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Pas de cul de sac pour la flibuste

- Paie le monsieur Joe.

- Des clous.

- Joe, paie le monsieur.

- Je paie déjà assez de ma personne en venant dans cette fosse sceptique qu'ils osent présenter comme une île, je vais pas en plus me laisser dépouiller par ces connards !

- Joe...

- Mmmh ?

- Paie le monsieur.

- QUE DALLE !

L'inconvénient lorsque l'on venait à s'encombrer de nouvelles recrues, c'est que celles-ci étaient dans leur bon droit en escomptant de leur capitaine qu'il ne s'occupe des dépenses à bord. Paniers percés devant l'éternel, Mahach et Balior n'allaient certainement pas s'acquitter de la taxe portuaire exigée à l'entrée de Dead End, leurs poches demeuraient résolument vides.
Cela faisait une demi heure que le punk harcelait son cafard de capitaine pour que ce dernier mette la main à la poche. Vaste programme. La scène perdura jusqu'à ce que le docker, chargé de récolter la taxe, ne fatigue à force de subir les insultes que Joe lui adressait et n'aille chercher une dizaine de camarades pour étayer son argumentaire. Même une douzaine de pirates menaçants n'achevèrent pas de persuader le cafard de débourser la modique somme de cinq-mille berries demandée.

- Eh pis merde, tu m'les brises. T'es avec moi le vieux ?

Reposé à même ponton de la jonque qu'ils s'étaient employés à voler suite à leurs mésaventures sur Clockwork Island, l'aîné de la bande s'étira avant de gratter frénétiquement sa barbe hirsute tout en se redressant. Les radineries coutumières de son nouveau capitaine avaient eu raison de sa patience à lui aussi.

- Yep.

Alerte, Joe oscilla sa tête paniquée de droite à gauche, scrutant successivement Mahach et Balior qui s'approchaient.

- N'y pensez même pas ! Un pas de plus et je me servirai de vos carcasses pour payer cette putain de taxe ! Allez ! Reculez ! Alleeeez !

Un instant d'inattention de la part du geignard suffit pour que le vieux boucanier ne le ceinture violemment. Il fallait au moins ça pour que le cafard daigne payer quoi que ce soit. Malgré la force excessivement supérieure de l'ancien sur son capitaine, ce dernier s'agitait tant bien que mal telle une anguille tentant d'échapper à son pêcheur.

- Casus Belli ! Casus Belliiiiiiiiii ! Lâche-moi que je te dépèce enfoiré !

Ainsi immobilisé, Joe ne manqua pas de se faire fouiller par son deuxième membre d'équipage. Les mains couvertes de poudre à force de palper le bougre équipé de plus d'une dizaine de mousquets sous son anorak. Mahach finit pas mettre la main sur une liasse salvatrice, extirpant la somme nécessaire pour s'acquitter de la taxe portuaire qui avait fait couler tant de larmes.

- De Dieu, c'est la croix et la bannière pour qu'il mette la main au porte-monnaie celui-ci...

Exaspérés par le temps perdu pour que se déroule une transaction des plus anodines, les dockers firent volte-face, pressés de ne plus avoir à supporter les gémissements larmoyants du cafard. Le plus dur était fait. Délesté de cinq-mille berrys, le cafard, recroquevillé sur le pont pestait comme un sale gosse blessé dans son orgueil, visage couvert de larmes.
Tous deux perchés à l'observer, presque fascinés par la propension à l'avarice de leur capitaine, le punk et son comparse finirent par rompre ce silence de recueillement face à ce drame humain qu'ils contemplaient gisant au sol.

- Porte tes couilles pucelle ! T'vas pas nous r'jouer ça chaque fois qu'y faudra allonger les biffetons !

Secouant doucement la tête de droite à gauche, atterré du spectacle auquel il venait d'avoir droit, Mahach engouffra la liasse dans sa poche.

- J'crois qu'c'est mieux pour nous tous si j'm'improvise trésorier.

Fébrile, presque insignifiant, Joe chercha à se remettre sur ses jambes du mieux qu'il pouvait, se redressant au mieux, lentement, pour soudain bondir tel un fauve, braquant un mousquet savamment dissimulé pour y coller le canon sous le menton du punk trop audacieux à son goût.

- M'enfin ça peut s'discuter hein...

Suffisamment instruit pour savoir quand il avait affaire à un dément, croisant le regard acéré et vil de ce capitaine si perfide, Mahach leva délicatement les bras. Il savait distinguer une menace réelle d'un bluff, et sentait de ce fait les intentions belliqueuses du cafard lui étant adressées sans la moindre réserve.

- Discute si tu veux, moi je récupère mon pognon.

Il le dit, et il le fit. Quand il était question d'argent, Joe était homme à respecter sa parole. Doucement, le métal froid du canon quitta la peau du punk pour retrouver l'intérieur de la parka de son hôte, jouxtant les billets retrouvés. Mahach ne trouva qu'à grimacer, mais qu'à cela ne tienne, si le cafard manquait encore à ses obligations, il trouverait le moyen de lui soutirer son pécule une fois de plus.
Alors que Balior se croyait à l'abri du courroux de son capitaine, un violent coup de botte dans les roustons lui rappela à quel point Joe n'avait que trop peu apprécié d'être ainsi immobilisé.

- Tiens géronte, c'est ma manière à moi de pardonner. La prochaine absolution se fera à renfort de poudre et de plomb, tiens-le toi pour dit !

Agenouillé, les bourses solidement tenues par ses mains, c'était au tour du doyen des Blattards de grimacer, pour des raisons bien à lui cela dit.

- Dé...Dégénéré à la manque ! T...T'vas voir fumier, j'te réserve un chien d'ma chienne, t'vas voir !

Hautain, sûr de lui après cette démonstration de force, exprimant le niveau de bassesse ultime auquel il pouvait se consacrer, le cafard fit craquer ses cervicales comme ignorant les menaces de son membre d'équipage.

- Si tu veux qu'on en reste au champ lexical du canidé, je te répondrai que si tu continues à aboyer, je vais me sentir contraint de te foutre un coup de laisse pour te rappeler qui est le maître.

Pour Balior, il n'y avait qu'un maître à bord, lui même. Indiscipliné était un mot encore bien trop faible pour exprimer l'esprit d'indépendance qui l'animait. Joe le sentait et tenait à s'imposer comme le mâle dominant à bord. Ce faisant, il s'exposait aux griefs sévères de ses deux hommes. Affirmer son autorité était à long terme une affaire de survie.
Alors que l'ancien se redressait, poings crispés, yeux révulsés, Mahach s'interposa vivement entre les deux hommes prêts à se sauter à la gorge.

- Arrête ton char Biutag ! On n'a pas l'temps pour tes conn'ries. J'te rappelle qu'on est blessés.

Joe ne quittait pas Balior du regard, comme le provoquant, ce dernier n'en démordait pas non plus le moins du monde.

- Ah bon ? Je me sens très bien pourtant hin hin.

Se plaçant de sorte à faire écran entre ses deux camarades, le punk était bien décidé à calmer les tensions à bord, posant ses mains sur les épaules de son capitaine, dix centimètres plus petit que lui.

- Le vieux et moi, faut qu'on se r'fasse une santé. Ça veut dire qu'y va falloir nous payer à bouffer...

- Et à boire !

- Et à boire... et nous fournir quelque part où dormir. Si tu t'donnes pas la peine d'faire ça, un jour où l'autre, tu pass'ras par-dessus bord plus vite que t'auras l'temps d'dire "mutinerie". On bosse pour toi, mais en échange, va falloir abouler le flouze pour nous entretenir.

