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J'ai mangé le mauvais fruit -

    Suite aux récents événements sur West Blue, notamment la sanglante bataille entre révolutionnaires et marine sur la petite île de Kage Berg, la notoriété de Ragnar a subitement prit de l’ampleur. C’est à présent un homme activement recherché, et pour sa sécurité, la section d’Aeden lui envoie un navire équipé d’un Eternal Pose indiquant Little Garden, une île que notre jeune révolutionnaire connaît plus ou moins. En effet, ce ne sera pas la première fois qu’il y mettra les pieds, rappelons-nous la dernière fois, c’était avec l’ennemi actuel de la révolution, Clotho.

    […]

    « Tu dois pas mal compter pour la cause… ce n’est pas tout le monde qui a le droit à ce genre de protection. Peinard le type. » Me sort Visconti d’un regard suspicieux.

    « Protection ? L’île où nous nous rendons actuellement est bien plus dangereuse que la marine que l’on aurait pu rencontrer en restant sur ces mers bleues. Un véritable enfer. J’en tremble d’avance. » Rétorqué-je apeuré par la nouvelle.

    « Little Garden ? J’ai entendu dire qu’il s’agissait d’une remplie de bêtes féroces… »

    « T’as pas idée du sens du mot « féroce », mon pauvre. Autrefois, un ancien camarade plutôt puissant me protéger aisément de ces choses, sinon je ne serai pas là avec vous. À présent, c’est à mon tour de vous protéger… »
    Rétorqué-je en ayant l’air totalement déboussolé.

    En effet, je n’ai pas réellement confiance en mes capacités. Mon équipe ne laisse rien paraître malgré mes propos décourageants, ils sont entraînés pour faire face à ce type d’épreuves, alors ils semblent prendre cela comme si de rien était.  Or, le danger est véritablement réel. Et encore, je suis plutôt rassuré d’être avec des types formés, qui peuvent vivre en milieu naturel. À l’époque, Stanislas et moi en étions totalement incapables. De véritables incompétents. Les souvenirs que je me ressasse me font sourire.

    Je dois avoir davantage confiance en mes hommes. Les premiers jours seront durs et je devrais être extrêmement vigilant, mais les jours qui suivront, je pense que je pourrais les laisser en autonomie. Que dis-je ? Je serais peut-être celui qui aura le plus de mal à s’adapter au milieu dans lequel on se rend. Enfin bref, pas forcément un voyage dans lequel je me sens à l’aise.

    À bord, les types semblent à l’aise. Nous verrons bien ce qu’il en est quand ils seront face à ce drôle de zoo.

    […]

    « Ragnar ! Nous approchons de cette dénommée Little Garden. » Me signal la vigie en accord avec le navigateur.

    « Sentez-vous cette air insalubre qui parvient jusqu’à nous ? Il faudra vous y faire, camarade. »

    « Laisse tomber. Si tu comptes les effrayer, c’est raté. »
    Dit Visconti en me tapotant l’épaule.

    J’abandonne.

    « Préparez les barques. Il n’existe pas de port ici, nous atteindrons la plage en ramant. »

    C’est une île totalement sauvage, donc logique. En réalité, nous pouvons pénétrer le navire au sein de l’île grâce à des rivières, mais les courants sont bien trop dangereux. Inutile de prendre des risques inconsidérés, autant laisser le navire au large, avec quelques hommes à son bord, tout en organisant des rotations. Nous serons constamment en liaison avec nos denden en cas d’incident. À priori, peu de personnes tentent de s’aventurer dans les environs, alors nous devrions être tranquilles à ce niveau.

    Cette immense étendue de forêts tropicales, cette chaleur, cette nature… Finalement, le tout m’avait un peu manqué. J’ai toujours aimé le danger et les milieux assez rustiques. Regardez-moi ces arbres, je n’ose même pas en imaginer la hauteur. Dire qu'il existe des dinosaures encore plus grands. Ça, je le garde pour moi en attendant. J’inspire et ferme les yeux pour ressentir tout ce qu’il y a autour de moi. Dans une zone assez restreinte, certes, mais c’est surtout pour me rappeler des souvenirs. Mais un son pour le moins inquiétant me freine dans mon élan. Un espèce de cri comme je n’en avais plus entendu depuis des lustres. Ce bon vieux Clotho, il m’en a fait vivre des choses.

    Les hommes restent immobiles et se mettent immédiatement en formation de combat. Je pouffe de rire en les envoyant ainsi, tandis que Visconti se tape le front en voyant le sérieux de ses camarades.

    « Je vous souhaite la bienvenue à Little Garden. L’île où il est impossible de dormir les deux yeux fermés et où vos formations stratégiques sont pour le moment inutiles. Si vous faites face à l’un des monstres, sachez qu’il vous tuera tous en même temps, et sans la moindre difficulté. Un conseil : survivez. Pour cela, il vaudrait mieux prendre la fuite. Les conditions météorologiques sont assez stables ici, sauf en saison de pluie. Inutile de monter un campement, nous ferions mieux de bouger régulièrement si nous ne voulons pas être une cible pour les gourmands nocturnes. Pour l’heure, quartier libre, on se retrouve dans les environs au coucher du soleil. Et survivez ! »

    Ce fut mes derniers mots avant de m’enfoncer dans cette immense jungle.
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    Je mangerai bien des oeufs brouillés, et le comble, c'est que je crois savoir où en trouver. Les nids de ces gros oiseaux pas beaux, c’est là-bas que j’en trouverai. J’ai aussi une revanche à prendre contre l’un de ces dinosaures qui m’avait cassé la gueule, je pense lui avoir laissé une trace qui me permettra de le reconnaitre.  Élément indispensable pour ma survie, ne pas être au milieu d’un troupeau, ça risquerai de mettre mon intégrité physique en péril. Je préfère me nourrir avant tout de même. Combattre le ventre vide n’a jamais fait bon ménage.

