Et que ça chante le Blues

Qu'est-ce qu'ils ont tous à faire la gueule à bord ? Me dis pas que ces raclures ont des considérations morales, j'aurais du mal à le croire. C'est sûrement à cause de la cargaison qu'ils allongent tous des gueules de déterrés. Je vois. Alors comme ça, on pense qu'un croiseur de la marine devrait pas servir à transporter des esclaves ? Bah désolé mes cons, mais si.
Y sont pourtant au parfum que l'esclavage est autorisé par le G.M dans certaines zones spécifiques. Et malgré ça, ces messieurs répugnent à l'idée de faire leur travail...

Récurer des chiottes à la brosse à dent ? Oui sergent !
Buter mon prochain ? Oui sergent !
Tolérer qu'un homme puisse être esclave ? Vous exagérez sergent !

Une belle brochette d'hypocrites. Du gouvernement mondial, on prend tout ou rien. Y devraient d'ailleurs se réjouir tous ces cons en uniforme, parce que si le G.M avait pas des garnisons éparpillées un peu partout, faudrait multiplier le nombre d'esclaves par cent au bas mot, et je parle même pas des conditions de captivité.
Mais va leur dire ça à ces têtes de pioche, ils s'en iront chouiner "oui mais l'esclavage c'est pas bien". Si ces types avaient la moindre idée des trucs "pas bien" que je fais pour garnir les caisses du G.M et, in fine, payer la solde qui leur permet de vivre, ça risquerait de leur poser quelques cas de conscience.
Et parlons même pas des joyeusetés du CP9, là, je crois qu'y z'en perdraient le sommeil ces cons.

Enfin bref, tout ça pour dire qu'à bord, c'est pas très causant. Une traversée de deux jours sans tailler le bout de gras, moi ça me va pas. J'ai beau être sinistre dans l'âme, dans le fond, j'ai su rester convivial. Merde, je suis un être sociable, on peut pas refuser de me faire la causette juste parce que je fais mon boulot !
Eh oui, mon boulot. Le CP2 contrôle le trafic d'esclaves licite, on se charge de la logistique et des modalités de transaction des pauvres bougres enchaînés. Là, le transit de marchandises jusqu'à l'île aux esclaves, c'est tombé sur ma pogne, fallait bien que ça me tombe dessus un jour ou l'autre. C'est pas que ça m'emmerde, c'est plutôt reposant même vu que j'ai juste à superviser, m'enfin c'est juste du transport. Je persiste à croire que mes talents pourraient être employés à meilleur escient.

Pour la saison, fait plutôt frais. Une couche de gras comme la mienne, ça permet de palier à tous les vents givrés qui viennent m'égratigner le cuir, en tout cas, je devine qu'y fait suffisamment frisquet pour que tous les matelots se frictionnent les bras sans arrêt. En manches courtes et sans manteau, ça leur fait une raison de plus d'être de mauvaise humeur. Y'a un troufion qui me passe sous le nez, j'essaie un peu de lui faire un brin de conversation, faut que je parle avec quelqu'un !

- Fais pas chaud hein ?

Oh le fumier, y me jette un sale regard et y continue sa route sans même s'arrêter. Mais où c'est qu'ils ont été éduqués ces gens là ? Quand j'étais à l'élite, dès qu'on avait un type venu d'un corps étranger qui nous accompagnait pour une mission, on s'empressait de lui payer un coup à boire. Ça ressert les liens, et pis ça fait des relations. Je me suis tissé tout un réseau de gradés dans mon répertoire à grand coup d'alcool de prune.
Putain, on savait vivre en ce temps là. Pas comme ces pisse-froid de la 388eme que je me coltine là. Refuser de parler à un lointain collègue, juste pour une histoire d'esclavage... Où va le monde ? On se dirige droit dans le mur avec une génération d'asociaux qui boivent même pas pendant le service.

Moi, je déroge pas à mes vieux préceptes, j'ai su rester fidèle à moi même, café-cognac pour bien me mettre du baume au cœur. Pas étonnant que j'ai pas froid en fait. On dira ce qu'on veut, c'est quand même triste de boire un coup en solitaire. Un type qui picole en société, c'est un bon vivant, un gars qui sirote tout seul, c'est un alcoolique.
Bon après, je bois pas tant que ça non plus, dans ma ligne de travail, vaut mieux être en pleine possession de ses moyens à chaque heure du jour et de la nuit. Alors les occasions de boire sont rares maintenant, raison de plus pour avoir quelqu'un avec qui discuter.

Ce besoin pressant d'avoir quelqu'un avec qui causer n'empêche, c'est vraiment une manie de gonzesse quand on y pense. On dira que c'est mon côté féminin qui resurgit. Ouais, il était bien caché, sous un bourrelet ou je sais pas trop où, mais y vient m'oppresser quand je me sens seul. La solitude du baroudeur, quelle plaie. Bon, c'est une plaie qui se désinfecte bien avec le café-cognac, mais quand même.

Eh pis merde ! Ils veulent pas me parler, je m'en fous, je vais en forcer un. Cipher Pol, superviseur de la mission de transit maritime des marchandises, c'est moi le chef ici bordel. Tant pis si c'est pour débuter une engueulade, me faut de l'interaction sociale.

- Dites-voir vous ! Qu'est-c'qu'vous avez tous à m'ignorer comme ça ?

Que je l'alpague l'autre tout surpris. Un gradé en mousse, même pas lieutenant, y sait pas trop où se mettre.

- Enfin monsieur je....

- Pas d'monsieur ! Agent Oletto ! Agent d'deuxième catégorie du CP2 ! Tout l'monde à bord l'sait. J'vois qu'on s'la coule douce à bord ! C'est pas parc'que c'est juste une mission d'transport qu'y faut glander ! V'nez en cabine que j'vous montre les putains d'dangers qui nous guettent sur l'itinéraire !

Je préfère en cabine parce qu'en fait je commence un peu à cailler aussi avec mon marcel comme seule pelure d'hiver. Et pis y devrait y avoir à manger je pense. En fait, j'en ai pas la moindre foutue idée des dangers qui nous guettent en mer, c'est même foutrement paisible jusque là, mais bon, si ça peut le faire chier et me permettre de l'ouvrir à moindre frais, j'improviserai.

- Oubliez pas que j'suis vot' supérieur le temps d'cette mission ! Le moindre écart et vous allez en chier quand j'ferai mon rapport. Allez ! On s'presse ! En cabine toute sergent !

- Je suis Vice-lieutenant en fait et....

- C'tait pour voir si vous suiviez ! J'espère qu'vous s'rez aussi attentif quand j'vous expliquerai ce qu'y risque d'nous tomber d'ssus en ch'min.

J'espère surtout que je trouverai de quoi le baratiner pour justifier le fait que je le réquisitionne juste pour passer ma solitude en lui pourrissant la vie. Ça m'occupera.


