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Le Goupil sort de sa tanière.

De la poussière et des particules de poudre viennent me chatouiller les nasaux pendant mon réveil. Ma petite chambrette qui me sert aussi de labo est sans dessus dessous, la plupart de mes bocaux et sachets de poudres sont ouverts et renversés sur le sol, mon plan de travail est envahi de feuilles de notes froissées et une profonde obscurité règne dans la pièce. Seuls mes livres de chimie sont agencés correctement sur l'étagère, la plupart ont pris la poussière étant donné que je les ai tous lus et relus des dizaines de fois, je n'ai jamais été quelqu'un de très ordonné de toutes façons. Je me lève de mon plumard avant d'enjamber les nombreux pots posés au sol afin d'aller me débarbouiller la gueule et mettre mes fringues. Ayant déjà préparé mes affaires la veille, je me permets de prendre mon temps pour c'qui est de l'habillage. Une sensation très familière de douceur m'envahit alors que j'enfile ma veste de combat, ce vêtement est un peu devenu comme une deuxième peau pour moi. Il a une certaine valeur sentimentale à mes yeux, c'est l'habit que m'avait offert Akouel, mon père adoptif, lors de notre tout dernier entraînement, quelques temps avant sa disparition en mer.

Après avoir fini ma préparation, je sors de ma chambre en me dirigeant vers la porte de sortie. En marchant dans le couloir, je passe devant la chambre d'Akouel, avant de me rendre de compte une fois de plus que cela fait presque un an que plus personne ne dort dans cette chambre. Un fort sentiment commence à me submerger, je ne saurais pas le décrire, j'hésite entre la haine, le manque ou la colère, peut-être même un mélange des trois. Bordel, des souvenirs d'Andoria commencent à me  remonter dans le crâne... Je sors de la maison en claquant la porte et en me jurant d'y revenir avec Akouel.

Le soleil tape anormalement fort aujourd'hui sur Portgentil, la brise marine se fait bien sentir sur ma tignasse écarlate, et les cris des mouettes résonnent à travers le ciel marin. Les gens en profitent donc pour sortir de chez eux et traînasser dehors. La seule chose un peu anodine qui se dresse dans ce paysage estival, c'est moi. Avec mon gros sac en bandoulière sur le côté gauche, mon vieux sabre rentré dans son fourreau sur le dos, mes deux pistolets à poudres à la ceinture et ma veste de martialiste, j'ai vraiment l'air de partir en croisade ! Les voisins et les passants me remarquent comme une religieuse dans un bar à putes. J'engage donc la marche dans mon petit quartier tranquille, ou du moins en apparence. Même s'il se situe dans l'une des zones de Portgentil épargnées des inondations, cela ne signifie pas pour autant que la vie y'a toujours été douce et paisible.

Je me souviens que peu après mon adoption, la plupart de mes concitadins les plus proches avaient appris, je ne sais pas trop comment, que j'étais originaire des Everglades. Je n'avais même pas eu le temps de me faire des potes que les garçons de mon âge commençaient déjà à m'éviter, certains s'amusaient même à m'embêter. À l'époque, des gosses un peu plus âgés que moi aimaient me chercher des noises à la moindre occasion, mais mon début d'initiation aux arts martiaux leur avait vite fait passer l'envie de me faire chier. Ce qui fait que je n'ai jamais vraiment eu d'amis dans ce quartier, ni même pu faire connaissance convenablement avec mes voisins. Aussi loin que je m'en souvienne, ce quartier a toujours été très chauvin et intolérant. Alors même que mon père adoptif était assez bon voisin avec tout le monde, son rang de commandant jouant pas mal là-dedans. C'est donc sans grand regret que je quitte cette zone de rejet et de solitude. Enfin bref, j'esquive les p'tits regards accusateurs avant de me diriger vers ma première destination. Le Troisième District des Everglades !