Joe ne savait que trop bien tout cela. Le capitanat venait avec son lot de responsabilités, notamment fiduciaires. S'il voulait que ses hommes lui soient fidèles, il devait les récompenser au mieux, composer avec sa radinerie maladive pour ne pas se retrouver avec un col chinois au moment le moins opportun.
Le cafard passa sa main derrière la nuque, essuyant une moue contrariée et hargneuse, bien que résignée.

- Ouais, ouais... Mais personne touche à mon fric. Personne !

La bombe semblait désamorcée. Tous trois quittèrent l'embarcation pour déambuler jusqu'en ville. Malgré la nuit noire qui enveloppait l'île, mille lanternes faisaient scintiller Dead End comme un soleil. Un sinistre soleil chaotique où la piraterie et l'ordre entretenaient un ménage précaire.
Traînant leurs guêtres jusqu'à une auberge désignée par Mahach, habitué des lieux, les Blattards posèrent leur cul chacun sur un tabouret, faisant face au comptoir rayé et sale à leur disposition.

- Et pour la triplette de gentlemen, qu'est-ce que ce sera ?

- Bière.

- Une eau plate, la moins chère !

- Fais donc péter l'barrilet d'rhum !

Chaque choix de boisson déterminait sommairement le trait de caractère de chacun des trois lascars. Rapidement servis, la note alla de paire avec les consommations.

- Ça fera quatre-mille-deux-cent berries.

Un silence aussi lourd qu'inquiétant s'installa alors que Joe entamait son verre d'eau à la paille, ne perdant pas une occasion de faire du bruit le plus inutilement possible. Tous les regards étaient rivés sur lui, aussi bien celui de ses compères que celui de l'aubergiste.

- Joe... Paie l'addition.

Lâchant un instant sa paille de la bouche, la réponse du cafard ne se fit pas attendre avant de recommencer à siroter son verre.

- Des clous.

Ni une ni deux, les épaisses paluches du vieillard se nouèrent autour du petit cou lâche et maigre du capitaine Blattard, manquant d'expulser ses yeux exorbités par la soudaine pression.

- TU RAQUES ET TU FERMES TA GUEULE !!!

Trouvant les arguments de l'ancien particulièrement persuasifs, Joe fouilla à la hâte l'intérieur de son manteau, cherchant son pactole comme il cherchait à reprendre de l'air, à croire que les deux quêtes semblaient intimement liées. Abattant cinq billets de mille sur la table, ce n'est qu'à cet instant qu'il put reprendre son souffle. Il fallait croire qu'il tenait plus à la vie qu'aux berries. C'était déjà un progrès.
Ainsi affalés sur le comptoir, la cohésion sociale au sein de l'équipage s'établissait à tâton après ces derniers incidents. Enfin les Blattards commençaient à s'accommoder d'un savoir-vivre leur étant propre. Il fallait savoir prendre le capitaine par le bon bout.


Dernière édition par Joe Biutag le Ven 13 Jan 2017 - 16:29, édité 1 fois
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Comment tu veux que j’arrive à être d’humeur à faire la fête comme tous les autres ? Je peux pas oublier que je traine avec un zig qui carbure à l’eau tellement il est rapiat ! C’est le seul type qui fait la gueule dans tout Dead End et qui tourne à ce que les vaches treuillent, et je me demande pourquoi j’arrive pas à m’éclater ! Le comble, c’est ce que c’est un capitaine pirate ! Rhaa, il est beau le capitaine ! Même pas foutu de montrer l'exemple !

Du fait, je me penche vers son oreille.

- Oï, Joe, tu nous fais honte là ! Prend un truc avec de l’alcool au moins ! Même si tu veux pas le citrer, je veux bien le faire à ta place !

Je l’entends à peine ruminer dans sa non-barbe engoncée dans son anorak. Tout ce que je parviens à déchiffrer c’est des bribes genre “mon argent” ou “payer”. Eh ben, il a un sérieux complexe avec ça lui hein !

- Ecoute, c’est normal de claquer son flouze, c’est Dead End merde ! T’as pas idée du flouze que les autres mecs dépensent ici ! Sérieusement, détend-toi un coup et bois un truc fort ! Un truc qui te remet d’aplomb !
- Nan ! C’est MON fric qui part en fumée là ! Alors ta bière, t’as intérêt de la sécher jusqu’à la dernière goutte !
- T’inquiète pas pour ça, j’ai bien compris que j’allais pas avoir sa petite soeur ...
que je lui dis en me remettant bien en place, les cieux au ciel. Pis si c’est TON fric qu’on dépense, c’est parce que TU as bouffé la merde fruitée qu’ON devait vendre. Alors ouais, ça va pas être celui des autres qu’on va dépenser !

Moi et ma grande gueule.

Innocent, je retourne sur ma bière. L’unique. La si triste. Je la déguste avec les yeux d’abord, j’essaie de faire durer le plaisir mais c’est pas facile. Une bière, c’est pas beaucoup alcoolisé parce que ça se boit en grandes quantités. Une seule, c’est triste. Du coup, je jette un oeil au Blackness. Il dit que tout va bien, il a éclaté la trogne d’un mec qui s'est approché un peu trop près de son tonnelet de rhum pis il s’est mis à rire gras avec un autre gus.
Alors ouais, il s’avère que j’ai pas vu les yeux de Joe s’injecter de sang et ses mains trembler, signes qu’il a une idée de type pécuniaire derrière le crâne. Je l’ai pas vu surtout parce qu’il s’est tiré l’instant que je regarde ailleurs.

Bordel de merde ! Ni une ni deux, je vais chercher le vieux.

- Oh, Joe s’est tiré !
- Qu’est ce que tu veux qu’ça m’foute ?
- Bah avant qu’il mette les voiles, je lui ai causé oseille.


Je crois que ça tilte pas. J’en remets une couche.

- Je crois bien qu’il va faire une connerie. Tu sais, ici, si on te choppe en train de te foutre sur la gueule, on te largue dans une arène avant même que t’aies le temps dire “ouf”.
- Et alors ? L’est assez argoté pour s’en tirer, même face à une armoire à glace, surtout quand il s’agit d’thunes, giah-ah-ah !


L’a pas tort mais nan. Pas moyen.

- Ramène ton cul de vieux croulant tout de suite, on est un équipage maintenant !
- C’est mon barril d’rhum que je vais t’ramener dans la tronche façon catapulte, connard de punk !


Rien à foutre, je le tire par le bras. Il lui en faut plus pour être rond comme un cul de pelle, mais il l’est suffisamment pour qu’il titube un chouille et me suive dans l’élan. On se barre du rade sans manquer d’attirer l’attention, surtout quand le vieux soiffard beugle :

- Z’allez me l’payer, bande de pedzouilles !

Je lui réponds pas. Pas besoin d’envenimer la situation.

Il nous faut pas longtemps -quelques foutues minutes- avant qu’on retrouve la trace du Biutag.

- Mais tu vas le cracher ton oseille, ouais ?

Nous, on suit les échos de sa voix. On court dans leur direction, une ou deux ruelles rocheuses plus loin. Heureusement que c’est la nuit d’ailleurs, on est à peu près les seuls sur place, outre les carcasses soûles qui déambulent maladroitement. Quand on arrive enfin, dans la ruelle parallèle au rade, on tombe sur un Joe en transe qui secoue frénétiquement un zig bien plus gros que lui, et qui a laissé couler un bon filet de gerbe sur lui même, manquant de provoquer le même sort au vieux Balior.

- Oï, Joe ! Qu’est ce que tu fous ?
- Hin hin hin, je veux son fric ! Je veux son fric ! C’est lui qui va nous payer le séjour sur Dead End ! C’est SON brouzouf qu’on va flamber, hin hin hin !


