois malfrats, ceux-ci complètement choqués en entendant et en voyant le nombre de Marine leur débouler dessus. Ils se jetèrent un regard et levèrent fatalement les mains au-dessus de leur tête. C’en était presque trop facile. La majeure partie des hommes fouilla l’endroit, le chef, mon équipe et moi nous rapprochèrent de ces trois hommes. Pendant que je m’occupais à leur passer les menottes, ceux-ci nous regardèrent un à un, nous dévisageant limite, alors qu’un sourire vil et malsain naquit sur leurs lèvres. En voyant ça, un rictus de colère apparût sur le visage du Lieutenant Colonel et celui-ci attrapa la tête de celui du milieu pour l’approcher de lui. L’homme était assez bien bâti malgré sa petite taille. Il lui dit d’une voix assez inquiétante :

« Qu’est-ce qui y’a de si drôle, hein ? Tu d’vrais pas rire… »
« Hehe… » Rit le malfrat avant de cracher à la tête de Tabor.

Celui-ci rigola à son tour, mais froidement. Il serra alors sa poigne sur la tête du pauvre mec qui commençait à gémir sous la pression et, en un éclair, l’écrasa contre le sol dans un fracas bruyant. Je reculai de plusieurs pas, surpris et un peu effrayé, suivi de près par Nick et Iban alors que Juno affichait son sourire sadique derrière le dos du supérieur. Avec calme et retenu, celui-ci se redressa en laissant l’homme à terre et observa les deux autres.

« Il y a d’autres qui veulent rigoler ? »

Les deux restants secouèrent négativement la tête, affolés. J’observais la sueur perler sur leur front.

« Bien… Alors, j’aurais une petite question pour vous deux : qu’avez-vous fait des enfants que votre chef a kidnappé ? »

Les prisonniers froncèrent un peu les sourcils et celui de droite répondit :

« On a kidnappé personne nous. »
« Ouais ouais, il a raison ! On a rien fait ! »
« Vous avez rien fait… Y’a pas de soucis. »

L’officier supérieur se retourna et fit mine de s’éloigner de quelques pas. Je ne voyais pas vraiment ce qu’il voulait faire, mais lorsqu’il se retourna genou en l’air, je compris rapidement. Il frappa violemment l’homme de gauche au plexus solaire, celui-ci se plia en deux sous le choc et tomba au sol. Il paniqua et commença à suffoquer, la force du coup lui avait coupé la respiration. Mais il était fou !

« Oh putain ! » Hurla Iban à côté de moi.

Le bleuté se rua vers le pauvre homme à terre et l’aida tant bien que de mal à reprendre sa respiration tout en fusillant limite du regard notre supérieur hiérarchique. Ce dernier haussa les épaules et me jeta un regard en me mettant en garde :

« Tenez vos hommes… Sinon je vous fais virer de la Marine… »

Je me figeai sur place et, d’un geste machinal, je fis le salut militaire avant de faire signe à mon tireur de se calmer, chose qu’il fit assez rapidement. Pendant ce temps, le dernier homme suait à grosse goutte, il regardait dans le vide tout en sifflotant de manière très fausse.

« Bon… Monsieur, veuillez s’il vous plaît, nous dire ce que vous avez fait des enfants kidnappés ? » Reprit Horace tout en retroussant les manches de sa veste et en toisant du regard le dernier debout.
« Je… Je… On les a amenés sur le bateau y’a 2h environ. »
« Bien ! On avance ! Mais… S’ils sont sur le bateau, pourquoi vous êtes venus ici ? Ils étaient cachés ici, c’est bien ça ? »
« O-Oui… On était chargé de ‘nettoyer’ l’endroit… »
« Nettoyer ? »
« Le cramer. Avec le feu, il n’y avait aucune preuve de notre passage… »
« Alors en plus de kidnapper, vous mettez le feu… C’est bien ça. Bon… Vous pouvez bien me dire où est-ce qu’il est, votre bateau ? »
« … »

Le ‘survivant’ déglutit bruyamment et, après de très longues secondes d’hésitation et de silence profond, il secoua négativement la tête.