Dernière édition par Raïs Al-Khizir le Mar 6 Juin 2017 - 13:15, édité 3 fois
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Le tapement de mes patins résonne sur le sol pavé de Portgentil tandis que je regarde l'heure sur une horloge publique. Il est à peine onze-heures moins quart, ça va j'ai encore trois bonnes heures devant moi avant l'embarquement. Le capitaine m'a bien fait comprendre qu'il jettera l'ancre à quatorze-heures pétantes, que je sois là ou pas ne sera pas son problème. J'suis pas vraiment pressé mais je ne sais pas quels imprévus se dresseront sur ma route, ni même si ma "petite réunion" se passera correctement. Faut dire que ça fait quelques mois que je ne leur ai pas rendu visite, j'pense qu'ils risquent de me cuisiner comme une sardine, surtout après ce que je m'apprête à leur avouer. Le petit soleil matinal commence à devenir grand, c'est pas très bon signe pour moi ça. La seule chose que j'appréhende, mise à part "leur" réaction lors de mon arrivée, est la douleur de ma cicatrice. Une brûlure assez large dans le dos, non, plutôt au niveau de l'épaule droite j'dirais, qui cause une douleur assez vive quand la température commence à monter ou descendre un peu trop. Enfin, pour la baisse de température j'sais pas vraiment, c'est surtout le médecin qui m'a dit ça, je n'ai pas été mis en contact avec des températures très froides depuis que je porte cette marque, les hivers ont étés très doux depuis mes quatorze ans. Bref.

Je pivote les talons pour aller m'engouffrer dans une petite ruelle sombre, la hauteur des habitations et l'étroitesse du chemin font baigner la zone dans une relative obscurité et une fraîcheur légère, parfait pour moi et ma blessure donc. Je sais à peu près où je me trouve, il m'est déjà arrivé par le passé de prendre cette route pour descendre dans les Everglades. Bon, c'est pas le plus rapide des passages, mais si ça m'évite de me tordre de douleur en marchant en plein cagnard, je dis pas non perso. À mesure que j'avance, l'odeur et l'atmosphère morbide des Everglades devient de plus en plus palpable. En tournant à un croisement, je tombe subitement nez à nez avec deux soldats de la Marine.

Hé toi là ! Arrête-toi tout de suite t'entends ?!

L'un des deux me pointe avec un arquebuse tandis que l'autre s'approche de moi d'un air énervé. Je réussis tant bien que mal à réprimer mon réflexe premier, qui consiste à dégainer mes flingues et à canarder sur tout ce qui bouge comme un pirate. Tout en levant faiblement les mains en l'air, je laisse le soldat me plaquer contre un mur avant de me fouiller méthodiquement de haut en bas. Il ne tarde pas à remarquer les deux flingues que j'porte à la ceinture, il les sors de leurs étuis et m'en pointe un sur la tempe.

-Tu peux m'expliquer c'est quoi ça ? Plus l'épée sur ton dos ?

-C'est plutôt à vous de m'expliquer c'est quoi c'bordel.

-J'crois pas que t'aie bien compris, ici c'est moi qui pose les questions mon petit pote. T'étais avec ces petits voyous avoue-le !

-Moi un voyou ? Je passais par hasard dans le coin et c'est vous qui m'êtes tombés dessus ouais !

-Tu m'explique alors pourquoi t'es armé jusqu'aux fesses ? T'as un certificat de port d'armes sur toi j'espère.

-Encore mieux, j'ai ma licence de Chasseur de Primes dans mon sac. Vous pouvez me lâcher maintenant ?


Il farfouille rapidement dans mon sac et trouve sans difficulté ma carte de chasseur, après quoi il relâche la pression et arrête de m'empoigner contre le mur. Je fais des petits moulinets de l'épaule tout en le mitraillant de petits regards tueurs, c'est qu'il empoigne bien l'enfoiré. Son collègue ne m'a plus en joue, il garde néanmoins son flingue assez proche de lui.

-Alors, Raïs Al-Kha...Rakh...Khâââ...

-Raïs Al-Khizir

-Ouais, ce truc. Tu peux nous dire ce que tu fous par ici ?

-Ça vous regarde ?

-Tu ose tenir tête à un agent de la Marine et du gouvernement mondial ? Tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas prendre tes clics et tes clacs et tu vas faire demi-tour avant de te prendre une rouste.

-Tss...Ouais, et pourquoi ? C'est de l'abus de pouvoir ça !

