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Voyage vers Inu Town

*Pourquoi ai-je choisi d'être révolutionnaire ?*

Allongé sur le pont d'un navire marchand se dirigeant tranquillement vers Inu Town, je regarde les yeux vides, les bras croisés, le ciel bleu parsemé de nuages. Profitant de l'air marin et du calme ambiant, je tente vainement de répondre à la question qui occupe mes pensées. Ça fait bien deux ans que je me suis enrôlé dans l'armée. Je devrais être capable de m'expliquer parfaitement sur cette décision, apporter des raisons valables. Pourtant, encore aujourd'hui, c'est pour moi un exercice difficile. Me serais-je engagé sur un simple coup de tête ? Oui, surement. Si j'ai décidé de m'aventurer chez les rebelles, c'est juste parce que j'aime bien leur idéologie et qu'un des leurs m'a sauvé la vie. Je n'ai pas de réelle justification.

Mais ça suffit non ? On n'est pas obligé d'avoir de grandes raisons pour effectuer un choix. Du moment qu'on ne le regrette pas par la suite, tout baigne. J'en suis loin d'ailleurs. Si je ne m'étais pas mis en tête de rejoindre les révolutionnaires, qui sait ce qui me serait arrivé ? J'aurais certainement sombré dans la dépression. J'ai perdu mon héritage, ma boutique, le lieu où je me suis démené pendant tant d'années. J'aurais pu ne plus rien attendre de la vie, accumulé les bars et les tavernes, à la recherche d'un moindre alcool pour noyer mon chagrin et tout ça sur le regard peiné de Mme Kooqui. On pourra dire ce qu'on veut, mais ce choix fait par dépit, m'a au final sauvé la vie. Il lui a offert un nouveau sens, un nouveau but : rendre ce monde meilleur. J'ai vécu assez de moments traumatisants pour me rendre compte que cette machine ronde croule d'injustices. Je ferai en sorte d'améliorer les choses en servant la cause des rebelles, car même si leurs actions ne sont pas toujours justes, je sais qu'elles sont emplies de nobles idéaux.

- Tu cherches l'inspiration l'artiste ?

Je suis pris d'un bref sursaut. Plongé dans mes pensées, je ne m'attendais pas à ce qu'une personne vienne m'adresser la parole aussi soudainement. Je me relève avant de me tourner et me mettre en garde à vous devant mon interlocuteur qui n'est nul autre que la capitaine du navire, Britania Orlin. C'est une femme d'une quarantaine d'années qui semble bien dans sa tête et dans son corps en vue de sa mine fière et souriante. Son t-shirt rayé et son pantalon marine en accord avec son bandana bleu qu'elle porte autour du cou, mettent en valeur sa silhouette encore fine et élancée. Elle est sérieuse sans trop l'être et tient son rôle très à cœur. Pour elle, un capitaine en plus de veiller au bon déroulement du voyage, doit avant tout prendre soin de ses compagnons, ce qu'elle montre que trop bien en m'offrant gentiment un sandwich en guise de déjeuner. J'abandonne alors ma posture militaire avant de prendre mon repas.

-Non pas vraiment, lui dis-je tout en croquant un bout dans mon pain. Je réfléchissais à rien de particulier.

- Makarao soupire-t-elle, en tant que matelot dans mon équipage, j'aimerais que tu sois moins distant avec moi ou tout autre marin à l'avenir. Je veux que tu te mêles un peu plus aux autres, plutôt que de rester tout seul dans ton coin. Dis-toi que durant ces sept jours en mer, nous serons comme une famille. Il est donc de ton devoir de chercher la relation, de bien t'entendre avec chacun nous. Je ne tolèrerai aucune discorde entre toi et tes camarades. Suis-je clair ?

- Oui, capitaine.

- Je te le répète, aucun isolement ! commence donc par arrêter avec tes manières de militaire, nous ne sommes pas à la marine ici. Appelle-moi Britania tout simplement. Serais-tu un ancien soldat ?

- Ah non ! Pas le moins du monde, rétorquais-je désolé. Je cherchais juste à faire bonne impression auprès de vous.

- Pas de vouvoiement non plus, petit têtu ! Si tu veux me donner une bonne image de toi, commence par faire ce que je t'ai dit.

La capitaine s'arrête pour me regarder plus longuement. Quelque chose chez moi semble la perturber. Elle continue après ce moment de latence sur un ton moins assuré.

- Mais peut-être que je t'en demande trop ? Après tout, tu n'es pas comme nous... enfin tu es légèrement différent. Du coup, je peux comprendre que ça ne soit pas évident pour toi d'aller vers les autres. Cependant il ne faut pas...

- Non, je t'assure, lui déclarais-je aussitôt sans lui laisser le temps de terminer sa phrase. Le fait d'être un semi-homme-poisson ne me bride pas. Je fréquente les humains depuis toujours, j'ai appris à me moquer de leurs regards. C'est juste que j'aime bien être seul, dans ma bulle.

- Je vois, monsieur n'est pas artiste à moitié. En tout cas, moi ça ne me gêne pas. Que tu sois semi-homme poulpe ou autre, tu es surtout un membre de mon équipage. Tâche au moins de faire connaissance avec tes compagnons.

- Compris.

C'est sur cette dernière réplique que Britania décide de repartir dans sa cabine. Faire connaissance hein ? Et elle est juste venue pour me dire ça ? Je ne reste que sept jours dans son équipage. Une fois arrivé à Inu Town, je la quitterai. Pourtant, elle semble se soucier de moi. Non, c'est simplement son job : veiller à ce que le trajet se fasse sans encombre. Pour qu'un voyage se fasse sans danger, il faut que tout le personnel du navire se connaisse un minimum. Un seul mouton noir peut suffire à provoquer le trouble chez le groupe et entraver la bonne marche du véhicule.

Faire connaissance donc. J'espère au moins qu'ils n'auront pas de mauvais préjugés me concernant.