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Apaise nos souffrances

Prémices

Tenko Sozen

"Tout a commencé il y a une semaine. Comme chaque année à cette même période, Kage Berg accueille sa fameuse Foire de la Vache. Très rapidement, certains locaux et plus rarement les cisiteurs ont commencé à développer des maux de ventres qui se sont rapidement mués en symptômes plus graves: vomissements, fièvres, convulsions. Ce qui nous a frappé, c'est la rapidité avec laquel le mal s'est répandu dans la population. À l'heure actuelle, on estime que quatre-vingt-dix pour cent de la population a été atteinte. La garnison locale, manquant d'entraînement, ou manquant simplement d'informations au sujet du risque bactériologique, a été incapable de donner une réponse appropriée aux évènements.C'est pourquoi nous avons déployé autant de moyens autour de l'île. Cette épidémie ne doit pas devenir une pandemie aux répercutions mondiales. Il aura seulement fallu une semaine au premier passant pour mourir. Imaginez si cette maladie dépasse les bornes de l'île: dans un mois, quatre-vingt-dix pour cent de ce qui vit sur ces océans pourrait avoir disparu. C'est notre tâche de nous assurer que personne ne sort de cette île avant qu'une solution n'ait été trouvée."

La voix s'interrompit, le sous-amiral prenant visiblement une pause. Aucun soldat ne broncha, les bruits maritimes deumerant seules sources sonores aux alentours. Tenko, comme ses camarades, affichait une mine grave et sombre propice aux circonstances. De toutes les missions auxquelles il avait participé, celle-là était véritablement à part. Cette fois-ci, l'ennemi à combattre n'avait aucune faiblesse aux armes dont disposait la marine. La seule chose qu'ils pouvaient faire, c'était endiguer sa progression. Et pour parvenir à ça, il fallait empêcher toute diffusion de ce qui pouvait se trouver sur l'île hors de cette dernière. Le soldat jeta un regard autour de la caravelle de la 338ème, dans laquelle il venait d'arriver de Poiscaille. La garnison avait choisi ses meilleurs hommes et les avaient déployés au plus vite selon les ordres de Niromoto, le sous-amiral qui chapotait toute la région. Petit à petit, leur navire de modeste taille s'était inséré au milieu de tout les autres, formant un large cercle autour de l'île. On avait visiblement réquisitionné toute la flotte disponible et le jeune soldat ne doutait d'ailleurs pas que certains navires avaient voyagé d'un autre océan vers celui-là. Des pontons de bois furent lancés pour qu'un ensemble uniforme permettent aux officiers de circuler selon les besoins de navires en navires. Alors que cette formalité avait été appliquée, la voie de leur supérieur à tous se fit de nouveau entendre à travers l'escargophone.

"Aujourd'hui je demande de chacun de vous un sang froid exemplaire et une abnégation presque surhumaine. Aujourd'hui plus que jamais vous êtes ces héros qui protègent le monde des malheurs qui pourraient lui tomber dessus. Alors ne perdez pas de vue notre priorité: nous assurons protection et bien-être au plus grand nombre, sans faire cas des intérêts personnels. À ceux d'entre vous qui se sentent prêt à s'engager dans plus de risques pour endiguer le problème à sa source, je vous laisse le soin de vous adressez à vos supérieurs les plus hauts-placés. Ceux-là me rejoindront dans une heure sur le Vaillant avec les hommes volontaires pour aller sur l'île. Vous pouvez disposer soldats."

