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Les Rois du désert



Attalia, un endroit pittoresque au possible. A peine descendue du navire que déjà l'odeur des épices m'emplit les narines. Il fait chaud en ce jour de Juillet 1620. Enfin, pour moi, les températures élevées ne sont généralement pas trop un problème. Je viens de South Blue après tout, la mer la plus chaude. Mais là, même pour moi, c'est rude. Avec mon compagnon, le professeur Typhon Tourneterre, on cherche désespérément un brin d'ombre pour nous rafraichir.

Mais qui est cet homme? Un archéologue. Il sent le tournesol, possède un accent de North Blue très prononcé, et surtout, le pire de tout, il est presque sourd. Et que fais-je auprès de lui? Mission d'escorte en sous-marin. Ma couverture est celle de la petite assistante du chercheur. Nous voilà donc en train de nous frayer difficilement un chemin dans les artères surpeuplées de la ville. Je dois l'accompagner jusqu'à l'IHAS, un centre de recherche archéologique apparemment très côté. Et pour ça, il nous faut traverser le désert.

Il est donc essentiel que nous nous procurions des tenues adaptées, et aussi une place dans une caravane. Pour les habits, rien de plus facile, on se dirige sur la place du marché, on trouve un vendeur de sapes avec lequel j'arrive à négocier un bon prix pour une gandoura, un sirwal et un chèch afin que le professeur fasse un peu plus couleur locale. Quant à moi, je chine un melhfa. Je ne sais pas trop ce que c'est, pour moi, c'est juste un grand drap. Mais après quelques explication du vendeur, j'arrive à peu près à comprendre comment ça se met. Enfin, il me faut quand même quelques essais et l'aide de la femme du marchand pour enfin me vêtir correctement, mais me voilà enfin parfaitement habillée!

Le souci, c'est qu'on loupe la seule caravane de la journée. Et dans les bureaux de la compagnie des Granulés, ils ne veulent rien savoir. La poisse, il va falloir que je me tourne vers un circuit moins "officiel". Donc, bien plus risqué. Et aussi, malheureusement, bien plus cher. Heureusement, contrairement au professeur, j'ai l'ouïe fine. Il me faut donc que quelques minutes pour réussir à déterminer à qui on pourrait acheter ce "service". Et après de longues et difficiles tractations, nous voilà embarqués dans une petite caravane. Six chameaux, un par personne plus un pour nos bagages et un pour les vivres. Ce qui veut dire que nous sommes quatre. Le guide, le professeur, moi et... qui?

Je me le demande bien! Certainement une sorte de porte-flingue pour assurer notre sécurité. Un homme bien costaud, quelle ne fut donc pas ma surprise quand je réalise que le quatrième membre de notre expédition n'est qu'un adolescent fluet.


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Perché sur son chameau, Adel avait la mine sombre, agacé de devoir de nouveau arpenter le désert alors qu'il aurait bien mérité une pause. La veille, il venait tout juste d'arriver à Atalia après un périple de plusieurs semaines aux quatre coins de l'île. En temps normal il restait toujours au côté d'Angie Gregson, sa principale cliente et amie. C'était d'ailleurs à cause d'elle qu'il avait dû arpenter Hinu Town de long en large et en travers à la recherche de fichus sites archéologiques. Souhaitant se poser deux semaines en ville pour faire le point sur ses découvertes, l'historienne l'avait finalement congédié pour cette durée.

En théorie, ç'aurait normalement été l'occasion pour l'adolescent de prendre des vacances bien méritées en dépensant son maigre pécule dans une auberge. Les circonstances en avaient toutefois décidé autrement, un duo d'archéologues ayant insisté pour faire la traversée du désert dans les plus brefs délais. Refusant de laisser en plan de potentiels clients, Krid Chawki le chef du clan d'Adel avait dans sa grande mansuétude accepté de les dépanner en leur fournissant une escorte, exigeant un bon paquet de berrys en échange de ce service de dernière minute. Évidemment, la bonne pomme à qui l'on avait refilé cette mission ingrate était Adel, la dernière recrue en date du clan de bédouin. Abdul Ikhlef, un vétéran du désert de 32 ans était également de la partie.

Ils étaient maintenant dans le désert, arpentant le paysage aride et monotone à dos de chameau. Beaucoup auraient pu questionner les choix de Krid : un seul homme et un adolescent pour défendre une caravane de six chameaux aisément repérable. Seulement, peu de gens savaient que malgré son jeune âge, Adel pouvait se vanter d'être un redoutable combattant. De plus les deux archéologues n'avaient pas perdu de temps à Atalia, ayant trouvé des guides le jour même de leur arrivée, limitant les chances que des oreilles malhonnêtes aient entendu parler d'eux.

Les chercheurs faisaient souvent des cibles idéales pour les bandits car ils étaient pour la plupart riches, ou au moins très aisés. Ll'on pouvait tirer de très grosses rançons de leur capture. Heureusement, la rapidité d'action de leurs clients avait limité les risques qu'une bande organisée ne les repère et s'en prenne à eux. Il était donc peu probable qu'ils se fassent attaquer durant ce périple d'une semaine, une information que le chef bédouin s'était bien gardé de révéler aux archéologues histoire de gonfler encore un peu plus le prix de l'escorte.

Au départ ce voyage promettait d'être pénible. Une énième traversée du désert en compagnie d'historiens véreux en quête d'une babiole millénaire qui les rendraient mondialement célèbres. Adel les connaissait bien, il les voyait défiler depuis sa plus tendre enfance et son amie la plus proche en était elle-même un spécimen de la pire espèce. Il avait rapidement revu ses attentes à la hausse toutefois en découvrant l'assistante du professeur. Dire qu'elle n'était pas banale eut été un euphémisme.

Elle arborait une grande paire d'ailes noires dans le dos qui dépassait de son vêtement au travers de trous adroitement pratiqués dans le tissu. La jeune femme était également aveugle, ce qui ne semblait pas la gêner le moins du monde pour se déplacer ou effectuer les tâches du quotidien, parvenant même à dompter
adroitement sa monture sans requérir l'aide des bédouins. Ce n'était pas un mince exploit, les chameaux étant des créatures difficiles à apprivoiser pour les non-initiés. Les premiers mois en compagnie de son clan, Adel les avait passées à se faire mordre et bousculer par ces sales bêtes.

C'était la première fois qu'il voyait un ange. Il avait tellement de questions ! D'où venait elle ? Pouvait-elle voler ? Est-ce qu'elle était déjà allée sur Grand Line ? Vivait-elle sur une île céleste ? Est-ce que tous les anges étaient aveugles ? Est-ce qu'ils avaient tous des ailes noires ? Mais, Angie lui ayant enfoncé les règles de bienséance dans le crâne, Adel savait qu'il serait impoli de poser toutes ces questions. Il se contentait donc de lui jeter des regards à la dérobé, trop timide pour engager la conversation.

Chaque fois que l’assistante faisait mine de tourner son regard vers l'adolescent, ce dernier oubliait totalement la cécité de la jeune femme et reportait son attention loin devant lui en agrippant son fusil, prenant bien garde à ce que leurs yeux ne se croisent pas. Il ne voulait pas qu'elle s'imagine que sa présence perturbait le jeune bédouin qui tentait de se concentrer sur sa tâche, restant à l’affût du moindre signe de danger. Il manquait toutefois de discipline, le moindre petit frémissement d'aile reportant immanquablement son attention sur l'assistante.

Plus loin devant, Abdul conversait gaiement avec le professeur Tourneterre, haussant le ton à chaque fois que le vieil homme lui demandait de répéter une phrase.


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Je n'étais jamais montée à cheval. Alors un chameau, vous n'imaginez pas quel défi cela représente pour moi! Heureusement, la bête est docile! C'est toutefois une sensation bien étrange de se laisser porter ainsi par un animal. Je suis secouée au gré de sa démarche, mais ça ne tangue pas assez pour me retourner les tripes. Et j'en suis très heureuse! Parce que je ne suis absolument pas pressée de passer pour la pauvre petite aveugle qui a le mal des transports. Quant au désert, je ne saisis pas la magnificence de l'endroit. C'est juste un pays horriblement chaud, même pour moi qui vient de South Blue, et surtout, un lieu vide de bruit et de vent.

Or pour une personne comme moi qui se repère à l'oreille et grâce aux mouvements d'air, le désert à tout d'un enfer pour mes sens. Je réalise alors que si jamais je devais arpenter cette étendue de sable seule, je mourrai assurément. La présence de nos guides devient alors primordiale. Seulement, malgré mon handicap, je ne fais pas confiance aveuglément. De ce fait, je suis aux aguets de la moindre trahison de la part de ces bédouins. Après tout, on leur a déjà donné une partie de la somme, et ils pourraient tout à fait nous détrousser à la faveur de la nuit et nous planter au milieu du désert. Et pour le professeur et moi-même, ce serait la mort assurée. Même par cette chaleur, cette pensée me glace l'échine.

Et puis ce gamin qui me zieute en permanence, et qui fait mine de regarder ailleurs dès que je tourne mon visage vers lui. Il croit sans doute que je n'ai pas capté son petit manège, le bougre! En tous cas, si avant je n'avais que des doutes, maintenant, c'est une certitude, ces nomades du désert ont de viles intentions à notre égard! Je vais devoir redoubler d'attention! En tendant l'oreille, j'entends le professeur et le guide discuter. Enfin, façon de parler, car le bédouin devait répéter plusieurs fois chacune de ses paroles pour être certain que Typhon le comprenne bien. De ce fait, moi je décide de me rapprocher du jeune garçon. Je fais accélérer ma monture pour être à sa hauteur et malgré la chaleur, je brise la glace!

"Salut, je me nomme Jeska Kamahlsson, et toi?"

L'espace d'un instant, j'ai cru qu'il aller pointer son arme vers moi. Je lui ai fait peur? Je ne pense pas, j'ai plutôt l'impression que je l'ai sorti des pensées dans lesquelles il s'était profondément plongé. Je m'excuse avec un grand sourire amical. Il se présente sous le nom d'Adel. Et très vite il m'assaille de questions comme si le fait que je sois venu lui parler était synonyme d'une proximité entre nous. Apparemment, le plus gros de sa curiosité est aimanté par la nature angélique de ma personne. Je suis donc, bien malgré moi, obligée d'avouer mon ignorance en la matière.

"Je suis navrée de ne pouvoir t'en dire beaucoup sur les anges. J'ai grandi dans un orphelinat sur South Blue, je n'ai jamais connu les Mers Blanches, ou d'autres anges. Je sais juste que la couleur de mes ailes est très très rare. Mais ce n'est pas parce qu'elles sont noires que je suis une mauvaise personne!"

C'est alors qu'Abdul décide qu'il est grand temps de déjeuner. On s'arrête donc et il va chercher des espèces de sandwiches. Ce sont des galettes de pain fourrées à la viande. Ils nomment ça des kébabs, apparemment. Une fois que chacun à le sien, on se souhaite bon appétit et on commence à manger. Dès le premier coup de crocs, je comprend que quelque chose ne va pas. La harissa, un condiment très pimenté, m'emplit la bouche. C'est un kébab de bédouins que je suis en train de "savourer", et il est épicé à leur façon. Il suffit de voir la tête que je tire pour comprendre que ça ne va pas, mais alors, pas du tout. J'ai la bouche en feu, comme si j'avais gobé de la lave en fusion, cette sensation est tellement forte, que je suis persuadée que mes dents sont en train de fondre! Poliment, j'avale quand même la bouchée que j'ai croquée, mais là, j'ai le front couvert de sueur et je suis en grande souffrance. Au point où j'en suis, je pourrais facilement cracher des flammes! Il me faut de l'eau, que j'éteigne l'incendie qui est en train de m'emporter la bouche!

"De l'eau... s'il vous plaît..." implorai-je le souffle court.
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Adel jeta un rapide coup d’œil à son mentor bédouin, demandant silencieusement ce qu'il devait faire de la demande de la jeune femme. En réponse, Abdul acquiesça très légèrement la tête avant de fermer les yeux, haussant subrepticement les épaules. Le professeur occupé à déguster son repas ne remarqua rien de ce bref échange silencieux, quant à la jeune femme, elle semblait trop préoccupée par le feu qui ravageait sa bouche pour leur prêter attention.

L'adolescent attrapa une gourde d'eau et la tendit à Jeska. Il observa froidement la jeune femme tandis qu'elle prenait trois gorgées avant de lui reprendre le récipient, l'arrachant pratiquement des mains de l’assistante. Réalisant que son geste avait été légèrement plus sec qu'il ne l'aurait voulu, il se dépêcha d'enchaîner :

 - Tiens Jeska, dit-il en lui tendant un morceau de pain, l'eau ça soulage sur le coup mais ça annule pas la brûlure. Mange du pain plutôt, ça va absorber le piment.

Ceci fait, le jeune homme alla s'asseoir à l'ombre d'un chameau, ouvrit un bouquin et entama son repas à son tour. Il ne prit pas la peine d'expliquer en quoi le comportement de l’assistante avait choqué les deux bédouins. Il prenait exemple sur Abdul qui continuait gaiement de manger son repas, tout en se moquant gentiment des difficultés de la jeune femme. Si cet homme estimait qu'il n'y avait pas besoin de faire la leçon à ces touristes alors il s'en abstiendrait. Mais cela n'effaçait pas pour autant l'erreur agaçante que Jeska avait commise.