-De l'abus de pouvoir ? T'entends ça René, de l'abus de pouvoir ? Pouahahaha ! Tu sais ce qu'est un vrai abus de pouvoir au moins ? On fait ce qu'on veut ! Si on veut, on peut te faire "suicider" de deux balles dans le dos. Plusieurs jours se passeront avant qu'on ne retrouve ton corps, les chiens errants auront déjà vidées tes entrailles et aucun membres de ta famille ne pourra faire quoique ce soit pour obtenir justice. On fera subtilement classer l'affaire sans suite, ça c'est de l'abus de pouvoir. Plus sérieusement, quand un soldat de la MARINE et du GOUVERNEMENT te dit de circuler, tu circule. Y'a des braqueurs qui ont fait un casse dans une bijouterie de Portgentil et on les a coursé jusqu'ici. Ça risque de canarder sec si on les recroise et t'as pas intérêt à être dans le coin quand ça arrivera, fiston.
Et n'oublies pas ta carte et tes joujoux !


-...Ouais, ouais ok, ça marche.

Et puis quoi encore ?  J'ai été élevé à la dure par un Commandant de la Marine et ce pochtron de seconde zone se permet de me faire la morale sur "le respect de la marine et du gouvernement mondial" en me menaçant ? J'ai beau porter un certain respect aux marines, ce genre de crevure hautaine me débecte presque autant que les criminels, ce sont eux qui salissent l'uniforme en le portant pendant qu'ils assassinent des innocents. C'est que j'ai pas que ça à foutre moi, c'est le seul chemin me permettant d'aller dans le District en étant dans les temps et il est hors-de-question de faire demi-tour, ça me prendrait trop de temps. Je dois absolument les voir une dernière fois avant le début de mon périple, c'est pas une petite escarmouche entre des petites frappes et des Marines premier prix qui va me faire peur.

Je reviens posément sur mes pas en rangeant ma carte de chasseur à sa place, je retourne au croisement par lequel je suis arrivé y'a pas cinq minutes. Je me colle au mur de façon à ce que je ne sois pas dans leur ligne de mire, puis je sors une petite bombe fumigène, confectionnée par mes soins, de mon sac. J'allume cette saloperie en la serrant de toutes mes forces, avant de la jeter violemment à leurs pieds. La fumée qui s'en dégage reste très condensée à l'endroit d'impact, l'étroitesse du chemin aidant pas mal là-dedans. Ce qui fait qu'on se croirait dans un sauna ! On ne voit presque rien sur une petite dizaine de mètres. J'ai tout juste le temps d'entendre un "Fils de-" que je fonce tout droit vers eux, l'épaule en avant. Ça se passe très vite, j'en bouscule un qui tombe lourdement au sol. Je sprint comme un dératé en prenant le plus d'embouchures et de bifurcations possibles dans ces artères evergladiennes, histoire de ne pas leur laisser la chance de me tirer comme un lapin. Je les ai semé, me voilà dans le troisième district.


Dernière édition par Raïs Al-Khizir le Mar 30 Mai 2017 - 22:17, édité 9 fois
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Cet endroit n'a... pas du tout changé. Toujours la même atmosphère accablante, avec ces lascars et prostituées traînant dans les rues, encore et toujours tous ces bâtiments en ruine et sans oublier l'absence alarmante de forces de l'ordre dans le coin. En parlant de forces de l'ordre, je ne pense pas que les deux zigotos de tout à l'heure vont prendre le risque de s'aventurer ici à deux. Ils n'ont plus aucune chance de me retrouver, à moins qu'ils ne se rappellent de mon nom... D'un autre côté, ils n'avaient pas l'air de bien le prononcer, 'fin bref. Malgré les ensoleillées flamboyantes à Portgentil de ce matin, l'endroit est putain de grisâtre au possible. L'air est un genre de compendium brouillardeux de toutes les dégueulasseries olfactives du secteur, un mélange d'odeur des cadavres des malchanceux n'ayant pas survécus aux montées des eaux, de déjections animales et humaines écrasées au sol, des déchets empilées sur les rues ainsi que des eaux usées. J'suis à la maison quoi.