    Au-dessus de ma tête, j’aperçois un petit nid en paille qui me tente assez, espérant y trouver de quoi m’empiffrer. Je sors deux dagues de ma veste grâce auxquelles je vais grimper tout en-haut. Cela fait maintenant si longtemps que je n’ai retenté cette expérience, à voir si j’ai progressé depuis la dernière fois. Mais à peine une dizaine de mètres de grimpés, qu’un piaf me fonce dessus d’un air pas content. Au dernier moment, je fais un bond pour esquiver la charge, passer au-dessus et m’agripper à ce dernier.

    C’est parti pour une balade en plein air, mais si possible à proximité du nid. Pour cela, je dois impérativement freiner sa course, c’est dans cette logique que j’enfonce mes deux dagues profondément au niveau de nuque. Sauf qu’à et instant, la bestiole devient incontrôlable, me casse les oreilles à hurler comme un forcené et navigue dans tous les sens. Grâce aux dagues profondément encrées dans la nuque, je tire de toutes mes forces pour emmener la bête à faire un demi-tour. J’y parviens plus ou moins, la trajectoire n’est pas celle que j’espérais mais c’est toujours mieux que tout à l’heure.

    Une  fois assez proche de l’arbre en question, je saute à l’aide d’une grosse impulsion - qui projette le piaf contre un arbre à côté - et m’accroche fermement contre l’arbre à l’aide des dagues que j’enfonce dans l’écorce. Et rebelote, il faut recommencer cette longue épreuve d’escalade jusqu’à ce que l’on m’attaque une nouvelle fois. Le piaf est sonné pour le moment, mais je le sens tout à fait capable de revenir rapidement. J’accélère le rythme autant que possible, l’effort devient insupportable, me forçant à ralentir la cadence. Heureusement que ma bonne étoile me soutient, mon ascension jusqu’au possible butin se passe sans la moindre altercation. Dans le nid se trouve de nombreux fruits exotiques que je ne connais pas spécialement. C’est d’ailleurs sans trop me prendre la tête que je fous dans mon sac.

    « ROOOOAAAAAR ! »

    Oh ? Ce cri n’annonce vraiment rien de rassurant, d’autant plus qu’il me dit quelque chose. Ma crainte se confirme quand une orde de piaffes passent par là en braillants de peur. Mon sac à présent plein, je saute du nid sans la moindre hésitation et me laisse tomber dans le vide, jusqu’à tomber sur le dos d’un des oiseaux. Il déséquilibre quelques instants, mais je tente de le calmer en chuchotant des paroles d’une douce voix en lui caressant le haut de la tête. En me retournant, j’aperçois au loin le terrible tyrannosaure. Je ne sais pas encore si c’est celui que j’ai rencontré auparavant, mais il a bien grandi si c’est le cas. L’idée de l’affronter ne m’enchante plus tellement tout compte fait. Malgré la situation, mon ventre gronde à cause de la faim, que j’apaise en me mettant quelques fruits dans la bouche. J’en profite pour nourrir mon nouveau compagnon de luxe.

    En pleine course, le tyrannosaure parvient à choper des piaffes et à le déchiqueter de sa bouche dévastatrice. C’est seulement après en avoir massacré suffisamment qu’il s’arrête. J’imagine que la chasse a été bonne pour ce dernier. Je descends en plein vol, après m’être assuré que j’étais en sécurité. Il me faut impérativement des oeufs de ces reptiles volants, leur goût est tel que je n’ai pas pu les oublier jusqu’à présent. J’ai sauté précisément ici parce que j’y ai vu un nid. Et cette fois-ci, au lieu de grimper comme guignol, je dégaine ma lame et tranche nettement l’arbre, qui reste dans un premier temps immobile avant de lentement tomber. Dans la chute, je vois des… oeufs ! À l’instar d’un réceptionneur, j’anticipe la trajectoire des oeufs et me place en fonction de mon analyse. Étant nombreux, je me concentre uniquement sur ceux que je suis certain d’attendre, et uniquement ceux-là. Et malheureusement, je ne parviens qu’à en sauver que quatre, ce qui est plutôt satisfaisant compte tenu de la situation.

    Je range les oeufs dans le sac, puis je coupe l’arbre en plusieurs morceaux que nous récupérerons ce soir pour faire un feu. Vue la hauteur de l’arbre, je peux à peu près affirmer que nous n’aurons pas besoin de récupérer du bois pendant un certain temps. Je fini par penser à mes hommes, je suis inquiet pour eux, malgré le fait que j’imagine qu’ils ne se soient pas trop éloignés de la plage. Cependant, je ne peux pas m’empêcher de les croire en danger, c’est pour cela que je saisis mon denden pour appeler Visconti.

    « Un problème, Ragnar ? » Me dit-il à peine après avoir raccroché.

    « Et vous ? »

    « Tout va pour le mieux. Tu m’as l’air essoufflé, t’es sûr que ça va de ton côté ? »

    « Quelques acrobaties périlleuses mais tout baigne. »

    « Nous avons croisés une tribu de reptiles volants, tu y es pour quelque chose ? »

    « Vous les avez croisés ? Mais ils se dirigeaient pourtant vers le centre de l’île… Où êtes-vous ? »

    « Dans des ossements de dinosaures, visiblement. »


    « Quoiiiii ?? Mais qu’est-ce que vous foutez au centre de l’île ?? C’est l’endroit le plus dangereux de l’île ! Tous les dinosaures les plus dangereux se regroupent là-bas… Le tyrannosaures ne devrait plus trop tarder à arriver vers vous, après avoir mangé quelques reptiles. Ne bougez pas, vous aurez plus de chance de le croiser sinon. »

    J’entends quelques gloussements, les types commencent à flipper grave.

