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Retrouvez vos droits, citadins !

    « Puru-puru-puru… Puru-puru-puru… »

    Le denden retentit. Je suis seul dans un des restes d’ossements de dinosaure. Sans attendre plus longtemps, je réponds sans avoir la moindre idée ce qui m’attend au bout du fil. En y réfléchissant d’un peu plus près, je ne vois pas de qui il peut s’agir, si ce n’est mes quelques connaissances sur les blues…

    « Ragnar  Etzmurt ? » Demande une voix de femme.

    « Lui-même. »

    « Tu es seul ? »

    « Certainement. À qui ai-je l’honneur ? »


    « Emilie Knox. »

    Je me mets à tousser à l’écoute du nom.

    « Hum. Très bien. Que puis-je faire pour vous ? »

    « On m’a informé de votre présence sur Little Garden. Me confirmes-tu cette position ? »

    « Absolument. »

    « Rends-toi sur Jaya. Un Log Pose se trouvera sur ton navire laissé au large, pour te rendre sur l’île en question. Jaya est une île en reconstruction, le gouvernement tente de s’y installer après voir détruit l’endroit, mais l’île est plus révolutionnaire que gouvernementale, elle a besoin d’un coup de pouce pour s’imposer, si tu vois ce que je veux dire. »
    Un ton bien trop vicieux pour moi.

    « Je n’aurais pas d’autre consigne ou recommandation, j’imagine ? »

    « Beaucoup de personnes m’ont vanté tes mérites, dont Mandrake et ton ami Rafaelo, alors j’imagine que tu es tout à fait apte à réaliser de grandes choses avec un minimum d’outils. Je te conseille avant toute chose de rencontrer le maire de l’île. Sur ce, camarade, d’autres chantiers m’attendent. »
    Elle raccroche sans prendre la peine d’écouter ma réponse.

    Je chope la cornemuse et souffle un bon coup pour rappeler tous les hommes. Il est temps pour nous de quitter cette foutue île aux températures tropicales désagréables pour ma forme. Un peur d’air frais ne pourras que me revigorer. J’ordonne à tous de récupérer nos affaires, de préparer nos provisions pour le voyager et de se rendre immédiatement sur le navire. Robert nous y attend déjà. Suelto et Maria, toujours ensembles, organiser les allers-retours de l’île au navire, du navire à l’île, les ordres de passages…

    [•••]
    Une heure et des brouettes plus tard.

    Cap sur Jaya. Nous sommes tous à bord, enfin prêts à reprendre du service. Les derniers sont pris en charge par Robert, médecin de bord, et Maria, qui concocte des remèdes grâce à ses connaissances de botaniste. Cette partie de son histoire reste tout de même un mystère. Je ne sais absolument pas à quel moment elle est passée de la botaniste à la tueuse sanguinaire. Mais heureusement pour nous, sans doute grâce aux nombreuses responsabilités que je lui lègue, elle a fini par apprendre à contrôler ses pulsions.

    Dans l’ensemble, le groupe est très satisfait de changer de lieu, de quitter cette zone sauvage. Il est vrai qu’elle n’a pas été très tendre avec eux. Les animaux de la jungle devenaient de plus en plus violents et agressifs, me contraignant d’assurer la protection de mes hommes en permanence. Le tyrannosaure nous recherchait activement. Je le voyais grâce au haki, mais j’ai aussi constaté qu’il n’était pas le boss de cette foret. Quelque de moins imposant mais de plus puissant existe.

    Adieu, Little Garden. Tu m’auras une seconde fois changé à tout jamais.
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    « Là, une île en vue, c’est Jaya ! » Hurle la vigie avec le navigateur qui confirme.

    Nous y voilà enfin. Nous commencions à manquer de provisions, mais rien d’alarmant pour ces types qui ont visiblement été formés à la dure. Aucun n’a rechigné, chacun s’est contenté de ce qu’il y avait sur son assiette et bossé comme un chien. Ils mériteront tous une bonne journée de repos, le temps que je m’occupe de cette mission que l’on m’a confié. Mais chaque chose en son temps, nous devons d’abord embarqué.

    Le port est assez impressionnant. De nombreux navires commerciaux y stationnent et y partent, sans presque aucune interruption. La circulation est plutôt bien gérée, puisque c’est très bien indiqué et qu’il n’y a pas d’embouteillage malgré le flux de navires. Première impression : est-ce vraiment celle que l’on appelait la « Catins des Mers » ? De ce que je vois, ça ressemble plus à une capitale commerciale plutôt qu’à une île dévastée par une terrible bataille.