Et les ordres et conversations de reprendre comme avant. Sans attendre, Tenko se dirigea vers Décro Foin comme deux de ses camarades. Le lieutenant au masque de cheval se tenait devant le bastingage, les yeux rivés sur la petite île, si tranquille en apparence. Les hommes s'approchèrent de lui silencieusement, respectant le mutisme de l'officier. Sans vraiment s'avérer loquace, il les jaugea et leur indiqua de préparer leurs affaires avant de revenir à lui. Ils chargèrent leurs sacs de tout ce dont ils pouvaient avoir besoin, se saisirent de leurs armes et rejoignirent une fois de plus vers leur supérieur. Ils se mirent en marche, usant des pontons pour traverser la mer au dessus des navires successifs pour atteindre leur destination. Ils marchèrent pendant une bonne dizaine de minutes avant d'aperçevoir enfin l'imposant cuirassé du quartier général, qui baignait juste en face du port principal de la bourgade. Près de sa coque, un voilier léger semblait affrêté pour rejoindre la terre ferme. De larges causses étaient en train d'être chargées à son bord, sous le regard attentif d'une jeune femme aux cheveux atypiquement bleus. Tenko ne s'attarda pas sur ce spectacle, tout concentré qu'il était sur le regroupement formidable d'officiers sur le navire aux dimensions démesurées. La plupart des hommes regroupés-là portaient des capes allant des simples lieutenant jusqu'aux colonels et commodores. Bien incapable de tous les connaître, le jeune homme avait pu revoir parmi eux certains des supérieurs qui chapotaient ses anciens lieux d'affectation.

Au milieu d'eux se trouvait le sous-amiral Niromoto qui observait une pile de paperasse assez conséquent posée sur un bureau qui avait été tiré sur le pont. Les soldats de Poiscaille se rangèrent parmi les autres et attendirent que le chef de guerre ne se lance de nouveau dans des explications. Pour tout dure, il attendait que tout le monde soit présent pour se lancer. Les discussions allaient bon court entre certains officier qui débattaient de ka meilleur stratégie à appliquer. Laissant traîner ses oreilles indiscrètes, Tenko ne put s'empêcher de payer attention à ces échanges qui prenaient parfois une dimension cruelle. Certains soldats commencaient à avoir l'idée de bombarder l'île à l'aide de la flotte à leur disposition afin d'éliminer automatiquement toute menace. Ils n'osaient cependant pas utiliser le terme qui désignait une telle attaque sur un lieu donné, un Buster Call. Cette mer en avait connu un, un siècle plus tôt, sur l'île d'Ohara suspectée d'allégeance à la révolution et de connaissances trop aigues en matière de ponéglyphes. On avait donc rasé l'île sans aucune forme de sommation. La rancune était forte depuis cet évènement qui fait partie de ceux qui ne s'oublient pas. Ainsi, recourir à une telle méthode relevait d'un non-sens absurde. D'autres proposaient des approches évidement plus douces, mais pas forcément brillantes pour autant. Aux yeux de Tenko, la seule manière de combattre la maladie, c'était d'emvoyer les seuls soldats capable de lutter, les médecins. Soudain, et alors que le jeune homme réfléchissait à l'éventualité d'envoyer des soignants sur l'île, le membre de l'amitauté se redressa et jeta un regard alentour sur aes subalternes.

"Bien, tout le monde est là. Nous pouvons maintenant commencer."
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Un docteur consciencieux

Tenko Sozen

L'homme au visage sombre leur expliquait les dangers potentiels sur l'île, mouvements de foules ou même présence de pirates ayant voulu profiter de l'île, sans compter le risque premier d'infection. Alors qu'il discourait une fois de plus, de l'agitation sembla se faire entendre sur les ponts adjacents. Les soldats s’étaient mis à courir en tous sens à la vue de quelque chose. Tenko prit la peine de détourner le regard pour le planter sur ce qui pouvait tant effrayer les marins pourtant aguerris. Un navire avait quitté le port et fonçait droit vers eux, visiblement dans l'objectif de passer au travers des mailles du filet. C'était sans compter la rapidité qu'avaient eue les mouette pour réagir. Le vieil officier ne donna aucune ordre qu'il n'ait déjà énoncé: rien ne devait sortir de l'île. Les canons bardèrent et  un déluge de boulets s'abattirent sur le voilier civil qui sombra aussitôt, emportant ceux qui avaient survécu à la centaine de boulets au fond de l'eau. Quatre croiseurs avaient fait feu, fauchant le navire comme s'il n'avait été qu'une barque. Un sentiment d'effroi parcourut toutes les têtes en cet instant. Il allaient couper toute sortie à des habitants et les condamner si les médecins ne trouvaient pas rapidement une solution. Mais que pouvaient-ils faire d'autre dans une situation comme celle-là? Niromoto reprit son laïus, soucieux d'en finir au plus vite.