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Un partenaire loquace

Tenko Sozen

L'idée de reprendre la mer avait mis du baume au cœur du jeune officier après sa dernière mission. Une vaste opération sous couverture qui avait permis à Poiscaille de retrouver une garnison saine, dénuée de toute corruption. Tenko avait œuvré en tant qu'agent double et les événements qu'il avait dû traverser l'avait comme marqué au fer rouge. Il avait sauté sur la première occasion pour s'échapper de l'île et c'était un navire assez spécial qui lui avait offert cette opportunité. Le maire de l'île, Robert Blop, avait été tué par le réseau mafieux quelques semaines plus tôt. Le Gouvernement Mondial avait alors avancé ses pions, en mandatant un gouverneur pour chapeauter l'île main dans la main avec Décro Foin, promu Commandant suite à l'arrestation de Zoubi. Le navire qui avait emmené le fonctionnaire avait été la porte de sortie de Tenko, le temps d'une mission au moins. Les troupes qui l'avaient manœuvrés nécessitant du repos, le jeune sous-officier s'était proposé pour prendre la tête du navire le temps qu'il accomplisse sa mission secondaire, qui concernait de la "marchandise" selon les termes d'un tas de graisse ambulant se présentant sous le nom de Derrick Oletto.

Le mystère sur l'identité du bonhomme n'avait pas plané longtemps. C'était un ancien de la Marine d'élite qui avait fini par rejoindre le CP2. Selon ses propres termes, il préférait travailler sans couverture, histoire de faire preuve de "transparence intimidante." Tenko, à l'instar des autres hommes, l'avait évité comme la peste quand la nature de ce qu'il appelait des "biens" avait été dévoilée: des esclaves. Le vice-lieutenant n'avait émit aucun commentaire en apprenant la nouvelle. C'était quelque chose d'horrible, mais ça existait et il ne pouvait rien y faire. Il s'était donc appliqué à commander le navire du mieux qu'il avait pu, apprenant ses nouvelles fonctions en mer. La mer n'avait pas été bonne depuis leur départ de Poiscaille, comme si la nature savait que leur mission était crasseuse. Ou peut-être était-ce ce bon Oletto qui modifiait la pression atmosphérique autour de lui à cause de son poids? La mouette avait du mal à trancher entre ces deux hypothèses.

Ce matin-là, l'agent semblait tout frétillant, sautant sur tout les soldats qui passaient pour leur taper la causette. Avec la chance évidente qu'il avait, et du fait de sa position dans l'échelle militaire, ce fut Tenko qui dû se plier aux caprices de conversations de celui qui le prenait déjà de haut. Gras-du-bide voulait lui parler des dangers éventuels qu'ils pourraient croiser en route. Ils pénétrèrent dans la cabine qui aurait dû lui revenir de droit, mais où l'agent avait pris quartier. Les agents gouvernementaux prévalant sur les officiers subalternes, le vice-lieutenant avait dû choisir son hamac parmi ses hommes, sur le second pont.

"Vous parlez de dangers, mais il faudrait être plus spécifique, agent Oletto... On parle de dangers naturels ou d'ennemis?"

L'agréable personnage s'était attablé, ignorant presque la question de son interlocuteur. Tenko fouilla dans les placards et sortit une bouteille d'alcool qu'il s'était réservé pour la traversée. Il attrapa des morceaux de viande séchée et quelques arachides qui traînaient et les posa sur la table. Quitte à passer du temps avec Derrick, autant flatter son estomac.

"Y avait de la barbaque dans ma piaule et z'avez pas pensé à m'le dire? Ça vous vaudrait presque un blâme mon vieux!"

La mouette laissa échapper un rire et commença à mâcher u bout de viande pour combler son extomac qui réclamait maintenant pitance. Un effet indésirable engendré par la vue de la surcharge pondérale de l'agent du CP2?

"Je peux pas partir en mer sans ça! C'est mon stock personnel, voyez ça comme un dédommagement au mauvais comportement de mes hommes!"

Oletto lâcha presque un sourire alors qu'il s'était saisi de la bouteille qui traînait devant lui. Portant le goulot à sa bouche, il avala une grand gorgée. Avant de recracher la boisson aussi vite qu'il l'avait mise en bouche. Il essaya de se débarrasser de l'odeur en tapant dans les arachides mais rien ne semblait y faire.

"Vous essayez de m'tuer?! Même un chat pisserait pas une merde pareille!"

"C'est le seul alcool sur tout le navire, agent Oletto. Je ne peux rien vous proposer d'autre."

Le vice-lieutenant était au bord de la crise de fou rire en cet instant-là. Un regard noir de son interlocuteur ramena une paix intérieure dans l'esprit du jeune officier. Finalement il était divertissant le bougre. Et il s'était décidé à parler de la mission.

"Alors, vice-lieutenant. Parlons des... modalités du voyage? Nous allons sur l'île aux esclaves depuis Poiscaille, ce qui fait une sacrée trotte... Je préférerais donc que nous prévoyons en avance le protocole en cas de danger...."

"Pourquoi vous en préoccuper maintenant alors que vous auriez pu m'en parler pendant les trois jours qui ont passé?"

Tenko allait jouer à l'emmerdeur, juste pour la gratuité des invectives d'Oletto. Mais il se plierait aux décisions de ce dernier, il n'avait pas vraiment le choix sur ce terrain-là. L'orgueil de cet homme avait besoin de rencontrer un peu de résistance.

"Parce que le plan mûrissait dans ma tête triple nœud! Maintenant bouclez-là et écoutez moi!"

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Ce qu'il est niais celui-là à rire pour un oui ou pour un non. On dirait une de ces pintades qui gloussent avant de se faire fourrer. Sûrement comme ça qu'il a eu ses galons. De toute manière aujourd'hui, à moins de lécher une grosse paire de testicules velues jusqu'à en avoir une boule de poil dans la gorge, y'a plus moyen de monter dans la hiérarchie quand on est de la régulière. Résultat, on écope d'une cohorte de lèche-cul sans épine dorsale nécessaire pour dire à ses supérieurs quand ils ont tort.

Rien à dire, la régulière c'est vraiment le stade larvaire de l'autorité du G.M. On rampe, jusqu'au jour de l'éclosion où on bosse aveuglément comme une gentille petite fourmi ouvrière. Enfin, c'est leur problème.

Quasiment rien à bouffer non plus. Tout passe dans les rations qu'on donne aux esclaves. Bon là, je vais pas mettre ça sur le dos des mouettes, c'est mon initiative. Altruiste ? Oui, peut-être, à mes heures perdues. C'est surtout que s'ils arrivent crevés sur l'île aux esclaves, on touche pas le blé de leur vente.
Logique élémentaire. C'est que ça calanche vite un esclave, pour un rien surtout. Pas assez de vitamines ? Ils claquent. Alors on leur donne des citrons à bouffer. Là au moins ils vont pas choper de scorbut. Z'auront les lèvres gercées en arrivant, m'enfin c'est pas le pire qui les attend là où on va les déposer.