Dans le désert on demandait de l'eau pour s'hydrater ou pour éviter un coup de chaleur, et c'était tout. La nourriture qui pique ? Une broutille, un caprice, elle n'avait pas soif. Ce comportement dénotait au mieux un manque de réalisation quant à l'endroit où elle se trouvait, au pire une totale indifférence quant à sa sécurité et à celle de ses compagnons de route : on ne gâchait pas l'eau, jamais. Même avec leur réserve, si quelque chose tournait mal durant ce périple et qu'ils se retrouvaient soudain privés des chameaux au milieu des dunes et du sable, le moindre millilitre serait d'une importance capitale.

Et pourquoi pas lui donner de l'eau pour qu'elle prenne une douche tant qu'on y est ? grogna intérieurement le jeune homme.

Si cela n'avait tenu qu'à lui, Jeska aurait continué à s'étrangler avec cette nourriture trop épicée pour elle. Qu'est-ce que c'était que ce genre de se pointer comme une fleur dans l'un des endroits les plus arides et hostile du monde et espérer pouvoir continuer à suivre son petit train train habituel ?

La bouche pleine de viande qu'il avait hargneusement arrachée au kebab, Adel relisait pour la troisième fois le même paragraphe de son livre quand il réalisa qu'il avait réagi de manière excessive. Jeska avait bu cette eau, ce n'était pas comme si elle s'en était servie pour se laver les cheveux ou une bêtise dans le genre. Il avait passé trop de temps avec le clan de Chawki comprit-il, à s'imprégner des principes et de la philosophie des bédouins. Cette dernière avait fait d'eux les maîtres incontestés du désert, mais il fallait avouer que ce n'était pas des plus pratiques quand il s'agissait de se lier avec les étrangers. Ce mode de vie dressait un mur entre les bédouins et le reste du monde : il y avait ceux qui connaissaient le désert, le maîtrisaient et le respectaient, et il y avait les autres. Chaque fois qu'un touriste commettait une erreur de débutant, il se faisait foudroyer du regard par ses guides et Adel avait malheureusement suivi le mauvais exemple de ses aînés. Heureusement qu'il avait croisé la route d'Angie Gregson, son amie historienne. Elle lui donnait de la perspective, l'aidait à ne pas être trop influencé par le modèle de Krid Chawki.

En se remémorant son amie, il prit également conscience du pauvre spectacle qu'il devait offrir à ses trois compagnons de route. Ignorant complètement ces derniers, il restait là, plongé dans son bouquin tout en bâfrant son kebab. Antisocial et très malpoli pour le coup, d'autant qu'il était censé être leur garde du corps. Tel qu'il était, il ne surveillait pas grand-chose, s'étant inconsciemment reposé sur son compagnon expérimenté pour garder l’œil ouvert. S'il avait été au milieu de son clan en ce moment, ses aînés l'auraient sévèrement punis. D'ailleurs, Abdul lui faisait les gros yeux, pas du tout discrètement en plus. Au début, il pensa que le vétéran était fâché qu'il ne monte pas mieux la garde, mais une série de coup d’œils appuyés en direction de la jeune femme lui firent comprendre que le bédouin voulait qu'il s'excuse auprès d'elle.

L'adolescent en était conscient : il avait été assez grossier avec la jeune femme, lui posant d'abord une tripotée de questions indiscrètes avant d'enchaîner en la traitant comme la dernière des malotrues. Si Angie avait été là, elle l'aurait incendié pendant des heures.

Il s'apprêtait à réengager la conversation avec la jeune femme quand le professeur Tourneterre posa une question. Avec sa surdité, le vieil homme ne se rendait pas compte qu'il parlait légèrement plus fort que la moyenne.

 - Alors Abdul, quelle est la suite de ce plaisant voyage ?

S'apprêtant à demander à l'assistante si elle connaissait le livre qu'il était en train de lire (le seul truc qu'il avait trouvé pour briser la glace), Adel suspendit son intention et écouta la conversation.

 - Nous allons nous arrêter à une petite oasis, leur apprit Abdul. C'est le dernier avant-poste aux alentours d'Attalia. On va en profiter pour refaire notre stock d'eau.

Hochant la tête, le professeur jeta un coup d'oeil aux chameaux et aux bidons remplis d'eau qu'ils transportaient. Revenant sur le vétéran bédouin, Typhon haussa les sourcils, interrogateur.

 - On sait jamais, répondit simplement Abdul avec un sourire. Vu qu'on va s'y arrêter pour la nuit autant en profiter ! reprit-il en haussant le ton quand le professeur lui fit signe qu'il n'entendait pas. On partira blindé pour le gros du voyage comme ça !

 - Et puis..., commenta Adel sans réfléchir, on va en avoir besoin si Jeska continue de cracher du feu à chaque repas !

L'adolescent ne réalisa sa bourde qu'une fois les derniers mots échappés de ses lèvres, pas des plus fins pour le coup. Très malin de taquiner la jeune femme vu la manière dont il l'avait traité ces dernières heures. Quelque part, il avait le sentiment que lui et l'assistante n'était pas encore tout à fait à ce niveau de proximité qu'il puisse déjà se permettre de lui lancer des piques, aussi innocentes soient-elles.

Pitié faites qu'elle le prenne bien, pria-t-il en fermant les yeux. Pitié faites qu'elle le prenne pas de travers.

C'était pour la taquiner, c'était gentil, ou du moins il espérait qu'elle le prendrait comme ça. Dans le cas contraire, ce voyage allait se montrer extrêmement pénible.


Dernière édition par Roy D. Aston le Dim 24 Déc 2017 - 19:31, édité 3 fois
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Je souffre, vraiment. Heureusement, le garçon m'apporte un peu d'eau. Elle n'est certes pas de prime fraîcheur, mais c'est bien plus qu'il n'en faut pour apaiser mes papilles en feu. Et puis soudain, il me reprend la fiole salvatrice! Sacré nom d'une biscotte beurrée, qu'est-ce qui ne va pas chez cet enfant? C'est horrible de me faire ça alors que ma bouche se consume dans les flammes de l'enfer. Quel sadique! Mais en fait non. Il me dit que pour éteindre ce genre d'incendie, le mieux c'est le pain. Et c'est vrai! Ça marche! Victoire!

Seulement voilà, malgré mes super capacités sensorielles, je ne réalise pas que l'ambiance s'est tendue d'un coup. Le jeune homme part dans son coin, le guide, quant à lui, essaie de discuter avec le professeur Tourneterre et moi, je suis seule à essayer de savourer tant bien que mal un kebab et ses épices. Il faut dire que j'ai un peu l'habitude de la solitude, alors mon isolement ne m'alarme pas plus que ça. Et alors que le gamin revient, c'est de notre prochaine destination que l'on parle. Et puis, Adel me lance une pique. Et là, ça fait "tilit". Comme si soudain, mon cerveau faisait enfin toutes les connexions comme il faut. Je réalise que j'ai été horriblement malpolie de demander ainsi de l'eau, surtout pour un motif aussi trivial. C'est une ressource rare ici. Et précieuse! Il ne faut pas la gaspiller! Je me sens très très bête tout d'un coup. Je baisse la tête et je m'excuse.

"Pardon, je ne demanderai plus d'eau durant les repas..."

Je suis mortifiée par ma propre bêtise, et je dois bien avouer que maintenant, c'est moi qui n'ai pas très envie de parler à qui que ce soit. De ce fait, une fois le repas fini, je monte sur le chameau et je me laisse porter. La suite du voyage est pour moi assez morne. Il paraît que les paysages sont très beaux. Ça me fait une belle jambe à moi, l'aveugle de service! Et puis, cette histoire d'eau m'a marquée au point que je n'ose pas siroter ma gourde quand j'ai soif. Je me contente de surveiller discrètement mes guides et je ne bois que quand eux le font. Histoire de ne pas commettre un autre impair.

Finalement, en fin d'après midi, on arrive à l'oasis. Et je dois dire que pour un point d'eau en plein désert, ce n'est pas aussi animé que j'aurais cru. Je trouve ça un tantinet suspect, mais peut-être que je me fais des idées. Et tandis que nos gentils guides préparent le campement, le professeur et moi-même nous approchons de l'eau afin de refaire nos réserves. Il y a une odeur étrange dans l'air. Elle est comme voilée, et du coup, ça m’empêche de la reconnaitre clairement. Je sais que je l'ai déjà sentie quelque part, mais impossible de m'en souvenir. Nom d'une biscotte! Je vais bien finir par trouver! C'est au moment où Typhon s'apprête à remplir la première gourde que j'identifie enfin cette fragrance si particulière.

Ça sent la mort.

Pas l'expression. Il y a clairement ici une odeur de putréfaction. Mais cette dernière est très faible, comme si elle avait été enterrée dans le sable, ou immergée dans l'eau. J'ai à peine le temps d'avertir le professeur.

"Non!"

Fis-je simplement en lui saisissant le poignet avec un peu plus de force que je n'aurais voulu. Ce qui a pour effet de le faire crier et donc de rameuter nos guides.

"L'eau est souillée!"

Dis-je en guise d'explication.

"Il y a un corps en décomposition dedans! Si on drague l'oasis il devrait remonter!"

Malgré les protestations de mon escorte, je prends un grand bâton et j'entreprends de prouver ce que je dis. Et comment dire, je sens que plus les secondes s'égrainent plus mon crédit s'amenuise. Et comme il n'était déjà pas très élevé, je sens que mes compagnons perdent patience. Abdul entreprend de m'éloigner poliment, mais fermement de l'étendue d'eau.

"Mais je ne suis pas folle!"

Criais-je en ayant l'air, paradoxalement, d'une folle furieuse. Puis soudain, c'est à Typhon de s'exclamer.

"Regardez!"

un cadavre d'animal vient de remonter à la surface. Et chose que je ne sais pas encore, la dépouille a été lestée. Ce qui implique que quelqu'un à délibérément cherché à rendre impropre à la consommation l'eau de cette oasis.
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L'air soucieux, Abdul alla chercher un Den Den Mushi et appela immédiatement Krid Chawki. Une voix grave et profonde s'échappa de l'escargophone. Malheureusement, le professeur Tourneterre s'excusant bruyamment auprès de la jeune femme, le bédouin dut s'éloigner un peu pour passer son appel, empêchant l'adolescent de suivre la conversation. Attendant que le vétéran finisse de s'entretenir avec le chef, Adel entreprit de sortir la carcasse de l'eau. Jeska lui prêta main-forte et tous deux munis d'un bâton, ils dégagèrent la dépouille en prenant soin de ne pas recevoir d’éclaboussures. Ils avaient fini au retour d'Abdul.

 - Ok, les autorités ont été prévenues de cet acte de vandalisme, les informa ce dernier. Quant à nous, il serait plus sage de rebrousser chemin, au moins tant que ceux à l'origine de cette infamie n'ont pas été élimin...

 - Attendez, le coupa immédiatement Jeska, on arrête le voyage juste pour ça ? Il n'y a aucun danger immédiat et nous avons toute l'eau nécessaire pour continuer.

 - C'est un piège à retardement qui nous as été tendu, expliqua Abdul. Si vous n'aviez pas été là mademoiselle, nous nous serions empoisonnés avec cette eau souillée et nous serions tombé malade au milieu du désert. On nous a probablement tendus une embuscade à un ou deux jours de marche. Il serait idiot de reprendre la route dans ces conditions.

La jeune femme voulait manifestement répondre au bédouin, mais c'était sans compter l'intervention du professeur, qui lui demanda ce qui se passait. Ils attendirent en silence que Jeska fasse un topo au vieil homme, qui fronça les sourcils en prenant connaissance de la suggestion du vétéran.

 - Non, refusa immédiatement le professeur, vous nous avez promis que nous arriverions à destination le 16 Juillet Abdul. J'entends d'El Beïda qu'elle honore son contrat.

Un petit silence s'installa tandis que l'archéologue et l'aîné d'Adel s'affrontaient du regard. Prendre à partie l'honneur d'El Beïda était assurément osé.

Il est féroce quand il veut le petit vieux, pensa le jeune homme, observant lz confrontation alors qu'Abdul rendait peu à peu les armes.

 - Ok je m'y attendais..., soupira le vétéran au bout de quelques instants. J'ai déjà transmis à Krid et il a accepté de nous envoyer des renforts. Idéalement j'aurais préféré les attendre ici, mais si vous n'en démordez pas alors nous allons continuer la route, ils nous rattraperont.

 - Inutile de nous attarder alors, reprenons la route, exigea la jeune femme, étrangement autoritaire pour une assistante.

Réfléchissant quelques secondes, alors qu'autour de lui ses trois compagnons s'étaient remis en action, Adel finit par exprimer ses interrogations à voix haute.

 - C'est étrange quand même, intervint le jeune homme. Aucun habitant d'Hinu Town n'aurait recours à une tactique aussi vicieuse. C'est sûrement des étrangers qui ont fait le coup et ça tombe pile lors de notre passage à l'oasis. C'est comme si vous étiez recherché.

Il fixa Jeska à la recherche d'une réaction quelconque de la part de la jeune femme, mais si elle avait quelque chose à cacher, elle n'en laissa rien paraître. Quant au professeur qui n'avait rien entendu, il se tourna de nouveau vers l'ange en quête d'une explication. Elle l'entraîna avec elle, hors de portée des deux bédouins et entreprit d'harnacher les chameaux tout en discutant avec lui. Haussant les épaules, Abdul fit signe à son jeune compagnon de faire de même, tandis qu'il rangeait délicatement l'escargophone dans une poche de son sac. Quelques instants plus tard, ils étaient repartis sur leurs montures.


