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Infiltration

- « La porte des héros qu’ils l’appellent. Elle est immense. Le passage n’est pas difficile. Avec un peu de ruse, même toi, tu y arriveras sans problèmes. Pour le motif de ton séjour… Eh bien… Voyons voir… Que dirais-tu de te faire passer pour un fidèle de la déesse Amoteraso ? Elle a important culte là-bas, d’autant plus que ces ploucs pensent que l’impératrice est sa réincarnation… »

Les mots de Cherry passaient et repassaient dans mon esprit à mesure que ma petite caravelle progressait doucement mais surement vers Tetsu. J’y étais enfin ! L’une des fameuses îles sous la coupe de Kiyori. Après des semaines de recherches et de préparations ! Sa superficie semblait impressionnante puisqu’elle s’étendait infiniment sur la largeur. Une vraie île-continent à l’instar d’Alabasta par exemple. Mais ce qui était encore plus spectaculaire, c’était ce gigantesque édifice qui faisait à la fois office d’entrée et de sortie : La porte des héros. Premier obstacle à franchir. Je croisai les bras en l’observant depuis le pont de mon embarcation. Elle me faisait penser aux différentes portes de la justice du courant Tarai. A vue d’œil, c’était pratiquement les mêmes dimensions. Pratiquement. Je finis par avoir un sourire. Mon avenir allait s’écrire ici. J’allais me jeter dans la gueule du loup et c’était peu d’le dire ! Kiyori n’était peut-être pas dans le coin, mais la puissance de feu de cette île était suffisante pour écraser la petite fourmi que j’étais. Le rapport que Cherry avait daigné m’écrire, je l’avais appris par cœur carrément. Toutes les informations étaient dans ma tête. Tout avait été bon à prendre. Même les infos dites insignifiantes.

- « Qu’est-ce que tu penses de mon idée ? Elle est bonne, non ? »

- « Non. J’vais faire mieux ! »

- « Ah bon ? Et tu vas inventer quoi ? »

- « Secret défense. »


Des souvenirs de conversations avec la CP5 vinrent me distraire, alors que mon navire se rapprochait inexorablement de la porte des héros. Un fidèle d’Amoteraso ? Ça m’avait semblait trop léger. J’avais opté pour quelque chose de bien mieux : Un chercheur en religions et sciences occultes. Je pouvais combiner cette petite couverture avec l’excuse que je venais également faire du tourisme dans le coin. Ça me paraissait bien plus intéressant que de me passer pour un simple fanatique. Un peu moins crédible comme argument, vu que ça devait être peu commun que celui de l’ascète venu en plein pèlerinage, mais peu importe. J’étais lancé et il était trop tard pour faire machine arrière. D’ailleurs, je pouvais voir de loin un cap se dessiner au pied de la porte. Un port externe qui faisait certainement office de point de passage. Je levai mes yeux une dernière fois vers la voute céleste parsemée çà et là de quelques gros nuages avant de prendre une profonde inspiration. Alheïri Salem Fenyang n’existait plus. Seul Bith O’Brien, éminent professeur et chercheur était à bord de ce bateau. Mon cœur se mit à battre à cent à l’heure, mais quelques profondes inspirations m’aidèrent à me calmer et à me détendre. Je ne jouais pas que ma vie…

Je jouais mon poste au sein de la marine. Ma dignité aussi. Tout un tas de trucs…

En d’autres termes, je n’avais pas le droit à l’erreur.  