Il a même pas pris le temps de me regarder pour me dire, trop obnubilé par sa victime. Sauf que justement, sa victime fait un peu la gueule. Au sens figuré. Le type répond plus du tout, c’est juste une poupée de chiffon. Enfin, de chair pour être exact. Je m’approche de lui et pose deux doigts sur son coup, un peu sur le côté. Outre les secousses, rien. Je les retire aussitôt, un peu paniqué.

- Putain mais t’es cinglé ou quoi ? Il est cané ! Il devait être complètement minable et tu l’as tellement secoué qu’il a du clamser en s’étouffant dans sa gerbe !

Les yeux du Cafard sortent presque de leur orbite, un large sourire carnassier sur les lèvres.

- A moi les biffetons maintenant !

Et il se met à le fouiller comme un petit rat comme si de rien n’était ! Sans scrupule ! Pis il déchante, anéanti, limite à genou à implorer le ciel. Même si en fait, il est encore plus énervé !

- Putain le connard ! Il a rien ! Il est fauché !

Il se met à se défouler sur son cadavre, lui donnant des bons gros coups de pied, ce qui fait marrer le géronte.

- Bah avec c’qui s’est emmanché derrière la cravate, tu m’étonnes ! Giah-ah-ah !

Joe le lâche enfin, et fusille Balior du regard.

- Bordel de merde, relax Biutag ! Si tu tiens vraiment à claquer le blé des autres, laisse-moi faire ! J’ai une idée. Suivez-moi.
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Cafard, tu commences sérieusement à me les briser avec ton obsession pour le flouse ! Tu peux pas juste te la coller au bar et fermer ton claque-merde ?! Picoler mortecouille, tu sais pas faire, forban de mes deux ?!
Pas avec mes biffetons, foutu viocard assoiffé !
Et crève la dalle, pouffiasse, alors jacte meilleur si tu veux pas que je t'arrache le lard à grands renforts de coups de chicots !
Putain mais fermez-la et détendez-vous deux foutues minutes ! Vous aurez de quoi passer vos nerfs sur ce qui va débouler d'ici peu..
Va défalquer, le punk ! Marre des caprices du moutard, je veux me rincer la dalle peinard et décuver tout ça entre les cuisses d'une pucelle !
Et tu le feras le vioque, dès qu'on aura réglé ce problème de pognon.
MON pognon, connard !
Toi, ta gueule et écoute. Ici, c'est le coin de passage obligé des équipages qui déboulent sur l'île et qui se ramènent direct à la taverne, les poches pleines de thunes. On attend et on leur tombe sur la gueule, on les défonce, on leur prend la thune et on picole toute la nuit à leurs frais. Pigé ?


Pas besoin de causer d'avantage, l'idée est simple et suffisamment motivante pour la garder en veilleuse et s'y plier. L'autre tantouze doit être du même avis, il se contente de hocher nerveusement la caboche de haut en bas. Il tremble comme un camé en manque de sa dose, l'impression qu'il va te sauter à la gargue pour te faire cracher tout l'oseille que t'as, jusqu'au dernier berry. Il a cette sale tronche depuis qu'on cause galette, c'est qu'il en est vraiment accroc le fils de chien. D'une certaine manière, je crois pas en être loin quand ça manque de gnôle dans les parages. Si j'ai pas la gargouenne arrosée toutes les demi-heure au minimum, j'ai les fusibles qui grillent. On a filé d'une ruelle pour s'enfoncer dans une autre, y poireauter un temps à la recherche des bons bouseux à détrousser.

Et ceux-là ?! C'est les bons ?! Dis, hein, dis ?! On peut ?! Hein ?! On se les fait ?! Hein ?! Hein ?! Le pognon ! Le pognooon !
Putain de merde... T'es vraiment un cas, toi... Oi le vieux, eux ils feront l'affaire.
Foutrebleu ! Pas trop tôt ! Je m'en vais te les dézinguer à l'ancienne ! Giah-ah-ah !
A moi le pognon ! Yahinhinhin !


Y'a du monde dans cet équipage mine de rien. Largement de quoi laisser à chacun le temps de se défouler dans son coin. J'suis furax, je le suis depuis qu'on m'a sorti les miches de ce bistrot et que j'ai dû abandonner mon tonnelet de rhum. Morbleu, il était si bon ! Je tamponne ces bâtards rapidement, et j'y retourne. Les deux gusses de Blatards prennent les devants pendant que je dérouille ma vieille carcasse par quelques étirements bien sentis, c'est que la géhenne habite mon cadavre depuis qu'on est tombé sur le poil de l'autre putasse de Loron. Certes, on lui a démoli la bobine, mais sacredieu qu'il cognait sec le salopard ! Je peux encore ressentir la puissance de ces mandales renforcées par ce que l'autre enfoiré de punk appelle le haki de l'armement. C'est une saloperie vachement utile dans un combat à l'arpion, que je cogite depuis à savoir si je ferai bien de l'apprendre.

Oi les tarlouses, une baigne dans la gueule, ça vous dit ?
Pognon, pognon, pognon, pognoooooooooon !
Tu parles d'or le punk, mais tu jactes de trop ! Place à la castagne ! J'en compte quarante-six !
Tu te fous de moi là ? T'as de la gnôle dans les yeux ou quoi ? Y'en a à peine vingt...
Merdailleux... j'ai les châsses qui flanchent ! Giah-ah-ah-ah !
Dix huits pauvres types les poches pleines de frics. Cinq milles berrys par tête abattue, quatre vingt-dix milles berrys pour nous payer le séjour ! Yahinhinhinhin !
Crévindieu ! Il raisonne juste quand il s'agit de pèze ! Giah-ah-ah-ah !


Je mire les zigues devant lesquels on s'est dressés. Ils ont l'air sur le cul, 'faut dire qu'il y a de quoi. Trois forbans complètement différents qui rappliquent devant eux et causent de leur piquer leur blé avant même de les avoir troués. Moi ça me foutrait en rogne. Et ils ont pas le temps de l'ouvrir que le Cafard explose, incapable de se retenir plus longtemps, les mirettes gorgés de raisiné, tremblant d'excitation, le coup de chasses maboul et risette carnassier, il plonge ses pognes dans ses frusques et en ressort un couple de mousquets à qui il fait cracher le plomb. On peut dire que le Capitaine vient de sonner la charge, j'en attends pas plus pour foncer dans le tas, le rire gras qui résonne dans la ruelle. Le Punk qui m’emboîte le pas, le Cafard qui canarde à distance, c'est une combine qui marche.

Y'a mon battoir qui s'écrase sur le bec d'un zigue, qui encaisse mal la prune et dévie sur le côté, je le termine en lui claquant ma semelle à la fiole et il part galocher le bitume. Je graille une trempe d'un salopard qui déboulait pas loin derrière son camarade. Grogne un coup, et mord dans la pince avant qu'elle retourne à son propriétaire. Il hurle autant de géhenne que de stupéfaction, je crois qu'on lui avait jamais fait. Il tente de me coller sa savate dans la calebasse mais je bloque sa jambe et en profite pour retourner son coup contre lui. Je le soulève par sa jambe tendue et prisonnière de mon étreinte et le fait vriller autour de moi avant de l'envoyer valdinguer contre le mur à côté. Vient le tour des deux derniers marauts de me rentrer dans la couenne avec entrain pour mieux me plaquer au sol. Les sales raclures de pelle à merde y parviennent, et en profitent pour m'administrer un débarbouillage à la potasse.

Foutez-moi le camp la marmaille ! Buffalo Punch !

Je vais rester la un moment, allongé, à souffler, laisser le palpitant se remettre de ses émotions...

Oi le vioque
LA PAIX !
C'est pas le moment de roupiller, enfoiré, y'en a d'autres qui arrivent.
Giah ?
Yahinhin... Plus de pognon encore ! YAHINHINHINHIN !
GIAH-AH-AH !