Jusqu'à présent, le paysage désertique avait été rocailleux, encombré de pierres et de fougères. Désertique, l'environnement l'était à souhait, mais ce n'était pas le désert romanesque décrit dans la plupart des contes, non, ce dernier les attendait au-delà : une mer de dunes, une étendue de sable sans fin, sans eau ni végétation à des kilomètres à la ronde. À présent ils allaient entrer dans le vif du sujet, avec ses journées brûlantes et ses nuits glaciales, ses serpents et scorpions dissimulés dans le sable et probablement sa troupe de mercenaire étranger, embusquée dans un trou quelque part et attendant de leur faire la peau. Que du bonheur en perspective.

 - On va prendre un itinéraire différent, leur apprit Abdul. J'ai une vague idée de deux ou trois coins qu'une bande d'amateurs pourrait choisir pour nous tendre un piège. On va tâcher de les éviter ou de repérer ces brigands avant qu'eux nous repère. Que tout le monde ouvre l’œil. Si nous tombons sur un éclaireur nous n'aurons que quelques secondes pour l’abattre.

Adel observait l'horizon, perché sur son chameau, son fusil bien en main, concentré et déterminé.


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Ça sent mauvais, très mauvais. L'empoisonnement de l'oasis était un signe. Quelqu'un cherchait à piéger les voyageurs du coin. La question qui demeurait en suspens était celle-ci : étions nous spécifiquement visés? Et si oui, dans quel but? En tous cas, pour Adel, c'était évident. Aucun indigène ne se serait abaissé à une pareille félonie, de ce fait, ce sabotage serait forcement l’œuvre d'un étranger. Je trouve ce gamin sacrément xénophobe, mais je m'abstiens de le lui faire remarquer. Il est notre guide, et il est armé qui plus est. En fait je me demande si ce ne sont pas nos charmants guides qui essaient de nous entourlouper. Les sens aux aguets, j'enfourche ma monture et je me rapproche de monsieur Tourneterre. Il est grande temps que je me montre un peu curieuse quant à la personne que j'escorte.

On discute un brin pendant qu'on chemine vers un nouveau lieu de bivouac. J'en apprends un peu plus sur le savant sourd. Comme je l'avais deviné à son accent, il vient de North Blue. Il tient une chaire à la prestigieuse université du royaume de Luvneel, mais il est natif d'Inari. Il a soixante dix-ans et ce n'est pas sa première traversée du désert. Et puis très vite, le sujet de ses recherches vient sur le tapis. Avec un collègue, Charle D. Harouine, ils ont une théorie. Il ont appelé ça "l'évolution des espèces". Pour faire simple ils pensent que tous les êtres vivants n'ont pas été crées par Dieu comme on nous l'apprend à l'école mais qu'ils auraient évolué à partir d'ancêtres communs. Par exemple, l'homme descendrait du singe. J'ai du mal à ne pas étouffer un petit rire. Je m'excuse et je me justifie avant de le vexer. Ce n'est pas tant le coté incroyablement "novateur" de sa théorie qui me fait rire, c'est juste que je viens d'imaginer que ça impliquerait les primates et nous soyons des sorte de cousins très très éloignés.

Mais je réalise aussi autre chose. Le Gouvernement Mondial est assez tolérant avec les cultes tant qu'ils n'entrent pas en conflit ouvert avec la religion d'état. Bien qu'en définitive, il n'y a rien de tel dans le sens strict du terme. Dans les textes, ce serait même le contraire. On ne pratique aucune distinction entre les différents mouvements religieux ce qui évite les guerres de clocher. En fait, pour qu'un culte soit autorisé par les pontes de Marie Joa, il faut juste que ses idéaux soient compatibles avec la politique de ces derniers. Pas de religion officielle, donc. Seulement, dans les faits, la réalité est tout autre. Beaucoup de hauts responsables que ce soit dans la Marine ou le Gouvernement Mondial se revendiquent plus ou moins ouvertement de l'Odaïsme. Comme moi d'ailleurs. Mais là, cette découverte, si elle s'avère être vraie, pourrait bouleverser le monde tel que nous le connaissons. Parce que les êtres vivants n'auraient pas été dessinés comme nous le disent les Saintes Écritures du maître Oda, mais qu'ils auraient tout simplement évolué. C'est alors que je me demande s'il a une preuve de ce qu'il avance que je réalise l'horreur de la situation. Oui, nous sommes très certainement visés. Et je commence à comprendre pourquoi moi, une soldate à peine sortie de l'Académie, et aveugle de surcroit, a été affectée à cette mission. Je suis là uniquement parce que je suis la personne la moins apte à réussir à protéger cet homme. Et pire encore, que les gens qui en veulent à nos vies sont de la Marine! Il faut donc absolument que j'explique la situation à nos guides. Ils en va de leur survie.

Une paire d'heures plus tard, le soleil disparait à l'horizon. Comment je le sais. la température chute drastiquement. Il commence même à faire sérieusement frisquet. Abdul nous fais alors signe de nous arrêter et commence à dresser le campement avec Adel. J'attends jusqu'au diner pour crever l’abcès. Je leur révélè tout. Ma condition de marine, les découvertes du Professeur, et ce quelles impliquent. Enfin, je dois le dire assez fort et plusieurs fois pour que Typhon ne se sente pas exclu. Et une fois mon histoire terminée, je leur demande.

"Du coup, on fait quoi?"


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- On fait comme prévu, répondit Abdul. Marines ou pas, ils n'oseront pas vous attaquer une fois que vous serez à l'IHAS. Il nous suffit de les contourner et d'atteindre le centre de recherche. Quand vous serez en sécurité, El Beïda se chargera d'éliminer vos poursuivants, ne vous inquiétez pas.

 - Tu es une militaire alors ? demanda immédiatement l'adolescent à Jeska, les yeux brillants. Tu as reçu une formation et tout ?!

 - Je sais me battre, acquiesça l'ange.

 - Ça ne change rien, intervint le vétéran, vous restez notre cliente mademoiselle. À ce titre, nous sommes toujours aussi responsables de votre sécurité que de celle du professeur. J'entends de vous que vous continuiez à suivre nos ordres, même s'ils semblent aller à l'encontre de votre mission. Gardez bien en tête que tout ce que nous ferons aura pour but de vous conduire vous et le professeur à destination, et en vie.

La jeune femme hocha simplement la tête. Si elle se méfiait d'eux, elle ne laissa rien paraître.

 - On va se battre contre la Marine alors ? demanda Adel à son mentor, inquiet.

 - Je ne pense pas, le rassura ce dernier. Pas directement du moins. Si la théorie de Jeska se confirme, nous devrons sûrement faire face à des mercenaires étrangers. Même un haut placé du GM ne peut ordonner à des soldats de la Marine d’exécuter des civils sans fournir d'explications.

Hochant la tête, le jeune homme retourna à son repas et engagea la conversation avec le professeur. Il était très intéressé par sa théorie. Les mercenaires El Beïda vénéraient les esprits du désert. A leur grand dam, le jeune homme n'avait pas adopté leur religion et les histoires abracadabrantes qui allaient avec. Typhon Tourneterre en revanche était un savant, une personne cultivée, une personne en qui le jeune bédouin faisait confiance au moins sur le plan intellectuel. Il lui avait brièvement expliqué sa théorie, avant de sortir un livre rempli d'images qu'il avait feuilleté devant l'adolescent.

Le professeur avait donc des preuves pour étayer son hypothèse, une chose qu'El Beïda avait omis de fournir à Adel quand elle avait essayé de le convertir à sa religion. Il passa cinq minutes à montrer des images de squelettes anciens et des croquis morphologiques d'hommes et de singes au bédouin.

 - Mais et les anges du coup ? s'interrogea finalement le garçon en regardant Jeska. Ils descendent des singes eux aussi ? Y'a des singes avec des ailes ?

 - Pardon ? demanda le professeur, en lui faisant signe qu'il n'avait pas entendu. Articule mon garçon je n'entends pas.

Fronçant les sourcils, le jeune homme répéta par trois fois sa question au vieil homme, qui ne parvint pas à saisir les mots du garçon. Soudainement, la virulence de sa surdité semblait avoir triplé d'intensité.

Mouais, manifestement sa théorie a encore besoin d'être approfondie, rigola intérieurement le jeune homme, abandonnant après s'être répété une quatrième fois, sans succès.


Une fois le repas fini et à l'étonnement du professeur et de la militaire, les deux bédouins entreprirent de tout ranger avant de commencer à harnacher les chameaux.

 - Que faites-vous messieurs, demanda le professeur, perplexe.

 - Nous repartons, répondit Abdul. Allez, tout le monde en selle.

Voyant que Jeska hésitait sans comprendre, un paquet de fournitures dans les bras, Adel la délesta de son fardeau et entreprit de préparer la monture de la jeune femme.

 - On voyage de nuit dans le désert, leur expliqua le jeune homme tout en s'activant sur les sangles. Il fait plus frais, on peut se déplacer plus loin sans risquer un épuisement par la chaleur. Ça permet d'économiser de l'eau.

 - Mais... les chameaux nous permettent de voyager sans nous épuiser, non ? demanda la jeune femme.

 - Oui, mais dans le cas présent nous sommes recherchés, clarifia Abdul. Une caravane de six chameaux est trop repérable de jour. Nous déplacer de nuit nous permettra de rester caché. De plus, si l'ennemi commet l'erreur de faire un feu pour cuire sa nourriture ou se maintenir au chaud, ça nous donnera un avantage.

 - Nous avons voyagé toute la journée ! protesta la jeune femme. Nous avons besoin de nous reposer !

 - Vous dormirez en selle, les rassura le vétéran. Adel et moi nous chargerons de monter la garde et de guider vos montures.

 - Voyager de nuit et dormir le jour, ah quel voyage pittoresque ! s'écria le professeur avec un énorme bâillement. Tout ça me rappelle mes jeunes années, reprit-il en grimpant sur sa monture, quel plaisir de se démener pour la science !

Finissant de rassembler leurs affaires, Jeska et son jeune garde du corps préparèrent les dernières bêtes. Abdul quant à lui observait le ciel étoilé d'un œil critique, probablement en train d'évaluer leur position, et la route à suivre.

 - Ils transportent quoi ces chameaux exactement ? demanda le jeune homme après quelques instants. Ils sont beaucoup juste pour transporter des vivres non ?

Jusqu'à présent, Jeska et le professeur avaient tenus à rester le plus discret possible et n'avaient pas cru bon d'informer leurs guides de la nature de leur chargement. À présent, Adel estimait qu'ils se connaissaient assez pour leur poser la question. Cette caravane était un peu grande pour seulement quatre personnes.

 - On transporte des fournitures et du matériel de recherche en plus de la nourriture, répondit la jeune femme après avoir réfléchi quelques secondes. C'est pour l'IHAS.

 - Ah... c'est dangereux, fit remarquer l'adolescent. C'est vraiment indispensable ? Non parce qu'avec trois bêtes en moins déjà on limiterait les risques de se faire repérer. Ou alors nan, mieux : on laisse tout ici et on continue le voyage à pied. Ça se tente non ?

Une fois que Jeska eut répété la suggestion du jeune homme à l'oreille du professeur, les yeux de ce dernier bondirent sur l'adolescent et le foudroyèrent du regard.

 - Vous savez quoi ? lâcha finalement Adel au bout de quelques secondes en déglutissant, faites comme si je n'avais rien dit, c'est aussi bien.

 - Qu'est-ce que tu comptais faire gamin ? l'apostropha Abdul, un sourire narquois sur le visage. Les abandonner ? T'as une idée du prix que ça coûte ces bestioles ? Et puis tu envisages sérieusement de les lâcher comme ça au milieu de nulle part ? Je te savais pas aussi cruel.

 - Oui bon ça va ! rétorqua le jeune homme, en aidant la jeune femme à grimper sur sa monture. Je n'ai pas trop réfléchi, ça peut arriver !

 - Ouais, bah n'en fait pas une habitude, le sermonna le vétéran, et garde l’œil ouvert, ça va devenir dangereux par ici.

 - Allons-y, soupira Jeska.


Dernière édition par Roy D. Aston le Dim 24 Déc 2017 - 19:50, édité 3 fois
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Cela fait deux jours que nous avons découvert l'oasis contaminée. Et qu'on vit comme des animaux nocturnes. On voyage sous les étoiles. Il paraît que c'est très joli. Mais moi, je n'y vois rien, et je reste donc de glace face à la beauté de la voute céleste. En parlant de glace, les nuits dans le désert sont rudement fraîches. Glaciales serait le mot le plus approprié. Personne m'avait dit que je me les gèlerais autant une fois la nuit tombée! Moi, je n'ai pris que des tenues pour faire face à la chaleur. Rien pour me prémunir du froid! Me voilà donc en train de grelotter comme une malheureuse, enroulée sous quatre couches de vêtements. Je lutte contre le sommeil. N'allez pas croire que je ne me suis pas habituée à cheminer en horaires décalés. En fait, si je dors peu, c'est que je me méfie de nos guides. Les deux bédouins ont bien compris les raisons qui me poussent à agir ainsi, mais si Abdul a cessé d'insister pour que je dorme, je crains d'avoir vexé Adel.

Du coup nos communications se font de plus en plus courtes et de plus en plus espacées. Et le fait qu'on économise les mots semble avoir alourdi l'ambiance. Et que les renforts qu'Abdul à demandé tardent à arriver aussi. Et puis, je me doute que ma méfiance à l'égard de nos guides n'y est pas pour rien. Si jamais on se sort de là en vie, je ne manquerai pas de m'excuser pour mon attitude. Enfin, on n'en est pas encore là. Je sens les premiers rayons de soleil me caresser le visage. L'aube du quatrième jour de notre voyage pointe le bout de son nez. Je somnole tout en me laissant bercer par la démarche du chameau qui me sert de monture et du ronflement régulier du Professeur. Je me demande comment il peut faire pour dormir dans cette situation!