« Je peux pas… Si j’le dis, il va me tuer… »

Le brun leva les yeux au ciel, soupira longuement et reporta son attention sur son interlocuteur tout en glissant une de ses mains au niveau de sa ceinture. Au fur et à mesure de la manœuvre, l’homme paniquait de plus en plus. Il jetait des regards suppliants à mon équipe et moi, mais il n’osait pas parler.

Heureusement pour lui, mon escargophone se mit à sonner.

« Sauvez par le gong encore une fois… » Murmurai-je, soulagé.

Passant une main dans ma poche, je sortis mon appareil de communication et décrochai le micro. D’un coup, plusieurs coups de feu retentirent à travers l’appareil pendant que j’entendais plusieurs cris assez lointains. J’écarquillai les yeux puis, affolé, je criai :

« Qu’est ce se passe ici ?! Nick, Doroeto, Répondez ! »
« Ka-Kagami ! C’est affreux ! »
« Nick ! Qu’est ce qui se passe ?! Vous êtes où ? »
« C’est… Ils … Ils ont descendu Doroteo ! »
« Qu-quoi ?! Comment ?! T’es où ?! »
« J’sui-J’suis sur la côte Est ! On a trouvé leur bateau, mais on n’a pas été assez prudent ! Ils nous ont vus, ils ont tiré et ils ont réussi à avoir Doroteo ! Heureusement pour moi, j’ai réussi à courir et à me mettre à l’abris, mais ils arrêtent pas d'me canarder ! J’ai bien d’renfort, j’vais pas tenir longtemps ! Surtout qu’ils se préparent à se barrer ! »
« Ok j’arrive !! Bouges pas ! ... Putain de bordel de merde !! » Criai-je après avoir raccroché.

Sans attendre, je courrai vers la sortie pour aller rejoindre mon camarade en danger, mais je fus stoppé net par le Lieutenant Colonel qui m’attrapait le bras :

« Arrêtez-vous, Caporal Kagami ! J’vous ai pas donné l’ordre d’y aller ! »
« Laissez moi y aller ! Ce sont mes hommes ! J’dois aller les aider ! »
« Calmez-vous ! »
« Lâchez moi !! »

Des larmes coulèrent le long de mes joues, des larmes de colères envers moi-même. Je n’aurais pas dû envoyer un bleu là-bas… C’était de ma faute, je le savais entièrement. Assez facilement, je me défaisais de l’emprise de mon supérieur et je sortis en hurlant en direction de la rive Est, suivi de près par mes autres compagnons.


Dernière édition par Kan Kagami le Dim 20 Aoû 2017 - 18:27, édité 1 fois
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À côté de moi, notre tireur d’élite bouillonnait sur place pendant que Juno grinçait des dents, la main sur le manche de sa lame et Anna se mordait les pouces. Iban… T’avais intérêt à ne pas crever, sinon je m’en voudrais jusqu’à la mort. Une fois sortie de la ville du côté Est, je continuai à courir le long de la côte en espérant arriver à temps. Cette dernière était assez rocailleuse et ne facilitait pas la course. Putain, putain, putain. J’accélérai encore le rythme, distançant mes hommes par la même occasion.

« Hoy Kagami ! On s’calme !! » Cria Juno un peu à la traîne. « Si tu t’crêves là, tu s’ras pas utile ! »
« Rien à foutre ! Iban est en danger et Doro est mort !! »

D’un coup, j’entendis plusieurs coups de feu encore plus loin. C’étaient eux ! Vite ! J’essayai d’aller encore plus vite même si j’étais à mon maximum. Mes poumons me lançaient affreusement, mes jambes souffraient le martyr, mais je m’en foutais. Je devais sauver mon collègue. Les détonations devenaient de plus en plus claires et je finis par voir mon ami aux cheveux bleus, assis contre un rocher, le bras en sang, mais il ne l'avait sans doute pas remarqué à cause de l’adrénaline.

« NICK !! » M’égosillai-je tout en me ruant vers lui.

À cause de mon arrivée peu discrète, les tireurs reportèrent leur attention sur ma pomme et me tirèrent dessus. Ils devaient avoir au bas mot cinq fusils. Seulement, leur visée laissait pas mal à désirer. j’effectuai des changements de directions brusques et rapides afin de rendre leur tâche encore plus difficile. Je savais bien que cette technique allait me servir. Sans problème, je me retrouvai derrière le même rocher que mon ami.