Je trace en direction de ma maison de toujours, l'ancienne poudrerie désaffectée. Non pas pour y retrouver Job et Jim, ça fait belle lurette qu'ils ont déguerpi de ce taudis pour aller dans une autre bicoque, mais plus par pure nostalgie avant d'engager mon errance en mer à la recherche d'Akouel. Je croise quelques vieilles têtes familières, le dealer qui faisait ses affaires vers là où on jouait quand on était gosses, la vieille Bertha qui n'en a toujours pas fini avec ses problèmes d'alcool. Le voilà, le vieil entrepôt de la zone trois. Je le reconnaîtrais entre mille, l'un des bâtiments les plus résistants du district, toujours debout à ce que je vois.

La grande porte en fer de l'entrée arrière a laissée place à un genre de barricade en bois et en carton. Probablement des clodos qui ont dû réaménager l'endroit. Je me faufile à l'intérieur grâce à un petit interstice dans le carton. L'endroit baigne dans une humidité conséquente, les murs ont l'air de suer du cul et le sol est complètement dégueulassé par un mélange d'eau, de moisissure et de cadavres de rongeurs. Les escaliers menant au premier étage sont dans un piteux état, ils sont tellement rouillés qu'une simple pression risque de les faire s'effondrer sur eux-mêmes. Malgré ça, cette ancienne poudrerie reste bien le seul endroit que je peux encore appeler « mon chez moi ».

Mes pas clapotent à un rythme peu soutenu sur ce mélange immonde qui colle à mes chaussures tandis que je me remémore tous les bons et mauvais moments passés ici quand soudain, j'entends un genre de grand fracas suivi de plusieurs voix assez graves. Quelques mecs sortent d'une des pièces dans laquelle nous dormions à l'époque, ils ont tous l'air d'avoir mon âge, sauf le grand balèze du milieu qui doit être dans la trentaine.

-Whaaaaaa les gars ! Si on m'avait dit que je rencontrerais un roux en tenue de ninja aujourd'hui...

Ricanements idiots

-Ah ouais ? Bah moi si on m'avait dit que je rencontrerais une telle bande clodos dans un endroit si classieux. Et en plus, je ne suis pas rou-

-J'm'en tape. Sache quand même que je t'ai reconnu au premier coup d'oeil, vieille tanche de...euh... c'est quoi ton nom déjà ?

-On ne se connaît pas.

-Ah ouais, c'est vrai ça ! On ne se connaît pas...Mais alors, qu'est-ce que tu fous ici si je te connais pas ? Tu sais que t'es sur mon territoire là ?

-Ton territoire ? Un vieil entrepôt complètement dégueulasse avec des portes en carton ? Mec, je suis désolé, je n'étais pas au courant de ta détresse.

-Ohohoh, mais c'est qu'il a de la bonne répartie pour un roux. Je viens de remarquer, mais il a l'air pas mal ton sac, y'a quoi dedans ? Quelque chose de valeur peut-être ?

-Ça me regarde !

-Mais c'est qu'ça a l'air d'être de la bonne qualité en plus ! Les gars, choppez-le !

Parmi les cinq voyous qui me font face, trois me foncent dessus. Je jette mon sac en arrière histoire de ne pas abîmer ce qu'il contient, c'est que y'a du matériel inflammable et instable dedans. Le premier me saute dessus, le poing en avant et en hurlant. J'évite son vulgaire coup de poivrot avant de lui taper fermement la nuque du tranchant de la main. Il s'aplatit lourdement au sol tandis que ses deux camarades me foncent dessus. En un court instant, je lâche un coup de pied sauté en pleine face de celui arrivant par la droite. Après avoir reposé les deux pieds au sol, l'autre me met une beigne que je bloque de la paume sans aucune difficulté, tout en serrant son poing très fort dans ma main, j'lui mets deux patates en pleine face. Il s'écroule au sol alors que je tiens toujours son petit poing crispé.

-Ça c'est ce qui vous attend si vous ne foutez pas le camp en vitesse.

Que je dis en mettant le dernier à être tombé en position latérale de sécurité, histoire qu'il ne s'étouffe pas avec sa salive.