Pourquoi je pense à eux moi ? M'en fous de ces cons. La plupart sont des bagnards ou des ennemis du gouvernement mondial, leur place dans les cales du croiseur, ils l'ont pour ainsi dire demandée. Implicitement je veux dire.
Pour ça qu'avoir de la pitié pour ces cons là, ça me révulse. Mais hélas ça me coupe pas l'appétit. Seulement on est pas à l'hôtel, je peux pas commander un plat de crabe sur son lit de concombres, ça indisposerait ces messieurs en uniforme.

- Faut-il êt' neuneu pour m'demander si on risque des intempéries... Des r'volutionnaires sergent ! J'vous parle d'révolutionnaire.

- Vice-lieutenant...

- Pareil, c'est un grade d'puceau.

Vrai que ça pisse pas bien loin comme rang tout ça. Bon, en tout cas, j'ai trouvé notre sujet de conversation. Les révolutionnaires. Je leur mets un peu tout sur le dos en ce moment aux révolutionnaires. Ils sont là pour ça faut dire. Des types qui s'imposent en menace pour les populations civiles, pour le G.M, c'est un prétexte en or pour affirmer son emprise sur son pré-carré.
Alors on va dire que c'est la plus grosse menace qui nous guette durant la traversée. Ouais, ça fait sérieux. Bluffé qu'il va être le vice-sergent là.

- On a quelques révos en cale, alors forcément on s'expose à des représailles. Pis ces salauds et les esclaves... une grande histoire d'amour. Ils en voient, ils les libèrent. C'est physique, y peuvent pas s'en empêcher.
Les gars en bas se sont sûrement retrouvés avec des chaînes aux poignets pour avoir tripoté des nouveaux-nés, le révo y s'en fou, le révo.... y libère.


Y m'écoute attentivement en plus. Si c'est pas un drame tout ça, la seule fois où un type m'écoute franchement, faut que ce soit quand je lui sors des conneries pas permises. Si y boit mes paroles, autant en profiter..

- Pis ces salauds, c'est qu'y z'ont des manœuvres navales franchement vicieuses. Comme si y tenaient un siège en mer ! On se retrouve piégé des jours entiers en haute mer.

- Jamais entendu parler de ç...

- Si, si, ça existe !

Ça existe pas. Un siège en mer, et puis quoi encore.

- T'avais qu'à mieux potasser tes manuels de tactique navales.

Y se décontenance pas le gars, y fouille dans la bibliothèque qu'est à côté de nous et y me met sous le nez trois briques qu'y ressemblent à des bouquins. Merde, des manuels.

- C'est tout ce que nous avons à disposition.

D'un revers de la main, je balance ces saloperies de tas de feuilles. Putain, c'est que c'était presque aussi lourd que des parpaings. Faut que je le joue culottée si je veux qu'y boive mes paroles pour parvenir à mes fins : manger.

- Puceau va ! Quand on a bourlingué à l'élite, on sait que les manuels ça vaut que dalle.

- C'est à dire que c'est vous qui en avez parlé en premier lie...

- Alors, l'siège maritime j'disais !

Faisons la sourde oreille, c'est encore le meilleur moyen de le baratiner. C'est qu'y me contredirait presque ce fumier.

- Pour tenir un siège, y faut des provisions hein ?

Ouais, j'en viens au vif du sujet. Le gars hoche la tête sans voir où je veux en venir.

- Donc, j'pense qu'y faudrait p'têt' am'ner plus de bouffe dans la cabine. Histoire de t'nir en cas d'attaque. Juste à titre préventif.

Une fois de plus, l'opine du chef. Mais il est con ou quoi ?

- DONC ! P'têt' qu'vous devriez aller chercher d'quoi tenir le siège. Maint'nant, avant qu'les cuistots rationnent tout.

L'a pas l'air bien convaincu. Chaque provision qu'on entreposerait ici, c'est ça que les matelots auraient en moins. L'essaie de me le faire comprendre poliment. C'est pas un vice-lieutenant ce type, c'est un évêque. Les gradés mangent plus que la piétaille ! C'est pourtant bien connu. J'insiste, j'insiste, tant et si bien qu'y décolle enfin le cul de son siège, enfin de chaise pour aller chercher de quoi bouffer à contrecœur.
On discutera mieux le ventre plein.
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Ravitaillement

Tenko Sozen

Des agents comme Derrick Oletto, il ne devait pas y en avoir beaucoup qui poussaient les portes du CP2. Même au delà de sa corpulence, son comportement était assez atypique pour un acteur censé agir dans l'ombre pour assurer les arrières du gouvernement. Mais peut-être que ce n'était qu'un stéréotype de plus colporté sur ces mystérieux personnages? Non, Derrick était à coup sûr une exception au sein de ses pairs. Tenko se dirigea mollement vers les cuisines, prenant son temps pour réfléchir aux informations que lui avait lâché la barbaque ambulante. Des révolutionnaires voulant s'attaquer à leur navire pour libérer les esclaves qui s'y trouvaient? C'était stupide, dans la mesure où il seraient obligés d'éliminer l'équipage entier avant de pouvoir libérer les enchaînés. Couler le navire n'était donc en aucun cas la solution. L'idée d'un siège en mer aurait donc presque fait sens. Sauf que c'était idiot de penser à une telle éventualité: il leur faudrait un navire assez rapide pour éviter leur puissance de feu, mais également assez grand pour contenir les vivres nécessaires à la survie des occupants jusqu'au moment de la rédition du navire piégé. Et même suivant cette éventualité, leurs canons ne feraient pas de différence entre les marins et les prisonniers. Tenko ne marcha pas dans les inepties du gouvernemental.

"Darys, veillez à ce que l'agent Oletto ne vienne pas taper dans les vivres. On dirait qu'il essaye de me soutirer de la nourriture."

"Bien sûr, vice-lieutenant! Je l'ai vu fureter dans le coin la nuit dernière mais il a foutu le camp quand je suis arrive avec ma lampe à huile..."

Le cuisinier salua son supérieur et retourna à ses fourneaux. Darys était un homme sur qui on pouvait compter en matière de protection des rations. Tenko attrapa une caisse et sollicita un marmiton qui passait là pour l'aider à en porter une seconde dans la cabine de l'agent. Ils montèrent sur le pont et le traversèrent sous le regard intrigué des marins qui s'occupaient de manoeuvrer le navire. La cabine se situait sous le château du navire, comme dans la plupart des bateaux naviguant sur les Blues. Ils ouvrirent la porte et fre glisser les caisses sous la table alors qu'Oletto regardait à travers l'ouverture de la porte pour voir les autres soldats convoyer les caisses de la réserve. Son sourire s'évanouït quand le jeune officier renvoya l'apprenti en cuisine. Une expression furieuse s'empara du visage de l'agent, qui n'aimait pas la "plaisanterie" de la mouette.

"Z'allez pas me dire qu'il y avait qu'deux caisses dans votre foutue réserve?"