"Six de nos meilleurs médecins ont décidé de descendre sur l'île pour combattre le mal à sa racine. Mais comme je vous l'expliquais, il ne sera pas facile pour eux de mettre en oeuvre leur savoir au milieu d'une population affolée et soucieuse de quitter l'endroit. Il leur faut donc une escorte, composée des plus braves. Je crois que certains officier parmi vous ont d'ailleurs prit la peine de ramener certains de leurs hommes avec eux, comme demandé plus tôt. C'est votre chance de vous assurer que ces personnes ne souffrent pas. Le risque que vous encourrez sera maximal. Mais le jeu en vaudra largement la chandelle."

L'assemblée resta stoïque alors même que le vieil homme en avait terminé. Tout le monde connaissait les procédures et ainsi les soldats rejoignirent l'embarcation qu'avait aperçu le jeune homme plus tôt, en s'approchant du Vaillant. Arrivés au niveau du bastingage, ils furent accueillis par cette même femme aux cheveux bleus qui avait attiré son regard en même temps que le navire où elle faisait charger des causses. Elle arrêta les premiers soldats qui allaient descendre les cordages pour rejoindre la navire et leur donna ses propres instructions. Elle faisait partie intégrante de la Brigade Scientifique de la Marine et servait en tant que Médecin Général, un grade qui lui donnait autant d'assise qu'un colonel de la régulière. Sa voix était douce mais ferme, son ton impérieux faisant d'elle une personne apte au commandement. Elle tenait une sorte de combinaison dans l'une de ses mains, visiblement en tissu renforcé. Un masque venait compléter la tenue à des fins d'imperméabilités. Brandissant l'habit qu'ils devraient probablement tous enfiler, elle leur expliqua les quelques détails importants qui leur permettraient d'agir efficacement une fois sur le terrain. La moindre erreur pouvait mettre l'opération en déroute.

"Soldats, nous allons entrer dans un périmètre où le risque d'infection est quasi omniprésent. Nous ne savons pas de quelle maladie les habitants souffrent ni même comment elle a été inoculée. Nous devons donc nous montrer prudent et ne consommer que ce que nous avons apporté avec nous. De même, aucun contact avec l'air et ne buvez pas l'eau de là-bas sans la faire bouillir. Maintenant, la partie drôle..."

D'un ample geste du bras, elle désigna des caisses restées ouvertures où étaient empilées des dizaines de combinaisons. Deux sortes pouvaient se distinguer: en majorité des équipements de couleur bleue, à l'exception de six d'entre elles qui appartenaient à priori aux médecins qui allaient débarquer sur l'île en même temps que les soldats. Ils s'équipèrent avant de descendre dans la petite caravelle qui les porteraient vers Kage Berg. À mesure que le navire se remplissait, les bouches se fermaient et la tension montait au sein de l'équipage fraîchement formé. Un commandant posa enfin le pied sur le plancher du navire, prêt à superviser la mission. L'on décrocha les deux navires et le frêle voilier s'élança rapidement vers l'île. Un sérieux cafard régnait sur le pont à mesure que le bateau fendait l'eau et se rapprochait de la terre ferme. Puis le rafiot commença à ralentir quand une centaine de mètres seulement le séparaient de la berge. Des barques furent mises à l'eau et les soldats ramèrent jusqu'à la plage où s'était amassée une incroyable foule. Aucun cordon de sécurité n'avait été mis en place et la garnison locale semblait avoir laissé tomber toute forme de gestion de la population, ce qui ne rendrait pas le travail des mouettes plus facile. Tenko jura intérieurement devant un tel manque de professionnalisme et d'abnégation. Le commandant Porett prit la parole alors que les coques de noix n'avaient pas encore atteint les zones où leur taille leur permettait de se bloquer sur le sable.

"Messieurs, nous ne savons pas comment les civils vont réagir mais il y a fort à parier qu'ils ne vont pas nous avoir à la bonne après ce qu'il s'est passé tout à l'heure. Soyez prudent et si c'est nécessaire, faites en sorte de les disperser."