Pendant les minutes qui suivirent, je fis le vide dans mon esprit. La clé était d’être zen. L’ombre affolante de la porte des héros couvrait maintenant mon navire des rayons du soleil. J’avais maintenant pénétré la zone maritime de l’île. Dans moins de dix minutes, j’allais enfin accoster sur le bout de terre devant moi. Mais plutôt que de rester bras croisés dans le coin, je rentrai à l’intérieur de ma caravelle pour vérifier s’il n’y avait rien de compromettant. Après cinq minutes de vérifications, je soufflai. J’étais « clean ». Je revins donc au pont pour manœuvrer correctement mon navire. J’étais après tout un navigateur aguerri. C’était même mon premier métier avant celui d’officier dans les rangs. Bien longtemps d’ailleurs que je n’avais pas été à la barre comme ça. Le tout devait remonter au Léviathan. Le fameux Léviathan. Chef d’œuvre d’une vie… Lorsque j’arrivai enfin vers la terre ferme, j’accostai sans aucun problème, avant de m’approcher d’un bastingage pour regarder par-dessus bord. Au sol ? Une armée d’une trentaine de personnes m’attendait déjà. Rapides. Ne me faisant pas prier, je claquai mes joues plusieurs fois de suite pour me donner de l’entrain et du courage avant de me diriger vers l’échelle de coupée pour fouler la terre de Kiyori.

Le destin du monde se jouait maintenant.




Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Dim 11 Juin 2017 - 23:56, édité 1 fois
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Spoiler:

Alors que plus d’une trentaine d’hommes armés attendaient sur la terre ferme, c’est un homme de forte taille qui descendait tranquillement l’échelle de coupée de son petit navire. Lorsqu’il fit face à la petite armée, certains soldats eurent un sifflet d’admiration. Ce n’était pas sa stature imposante qui inspirait le respect, mais plutôt sa dégaine paisible et les vêtements qu’il avait arboré : Un kimono noir brodé or qui lui allait comme un gant ! La plupart des soldats eurent un sourire, pour ne pas dire la quasi-totalité ; sauf celui qui semblait être le chef de ce petit comité et par la même occasion, « le gardien de la porte ». Un homme au gabarit tout aussi impressionnant que le nouveau venu. Tous les deux avaient la même taille. Tous les deux avaient les mêmes muscles saillants. Les seules différences se situaient au niveau de l’accoutrement et de la pilosité. Si le chef des garde-côtes était complètement rasé et affublé d’une armure en plus de tenir une naginata lourde et énorme ; le nouvel arrivant n’avait qu’un kimono et un katana à sa taille. Ses cheveux longs et raides lui tombaient sur les épaules. Sa barbe était toute aussi fournie, mais les soldats pouvaient distinguer son sourire plutôt communicatif. Enfin, une paire de lunettes presque usée semblait glisser sur son nez. Un homme à priori sans problèmes :

- « Déclinez votre identité. »

Le skinhead à la mine patibulaire semblait être un homme à ne pas perdre de temps en civilités et en palabres inutiles. L’étranger quant à lui afficha un air un peu inquiet tout en essayant de conserver maladroitement son sourire. Il eut un moment d’hésitation avant de s’élancer d’un timbre aigu, bien loin de la voix grave du gardien de la porte et de l’assurance qu’il dégageait : « B-Bith O’Brien… Je suis un chercheur en religion et en sciences occultes. » Le chef des gardes haussa immédiatement un sourcil aux dires de l’étranger. La petite surprise qu’il afficha prouvait bel et bien qu’il n’était jamais tombé sur un cas pareil. Il arbora son expression habituelle au bout de quelques secondes et s’avança d’un pas conquérant vers ledit chercheur. Lorsqu’il se stoppa, il ne restait plus que quelques centimètres entre eux. Le pauvre professeur pouvait sentir la respiration lourde du gardien qui semblait se retenir de lui flanquer un coup, on ne sait pour quelle raison. Conservateur, peut-être ? Xénophobe ? Va savoir… En tout cas, son regard et sa présence étaient assez intimidants. L’étranger fut forcé de reculer d’un pas pour pouvoir respirer. Il était clairement intimidé. Pour autant, il ne baissa pas ses yeux et ne se déroba pas totalement. A quoi bon, que s’était-il dit ? Il n’était pas là pour de mauvaises raisons après tout. Juste…

- « Et qu’est-ce que vous venez faire sur cette île ? »

- « J-Juste d-des études. J’ai entendu dire que le culte d’Amoteraso était très ancré dans les mœurs ici, alors… »