Eh, merci mec ... Tu me sauves... J'suis désolé pour Doroteo... J'ai rien pu faire.»
« T’inquiètes pas pour ça… Attends, t’es blessé. »
« Ah bon ? »
« Ouais … Laisse moi faire. »

Pendant la petite discussion, les trois autres avaient trouvé d’autre couverture et essuyaient aussi des tirs.

« Bon alors ?! Kagami ! On fait quoi maint’nant qu’on est là ?! » Se mit à crier Juno. « On s’fait tirer comme des lapins ! »
« Et si tu fonçais dans l’tas chef ! » Reprit Nick en rigolant. « Ils pourront jamais te toucher ! Tu les appâtes pendant que nous, on s’approche discétos ! »
« J’fais la chèvre quoi ?! »
« Parfaitement ! Allez, go ! »
« Mais, normalement c’est pas les troupes qui vont en première ligne ?! »
« T’es l’premier à dire que tu t’fous des grades ! Alors Dépêches toi ! Ils vont s’barrer ! »
« … Putain !! » Finis-je par lâcher avant de sortir de ma couverture.
« T’inquiètes pas ! J’te couvre ! »

Je pouvais compter toujours sur notre joueur invétéré. Tous les tirs se concentrèrent de nouveau sur moi, mais j’arrivais à les esquiver sans trop de soucis. Quelques balles arrivaient quand même à déchirer mes fringues, rien de trop grave. Heureusement pour moi que je n’avais pas mis ma tenue traditionnel, sinon je l’aurais très mal pris. Je m’approchai en zigzaguant du bateau pour laisser le temps à mes troupes d’avancer, mais je remarquai quelque chose qui me figea pendant une demi-seconde, juste le temps pour qu’une balle vienne me taillader le buste. Un léger hoquet de douleur s’échappa de mes lèvres, ainsi qu’un juron peu discret. Je me précipitai derrière un autre rocher et regardai… Le corps criblé de balle de Doroteo. Mon cœur se serra d’un coup, je me mordis les lèvres pour éviter de m’égosiller et je fermai les yeux pour essayer de me calmer… Qu’il puisse reposer en paix. Ta mort ne sera pas vaine. Je me penchais vers lui pour lui fermer les yeux et repris ma course vers le bateau, toujours en serpentant entre les rochers afin de ne pas me faire tirer dessus. J’espérais que mes hommes avançaient de leur côté aussi. Si seulement je pouvais leur balancer un rocher dans la gueule, ça leur ferait les pieds, mais les enfants étaient encore à bord. Je ne voulais pas risquer de briser la coque du bateau en jetant un objet trop lourd. Je devais le faire à l’ancienne manière.

Tout d’un coup, des tirs retentirent de notre côté et je vis un des ravisseurs passer par dessus-bord et s’écraser lourdement contre le sol. Il était enfin à portée, cool ! Il ne restait plus beaucoup de temps pour que le reste des hommes subissent le même sort. Sauf que ceux-ci ne furent pas dupes, disparurent des radars et sortaient juste pour tirer une ou deux balles assez rapidement pour éviter de se faire canarder. Ils séparèrent même leurs tirs : deux me tiraient dessus et deux autres sur notre tireur. Ce n’était pas des premiers venus, ça se voyait, mais nous non plus ! Pendant ma course, j’attrapai deux cailloux qui traînaient sur le sol et me cachai derrière un autre gros rocher. Les coups de feu continuèrent à fuser autour de moi pendant que j’activai mon pouvoir sur l’un des deux. Je jetai quand même quelques petits regards histoire d’évaluer la distance et ainsi le temps. Je me concentrai pendant quelques secondes, ajustant parfaitement le temps et le poids du caillou. Et, comme un clown sortant de sa boite, je bondis de derrière du rocher pour envoyer le projectile sur l’un des tireurs. Au moment où je sentis la roche quitter ma main, je fis apparaître le bouton de changement de poids et appuyais dessus. Le petit roc prit alors le poids d’une balle de tennis et fusa à toute vitesse au moment où l’un des ravisseurs sortit de sa cachette et, juste avant l’impact, un cliquetis retentit. La balle de tennis devint un boulet en fonte et s’écrasa contre le torse du pauvre mec qui se fit propulser en arrière. Une seconde plus tard, un boucan d’enfer naquit de l’autre côté du navire, le pauvre homme avait sans doute traversé le pont en large pour s’effondrer contre les bords. J’avais peut-être été un peu fort… Mais ça soulageait. C’était pour Doroteo, connard. Il n’en restait plus que trois. Un de moins, plus que trois. Je profitai de la légère panique pour m’avancer encore plus et arriver à côté du bateau. Lorsque je regardai derrière moi, je pus voir que je me faisais suivre de près par le deuxième sabreur et l’utilisateur d’arme de hast. Je leur fis signe de me rejoindre pendant que Nick restait en retrait, accompagné d’Anna qui continuait d’ouvrir le feu sur les autres afin de les occuper.