La réponse fut unanime mais le jeune soldat put voir à l'expression des soldats qu'ils réprouvaient toute forme de violence envers un peuple en danger de mort et seulement désespéré par la situation. Il ne pouvait que partager leur avis et se fit la promesse de ne porter préjudice à aucun innocent. Dans la mesure du possible.
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Colère populaire

Tenko Sozen

La tension qui régnait sur la plage était devenue difficilement descriptible. Les potentiels infectés semblaient divisés sur l'accueil qui devait être réservé aux soldats et aux médecins. Autant les seconds étaient là pour s'occuper d'eux, autant les premiers étaient coupables d'avoir envoyé un bateau de personnes malades vers le fond. On avait connu de meilleurs départs pour des situations moins complexes que celle-là. Le commandant ouvrit la marche et demanda à ce que la troupe soit conduite jusqu'à l'hôpital. Les habitants obtempérèrent et conduire le groupe jusqu'au centre de soin qui débordait de gens malades. Ceux de la plage n'étaient pas encore souffrant mais étant potentiellement contaminés, on ne pouvait les laisser sortir de l'île. C'étaient d'ailleurs d'eux que les mouettes avaient besoin de se méfier, car ils désespéraient de partir pour échapper à l'affection qui les menaçait tous. Tenko ne put s'empêcher de plonger son regard dans l'observation des visages et des comportements des riverains. Ils semblaient tous manquer de sommeil et beaucoup d'entre eux avaient les yeux gonflés, probablement à cause des pleurs qui avaient dû s'enchaîner sans s'arrêter ces derniers jours. On entendait d'ailleurs toujours quelqu'un sangloter dans un coin ou à l'initiative d'une fenêtre ouverte et qu'on dépassait. Les visages étaient peints d'une expression grave et dure, ou parfois ils reflétaient simplement une faiblesse en quête de refuge et de sécurité. La gorge du jeune soldat se nouait à mesure qu'il prenait compte de l'ampleur des ravages psychologique qu'une épidémie pouvait entraîner. Ils entrèrent finalement dans le bâtiment, du moins certain d'entre eux. Porett assigna Tenko et d'autres hommes à la protection des médecins et le reste des mouettes se déploya autour de l'hôpital pour en assurer la protection et le calme. Les couloirs défilèrent autour de la troupe singulièrement réduite et ils finirent par arriver auprès d'une vieille femme vêtue d'une blouse et qui donnait son maximum pour trouver une origine à la maladie. Les médecins se réunirent et les soldats tendirent l'oreille pour glaner la moindre information. On ne pouvait s'empêcher d'être curieux et solennel dans ce genre de circonstances.

"Je suis le docteur Karson, évitons les politesses et passons au sujet qui nous intéresse ici. J'ai essayé de trouver l'origine de la maladie mais quelque chose cloche. Elle n'est ni aéroportée, l'eau est saine et les échanges de fluides d'un porteur sain vers un autre ne permettent pas d'isoler une quelconque maladie. Je ne comprends pas d'où cela peut venir mais..."

"Vous êtes sûr d'avoir correctement effectué vos tests?"

Un des docteurs emmené à terre venait découper la parole à la vieille femme qui montra des signes de colère. Avant qu'elle n'explose, une clameur qui commençait à monter finît par intriguer Tenko qui sortit de la pièce et s'approcha d'une fenêtre dans le couloir. En contrebas, leur supérieur semblait essayer de calmer les habitants qui semblaient soudain pris d'une rage sans borne. Incapable de déterminer ce qui se passait, il descendit les escaliers et s'adressa à la première personne qu'il croisa pour comprendre la situation. Un deuxième navire avait essayé de partir malgré les ordres de Porett et il avait bien évidement été abattu. Les cris résonnaient jusqu'à ses oreilles.

"Pourquoi est-ce que vous nous empêchez de partir?!"

"Ils bloquent aussi l'hôpital maintenant, ils vont nous laisser crever!"

L'officier essayait de calmer les ardeurs des habitants tandis que Tenko pouvait apercevoir, au travers de la fenêtre, des renforts arriver. La garnison de l'île se rapprochait au milieu de la foule.

"Calmez-vous, nous sommes là pour vous protéger!"

"On nous la fait pas à nous!"