On établit un campement dans les ruines d'une cité antique entourée par un reg. Histoire qu'on se repose un peu. Je suis ébahi par la connaissance quasi-encyclopédique qu'Abdul à du désert. Non pas qu'il me parle à moi, mais j'espionne les conversations entre notre guide et Tourneterre. Et je dois avouer que tout ça est passionnant. Et puis, les ruines sont en dur, et je me sens drôlement plus à l'aise ici qu'à marcher sur le sable inconsistant du désert. Je laisse les deux "érudits" discuter et installer le camp et j'en profite pour inspecter les ruines. L'endroit est très vaste. Et surtout parfait pour une embuscade tant il est riche en recoins pour se cacher. Mais pas de moi. Je ne sens pas d'autres odeurs que celle de mes compagnons, du sable chaud et de la pierre cuite par le soleil. Rassurée quant à l'absence de menace immédiate je rejoins les autres et je fais une micro-sieste afin de récupérer quelques forces.

J'émerge quelques dizaines de minutes plus tard. Et je sens une espèce d'agitation dans l'air. Abdul range une longue vu et nous explique que les renforts tant espérés arrivent enfin. Une douzaine de cavaliers sur chameaux s'approchent du campement. Je dois avouer que je ne suis pas aussi optimiste que mes compagnons. Pour moi, ça fait juste plus de bédouins à surveiller. Et surtout, je me retrouve dans une situation où je suis en écrasante infériorité numérique. Si nos "amis" venaient à nous menacer, je serais bien incapable de protéger qui que ce soit. Et puis soudain, les renforts nous tirent dessus. Immédiatement, on file se cacher à l'abri dans les ruines. Mais étrangement, ils chargent mais ne nous poursuivent pas. Il se contentent d'incendier notre bivouac, détruire nos provisions et nous voler nos montures. Le temps qu'on réalise ce qui nous arrive et qu'on contre attaque, ils sont déjà partis au loin.

De retour sur les lieux, je réalise l'ampleur de la catastrophe. On n'a plus de vivres, plus d'eau, plus de chameaux et plus de tentes. Voilà pourquoi ils ne nous ont pas poursuivi. Ils n'en ont pas besoin. Nous sommes condamnés. Jamais on pourra se sortir de là! Le désespoir m'envahit. Il me scie les jambes et je m'affale sur mon séant.

"Vais-je mourir ici?" m'interroge-je à voix haute.

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- Allons mademoiselle, tenta de la rassurer Abdul, pas de défaitisme, la situation est bien moins précaire qu'il n'y parait.

Un peu plus loin, Adel fulminait en observant le campement détruit, secondé par le professeur qui observait la scène sans mot dire.

 - Putain de bordel de merde on s'est fait avoir comme des débutants ! jura le jeune homme avant de déverser sa frustration en jetant violemment son fusil au sol.

 - Curieuse idée qu'ils ont eu de ne pas nous poursuivre, commenta le vétéran en aidant Jeska à se relever. Ils auraient pu en finir immédiatement, mais ils ont préféré nous laisser nous dessécher au milieu des dunes. Ils ne doivent vraiment pas vous aimer.

 - Ouais bah ils ont eu bien raison, commenta Adel, ont les auraient tous fumé ! Revenez ici bande de macaques ! hurla-t-il ensuite à l'horizon. V'nez vous battre ! J'vous démonte !

 - Les renforts sont morts ? demanda la marine, inquiète. C'était vos chameaux dans le groupe qui nous a attaqué ?

 - Je ne sais pas, répondit honnêtement son garde du corps. Je n'ai pas vu de signes distinctifs appartenant à notre clan sur leur cavalier et ils ont emporté l'escargophone. Je ne peux plus contacter Krid.

 - Ils sont justes pas encore arrivés ! répondit à son tour le jeune homme. Si ces rigolos étaient tombés sur notre clan ils auraient pas tenu deux minutes ! Deux secondes même nos gars ont bien mangé à midi !

 - Bon, trêves de conneries. Adel, va avec Jeska explorer les ruines à la recherche d'une marque, ordonna le Bédouin. Le professeur et moi on va fouiller ce qui reste, voir si y'a des choses à récupérer.

Bouillant de colère, le jeune homme continua pendant quelques instants à foudroyer du regard la direction qu'avaient prise les bandits pour s'enfuir, avant de ramasser son arme et de se diriger vers la jeune femme. Passant devant son mentor, ce dernier l'intercepta un instant en l'attrapant par le col.

 - Hé, tu me refais un coup pareil avec ton fusil, l'avertit Abdul, et je te jure que tu passeras le restant de tes jours dans le clan à peler des carottes, tu piges ?

L'adolescent hocha la tête sans répondre, puis quand le vétéran eut lâché son vêtement, il attrapa l'ange par la main et l'entraîna dans son sillage.

 - Et surveille ton langage ! rajouta l'homme en le regardant partir. Elle t'a pas appris ça Angie Gregson ?!


Un peu plus tard, alors qu'ils cherchaient la fameuse marque, Adel expliquait à la demande de la jeune femme de quoi il s'agissait.

 - El Beïda vit dans ce désert depuis des centaines d'années, racontait-il. On le connaît par cœur et comme c'est pas la première fois qu'on se retrouve comme des glands au milieu du sable et sans provisions, on a pris l'habitude d'avoir des caches éparpillées un peu partout.

 - Des caches ? s'enquit Jeska, reprenant espoir.

 - Oui, des caches d'eau, continua-t-il, et de nourriture aussi, des aliments qui périssent pas comme du miel ou des pois secs. Elles sont bien cachées mais on peut les trouver en repérant la marque. Hinu Town a un désert assez rocailleux et de toute façon y'a des ruines un peu partout. Où qu'on se trouve, y'a toujours au moins une planque à moins d'un jour de marche.

 - J'ai comme l'impression que c'est censé être un secret. Comment se fait-il que je t'accompagne dans ta recherche ? demanda la jeune femme.

 - En temps normal on évite d'en parler oui, avoua Adel, et on n'a pas le droit de montrer la marque aux étrangers. Mais toi et le professeur c'est pas pareil, rajouta-t-il rapidement, on vous fait confiance.

 - Ah oui d'accord, et le fait que je ne puisse pas effectivement voir la fameuse marque n'a pas du tout joué dans la décision d'Abdul, railla Jeska, un sourire narquois sur le visage, naturellement.

 - Naturellement, répondit Adel en riant, content de voir qu'elle avait repris du poil de la bête.

Un œil attentif remarquait aisément la ribambelle de marques gravées sur la plupart des ruines du désert, ou sur le moindre rocher d'Hinu Town. Certaines de ces gravures étaient des écrits en langage ancien, d'autres des images pouvant représenter tout et n'importe quoi. Beaucoup de ces symboles étaient là bien avant la naissance d'El Beïda, d'autres avaient été rajoutées par ce clan au cours des siècles. Une seule en revanche, gardée secrète et dissimulée, noyée au milieu des autres inscriptions, indiquait la présence d'une cache : un oeil avec une larme.

Ils explorèrent les ruines pendant un moment, avant qu'Adel ne trouve enfin ce qu'il cherchait, sur l'un des rochers du reg. Il se mit aussitôt à creuser et dénicha les caisses de provisions dissimulées. Une rapide inspection plus tard et soudain un lourd silence s'installa au milieu des ruines. Même sans voir ce qui se passait, la marine comprit que quelque chose n'allait pas.

 - Vide, finit simplement par lâcher le garçon.

Le vent s'agita autour d'eux, faisant claquer les ailes de Jeska.

 - Evidemment, ce serait trop simple, commenta-t-elle, amer.

Dans un inconfortable silence, ils reprirent leur chemin et retournèrent au campement afin de partager la mauvaise nouvelle.

Histoire de rassurer ses clients, Abdul leur rappela qu'ils avaient largement de quoi atteindre la prochaine cache de provisions. Les quatre compagnons de route transportaient chacun une gourde sur eux et avaient donc encore assez d'eau pour deux ou trois jours. Inquiet pour la santé du professeur en revanche, le vétéran ne voulait pas repartir immédiatement. Ils avaient tous besoin de sommeil et il n'était pas judicieux de marcher de jour dans le désert, d'autant qu'à l'âge avancé de leur client il y avait peu de chance que ce dernier ne supporte un tel rythme.

Ils allèrent se mettre à l'abri dans l'ombre des ruines de la cité antique et prirent un repos bien mérité tandis que les deux Bédouins se relayaient pour monter la garde. Placés en embuscade dans le reg, ils veillaient à tour de rôle, attendant que la journée passe dans le calme. La fumée soulevée par la mise à feu du campement se voyait à des kilomètres. Avec un peu de chance, si les renforts ne s'étaient pas fait trucider en chemin, ils les trouveraient avant la nuit. Autrement, cap vers les prochaines ruines.


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Quelle galère! Il fait une chaleur à crever, et nous n'avons plus qu'une gourde par personne. Heureusement que nos guides connaissent bien le coin, sinon, j'aurais rajouté "perdus au milieu de nulle part" à la liste des malheurs qui s'abattent sur nous. Je dois bien avouer que je suis complètement découragée. Ceux qui nous ont attaqués semblent vouloir laisser le désert se charger de nous. Et je commence à perdre espoir. Pourtant, l'espace d'un instant, j'y ai cru, à ces fameuses caches bédouines, mais la cruelle réalité ne tarde pas à me rattraper. L'endroit est vide de toute provisions.

Abdul se montre étrangement optimiste. Il y a une autre cache à quelques jours d'ici et il pense qu'on peut y arriver. Sans vivres, avec des rations d'eau limitées et en devant porter nous même le peu de matériel épargné par les flammes. Je suis dubitative, mais je me tais. Je sais que je n'y connais rien au désert et à ses subtilités. D'autant plus que je soupçonne le bédouin d'adopter une communication positive afin de ne pas nous alarmer. Je ne vais donc pas gâcher ses efforts avec mon spleen.

J'obtempère donc docilement et je vais me mettre à l'abri du soleil, dans l'ombre des ruines. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je tombe de sommeil. J'émerge un peu avant la nuit tombée. Je remercie les deux hommes des sables de nous avoir veillés, puis je file réveiller les professeur et on se remet en route. Je réalise alors que les chameau nous étaient drôlement utiles. Parce que marcher dans le sable, le dos lesté de matériel, est une entreprise ardue pour moi. Chaque pas me coûte. Tant est si bien qu'à la fin de la nuit, malgré la fraicheur nocturne du désert, je n'ai pas froid, loin de là! Et surtout, je suis épuisée! Mais ce n'est rien à coté de ce qu'endure le malheureux professeur Typhon Tourneterre. Au bord de la syncope, le vieil homme tient difficilement debout. Il vacille, titube, tangue dangereusement, et finalement, il s'évanouit. Je me précipite vers lui, et je le rattrape d’extrême justesse.

"Il nous faut ralentir le rythme, sinon, il n'y arrivera jamais."

Abdul acquiesce silencieusement. Je remarque alors que les deux bédouins sont en bien meilleure forme que nous. L'habitude sans doute, mais quand même, je suis admirative! Cependant, je ne me fais pas prier et je file me reposer avec l'archéologue. Je dors comme une masse quand je sens qu'on me secoue doucement. C'est Adel.

"On a trouvé de quoi manger!" m'annonce-t-il fièrement.

Après une journée de jeûne et d'efforts, je serais prête à avaler n'importe quoi. Quelle ne fut donc pas ma surprise quand je réalise que la délicieuse odeur de viande grillée qui me chatouille les narines et m'excite les papilles provient de... brochettes de serpent! Je dois avouer que j'aime tous les animaux, sauf les serpents (et les vers mais c'est un secret!). Et ce n'est même pas du fait de mon éducation religieuse. Il sont froids, lisses, et se tortillent dans tous les sens. En plus ils ne sont pas du tout affectueux! Bref, je ne suis pas super motivée à l'idée de manger cet animal. Enfin, je ne vais pas faire la fine bouche! D'autant plus que je meurs de faim! Deux coups de crocs plus tard, me voilà convertie à la viande de serpent. C'est pas raffiné, loin de là s'en faut! Mais pour un ventre affamé, c'est digne d'un festin!

Il n'y a pas à dire, avec un ventre plein, on avance mieux. J'ai presque l'impression qu'on chemine plus vite que la veille! On arrive même à discuter un brin. Ça nous change du silence monotone de la veille. Soudain, alors que le soleil disparait à l’horizon, j'ai une drôle d'impression.

"Le vent se lève."

Abdul se tourne vers moi, commence une phrase et s'arrête aussi sec. Il prend sa longue vu et scrute l'horizon.

"Adell, une tempête de sable se lève. Il faut trouver un abri en vitesse!"

Et le professeur qui croit bon de rajouter que ces phénomènes climatiques, aussi appelés simoun, sont terriblement dangereux. Des vents brûlants à plus de cinquante degrés, soulevant le sable, avec des rafales à plus de cent kilomètres heure, il y a de quoi nous arracher les chairs en moins de temps qu'il ne faut pour dire Arabasta! Nom d'une biscotte, il faut qu'on trouve une cachette et vite!

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C'était le pire moment possible pour affronter un simoun. Il n'y avait pas le moindre abri à portée de vue, la perte de leurs chameaux n'en devenant que plus tragique : les quatre voyageurs ne pouvaient plus s'abriter derrière leurs bêtes, bien mieux adaptée à ce genre d'événements. Tâchant d'oublier la précarité de leur situation, les bédouins s'activèrent pour les préparer eux et leur client à l'épreuve à venir.