    Du coup, la première place de libre qu’on voit, on la prend sans la moindre hésitation. Tous contents, les hommes se hâtent pour amarrer le navire contre le quai, ranger ce qui doit être rangé et ne prendre avec eux que le strict nécessaire. Mais avant de les laisser filer n’importe où, je tiens quand même à leur adresser quelques mots.

    « Messieurs, avant toute chose, je suis fier de vous pour la manière avec laquelle vous vous êtes battus sur Little Garden. Ce constat doit être fait, de nombreuses personnes s’y sont aventurés et ont cessé de combattre en y voyant les nombreux dangers. Ensuite, je vous laisse au moins un jour de repos pour votre travail d’esclave dans des conditions très peu favorables pour venir jusqu’ici. Cependant, n’abusez pas de la boisson et de comportements sortant du cadre de l’île, nous ne sommes pas chez nous et, contrairement à Little Garden, je n’aurais aucun pouvoir pour vous aider. Bon repos ! »

    Sans crier, sans courir, seulement avec de bonnes mines et quelques blagues, ils partent à tous à l’aventure, leur aventure. La mienne, celle de Maria et Suelto, commence dès maintenant. La tâche ne sera pas aisée. Rencontrer le maire est déjà bien assez intimidant, tant par l’autorité qu’il impose en homme juste, que par sa puissance qui, parait-il, est assez impressionnante.

    La cité n’est pas si petite qu’on l’imagine, au contraire. Suelto part se renseigner, Maria observe les environs d’un air ébahie, cherchant certainement de la verdure à étudier, mais il n’y a que des bâtisses en pierre qu’elle analyse. Et me concernant, je reste figé sur place, concentré et mon attention focalisé sur ce que je peux entendre au sujet du maire.

    De nombreuses conversations futiles, essentiellement des marchands qui parlent de leurs marchandises, de leur voyage jusqu’ici, de la femme avec qui ils passeront la nuit ce soir… Ces vieux goujats, pas un pour rattraper l’autre. En même temps, ils voyagent tellement qu’avoir une vie de famille stable me semble plus que délicate.

    Je ne suis pas encore au point avec mes nouvelles capacités, je me laisse trop absorber par les potins des uns et des autres, sans jamais réellement me focaliser sur ce qui m’intéresse réellement. Heureusement, mon petit rouquin revient avec de bonnes nouvelles. Maria anticipe et me rejoint également. Le maire est apparemment un charpentier exceptionnel qui a monté son projet ici.

    « Direction l’atelier de charpentier de monsieur Belmud ! » M’exclamé-je avec un semblant d'enthousiasme.

    Sans un mot, les deux autres me suivent. J’ai parfois l’impression d’avoir à faire avec des agents du gouvernement, ou de je ne sais quoi, mais leur silence m’inquiète. J’exagère. En réalité, Suelto peut être un grand bavard, mais depuis qu’il est avec Maria, moins. À croire qu’elle déteint sur ce dernier.

    D’une marche active, nous nous rendons en direction, en suivant les directives de notre guide par défaut. En fait, nous n’étions pas si loin, puisque pour faciliter le remorquage des navires à l’atelier, l’idéal reste que ce dernier soit au bord de la rive. En longeant le port, on arrive donc face à ce fameux atelier de charpenterie, avec un espèce d’accès creusé pour permettre aux navires d’y entrer.

    « Bonjour, je suis à la recherche du maire de la cité, un certain Manegârm Belmud. » Dis-je en saluant tous les travailleurs qui me regardent quelques instants sans rien dire, avant de se remettre au travail.

    « En quelle honneur ? » Me demande un homme imposant qui transporte avec lui un sacré marteau.

    « Hum… Quel serait le motif le plus vendeur, Suelto et Maria ? » Que je leur balance en chuchotant.

    « Démmerde-toi. » Répondent-ils en coeur.

    La mine un peu déçue, je réponds timidement : « Politique ? »

    « Tu n’es de toute évidence pas un membre du gouvernement, ni même un méchant pirate, alors je t’accorde au moins le privilège de me dire ce qui t’amènes ici, Ragnar Etzmurt. »

    Là, nous avons un problème. Il n’est pas sensé me connaître. Je vois Suelto se taper désespérément le front, ne comprenant pas comment une telle chose est possible. Le type ne semble pourtant pas être malveillant, disons plutôt protecteur, alors si nous restons dans les clous on devrait s’en sortir indemne. Parce qu’excepté ce dernier, tous les autres m’ont l’air plutôt balèzes. Encore un drôle de voyage, tiens.
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« T’en fais pas, p’tit gars, je m’intéresse beaucoup à ce qu’il se passe au niveau de l’esclavage dans le monde. J’ai lu tes exploits sur l’île aux esclaves, c’est fascinant. J’aimerais pouvoir en faire autant, mais des responsabilités m’incombent ici. »

Bon, déjà, point positif : il n’est pas hostile à ce que je suis et à ce que je défends. Mais qu’en sera-t-il quand je lui annoncerais la raison de ma venue ? Pour tout leader, qu’un inconnu se ramène chez lui pour déballer des tas de pensées et d’idées d’action, c’est jamais bon signe. Alors je réfléchis quelques instants à comment amener ça, sous les regards très observateurs de mes deux confrères.