    « Que faisons-nous ? »

    « Restez dans les ossements, ne vous séparez pas et donnez à manger aux piaffes s’ils deviennent agressifs en vous voyant. »

    « Les piaffes ? On joue avec eux, ils sont plutôt sociables. »


    Comment savent-ils gagner le calme des piaffes ? Il y aurait un ornithologue avec eux ? Ces types me fascinent de plus en plus, je dois me dépêcher de les rejoindre. Je cours, je cours, je chope des fruits dans le sac pour m’alimenter par la même occasion, puisque je dépense pas mal d’énergie avec toutes ces conneries. J’en mange à la pelle sans trop vraiment y faire attention, quand après quelques bouchées de l’un d’entre eux, je me rends compte que le goût est immonde. Je ne suis pourtant pas difficile, mais sur ce coup, je suis bel et bien tombé sur un fruit bien pourri. À moins qu’un piaffe ai pissé dessus. Quoiqu’il en soit, ce goût m’a tellement dégouté que j’ai dévié mon regard quelques instants, jusqu’au moment où je percute violemment une surface écailleuse assez robuste. En levant la tête, j’aperçois une tête de tyrannosaure pas très séduisante, qui me bave également dessus.

    Là, ça sent pas bon. Au moins, s’il est avec moi, c’est qu’il n’est pas avec les autres, et ça c’est plutôt rassurant.
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    Un coup de queue retourné, je m’écrase littéralement contre un arbre assez robuste et souple, qui m’éclate le dos. Une noix de coco atterrit sur ma tête, ça fait mal, mais je suis tellement affamé que j’ai envie de la manger. Mais alors que je tente de l’attrape, le terrible dinosaure se met en travers de ma route et, sans doute du fait de sa taille, ne semble pas remarquer la noix de coco, qu’il risque d’écraser d’un instant à l’autre. Je me précipite jusqu’au niveau de ce fruit et utilise mon tourbillon divin, qui projette de multiples lames de vent grâce à la force ma vrille, déséquilibrant ainsi le dinosaure qui tente de retrouver son équilibre.

    Je ramasse le fruit rapidement et prends la fuite, mais voilà la grosse bête me rattrape rapidement. L’homme ne peut surpasser l’animal, un bon Zoan ne m’aurait pas déplu, quoi de mieux pour pouvoir se déplacer rapidement. Ça m’dérange un peu que de tels trucs existent encore, c’est plutôt balèzes et résistants comme merdes. Je me retourne pour l’attaquer avec ma lame, plus déterminé que jamais, mais sa queue est déjà là ! J’ai très mal jaugé sa vitesse. Les yeux fermés, je m’attends à recevoir le coup de plein fouet, c’est bien trop tard pour esquiver. Mais j’ouvre les yeux  quand je sens quelque chose me traverser le corps. La queue termine sa course un peu plus loin, je ne comprends pas. Ma position n’a en aucun changée, je ne ressens même aucune douleur, seulement une drôle de sensation au niveau de l’abdomen.

    « Qu’est-ce que… Mais qu’est-ce que c’est que cette merde !? C’est toi qui m’a fait ça, pourriture !? »

    Mon estomac se reconstitue. Ça fait des chatouilles, mais aucune douleur, d’où ça vient ? On aurait dit une flaque d’eau au son de l’impact entre la queue et mon corps. Là, c’est noir, c’est liquide et épais malgré tout. Ça sent l’encre, on dirait de l’encre… Une faculté du dinosaure à transformer ses adversaires ? Lui comme moi regardons mon ventre se reformer intégralement, avant de se regarder d’un air interrogé, comme deux gros imbéciles. Qu’est-ce que tu regardes, toi, avec tes yeux globuleux, tes écailles dégueulasses et ton haleine de phoque ? Des pensées pleines d’injures oui, et tout porte à croire qu’il les reçoit, puisque juste après ça il se met à grogner très fort et à me foncer dessus. Il se déplace si vite que je suis prit de vitesse, il charge avec son crâne dur et me projette une nouvelle fois au loin.

    Je m’éclate contre un arbre, une fois encore, sauf que je sens mon corps découpé en plusieurs morceaux. Je vois les choses sur plusieurs angles, ça bouge, ça se rassemble… mes membres ? Je n’arrive pas à les identifier, ni à les bouger volontairement, je ne comprends pas. Ma volonté est bien évidemment de retrouver ma forme initiale, ce qui semble plus ou moins marcher, à croire que cette substance reçoit mes commandes, mais à chaque fois que j’y parviens en partie, je me retrouve à l’état d’encre. Je me décompose systématique, je ne parviens plus à maintenir ma forme humaine, sans compter le tyrannosaure qui ne fait que me piétiner, n’arrangeant en rien les choses. Il finit heureusement par rapidement se rendre compte du temps qu’il perd et s’en va.