La priorité fut de rentrer les ailes de Jeska à l'intérieur de son vêtement. Elle était l'un des rares anges ayant jamais eu à affronter une tempête de sable, peut-être même était-elle la première de l'histoire. Ses deux guides n'avaient aucune expérience quant à faire traverser un être de cette ethnie dans le désert, mais il ne fallait pas être sorcier pour déduire qu'une grande paire d'ailes noires et des rafales de plus de cent kilomètres heures ne feraient pas bon ménage. Cela allait ralentir drastiquement la progression de la militaire, la fatiguer outre mesure et risquait même de briser ses attributs angéliques. Ils s’échinèrent un moment à essayer de faire rentrer ces derniers au travers des trous de son vêtement, avant qu'elle ne finisse par accepter de l'enlever, laissant aux mercenaires le soin de le lui remettre en recouvrant ses ailes. Elle avait une étrange silhouette dressée ainsi, rappelant celle d'un bossu, mais au moins elle survivrait.

Ils enfilèrent chacun un foulard en prévision des rafales de vent impitoyables qui ne manqueraient pas de leur servir tout le sable du désert en guise de plateau repas. Leur cou, leur bouche et leur nez à l'abri, ils sacrifièrent un peu d'eau pour en asperger les foulards, s'assurant l'étanchéité de leurs nouvelles protections. Enfin, ils enfilèrent tous une paire de lunettes de protection. Jeska, de par sa condition, n'avait pas cru bon d'en apporter. Ils lui bandèrent simplement les yeux.

Ceci fait, ils accélérèrent le pas, Abdul jetant le professeur sur son dos, et se mirent à courir à la rencontre de la tempête. Autant grappiller les quelques derniers mètres qu'ils leur restaient avant de se retrouver au milieu du simoun, où leur progression deviendrait aussi lente que pénible. Et elle le fût.

Le sable les frappa avec force, les plongeant dans un enfer brûlant qui les fit suffoquer quelques secondes, le temps qu'ils s'habituent à respirer l'air chaud. Serrant les dents, ils adoptèrent une nouvelle formation et reprirent leur chemin sans un mot. Progressant en file indienne, Abdul encaissait le gros des bourrasques, abritant efficacement le professeur qui lui emboîtait le pas. Derrière se trouvait Jeska, suivi de près par Adel qui fermait la marche. Ils ne voyaient pas à plus de cinq mètres devant et parvenaient à peine à s'entendre parler, le vent mugissant à leurs oreilles couvrant tous les sons. De toute manière, ils évitaient de parler, préférant économiser leurs forces en se contentant de suivre les pas du vétéran.

À intervalles réguliers et ce malgré les précautions prisent un peu plus tôt par les bédouins, les ailes de Jeska se faisaient happer par le vent. Il suffisait que la jeune femme perde un instant sa concentration, qu'une rafale lui fasse perdre l'équilibre, et un bout d'aile filtrait au-dessus de son épaule. Dès lors, par un effet boule de neige c'était toute l'aile qui se faisait emporter, étirant le vêtement de la militaire et l'entraînant brusquement en arrière. À chaque fois, Adel était là pour la rattraper et pousser sur l'aile récalcitrante afin de la plaquer sur son dos. Jeska ne manquait pas de le remercier à chaque fois, soutenant qu'elle allait bien pour ne pas les inquiéter, mais elle ne parvenait pas à totalement réprimer ses grimaces de douleur. Manifestement, tout cela éprouvait grandement les muscles de son dos.

Au bout d'une heure de marche dans ces conditions, le professeur était à deux doigts de s'évanouir. Jeska quant à elle, assaillie par la douleur et la fatigue, était très éprouvée aussi bien mentalement que physiquement, forcée de rester concentrée sur ses ailes et sachant qu'un monde de souffrance l'attendait si elle y faillait. Tout allait très vite. Il lui suffisait de faiblir durant une fraction de seconde et le temps qu'elle
le réalise ses ailes se faisaient tordre par les bourrasques, lui donnant la très nette impression qu'on lui déchirait le dos.

Heureusement pour eux, Abdul entrevit une lueur de salut au milieu du simoun en la personne de trois palmiers rabougris, perdus là au milieu du désert, se balançant indifférent au gré du vent. Sans perdre un instant, ils se précipitèrent jusqu'aux arbres et allèrent se mettre à l'abri. Les deux bédouins plus endurants vinrent s'adosser sur les troncs, dos au vent, et laissèrent leurs clients s'allonger en face d'eux, s'abritant grâce au corps des guides. La tête de Jeska sur les genoux, Adel maintenait ses mains sur les ailes de l'ange, les gardant bien en place pour laisser la jeune femme épuisée se reposer. Puis ils attendirent.

Quatre heures plus tard, Adel se relevait en époussetant tout le sable qui s'était accumulé dans son dos, soulagé d'avoir passé cette épreuve. Il attendit que Jeska se remette sur ses pieds et l'aida à dégager ses ailes meurtries, qu'elle étira bientôt avec délice. Abdul quant à lui secoua le professeur endormi, lui expliquant qu'il était temps de repartir. Cependant, au bout de quelques secondes passées à tenter de le réveiller, le vétéran réalisa que quelque chose n'allait pas. À intervalles réguliers durant la tempête, la température s'était amusée à chuter avant de brusquement remonter au gré des bourrasques. Ce cycle sans fin de chaud et de froid avait été absolument brutal pour le professeur semblait-il. Tourneterre était parcouru d'un tremblement ininterrompu et ne se réveillait plus. Reprenant leur souffle, ses trois compagnons se concertèrent rapidement, pondérant leurs options.

Il fallait avancer, mais le professeur n'était plus en état de se déplacer, pas plus que d'être transporté. Ils ne se perdirent pas dans un long débat et décidèrent rapidement qu'Abdul resterait auprès du vieil homme. La prochaine cache n'était qu'à 12 heures de marche, Adel et Jeska allaient s'y rendre et récupérer des provisions. Le vétéran s'efforcerait de maintenir Tourneterre dans un état stable en attendant leur retour. Il ne leur restait de l'eau que pour une journée. Il fallait jouer le tout pour le tout.

Adel reçut la longue-vue de son mentor ainsi que son fusil et il partit sans attendre, accompagné de la marine.


Six heures plus tard, le soleil commençait à se lever. Alertes et déterminés, le bédouin et la militaire discutaient calmement. Malgré sa fatigue, Jeska semblait avoir pris le coup pour marcher dans le sable sans trop s'épuiser. Elle avançait à un rythme soutenu et régulier, ses pas probablement portés par son inquiétude pour le professeur.

 - Par ici la meilleure arme pour faire la guerre c'est la mobilité et la puissance de feu, expliquait Adel, contourner son adversaire, le prendre par surprise, attaquer vite et fort, de loin. Comme on a perdu les chameaux on est vingt fois plus vulnérable qu'avant, pratiquement inoffensif.

La jeune femme lui avait demandé où en étaient leurs chances de survie. Adel avait choisi d'être brutalement honnête, lui expliquant qu'ils n'avaient pas prévu de faire face à un groupe organisé connaissant leur destination, pas plus qu'ils n'avaient prévu de se faire attaquer par-derrière. Leur situation était des plus précaires.

 - Moi et Abdul on survivra à tout ça, continua l'adolescent. On connaît le terrain. Toi aussi peut-être, surement même, tu as l'air forte, endurante. Mais le professeur... à moins d'un miracle, il ne s'en sortira pas. Même s'il arrive à tenir jusqu'à ce qu'on revienne avec des vivres, il est trop faible maintenant pour continuer la marche.

Un silence de mort s'installa entre les deux compagnons, qui continuèrent le voyage sans mot dire, pressé d'atteindre la cache.

Une demi-heure plus tard, Adel repéra trois vautours au loin, haut dans le ciel, effectuant des cercles concentriques. Partageant sa découverte avec sa compagne aveugle, il s'arrêta et étudia le mouvement des volatiles à l'aide la longue-vue prêtée par son mentor.

 - Tu veux qu'on aille voir ce que c'est ? demanda Jeska.

Rabaissant la longue-vue, l'adolescent acquiesça, avant de répondre de vive voix en se rappelant de sa cécité. Quoi qu'aient trouvé les volatiles, cela valait le coup d'aller jeter un coup d’œil, il y avait de nombreuses possibilités. L'une d'entre elles était la possible présence de voyageurs isolés s'étant laissés surprendre par la tempête. Bien que tragique, un tel cas de figure promettait toujours des vivres et de l'eau à aller récupérer. Il n'était pas question de passer à côté d'une occasion pareille.

Ils reprirent leur marche et avancèrent en ligne droite jusqu'au point que survolaient les charognards. Au bout de cinq minutes cependant, Adel s'arrêta de nouveau, plongé dans une profonde réflexion. Si eux pouvaient voir les oiseaux, il y avait de fortes chances pour que leurs ennemis le puissent également. Dans ce cas, munis de montures, ils devaient déjà être présents sur les lieux. Peut-être pensaient-ils que les bédouins et leur clients étaient morts emportés par le simoun, auquel cas ils allaient inspecter ce que lorgnaient les vautours, avant de repartir comme ils étaient venus. Dans le cas contraire cependant, s'ils faisaient confiance à El Beïda pour survivre dans le désert - et ils avaient toutes les raisons de le faire -, une embuscade attendraient Adel et Jeska au niveau des charognards. Il fallait être prudent.

Il fit part de ses inquiétudes à l'ange et l'informa qu'ils allaient prendre un itinéraire détourné. Faisant un rapide calcul, le jeune homme détermina la route à suivre en prenant en compte leur position, celle des vautours ainsi que la direction qu'avaient prise les mercenaires après leur avoir dérobé leurs chameaux. Ils firent un long détour, perdant plus de deux heures pour accomplir un grand arc de cercle et contourner la position survolée par les vautours. Ils perdaient de précieuses heures, mais mieux valait être prudent.

Finalement, les deux compagnons se retrouvèrent à grimper une dune le souffle court. Tâchant de faire le moins de bruit possible, ils anticipaient d’atteindre le point culminant à des kilomètres à la ronde qui leur permettrait d'inspecter les environs. Arrivant finalement au sommet, un rictus carnassier déforma les traits d'Adel qui se jeta immédiatement au sol, enjoignant Jeska à faire de même.

 - Jackpot, chuchota le jeune homme à l'intention de sa compagne, je vois un groupe de cinq cavaliers, ils sont en train d'épier ce que lorgnent les vautours. On va les prendre par surprise.

 - Tu es sûr que ce sont les mercenaires ? demanda Jeska, qui ne pouvait pas les voir. Ce sont peut-être de simples voyageurs.

 - Si c'était le cas ils ne resteraient pas plantés là à attendre que quelqu'un vienne, éluda Adel. La priorité est de mettre la main sur un escargophone, lâcha-t-il ensuite. Je vais essayer de tous les abattre avant qu'ils n'atteignent notre position, mais on va peut-être se retrouver au corps-à-corps, tiens-toi prête.

S'ils se débrouillaient bien, ils pourraient même récupérer les chameaux. Les chances de survie du professeur avaient définitivement augmenté.

Excité, le jeune homme avait un regard fiévreux de prédateur. Cela faisait trop longtemps déjà qu'ils encaissaient sans avoir la possibilité de riposter, il était temps de mettre les choses au clair avec ces touristes. Empoignant le fusil d'Abdul, il le posa à côté de lui avant d'attraper le sien et de se mettre à viser l'un des cavaliers. Suspendant un instant son geste, il releva les yeux et regarda Jeska.

 - Je tire et tu recharges ? demanda-t-il.


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Je suis épuisée. La tempête de sable à sapé le peu de forces qu'il me restait. Tout ça à cause de mes ailes et de la fichue prise au vent qu'elles me donnent. Mais je ne peux m’apitoyer sur moi-même. Le professeur est en bien pire état que moi. Me voilà donc en train d'arpenter le désert de jour, sous une chaleur accablante, avec Adel pour seul compagnon. Je me montre plus bavarde qu'à mon habitude. Mais c'est surtout pour éviter de gamberger. Je suis sensée assurer la sécurité du chercheur, et je ne peux pas m'enorgueillir du succès de ma mission. Bien au contraire. Heureusement, j'ai pris le coup pour marcher dans le sable, mais ça reste encore pour moi un univers difficile à cerner. Seulement, le jeune bédouin décide de la jouer franc-jeu et je dois bien avouer que son honnêteté me mine le moral.

Alors quand Adel me parle des oiseaux et de ce que ça peut signifier, je ne peux m’empêcher de me réjouir. Peut-être qu'on y trouvera des vivres et de l'eau. La seule chose qui me chiffonne c'est que je crains de tomber sur des gens encore vivants et aussi mal en point que nous. Malgré le coté dramatique de notre situation, je ne me sens pas le courage de dépouiller des malheureux de leur dernière chance de survie. Même si c'est au profit de la mienne. J’accueille donc les doutes de mon guide avec un tantinet de soulagement. Bien qu'au fond de moi, je sais pertinemment que je ne suis pas en état de me battre. Encore une fois, l'indigène me fait part d'une idée brillante. Tendre une embuscade à ceux qui cherchent à nous piéger. Ou la version du désert de l'arroseur arrosé, avec du plomb à la place de l'eau.