Comment lui dire que je suis ici pour effacer toute trace du gouvernement mondial sur cette île ? Parce que bien sûr, cela implique certaines choses, comme peut-être un retour de ces derniers s’ils tiennent à l’île. D’ailleurs, je réalise seulement maintenant la merde dans laquelle je me fourre. Si le gouvernement réagit, qu’il m’envoie toute une armada, je risque aussi d’y passer… Tant pis.

« Par où commencer…? Tu connais mon appartenance, tu te doutes que la raison de ma vue implique certaines choses… »

Je bafouille. Aller droit au but.

« Cette île doit retrouver son once révolutionnaire. » Ton de voix déterminé, c’est ainsi que je conclus.

Le maire se tient le menton et réfléchit.

« Tu ne le sais sans doute pas, mais nous sommes en train de nous remettre d’un terrible massacre. Le gouvernement a détruit cet endroit que nous tentons de reconstruire avec les ruines et la sueur de nos fronts. Les citadins ne voudront pas revivre ça, je suis désolé. » Dit-il en serrant son marteau. L’expression de son corps contredisent ses propos.

« Vous ne pouvez pas accepter cette situation. »

« La vie de ces gens est redevenue à peu près normale, je ne pense pas qu’ils veulent revivre ce désastre et c’est tout à fait légitime. »

« Laissez-moi leur parler ! » M’exclamé-je vivement.

« Fais donc, gamin. Ton optimiste me rappelle ma jeunesse. »

Sans un mot, je me retourne vers la sortie plus déterminé que jamais. Je n’ai pas réellement de plan d’action, mais j’imagine que ça me viendra dans la foulée.

« Je te conseille de te rendre vers l’entrée des égouts, à l’extrémité du port, ça pourrait t’intéresser. » M’interrompt-il.


Je me freine quelques instants, puis je réenclenche ma marche en levant le bras en guise de remerciement. Nous quittons l’atelier vers la destination indiquée. La marche se fait silencieuse. Je marche en tête, les deux autres derrière moi. Nous nous éloignons de la cité, on approche d’un espèce de terrain où l’on peut voir une grande sortie d’égout.

« Et donc… tu comptes réellement te fourrer dedans, sans rien savoir de plus ? » S’interroge Suelto.

« Avons-nous d’autre choix ? »

« J’en sais rien. Mais quoiqu’il en soit, s’enfoncer là-dedans ne me semble pas être une bonne idée. »

« Que proposes-tu comme alternative ? »

« C’est toi le boss, crétin. »

« Tu devrais donc obéir sans broncher. »

« Calmez-vous, connards… J’vous suis pas pour ce genre de conneries, compris ? » Tempère Maria, à sa manière. « Allons voir ce qu’il se trame là-dessous, nous ne sommes plus à ça près, le danger c’est notre drogue. »

« Parle pour vous, je n’aime pas ça… Mierda ! » Grogne Suelto avant de passer devant, barbotant quelques mots dans sa langue natale.

Il n’a pas aimé la remarque de Maria, c’est certain. Il va lui montrer qui est l’homme dans l’affaire. Suelto est quelqu’un de très brillant malgré son apparence de bad boy, c’est certainement la tête pensante du groupe. Il n’aime cependant pas diriger, estimant que c’est à moi de prévoir, d’élaborer des plans sûrs pour l’équipage. Là, je connais nos capacités à tous les trois, j’ai confiance en chacun de nous.

Il s’arrête à l’entrée de l’espèce de tunnel et nous y attend. Ce dernier me jette un regard signifiant probablement « t’es le leader, t’as ton foutu haki, alors passe devant et me fais pas chier ». Il dégage actuellement une telle animosité que je n’aimerais lui désobéir. Il m’est tellement utile que je ne voudrais trop le contrarier.

Comme convenu, je passe devant, inspire un bon coup et entame la marche en me concentrant essentiellement sur mes sens. Pour l’instant tout baigne dans ce foutu tunnel, on s’enfonce progressivement dans ces foutus égouts. Faut réellement que la révolution pense à se respecter un jour, j’en ai marre de croupir dans des endroits aussi dégueulasses.

« Vous sentez cette odeur nauséabonde ? » Demandé-je étonné.