Le professeur balbutia et finit par baisser son regard au sol en passant une main sur sa nuque qu’il frotta, mal à l’aise. Le gardien de la porte eut un air condescendant, presque méprisant, avant de faire un geste adressé à ses éléments qui entreprirent aussitôt d’investir le navire non sans soupirer. Pour ces derniers, leur chef en faisait trop. Alors qu’ils se mirent à fouiller l’embarcation de fond en comble, le chef, lui, continua son petit interrogatoire improvisé : « Vous savez au moins à qui appartient cette île ? » Cette fois-ci, le professeur fit vite d’acquiescer sans répondre de vive voix, les yeux fixant toujours le sol. Cette réaction eut pour effet de faire sourire le gardien pour la première fois. Oui, son impératrice et déesse Kiyori inspirait la peur, la crainte, le respect et rien ne pouvait lui faire plus plaisir ! Il se permit même un petit rictus de circonstance avant de poser une autre question. Elle semblait être faite pour la forme, mais la réponse des interlocuteurs permettait généralement au gardien de prononcer son verdict. L’homme malgré ses airs bourrus était plutôt un fin psy à l’intuition assez aiguisée. Il servait à merveille de filtre à l’île, même si personne ici-bas n’était infaillible : « A quel groupe appartenez-vous ? » Là-dessus, le scientifique releva son visage, réajusta ses lunettes et prit une voix plutôt émerveillée :

- « Je ne suis qu’un civil qui travaille pour son propre compte. Les études que je mène n’intéressent pas grand monde, mais je puis vous assurez qu’elles sont passionnantes ! Si vous saviez à quel point les religions sont vastes, c’est fou ! Tenez, par exemple ! Saviez-vous que… »

Le chef des garde-côtes fut complètement dépassé par le soudain engouement de son interlocuteur qui n’en finissait plus de parler et de partager sa passion et son savoir. Cela dura plus de cinq minutes. Cinq minutes où il se demanda même pourquoi il endurait ce laïus ennuyant de ce fou en face de lui. Rien à signaler semblait-il. Il n’y avait plus qu’à attendre que ses hommes ne ressortent du navire. Ce qui ne tarda pas, heureusement ! Le professeur fut alors obligé de la mettre en veilleuse pour laisser un soldat s’approcher de son chef et lui murmurer quelque chose à l’oreille. Puis… « C’est bon… Vous pouvez passer ! Mes hommes n’ont rien trouvé de suspect dans votre navire. Je vais demander à ce qu’on vous ouvre la porte. Pendant ce temps-là, jetez l’ancre par ici. » Le barbu eut un air étonné qui n’échappa point à l’œil avisé du tondu. Ce dernier se mit à rire de bon cœur pour une fois, ou plutôt à se moquer de l’homme qui se questionnait vraisemblablement. Puis il renchérit : « Vous verrez pourquoi hahahaha ! » Bith serra sa mine mais finit par regagner son navire pour jeter l’ancre dans la flotte environnante. Il porta ensuite son regard vers la porte des héros, avant que des voix et cris ne se fassent entendre plus loin. Puis, très lentement, un interstice se dessina entre les battants de l’immense porte qui s’ouvrait…

Tetsu accueillait le professeur à bras ouverts.

Pour le meilleur et pour le pire.


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Alors que les vantaux de la porte des héros s’ouvraient progressivement, la mer se mit à s’agiter. L’ouverture d’un tel édifice avait forcément un impact sur l’eau environnante qui devient plus que bruyante. Des vagues géantes se formaient un peu partout et mugissaient dangereusement. Les voix criardes des nombreux bras qui s’activaient pour ouvrir la porte et le bruit assourdissant du mécanisme de cette dernière furent complètement couverts par le tumulte de l’écume. Les courants marins initialement bloqués par l’entrée fermée, se libérèrent et créèrent tout à coup de gros tourbillons qui rendaient tout simplement le nouveau corridor impraticable. Alors que la petite caravelle tanguait dangereusement sans pour autant être aspirée, le professeur comprit pourquoi le chef des gardes lui avait conseillé de jeter l’ancre. Sans elle, son navire aurait déjà bêtement coulé. Il s’émerveilla cependant devant le spectacle qui lui était offert, jusqu’à ce le chemin soit accessible et praticable. La grosse manœuvre avait duré environ cinq minutes. Lorsque les courants marins arrêtèrent de se déchainer et que le navire se stabilisa, le féru de réligions partit lever l’ancre. Puisqu’il pouvait maintenant pénétrer l’île, il n’y avait plus une seconde à perdre. Mais alors qu’il voulut prendre la direction de la barre, une masse vint s’écraser de façon assourdissante sur le pont du navire qui s’ébranla d’un seul coup. Le pauvre prof faillit même tomber sur ses fesses…