Ma mission est donc des plus simple. Je dois soutenir Adel en m'assurant qu'il ait toujours une arme chargée à disposition. Pour ce faire, il me confie le fusil d'Abdul et se prépare à faire feu avec le sien. L'arme en question est une carabine de la marine modifiée. Le canon a été allongé et la crosse raccourcie. Bien que je ne sois pas capable d'utiliser ce genre d'armes, on m'a enseigné comment les monter et les démonter. Je fais glisser cette dernière entre mes doigts, cherchant le mécanisme qui me permet d'insérer la cartouche. Au bout de quelques secondes, ça y est, je parviens à mon but. C'est un peu différent des armes de la Marine, mais je pense pouvoir assurer.

"Ton fusil est du même genre?" dis-je très bas.

"Oui."

"Il me faudrait des munitions aussi."

Il se confond en excuses. Il a complètement oublié ce détail. Il me jette une boite de cartouches et s'avère fort surpris que je l'attrape au vol. Mais très vite il reprend son sérieux habituel et met en joue ces malandrins.

Bang!

Un coup de feu retentit. Je lui tends l'autre fusil et je m'occupe de recharger le sien.

Bang!

Il jure. Sa seconde cible est juste blessée. Un nouvel échange d'armes plus tard.

Clic!

L'arme s'est enrayée!

Bang!

Adel tombe en arrière, touché Dieu seul sait où. Nom d'une biscotte, c'est très mauvais! J'entends nos ennemis se rapprocher. Il faut que je fasse quelque chose et vite! Mais quoi? Je ne peux tenter de les charger, ils sont armés de fusil. Je me ferais descendre avant même d'arriver au corps à corps. Je tente alors le tout pour le tout. Désolé Adel. Tu vas me servir d'appât. De toutes façons, vu ton état, je doute que tu puisse faire grand chose. J'espère juste que tu n'est pas mort. Car dans ce cas, je suis aussi condamnée. Cependant je ne peux me laisser embarquer dans des tergiversations morbides. Il faut que je reprenne l'avantage sur nos assaillants. Je me résous donc à m'enterrer dans le sable. C'est atroce car cette saleté s'insinue partout et ça me gratte à mort. Mais je me mords la lèvre inférieure jusqu'au sang plutôt que de broncher. Je pars de présupposé que ces sales types n'ont vu qu'Adel et qu'ils ignorent tout de ma présence ici. J'espère les prendre à surprise comme le ferait un fourmilion (c'est Abdul qui m'a parlé de ces créatures la veille).

Dans le sable, je sens les pas de mes ennemis. Ils sont en train de gravir la dune. Dans quelques instants, ils seront là. Tous les quatre. Enfin, trois et demi, vu qu'il y a un blessé parmi eux. Malgré tout, je suis en net désavantage. Il faut impérativement que je réussisse à me débarrasser au moins de deux d'entre eux avec mon embuscade, sinon, je ne suis pas certaine de m'en sortir au vu de mon état. Tapie dans le sable, j'attends. Ils passent près de moi sans faire attention. Je suis donc bien cachée. Je les entends rire, puis, un de ces types met en joue mon compagnon. Je bondis comme un ressort, une dague à la main. Le type me tourne le dos, il ne sait pas ce qui l'attend. Le malheureux sent le froid baiser du métal dans son cou avant de s'effondrer au sol. Ses amis n'ont même pas le temps de comprendre ce qui leur arrive que je me jette sur un autre gars que je larde de coups de couteau. Il ne se débat pas beaucoup, mince, c'est celui qu'Adel a blessé! Sans plus attendre, je me prépare à fondre sur ma cible suivante, mais c'est trop tard. Un violent coup de poing au visage manque de me mettre au tapis. Chancelante, j'essaie tant bien que mal de continuer à me battre. Mais les effets conjugués de la fatigue, de ma soudaine débauche d'énergie et du coup que je viens de recevoir sont trop importants.

Me voilà donc en train de me faire rosser par des adversaires que j'aurais sans nul doute aisément vaincu si j'avais été en pleine possession de mes moyens. Malgré le poignard dans ma main, je n'arrive pas à porter le moindre coup. Et en retour je reçois une des pires raclées de mon existence. Malgré tout je tiens le choc. Je ne sais pas s'il s'agit de mon entrainement ou du fait que je sais pertinemment que si je flanche, le bédouin y passe mais je continue d'encaisser. Au bout d'un temps, je finis par lasser tomber mon arme, mais ces types s'en fichent. Ils ont pourtant là une occasion en or de me faire passer de vie à trépas. Mais leur vengeance éteint leur raison et ils s'acharnent à me frapper encore et encore. Ils en oublient aussi mon guide. Et c'est tant mieux. Je dois avouer que je suis un peu dégoutée. Je vais me faire battre à mort par des types qui ont juste assez de force pour me faire mal, mais pas assez pour me faire vraiment des dégâts significatifs. Si seulement j'avais été en meilleure forme! J'aurais pu m'éviter une agonie aussi longue qu'humiliante. Enfin, inutile de refaire l'histoire, de toutes façons, même si j'avais gagné le combat, Adel doit être mort à l'heure qu'il est. Sinon ça ferait belle lurette qu'il m'aurait aidé, non?

Puis un coup de feu retentit et un de mes bourreaux tombe sur le sol. Le second tarde trop à réfléchir à ses options et le temps qu'il se saisisse de ma dague et essaie de faire de moi son otage, il mange déjà les pissenlits par la racine. Je suis sauvée.

Mais par qui?
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Ignorant sa blessure à l'épaule, Adel se précipita auprès de Jeska et l'arrêta quand elle tenta de se relever. Elle avait le nez en sang et plusieurs côtes cassées découvrit-il en palpant doucement ses blessures. Lui faisant signe de ne pas bouger, il s'en alla réunir les cinq chameaux éparpillés. Mortifié par l'état de sa cliente, le jeune homme se rappelait avec douleur le moment où, quelques jours plus tôt, il avait fracassé son fusil au sol dans un accès de rage.

La confrontation avait été désastreuse et c'était entièrement sa faute. Son arme n'ayant pas montré de signes d'usures, il n'avait pas réalisé qu'elle était à un tir de l'implosion et qu'elle allait les trahir au pire moment possible. Il avait éliminé sa première cible sans problème, puis n'étant pas habitué à l'arme d'Abdul il n'avait pas porté un coup fatal à la deuxième. Quand Jeska lui avait refilé la sienne après l'avoir rechargé, ni l'un ni l'autre ne s'étaient rendus compte que le premier tir avait fait céder le silex endommagé de l'arme. Visant une troisième fois le groupe qui galopait à leur rencontre, le jeune homme avait appuyé une nouvelle fois sur la gâchette, faisant sauter le mécanisme fragilisé. Le silex ayant dévié de son socle, il avait percuté une phalange d'Adel au lieu de toucher la batterie. Le temps de réaliser pourquoi le tir n'était pas parti, l'un des cavaliers lui avait tiré dessus.

Touché à l'épaule, il ne devait qu'à Jeska d'être encore en vie. L'ange noire aveugle, couverte de sable, hurlant à la mort en brandissant une dague avait terrorisé les mercenaires. Tout à l'idée d'en finir avec cette démone, ils n'avaient pas été attentifs, laissant le temps à l'adolescent de récupérer son arme. Tout en rampant jusqu'au fusil d'Abdul un peu plus loin, il avait forcé comme un damné sur le mécanisme afin de remettre le silex en place. Cela avait pris de longues et précieuses secondes, valant à Jeska une raclée monumentale, mais ultimement il était parvenu à réajuster le système de mise à feu. Ni une ni deux, il avait abattu l'un des deux hommes occupé à torturer l'ange et s'était servi de l'arme de son mentor pour en finir avec le deuxième et dernier.

Quand il eut rassemblé les bêtes, il les fouilla rapidement à la recherche d'un Den Den Mushi. Il fut ravi de trouver des vivres et de l'eau sur les montures mais ne trouva pas ce qu'il cherchait. Attrapant une gourde, il en prit une lampée avant de la passer à Jeska, puis entreprit de dépouiller les cadavres des cinq hommes morts dans le sable. L'un d'eux portait une grosse sacoche à sa ceinture, qu'Adel ouvrit prestement pour découvrir un escargophone.

 - Oui ! fit-il en tremblant de joie.

Ayant repris son souffle après s'être désaltérée, Jeska partagea son allégresse et entreprit de bander la blessure du jeune homme tandis qu'il composait le numéro de Krid Chawki.

 - Allô ? répondit immédiatement l'escargophone d'une voix grave.

 - Krid ?! s'écria le jeune homme, c'est moi ! C'est Adel !

 - Adel, où es-tu ? demanda immédiatement le leader d'El Beïda.

Jetant un coup d’œil nerveux autour de lui, l'adolescent revint au Den Den Mushi sans savoir que dire.

 - Hum... je sais pas trop je..., commença-t-il à bégayer.

 - Où par rapport au campement brûlé ? le coupa rapidement son mentor.

 - À deux, non... trois jours de marche, au Nord, lâcha le jeune bédouin, corrigeant son estimation grâce à l'intervention signée de la militaire

 - Vous avez continué en direction de l'IHAS donc..., déduisit la voix de l'escargophone, bien, on s'en est douté et on a suivi ce chemin. Soit plus précis, donne-moi des détails, le guida calmement Le Mentor.

Reprenant ses esprits à l'écoute de la voix rassurante de son chef, Adel lui décrivit la série d'événements qui les avait conduit à se séparer d'Abdul et lui expliqua grossièrement le chemin qu'ils avaient pris.

 - Suis les vautours et ensuite la trace des chameaux, compléta le jeune homme une fois qu'il eut fini ses explications. Moi et la cliente on repart en direction de la prochaine cache.

 - Très bien. Tiens le coup Adel, j'arrive avec une escouade.

Coupant la communication, l'adolescent rangea le Den Den Mushi dans la sacoche et passa cette dernière à sa ceinture. Sa blessure bandée, il aida Jeska à monter sur un chameau et ils quittèrent le lieu de l'affrontement. Tandis qu'ils se dirigeaient vers les vautours, la jeune femme jeta un dernier regard aux cinq hommes morts dans le sable.

 - Dommage, commenta-t-elle, j'aurais bien aimé en apprendre un peu plus sur eux et sur ce qu'ils nous voulaient...

Adel ne répondit pas. Aussi loin qu'il se sentait concerné, ces bandits avaient contaminé un puits, ils méritaient de mourir.

 - Quand est-ce que les renforts arrivent alors ? reprit l'ange.

 - Je ne sais pas, avoua l'adolescent, d'après ce que m'a dit Krid ils sont plus ou moins dans les environs. Je dirais entre deux et... huit heures, dans ces eaux-là.

 - Oh c'est répugnant, lâcha Jeska sans l'écouter, réprimant un haut-le-cœur qui martyrisa ses côtes.

Elle avait senti ce que convoitaient les vautours : deux cadavres, partiellement dévorés. Les volatiles s'envolèrent à l'arrivée des deux compagnons. Ignorant le spectacle macabre, Adel fouilla rapidement les dépouilles, et ne trouva rien, ni eau, ni vivres, ni signes distinctifs permettant d'identifier les dépouilles. Qui que soient ces malheureux, ils mouraient anonymes et oubliés de tous.

Le regard grave, l'ange et son jeune compagnon observèrent les charognards tandis qu'ils les survolaient, et recommençaient à faire des cercles dans le ciel, au-dessus des cinq hommes qu'ils avaient tué.


En route pour la prochaine cachette, Adel et Jeska tentaient tant bien que mal de garder les yeux ouverts. La douleur provoquée par leurs blessures les y aidait, mais ils commençaient sérieusement à faiblir. Le jeune bédouin guidait sa monture d'une main et dirigeait les quatre autres au moyen d'une corde attachée à la selle de chacune des bêtes. Ils ne parlaient pas, épuisés et sous tension.

Soudain, l'ouïe aiguisée de l'ange récupéra un son au loin, dans leur dos. Elle en fit part à son guide, qui se retourna à son tour pour observer l'horizon. Il n'y avait que des dunes à perte de vue, bercées par le vent, seuls les vautours brisant la monotonie du paysage. Plissant les yeux Adel se focalisa sur l'un des volatiles, qui avait étrangement dévié de sa trajectoire circulaire. L'oiseau chuta purement et simplement et disparut derrière le relief d'une dune. Une fraction de seconde plus tard, ils entendirent l'écho d'un coup de feu.

 - Et merde ! jura immédiatement l'adolescent en se retournant. Il y a des gens au niveau des vautours, ça doit être le reste de leur groupe !

Derrière lui, Jeska n'était pas le moins du monde inquiète.

 - On a pris de l'avance, fit-elle en haussant les épaules. Le temps qu'une troupe de dromadaires nous rattrape, les renforts seront déjà arrivé.

 - De chameaux, la corrigea automatiquement le jeune homme paniqué, et on s'en tape ! Ça reste pas bon du tout !

 - Huhum... tu ne devais pas surveiller ton langage toi ? lâcha l'ange, taquine malgré son état.

En guise de réponse, Adel donna un coup de rênes, arrachant un couinement de douleur à la jeune femme quand les bêtes accélérèrent brusquement le pas.

Ces dernières partant au galop, le jeune bédouin coupa la corde qui les reliait entre elles. D'un cri, il chassa les trois n'ayant pas de cavalier, et les fit partir sur la droite, tandis que lui et Jeska bifurquaient sur la gauche. La jeune femme laissa échapper un nouveau cri de douleur quand les secousses remuèrent ses côtes brisées. Déjà qu'en temps normal un chameau n'était pas la plus confortable des montures, dans son état et en adoptant une vitesse de pointe, la chevauchée devenait simplement cauchemardesque. Mais leur vie était en jeu.

 - Aaaw ! C'est vraiment nécessaire ? insista la militaire en grimaçant de douleur.

 - On sait jamais ! répliqua catégoriquement le bédouin.