Le chef de la garnison locale venait de briser le semblant de calme qui pouvait subsister chez les habitants. Un premier coup de feu résonna, rapidement suivi par une flopée d'autres. Il se rua dehors et observa qu'une fusillade avait démarré et que le premier à en avoir fait les frais était leur chef, blessé à la hanche par une balle qui avait vocation à le tuer. Le jeune marin essaya de calmer la situation mais devant l'impasse il tira le commandant dans l’hôpital avant de remonter les escaliers en direction des médecins. Leur but premier était d'assurer leur protection le temps qu'ils trouvent un remède et il devait absolument protéger le bon déroulement de la mission. Il ordonna aux soldats de le suivre et il arracha les médecins à la vieille femme qui demeurait sous le choc.

"On quitte la ville pour vous mettre en sécurité! On prends un patient et on se fait la malle!"

"Non, notre mission est de protéger la population!"

"Vous essayerez de la protéger en étant morte alors! On s'en va, c'est un ordre!"

Tenko était la dernière personne à pouvoir faire preuve d'autorité sur un médecin militaire. Mais il avait aussi conscience de la nécessité de déguerpir, les habitants ayant fait leur choix entre la méthode douce et le soulèvement. Il n'était pas partisan d'une éradication systématique, bien au contraire, aussi ils se devaient de trouver une solution pour que Kage Berg soit plus qu'une simple mention dans un livre d'histoire comme l'endroit où le Buster Call avait frappé une deuxième fois sur la mer de l'Ouest. Ils dévalèrent les escaliers arrières de l'hôpital et le jeune soldat fit porter un malade hors de sa chambre par quelques soldats. Au dehors, ils trouvèrent d'autres mouettes qui avaient pris refuge derrière le bâtiment pour combattre plus efficacement et pour couvrir toute attaque par l'arrière. Dès que le groupe de Tenko émergea, les autres soldats ne tardèrent pas à se joindre à eux en prenant la direction des montagnes.


Dernière édition par Tenko Sozen le Jeu 15 Juin 2017 - 21:19, édité 1 fois
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Une situation bien complexe

Tenko Sozen
Près d'une heure après avoir quitté l'hôpital, les cols blancs étaient essoufflés et certains d'entre eux souffraient de blessures mineures. Le reste de leurs compagnons laissés en arrière, ils n'avaient d'autre choix que de trouver un endroit calme où les médecins pourraient travailler à l'élaboration d'un remède, après avoir identifié la maladie qui était en cause. Néanmoins, il semblait que la discorde commençait à régner dans l'esprit de certains d'entre eux. L'attaque soudaine et la privation de moyens technologiques de mener leur mission à bien sonnait pour ceux-là le glas de la mission. Et leur vies étaient compromises au même titre que toutes les autres. Les soldats affichaient quand à eux des mines terribles. Ils n'avaient pas l'habitude de gérer des crises de cette ampleur. Tirer sur des civils en révolte par choix était différent d'ouvrir le feu pour stopper un soulèvement légitime. L'angoisse et la déprime avaient atteint Tenko dans une moindre mesure. Le jeune troisième classe était surtout inquiet de voir une colonne de villageois sortir du hameau pour venir à leur poursuite. Mais ils étaient certainement trop occupés avec les marins capturés pour essayer de les talonner. Le jeune homme se déconcentra sur sa troupe et la dénombra. Ils avaient pris abri dans une sorte de demi-clairière qui marquait la fin d'une prairie montant la pente de la montagne naissante. Les pins étaient hauts mais des fourrés bloquaient la visibilité au sein de la forêt.

"Vous n'avez pas peur qu'un truc sorte de là et nous tombe sur le râble?"

Le médecin impoli de plus tôt se tenait à côté du militaire, scrutant avec méfiance les herbes et brands qui cachaient l'orée du bois de sa vision. Le soldat soupira en haussant les épaules, ne prenant pas vraiment la peine de répondre à l'énergumène. En se plaçant comme figure d'autorité, et dans ces circonstances, il avait fait sauter les liens hiérarchiques classiques et se devait de garder son rôle de meneur jusqu'à que les choses reviennent à la normale. Il s'approcha d'une escouade et s'enquît de leur état. La plupart d'entre eux se sentaient nauséeux du fait de l'angoisse mais ils étaient encore capable de se battre. Il continua, cherchant dans le même temps un escargophone pour contacter le blocus naval. Il finit par en emprunter un, un vieux modèle qui n'avait pas servi depuis longtemps. Après un certain temps à chercher la fréquence d'émission et de réception, il put enfin passer son appel.