    Le résultat est finalement le même. Je ne parviens toujours pas à retrouver ma forme humaine, initiale. Serait-ce déjà la fin pour moi ? Dès le premier jour ? Je perçois à peine ma main que je tente d’élever vers les cieux, jusqu’à ce qu’elle finisse par totalement se liquéfier et s’écraser lamentablement au sol. Une feuille tombe à côté de moi avec classe et légèreté. L’ironie du sort c’est qu’elle tombe sur moi comme si je n’étais qu’une flaque d’eau. Je tente de m’en emparer, c’est là qu’un étrange phénomène se produit, tout le liquide semble - soit mon corps - semble être aspiré par la feuille. Aurait-elle des pouvoirs dont j’ignorais l’existence ? Je ne forme maintenant plus qu’un avec celle-ci. Une bourrasque de vent passe quelques instants plus tard, je m’envole gracieusement, là où m’emporte le vent.
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    Comment vais-je sortir d’ici ? J’ai peur. Ça n’arrive pas souvent, mais je n’aime pas la sensation d’être prisonnier dans un espace si confiné. Claustrophobe ? Pas à ma connaissance, non. Les rayons du soleil, que j’apprécie normalement, provoquent en moi une désagréable sensation de mal-être. Je veux de l’ombre. De l’ombre, de l’eau, du vent… J’ai envie de bouger, de me dégager de là en essayant d’effectuer le même mouvement qui m’a permis de ne faire qu’un avec cette feuille, sauf que la force me manque et la volonté avec. Je suis incapable d’effectuer la moindre gesticulation, aucun mouvement possible. Qu’est-ce qu’il se passe ? Le pire, c’est que je suis tout seul dans cet univers plus sombre que celui dans lequel j’ai l’habitude de vivre. Ayant vécu la plus grande partie de ma vie dans l’obscurité, je ne peux pas dire qu’il s’agisse d’un réel problème, sauf que cette fatigue soudaine et cette perte de force m’inquiète. Guère du genre à crier, hurler ou avoir des gestes brusques lorsque des moments comme celui-ci se présente, je préfère angoisser dans ma tête, à la limite tomber et laisser couler des sueurs froides dans mon dos, mais rien qui ne suscite une attention particulière. Cela dit, en l’état actuelle des choses, rien ne serait réellement visible. Ma seule crainte est que ma folie l’emporte sur moi et me laisse mourir à petit feu.

    La feuille vole, je vole aussi. D’apparence, j’imagine qu’elle doit être noire, comme je l’étais avant d’être transféré dans celle-ci. Mais au bout d’un certain temps, je redescends tout en douceur, jusqu’à me poser sur le sol aussi délicatement qu’une… feuille ? Mais à peine sur terre, je ressens comme des tremblements, du genre à me faire flipper un peu, je sens que ça annonce quelque chose qui ne va pas me rassurer. Et pour sûr, je confirme mes propos en apercevant une immense semelle qui semble petit à petit s’écraser sur moi. Le temps est comme ralenti, je vois très clairement cette odieuse masse s’approche moi, et ce jusqu’au moment où je finis écrabouillé. Oui, c’est le terme. J’entends même un espèce de « spouich » au moment du contact entre l’individu et moi-même. En y réfléchissant d’un peu plus près, ça ne peut être que l’un de mes hommes, étant donné que nous sommes normalement les seuls êtres humains ici.

    Les pas s’enchainent, je me fais écraser un nombre incalculable de fois sans ressentir la moindre douleur, si ce n’est tout même cette désagréable sensation d’être compressé dans tous les sens, comme une pâte que l’on met au fourre. Le dernier à passer, je le reconnais grâce à sa longue chevelure rougeâtre : Visconti. Et bizarrement, c’est le seul qui ne m’a pas écrasé, bizarrement. M’a-t-il vu ? Non, c’est juste qu’il n’écrase pas les feuilles quand c’est possible, c’est la raison pour laquelle il continue sa marche. Putain, où est passé ton foutu flair…? Mon envie de le rattraper, de le saisir, de me sortir de cette feuille de merde est telle que, en prenant soin de tendre mon bras comme j’ai normalement l’habitude de faire, une espèce de flaque avec une main au bout de dégage de la feuille et saisit l’épaule de Suelto. Je me dégage entièrement de la feuille, me reforme partiellement, et avec beaucoup de sang-froid, mon camarade se retourne et me tire une balle en pleine tête. Mon corps retourne à l’état de liquide, ne formant plus qu’une flaque noirâtre.

    « Oy ! Un truc bizarre a essayé de m’attaquer. »

    « C’quoi ça ? De la merde de dinosaure ? »

    « J’sais pas c’qu’il a mangé pour que ce soit d’la merde, mais j’aimerais pas manger la même chose… »

    « Faudrait p’tre faire attention à c’qu’on mange. »

    « Ouais, ça tu l’as dit, mon gars ! »

    « Si c’est d’la merde, ça sent pas trop mauvais, franchement. »

    « Oy…! On a compris. Mettez-la en veilleuse avant que je ne le fasse moi-même, capiche ? »


    « Oui, c’est capiche ! »

    « Capiche pour moi aussi ! »

    « Pareil pour moi i »

    « Aussi ici ! »


    Suelto se retourne avec son regard assassin vers les hommes, je crois qu’il a prévu de leur défoncer la gueule, comme il aime le faire. Je saisis l’opportunité pour tenter une nouvelle fois de l’attraper par l’épaule et me reformer en tant qu’être humain, du moins seulement par la silhouette. L’homme aux cheveux rouges se retourne une nouvelle fois de plus belle, après qu’un des types ai pointé du doigt ma direction, pointe son fusil sur ta tête et tire une nouvelle fois. Cette fois-ci, l’idée d’être aussi solide que du diamant me traverse l’esprit, je me contracte aussi fort que possible, et la balle s’écrase sur mon front.

    « Qui es-tu, gringo ? » Me demande mon plus fidèle compagnon.