« Celle des égouts, capitaine… » Me répond Maria avec lassitude.

« C’que tu peux être con. » Rajoute Suelto.

Nous sommes clairement désavantagé dans ce milieu obscure, nous ne voyons quasiment rien. Seule l’ouïe peut éventuellement nous guider et nous avertir d’un potentiel danger. D’ailleurs, nous entendons tous l’eau s’agiter, jusqu’au moment où on fini même par être légèrement éclaboussé par cette agitation. Maria a déjà dégainée sa lame, Suelto chargé son fusil, ils font preuve d’énormément de sang-froid.

Mais soudain, quelque chose surgit de l’eau, j’identifie une aura fine, longue et plutôt souple vue comment elle se tord dans tous les sens. Elle reste en hauteur de notre position, nous regarde de haut, alors j’en déduis qu’elle peut soit nous voir, soit nous sentir. Pour le moment, personne ne bouge, peut-être décidera-t-elle de s’en aller.

Il n’en est rien.

D’un seul coup, l’aura se projette vers nous à une vitesse assez conséquente. J’esquive la charge en me déplaçant d’un pas vers ma gauche, sauf que je ne l’arrête pas de suite, mes deux camarades recevront l’attaque de plein fouet. Je dégaine instantanément ma lame que j’enfonce à deux mètres de sa tête, puis j’allonge mon bras d’un petit mètre vers le ciel pour réduire la distance qui la sépare des deux camarades, immobiles, qui se seraient pris une charge avec surprise.

« Ah ! J’ai des allumettes dans ma poche ! » S’exclame Suelto.

Il allume une allumette et tombe nez à nez avec l’espèce de serpent énorme. L’expression de Maria ne change pas d’un poils, comme à son habitude, elle reste totalement indifférente face à la situation. Pour ce qui est de Suelto, après un léger sursaut au niveau des sourcils, son visage se crispe, finissant par se pincer le nez.

« C’était donc ça qui sentait le mort… Enlève-moi ça de là, por favor. » Lâche-t-il en détournant le regard de la chose.

Je m’attendais à des hurlements, mais que dalle, seulement un sourcillent. Je suis entouré de monstres ou quoi ? Une personne lambda aurait quitté le tunnel sans criant comme une tafiole. En même temps, j’imagine qu’ils ne sont pas mes plus fidèles compagnons pour rien. Je retire ma lame, et d’une rotation d’une corps, je balance un coup droit, à l’instar d’un joueur de tennis, qui tranche nette la partie haut du serpent.

Nous continuons la marche, toujours sous une extrême vigilance, discutant de tout et de rien, mais aussi en priant que le reste de l’équipage n’est pas provoqué de problème. La marche se résume à des récits, des injures, beaucoup d’injures parce qu’on aime ça, puis à quelques plaintes dû au manque de visibilité.

Nous tombons nez à nez face à trois entrées. Naturellement, il va falloir choisir laquelle prendre, sachant qu’une seule doit mener à l’endroit souhaité et que les deux autres… surtout sachant que c’est tenu par la révolution, je crois que l’envie de savoir me quitte. Suelto se creuse les méninges pour trouver une solution, Maria est toujours aussi peu expression, c’est d’ailleurs miraculeusement la première à s’exprimer.

« Il y a trois voies, nous sommes trois, chacun en choisit une. » Dit-elle naturellement.

« Ferme-la si c’est pour sortir des âneries, veux-tu ? » Rétorque Suelto agacé.

« Répète un peu pour voir, latino-roux de merde ? »

« J’ai certainement trouvé la voie. » Que j’affirme à haute voix pour calmer les tensions.

« Certainement ? C’est pas assez, grignon ! » S’excite le rouquin.

« La voie tout à droite et celle du milieu, j’entends des espèces de grognements pas du tout rassurants, tandis que tout à gauche, je crois percevoir des voix à peu près humaines. C’est très flou. De toute façon, je vais à gauche donc faites ce que vous voulez. »

J’entame la marche. Forcément, l’espace est plus réduit, le chemin plus étroit, c’est encore moins éclairé et rassurant. Les deux autres restent sur place quelques instants en se dévisageant du regard, puis ils finissent tout de même par me rattraper. Nous ne savons absolument pas ce qui nous attend au bout de chemin, mais nous ne pouvons plus faire demi-tour.
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« Tu m’emmerdes, Maria, ferme-la un peu. » S’agace Suelto.

« Continue comme ça, je te tuerai et même Ragnar ne pourra rien y faire. » Rétorque Maria, amusée.

« Oy ! Cessez donc vos disputes conjugales, les tourtereaux. » Envoyé-je en me moquant.