Ils déconnaient pas les deux autres, y'a toute une flopée de jobards qui déboulent des deux côtés de la ruelle, y'en a même certains qui jouent les acrobates sur les toits...

Spoiler:


Dernière édition par Balior Blackness le Ven 3 Fév 2017 - 23:17, édité 1 fois
    Ah bordel ... Même pas le temps d’oublier les vieilles blessures à coups de binouse qu’il faut encore se mettre sur la tronche ! Pis on a vraiment pas le choix, on est pris en tenaille. Alors je reste sur mes gardes, prêt à répliquer en cas d’attaque, mais un petit bout de femme ramène sa gueule. Dommage que l’éclairage soit à chier, j’aurais bien aimé voir sa tronchiole.

    - Voilà qui est fâcheux, vous venez de tabasser nos “clients” ... C’est que vous allez dev...
    - Ah ouais ... Dommage hein ?
    que j’ironise un brin pour la narguer. Ca se joue d’un rien des fois.
    - C’est qu’il a une grande gueule le drôle ! Mais est-ce qu’il cogne aussi fort qu’il l’ouvre ou c’est juste un branque ?


    Mes deux zigs se marrent comme des cons derrière moi. Paye la cohésion de l’équipage.

    - J’sais pas, tu veux voir ?
    - Bah ouais. Ramène ta carcasse, tocard !


    Un sourire carnassier tord mes lèvres et fend ma gueule en deux. J’aime quand on me parle comme ça. Je tourne vite fait la tête vers le Biutag et le Blackness.

    - Je m’en charge.

    Alors ni une ni deux, je lui fonce dans le lard. Elle, elle bouge pas.

    - Laissez pisser.

    Je brandis le poing infusé au haki histoire de la mettre d’équerre illico mais la voilà qui s’abaisse qui me saute par dessus au dernier moment ! Bordel de merde, qu’est ce que c’était que ç...

    - OUMF !

    Aussitôt qu’elle a atterri, elle a écrasé sa semelle sur mon mollet, ma jambe plie sous le coup, elle garde l’appui du pied et s’en sert pour bondir à nouveau, non sans m’arracher un grognement de douleur et d’énervement, avant de me chopper par le col et me foutre un coup de crosse dans la gueule !

    - Salope !
    - Mais c’est qu’il braille encore !
    - Yahinhin !
    - Bah alors branleur d’crêteux, tu fais te pourrir par une fumelle ? Giah-ah-ah !
    - Vos gueules !


    Elle revient à la charge, je profite de l’élan de ma caboche pour noircir mon front et la faire rouler dans les airs à pleine balle et BAM ! Je lui pète enfin la main gauche qui a tenté de la protéger !

    ...

    Enfin, c’est ce que je croyais ... Parce qu’en fait, elle a laissé pendouiller son autre bras dans lequel elle a transmis l’énergie du choc qu’elle a reçu et le voilà qui me revient en pleine tronche sous forme de bourre-pif ! J’ai l’impression que ma carafe va péter comme une vulgaire pastèque ! Je me retrouve étalé sur le sol, la gueule dans la gerbe de sang que j’ai lâché à l’instant.

    - Oï, le balais à chiottes ? T’es sûr qu’tu veux pas un coup d’main ?
    - Nan, laisse. Il a dit qu’il gérait, yahinhin !


    Même pas le temps de bouger qu’elle pose déjà son cul sur mon dos, en me ligotant les pognes.

    - Et ces bracelets, ils te plaisent ? Pourtant, moi, je ne te les avais pas promis !

    Les bracelets ? Elle explose son poing sur mon crâne, mais c’est que de la rage, elle cherche pas à m’achever. Oh merde ! “Ces” bracelets !

    - Volesprit ? Putain c’que t’as changé ! Sont passés où tous tes voiles noirs là ?
    - Ah ça y est, tu te souviens de moi ? Il t’en a fallu du temps ! Ca fait quoi ? Deux ans ? DEUX PUTAINS D'ANNÉES QUE TU M’AS OUBLIÉE ICI, CONNARD ! ET TU OSES TE POINTER CHEZ MOI SANS LES BRACELETS QUE TU M’AS PROMIS ?! TU SAIS MÊME PAS CE QUE TU M’AS FAIT ENDURER !
    - Bordel mais arrête de me frapper ! T’as l’air de t’en être bien sortie, nan ?
    - Ouais mais c’est pas grâce à toi !


    Je crois qu’elle est à bout de force. Ou qu’elle a enfin fini de passer ses nerfs sur mézigue. En tout cas, elle se laisse tomber sur le côté comme une vieille poupée de chiffon. J’entends même des couinements.

    - Tu chiales ?

    Elle renifle.

    - Nan.
    - Si, tu chialais !
    - Putain mais ta gueule ! C’est que je dois me faire respecter moi !


    Joe, agacé par la situation et du fait qu’on dévie un peu de ce qu’on est venu foutre ici, se sent obligé d'intervenir quitte à piétiner sans scrupule ce petit moment à part. C’est sûr que les sentiments, à part la cupidité, il doit pas connaître ...

    - À moins que ta gueuse ne chiale de la poudre d'or, vous me ferez le plaisir d'achever votre séquence émotion.
    - Ouais ! C’est qu’il fait vachement soif depuis t’te à l’heure !
    - Ah, ouais, ceux-là ... Bah, au moins ils iront pas chez la concurrence, c’est déjà ça ...
    - La concurrence ?
    - Ouais, à force de combats dans l’arène, de paris, de rapines, et de magouilles, j’ai fini par me payer une petite auberge pour gagner ma croûte.
    - Bah alors pourquoi t’en prends aux arrivants ?
    - Parce que leur larfeuille est déjà vide avant qu’ils passent par chez moi. Au moins, vous avez fait le sale boulot à notre place ...
    - Donc tu nous es redevable, c’est bien ça ?


    Ca y est, Joe se frotte les mains l’air réjoui. Il rate jamais une occasion le type !

    - Si on veut ...
    - Fallait pas dire ç...
    - TA GUEULE MAHACH ! Personnellement, j’ai bien une petite idée ...
    - Dis toujours.
    - Tu vas l’regret...
    - MAIS FERME LA PAUVRE CON ! Ahem ... T’as qu’à nous héberger à tes frais, hin hin hin !
    - Ah ouais, carrément ! T’y vas pas avec le dos de la cuillère toi !
    - Mais tu nous dois bien ça. Et puis on est pas de parfaits inconnus ...


    Nan mais regardez-le jubiler ! Il a vraiment un problème lui !

    - C’est bon, je vois où tu veux en venir. Allez, venez. Je suis plus à ça près ...
    - Tu sais pas dans quoi t’as mis le doigt ...
    - TROP TARD ! Yahinhin !


    Elle me sourit en haussant les épaules. Je devine que ça doit pas être facile tous les jours pour elle et que rien que ça, ça lui fait du bien. Ca lui change les idées.

    - Allez les champions, on plie les gaules et on rentre au bercaille ...

    Je me ramasse, et galant à mes heures perdues, j’aide Vol’ à se relever à son tour pour qu’on parte tous ensemble.

    - Ah, tiens. Tu traines plus les gonzesses par la tignasse ou en leur shootant dans les cotes pour les faire avancer alors qu’elles sont inconscientes ?

    Je lui souris tristement, je me remémore les bons vieux souvenirs ... Et pour égayer le trajet, on taille le bout de gras elle et moi.