-Ho ho ho ! Trèèèèèèèès intéressant dis-moi ! Vous deux ! Vous avez le choix, vous vous prenez sa main dans la gueule ou la mienne, c'est au choix.

Le premier me fonce dessus tête baissée alors que l'autre choppe un bout de ferraille au sol, sûrement pour me frapper avec. D'un coup de genou dans le ventre, je fais tomber au sol le plus téméraire des deux. J'évite les petits moulinets que fait le lascar avec son pied de biche avant de lui mettre un coup de coude dans la glotte. Les deux restent au sol, inconscients.

-Est-ce que quelqu'un a une montre ? Parce que je crois qu'il est l'heure d'y aller !

Après quoi, il déchire son haut tout en exhibant ses muscles saillants.

-Euh, c'est pas un peu cliché ?

-De quoi ?

-Bah ça là, le lascar des districts qui enlève sa chemise avant de se bastonner.

-Peut-être, mais moi au moins je ne suis pas roux !

Il avance vers moi d'un air suffisant tout en mettant sa garde. Je tâte le terrain en lui enchaînant trois coup de poing au visage, qu'il bloque tous très facilement. Intéressant. Il m'envoie une lourde que je bloque avec mon avant bras gauche, on se rend plusieurs coups qu'on bloque mutuellement. J'évite un des ses coups d'un mouvement de la tête avant de lui enfoncer mon poing directement dans le bide. Ah, touché ! Il bronche légèrement, je pense que ça lui fait de l'effet mais soudain, il me met un gros coup de tête suivi d'un puissant kick dans le ventre, le choc me fait reculer de quelques mètres. Sa dernière attaque m'a tellement déstabilisé que je ne suis plus en garde, il en profite pour prendre un grand élan et me foutre une pêche monumentale en pleine face. J'tombe la tête la première contre le sol complètement dégueulasse de l'entrepôt. La colère et la haine montent en moi, je sens cette merde se coller contre mon visage blessé. Je me relève rapidement tout en lâchant un râle de douleur. Alors que le mec d'en face se prépare à m'en remettre une, je fais un bond de quelques mètres en arrière.

-Grrrr... Tu veux jouer hein ?

J'enlève ma veste à trois boutons et la jette pas loin de mon sac.

-Kitsune...FUFU KEN !

-Tu peux arrêter de parler en charabia s'teuplait ?

-Gyaaaaaaaaaaaaaa !

De grosses veines deviennent apparentes sur tout mon corps, mes muscles se durcissent et ma position de combat change.

-À moi le renard !

Tel un renard, je fonce sournoisement vers mon adversaire avant de lui mettre une énorme patate en plein torse. J'enchaîne ensuite avec une succession de coup de poing pour lui faire bien mal comme il faut et de "coups de doigts", que j'aime appeler les crocs du renard, où mes doigts sont tendus et contractés au maximum histoire de mieux lui toucher ses points vitaux précis. Mon rythme cardiaque et ma respiration vont en crescendo à chaque attaque portée à mon opposant. Je concentre mes coups principalement sur son tronc, son torse, ses côtes et son ventre aussi. Son corps se crispe de plus en plus à chacune de mes beignes, son regard commence à perdre toutes vies, je sens ses muscles se déformer à mesure que je le frappe. Il est complètement dépassé, je suis bien trop rapide, il n'arrive pas à esquiver ou bloquer ne serait-ce qu'un seul des coups parmi les dizaines qu'il se prend ! J'arrête l'enchaînement, il est là, debout, la gueule grande ouverte et en train de suer comme un porc. Il ballotte et semble sur le point de tomber en arrière, je lui administre un dernier coup de pied sauté au niveau du ventre. Il se plie en deux et tape un vol plané de plusieurs mètres avant d'atterrir sur la rambarde de l'escalier en fer et de s'écraser lamentablement au sol. L'escalier ne supportant pas le choc subi, s'écroule en mille morceaux tout en broyant le gros lascar contre le sol.
J'préfère ne pas voir l'état du corps.