« Veux-tu mourir aujourd’hui, gringo ? » Bel accent espagnol du roux.

« Ta quête peut échouer dès aujourd’hui, Ragnar, penses-y. » Répond Maria avec une voix sanguinaire.

Je ravale ma salive et poursuis ma route. Je perçois de nombreuses qui nous attendent à la sortie de mini tunnel. Les injures à outrances envoyées par nos deux microbes ont certainement attiré l’attention. J’ordonne d’un signe de la main qu’ils restent derrière moi, c’est ainsi qu’ils retrouvent leur sérieux et se tiennent prêts à riposter en cas d’attaque.

Sortant le premier de ce tunnel, je me retrouve nez à nez avec des hommes et des femmes, équipés de fourches, de lames et de pistolets, tous n’attendant qu’un seul ordre pour me tirer dessus. Mes deux compères sont rapidement dans les viseurs de ces jeunes gens. Un accueil des plus amusants, enfin c’est certainement ce que doit se dire Maria, tarée qu’elle est.

« Bonjour, ou bonsoir vue l’obscurité de l’endroit. Je m’appelle Ragnar Etzmurt, un simple type qui libère des esclaves et qui n’aime pas trop le gouvernement. Vérifiez mon identité, je ne bouge pas. »

L’un des types part aussitôt vérifier les infos. Je tente de paraître cool, mais cela a presque l'effet inverse.

« Pendant ce temps, je vous explique la raison de ma venue ici. Je crois comprendre que vous avez tenté de contacter la révolution pour vous aider ? Votre appel a bien été reçu : la cavalerie est arrivée. » M’exclamé-je vivement.

Je ne vois cependant que des mines dépitées.

« Sérieusement, on nous envoie un type à la parlotte facile et prétentieux, un rouquin et une demoiselle au regard peu commode… C’est ça, la cavalerie dont tu nous parles ? » Dit un homme âgé peu amusé par la situation.

Hum.

« C’est un homme est un révolutionnaire ! » Crie le type parti plus tôt pour vérifier mon identité.

Sans blague. Je pense que tout le monde s’en doutait, crétin. Mon regard tombe désespérément vers le sol.

« Il a effectué de nombreux actes à l’encontre du gouvernement, notamment deux fois sur l’île aux esclaves en y libérant un bon nombre d’entre eux. Il a également fait parti de la grande bataille sur Kanokuni… » Reprend-t-il.

C’est un peu plus vendeur, jeune homme.

« On ne nous a peut-être pas envoyé n’importe qui, finalement. » Ricane un autre type.

Mais j’entends soudainement des pas lourds, à environ une cinquante de mètres de notre position, je dirais un homme vue l’aura qu’il dégage. L’homme imposant se rapproche, la silhouette se dessine, ça n’a pas l’air d’être un rigolo. Mes blagues seront certainement de mauvais gouts avec lui. Tout le monde s’écarte pour lui laisser place. Il se tient maintenant face à moi. Physiquement impressionnant.

« Comment est-ce qu’une séduisante femme, un rouquin au regard de feu et un… samouraï ? C’est quoi c’te dégaine sérieusement ? » Me balance cet homme imposant, avec une voix toute aussi imposante.

« Surveille ton langage, gros tas de muscles. Je ne suis pas venu jusqu’ici pour me faire insulter, alors présentez-moi le leader que l’on puisse parler de choses concrètes. »

Je vois tout le petit monde autour se retourner vers la boule de muscles qui se tient face à moi. Qu’est-ce que je dois comprendre ? C’est lui, leur boss ? On ne va définitivement pas s’entendre. D’autant plus qu’il semble entièrement réfractaire à tout ce que je pourrais annoncer. Saloperie. J’ai beau réfléchir, mon esprit est obstrué par l’envie de lui refaire le portrait.

« Le leader ? Si tu ne l’as pas déjà rencontré, il s’agit du maire de la cité, Belmud. Quant à moi… »

« Merci. Tu as répondu à ma question. » Dis-je en me retournant vers mes acolytes et en ignorant le gros machin.

« Tu ferais peut-être mieux de l’écouter, Ragnar. Quelque chose me dit qu’il pourrait nous servir à quelque chose, au-delà de sa force, il semble être respecté ici. » Suggère Maria.

Hum. Il a peut-être raison. Ce n’est pas le moment de me faire des ennemis dans mon propre rang. Les choses doivent avancer, et ainsi, je n’aide pas à la construction de lien ou de négociation. Dans le fond, avec du recul, je comprends le comportement de ce type qui, ne l’oublions pas, ne souhaite que protéger les siens.