"Ici le Lieutenant Décro Foin, de la 388ème. Qui émet?"

"Lieutenant? Ici Tenko Sozen, 3ème classe de la 388ème aussi. J'émets depuis les montagnes, nous avons rencontré des problèmes en ville. Est-ce que le Sous-Amiral Niromoto est à proximité?"

Une voix plus grave, plus profonde que celle de l'officier retentit. La voix de Niromoto.

"Quels problèmes, soldat?"

"Monsieur! Nous avons du faire face à un soulèvement populaire et nous avons perdu notre commandant mais nous avons pu protéger les médecins, la mission n'est pas compromise!"

"A combien estimeriez-vous vos chances de réussite?"

Le jeune homme s'interrompit, réfléchissant à tout les rails qui pourrait pouvaient lui permettre de répondre à une telle question. Il devait cependant donner une réponse rapide, au risque d'inquiéter l'amirauté, qui elle n'hésiterai pas pour donner une réponse au problème.

"Elles n'ont pas vraiment changé, nous avons de quoi venir à bout du problème!"

"Vous avez vingt-quatre heures. Dans ce délai, tirez une fusée éclairante si vous venez à bout du problème. Nous enverrons une autre équipe vérifier votre affirmation. Ce sera tout?"

"Ce sera tout, Sous-Amiral"

À ces mots, la conversation s'interrompit. La jeune femme qui s'était faite remarquer à plusieurs reprises s'approcha du soldat comme une furie, prête à lui mettre au visage toute l'inconscience dont il avait fait preuve quand des bruites étranges émanèrent du bois. Cela ressemblait à des cris d'oiseaux, mais beaucoup trop enjoués pour être réels. Par réflexe, Tenko se plaça devant la jeune femme pour observer la végétation. Il n'eut pas le temps de réellement s'y pencher que des coups de feu retentirent, fauchant l'espace soldats comme la faux abat le blé. Le jeune homm se jeta sur le médecin derrière elle, cherchant à la protéger. Les balles continuaient de siffle au dessus de leurs têtes mais dès qu'elles s'arrêtèrent, le troisième classe se leva et tira son sabre avant de charger les criminels qui émergeaient rapidement du sous-bois. Les autres survivants lui emboîtèrent le pas et très rapidement la mêlée se fit confuse.

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Un choix à faire

Tenko Sozen
Les armes s'entrechoquaient violemment et les hommes tombaient comme des mouches dans les deux camps. Les soldats avaient rapidement ramené la balance à son point d'équilibre mais ceux qui s'étaient révélés être des pirates ne semblaient pas lâcher le morceau. Tenko avait entendu celui qu'il pensait être leur chef leur demander de préserver quelques uns d'entre eux pour avoir une monnaie d'échange pour un ticket de sortie hors de l'île. Ignorant cependant que des médecins se trouvaient parmi les militaires, ils avaient abattus deux d'entre eux avant que le jeune troisième classe ne puisse en mettre un second en sécurité. Il se fit rapidement la pensée que parmi le trio, il fallait que le seul qui ait survécu soit le casse-pieds. Il balaya vite sa réflexion avant de se replonger dans le combat. Les combattants étaient réduits à une grosse quinzaine quand la mouette se lança une seconde fois dans le combat. Il tailla son chemin à travers les adversaires jusqu'à leur chef, qu'il engagea en bondissant. Les sabres des deux hommes se croisèrent mais le matin prît l'avantage en usant de sa main libre pour envoyer le forban au sol. Ce dernier, pour se rattraper, attrapa le masque de Tenko et l'entraîna avec lui dans sa chute. Le jeune militaire fut prit d'un hoquet de terreur et courut après son adversaire pour récupérer l'objet, retenant son souffle au passage. Voyant ça, le flibustier n'hésita pas et écrasa la protection sous sa botte avant de se relever dans un rictus.

"Tu es condamné comme nous maintenant, soldat! Dis à tes hommes de rendre..."

La lame du jeune homme traversait le buste du pirate triomphant. Il fit quelques pas en arrière avant de s'effondrer. La mouette se retourna alors et revint vers ses compagnons, au nombre de cinq en comprenant les deux docteurs et en l'exceptant lui. Une détonation retentit et le médecin ennuyant s'effondra. Tenko fit volte face une fois de plus et dans un gest d'extrême violence, il écrasa de son pied la gorge du malfrat avant de jeter, plein de rage, son sabre au sol.