Ils continuèrent à cette allure pendant une demi-heure, ralentissant à intervalles réguliers pour ménager les bêtes. Ayant plus ou moins brouillé les pistes, Adel en profita pour délester leur monture d'une partie de leurs vivres et équipements. Ils allaient bientôt trouver une cache de toute façon, inutile de s'encombrer.

Derrière eux, des cris de guerres parvinrent à leurs oreilles. Jetant un coup d'oeil, Adel aperçut une traînée de sable au loin, soulevée parce qui semblait être un groupe de dix cavaliers. Il les avait repéré, et étaient déjà sur eux, avançant beaucoup plus rapidement qu'ils ne l'avaient prévus.

 - Ils ont des chevaux, devina le jeune homme, la mine basse.

Jeska ne répondit rien. Le visage livide sous la douleur, elle luttait pour ne pas s'évanouir. Navré pour elle, son guide força quand même les montures à accélérer.

 - Ne t'inquiète pas Jeska, tenta de la rassurer Adel le souffle court, Krid va arriver et nous sauver, c'est l'homme le plus fort de l'île.

L'ange resta silencieuse. Un groupe de dix cavaliers à cheval gagnait progressivement du terrain sur eux, et elle avait beau tendre l'oreille, elle n'entendait rien d'autre évoquant la venue de leurs renforts. Ils étaient foutus.

 - Qu'est-ce que..., souffla soudain Jeska, captant un son étrange au milieu du tumulte ambulant.

Elle appela Adel et lui demanda de regarder en arrière. Obtempérant, le jeune homme fut le seul témoin d'un spectacle singulier : un homme, à pied, courant à une vitesse vertigineuse. Situé loin derrière eux, sur leur gauche, il se préparait à intercepter les bandits.

 - Le voilà, lâcha Adel les yeux brillants, c'est Krid.

Une longue traînée de sable filait derrière lui, projetée par ses puissantes et longues enjambées. Le surhomme gagnait du terrain sur les chevaux lancés au galop. Arrivé à une cinquantaine de mètres des dix bandits, il bondit haut dans les airs.

 - Qu'est-ce qui se passe ? demanda immédiatement Jeska, interloquée. Je ne l'entends plus.

 - Il a sauté, expliqua le jeune homme.

 - Pardon ?

Le leader bédouin arriva bientôt au point culminant de son saut. Au lieu de retomber normalement, comme le dictaient les lois de la physique, Krid sembla prendre une brusque impulsion. À cinquante mètres dans les airs, son cimeterre à deux mains reflétant la lumière du soleil, Le Mentor adopta une trajectoire diagonale par rapport au sol et fondit en ligne droite sur les malfrats. Avalant les dernières dizaines de mètres qui le séparaient des chevaux, il eut tôt fait de les rattraper. Juste avant de percuter le sol, le guerrier abattit son meitou, le légendaire Shamshir, sur les cavaliers qui ne le virent jamais arriver.

Une puissante lame d'air percuta le sol et souleva des kilos de sable, engouffrant l'escouade de bandits dans un véritable petit maelstrom. Tandis que le groupe disparaissait dans un hennissement de chevaux, Krid profita du souffle de son attaque pour amortir sa chute. Atterrissant sur le sol en glissant sur le sable des dunes, le seigneur du désert se rétablit d'une roulade à la gauche des malfrats. Entendant encore des cris et des gémissements dans l'amas de corps enfouit sous le sable, Krid abattit une nouvelle fois son arme et déclencha une deuxième mini-tempête. La poussière et le vent emportèrent les quelques rares survivants, secouant, tranchant, brûlant et broyant hommes et chevaux sans distinction. Quand ce fut fini, il ne restait plus que des cadavres éparpillés dans le désert. Tout s'était déroulé en quelques secondes à peine.

Rengainant sa magnifique épée dans son dos, le leader El Beïda se retourna et partit à la rencontre d'Adel et Jeska.


Dernière édition par Roy D. Aston le Dim 24 Déc 2017 - 21:04, édité 3 fois
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Me voilà hors de combat. J'arrive à peine à me mouvoir. Et encore, ce n'est qu'au prix de grandes douleurs que j'y parviens. Heureusement Adel est là. Il se charge de me mettre sur un chameau et nous nous mettons en route. Inutile de rester là. Dans ce coin de désert qui empeste la mort. On chemine en silence, trop occupés à gardes nos forces pour les gaspiller en conversations futiles. Je laisse le bédouin nous guider. J'arrive enfin à lui faire pleinement confiance. Ce n'est pas trop tôt. Enfin, au vu de nos états respectifs, j'ai bien peur que ce soit surtout trop tard. J'entends des sons étranges en plus des nôtres. J'en avertis mon compagnon, caressant secrètement l'espoir qu'il me confirme que ce son les secours. Flûte! Ce sont nos ennemis! Ils n'ont pas chômé et sont déjà à notre poursuite. Avec des chevaux en plus! On essaie de conserver notre avance en lançant nos montures au galop, mais, les camélidés ne sont pas taillés pour la course. Malgré cette cavalcade qui me fait gémir de douleur, j'ai bien peur que nos efforts soient peine perdue. S'ils nous rattrapent, je ne pourrais même pas offrir une résistance de principe. Ni baroud d'honneur. Rien. Nada.

Et alors que le désespoir me gagne, j'entends de nouveau quelque chose approcher. Mais... c'est bien trop rapide pour être humain. Et pourtant, lorsque je demande à Adel de confirmer, il m'informe que c'est le fameux Krid. Le chef du clan El Beïda. Et la maestria avec laquelle il se débarrasse de nos ennemis me laisse sans voix. Ce type est un monstre! On a l'impression qu'il ne fait qu'un avec le désert, c'est tout bonnement stupéfiant. J'aurais presque eu de la compassion pour nos poursuivants si ces derniers ne m'avaient pas mis dans un tel état. Et lorsque le chef de clan nous rejoint, je réalise qu'il n'est même pas essoufflé!

"Alors Adel, c'est comme ça qu'on protège ses clients?" lance-t-il taquin.

J'entends mon guide marmonner quelque chose, apparemment très gêné d'avoir eu besoin de l'aide du chef pour se sortir de ce mauvais pas. Je l'entends s'approcher de moi.

"Ne vous inquiétez pas monsieur, vous êtes en sécurité maintenant." puis soudain, il réalise son erreur. "Pardon, madame!"

Je n'ai pas envie de le corriger à nouveau en lui disant que "mademoiselle" serait plus approprié. A sa décharge, ma tenue de voyage me couvre la tête. Sa méprise est donc tout à fait compréhensible. Mais ce qui m'importe le plus en ce moment est bien loin de nous.

"Le professeur va bien?"

"Oh, ne vous inquiétez pas pour lui! Ma caravane s'occupe de votre ami, il devrait bientôt être sur pied!"

Je pousse un profond soupir de soulagement. Un peu trop profond même car il m'arrache une grimace de douleur. Quant à notre sauveur, il passe du coup de Den-Den rapide pour savoir où se trouve sa caravane. Il nous informe qu'elle arrivera dans quelques heures. Afin de tuer le temps, il nous propose de lui raconter les évènements. Je laisse le plaisir à Adel de lui narrer nos aventures. Pendant que mon jeune guide détaille nos mésaventures, Krid profite de la moindre occasion pour le chambrer. Sur ses erreurs dans un premier temps, et ensuite sur le fait qu'il soit parti avec moi. Selon lui, il aurait été plus sensé que je parte avec Abdul. Si j'en crois son ton lourd de sous-entendus, il pense que le jeune homme voulait être seul avec moi. Je ne comprend pas trop ce qu'il veut dire par là, mais apparemment, ça met Adel dans l'embarras.

Heureusement pour le jeune bédouin, la caravane arrive. Et je dois bien avouer que ça en fait du monde. J'ai l'impression que Krid se déplace avec tout son clan. Très vite Adel et moi sommes pris en charge par des médecins. On extrait la balle de l'épaule de mon ami et on recouds sa blessure. Quant à moi, j'ai la chasse de ne souffrir que de dommages superficiels mais une infirmière s'occuper de me passer une sorte de baume sur mes blessures. Je ne sais pas ce qu'il y a dans cette pommade, mais je suis complètement requinquée. Je retrouve aussi Abdul et le professeur qui va bien mieux que lorsque je l'ai quitté. J'en suis ravie! Krid et sa clique m'ont sauvé moi et ma mission. J'exprime généreusement ma gratitude envers ces gens tandis qu'il nous escortent jusqu'à destination. Cependant, les bédouins ne cessent de se confondre en excuses. Comme s'ils étaient responsables de ce qui était arrivé. J'ai beau leur dire que non, ils ne veulent rien entendre. Ils insistent même pour nous rembourser le trajet et en plus nous offrir leur escorte pour le voyage du retour.

Deux jours plus tard, nous arrivons enfin à l'IHAS et le professeur Tourneterre peut présenter ses travaux devant ses confrères. Ses recherches secouent le petit monde de l'archéologie. Mais pas autant qu'on aurait pu le croire. Apparemment, ses thèses sont très bien étayées et l'abondance de preuve réunies par le malentendant chercheur ne laissent guère place au doute. Le lendemain, nous voilà repartis avec tout le clan Chawki direction Attalia. Retour à la case départ donc. Le trajet se passe dans une drôle d'agitation. Pour les bédouins je suis une espèce de curiosité. Une fille avec des ailes dans le dos, on ne trouve pas ça sous le sabot d'un chameau! Je suis donc constamment entourée de gens qui me posent tout un tas de questions. Certaines d'ordre général, d'autres plus intimes, et même certaines carrément osées (Krid m'a proposé d'intégrer son harem, ce que j'ai failli accepter avant que le professeur ne m'explique ce que c'est). Je n'ai donc pas beaucoup de temps à moi. Et je le regrette. J'aurais aimé remercier Adel. Après tout, il m'a sauvé la vie. Mais je crois que ce dernier m'évite sans trop que je sache pourquoi.  

Une semaine plus tard, nous revoilà en ville. Le retour à la civilisation me fait comme un choc! Ca ne fait pourtant que deux semaines, mais c'est comme si j'étais partie un an! Et alors que je m’apprête à aller chercher un navire pour le trajet du retour avec l'archéologue, le chef bédouin s'adresse à nous.

"Vous n'allez pas partir de suite? Non, vous allez rester avec nous encore un peu! Je fait une grande fête ce soir soir, toute la famille sera là!"

"Justement, on préfère vous laisser en famille."

"Mais vous êtes de la famille maintenant!"

Après voir tout répété deux fois au professeur, il me convainc d'accepter. Un refus de notre part risquerait de les vexer, et c'est bien la dernière chose dont j'ai envie. Une fois notre accord donné, le chercheur se fait amener par Abdul tandis que je me fais presque enlever par les femmes qui composent le harem de Krid. Je suis donc trainée de force dans des bains. Ce dames de compagnie m'expliquent qu'il   est de coutume d'être tiré à quatre épingles lors de ce genre d'évènement. Et je ne vais pas protester de trop. Après une quinzaine dans le désert, j'ai grand besoin de me décrasser. Je n'ai pas l'habitude des bains à plusieurs! Et bien que je sois aveugle, je me découvre un coté très pudique! Ce qui n'est pas le cas de mes hôtesses! Enfin, je me laisse bichonner par ces dames. Massage, gommage, manucure, pédicure, maquillage, tatouage au henné, coiffure... elle me font la totale! J'ai même droit à quelques cours de danse du désert. Même celle des sept voiles! Mais je me suis jurée que je ne la ferai jamais en public!

Et le soir arrive bien plus vite que prévu. J'arrive, escortée des dames de compagnie de Krid dans une sorte d'immense tente. Le sol est couvert de tapis et jonché de poufs disposés en cercles. Moi, habillées comme elles, je ne peux m'empêcher de trouver leur tenue un peu trop minimaliste. Je n'ai rien contre les dos nus. Mais me balader nombril à l'air... je ne me sens pas à mon aise. Gênée, je me cache derrière elles en espérant que personne ne me voie. J'entends le professeur et le chef bédouin qui discutent. Apparemment l'archéologue est très intéressé par écrire la biographie de Chawki. Je ne peux m’empêcher de sourire en imaginant le seigneur du désert répéter trois fois chacune de ses phrases. Je crois qu'ils ont enfin réussi à se mettre d'accord sur le nom de l'ouvrage. Assassin Krid, apparemment, ils trouvent que ça sonne bien...

Puis soudain, une grosse main se pose sur mon épaule. Je sursaute. Ce n'est qu'Abdul. Il me complimente, et je me sens rougir. Je n'ai pas l’habitude des flatteries sur mon physique! Mais je dois avouer que ça plait à mon égo. Mais mon guide ne tarde pas à me laisser. Je suis donc là, seule au milieu des bédouins. La famille de Krid est vraiment grande. Il doit bien y avoir plusieurs dizaines de personnes autour de moi. je me sens comme oppressée. J'essaie de me déplacer, mais la foule est dense. Si dense que je ne peux même plus me fier à mon nez pour retrouver mes amis. Et le bruit des conversations m’empêche de me repérer à l'ouïe. C'est alors qu'une paire de mains vigoureuses me saisit par les épaules et me guide vers une table. Il y a le professeur, Krid, Adel, Abdul et moi. C'est d'ailleurs ce dernier qui m'a dirigé ici.  Je suis ravie d'être avec le jeune bédouin, mais il ne me décroche pas un mot. Me fait-il la tête? Depuis notre sauvetage, j'avais l'impression qu'il m'évitait, mais là... Heureusement le dîner arrive. Du couscous. C'est a première fois que je goûte ce plat typique du désert et je dois avouer que je trouve ça excellent. Une fois le repas terminé, on nous apporte du thé à la menthe et des petites pâtisseries. Et alors que je croque dans le petit gâteau, je sens quelque chose de dur sous la dent.