- « Halala… J’ai oublié de vérifier quelque chose… »

Bith s’immobilisa d’un seul coup. Cette voix, c’était celle de skinhead ! Il se retourna rapidement et vit que le gardien trônait au beau milieu du pont. Vu le trou que son atterrissage avait engendré sur ledit pont, nul doute que son saut avait dû être terrible. Un sourire presque railleur fendait la gueule du guerrier. C’en était presque flippant ! Le professeur ne le connaissait peut-être que depuis quelques minutes seulement, mais il était plus habitué à voir le guerrier faire la tronche ou rester zen plutôt que sourire de la sorte. On pouvait dire que le maitre des lieux manigançait clairement quelque chose. Une goutte de sueur perla le long de sa tempe gauche alors que son rythme cardiaque commençait à s’affoler. Petit à petit, le brun commençait à montrer des signes évidents de stress. Il faut dire que c’était un retournement de situation auquel il ne s’attendait pas du tout. Le chauve leva un doigt inquisiteur qu’il pointa vers le professeur comme pour l’incriminer. Le professeur fut dans tous ses états jusqu’à ce qu’il réalisa que ce que pointait le gardien n’était rien d’autre que son sabre. Un objet sans aucune valeur, pourtant : « C’est un détail qui m’a échappé tout à l’heure. Ça et le fait que vous avez réussi à voyager tout seul jusqu’ici. » Le cœur du chercheur ne fit qu’un bond. Celui-ci se mit à rire bêtement. Rire de nervosité qui fit tiquer le guerrier avant qu’il n’adopte une position de combat, armé de sa naginata. En quelques secondes seulement, il s’était enflammé.

- « Faites-moi voir ce que vous valez, professeur… »

Sans que le barbu en puisse comprendre, le chauve fonça sur lui comme un fou. La hallebarde orientale brandie devant lui menaça de planter l’érudit. Mais ce dernier, à l’ultime seconde, eut le réflexe de dégainer son épée et de la positionner devant lui pour qu’elle fasse office de bouclier. La collision entre leurs lames fut lourde et sourde. Une onde de choc se propagea à travers tout le bateau qui vibra sous des secousses démentielles. Bien sur ses appuis, le professeur résista tant bien que mal, mais le guerrier finit par l’éjecter plus loin sans toutefois le faire saigner. Le professeur heurta un mur de sa cabine et finit piteusement au sol. Il voulut se relever, mais vit la hallebarde du rasé sous son cou et se mit à vraiment paniquer. Alors qu’il se voyait mourir, allant même jusqu’à fermer les yeux, le gardien retira doucement son arme du cou de sa victime du moment : « Et dire que d’habitude, je tue d’un seul coup avec cette technique… » Le pauvre Bith, tout d’abord surprit, se remit peu à peu de ses émotions, une main sur la poitrine. Il était encore en vie ! Il n’en revenait toujours pas, mais il était encore en vie ! Il se redressa doucement, réajusta sa paire de lunettes sur son nez et jeta un coup d’œil à son épée. Une grosse fissure était bien visible sur la lame. Encore un peu et l’autre l’aurait brisé. Un vrai monstre de puissance ! Le prof rangea son katana en soupirant lourdement. Il l’avait échappé belle et pas qu’un peu. On pouvait clairement dire qu’il était chanceux.