"Fais chier..."

Il avança vers la lisière du bois, l'air hagard, traînant des pieds. La jeune femme essaya de le suivre mais l'un des rares survivants de l'affrontement la retînt par le bras. Le jeune troisième classe appuya sa main contre un des arbres, avant de poser aussi son front contre l'écorce. Il se laissa lentement tomber sur ses genoux, gardant sa tête contre le végétal. Son désespoir ne pouvais plus s'accentuer. Non seulement la mort des médecins compromettait totalement les maigres chances de succès qui restaient à la mission, mais il était maintenant potentiellement affecté par la maladie. Il frappa doucement le tronc et commença à jurer.

"Fais chier. Fais chier, fais chier, fais chier...FAIS CHIER!"

À mesure qu'il continuait d'extérioriser sa frustration, il frappait de plus en plus violemment contre l'arbre. Au bout de quelques instants, ses mains saignantes commencèrent à l'entrée faire suffisamment souffrir pour qu'il se rende véritablement compte de ce qu'il étais en train de faire. Il se recula et jeta un regard à ses compagnons restants qui fuyaient son regard. Sauf le médecin qui s'etait approché de lui. Elle avait pris ses mains et avait commencé à les nettoyer, sans attendre que la plaie ne s'infecte pour agir. Il l'interpella sans pour autant la regarder.

"Doc, dites moi qu'on peut encore y arriver..."

"Je ne sais pas, même le patient est mort durant l'assaut... Notre seul moyen ce serait de vous infecter."

"Alors faites-le. Si sauver cette île doit me coûter la vie, ça vaut le coup de le faire!"

"Si je vous infecte et que vous mourrez, c'est que j'aurai échoué. Vous êtes sûr de vouloir faire ça?"

"Bien sûr."

Se tournant vers le village, elle sembla scruter le paysage à l'ouest de leur position. De son doigt, elle remonta un cours d'eau avant de se tourner presque souriante vers la petite troupe. Ils comprirent qu'elle avait trouvé son lieu de recherche. Ils se mirent en route immédiatement, traversant plusieurs champs avant de se retrouver devant le large torrent qui alimentait le hameau en contrebas. Le groupe s'installa et la jeune femme se mit à prélever de l'eau. Elle se tourna vers son nouveau patient et lui expliqua ce qui allait suivre.

"Il va falloir qu'on isole le mode de transmission, et pour ça, on va devoir attendre un petit moment pour savoir si l'air lui-même est toxique. Si vous n'êtes pas malade d'ici une demi-heure, vous vivrez pour qu'on passe à autre chose."

Une fois le délai passé, rien ne s'était toujours passé aussi il absorba l'eau dans la même démarche. Au bout de deux heures cependant, rien ne sentait encore manifesté. Véritablement perplexe, le médecin décida que l'heure de la pose était venu et les soldats se restaurèrent de leurs rations, ayant enlevé leurs masques suite à l'information de sa toxicité. Tenko ayant perdu son barda durant l'affrontement, il dû se contenter d'une miche de pain récupérée dans le village. Quelques heures passèrent apres le repas et alors que la practicienne repassait toute ses connaissances en détail, le jeune soldat s'effondra dans des convulsions frénétique. Avaient-ils trouvé le poison?

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Situation finale

Tenko Sozen
"Ne le touchez pas, il faut simplement attendre que ça passe!"

Les soldats s'immobilisèrent sous les ordres de la doctoresse qui avait réagi au quart de tour. Elle avait éloigné du jeune homme les objets qui l'auraient possiblement blessé et attendait que la crise passe. Il n'y avait rien d'autre à faire que d'attendre que le corps du soldat commence à reprendre le dessus, sans quoi toute manœuvre se serait avérée dangereuse. Petit à petit, le corps de Tenko se secouait de moins en moins. Lui avait perdu connaissance au début de l'épisode. La jeune femme passa sa main près de la bouche du malade, cherchant à déterminer si sa respiration s'était rétablie. Quand elle put le déterminer, elle demanda aux autres militaires de l'aider à le mettre sur le côté, en position latérale. Elle bascula la tête du jeune troisième classe en arrière pour faciliter sa respiration. Petit à petit, Tenko commença à retrouver ses esprits. Le monde était brumeux autour de lui et son corps lui faisait souffrir le martyr. Devant lui se trouvaient trois créatures de forme et de couleur indescriptibles. Pris de panique, il essaya de se dégager mais la faiblesse de ses membres ne voulait pas le laisser s'évader.