"Aie!" Fais-je en exhibant le petit bout de porcelaine.

"Elle a la fève! Elle a la fève!" crie Krid.

Le silence se fait et on m'apporte une espèce de fine couronne de fleurs. Le professeur m'explique que la personne qui tire la fève devient le roi du désert pour la soirée. Ou, dans le cas présent, la reine. Je revêts donc ce couvre chef végétal et on m'en donne une seconde, afin que je désigne mon roi. Je ne mets pas longtemps à déposer la tiare sur le sommet du crâne d'Adel sous les applaudissement de l'assemblée. J'espère juste que maintenant, il daignera me parler.

 
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Embarrassé par la délicate attention de l'ange, Adel ignora tant bien que mal les sifflements et les rires de ses aînés. Quand les acclamations s'estompèrent, ils retournèrent tous manger, le jeune homme s'asseyant maintenant au côté de Jeska.

Ils eurent droit à un spectacle de la part des femmes du clan, qui firent démonstration de leur talent à l'assemblée. Dans un bal finement chorégraphié, les bédouines se réunirent gracieusement au milieu de la tente et entamèrent leur pas de danse, sous les applaudissements de l'assemblée. Un peu partout autour d'elles, une ambiance conviviale régnait au milieu des réjouissances, les adultes appréciant le spectacle offert par les femmes, tandis que les enfants du clan courraient et chahutaient au milieu des convives.

Au bout d'un moment, une jeune danseuse s'invita parmi les spectateurs, avançant jusqu'à Jeska pour lui attraper la main et tenter de l'entraîner avec elle au milieu des bédouines. Les hommes quant à eux, légèrement éméchés, l'encouragèrent à faire une démonstration de ce qu'elle avait appris un peu plutôt dans la journée à l'intérieur des bains. Trop timide pour se donner en spectacle cependant, l'ange ne se laissa pas convaincre, refusant poliment les injonctions des nomades. La couronne de fleurs sur sa tête, le clan de Krid respecta sa décision et n'insista pas, laissant la jeune femme profiter du spectacle en compagnie de son protecteur nouvellement couronné.

Adel regardait les danseuses sans vraiment les voir, son esprit transporté par la musique se remémorant ces derniers jours passés en la compagnie de Jeska et du professeur. Il avait pris grand plaisir à assister au triomphe de ce dernier lors de sa conférence à l'IHAS. Avec tout son équipement et ses documents, Typhon Tourneterre avait définitivement rallié le jeune homme à sa théorie, tout comme il avait suscité l'intérêt d'une bonne partie de ses confrères. Le professeur l'avait rapidement perdu dans ses explications cependant, avançant au fur et à mesure de la conférence des théories de plus en plus poussées  - quelque chose à propos d'un certain "facteur de lignage" qui permettait de "coder" un être vivant - qu'Adel n'était pas en mesure d'appréhender avec son bagage intellectuel actuel. Il avait hâte d'en discuter avec Angie qui ne manquerait pas de combler ses lacunes scientifiques et l'aiderait à comprendre les travaux du professeur Tourneterre.

Le voyage de retour s'était bien passé, accompagné comme ils l'étaient par une bonne moitié du clan de Krid Chawki. Les expéditions punitives de ce dernier dans le désert à la recherche des mercenaires étrangers n'avaient rien donné. Qui qu'ils aient été, ils avaient dû quitter l'île après l'intervention du leader bédouin. Personne ne saurait jamais qui étaient les commanditaires des assauts à l'encontre du professeur, cette information ayant disparu en même temps que les dix hommes abattus par la fureur du Shamshir.

Leur seconde traversée du désert s'étant déroulé sans le moindre incident, il avait mis en évidence l'échec d'Adel quant à assurer la sécurité du professeur et de la militaire. Mortifié au souvenir de l'ange ensanglanté, se tordant de douleur sur le sable par sa faute, Adel n'avait pas osé adresser la parole à la jeune femme de peur de la voir le rejeter. À présent, une couronne de fleurs sur la tête, le jeune bédouin comprenait que Jeska ne lui tenait pas rigueur pour son échec. Aussi, il se mit aux petits soins pour la jeune femme, se rachetant tant bien que mal de son échec en la traitant comme une véritable reine.

Il ne devait pas y avoir beaucoup de femmes sur l'île rivalisant avec la beauté de Jeska en cet instant, pas plus que sur West Blue ou même la Route de tous les Périls. L'ange était resplendissante avec ses grandes ailes noires, ses yeux blancs soulignés par le maquillage des bédouines, ses tatouages au henné ainsi que sa robe raffinée associée à sa coiffure élaborée. Le résultat était éblouissant, si éblouissant que c'en devenait une honte qu'il n'y ait personne avec un Den Den pour immortaliser l'instant. Adel était chanceux de pouvoir contempler pareil spectacle comprit-il, fruit d'une unique combinaison de facteurs qui n'avait probablement jamais eu de précédent. C'était le genre d'événement qui n'avait lieu qu'une fois dans une vie, aussi il décida qu'il ne se priverait pas par pudeur ou honte mal placée. Il graverait l'image de Jeska dans son esprit.

À l'aube, le roi et la reine sortirent de la grande tente et s'éloignèrent afin d'aller prendre l'air. S'asseyant sur le sable frais, ils contemplèrent l'horizon en discutant pendant de longues minutes. Au loin, l'aurore colorait le ciel d'une myriade de couleurs iridescente allant du rouge au violet. Les deux jeunes gens distinguaient déjà le contour des dunes avec la luminosité croissante, le soleil étant en train de se lever.

 - Krid t'a faits marcher, révéla Adel avec un léger sourire quand Jeska lui eut parlé de la "proposition" du chef bédouin, il n'y a jamais eu de harem.

 - Pardon ? répondit-elle en écarquillant les yeux.

 - El Beïda est un clan de nomade. Les harems c'est des grandes salles dans un château avec plein de dames dedans c'est ça ? demanda-t-il histoire d'être bien sûr de quoi ils parlaient. Oui, ce serait plus quelque chose que l'on trouverait du côté de la famille royale ça, je pense.

La polygamie était peut-être une pratique courante chez les riches familles de nobles ou chez l'élite du royaume des temps anciens, mais il ne pensait pas que ce soit toujours d'actualité. Et ce qui était sûr, c'était que ce n'était certainement pas le cas d'El Beïda. D'ailleurs, au sein d'une tribu où chaque individu était au minimum compétent dans le maniement du couteau, mieux valait éviter l'adultère.

 - Mais pourtant, toutes ces femmes..., continua Jeska, réévaluant sa soirée à l'aube de ce que lui avait révélé Adel.

 - Ce sont toutes des guerrières du clan, clarifia Adel. Certaines sont née El Beïda, d'autres le sont devenus en se mariant avec un membre de la tribu.

 - Krid m'a bien eu..., comprit l'ange en rougissant.

Le sourire d'Adel grandit tandis que celui de la jeune femme disparaissait sous la coupe de ses mains.

 - Tu es sûre de vouloir continuer à te cacher ? ricana Adel en lui tirant le bras. Tu es en train de tout rater.

 - Tu devrais vraiment arrêter d'oublier que je suis aveugle, répliqua Jeska en lui tirant la langue.

 - Pardon Ô ma reine.

Observant le soleil percer à l'horizon, Adel se recroquevilla sur lui-même, pressé que les rayons ne viennent le réchauffer. Au bout de quelques instants, une aile d'ange vint recouvrir ses épaules, transmettant sa chaleur au jeune homme.

 - Tu vas repartir alors ? demanda ce dernier en tournant la tête vers Jeska, qui contemplait l'horizon multicolore sans la voir.

 - Oui, ma mission d'escorte auprès du professeur est terminée, répondit-elle. J'ai reçu mes nouveaux ordres, je suis réaffectée autre part sur West Blue.

Ils restèrent assis sans bouger, profitant de la chaleur apportée par l'astre. Derrière eux, les bruits de la fête leur parvenaient encore depuis la tente géante, offrant un bruit de fond agréable en cette belle matinée.

 - Je ne vais pas rester sur cette île tu sais ? reprit soudain l'adolescent. Un jour je partirais en mer moi aussi.

 - Ah ? Peut-être que l'on se reverra un jour alors, lâcha Jeska avec un sourire.

 - Oui, et ce jour-là je serais bien plus fort, promit-il à la jeune femme, tellement fort que j'arriverais à te protéger.


Dernière édition par Roy D. Aston le Dim 24 Déc 2017 - 21:15, édité 4 fois
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"Il va falloir que tu mettes les bouchées doubles, Ô mon roi! Parce que je ne compte bien monter en grade dans la Marine!"

On éclate alors d'un rire franc. J'ai une nouvelle rivalité amicale. C'est une bonne chose. Ça me permet de ne pas me reposer sur mes lauriers et surtout de me recentrer par rapport à mes objectifs personnels. Gravir les échelons de la hiérarchie, me faire un nom, devenir un symbole de Paix. Oui, pour des gens pauvres comme moi, on peut se permettre de rêver grand. Après tout, ça ne coûte rien! Je me laisse doucement porter par ce moment de calme. Les rayons de l'astre solaire me caressent les jambes, répandant leur douce chaleur dans tout mon corps.

J'ai même fini à m'habituer à ce satané sable! Je n'en suis pas encore à apprécier la chose. Ce dernier ayant la fâcheuse tendance à s'insinuer partout. Vraiment partout. D'ailleurs, j'en viens à me demander pourquoi j'avais tant d'à-priori sur le désert. Et alors que je trouve en moi la réponse à cette question, mon visage se fige. Adel le remarque aussitôt et, avec une grande délicatesse, attend un peu avant de me demander ce qu'il en est.

"J'avais un ami. Lui aussi c'était un nomade du désert. Pas d'Hinu Town. Mais d'une autre île désertique sur South Blue..."

Je lui raconte alors un peu mes années passées à l'Académie. Comment une personne que je devais protéger s'est sacrifiée pour me sauver la vie.

"... et je crois que, depuis lors, pour moi, le sable s'est associé à des souvenirs tristes. Mais ces moments. Ces difficultés qu'on a surmontées. Ces instants de joie qu'on a partagés. Tout ça m'a fait changer d'avis, finalement. Le sable n'est que du sable. Il n'est bon ou mauvais que si nous le décidons. Adel, tu m'as fait apprécier le sable et ceux qui vivent dessus. Et je t'en remercie."


Je me lève et ma main droite part dans mon dos. Après quelques instant et une petite grimace de douleur plus tard, je dépose dans sa main une plume. Noire. Une des miennes. Je lui explique que c'est un présent pour lui. Pour qu'il se souvienne qu'on est amis. Mais je ne me rassied pas pour autant. Je reste debout quelques instants. J'entends un peu de musique qui vient de la grand tente. Lentement, je reproduis ces gestes que les bédouines m'ont appris. Mes mouvements sont mal assurés et laissent Adel incrédule.

"Mais qu'est ce que tu fais?" s'interroge-t-il.

"Je danse pour mon Roy." lui réponds-je en souriant.

Alors, je danse. Je danse pour me vider la tête. Pour oublier que la vie est une catin. Et qu'elle reprend bien plus vite qu'elle ne donne. Pour faire mon deuil aussi. Enfin me pardonner ma faiblesse d'antan. Je réalise que je dois profiter au maximum de chaque instant. Ne pas me laisser entraver par des regrets. Ou le qu'en dira-t-on. Je me dois de vivre pour moi-même et me permettre d'être heureuse. Alors oui, je danse. Un petit peu mieux au fur et à mesure que le temps passe. Je danse encore. Même quand la musique s'est tue et que les bédouins dorment. Je danse pour exorciser mes démons.

Alors oui, je risque de danser encore longtemps.

Cependant je me fatigue bien plus vite que je ne l'aurais cru. Et le jeune bédouin s'en rend compte bien assez tôt. Faisant mine de se lever pour danser avec moi, il me prend contre lui et, quelques instant plus tard, me porte dans ses bras jusqu'à ma tente. Là il m'y allonge et je veux le remercier, mais un doigt sur la bouche m'en dissuade. Que dire de plus? On est amis après tout. On n'a pas besoin de se parler. Ou de s'éterniser en remerciements. Quels que soient les mots qui auraient pu jaillir de ma bouche en cet instant, ils n'auraient fait que souiller de leur présence la magie de cet instant. C'est certainement pour ça qu'il reste silencieux. Alors je respecte son choix et je me contente de sourire. Maintenant à l'horizontale, je ne tarde pas à à sombrer dans un sommeil sans rêves.

A mon réveil, Adel n'est plus là. Parti dans le désert à ce qu'on me raconte. Moi, j'ai juste l'impression que les adieux, ce n'est pas son truc. Alors je poursuis ce qui reste de ma mission, mettant le professeur dans un navire. J'imagine un peu ma vie lorsque je n'aurais plus à répéter trois fois chacune de mes paroles. Puis, en fouillant dans mes poches, pour me payer mon trajet du retour, je tombe sur une sorte de caillou. Comment diable a-t-il fait pour se retrouver là? Alors que je laisse courir l’incongru sous mes doigts pour en saisir la forme, je réalise que c'est la fève. Un sourire se dessine sur mon visage alors que je serre le bout de porcelaine dans ma main et que je le porte à mes lèvres. Cet objet est la preuve qu'Adel et moi sommes amis.

Et aussi, qu'on a été, pour une nuit, les rois du désert.
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