"Si on enlève la ration de ce soir et celle de demain tout est là. Nous sommes censés faire une escale sur une île du coin, mais le sergent Pigeot vous l'a bien dit comme je le lui avais demandé non?"

Un regard entre l'incompréhension et la stupeur. Pigeot n'existait pas et aucune escale n'avait été prévue pour un trajet comme le leur. C'était trop risqué et de toute manière l'agent Oletto était le seul à pouvoir prendre ce genre de décisions qui engageaient la mission dans quelconque un risque. Mais il était temps pour lui de faire un régime, quoi qu'il en pense. Le vice-lieutenant était le seul responsable du bateau et de ses hommes et il comptait bien défendre sa position. Fulminant, le large individu envoya des injures que la mouette n'avait jamais entendus. Avant même que Tenko n'ait le temps de lui répondre, un soldat ouvrit la porte et lui demanda de le suivre. Quelque chose de bizarre avait attiré l’œil de la vigie. Laissant le ventre sur pattes derrière lui, il lâcha finalement:

"Si vous avez si faim que ça, référez-vous à Pigeot. Moi j'ai un navire à commander!"

Il claqua la porte et se dirigea vers les cordages, avant de grimper droit vers le nid de pie. Le vent était plus fort quand on prenait de la hauteur. Tenko profita de sa courte ascension pour se "rafraîchir" les idées. Une fois en haut, il salua le marin et se saisit de la longue vue alors que le veilleur se chargeait de décrire ce qu'il avait vu et les déductions qu'il pouvait en tirer. Le vice-lieutenant repéra la navire qui semblait s'approcher rapidement de l'endroit où leurs caps se croiseraient. Aucun pavillon ne semblait flotter en haut des mats, ce qui n'était généralement pas bon signe. Et de cette distance, le jeune officier ne pouvait estimer si le navire était armé, et dans ce cas-là à quel point.

"Votre avis soldat?

"Il est trop petit pour être un navire de commerce et en plus il manque d'escorte. Vu sa vitesse, il n'appartient pas à un civil amateur de voile. J'ai peut-être une idée mais ça va vous sembler irréel."

"Tant que vous ne me parlez pas de siège en mer je devrai survivre..."

"Alors vous avez aussi entendu les rumeurs?"

Tenko ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Il ne pouvait pas croire qu'une telle technique navale existait mais il devait faire son travail. Il descendit sur le pont et alla se placer derrière la barre. De cet endroit il avait une meilleure vision du périmètre le plus proche autour du navire. Il se racla la gorge, avant de donner enfin ses ordres. Il fallait se préparer à l'éventualité d'un combat.

"Tout le monde à son poste de combat! Chargez les canons de bordée et préparez-vous à engager sur mon ordre uniquement. Je veux toute la voilure possible messieurs! Et que ça saute!"

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- Cha chert à rien de faire cha.

Ah bah voilà, ça c'est du gigot. Y'en a qui prétendent que y'a qu'une mère pour avoir la patience nécessaire pour cuisiner un morceau aussi délicat. Eh bah non. Le troufion que j'ai mobilisé à coup de pied au cul tout à l'heure pour qu'y me prépare de quoi grailler convenablement, l'est pas mère de famille, mais y cuisine foutrement bien.

- Mais... où est-ce que vous avez trouvé ça ?!

Je comprends que ça le surprenne de me voir avec une assiette bien remplie à la main et une fourchette dans l'autre. Déçu qu'y doit être. Si y croit que je l'ai pas vu venir à essayer de me la mettre en me filant des miettes quand je lui demandais un festin, y se goure. Derrick Oletto c'est pas l'homme d'un seul plan, déjà tôt le matin j'avais dépêché un mousse pour qu'y me cuise mon agneau. C'est lequel déjà à qui je dois ce met ? Ah ouais, celui avec un cocard. L'était pas très réceptif à me faire la popote faut dire. Y'a eu des mots. Y'a eu des coups, enfin un. Et au final, y'a eu mon gigot !

- Peu importe... Vous aviez raison pour les révolutionnaires.

Eh ouais, il a toujours raison Derrick, même quand il baratine. Ces nouilles de révolutionnaires quand même. C'est qu'ils auraient l'audace de s'attaquer à des honnêtes gens comme la marine. Des honnêtes gens armés en plus, ce qui ne les rend que plus honnêtes et légitimes. Fumiers va !
Je prends ça à la rigolade, mais ça pue la manœuvre de vicieux cette histoire.

- Il n'y a qu'un xebec pour le moment, pas de quoi s'alarmer, on va vite l'envoyer par le fond.

Putain, je lui dit que ça sert à rien et y s'obstine. Juste un xebec. Un vaisseau avec même pas dix hommes à bord contre un vaisseau de guerre surarmé, j'aime pas ça. Je cale une de mes mirettes dans ma longue vue en mâchouillant en morceau un peu trop dur eeeeeet.... bingo. Une seule pièce d'artillerie.

- Un canon en proue sur trépied amovible. Ç'va faire mal...

Voilà que l'autre vice tapette y me zyeute avec quasiment du mépris dans le regard. Mais c'est qu'y me regarderait de haut ce con ! Tu sais quoi mon gars, on va faire à ta façon, de toute façon faut que je finisse mon gigot, c'est pas l'heure de me faire chier avec des manœuvres navales. Mais l'autre tanche, il a déjà amorcé la contre-attaque, on vire à tribord, les canons, bien plus gros que celui des truffes d'en face, ils sont tous sortis et y commencent à canarder.
Y'a un de ces raffut. Et tout ça pour quoi ? Tout ça pour envoyer plusieurs salves de boulets au fond de la mer. Le xebec ? Y se porte comme un charme, les révos aussi, merci pour eux.

- Ils sont hors de portée.

- Seul'ment hors de not' portée

Et voilà t'y pas qu'au même moment on entend une détonation qui vient de chez eux. Bah eux, bizarrement, leur boulet y réussit à s'écraser sur notre pont. Quel dommage pour le con de deuxième classe qui se l'est pris en pleine poire. Et tout le monde fait "aaaaaaah" et tout le monde faire "oooooh", et tout le monde aurait dû écouter Oletto ! C'est quand même dingue ce qu'y sont pas organisés ces cons de la régulière.
Allez, mon plat est terminé, va falloir jouer les braves.

- Niveau stratégies navales, j'suis un peu rouillé, alors j'pourrais pas dire c'mment qu'y z'appellent ce qui font là. Seul'ment, j'peux vous dire que sur l'long terme, y vont nous niquer.

On me regarde méchamment. Ouais, ça emballe jamais trop son monde l'idée de se faire baiser, encore moins par des révos.

- 'vec leur pièce d'artillerie à la con, y vont nous saigner petit à petit, sûrement viser les mâts pour nous immobiliser. Nous, on pourra pas répliquer. Nos p'tains d'canons ont pas la même mobilité, pis même, avec un bateau comme l'leur, y peuvent changer d'position super facil'ment et éviter les emmerdes.