    « C’est moi, Ragnar, crétin. » Dis-je avec l’intonation d’un mec qui a envie de gerber.

    « … »

    « … »

    « … »

    « … »

    « Dites quelque chose, merde ! »

    « C’est un plaisir de t’revoir, Ragnar ! »

    « T’as bronzé, non ? »

    « P’tre qu’un dinosaure lui a chié dessus… »

    « En parlant d’merde, où est passée celle qui était à l’endroit où se trouve le capitaine ? »


    Le soleil se couche au même moment, je retrouve peu à peu mon apparence, difficilement mais sûrement, en prenant soin d’imaginer mon d’aujourd’hui pour m’aider à me matérialiser. Toujours se regarder devant le miroir avant de commencer la journée, c’est très important. Une fois ma forme totalement récupérée, je m’écroule au sol, le temps de retrouver toute ma motricité un peu chamboulée par les différents changements organiques. Pas évident de passer de l’état de liquide à celui de solide, surtout quand t’es un humain blindé de muscles et de tendons.

    « Rag’, dis-moi ce que tu as mangé aujourd’hui, un truc qui t’aurait particulièrement marqué par son goût prononcé. N’importe quoi, mais un truc que tu as mangé. »

    « Un fruit, un légume, peut-être même un oeuf, j’ai pas trop fais attention pour tout avouer, mais le goût était immonde ! Plus jamais. »

    « Il n’y aura pas d’autre fois, mon ami. »

    « Comment ça ? »

    « Tu as mangé un fruit du démon, visiblement de type logia. »

    « L’un de mes pires cauchemars vient alors de se réaliser. »
    Dis-je désespérément en baissant les bras et la tête.

    Tous les types se mettent à ricaner comme des ânes, j’ai juste envie de leur foutre mon poing dans la gueule. Ne plus pouvoir nager, ne pas supporter l’eau de mer… Fini les parties de pêche à mains nues, je vais devoir utiliser une canne à pêche maintenant. En réalité, la nouvelle que je tentais de me dissimuler au fond de moi, sonne comme une véritable tragédie. Stanislas me lisait des tas de trucs sur les fruits démoniaques, je n’ai retenu que l’aspect négatifs, mais apparemment ça peut changer la personnalité de l’utilisateur… Déjà étrange, je n’imagine même pas les ravages d’un tel changement sur ma personnalité si instable. C’est peut-être le fait d’avoir trop trainé avec Clotho qui, pour le coup, était complètement fêlé du cerveau. Tiens, il n’a pas un logia d’ailleurs ? Celui de la terre si je ne m’abuse ? Misère, misère… Vais-je suivre le même parcours que ce dernier ?

    Visconti me signal de faire attention à la chaleur. Le fait est que je n’arrivais pas à me reconstituer avant la tombée de la nuit n’est en aucun cas un hasard. Au-delà du fait que je ne maitrise absolument pas les pouvoirs de ce fruit, il s’avère que la chaleur, le feu et le magma sont certainement les plus gros ennemis naturels de ce fruit. De ce fait, quand on voit les températures que l’on peut atteindre ici, je comprends mieux mes difficultés de tout à l’heure. Le temps de maîtriser les bases, je ferais mieux de m’exercer la nuit et rester près d’une source de fraicheur le jour. Je dois apprendre à vivre avec, les bienfaits et méfaits de ce fruit sont mon quotidien à présent, seule ma mort pourra changer ça.

    Mais soudain, Visconti apparait derrière moi à grande vitesse, tend une torche enflammée sur moi et me demande de ne pas bouger. Je me sens faible, encore plus que cette après-midi, la chaleur m’attaque directement et provoque une sensation de sommeil, qui m’incite à me laisser me faire bercer. J’ai l’impression de tomber dans le vide, mais je me liquéfie une nouvelle fois, jusqu’à ce l’ami éteigne la torche, moment à partir duquel mon corps se reforme. Par cette démonstration proposée par Suelto, je comprends que mon point faible est la chaleur, qui me fait fondre dans un premier, puis provoque l’évaporation dans un second temps. À proscrire, donc.
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    Deux jours plus tard, sous une belle nuit étoilée.

    Mes s’occupent du camp la journée, je le fais la nuit, ainsi va la vie depuis ces dernières quarante-huit heures. Ce n’est pas la bonne méthode, je vais bien devoir m’adapter à une journée normale, et non me cacher dans les ossements, caché du soleil qui ne cherche qu’à me punir pour tous mes péchés… La folie s’empare de moi peu à peu, je passe mes journées à chercher des coins d’ombre, à m’hydrater plus que jamais, à chercher des coins frais… c’est insupportable de vivre de cette manière. Je ne peux pas vivre en décalé du monde, je dois m’adapter malgré cette malédiction qui s’est abattue sur moi.

    Mais comme me l’a si bien dit mon ami, me plaindre ne va certainement pas arranger les choses, je dois au contraire trouver les avantages de ce dernier, et dieu seul sait qu’il doit y en avoir. Ces deux derniers jours, j’ai appris à partiellement solidifier et liquéfier ma main, volontairement et sans passer par des situations d’extrêmes urgences. Finalement, je comprends que les pouvoirs de ce fruit interagissent constamment avec ma volonté. Cependant, et c’est l’une des choses qui m’inquiète le plus, le pouvoir tente de prendre possession de mon esprit. Va savoir si ce n’est déjà le cas… Je change peu à peu, je le sens au plus profond de moi. Pas tant physiquement contrairement à ce que l’on pourrait croire, mais plutôt psychologiquement. Il est encore trop tôt pour réellement l’affirmer, puis ça se fait si naturellement que je dois l’accepter.