Dernière édition par Raïs Al-Khizir le Sam 3 Juin 2017 - 12:21, édité 8 fois
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J'essaye de calmer ma respiration tout en essuyant la mélasse infecte collée à ma joue. Mes muscles se décontractent promptement, j'enfile ensuite ma veste et mon sac en me dirigeant vers la sortie. Les petits voyous sont encore en train de faire dodo, un horrible éveil les attends. Je parie que certains vont cracher leur p'tit déj' à la vue du cadavre de leur chef déchiqueté sous plusieurs centaines de kilos de fer rouillés et acérés. J'en ai strictement rien à foutre, peut-être bien que ça me pèsera sur la conscience plus tard mais pour l'instant je suis bien trop agité pour avoir des remords. Il n'avait qu'à pas m'attaquer, je n'ai fait que me défendre face à ces bandits et c'est pas ma faute s'il a virevolté en direction de l'escalier. Décidément, je ne sais plus si je dois considérer cet endroit comme une maison d'enfance ou un endroit maudit, c'est ici que j'ai perdu pour la première fois un être cher, et la première fois où j'ai tué un truand. C'est pas que ça m'affecte plus que ça, des macchabées j'en croise depuis ma plus tendre enfance, c'est pas ça le problème. C'est juste qu'aujourd'hui est un jour spécial et j'en ai bien la sensation maintenant. D'un coup de pied sec, je brise la barricade d'entrée, puis je me casse sans me retourner.


Ma joue me fait encore un peu mal, en guettant mon reflet sur une flaque d'eau je vois une petite éraflure se former, faudrait pas que ça s'infecte avec toutes les saloperies qu'il y'avait par terre. Tss, je verrais ça plus tard. J'accélère le pas en direction de chez Job et Jim, je ne sais pas l'heure exacte, et connaissant bien l'endroit, la seule horloge publique aménagée par la mairie a probablement dû être détruite. Mais ce qui est sûr, c'est que les petits événements récents m'ont grignotés bien plus de temps que prévu. Je ne dois pas, mais alors pas du tout rater mon bateau ! Tel un chien errant, je cavale dans la rue en ne faisant pas attention aux gens que je bouscule, j'attrape fermement la bandoulière de mon sac histoire de ne pas me faire carotter par un voleur à l'arraché. Plusieurs minutes de course exténuante s'écoulent avant mon arrivée chez les frères Job et Jim. Je monte les marches du pallier avec le visage aussi rose que les fesses d'un babouin, je m'essouffle à en faire tripler le taux de dioxyde de carbone dans l'air.

J'entre dans ce petit hall d'appartement typiquement evergladien, c'est à dire sale, délabré et humide. L'endroit est néanmoins plus propre et « sûr » que la plupart des bicoques du district, on tape dans le haut du panier de ce qu'on peut trouver en Zone trois. Pas de Dial sonnette à l'entrée bien sûr, faut pas déconner. Je tape trois fois à la porte, j'entends vaguement un son émaner de l'appart', je retoque une seconde fois quelques secondes plus tard et c'est là que la porte s'ouvre. C'est Job, le frère cadet, à qui revient la chance de me revoir en premier. Un grand gaillard d'une quarantaine d'années, bien balèze, avec une mâchoire carrée, le crâne rasé et une moustache brune de papa. Sa cigarette lui tombe de la bouche à la seconde où il me reconnait, il se jette ensuite sur moi.

-Raïïïïïs !!! T'es enfin revenu ! qu'il dit en me serrant dans ses bras.

-Guh...J-Job..t-tu m'étouffes...ma b-brûlure...tu touches ma brûlure !

-Excuses-moi, je suis tellement heureux de te revoir ! Vas'y entres.