J'ai beau lui dire qu'on est échec et mat, y se décontenance pas mon fumier de vice-lieutenant. Peut-être qu'il a plus l'étoffe d'un meneur que je pense. Ou peut-être qu'il a pas compris et qu'y fait semblant d'être confiant. Je sais pas. Je m'en fous.

- Je vois... Nous immobiliser pour qu'ensuite des vaisseaux plus gros viennent nous cueillir sans qu'on puisse manœuvrer. Seulement, ils n'oseront jamais nous couler.

Tiens donc ? On leur fait si peur qu'y z'oseraient pas ?

- Avec les esclaves à bord, ils seront forcés de faire taire les canons.

Pas con.

- Et y savent qu'on a d'z'esclaves à bord ?

Sûr de lui, le gars y me répond du tac au tac :

- C'est pour ça qu'ils attaquent enfin.

Ça se tient. Juste un petit bémol, mais vraiment un détail de rien du tout.

- Ouais ouais... Pas con, pas con. Ou alors... y nous attaquent parce qu'y a l'emblème du G.M en haut du mât et y savent pas ce qu'y a dans la cale...

De la lumière aux ténèbres qu'y passe l'autre. L'a enfin réalisé qu'y a de grandes chances qu'on se fasse bouffer tout cru par des casseurs de marine qu'avaient juste envie de se payer un petit galion pour se faire mousser au bercail. Je les imagine déjà à pavoiser sur leurs exploits héroïques alors qu'y z'auront fait que rester planqués hors de portée des notre artillerie pour éviter de se faire bobo. Le roman révolutionnaire, y'aurait à redire là-dessus.
Mais c'est pas trop le moment de faire de l'histoire là, y'a plus pressé je pense.

- On nous signale que les communications sont coupées !

- C'était à prévoir.

Ah ça, je confirme. Les gars en face y connaissent leur boulot. On isole avec un escargophone blanc pour éviter les renforts, on immobilise le bâtiment, et on achève. C'est propre, c'est net, mais c'est un peu con pour nous quoi. Enfin, seulement si on se laisse faire.

- M'ttez les chaloupes à la flotte.

- Pour qu'elles soient coulées une à une et que mes hommes y passent à la queue-leu-leu ? Vous rêvez officier.

Ses hommes... On croirait un proxénète qui cause de sa marchandise. Y me fait marrer celui-là. Tiens, je lui ris au nez tant que j'y suis. C'est pas bien de se moquer des arriérés, m'enfin quand même, ça fait plaisir. Et puis il me cherche.

- Mais non bite de clown ! On garni les barques avec des esclaves enchaînés au milieu des marines, juste histoire de leur faire prendre l'air et puis accessoirement de s'en servir comme bouclier humain. Là-dessus, on approche avec les chaloupes, y seront obligés de s'éloigner s'y veulent pas qu'on les chope.

Et boum, deuxième coup de canon. C'est pas tombé loin du grand mât cette fois. Plus de doute, y cherchent bien à nous scier les pattes pour qu'on puisse plus bouger. Peut-être que ça va un peu motiver monsieur le vice-lieutenant à se remuer la raie et prendre une décision.

- Nous ne pouvons pas nous servir de boucliers humains, peu importe leur statut d'esclave. Il y a des chartes monsieur Oletto, des lois que même la révolution reconnaît, des....

- Des emmerd'ments ! Les scribouillards qu'on écrit toutes leurs belles cons'dérations sont bien gentils, mais y savent même pas c'est quoi l'odeur d'la poudre. Alors à moins d'avoir une meilleure idée...

C'est que les recours nous manquent pas mal actuellement. J'attends de voir si l'autre fiotasse va un peu descendre de ses grands chevaux et y aller avec mon plan ou trouver un autre moyen de neutraliser les emmerdeurs qui visent de mieux en mieux. Le temps est compté, c'est toi qui décide grand.



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Abordage?

Tenko Sozen

Les barques avaient été descendues à la mer et les esclaves les plus robustes avaient été remontés sur le pont principal où les marins effectuaient des manœuvres pour le moins étonnantes pour permettre au navire d'éviter les tirs de la coque de noix. Le vice-lieutenant avait choisi les meilleurs hommes en leur laissant néanmoins le choix de refuser. Tous montèrent à bord des frêles embarcations aux côtés des esclaves. Avant de les laisser occuper les barques, le jeune officier les avaient fait revêtir des haillons pour que les révolutionnaires soient incapables de faire la différence entre les bons et les mauvais. Il fallait ruser avec ce genre d'animaux pour parvenir à ses fins. Il s'habilla lui aussi de vêtements simples, emportant sabre et mousquet dans leur moyen de transport. Ce n'était pas son genre d'exiger de ses hommes un sacrifice sans lui même y prendre part. Il laissa ses dernières consignes avant de descendre à bord des chaloupes.

"Ne vous approchez pas avant que nous ayons abordé leur navire. S'il vous semble que les révolutionnaires se concentrent sur nous, continuez votre route en déviant de l'itinéraire initial. On va essayer de vous faire gagner le plus de temps possible."

Les marins acquiescèrent, un air grave sur leurs visages. Certains s'étaient tournés vers Oletto qui semblait avoir pris la décision de rester à bord. Ceux-là étaient pleins d'une frustration à peine supportable, qui entraînait un mépris et une colère exacerbée envers l'agent gouvernemental. Presque intimidé par les grouillots qui le essaieraient certainement de le jeter par dessus le bastingage au moment où les barques auraient pris la mer, il se rapprocha de l'officier puis le dépassa, se traînant mollement vers les cordages.

"C'est pour maintenant ou pour demain, vice-lieutenant?"

L'officier se rapprocha à son tour des cordes, enjamba le bastingage et commença à descendre aux côtés de son homologue. Ils allaient probablement à leur perte mais le gros bonhomme avait quand même décidé de les accompagner. Par dévouement? Sûrement pas. Par arrogance? C'était plus probable. Il devait croire en son plan pour s'engager lui même dans sa réalisation. Trois embarcations tapaient contre la coque du navire, toutes remplies à la fois d'esclaves et de prisonniers. Tenko posa pied à terre et donna ses instructions avant qu'on ne les détache.

"Gardez tous vos mains à l'intérieur des embarcations. Esclaves, si vous montrez vos mains, nous vous exposeront au feu ennemi."

"Comme si on avait quelque chose à perdre dans cette histoire!"

Un bruit de détonation se fit entendre puis un bruit de liquide. Les yeux grands ouverts, le prisonnier qui venait de tenir tête au vice-lieutenant ne trouvait plus les mots. Beaucoup ont tendance à considérer que la mort est préférable à l'asservissement. Ceux-là oublient bien souvent que le réflexe naturel chez tout animal est de prolonger sa durée d'existence. Les protestations avaient été tuées dans l’œuf. Derrick regardait d'un surpris le jeune officier qui faisait preuve de plus de cran et d'autorité qu'il ne l'aurait imaginé. La régulière ne comptait pas que des incapables après tout.

"MAINTENANT, RAMEZ!"