Cependant, quand je me retourne vers ce dernier, je vois sa massue traverser mon corps avec vitesse et robustesse. Quelle force ! Sans les capacités de mon fruit à fluidifier mon corps, je serais probablement tordu en deux par son coup. Agacé par mon comportement, il souhaite me démontrer sa force. Je le vois toutefois surpris par son échec, provoquant ainsi la surprise des autres, étonnés par mes capacités.

« Un logia… S’pèce de connard. » Marmonne-t-il.

« Il s’excuse pour son comportement. » Tempère Suelto.

« Je m’excuse. » Dis-je en ravalant ma fierté. Ce n’est pas à Suelto de parler à ma place, je suis le leader après tout. « Mon but n’est en aucun cas d’imposer mes plans, d’imposer ma puissance - au passage inférieur à celle de vos supérieurs, ni même de m’imposer dans cette cité. Je viens seulement vous prêter mains fortes. Tentons de trouver ensemble des solutions, plutôt que de nous tirer la bourre sans arrêt. »

Après un long moment d’hésitation, de grognement, d'inspiration et d'expiration, la brute décide de prendre la parole.

« Ragnar ? J’m’appelles Sam. J’me charge d’entraîner les types au combat, puis j’suis un ami de Belmud. Si tu es ici, c’est qu’il t’y a envoyé, j’me trompe ? »

« Aucunement. »

« T’as un plan ? Tu n’es pas sans savoir que les citadins, nos frères, ont subis une terrible attaque d’un équipage de la marine… Ils s’remettent encore difficilement, alors qu’importe le message à envoyer au gouvernement, nous n’souhaitons pas revoir ces enflures tout saccager une nouvelle fois… »

« Frères et soeurs, si dans quarante-huit heures, je ne me suis pas représenté face à vous, estimez que je ne vous serez d’aucune aide et donc déjà parti. »

Je retourne mes pas, avance vers la sortie en dépassant Suelto et Maria qui me suivent. Nous sortons de ces égouts plus vite que nous y sommes entrés. Pourtant si préoccupé, je ne marche pas plus vite que d’habitude, mais aucun serpent visqueux n’est venu nous déranger. La lumière du jour est de nouveau visible, la sortie est proche. Mais à peine le pied franchi vers l’extérieur qu’une silhouette qui ne m’est pas inconnue se tient devant moi…
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« Alors, cette visite ? » Se marre Belmud.

« Constructive. » Dis-je en détournant le regard, déçu de la confrontation.

« Tu n’es pas sans savoir que ces pauvres gars ont vécu un enfer, tu ne peux pas les blâmer. Ils sont valeureux, s’entrainent pour justement être capable de défendre leur cité, mais ils ne sont pas encore prêts à essuyer des pertes. Tu vas devoir faire avec ça. »

« Je me retire quelques heures. Si je ne reviens pas d’ici là, oubliez-moi, c’est que je ne peux rien faire pour vous actuellement. »

« Je vois. »

« À vrai dire, je n’ai jamais mené une bataille sans perte. Une telle chose est possible ? Je n’ai que très peu discuté avec les plus grands stratèges de la cause, mais je doute qu’ils soient parvenus à une telle performance, du moins pas tout le temps. Ma dernière bataille, sur Kanokuni, de nombreux frères sont tombés au combat, sous mes yeux impuissants. J’ai beau avoir progressé depuis, le résultat aurait été le même. La vérité est que seul, malgré toute la puissance que nous pouvons déployer, il est impossible de sauver tout le monde. Heureusement que mes deux camarades ici présents sont avec moi. À l’instant où je te parle, Belmud, je ne peux absolument rien pour vous avec vos conditions actuelles… Je ne suis pas à la hauteur pour réaliser un tel exploit. »

Je me retourne vers l’horizon, direction vers laquelle je vais me rendre.

« Ragnar ! » Hurle Belmud.

Je m’arrête.

« Je ne te connais pas encore, je n’ai suivi qu’une partie de tes histoires, mais je crois pertinemment que tu ne nous laisseras pas tomber. Bon vent, compagnon ! Dans l’espoir de te revoir. »

Je reprends silencieusement la marche, suivi de mes deux compagnons, tous silencieux également. Nous marchons tous vers un terrain complètement vague, désert, sans trace d’aucune vie. De larges étendues d’herbe où je décide m’installer. Maria s’empresse d’aller cueillir quelques échantillons dans son coin, tandis que Suelto, face à moi, reste debout.