« Bon alors, qu’est ce qu’on fait maint’nant ? » Chuchota Juno « On monte comment sur ce p’tain d’navire ? »
« J'ai ma p'tite idée. » Répondis-je tout en désignant un arbre non loin de ma position.
« Pas bête… Vas y, on t’attend ! »
« …Putain, vous allez me devoir une bouffe… »

Sans me faire prier, je courrai de nouveau vers l’arbre que j’avais montré et me planquai derrière pendant que je subissais toujours des tirs nourris. Je me mis face à lui, décrochai un de mes katanas et d’un geste prompt et précis, je le découpai à la base. Je le poussai ensuite dans la bonne direction pour que ce dernier finisse sa chute contre le vaisseau.

« Go go go ! » Hurlai-je à mes troupes tout en grimpant dessus.

Tous les tireurs furent surpris par la manœuvre peu orthodoxe d’abordage, si bien que deux des trois se firent descendre assez facilement. Je dégommai le dernier avec le caillou qu’il me restait en lui le lançant dans la gueule. J’avais alors le champ libre et j’en profitai pour sauter sur le pont du bateau.

« Ne bougez plus, vous êtes…Woaw. »

Merde, je n’avais pas remarqué le comité d’accueil. Une dizaine d’hommes s’étaient agroupés de point de chute, tous avaient leur arme aux clairs et leur fusil chargé. À peine eu-je mis un pied sur les planches du pont que je me fis assaillir. Cinq sabres s’abattirent à l’unisson sur moi, j’eus juste le temps de me recroqueviller pour parer chacun des coups en croisant les deux sabres autour de ma tête. J’étais limite bloqué et je voyais très bien les tireurs me mettre en joue jusqu’au moment où l’un d’entre eux fut transpercé de part en part par une lance, avec Iban du côté du manche. Celui-ci atterrit sur son ennemi, retira sans problème sa lance et s’attaqua aux autres. Pour ce qui était des autres tireurs, j’entendis des hurlements de douleur derrière moi, hurlements suivis d’un rire assez malsain. Putain, il faisait quoi lui ?! J’enrageai limite de l’intérieur. Je ne pouvais rien voir, j’étais bloqué…

« Putain, dégagez de là ! » M’exclamai-je en me redressant violemment.

Dans la manœuvre, je fis voler toutes les armes de mes adversaires et j’en profitai pour tous les faucher afin de les faire tomber au sol. Je me retournai ensuite pour faire face à un spectacle… Répugnant. Juno, tout de blanc vêtu, se retrouvait maculé de sang, une lueur écarlate brillait dans son regard pendant qu’il observait avec dédain les trois corps inanimés autour de lui. En rogne, je m’approchai de lui et l’attrapai par le col pour le coller pratiquement à mon visage.

« Dans mon équipe… On ne tue PERSONNE ! T’as compris ?! » Lui crachai-je à la figure. « Ils ne méritaient pas ça… »

Le démon à la peau d’ange se contenta juste de me regarder dans un silence dérangeant.


Dernière édition par Kan Kagami le Dim 20 Aoû 2017 - 18:30, édité 2 fois
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Lentement, il attrapa ma main et se désengagea de mon étreinte avant d’essuyer soigneusement sa lame sur l’un des corps gisant.