- « Où est-ce que vous avez pris à vous battre, professeur ? »

- « J-J’ai vécu mon adolescence sur l’île de Shimotsuki. C’est là-bas que j’ai appris à manier l’épée. Mais je dois vous avouer que je me suis beaucoup détourné de cette voie pour me consacrer à mes études. J’ai de bons restes non ? »

- « Normal pour quelqu’un qui voyage tout seul sur le Nouveau monde. De ce que je vois, vous pourriez tuer un roi des mers sans trop de mal… Enfin. Vous pouvez passer dans tous les cas. La voie est libre. »


Et sans s’attarder plus longuement sur le navire, l’homme sauta par-dessus bord et rejoignit la terre ferme avant de se diriger vers le petit camp qui était établi au pied de la porte. Bith le regarda s’éloigner pendant une bonne poignée de secondes, avant de se hâter vers la barre pour diriger son navire qui filait doucement vers les terres de l’île de Tetsu. L’entrée se fit sans problèmes majeurs. L’intérieur était d’ailleurs somptueux. Devant lui se dessinait une gigantesque baie qui faisait également office de port. Plusieurs navires étaient accostés et des bâtiments sur la terre ferme s’étendaient à perte de vue. Mais le plus frappant était bien évidemment les deux gigantesques statues de samouraïs qui semblaient tenir chacun un battant de la porte des héros. Une œuvre architecturale saisissante et d’une grande beauté. L’homme fut béat d’admiration pendant un petit moment avant de se reconcentrer sur sa navigation. Une fois au port, il n’eut aucun mal à trouver une bonne place pour se ranger et descendit finalement sur le quai avec deux valises. L’une contenait ses vêtements et l’autre son matériel de travail qui se résumait à de simples fournitures : Des livres, des cahiers et des stylos en tout genre. Rien de bien impressionnant. Alors qu’une toute nouvelle aventure commençait pour le prof, le skinhead, lui, avait contacté ses supérieurs pour leur décrire un nouvel arrivant et leur faire part d’un doute. L’homme n’était pas un « suspect » au sens propre du terme, mais…

- « Bith O’Brien qu’il s’appelle. Deux mètres cinquante, baraqué. Il a de longs cheveux noirs, une barbe hirsute et des lunettes sur le nez. Immanquable. Il n’a rien d’un suspect, mais il m’intrigue. Et mon intuition me dit qu’il faudrait le faire surveiller… »

- « Bien compris. Nous prendrons nos dispositions une fois qu’il sera à Shikoka. »

Le gardien raccrocha son escargophone avec un malaise des plus persistants. Quelque chose était sur le point de se produire sur l’île…

Et il n’était pas loin d’avoir raison.


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Le professeur était plutôt émerveillé et pour cause : L’endroit était vivant. Il y avait énormément de personnes qui circulaient un peu partout. Des enfants gambadaient ça et là, des adultes négociaient férocement le prix de leurs marchandises, d’autres quittaient leurs bateaux chargés de cargaisons en tout genre… Bref… Un port plus qu’animé. L’endroit était également beau : Les rues semblaient étroites, mais l’effet était sans doute dû au monde qui gravitait sans cesse dans le coin. Les différentes bâtisses étaient en bois pour la plupart. Quelques-unes étaient en briques, mais ces dernières étaient rares. Il s’agissait peut-être d’entrepôts, de boutiques, de restaurants et hôtels, mais les structures étaient quasiment les mêmes : Pagodes, temples, sanctuaires, petits palais orientaux… Bref, des joyaux architecturaux à n’en point douter. L’homme s’avança un peu, mais fut bousculé par un enfant qui récupéra son petit ballon à ses pieds, avant de s’enfuir non sans lui avoir tiré la langue. Plutôt que de s’offusquer, le brun eut un sourire et continua son avancée. Mais au bout de cinq petites minutes, il fut perdu. Il arrêta quelques instants un passant pour se renseigner et ce dernier lui indiqua une compagnie de taxis où il pourrait s’adresser pour l’aider à rejoindre la capitale sans trop de heurts. Le chemin n’était bien évidemment pas long. A peine quelques kilomètres. Mais pour une première fois, il était bon de toujours s’adresser aux guides locaux.