    Une longue journée m’attend demain, dormir je dois pour être en forme.

    […]

    Le lendemain matin, réveillé par les cris des reptiles volants, je sursaute à la suite d’un cauchemar dans lequel je me noyais dans… de l’encre. Quand je dis que ce fruit souhaite réellement ma peau, ce n’est pas pour rien. Il me dévore peu à peu l’esprit, je suis totalement impuissant, ça me ronge petit à petit. Je me redresse difficilement, en tenant ma tête avec la main sur le front, puis en essayant de faire le point sur mon état. Sauf que bien sûr, parce que cela ne serait pas drôle autrement, un élément vient perturber ma réflexion, à croire que l’on n’apprécie pas que je puisse parfois réfléchir. Un sifflement traverse mes oreilles. Je lève légèrement le bras, avec beaucoup de légèreté, main ouverte et un espèce de fruit exotique parvient avec force dans ma main.

    « Ravi de voir que tes réflexes sont encore là. »  M’envoi fièrement Suelto.

    Je ne prends même pas le peine de répondre, je mange mon petit fruit juteux, qui m’explose à la figure dès la première bouchée. C’est sucrée, c’est doux, et surtout c’est frais ! La fraîcheur n’a pas jamais été mon truc de base, la chaleur tropicale de cette île m’avait autrefois séduite, mais là c’est vraiment trop oppressant. Ce n’est pas comme s’il fait simplement chaud et que transpirer me gonfle… Non, c’est juste que la chaleur me fait fondre au sens propre du terme. Alors oui, manger un produit frais en restant à l’ombre, c’est un plaisir que je ne peux laisser passer. C’est nouveau, c’est naze, mais c’est comme ça. Certains diront que je m’y fais assez rapidement, d’autres comprendront en justifiant cela à l’instinct de survie dont l’Homme a hérité. À quoi bon se morfondre si ce n’est pour se laisser mourir ? Je ne me laisse pas mourir, je survis.

    Je sors de ma grotte. La première chose que je vois, après un laps de temps où je suis totalement ébloui par la soleil, c’est un groupement d’hommes qui s’amusent à se faire des passes avec une noix de coco. J’aime assez le concept, ça m’donne assez envie de jouer eux, sauf que de suite la fatigue se fait ressentir, je me concentre pour ne pas fondre et garder ma forme actuelle. Ne pas paniquer, ne pas s’énerver, garder son calme et se concentrer uniquement sur ma volonté. Imperturbable je dois être, seule le sang-froid et la précision permettent de contrôler cet élément particulier. Par ailleurs, je dois apprendre et étudier les caractéristiques de cet élément, tant par l’expérience de la pratique que par mes recherches un peu plus théoriques. Les prochains jours risquent d’être assez longs, mais au moins je sens une légère progression, étant toujours debout face aux autres.

    « Captain ! Attrape-moi ça pour voir ! » Hurle un de ces débiles sous mes ordres.

    La noix de coco vers à moi toute vitesse, j’ai à peine de le temps de placer ma main face à ma tête pour me protéger, sauf que c’est inutile. En effet, le fruit traverse ma main, et encore si ce n’était que ça, puisqu’il traverse également mon visage pour finir sa course derrière moi. Arf… Au moins, je suis toujours en place. Réceptionner des objets est encore compliqué en plein cagnard. Les connards se foutent tous de ma gueule, ce qui a le don de m’agacer parce que je suis trop fier, mais je suis actuellement obligé de prendre sur moi. M’emporter empirera mon cas, ça m’agacera davantage et je perdrai toute crédibilité auprès de mes hommes. Attendez la nuit, ou parce que je suis gentil, simplement le temps que je maîtrise ces foutues facultés.

    Mais je crois pouvoir saisir le moment de me venger plus tôt que prévu. Voyez-vous ce petit merdeux qui m’a envoyé cette noix de coco, et bien il vient à l’instant de me tourner le dos… quelle erreur ! Mon bras se liquéfie et s’étend jusqu’à l’objet en question, que je saisis naturellement, puis en prenant de l’élan, j’effectue à l’instar d’une catapulte un mouvement de balancier, qui projette extrêmement fort je projectile. En une fraction de seconde, la cible est violemment atteinte à l’arrière du crâne, s’écroulant aussitôt. L’envie d’exploser de rire me vient subitement, mais ne serait-ce que ce petit effort m’a vidé de mon énergie, je me laisse tomber au sol pour récupérer. Choqué par ce qu’il vient de se passer, mes hommes me regardent tous l’air béas.

    « Méfiez-vous, señores, ce type est si orgueilleux que même mourant il pourrait vous tuer. » Balance Suelto à haute voix, afin que le message soit passé en bon et due forme.

    Je commence à ramper jusqu’au campement dans les ossements, afin de pouvoir récupérer à l’ombre, mais mon second me barre la route. Je ne m’exprime même pas, seulement un tire avec mon regard meurtrier, qui devrait normalement faire en sorte qu’il me laisse poursuivre mon chemin, voire peut-être qu’il me porte. Tu parles, le type ne bouge pas d’un pouce. Je n’ai même plus d’autorité sur mes hommes, c’est insupportable comme situation. Enfin, en même temps, je ne peux dire que je n’en ai vraiment eu sur ce dernier. Il me rappelle à l’époque où je n’étais qu’un simple voyageur, aux cotés du borgne, ne respectant ni ordre ni loi. Mon regard s’intensifie alors vers mon camarade, devient de plus en plus noire et persistant.