    - Nope. J’ai une femme maintenant tu sais, elle m’a chié un coeur là où c’était le plus vide, et il manque de faire savoir qu’il existe ce con !
    - Oh la pauvre !
    - Tu rigoles ou quoi ? C’est moi qui douille dans l’histoire ! C’est comme ma cervelle, elle me bouffe toujours autant quand je picole. Pis bon, elle est bien, Spica, avec moi, on a même fait un gosse !
    - T’es papa ? Hahaha ! Génial le daron qu’élève même pas son lardon !

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    - « T’es vraiment sûre de toi Cherry ? »

    - « C’est pas comme si je t’ai déjà menti, mon beau… »


    Cherry gloussa à l’autre bout de l’escargophone ce qui m’arracha un soupir de dépit. En effet, elle ne m’avait jamais menti depuis que je la connaissais, ce qui était même étonnant quand on savait qu’elle faisait partie du CP5. Une agente de catégorie I, pro de l’infiltration et de la filature. Un métier qui lui collait à la peau vu sa plastique qui faisait tourner la tête de tous les mâles qui croisait son chemin. Blonde, taille fine, formes assez plantureuses… Bref, la totale quoi. Mais là n’était pas le plus important pour le moment. Ce qui importait était plutôt l’information qu’elle venait de me filer : Le fameux Mahach, celui-là même qui avait buté Maalem sur Orange était sur l’île de Dead End, le fief du corsaire Jack. Je finis par avoir un sourire des plus carnassiers et inquiétants ; sourire qui se refléta sur l’escargophone de la jeune Cherry qui eut un petit rire cristallin. Je ne connaissais pas du tout les raisons de sa présence sur cette ile (Sans doute une infiltration ou des enquêtes sur le corsaire), mais sa présence là-bas était une aubaine, une vraie. Quand bien même l’île tenait une réputation inquiétante, je n’en avais cure : Hormis une petite enquête interne sur des gars de la flotte qui s’étaient fait la malle, je n’avais pas grand-chose à faire…

    - « Et qu’est-ce que tu voudrais comme récompenses ? »

    - « Un week-end avec toi. A Water-Seven ! Et à tes frais j’entends, monsieur le vice-amiral ! »

    - « Je te recontacte une fois vers Dead End. »


    Un week-end hein ? C’était pas cher payé pour assouvir ma vengeance et ramener la tête de ce bâtard à la famille royale d’Alabasta. Je finis donc par raccrocher et je posai une main sur ma poitrine. Mon cœur battait à cent à l’heure. Non pas par peur, mais par excitation. Je voulais réellement bousiller la gueule de ce type. Si je réussissais, Cherry allait comblée de chez comblée. Des amantes aussi utiles, je ne demandais pas mieux quoi. Je finis par sortir de ma cabine avant d’aller à la rencontre de Leslie. Vu qu’elle était la chef des lieux, elle n’aurait aucun mal à me trouver ce que je voulais, ce qui ne se résumait qu’à une chose : Un simple navire passe-partout. J’étais peut-être un vice-amiral plutôt puissant dans son genre, mais la force ne justifiait pas la provocation gratuite ; sans compter que je n’allais pas y aller seul. Si je pouvais me sortir du guêpier qu’était Dead end en cas d’embrouilles, tel ne serait pas forcément le cas pour ceux qui allaient venir avec moi. Humilité, prudence et détermination. Ces vertus allaient m’aider à mener mon devoir à bien. Faut dire que depuis la mort du gosse, je n’avais pas encore eu le courage d’aller voir la famille royale, même si la reine Vivi elle-même m’avait contacté pour me rassurer.

    Au bout de quelques heures seulement, j’eus ce que je voulais : Un navire sans prétentions qui n’attirerait pas trop l’attention. Je remerciai Leslie et me dépêchai de rassembler une trentaine de gars assez fortiches pour me suivre. Puis, sans tarder, nous primes la mer. Je n’avais jamais foulé Dead End, mais je connaissais l’île de par sa sinistre renommé. Le voyage ne durerait qu’une demi-journée, tout au plus. En y repensant bien, je n’avais jamais vraiment emprunté la troisième voie de Grand Line. Une première et quelle première ! Tout ça pour un petit merdeux chaotique qui n’avait pas pu s’empêcher de foutre le bordel et de faucher la vie d’un homme de valeurs. Impardonnable. Tout de même, je briéfais rapidement mes gars sur les raisons de notre voyage, et ce sans cacher la nature égoïste et purement personnelle de cette décision prise à la hâte. Je m’attendais à sentir quelques réserves, mais contre toute attente, mes hommes eurent de bonnes réactions. Des retours positifs. Maalem n’était pas seulement un membre de la famille royale d’Alabasta, mais aussi un frère d’armes. Sa vengeance était quelque chose de naturel. Devant ses réflexions émises par mes types, je finis par leur montrer la prime de notre cible :

    - « On s’en fout du montant sur sa tête. Gravez bien sa gueule dans vos mémoires. Il doit y passer ! »

    Acquiescement total. Tout le monde se sentait concerné par ce voyage express, ce qui me réconforta encore un peu plus. J’avais vraiment de la chance d’avoir de braves zigs comme eux à mes côtés. Nous étions dorénavant une famille, une vraie. Par la suite, je finis par me retirer dans une cabine pour fumer et penser à comment j’allais buter ce fils de pute ! J’avais encore deux ou trois fêlures et quelques blessures par encore correctement cicatrisées, mais j’allais faire avec. Qui plus est, j’avais nouvellement peaufiné mon haki de l’armement, ce qui me donnait encore plus de confiance en mes capacités. Puis les heures défilèrent. Près d’une dizaine d’heures de voyage. Mais un voyage direct et sans escale. Puis enfin, Dead End qui se dessinait à perte de vue. N’ayant pas réussi à dormir, je fus l’un des premiers à apercevoir le coin. De ce fait, j’appelais Cherry qui usa de ses contacts pour s’occuper de notre accostage. Incroyable, cette meuf. Effrayante aussi, comme la plupart des CP. Elle me fit vaguement penser à Annabella, mais je chassai l’image de cette dernière de mon esprit pour me concentrer sur l’instant présent. Ma vengeance était à portée de main. Plus qu’à patienter quelques temps. Le dénouement était proche. Ce merdeux de crêteux allait mordre la poussière.


    Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Mar 28 Mar 2017 - 16:05, édité 1 fois
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    Chouette piaule qu’elle s’est dégotée, la Volesprit ! Bon, c’est un peu vieillot, miteux et branlant, mais généralement, c’est ces rades qui sont les meilleurs ! Là où règnent la poussière, les taches de sang séché, les ronds de café et les giclées de bibine ! L’a fallu un temps d’adaptation au Joe pour passer outre, pas long hein, après tout, tout est gratis, il peut pas se permettre de rater une telle occasion.
    L’est pas trop mal non plus le staff de Vol’, son cuistot a vite compris ce que c’est que d’avoir des pirates comme clientèle, du coup il débite de la bidoche à s’en faire évanouir une de ces tarlouzes chétives de végétariens. Le truc, c’est qu’elle est vraiment tombée de la cale sa bidoche. Littéralement je veux dire.

    On a pas fait grand chose de spécial durant ces quelques jours. Je voulais aller me teugner dans les arènes, mais j’étais plus trop sûr après la dérouillée de la miss ... Alors je me suis contenté de rameuter la bande dans l’échoppe au Kiril mais l’était même pas là le bougre. Pas grave, j’ai quand même fait le plein de gnole.

    Ouais, plein, c’est le mot. Joe a bouffé comme quinze, et Balior a pas décollé du comptoir. Moi, j’essayais de pas trop me laisser bouffer par ma cervelle qui trempait dans la bibine. Le bad trip, le coup de blues. Pis je griffe des torchons que j’enferme dans des bouteilles. C’est ma manière d’exorciser mes démons. J’ai même repensé à Spica. Ah ouais, bordel, Spica ... Je crois que je suis le roi des paroles en l’air avec les femmes. Un jour, ça va me retomber sur le coin de la couenne, je vais pas comprendre ce qui m’arrive ...