- « Shikoka hein ? Ça fera 100 000 berrys mon bon monsieur ! »

- « Ah heu… Okay ! »

- « Vous êtes ici pour tourisme ? »

- « Oui oui et pour étudier le culte de la déesse Amoteraso ! »

- « Ooooh ! C’est rare ça ! Enfin, vous êtes au bon endroit pour ça en tout cas ! »


Le professeur avait rapidement trouvé la compagnie et se trouvait face à un comptoir derrière lequel une grosse femme entre les deux âges fumait un kiseru. A en juger par son chignon orné d’un peigne traditionnel, de sa manucure et de son maquillage outrancier -ne parlons pas de son décolleté vulgaire-, la gérante semblait être une femme très matérialiste et vénale. Bith ne s’attarda pas trop sur cette observation faite à la va-vite, puisqu’il dut poser ses deux valides pour fouiller ses poches internes, avant d’en sortir un portefeuille plein à craquer de berrys. Le visage de son interlocutrice s’illumina, mais un sourire poli de sa part acheva de remettre la propriétaire des lieux sur les bons rails. Celle-ci fit mine de toussoter pour reprendre contenance, avant de regarder ailleurs. Le professeur finit par payer la somme indiquée avant que la femme n’hurle après un certain « Seijuro ». Après une bonne minute de cris et d’attente, un jeune homme finit par faire son apparition dans le hall. Grand et bien bâti, il avait l’air d’un grand dadais plus qu’autre chose. Sa patronne commença à le gronder comme il se doit, mais le jeune homme ne perdit pas son sourire. Il s’excusa une ou deux fois, avant de faire face au prof, bras croisés. Un grand dadais, peut-être, mais sans doute un honnête travailleur. L’intuition du chercheur était rarement mauvaise. Il finit même par lui rendre son sourire alors que le jeune s’approchait tranquillement de lui et lui tendit même la main.

- « Seijuro pour vous servir monsieur ! »

- « Enchanté Seijuro. Je suis le professeur O’Brien. Je m’en remets à toi ! »

- « Shikoka, n’est-ce pas ? Laissez-moi faire ! On y sera en moins d’une demi-heure ! Ce sont tous vos bagages ? »


Bith acquiesça, ce qui suffit au brave Seijuro qui s’empara des valises avant de s’aventurer rapidement vers l’extérieur. Le professeur le suivit sous les salutations et œillades bien appuyés de la gérante. Il eut encore une fois pour elle un sourire avant de sortir rapidement de là non sans soupirer. Ah, les femmes ! Toutes pareilles qu’il se disait. Seijuro eut pour sa part un air compatissant. Il connaissait bien sa patronne et pouvait imaginer le mini-calvaire qu’avait pu vivre l’homme qu’il allait devoir transporter jusqu’à la capitale. Sans faire de commentaires néanmoins, le garçon fit le tour de l’office, avant de tomber sur une cour-arrière où étaient entreposés plusieurs charrettes, chariots et pousse-pousse. Le grand brun vit même des palanquins. Et dire que ces moyens de transports existaient encore ! Amusant, qu’il se fit comme réflexion. Seijuro s’aventura vers un pousse-pousse, peint tout en noir, et posa les valises sur l’un des sièges, vu qu’il s’agissait d’une voiturette à deux place. Il invita ensuite son client à prendre place sur le siège restant, sourire aux lèvres, avant de prendre les commandes de l’engin. Et sans attendre plus longtemps, il se mit en route. C’était un moyen de locomotion plutôt rustique, mais pourquoi pas ! Le prof était content en tout cas. Pour se donner un genre, l’homme sortit même un éventail aux motifs fleuris et le déplia avant de commencer à s’éventer. Vrai qu’il faisait un peu petit chaud. Le soleil semblait être à son zénith.