Sa carrure de mastodonte couplée à son caractère chaleureux peut déconcerter à première vue, mais une fois qu'on apprend à le connaître on se rend compte que ce n'est ni un gros rustre complètement abruti et encore moins une chiffe-molle fragile psychologiquement. Il me fait entrer dans leur modeste appartement, que je connais déjà. Un petit couloir mène à la chambre à coucher, la cuisine et le salon, rien de plus. Mon premier réflexe est de regarder l'heure sur l'horloge du hall, midi et quart. J'suis bien plus détendu tout à coup, je suis quasiment sûr d'avoir mon bateau. Il me fait entrer dans le salon, y'a Jim, le frère aîné, qui est assis sur le canapé en s'enfilant une petite bière. Jim est un petit gars faisant tout juste ma taille, avec des cheveux noirs mi-longs et une vieille cicatrice sur le front. Malgré le fait qu'il soit bien moins imposant et costaud que son petit frère, il n'en est pas moins bien plus froid et distant que ce dernier. Enfin, c'est encore une façade de surface ça, en vrai il n'est pas aussi insensible qu'il ne le laisse paraître.

Je connais ces deux types comme ma poche, même si je donnais ma vie pour eux ce ne serait pas assez. Je n'avais que quelques mois lorsqu'ils m'ont découvert au beau milieu d'une ruelle sombre en plein district. Ils ont décidé de me prendre avec eux alors qu'absolument rien ne les obligeait. Ils m'ont ensuite pris sous leur aile et m'ont élevé comme si j'étais leur petit frère, jusqu'à ce que Akouel Al-Khizir vienne m'adopter des années plus tard. Ils sont tout comme moi, aussi loin qu'ils s'en souviennent ils ont toujours été orphelins, et ont vécu toute leur enfance dans les quartiers les plus mal famés de Bliss. Je prend place sur une petite chaise en bois tandis que Jim finit son fond de bière.

- T'es enfin venu nous rendre visite Raïs.

- Je sais Jim, ça faisait un moment déjà.

- Un très long moment même, ça va bientôt faire quoi ? Un an non ?

- -Dix mois plutôt, Jim.

- Bon, écoutez, comme vous pouvez vous en douter beaucoup de choses se sont passées pendant ce temps.

- Je pense bien, ouais. On t'écoute.

- T'as une sale mine Raïs, t'es sûr que ça va ?

- Oui oui, c'est juste que... non rien.

- Tu peux déballer, y'a quelque chose qui semble te tracasser depuis que tu es arrivé.

- En vrai je ne sais même pas par où commencer. Alors...ça va faire près d'un an qu'Akouel est parti en mission en mer, et je n'ai tout simplement plus eu de nouvelles de lui depuis.
Ce n'est pas que moi d'ailleurs, les tours de contrôle de la Marine ont tout simplement perdu la trace de son escouade quelques semaines après son départ. Fiou, comme ça, disparu.


- ...Donc la raison pour laquelle tu ne venais plus nous voir, c'est parce que le gars qui t'en empêchait à chaque fois était absent ?

Je le sens vraiment remonté le Jim, et honnêtement je le comprend. Akouel n'a jamais aimé que j'aille leur rendre visite, et m'a toujours formellement interdit de traîner dans cette zone, de peur que je ne "retourne à mes origines" et commence à virer en voyou.

Ce n'est pas du tout à cause de ça Jim. Leur mission de patrouille n'était censé durer qu'un mois, et déjà après la troisième semaine ils ne recevaient plus de rapports par Denden-Mushi. Au début j'avais la belle vie c'est vrai ! Même si les entraînements étaient finis depuis un moment déjà, son absence m'a libéré d'un poids. En gros, plus d'ordres à recevoir, la liberté ! Et en plus j'avais assez d'argent pour tenir plusieurs mois sans crever de faim. Mais après quelques temps, j'ai commencé à paniquer, à me poser de sérieuses questions, il ne se passait pas un jour sans que je n'appelle la caserne de la dix-neuvième Division.

- Ah bon ? Alors comme ça, Akouel te préoccupe à ce point.

- C'est pas ça, c'est que je crois que c'est en partie de ma faute s'il en est là.

- Mais non Raïs, comment tu peux dire ça ? T'as pas à te tenir responsable ! C'est aussi le risque quand t'es un soldat.

- Tu ne comprends pas, c'est parce que j'ai attendu son départ pour lui annoncer que je ne voudrais pour rien au monde intégrer la Marine. Il est devenu ROUGE en entendant ça, tu m'entends ? ROUGE ! La douleur et la colère étaient bien visibles sur son visage, je l'ai laissé partir comme ça, la rage au ventre. Même si ce n'est évidemment pas ma faute, j'ai quand même l'impression d'avoir de la responsabilité là-dedans, peut-être qu'il a fait une connerie par ma faute...