« Que comptes-tu faire ? »

« Honnêtement ? Me casser d’ici. »

« Pourquoi ne pas partir maintenant ? »

« Très bonne question, saleté de latino, très bonne question. Je garde espoir de trouver une solution avant la fin de la journée. »

« Tu ne fais que te lamenter, gros con. Tu ne cherche absolument une quelconque solution. T’en veux à ces gens pour leur lâcher, tu cherches un moyen de les manipuler pour te suivre dans ton funeste destin. Le Ragnar que je connaissais avant avait au moins le mérite d’être franc dans ses démarches, celui-ci a juste le mérite d’être éventuellement plus malin que les autres. »

Des paroles bien dures à avaler. »

« T’es qu’un inconscient égoïste. La vie humaine n’a-t-elle donc si peu de valeurs pour toi ? Où est passée ton empathie, toi, qui ressens les choses mieux que quiconque ? »

Deux états se disputent au plus profond de mon être : tristesse et colère. En colère pour ses accusations, mais triste parce qu’il se peut qu’il ait raison. Suelto est souvent très juste dans ses jugements, clairvoyant et relativement neutre. Il prend beaucoup de recul et ses propos proviennent souvent d’une longue réflexion. Pour toutes ces raisons, je suis tenté de le croire.

« Admettons que tu ai raison, auquel je suis un sans coeur, ça ne règle en rien nos histoires. »

« Tu as le reste de la journée pour y réfléchir. Tu dois seulement prendre en compte que les citadins tiennent à leur vie, comme tout individu normalement constitué, je crois. » Dit-il en me fixant avec insistance.

À croire que je suis suicidaire. Je m’étale au sol, les jambes et les bras écartes, tout en observant ces nuages qui défilent au-dessus de moi, jusqu’à ce que le soleil déblaye tout ça. Le visage ébloui, je fronce légèrement les sourcils, continuant d’observer ce ciel magnifiquement bleu. Je ne pense plus à rien à cet instant. Non. Je contemple simplement ce que m’offre la nature. Et peu à peu, mes yeux se ferment, sous la fatigue accumulée ces derniers jours.

[•••]

« Oy ! Tu t’fous de ma gueule ? C’est l’moment d’dormir là ? » Me réveille Suelto en me frappant légèrement le crâne avec le bout de son fusil.

Pas le meilleur réveil pour tout vous dire.

« T’as trouvé une solution avant d’dormir, enflure ? »

« Non. »

Il me tire une balle en pleine tête. Celle-ci traverse simplement mon crâne, liquide, sans la moindre douleur. Suelto sait que c’est inefficace contre moi. Je ne comprends pas tellement le but de son action.

« Si je pouvais te tuer, je l’ferais. »

Ça a le mérite d’être clair, au moins. Je me gratte la tête quelques instants.

« Le problème que dès que la marine aura posée le pied sur l’île… »

Mes yeux s’écarquillent, s’illuminent, je reste figé quelques instants sans rien dire. Mon cerveau entre en surchauffe, ma tête se met à bouger toute seule avec tout l’influx informationnel qui entre et ressort aussitôt. Des plans entrent, sortent, se peaufinent, se faussent, on recommence.

« Nous devons absolument retourner dans les égouts ! »
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De retour Là-dessous.

Se tient face à moi de nombreuses, dont trois qui se démarquent, et pour cause, ce sont Belmud, Sam et un autre que je viens tout juste de voir. Ils n’attendent que ce qu’il va sortir de ma bouche. C’est la première fois de ma vie que l’on attend que je dise un mot. En même temps, cela s’explique par le fait que je sortais pas mal de conneries, autrefois.

« T’attends quoi, gamin ? » Grogne Sam.

« Pardon. Ahem. Ma réflexion ne s’est portée que sur le fait que nous ne devons essuyer aucune perte. Je ne suis pas un grand stratège, ni même un guerrier hors paire, mais les quelques batailles effectuées m’ont prouvé qu’il y a toujours des pertes. Du coup, chers amis, vous m’emmerdez un peu. On peut pas vouloir défendre une volonté, une vision, sans penser à perdre des frères et- »

« Abrège, merde ! » Me tempère Suelto en m’attrapant rapidement la tête, voyant que je m’agace.

« Bref. Avant toute chose, un message doit être envoyé au gouvernement, sans lequel il ne considérera pas que nous ne sommes plus sous sa tutelle. Une idée ? »

Sam et l’autre personnage se retournent vers Belmud, sourire aux coins des lèvres.

« Qu’est-ce que vous suggérez avec vos têtes de demeurés ? » Se questionne Belmud, peu enthousiaste.

Celui que je ne connais pas se met à rire.

« Dépêche-toi, le Fauconnier. » S’impatiente Belmud.

« Eh bien, mon vieil ami, tu as toujours la volonté de créer la véritable justice, celle qui abolie les les privilèges de la noblesse, celle qui sera honnête et dans une logique de respecter l’Homme. Et ainsi, qui est le seul être sur cette île assez fou pour ne pas approuver cela ? »

« Quand bien même, que veux-tu faire de lui ? ll est quand même le défunt roi de Jaya. »

J’esquisse mon plus grand sourire. C’est parfait !