    Bref, les journées ont défilé comme des putes quand j’ai un coup de moins bien en solitaire, à m’enfermer dans une maison close à tiser et baiser pour éviter de penser. Sauf que là, y’en avait pas. J’ai fait que treuiller, bouffer, et prendre l’air. J’ai même pas cogné sur des peigne-cul de passage. Je dois me ramollir.

    Le log est pas encore rechargé, mais je sens bien que la tension monte avec Vol’. Je m’en voudrais de la faire couler à cause de nous. Enfin, je dis ça, j’y penserais surement plus quand on aura mis les voiles, et justement ! C’est ça que je veux, mettre les voiles. Je veux pas l’emmerder plus que nécessaire, ça reste une chouette fille malgré tout ce que j’ai pu lui faire subir ...

    C’est peut être elle que j’aurais dû revoir au lieu de Spica ...

    Ah ... Tu vois ? Je gamberge encore trop ! Putain de gnole ! Je dégueule autant de conneries dans ma tête comme ce foutu carencé de végéto gerbe de bile devant la barbac’ que nous sert le cuistot ! Je dis de la merde mais ... Putain ! Ils vont pas arrêter leur bordel en plein milieu de la nuit ces connards dehors ? Y’a un truc qui m’énerve encore plus que mes coups de blues ! C’est m’empêcher de penser quand j’ai le cafard ! Je vais leur montrer que je sais aussi foutre mes pognes dans leurs châsses dans ces moments là !

    Ni une ni deux, je me lève de ce pieu grinçant, je quitte ma chambre en claquant la porte, prêt à en découdre, et découvrir ce qui les pousse à foutre un boucan pas possible ! Je descends dans la salle principale, je tombe sur Vol’ et deux de ses gars armés de battes.

    - Toi aussi t’arrives pas à dormir ?
    - Nan. Ca fait une semaine que j’dors pas des masses.
    - Je parle du bordel dehors, Mahach ...
    - Ouais, j’sais. Mais c’pas une raison.
    - Tu vas aller voir ?
    - Je veux ouais ! Faut pas v’nir m’casser les couilles quand j’ai un verre dans l’pif.
    - Les vieilles habitudes ont la vie dure, hein ?
    - S’tu l’dis ...


    Je sors. Les rues sont animées comme elles l’ont jamais été la nuit ! Et je parle de Dead End pourtant. Des pirates de partout, qui courent dans tous les sens. Du coup j’en arrête un en le chopant par l’épaule. Doit être dingue lui, pour se barrer de mon emprise comme ça. Alors je cours après et au moment où il tourne la tête pour s’apercevoir que je le talonne, je l’étale au sol d’une baigne dans la tronche. Je m’assied sur son corps pour le bloquer et je le choppe par le col.

    - Désolé mon con, mais c’est toi qu’est tombé entre mes paluches. Qu’est ce qu’il s’passe ?
    - Putain mais relâche-moi ! Et tire-toi, toi aussi !


    Je le soulève par le col, et je lui fais faire un bisou aux pavés avec l’arrière de son crâne.

    - Mauvaise réponse.
    - Ouch ! Bordel de merde ! T’es con ou quoi ? Y’a un Vice-Amiral qu’a déboulé ici !


    Un Vice-Amiral hein ? Marrant. L’a des couilles le petit père, j’aime ça.
    Je tapote fermement la joue du zig, comme le père débonnaire que je suis.

    - Ben tu vois quand tu veux ! Allez, casse-toi maintenant.

    Je me relève aussitôt. C’est que j’ai un spectacle à pas rater moi maintenant, haha ! Je veux voir la Mouette couillue se faire dépouiller ! Pour ça, rien de plus simple : y’a qu’à remonter le fil de ces couards de petits pirates qui se débinent. Et quand j’arrive, c’est magique ! Y’a toute une ronde de flibustiers qui fait barrage au bleu et à son équipage ! On dirait des révolutionnaires ! Y’a pas moyen : je veux le voir ! Je pousse deux trois gus histoire de me faire une place et ...

    Oh merde ! Merde merde merde ! Putain de bordel de merde ! Tu parles, j’essaie de me faire discret mais le Fenyang m’a remarqué comme un végétarien affamé remarque une carotte au milieu d’un tas de viande ! Même pas le temps de me dire qu’il faut que j’arrête avec mes végétos, et que c’est un zig comme ça qui va me dessouder qu’il me charge d’un Soru et que je me ramasse un marron ! Les boucaniers me réceptionnent et me relancent dans le cercle. Tout le monde a bien pigé que ce sera du un contre un. Teh, comme si j’étais en état. Il m’attends, je zieute derrière lui, ils ont étalés tous les gorilles du Jack ... Bordel, j’ai pas une seule chance !

    - Ecoute Fenyang ...

    Soru, baigne. Je saigne, il m’a éclaté la tempe.

    - Je suis désolé pour Orange ...

    Baigne. Lèvre explosée, je la nettoie d’un revers de main.

    - Putain mais écoute-moi deux foutues s’condes !

    Il répond pas. L’est gravement véner. Faut que j’arrive à caser les mots que je veux caser avant d’y laisser ma peau. Un ange passe, je crois que c’est le bon moment.

    - J’ai eu ma vengeance et je pensais que ça m’soulagerait, mais même pas.

    Baigne. J’ai la carafe tuméfiée, je pisse le sang. Elle va péter comme une citrouille ! Je titube et commence à voir des étoiles.

    - Bordel de merde, j’veux pas t’provoquer, laisse-moi t’expliquer avant d’me taler !
    - Y’a rien à expliquer. Aujourd’hui, tu paies, tu crèves et tu fermes ta gueule !
    - Et t’as raison, et j’me défendrais pas, tant que tu t’en prends pas à ma gonze ou à mon chiard ! T’es du bon côté de la loi, fais pas le con Fenyang ...


    Baigne !

    - Vice-Amiral Fenyang.

    Mes yeux commencent déjà à gonfler, je m’accroche pour pas m’écrouler ... Les mots commencent à me manquer, et la gueule de bois ne me fait plus mal.

    - S’tu veux. Ecoute, je regrette pas c’que j’ai f... Putain mais attends ! Je regrette pas c’que j’ai fait, jamais, mais j’regrette mon état. Rien que pour toi j’veux dire. J’aurais voulu que tes baignes aient plus de saveur, mais c’est pas le cas. T’as la rage, j’comprends. Moi aussi je l’ai eue. Et aujourd’hui ? Que dalle. Mais j’comprends.

    J’ouvre mes bras, mon geste est saccadé et frénétique. Pas sûr. Pourquoi je me résigne ? Je suis pessimiste quand je bois, mais réaliste. Pis fataliste. Le retour de karma. Prévisible. Je savais que ça me reviendrait dans la gueule tôt ou tard. Pis quitte à clamser, autant que soit avant que je dérape de trop. Je veux dire, ma famille a pas encore eu de nouvelles de moi. A leurs yeux, je suis qu’un repenti grâce à la paternité. Quand Spica apprendra ma mort, avec ce que je lui ai dit avant de mettre les voiles ? Je serai un martyr. Un mec qui a bouffé à cause de son passé sans même qu’on sache s’il avait changé ou pas. Lui faut pas bien lourd avec ses idées touchantes de Révo des bacs à sable.

    - Viens. Déverse ta rage sur moi !

    Je ferme les yeux, acceptant mon châtiment. Je pense une dernière fois à Spica en faisant le vide. Ca va aller ...