- « Alors ? Vous êtes là pour tourisme ? »

- « Heu, oui… Et aussi pour étudier les différentes religions de l’île. »


- « Oh ça, vous n’allez pas vous ennuyer, professeur ! »


L’étranger était ravi. La destination semblait être pile poil ce qu’il recherchait. Mais son sourire s’effaça très vite au profit d’une mine crispée. Seijuro allait vite. Trop vite. Il semblait slalomer entre les différentes ruelles du port de Tetsu si bien que le chercheur eut le tournis. Comme un mal de transport. L’affaire ne s’arrangea que lorsque Seijuro, en quittant définitivement le port, jeta un coup d’œil en arrière pour voir l’état calamiteux de son client. Il eut un sourire mi-désolé, mi-moqueur, avant de continuer son chemin de façon plus posée. Le paysage avait dès lors drastiquement changé. Savanes et plaines à perte de vue. Mais surtout, plus loin, un point qu’on ne pouvait pas louper. Immanquable même : « C’est la capitale, professeur. » Pour être visible de là où ils étaient, elle devait être immense… Démesurée… L’ordre de grandeur ici était quelque chose de frappant. L’île était gigantesque… La porte d’entrée, titanesque… Et la capitale n’était pas en reste. C’en était ahurissant ! Pour autant, le professeur garda un air radieux. Le point à l’horizon s’était mis à grossir à mesure qu’ils se rapprochèrent. Seijuro pendant le trajet parlait un peu des histoires et petits potins de l’île. S’il faisait attention à ses dires au tout début, Bith avait décroché au bout d’un moment, perdu dans la contemplation du fort devant eux. Car oui, Shikoka ressemblait à une véritable forteresse avec ses remparts colossaux. Rien ne semblait pouvoir ébranler cet endroit…

Et pourtant…


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- « Oh, il n’y a pas mal de monde… »

- « Héhé ! C’est qu’il y a énormément de campagnes et une autre ville aussi importante que Shikoka. Tetsu est une terre vaste, professeur ! »


Le professeur caressait doucement sa grosse barbe en affichant une mine intéressée. Devant eux se trouvaient plusieurs pousse-pousse qui transitaient vers l’entrée de la ville. De ce que racontait le jeune Seijuro, chaque muraille de la ville possédait une grande entrée/sortie étroitement surveillée par des hommes armés. Lesdites entrées étaient d’ailleurs des gigantesques ponts-levis à chaines. Vu le gigantesque ouvrage fortifié qu’était la ville de Tetsu, il était tout naturel qu’il y ait un fossé profond l’entourant. Un travail de toute une vie. Cette deuxième partie de Grand Line était vraiment quelque chose. A quasiment cinquante mètre de l’entrée, Seijuro se rangea sagement dans la longue file de pousse-pousse qui attendait de passer l’entrée. Fouilles minutieuses, questionnements… Autant dire qu’ils étaient très à cheval sur la sécurité ici. Bith se posa quelques questions, mais finit par les balayer de son esprit comme il en avait l’habitude. Il était enfin arrivé et là était l’essentiel. Pour faire passer le temps, Sei se mit à lui poser tout un tas de questions. Amusé, le brun se prêta volontiers au jeu et répondit à toutes ses interrogations. Le tout dura une bonne demi-heure jusqu’à ce que leur tour arriva enfin ! Notre protagoniste trépignait d’excitation.

- « Chef ! Bien le bonjour ! »

- « Si c’est pas le petit Seijuro ! Ça fait bien deux bonnes semaines que t’es pas venu dans le coin ! Comment va la vieille chouette ?! »


L’un des nombreux gardes se trouvant dans le tunnel creusé dans la muraille se détacha de son groupe et vint saluer le jeune homme avec bon cœur. Jeune homme qui finit d’ailleurs par lever une main et saluer tous les autres soldats d’un air enthousiaste. Ces derniers le lui rendirent bien : Sourires, blagues, signe de main ou de tête… Pas de doute possible. Le chauffeur du professeur était très apprécié par ici. Celui qui s’était approché de Sei’ était plutôt baraqué. Bien plus imposant que le professeur lui-même. Il devait faire au moins trois mètres de haut. Ne parlons même pas de ses muscles. Ces dernières affichaient d’ailleurs plusieurs cicatrices qui marquaient sa peau çà et là. Il avait une moustache importante, mais pas de barbe. Des sourcils broussailleux, de grands yeux clairs et une chevelure noire, mi-longue, qu’il avait rassemblée en un chon-mage, une espèce de chignon qui datait un peu de l’ancien temps. Bref, un colosse dans toute sa splendeur. Le chercheur pensa vaguement au gardien de la porte des héros. Ils avaient presque la même dégaine. Sauf qu’il fut interrompu dans sa rêverie ponctué par les yeux dans le vague par une grosse voix grave. Il fut surpris de constater qu’en fait, le gigantesque personnage s’adressait à lui :