Environ six mois après son départ, ils ont retrouvé l'épave de son bateau échouée sur une île déserte pas loin du QG de South. Le soldat m'ayant appris ça m'a directement redirigé par Denden vers le QG de South, c'est eux qui semblent s'occuper de l'enquête maintenant. Bref, après ça j'ai directement demandé au nouveau marine que j'avais au Denden s'il avait d'autres infos à me donner. Il m'a vaguement parlé d'une horde d'insaisissables hors-la-lois qui attaquaient les navires du Gouvernement mondial pendant la nuit pour revendre les soldats comme esclaves, avant de se faire couper par son supérieur. Depuis, je n'ai plus eu de nouvelles.


- Ils ne sont pas censé prévenir régulièrement les familles quand il y'a du nouveau dans ce genre de couillasses ?

- Normalement, j'pense ouais, mais ils peuvent aussi garder le secret pour eux et continuer à enquêter tranquillement. Enfin, je suppose.

- ...Et tu comptes faire quoi maintenant ?

- Je vais partir en mer pour tenter de retrouver sa trace.

- COMMENT ÇA ?!

- Et nous y voilà, l'enfant prodige qui nous annonce son départ du cocon familial, une fois de plus...

- Hé, vous croyez que j'ai décidé ça sur un coup de tête ? Oh que non, j'y ai très longuement réfléchi et j'en suis convaincu maintenant, je ferais tout ce que je peux pour le retrouver ..

- Mais...Mais putain de merde Raïs ! Comment tu vas faire pour le retrouver ? Laisse les Marines faire leur boulot bordel, c'est pas à toi d'enquêter. Et en plus, comme je te l'ai déjà dit, c'est ça le risque quand t'es marin, si jamais le pire lui était arrivé tu ne pourrais rien y faire.

- Peut-être, mais je veux au moins avoir la sensation d'avoir essayé, de ne pas être resté dans mon coin avec le poids de ma culpabilité sur le coin de la gueule, et je trouve que j'ai déjà assez attendu comme ça.

- Et comment comptes-tu faire ?

- La première phase de mon plan consiste à aller au QG de South Blue pour y obtenir plus d'informations sur ce groupe de "pirates-mercenaires", puis dans un second temps je vais essayer d'en apprendre plus sur eux et leur milieu, une fois que je les aurais retrouvé, je compte leur faire avouer où se trouve Akouel.

- Tout seul ?

- Je compte me faire des compagnons de chemin aussi. Des pirates-esclavagistes, ça risque de prendre des primes assez conséquentes, et qui dit primes dit Chasseur de primes. J'en suis devenu un d'ailleurs.

- ...Un Chasseur de primes...Mais c'est pas croyable ça, t'es enfin libre de toutes tutelles parentales et tu viens nous dire que tu quittes Bliss pour retrouver ce fumier ?

- Pourtant c'est bien vous qui l'avez laissé m'adopter non ?

- On ne savait pas à l'époque qu'il ne te laisserait pas venir nous voir, ni ces histoires d'entraînements intensifs de merde !

*Silence gêné*

- Je ne peux pas rester là à rien foutre, je ne suis pas un enfoiré de petit ingrat voilà tout, je lui dois beaucoup, très certainement moins qu'à vous, mais je lui dois quand même beaucoup. Y'a un bateau qui commerce avec la ville du G-4 et le capitaine a accepté de m'y emmener, le départ est dans moins de deux heures. Je suis venu ici pour vous dire au revoir vu que vous êtes les seuls qui me restent.

- Je...Je ne sais pas quoi te répondre.

- ...Fais ce que tu veux.

- Je suis vraiment désolé, je sais que me voir partir de l'île juste après un silence radio aussi long doit être frustrant. J'ai juste besoin que vous compreniez que je n'ai pas le droit de l'abandonner, pas après tous les espoirs qu'il a mis en moi... Je dois y'aller.

- Je comprends.

- Raïs...

- Portez-vous bien.

- Toi aussi.
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