    Je t’attends en enfer ma belle. Ce jour là, on baisera comme des fous ! Mais prends au moins le temps d’élever notre gosse, je peux attendre.
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    - « Pour une fois que tu dis un truc de sensé sale cafard ! »

    Bim ! Bim ! Bim ! C’est avec bon cœur que je le tabassais sans m’arrêter une seule seconde. J’aurai pu l’achever vite fait, mais je faisais ressortir toute la frustration que j’avais accumulée depuis la mort de Maalem. Rien que le fait d’y repenser me poussa même à recouvrir mon poing de haki avant de l’envoyer valdinguer un peu plus loin, contre un mur dans lequel il s’encastra profondément. J’eus à cet instant précis un sourire absolument terrifiant, si bien que la plupart des pirates dans le coin commencèrent à reculer de peur. Ils s’écartèrent de sorte à me frayer un chemin que j’empruntai sans la moindre hésitation pour me rapprocher du merdeux qui avait du mal à se remettre de mes coups. Néanmoins, une fois près de lui, je sentis des bruits de pas derrière moi. Un con me fonçait dessus sans réfléchir, lame à la main. Il voulut m’embrocher, mais un coup de feu l’acheva en un clin d’œil. L’un de mes hommes posté dans le secteur l’avait achevé avec discrétion. Autour de nous, ce fut la débandade, encore. Personne n’avait envie de se faire trouer par un sniper qui agissait dans l’ombre. De cette nouvelle fuite massive, il ne resta plus grand monde sur la grande place. Ah… Pour une infiltration, c’était raté. Mais peu importe. J’avais ce que je voulais…

    - « Bon. On en était où déjà ? Ah ! »

    Le pauvre, s’il pouvait encore me voir avec ses yeux gonflés et tuméfiés, devait très certainement regretter sa décision. Il y avait cet amalgame de sadisme et de colère qui défigurait mon visage. Visage qui n’avait presque plus rien d’humain. Je dégageais une aura violente, meurtrière, si bien même que les plus couillus d’entre les pirates sur place ne voulaient même pas se risquer de m’approcher. Même mes hommes étaient plus ou moins choqués de l’atmosphère sinistre qui m’entourait. J’étais même prêt à lui enfoncer un doigt dans l’œil droit pour le crever quand un mec sorti de nulle part fonça sur moi. Mes hommes voulurent réagir pour le bloquer, mais rien à faire ! Il était trop rapide. Ses déplacements valaient carrément des soru et c’était peu d’le dire. Il dégaina un sabre, dévia les balles qui le visaient et essaya de me porter un coup d’estoc. Je l’évitai de justesse, avant d’émettre un soupir las. Encore un autre gêneur… Enfin… Sur cette île, quoi de plus normal ? Lorsque l’homme se redressa, il eut des exclamations du côté de mes hommes. Le bretteur qui se tenait devant moi était un supernova de 100 millions de berrys. Un jeunot, roux, gras et laid mais qui maniait l’épée comme un vrai maitre épéiste : Read au fleuret sanglant.

    - « Me mesurer contre un bretteur de ton calibre… Cette occasion ne se représentera pas deux f- »

    - « Oui. Tu as raison. Maintenant dégage… J’ai à faire… »


    Sans que le gros tas qui m’avait interrompu ne comprenne ce qui lui arrivait, j’avais fait usage d’un soru, vif, avant de lui trancher les deux bras en un mouvement de coupe fluide mais violent. Des jets de son sang infect me maculèrent le visage mais j’avais gardé cette mine blasée que j’avais arboré lorsqu’il était apparu comme par magie. Par la suite, il eut alors un cri effroyable, assourdissant, mais j’avais eu un énième soupir, avant de lui administrer un high kick qui le balaya du coin et qui l’envoya paître à je ne sais combien de mètre. Par la suite, j’eus un sourire pour le crêteux qui avait une tronche de constipé devant ce que je venais de faire. J’aurai même voulu lui balancer un « désolé pour l’attente », mais un contingent de pirates débarqua alors sur place ce qui attira mon attention. A la tête, il y avait un espèce de vieux cornu qui s’avançait vers moi sans trop de craintes, mais sans trop d’animosité non plus. Malgré ma colère aveuglante, je pouvais bien percevoir le fait qu’il ne venait pas se battre contre moi. Pas comme s’il le pouvait en même temps… « Sir Montgomery, intendant de l'île et représentant du corsaire Jack. » Énième soupir. Tout de même, je sortis une dague de ma poche que j’infusai de haki comme si de rien était.

    - « Et qu’est-ce qu’il me veut, le toutou du corsaire ? »

    Sans regarder le nouvel arrivant et sans attendre sa réponse, je coinçai l’une des paluches de Mahach avant de planter ladite dague pour le clouer sec. Le mec commença à brailler alors que je sortis une deuxième dague pour faire pareil sur sa main de libre. Le pauvre gamin était quasiment crucifié sur un mur, incapable de fuir ou de se défendre. C’est conscient de ce fait que je me retournai enfin vers le fameux intendant en faisant craquer mes jointures. « Inutile de vous dire que vous violez le territoire de notre chef ! » Je le regardai d’un drôle d’air puis j’eus un petit rire sec en remuant la tête dans tous les sens. Oui, je violais son territoire. Et puis quoi ? Mon attitude le montrait très clairement, mais je ne répliquai pas de la sorte, néanmoins. Inutile de foutre en l’air une précieuse collaboration entre ces forbans et le GM. Ça risquerait de ne pas plaire aux têtes pensantes… « Vous en faites pas. J’suis pas là pour chercher la merde. J’ai juste un compte à régler avec le con derrière moi, mais promis, j’toucherais plus personne d’autre. Et j’dirais pas que le coin abrite des hors-la-loi primés qui circulent tranquilles ici, sans avoir le statut de corsaire comme vous autres. » Le vioque se mit à déglutir. Il pouvait clairement riposter, mais je l’intimidais.

    - « J’finis rapidement avec ce gars et je me barre illico. Vous pourrez même m’escorter jusqu’à la sortie. On est d’accord ? »


    J’eus un sourire presque mignon.

    Presque, parce qu’avec tout ce sang sur ma gueule, c’était pas du tout crédible.
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    À se faire entretenir aux frais de la princesse, le cafard en aurait presque baissé sa garde. Toujours avaricieux dès lors où les provisions qu'il consommait étaient payées de sa poche, il relevait la plupart du temps de l'ascète. Nonobstant ce train de vie austère auquel il était abonné, le Blattard en chef s'était adonné ces derniers jours à une débauche de gueuletons. La pitance enchantait davantage ses papilles quand il n'avait pas à la payer. À croire qu'il existait une enzyme de la radinerie.

    Repu de ces orgies de bouffe successives, comme ayant fait le plein après s'être abstenu trop longtemps de contenter son estomac, Joe se sentait rassasié pour les mois à venir. La nature du fruit du scorpion prenait le dessus. Il emmagasinait à brève échéance en prévision de la disette qui le guetterait lui et ses hommes à l'avenir. Se gaver avant la traversée du désert était son credo.
    Gavé, il l'était. En à peine plus d'une semaine, le cafard avait pris cinq kilos, et pourtant, demeurait résolument maigrelet sous son épais manteau garni d'artillerie légère.

    C'était un de ces matins ensoleillés où il se réveillait dans un lit miteux, réveillé par les beuglements matinaux de la basse plèbe flibustière. Il était déjà sept heure du matin, et, bien que d'habitude matinal, prompt à brailler après ceux qui l'avaient réveillé, Joe peinait à se lever encore alourdi du festin de la veille au soir.
    Mais l'avenir appartenait à ceux qui se levaient tôt et le cafard dû se résoudre à mettre le pied à l'étrier bien assez vite.