"Qui... êtes-vous? Lâchez-moi..."

D'un point de vue extérieur, la jeune mouette semblait totalement déphasée, hors de la réalité. La doctoresse cumulant les observations, elle se tourna vers le repas qu'il avait laissé un peu plus tôt inachevé, par manque d'appétit. Elle attrapa le pain, et la révélation lui vînt.

"Du seigle... Ils nous font tous de l'ergotisme!"

Dans la foulée elle se retourna vers les hommes et leur demanda d'aller chercher de l'ail et d'autres ingredients, à défaut d'avoir des médicaments appropriés à portée de main. Le tout était de créer des vassaux constricteur qui permettraient au corps de lutter seul contre la maladie. Après une petite heure, les soldats revinrent avec les composants. Immédiatement, le médecin se mit à confectionner la préparation qu'elle s'efforça de faire liquide. Apres dix bonne minutes, elle put enfin l'administrer au troisième classe dont l'état se dégradait rapidement. Une fois de plus, tout n'était qu'une question de patience. Deux heures passèrent, rythmée par des gémissements et des hallucinations qui allaient décroissantes. À un certain moment, la doctoresse se rapprocha de son patient et essaya de lui parler.

"Est-ce que vous me reconnaissez?"

Tenko ressentait de la difficulté à parler mais il s'en efforça. Son ton était haché et sa voix faible, mais il articulait correctement pour se faire comprendre.

"Je sais... qui vous êtes... Mais je... ne connais pas... votre nom..."

La jeune femme ne put s'empêcher de sourire. Les hallucinations s'étaient dissipés grâce à la régulation du flux sanguin. Restait à déterminer si la douleur était toujours présente.

"Je ne vous l'ai jamais donné. Jane Vantis, c'est mon nom. Et vos douleurs, troisième classe..."

"Sozen... Tenko Sozen... J'ai... encore mal... Mais je crois... que ça s'amé... liore..."

"Alors reposez-vous."

Le jeune homme ferma les yeux et s'endormit, encore souffreteux. Il se réveilla quelques jours plus tard, dans cet hôpital qu'ils avaient précipitamment quitté quelques jours plus tôt. Il émergea lentement de son sommeil récupérateur. Une fois qu'il eu recouvré ses sens, il jeta un œil autour de lui. Les patients semblaient tous bien traités, même si certaines pertes avaient été inévitables. Il essaya de bouger mais il était bien trop faible pour cela. Des soldats passaient entre les lits pour assurer la logistique. Un homme s'approcha alors. 

"Troisième classe Sozen?"

"Lui-même. Vous êtes?"

"Lieutenant-colonel Paronas. C'est le Sous-Amiral qui m'envoie pour vous féliciter de votre courage sur l'île. Le docteur Vantis a mentionné votre rôle crucial dans l'affaire. Bien joué, soldat."

"Est-ce qu'elle est dans les parages?"


"J'ai bien peur qu'elle ait été appelé ailleurs."


"Très bien... Merci, lieutenant-colonel.


L'individu commença à tourner les talons mais laissa glisser une dernière phrase avant de véritablement partir de son côté. 


"Votre carrière a de grandes chances de décoller. Il me tarde de voir ça..."


Il laissa enfin le troisième classe seul avec ses pensées. Le blocus s'était disloqué suite au traitement de la majorité des habitants de l'île. Les quelques cadavres infectés avaient été brûlés par prudence et les soldats tombés dans l'embuscade pirate avaient été enterrés en grande-pompes. Un monument serait dressé en leur mémoire, eux qui avaient donné leurs vies pour cette île. Tenko ne put s'empêcher de sourire. Il s'était engagé en pensant qu'il n'accomplirait que des actes ordinaires, et il venait de mener à bien un exploit avec ses camarades. Il retourna dans le sommeil cette pensée à l'esprit.

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