Se saisissant lui même d'une rame, il plongeait le morceau de bois au rythme des cris que poussaient les soldats pour unifier la cadence de chacun. Très vite leurs rythmes se stabilisèrent et ils avancèrent à bon train vers le bateau ennemi. A mesure qu'ils se rapprochaient, les révolutionnaires retardaient leur coups de canons qui avaient perdus en efficacité suite aux manœuvres ordonnées par la jeune mouette.

*HAAH*

"Allez bandes de chiffes molles, du nerf!"

Au son des invectives d'Oletto, les soldats redoublaient d'efforts. Leur supérieur, tout en participant à l'avancée des barques, scrutait avec attention le pont ennemi. Les hommes qui l'occupaient, en sous-nombre évident, semblaient hésiter entre appréhender les embarcations où chasser le navire. Leur dernière option restant la fuite. Alors qu'ils s'approchaient furieusement, l'un des esclaves, celui-là même qui avait déjà mis sa vie en péril plus tôt, ne trouva rien de mieux à faire que de les avertir du traquenard.

"Enfoiré de souillon!"

Rentrant sa rame au sein de la coque de noix, Tenko se saisit de son arme et la brandit en direction du navire, à une vingtaine de mètres environ, visant le canonnier qui visait le navire bien plus au sud de leur position. Ajustant sa visée, il posa le canon sur l'épaule d'un soldat travesti en asservi et tira. Un cri se fit entendre alors que le prolétaire lâchait son joujou pour se tenir la jambe dans laquelle s'était enfoncée la balle du soldat.

"Visez les voiles!"

Les mouettes sortirent leurs mousquets et s'empressèrent de faire pleuvoir un déluge de plomb sur le pont de leurs adversaires. Se mettant à l'abri, ils ne purent manœuvrer, laissant l'occasion aux barques d'atteindre leur rafiot. Les soldats allaient rejoindre le pont ennemi quand soudain les esclaves se levèrent et se jetèrent sur eux pour les faire tomber à l'eau. Son sabre à la main, Tenko ne vit pas venir le coup d'épaule qui le fit basculer dans la mer. Désorienté, deux mains le maintenaient sous l'eau alors que le souffle venait à lui manquer. Il lâcha son arme et essaya de se dégager de l'étreinte de l'esclave en vain.

Sur les embarcations, une dizaine de soldats avaient réussis à monter sur le pont adverse et à engager le combat tandis que les autres luttaient contre leurs prisonniers qui s'étaient évidemment retournés contre eux. Derrick avait vu l'officier tomber à l'eau et apercevait le chien qui l'aasphyxiait à présent. Mais il avait aussi remarqué que l'embarcation des révolutionnaires commençait à dériver hors de la portée de leurs mains, les soldats de la Marine à leur bord. Pouvait-il tout concilier ou devait-il faire un choix? Il jura.

"Fais chier!"

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- Fais chier..... y'a plus de moutarde pour accompagner mon sandwich !


Bien fait de pas mettre les pied dans ces conneries de chaloupes. C'était sûr que ça allait merder. Mais au moins, c'est juste eux qui prennent les coups, y'a du mieux. Sandwich au pain et... à rien d'autre. On m'a fermé les accès aux cuisines parce que "l'heure est grave".
Personnellement je le vis pas trop mal moi cet instant. Si les autres zigotos qui sont partis mener l'assaut pouvaient éviter de trop abîmer la marchandise par contre, ça m'arrangerait. Bon, je me doute bien que se faire attaquer par des loqueteux d'esclaves c'est vexant, mais de là à les corriger à coup de sabre, c'est disproportionné.
Merde les gars, ma prime de fin de mission dépend de leur santé. Font chier ces révos. Font chier ces marines. Font chier les emmerdeurs en cuisines ! Je veux juste de la moutarde merde !

Bon, ils ont l'air d'avoir réussi à gérer le bordel. Z'ont foutu les esclaves à mer et sont venus payer une visite à même le pont des assaillants. Eh bah voilà ! Vous voyez quand vous voulez. Et rien n'aurait été possible sans tout mon soutien moral.

- Qu'est-ce qu'on attend pour l'ver l'ancre ? Faut qu'on mette l'cap vers l'île aux esclaves, presto !

- Mais et nos hommes ? Et le vice-lieutenant ?

Elvis Lieutenant ? Mais on l'emmerde Elvis Lieutenant ! Les gars ont pas compris que les fumiers d'en face leur boulot c'est juste de nous ralentir et nous immobiliser pour que des renforts viennent nous achever. Plus vite on met les voiles, plus rapidement on sera hors de danger. L'autre vice-lieutenant l'a bien compris. Enfin j'espère pour lui, parce qu'y va rester derrière.

- L'vice-lieut'nant y s'est sacrifié en connaissance d'cause. Si y veulent nous r'joindre, y ram'ront. La priorité : c'est la mission !

Et ma commission, mais ça, y sont moins affectés je pense. Bon, je leur fait le baratin sur la hiérarchie tout ça. On dit "Cipher Pol" généralement ça fait office de formule magique et tout le monde se met au garde-à-vous. Eux y rechignent un peu, mais y obéissent quand même.
Au loin, les héros sont en train de se battre vaillamment. Enfin je crois, là je suis occupé à lire une revue, mais de ce que j'entends, y z'ont de bien se battre. Tant mieux pour eux, tant mieux pour nous.
J'irai mettre des fleurs sur la stèle commémorative d'Elvis, oh tiens, miss Grand Line 1627 a pris du bide.

Allez, j'arrête de lire ces conneries et je jette un petit coup d'œil sur leur situation, juste pour faire semblant d'être intéressé et ému par leur sacrifice. Y sont beaux, y sont fiers, y se battent avec brio et.... Oh les cons ! Ils ont pas encore saboté leur canon !
Si ces fumiers se font crever et que les révos ont encore leur canon longue portée, ça aura servi à rien.

- Passez-moi un p'tain d'escargophone en liaison 'vec les autres !

Le putain d'escargophone m'est remis. Ça sonne. Allez réponds ! C'est pas parce que tu te bats seul contre trois types que tu dois m'ignorer. Ce malpoli je te jure. Bah, après tout on est pas si éloignés de leur petite bataille.

- LE CANON BON DIEU ! PÉTEZ-MOI CE F'TU CANON !!!!