« Eh bien, eh bien… Ca se dispute entre Marine ? Quel beau spectacle… »

Une voix sortit de la calle, des bruits de pas retentissaient sur des marches bruyantes et, de l’escalier menant vers le fond du navire apparaissait un long chapeau de magicien, suivi de près par une autre dizaine d’homme qui sortait un à un… Accompagné d’un enfant qu’il menaçait d’un couteau.

« Les salauds. » Pestai-je tout me mettant en position.
« Oula, on se calme Monsieur le Marine… Vous faites un seul geste brusque et un marmot y passe, c’est bien compris ? »

Fais chier… J’étais bien dans la merde. Je pris une longue inspiration puis repris la parole :

« Si vous touchez à un seul de leurs cheveux, je vous jure que je vais… »
« Pas de geste brusque ! » Répéta t-il tout en faisant un petit signe à l’un de ses compères.

Ce dernier approcha la lame de son couteau sur la gorge du gosse qui se mit à pleurer.

« OK ok ! On se calme ! Dites lui d’arrêter ! Regardez ! »

Je levai les mains au-dessus des épaules, les katanas encore dans les mains. Le scélérat se mit à rire devant le spectacle et montra mes compagnons.

« Allez, faites comme votre chef… »
« S’il vous plaît les gars… »

La situation était critique, ce n’était pas le moment de faire tout capoter. J’avais la vie de dix gamins entre les mains… Iban comprit vite la situation et lâcha son arme, quant à l’argenté… J’insistai fortement du regard, alors que lui était vraiment prêt à en découdre.

« Lâche ça mec… S’il te plaît. »

Il resta stoïque et figé pendant quelques secondes pendant lesquelles il observait les enfants, puis il haussa les épaules et leva lui aussi les mains.

« Bieeen ! Maintenant… Lâchez vos armes loin devant vous et après mettez vous à genoux. »
« OK ok… »

Sans me faire attendre, j’exécutai les ordres et mes hommes firent de même. On ne pouvait rien faire… Ce rat osait prendre des enfants en otages. Il me dégoûtait. J’avais qu’une seule envie, c’était de lui faire bouffer ma semelle.

« Bien. Maintenant, que pouvons-nous faire avec trois Marines… Ce n’était pas dans mes cordes de les vendre… Mais comme on dit, il faut avoir plusieurs cordes à son arc ! » Ajouta le capitaine pirate tout en rigolant de manière viciée.

On était cuit… C’était fini.

Cependant, après ses paroles, plusieurs détonations retentirent de derrière nous et cinq hommes tombèrent comme des mouches. Le reste des troupes regardèrent la scène, complètement démuni. Une autre salve et ils s’écroulèrent comme un château de cartes.

« HEY ! La cavalerie est arrivée ! » Entendis-je.

C’était la voix de Nick. Je jetai alors un regard par-dessus mon épaule et je pus voir une vingtaine de soldats et le Lieutenant Colonel.

« A vous de jouer, Caporal ! »

Je me retournai alors vers le pirate encore debout. Celui-ci regardait autour de lui, un peu paniqué, mais garda tout de même son calme. Il sortit sa dague et tenta d’attraper un des enfants qui s’étaient figé sur place. Je me précipitai alors vers lui, ramassai au passage mes armes et le bloquai dans ses mouvements en interposant un katana. Il me regardait d’un air dérangé et m’insulta d’un joli nom d’oiseaux avant de se désengager en effectuant un saut en arrière.

Il me toisa du regard tout en jonglant avec sa dague, prêt à en découdre. Il fit le premier geste et se rua sur moi. Sans problème, je parai ses coups tout en reculant, la seule chose qu’il arrivait à atteindre était le bois de mes fourreaux. Heureusement pour moi que ce bois avait été renforcé, sinon il serait déjà partis en miette. Wincho n’arrêtait pas ses attaques un peu maladroitement, comme s’il n’était pas vraiment habitué à du combat frontal. J’avais l’impression que sa spécialité, c’était plus l’assassinat. Alors qu’il enchaînait toujours un peu au hasard, je remarquai une grosse ouverture dans sa garde et me décidai de m’y engouffrer. Alors qu’il décida de vouloir viser un de mes points vitaux comme s’il était derrière quelqu’un, j’en profitai pour dévier d’un geste simple son attaque et lui envoyai un violent coup de pied au niveau du plexus, ce qui l’envoya balader un peu plus loin. Malheureusement, mon adversaire se reprit assez facilement, mais je ne lui laissai pas le temps de souffler, c’était à moi de passer à l’action. Je me précipitai alors à son contact avec une idée derrière la tête et, lorsqu’il se remit en garde prêt à me cueillir, je changeai brusquement le rythme et l’espacement de mes foulées, ce qui me permit de descendre en un instant mon centre de gravité et de disparaître du champ de vision du scélérat. Celui-ci écarquilla les yeux pendant un instant, surpris par mes mouvements. Le temps qu’il comprit ce qu’il venait de se passer, j’étais déjà à son contact. Je tentai alors de lui assainir un coup au niveau de la poitrine, mais sa dague s’interposa dans le processus et il ne fit qu’une nouvelle fois repousser. Il était quand même habile, mais je ne me laissai pas abattre.