    « Rag’, ça ne sert à rien de m’regarder de la sorte, j’bougerai pas. Tu veux de la fraîcheur ? tu bouges ton fion jusque la rivière et tu ne m’emmerdes pas ! »

    Au moins, comme ça, ça a le mérite d’être clair. Heureusement que c’est mon second, ça passe inaperçu auprès des hommes, sinon je n’aurais plus qu’à me planquer à tout jamais, reprendre mes voyages en solitaire… Je rebrousse chemin et rampe de l’autre côté, sans dire un mot, chose inhabituelle de ma part quand on sait que j’ai la connerie facile. Silencieusement, tout en continuant mon ascension au sol à l’instar d’une limasse, je pousse sur genoux et parviens à me mettre à quatre pâtes, pour les plus grands fous rire de certains. Ma concentration est la clé de ma réussite. Ce qui me motive à les ignorer, c’est de voir que je suis en mon état « normal » et que je continue d’avancer. Ma volonté. Quelle est ma volonté ? Me rafraîchir. Si tel est le cas, rien de m’en empêchera. En m’accrochant à cette idée d’invincibilité, si je puis dire, je finis par redresser complètement, en titubant dans un premier temps, puis en continuant à marcher bravement vers ma destinée.

    Malgré une bonne nuit de sommeil, j’ai la démarche d’un homme fatiguée après une longue journée de labeur, et lire pire dans tout cela, c’est que je suis réellement exténué par ces efforts assez futiles pour des personnes normales. Je ne me considère même plus comme un individu lambda… tristesse. Le petit bassin d’eau douce est à porté de main, ne gâchons pas cela pour des pensées qui ne feront que freiner ma course vers ma consécration. Sauf qu’à cet instant précis, une présence apparait au-dessus de ma tête, je dégaine ma arme pour y projeter une lame de vent, mais à ma grande surprise il s’agit une nouvelle fois de Suelto, qui avait anticipé mon attaque  et l’esquive, puis me déverse finalement un sceau rempli d’eau. Reculant d’un bond, j’esquive aisément son attaque, mais en restant bien trop concentré sur ma forme, je ne m’aperçois que trop de la supercherie que l’on me tend une nouvelle fois. Des hommes derrière moi qui réalisent la même saloperie.

    Anticipant le contact avec l’eau, je conserve mes anciens réflexes et me raidis par peur d’avoir froid, cela provoque bien entendu une solidification involontaire de mon corps provoquée par mes nouvelles capacités. Je suis bloqué, totalement immobile et aspergé d’eau. L’inquiétude ne me vient même pas, je sais pertinemment que je serais de nouveau à moitié liquéfié lorsque j’aurais totalement séché. En attendant, certains s’amusent à me taper dessus comme si je n’étais qu’un vulgaire punching-ball. J’anticipe la trajectoire d’un des coups, détermine l’endroit du choc, je me concentre intensément le temps d’un instant… le poing traverse mon abdomen, s’enfonce profondément dedans jusqu’à complètement le traverser, puis l’étau se ressert aussitôt. Toujours sans un mot, mon corps se retrouve peu à peu à sa forme et c’est au même moment que j’inflige un puissant coup de boule sur le subordonné en question.

    « Je commence à cerner la manière d’utiliser mes nouvelles facultés… Tous vos coups, je vais vous le rendre en centuple à présent. Approchez donc, camarades. » Dis-je d’un ton solennel.

    Tout le reste de la journée n’est qu’un gros entrainement où l’on se fout tous sur la gueule. Je perfectionne ainsi la maîtrise de mes capacités nouvelles, agréablement surpris de voir qu’il n’est finalement pas impossible de les utiliser. Je ne suis pas encore à la hauteur, je rate pas mal de mes manipulations… J’en paye le prix en prenant des coups de plein fouet au lieu de me solidifier ou me liquéfier. Mais dans l’ensemble, une grande progression, c’est jouissif.
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    Près de deux semaines que nous sommes sur l’île, deux semaines que nous survivons tant bien que mal. Les premiers furent assez difficiles pour des raisons que l’on connaît, la découverte de mon fruit du démon, notamment la première semaine où mes déplacements et actions furent quasiment inexistants. De ce fait, je suis heureux de m’apercevoir que mes hommes, sous les commandement mon ami Suelto, sont parfaitement capables de survivre en milieux hostiles. Ce fut ma plus grande crainte, mais je suis à présent rassuré, et c'est ainsi que j’ai pu me concentrer sur mon entrainement - si l’on peut parler d’entraînement. En effet, tout ce dont j’ai été capable, c’est de m’adapter au climat, sachant que l’utilisation de mes facultés restent limitées au grand cagnard. Cependant, je peux me dépatouiller un peu et réaliser certaines choses, je ne suis pas non plus incapable sous prétexte qu’il fait chaud. C’était le cas au début, je commence à m’y faire maintenant. À moi de m’adapter si jamais je viens à rencontrer un adversaire utilisant des capacités susceptibles de me mettre en difficulté.

    « Oy ! Le vieux doc’ vient de m’appeler, un navire approche des côtes, tas d’encre ! »

    « Il a prit soin de se cacher le temps que l’on arrive, j’espère ? »

    «  Tu connais l’doc’, courageux mais pas suicidaire… »


    Suelto et moi rions. Nous savons tous les deux que le vieux s’est caché là où personne ne pourrait le retrouver, pas même moi avec mon flair assez développé. J’demande à mon camarade d’arracher une feuille de son calepin, à sa grande incompréhension, mais j’ai ma petite idée en tête. Nous embarquons tous les deux sur une des barques, puis nous ramons à toute vitesse. Le vent de notre côté, bien que nous n’ayons pas de voiles, mais c’est toujours ça en plus que le navire arrivant au sens opposé n’a probablement pas. Notre navire n’est pas très loin des côtes, alors nous l’atteignons assez rapidement, et c’est là que Visconti commence réellement à s’interroger. Pourquoi ce foutu bout de papier ? Cette question le ronge de l’intérieur.