Ouais je sais, un CP ça doit être discret tout ça... M'enfin j'ai entendu dire qu'un type du CP9 avait le fruit des séismes, alors on va pas me faire la leçon hein. Les autres à bord ont déjà remis l'ancre à la mer. Je vois à leurs yeux brillants qu'y 'espèrent que les gars partis en barque vont peut-être pouvoir nous rattraper après tout, qu'on partira tous ensemble vers le soleil couchant.
C'est vrai que si on perd un sous-off, ma commission je vais sûrement pouvoir me beurrer la raie avec. Allez, magnez-vous. On a pas que ça à foutre !
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Combat en mer

Tenko Sozen, Derrick Oletto

L'esclave cessa de maintenir sa position, poussé par dessus bord par un soldat qui s'empressa de tirer son supérieur hors de l'eau. Tenko recracha toute l'eau qu'il avait pu ingurgiter en essayant de respirer, frappant son torse de son poing pour essayer de vider ses poumons. Il jeta un regard rapide autour de lui: les esclaves avaient été maîtrisés et le pont du navire révolutionnaire était le seul théâtre d'affrontement restant. Le vice-lieutenant secoua sa tête pour chasser les illusions d'optiques rémanentes de son asphyxie. Se relevant, il se saisit de son sabre et monta à bord de la coque de noix, tandis que dans son escargophone la voix de l'agent Oletto leur hurlait de saboter le canon adverse. Le jeune officia coupa la communication et rangea l'appareil dans sa poche. Il était hors de question de saboter un navire de la sorte, il allait tout simplement être rapatrié dans un chantier de la Marine et serait étudié pour en tirer ses secrets. Il se tourna vers ses hommes qui luttaient contre des ennemis bien entraînés, faisant jeu égal avec les mouettes. Une vingtaine de duels qui s'éternisaient et auxquels il fallait mettre fin au plus vite.

Tenko ne passa pas par quatre chemin. Arrivant sur le flanc exposé d'un ennemi, il envoya sa lame ouvrir une large plaie dans la peau de l'homme avant de s'approcher des autres ennemis. Deux révolutionnaires étaient venus à bout des soldats qu'ils affrontaient et tandis que l'un reprenait son poste sur le canon rotatif, l'autre prenait position pour mettre les voiles. Le jeune officier fit le choix qui lui semblait le plus raisonnable: empêcher le navire de s'éloigner du patrouilleur. Les soldats restés dans les barques s'étaient joints à la mêlée, renversant le combat en leur faveur. Le vice-lieutenant s'approcha de celui qui semblait être le plus expérimenté des criminels. Il tenait une hache dans sa main, une arme qui se révélait efficace dans les combats de pont par son double statut d'outil. L'homme avait les traits durs, la peau marqué par le sel après une longue vie passée en mer. Malgré les rides qui commençaient à marquer sa peau, sa musculature ne semblait pas avoir diminuée, ce qui est plutôt pratique quand on navigue beaucoup. La haine semblait brûler dans son regard à l'encontre de la mouette qui lui faisait face. En arrière plan, les hommes avaient finalement remporté la victoire, immobilisant les révolutionnaires qui n'avaient péri.

"Il n'y a aucune chance de rachat pour les gens comme vous mais vous pourriez voir le jour se lever demain si vous lâchiez cette arme."

"Ca me fait une belle jambe si le seul rayon que je peux voir c'est au travers d'une fenêtre!"

"Soit."

Le révolutionnaire s'élança, mesurant son équilibre pour ne pas risquer une chute qui lui vaudrait l'emprisonnement. Bien appuyé sur ses jambes, Tenko raffermit sa prise en saisissant son sabre de ses deux mains. Si les lames de haches formaient un espèce d'angle, c'était pour pouvoir arracher les épées des mains des sabreurs. Conscient de la faiblesse potentielle de son arme, il préférait se laisser une garantie. Ses hommes s'approchèrent mais d'un mouvement de tête il leur fit comprendre qu'ils n'avaient pas à intervenir. Cet homme-là, aucun d'entre eux ne pouvait le stopper. Le vice-lieutenant devait assurer ou recourir au nombre, ce qui n'allait pas pour lui plaire. L'homme abattit sa hache d'une main et Tenko veilla à ce que sa lame ne se glisse pas dans l'espace entre le manche et le tranchant de l'arme adverse. Trop concentré sur ce détail, il négligea le bras libre de son adversaire qui enfonça son poing dans son ventre. La mouette dégringola les escaliers avant de se relever. Oui, le vieux marin avait conservé toute sa vigueur.

Tenko cracha par terre le sang qui coulait dans sa bouche. Heurter le sol n'avait pas fait du bien à ses gencives qui lui faisaient savoir. Il observa la posture de son adversaire, cherchant une faille. Sa hache était beaucoup plus courte que le sabre du soldat mais le révolutionnaire pouvait solidement le bloquer avec. Il fallait le piéger et le vice-lieutenant avait peut-être une idée sur le comment. Il chargea son adversaire qui passa sur la défensive, prêt à arracher l'épée des mains du jeune officier. La mouette lança un depuis le haut vers le bas, de dextre vers senestre*, voulant mettre en difficulté le rebelle qui aurait du mal à parer un tel coup avec si peu de surface de lame. Mais au lieu de ça, il se décala sur sa gauche, laissant le sabre fendre l'air. Tenko ramena son arme vers lui avant de lancer dans la continuité de son mouvement un coup de taille. Le capitaine averse abattit sa hache sur le plat de l'épée et le métal se brisa dans un fracas impressionnant.

Le jeune officier sauva sa vie en se cambrant en arrière, évitant de peu que sa jugulaire ne soit tranchée. Il recula et entendit derrière lui les fusils de ses soldats qui étaient braqués sur son adversaire. C'était peut-être déloyal mais pouvait-il continuer à se battre sans arme décente. Il regarda la moitié de lame qui lui restait avant de reporter son regard sur l'ennemi. Il sentait la fatigue qui pesait lourdement sur ses jambes et les muscles de ses bras le tiraillaient. L'acide lactique n'allait pas tarder à se répandre, causant d'affreuses crampes et l'empêchant de combattre. Il porta sa main sur son ventre, encore meurtri par le premier coup. Il leva la main pour suspendre le mouvement de ses hommes. Le révolutionnaire était aussi à bout de forces, son front étant imbibé de sueur et sa respiration se faisant de plus en plus irrégulière.

"La prochaine attaque sera la dernière, chien du Gouvernement."

Tenko ne releva pas l'insulte et ne daigna pas même répondre: il n'en avait plus la force. Il se positionna, sa jambe d'appui en avant, son sabre dans la main droite, prêt à tirer profit du dernier choc. Le criminel s'élança, sa hache au bout de son bras plié en l'air. Il arriva au niveau du jeune officier et lança son coup vers le bas, cherchant à atteindre l'épaule du vice-lieutenant. Le soldat pivota en changeant son sabre de main d'un lancer bref. Il laissa passer le rebelle qui, emporté par sa force, ne put se dégager. D'une main forte, la mouette ramena l'homme qui était de dos et plongea son résidu lame près de la colonne vertébrale, au niveau du cœur. Un coup fatal en somme. Il jeta son arme au sol et s'approcha des prisonniers.

"Alignez les soldats."

"Mais monsieur, vous ne voulez..."

"Si, faites ce que je vous ai dit."

"Mais le mieux ne serait-il pas...

"Le mieux est souvent l'ennemi du bien. Ces gens-là n'aurait pas hésité à vous exécuter s'ils avaient remporté la bataille. Ils auraient même pu torturer certains d'entre nous pour tirer des informations et monter des embuscades. Et rendez-nous un service en n'envoyant pas ces hommes dans les prions où ils pourront distiller leurs idées néfastes. On exécute les révolutionnaires."