- « Que… ? Hein ? »

- « Je vous demandais de descendre du véhicule. Je vais procéder à des contrôles. »


Le timbre bienveillant du garde s’était transformé en quelque chose de plus neutre, de plus agressif même. Un peu étonné, Bith ne se fit pas prier une troisième fois. Il descendit alors du poussepousse et s’arrêta devant le garde qui se mit à le palper dans tous les sens. Fouille corporelle. Ses yeux finirent par se planter eux aussi sur le fourreau qu’avait accroché le brun à sa taille. Le professeur qui avait suivi son regard, anticipa aussitôt sur les différentes questions de l’homme qui faisait au moins deux têtes de plus que lui : « Ce n’est pas grand-chose vous savez. C’est même brisé. » Pour montrer sa bonne fois, l’héritier des O’Brien dégaina son arme. Le geste avait été si brusque qu’il arracha une posture défensive du garde. Mais celui-ci se tranquillisa lorsqu’il vit qu’il ne s’agissait que d’un simple katana qui présentait une fissure importante. Il se briserait bientôt. Surpris par ce qu’avait engendré son geste, le professeur se confondit en excuses sous les éclats de rire du jeune Seijuro que le garde calma rapidement d’un gros coup sur le sommet de son cran. Geste qui ressemblait plus à celui d’un grand frère qu’autre chose. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais le garde exigea que Bith ouvre ses valises. Une fouille s’en suivit, mais il n’y avait rien de suspect.

- « Qui êtes-vous ? Motif de votre venue ici ? »

- « C’est Bith O’Brien. Professeur en religion quelque chose comme ça ! »


Le grand dadais de Seijuro s’était empressé de répondre à la place de l’interrogé. Ce dernier eut un sourire désolé, mais hocha la tête comme pour confirmer les dires du gamin. Le garde haussa un sourcil, mais finit par soupirer lourdement. Il ne s’habituerait jamais au petit côté fou du tireur de poussepousse ; mais quelque part, c’était peut-être cette sorte de candeur, de fraicheur et de bonté qui faisait tout son charme. Pour quiconque apprenait à connaitre l’enfant, Seijuro semblait incarner la bonté elle-même. Il finit par reporter vers l’étranger son regard d’acier et lui tendit même la main non sans se fendre d’un sourire : « Bienvenue à Shikoka, mon brave. J’espère que votre séjour sera agréable ! » Le professeur fut ravi. Il était bien plus avenant que le gardien de la porte. Il ne se voyait pas encore une fois parer le coup d’un monstre pareil. Nul doute qu’il finirait blessé. Par la suite, Sei l’aida à ranger ses valises, le laissa monter, avant de se mettre à progresser vers la sortie du mini tunnel. Et dès lors qu’ils furent à l’extérieur, Bith fut aveuglé par l’éclat du soleil. Mais ses yeux s’y habituèrent après quelques secondes, avant qu’il ne pose le regard devant lui : Une grande place s’étendait devant eux. Et sur ladite place grouillait un monde fou !

- « Bienvenue à la capitale, professeur ! » S’exclama Seijuro en riant aux éclats.

Un tout nouveau monde s’ouvrait au chercheur… Et il comptait bien en profiter.

- « Aaaah… Merci gamin. C’est un endroit magnifique. Vraiment magnifique… »

Pour un court laps de temps, le professeur s’évanouit. Il me laissa la place pour que je puisse sourire.

Sourire mais aussi savourer grandement cet instant.

L’infiltration était un franc succès.


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