« Héhé. Lui trancher la tête et l’envoyer chez ses amis du gouvernement, bien sûr! » S’amuse Sam.

Les têtes se crispent, un malaise s’installe.

« Il doit y avoir un autre moyen. » Rétorque Belmud.

« Oui, envoie-leur une lettre, c’est vrai qu’ils certainement prendre le temps de la lire… Puis avec un peu de chance ils seront un peu préoccupée par celle-ci. » Dis-je froidement en détournement le regard.

Le visage des citadins se décomposent peu à peu.

« Mais si l’on fait ça, c’est le buster call qu’on va prendre en pleine figure… » Dit un homme en tremblant de peur.

« Sérieusement, quoi. Je ne sais pas trop ce que vous recherchez réellement, mais le monde où dont nous rêvons tous, il faut se le créer par le sang et des innombrables combats. La réaction du gouvernement est bien entendue prévue, c’est uniquement pour cela que je suis ici. »

« Quel est ton plan, Ragnar ? » M’interrompt le Maire de la cité.

« La réflexion s’est faite à partir du moment où je me suis dit que dès que la marine aura posée un pied sur le sol de cette île, l’objectif de zéro perte sera impossible. Ainsi, l’idée est de les garder en mer m’est apparue comme une évidence. Et les charpentiers, monsieur le Maire, nous allons avoir besoin de votre aide. J’ai pour idée d’empêcher les navires de la marine d’atteindre le port, notamment avec des épaves de navires, afin de les canarder avec des canons. Placés de face, ils ne pourront logiquement pas riposter avec leur armurerie. Pendant ce temps, une équipe de plongeurs percera les coques des navires, afin de les faire couler, mais il nous faut du matériel de qualité. Le petit point à éclaircir, ce sont le ou les possible(s) officier(s) supérieurs qui pourront certainement atteindre la terre-ferme grâce à leurs capacités. Je m’en occuperais, si possible avec toi, Belmud, puis Sam et visiblement celui que l’on nomme le Fauconnier. »

Le silence a prit place. Chacun réfléchit à ce que je viens de dire, mais c’est bien trop long, j’ai l’impression que l’idée ne les branche pas spécialement. C’est la seule et l’unique que j’ai pour être tout à fait franc, je n’ai pas de plan de secours. Tout le monde se rassemble autour du leader, Belmud, tandis que nous nous retrouvons isolés, moi et mes compères. Mais assez rapidement, après une brève discussion, ce dernier ressort et s’approche.

« Que te faut-il ? »

« De tête, comme ça, je dirais des canons avec leur portée, du matériel de plongée, du matériel de perforage, de quoi construire des remparts pour se protéger de toute attaque, et sans doute le plus dur, des épaves de navires. Il faut également organiser des sessions d’entraînements, histoire que nous soyons un minimum préparé. Et pour ce qui est du futur défunt roi, je peux m’en occuper si ça vous embête tant que ça, je n’ai aucune attache avec ce dernier. »

« Il n’est pas si mauvais, seulement un peu capricieux, mais c’est gars tranquille et sans histoire. Il ne le sait peut-être pas, mais le monde entier se moque de lui, cet homme n’est respecté de personne. » Dit Belmud, nostalgique.

« C’est parfait, ça ! C’est encore plus simple de le buter ! » M’exclamé-je joyeusement.


Encore un malaise. Maria pouffe littéralement de rire, tandis que Suelto se gratte désespérément les cheveux. Embarrassé, le Maire s’en va s’assurer que tout se passe dans la cité, m’indiquant de le retrouver à son bureau avant de commencer quoi que ce soit. La confiance règne. J’ai l’impression de n’être qu’un assassin compulsif qu’il faut surveiller. Enfin, j’imagine que le plan est validé par l’ensemble des révolutionnaires, c’est le plus important.

« Reposez-vous, messieurs, demain sera une longue journée. » Rebroussant chemin vers la sortie.

Fin de journée plutôt concluante. Il est hors de question de décevoir. Des schémas, des plans, des commandent, des ordres, un tout circule dans ma tête pendant notre marche jusqu’à l’auberge. Le roi vit sa dernière nuit parmi les vivants, demain il sera mort à cette heure-ci. C’est à ce jour ma seule certitude, et pour le reste, on fera le point de l’inventaire dès demain également. Mes hommes se reposeront demain, puis après avoir bien récupéré, le temps de travailler dur il sera. Finalement, cette mission je sous-estimais en partant de Little Garden, est dans un sens l’une des plus compliquées jamais effectuée.
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