La plupart des soldats acquiescèrent, saisissant le propos qu'avait avancé leur supérieur. Les prisonniers furent mis en rang et Tenko leva le bras, prêt à donner le signal. Sur le pont du patrouilleur, Derrick observait la scène en faisant les quatre cents pas. Il fallait qu'ils se dépêchent de partir. Par chance, l'escargophone brouilleur avait été détruit et la base la plus proche avait été avertie de la situation. Finalement les tirs de mousquets se firent entendre et l’embarcation jusqu'alors ennemie se rapprocha du patrouilleur. Ils pouvaient reprendre la route avec cette prise en guise d'extra. Quand le jeune officier remit le pied sur le pont, il se dirigea vers les entrailles du navire et demeura assit sur son hamac, essayant de calmer ses nerfs.

"Rude journée?"

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- Oui, rude journée j'ai vraiment ...

- J'parlais pas pour toi ! Pour les esclaves putain ! Y'a pu l'compte là.

Et comment qu'y a pu le compte, ces cons m'en ont dessoudés par paquets de cinq. Alors oui, "hourra, on est hors de danger", mais pour ce pauvre Derrick, ça va être la fête à son cul quand le bureau va savoir ça. Déjà, arriver avec un nombre d'esclaves inférieur à ce qui était convenu avec les acheteurs, disons-le, ça fait pas sérieux, franchement.
On est les représentants du gouvernement mondial merde, on n'est pas des manouches de Luvneel. Y'a une parole à respecter, sinon on passe pour des cons, et si le G.M passe pour un con, des petits couillons de révolutionnaires qui viendront nous agresser en mer, ça, va y'en avoir par milliers.
Donc si on veut moins de révolutionnaires, faut respecter les accords d'esclavagisme. Ouais, ça a l'air paradoxal dit comme ça, mais le raisonnement se tient.

Et puis bien sûr, on a pris des mâles pour gonfler les effectifs des barques et s'en servir comme boucliers humains. "Non on ne veut pas risquer la vie de femmes et d'enfants" qu'y m'a dit l'autre. Ouais, sauf qu'un mâle sur le marché aux esclaves, bah ça vaut plus qu'une chouineuse ou un chiard. On leur apprend quoi à la régulière ? Donc je me retrouve avec un quart d'esclaves en moins, les plus rentables en plus, et comme si ça suffisait pas, je vois déjà les récifs de l'îles aux esclaves. Ah mais les emmerdes quand ça vous pleut sur la gueule ça fait pas semblant.

- On peut s'estimer heureux d'avoir eu si peu de pertes humaines dans nos rangs, arrêtez de me faire chier avec vos esclaves.

Mais c'est qu'y deviendrait grossier. Pertes humaines, pertes humaines, et les pertes financières, il y pense ? Ah ouais, c'est facile quand on a pas à se taper la comptabilité de sa garnison de cracher sur les berries, en attendant moi c'est mon boulot et je vais pas laisser un ramassis de pucelles de la régulière me saloper mon travail. Je suis pas juste un percepteur inventif, quand on travaille à mon niveau, c'est de l'ingénierie, de l'art même. Le Végapunk de la rentabilité, y'a du pognon, je trouve et je garnis tout le G.M.
Alors c'est pas ces pisse-menus qui vont me saloper ma réputation.

- R'ànà carrer ! Les révos qu'vous avez capturés, vous leur mettez des fers aux pattes comme aux aut' dans la cales et vous les parquez avec. Ça f'ra l'illusion.

Sont moins nombreux que ceux que j'ai perdus, mais y sont en forme, pas de scorbut, toutes leurs dents, rien à dire, je gagne au change. À quelque chose malheur est bon, on va faire comme ça.

- Hors de question.

T'es à ça de passer par dessus bord mon gars, à ça...
Y me cite les protocoles, le règlement. Putain le règlement ! Mais c'est bon pour les quiches de ton genre mon pauvre garçon. Si on respectait le règlement au bureau du C.P 2, vous feriez votre service en slip avec un fusil à bouchon en navigant dans des tonneaux. Bon après, j'outrepasse assez souvent les limites du raisonnable niveau règlement, faut dire ce qui est... Mais là je suis dans mon bon droit.

- Ces types qu'nous ont attaqué, personne à part nous n'est au courant. Officiel'ment, aucun révo n'a attaqué. Alors on s'sert de ces bons à rien pour combler mes pertes où j'te jure que j'ferai tout pour crever ta garnison.
B'soin d'munitions ? "D'solé, vous êtes les derniers sur la liste à pourvoir". Vaisseau en rade ? "Il faudra faire avec, y'a des économies à faire partout dans vot' garnison", un manque d'escargophones ? "Vous feriez mieux d'apprend' l'télépathie, p'rcqu'on vient d'avoir de nouvelles coupes".
J'ai l'bras long Elvis, fais pas chier et obéis.


Y me regarde vachement circonspect dans son genre.

- Elvis ?

C'est pas son nom ? Mais on s'en fout de ça ! Je le force à tenir le regard. Y sait bien qu'il est pas forcé d'obéir, mais en même temps, y tient trop à ses hommes. Parce que le jour où y'aura des coupes dans leur budget, ce qui arrivera si y courbe pas l'échine, y'aura même pu de désinfectant à bord pour leurs blessures.
D'un geste de la tête y fait signe aux matelots de suivre mes directives. Les beaux révos tout frais de ce matin pêchés, bah y peuvent se les mettre où je pense, maintenant, c'est les esclaves du G.M et y pourront jamais parader pour leur capture. L'honneur est sauf chez moi, et chez lui, c'est les subventions de sa garnison qui restent indemnes.

Beau joueur, je lui file mon numéro d'escargophone. J'élargis toujours mon réseau, même chez mes ennemis.

- T'as fait l'bon choix Elvis.

- Tenko

- Elvis Tenko, j'r'tiens. T'as fait l'bon choix et t'auras pas affaire à un ingrat. J'ai l'bras long et j'peux t'en faire profiter si un jour t'as des z'emmerdes. Sois pas rancunier et accepte.

À contrecœur, l'autre guignol accepte ma main tendue, mais on sent que l'envie y est pas. Faut savoir être pragmatique quand on est un meneur d'hommes, et le pragmatisme, ça passe avant tout par le soin qu'on accorde à ses relations. Un gars du C.P 2 dans son répertoire, y s'en rend pas compte encore, mais ça sera un as qui pourra ressortir quand on lui chiera dans les bottes.

Là-dessus, y me quitte vivement pour ordonner à toute la smala de se mettre en branle pour préparer l'accostage sur l'île aux esclaves. C'est la fin d'une petite querelle et le peut-être le début d'une belle collaboration.
Bon c'est pas tout ça, mais qu'est-ce qu'on mange avant d'accoster ?
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