    « Je vais ne faire qu’un avec ce bout de papier. » Dis-je calmement.

    « Qu’est-ce que tu m’racontes, merde ? T’es étrange ces derniers temps, laisse-moi réfléchir à un pl- »

    « Suelto ! »
    D’un ton ferme. « Fais-moi confiance. Tout ce que je te demande, c’est de poser la feuille sur le pont principal et de n’intervenir qu’au moment où ça pète. »

    La feuille est posée à plat, à mes pieds, sur la barque, puis je me liquéfie à côté de celle-ci. Ensuite, je m’intègre en elle ne formant plus qu’une grossière tâche d’encre sur cette feuille. Étrange sensation, je dois l’avouer, mais c’est toujours mieux que lors de ma première expérience sur la feuille d’un arbre dans laquelle j’ai réalisée mon baptême de l’air. De ma position, je peux voir le visage de mon camarade qui ne comprend absolument rien. De mon côté, cette fois-ci plus calme que la dernière, je ressens des sensations totalement différentes de ma dernière expérience. En effet, j’ai comme l’impression d’être démultiplié en une infinité de Ragnar qui n’attendent que mes ordres. Dans un premier temps, en imaginant très clairement la feuille, je bouge de telle manière à ce qu’il soit inscrit sur la feuille : « Dépose-moi sur le pont principal. ».

    « T’as oublié un mot dans ta phrase, crétin. » Dit-il en soupirant.

    Il saisit la feuille, monte sur le navire et la dépose bien en évidence avant de se cacher derrière des tonneaux. Il m’annonce à voix basse que le navire ennemi est en approche. Je m’active pour que tout soit parfaite. De nouveau éparpillé sur toute la feuille, une phrase commence à devenir lisible : « Quittez ce navire et aucun mal ne vous sera fait. ». En principe le message est clair, net et concis. Je vous avoue qu’en voyant un navire vide, du moins en apparence, je ne prendrais pas ce mot au sérieux, ou alors j’imaginerai que l’équipage est tout simplement sur l’île.

    Quelques minutes s’écoulent, quelques hommes montent à bord, armés jusqu’aux dents. Comme prévu, ils sont de suite attirés par la feuille qu’ils prennent soin de lire. Et comme une bande d’attardés, des rires fusent à tout va. La suite serait qu’ils déchirent la feuille ou qu’ils la jettent comme une vulgaire chose ? Des piques d’encre émanent de la feuille et perfore tous ces messieurs. La feuille au sol, je ressors comme une flaque visqueuse, jusqu’à reprendre ma forme humaine avant que Suelto me rejoigne.  Pour l’instant, notre subterfuge ne semble pas avoir attiré l’attention. Je m’imprime une nouvelle dans la feuille, Suelto en fait un avion qu’il jette en direction du navire à côté. Il se saisit de son fusil et se place discrètement dans un endroit où il dispose d’un angle de tir suffisamment ouvert. J’atterris tout en douceur sur le pont ennemi.

    « Qu’est-ce que c’est que cette merde ?! J’attends votre rapport là-haut, j’vous pas demandé d’vous amuser ! » Hurle visiblement le capitaine qui ramasse la feuille.

    Il se saisit de la feuille : c’est ma chance ! Des tentacules émanent de l’avion qu’il déplie, l’attrape, s’enroule tout autour de lui. L’étreinte est assez forte. Je retrouve ma forme originel, ma lame juste en-dessous de sa gorge, m’assurant que ses mains soient bien visibles. J’ordonne à tous les types à bord de déposer les armes en face de moi, chose qu’ils hésitent à faire jusqu’à ce que leur capitaine leur ordonne. Ensuite, je leur demande de déposer toutes leurs provisions d’alcool sur notre navire, estimant que nous n’avons besoin du reste et que nous ne sommes pas des pilleurs proprement parlé. Mais soudain, un tir retentit et un homme s’écroule derrière moi. Suelto m’a sauvé la mise, une fois encore. De là, c’est tout de suite plus simple, les types savent que nous ne sommes pas là pour rigoler et s’exécutent aussitôt.

    « Tant que j’y suis, jette vos canons, s’il vous plaît. Avec vous autres, les pirates, j’ai un problème de confiance qui s’installe depuis peu. » Dis-je en faisant allusion à certains pirates sur Kanokuni.

    Pareil, ils obéissent sans broncher. Une fois que tout est fait, Suelto descend et m’aide à prendre les armes déposées. Il remonte le premier, tandis qu’un petit malin avait cachée une arme sur lui et saisit l’occasion de m’avoir le dos tourné pour me tirer dessus. Bien entendu, la balle passe à travers mon corps… Je me retourne avec un regard assez triste de la situation, finissant par laisser les armes à terre, certainement par pitié, avant de remonter à bord de mon navire. Je leur ordonne de repartir loin d’ici avant que la situation ne s’aggrave inutilement.

    Et maintenant, nous avons de quoi boire pour quelques temps.

    « Tu me serviras un petit verre de vinasse en rentrant ? »

    « T’es un amateur de rhum… »

    « J’ai envie de vin. »

    « Tu deviens vraiment étrange, mec. »


    Et là, le vieux doc' ressort de nulle part, armé jusqu'au dent et prêt à en découvre, provoquant un énorme fou du rire du côté de Visconti, tandis que je ne me contente que d'un simple et interminable sourire.
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