Sans attendre, je le suivis et engageai une passe d’armes où j’étais l’initiateur. Il arrivait tant bien que de mal à parer l’avalanche de coups qu’il subissait, assez surprenant avec sa petite dague. Simplement, au bout de plusieurs coups, je croisai mes deux sabres et le frappai d’un coup sec et puissant, mais assez prévisible. Un sourire naquit sur ses lèvres lorsqu’il arrêta sans soucis l’attaque. Cependant, il y avait un effet secondaire à ce genre d’attaque et ce fut moi qui souris. Le ravisseur en chef tentait vainement de bouger son bras armé, mais rien n’y faisait. Même chose lorsqu’il décidait de fuir, il restait sur place alors que son regard démontrait bien sa velléité de s’échapper. Il reporta son attention sur moi, un air crispé sur le visage tandis que je l’observai pendant un instant avant d’armer mon attaque. Je soulevai mes deux katanas au-dessus de mon épaule droite tout en affichant un petit sourire, un bouton apparut sur chacun de mes pommeaux et, lorsque j’abattis mes armes sur le flanc de mon adversaire, j’alourdis ces derniers pour que le choc en soit décuplé. Un effroyable craquement s’éleva dans les airs, suivit d’un hurlement horrible qui fendit le ciel. J’avais dû lui briser plusieurs côtes avec ce coup. J’en grimaçai même un peu, mais je continuai mon élan et l’envoyai valser contre le mur du bateau. Il s’écrasa la tête la première et fut encastrer à l’intérieur.

Lentement, je repris ma respiration pendant que je m’approchai du capitaine pirate et, une fois juste au-dessus de lui, je le toisai du regard. Je restai silencieux alors qu’il hurlait à la mort en se tenant le flanc. Je me retournai ensuite vers mes hommes pour remarquer qu’ils avaient déjà fait tout le boulot et que les renforts avaient investis les lieux. Les enfants étaient en sécurité, les malfaiteurs menottés et Iban était pris en charge par un médecin à cause de sa blessure au bras. Le lieutenant Colonel était aussi monté à bord. Il s’approcha alors de moi tout en applaudissant lentement.

« Quelle démonstration de force, Caporal Kagami. » Dit-il tout en jetant un regard à l’homme à terre. « C’était quand même un gros morceau. »
« Me-Merci, Lieutenant Colonel ! »
« Bon… Menottez-moi ça et amenez-le à la base. »

Alors qu’Horace décidait de repartir, il se stoppa et me regarda d’un air désolé.

« Et… Désolé pour votre homme… Ca arrive. Si vous voulez, je peux m’occuper d’aller voir sa famille… »

Je sentis un torrent de larmes affluer au niveau de mes yeux, mais je fermais ceux-ci, histoire de ne pas me tourner au ridicule devant mon supérieur, mais ça faisait mal… Très mal. Pauvre Doroteo… C’était de ma faute s’il était mort. Je manquais cruellement d’expérience et j’avais envoyé un bleu au casse-pipe.

« Merci Chef… » Murmurai-je avant de relever la tête. « Mais je préfère y aller ! J’devais m’occuper de lui… Et j’ai raté. C’est à moi d’aller annoncer la nouvelle. »
« Pas de problème… Allez, la vie continue. » Finit-il en me tapotant amicalement l’épaule.

Ouais… La vie continuait, mais pas pour Doroteo…
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