    L'établissement de la charmante Volesprit, aux planches grinçantes et aux volets brisés, en dépit de son délabrement, pourvoyait ses invités en mets divers. Le café était prêt tous les matins et Joe ne se gênait pas pour s'en servir une tasse pleine, à ras-bord évidemment, rentabilisant à la goutte près ses consommations. C'en était maladif chez lui.
    Toutefois, en dépit de ce train de vie princier, pour un pirate de son envergure tout du moins, l'aventure manquait au capitaine Biutag. S'empêtrer dans la mouise pour une vaine promesse de richesse qu'il n'obtenait jamais constituait son quotidien. La parenthèse de flânerie devait un jour cesser. D'autant plus que Volesprit, malgré toute son amitié pour Mahach, commençait à répugner à l'idée d'alimenter encore longtemps à ses frais ces gouffres à provision qu'étaient Balior et son capitaine.

    Les deux voraces s'étaient d'ailleurs retrouvés de bon matin sur le balcon branlant du premier étage. La vieille baderne à tricorne, voûtée, ses épais avant-bras positionnés sur la rambarde, scrutait le quartier dévasté qui se présentait à lui, ruminant entre deux gorgées de la bouteille de rhum pendouillant au bout de sa main droite.

    - Z'ont l'air d'l'avoir mauvaise ces troufions d'mouetteux.

    Cillant un instant sans trop comprendre, son café en main, Joe fixa à son tour l'horizon proche. Des cadavres étalés au milieu des décombres constituaient son panorama. Un cataclysme avait eu lieu, et il avait pour nom "Fenyang".

    - Je me disais bien aussi qu'ils gueulaient pas comme d'habitude ce matin. Ceci explique cela. La marine hein...

    Se disant que les autorités locales allaient se débarrasser de la menace gouvernementale que représentait ce petit bataillon de marines venus jouer les trouble-fête, le cafard demeura flegmatique. Il savait se montrer placide aussi longtemps que le danger était loin, sirotant son café tout en jouissant de la scène présentée à son regard imprégné de sournoiserie.

    - T'le trouves pas trop corsé leur cawa ?

    - Tu sais moi tant que c'est gratuit, je crache pas dans la soupe.

    Alors qu'un ersatz d'apocalypse se jouait à quelques pâtés de maisons devant eux, les deux forbans en étaient à discuter du goût du café. Après avoir baigné chacun des années dans le tumulte de la piraterie et les emmerdes allant de paire, plus rien ne semblait les atteindre. Ils se situaient encore au-delà du chaos environnant qu'ils alimentaient la plupart du temps.
    Joe grimaça après une nouvelle gorgée. Le café était effectivement trop amer.

    - Mais... dis-moi, ce serait pas Mahach qui est crucifié là-bas ?

    Il avait dit ça le plus calmement du monde en pointant la direction de sa tasse de café. Son compère plissa les yeux, malgré l'âge sa vue ne s'était pas détériorée.

    - Crête de pisseux... gueule d'lopette... Mordiable ! C'est qu't'as raison cafard ! Qu'est-ce qu'y fout épinglé au mur ?

    Son capitaine ayant réponse à tout lui fit part de son hypothèse après une nouvelle gorgée de son breuvage.

    - À tous les coups il fait son intéressant pour attirer l'attention. Ce type je te jure...

    Observant le drame qui se jouait à quelques dizaines de mètres, la prestation du vice-amiral Fenyang aidant, les deux zigotos perchés sur leur balcon révisaient peu à peu leur jugement quant à la dangerosité de la menace.
    Le chef d'expédition marine était furieux, maintenant sans peine les forces du gouverneur en respect et massacrant tous ceux qui s'opposaient à lui. Il était redoutable et paraissait inébranlable. Cela ne fut pas au goût du capitaine des Blattards.

    - Enfer ! T'as vu ça ?! Ce fumier les transforme en confettis humains ! T'es sûr que les locaux sauront gérer ça ?

    Sa nervosité coutumière le titillait enfin alors qu'il saisissait l'ampleur du drame qui se jouait sur Dead End. Ce convoi de marines ne faisait pas dans la dentelle et Joe l'avait enfin compris.

    - Rien à carrer ! C'pas des pédérastouilles en uniforme qu'vont m'faire trembler des genoux ! Porte tes couilles cafard, on va les enquiller et déclouer l'autr' d'moiselle en détresse Gya-ha !

    Vindicatif, l'aîné des Blattards après avoir vidé sa bouteille la jeta au loin, prenant appui un pied sur la rambarde prêt à bondir au secours de son camarade. Il y allait davantage pour casser du marine que sauver le soldat Mahach, mais l'un n'empêchait pas l'autre.
    Il allait sauter quand son élan héroïque fut brisé par la veulerie habituelle de son capitaine.

    - Oublie ça géronte ! On enquille personne ! Nan ! On retourne au bateau, on met les voiles et on prie pour que la joyeuse troupe vienne pas nous courser ! Parce que crois moi, l'autre abruti qui refait le paysage à mains nues, il pue l'amiral à plein nez !

    C'est que le cafard avait été jusqu'à entourer la taille du vieux pour qu'il ne décolle pas du balcon. Ce n'était pas tant qu'il l'appréciait, juste qu'il préférait l'avoir auprès de lui durant sa fuite jusqu'aux quais au cas où la marine se mettrait sur son chemin.

    - Et l'aut' balai à chiotte, on leur laisse ?

    Joe regarda à nouveau au loin, contemplant une nouvelle fois Mahach en piteux état, sanguinolent, crucifié, presque mort.

    - Franchement Balior... Il te manquerait tant que ça ?

    Cette vision d'un camarade en détresse ne semblait pas l'avoir particulièrement ému. L'ancien non plus ne nourrissait pas de tendresse particulière pour son camarade.

    - Boarf.... Pas des masses non.

    Voilà qui rassurait Joe. Ce n'était pas l'amour fou entre les Blattards, on s'appréciait, mais pas non plus au point d'aller risquer sa vie contre un vice-amiral en colère. Toutefois, la paluche du vieillard à la trogne hirsute s'écrasa sur le visage de son capitaine pour se défaire son étreinte.

    - Mais pour l'principe, j'vais quand même me farcir toute la smala ! C'est pas dit qu'des gagneuses du gouvern'ment f'ront plier les gaules à Balior Blackness !

    L'ancien, fort de cette réplique sembla alors gonfler, arborant peu à peu la silhouette de la forme hybride de son fruit du démon. Son regard s'était endurci si tant est que cela fut encore possible. Sa carcasse avait tant grandi qu'elle faisait à présent de l'ombre à Joe qui déglutissait en le voyant croître ainsi, orné de ces cornes de buffle s'étalant de part et d'autre sous le tricorne emblématique de son homme d'équipage.

    - J'ai d'la mouette à dézinguer ! Couvre-moi merdeux !

    Sans épilogue ni préavis, le colosse dopé au Zoan sauta enfin du balcon pour charger là où l'action se déroulait. C'est impuissant que le cafard le regarda partir, sa tasse de café à la main.

    - Vas-y Balior ! Défonce-les ! Je te couvre ! De loin ! Moralement...!

    Reprenant une dose de vigueur en sirotant une nouvelle gorgée de son café, Joe soupira. Perdre deux membres d'équipage dans la même journée ne l'enthousiasmait pas outre mesure. Cela dit, se confronter à un ponte de la marine le tentait encore moins.
    Il ne faudrait compter sur aucun renfort, les pirates locaux étant incapables de contenir la percée de Fenyang et ses troupes. La situation était désespérée, et pourtant, le Blattard en chef réfléchissait déjà à un moyen de mettre les voiles avec ses hommes. C'était encore dans les plans les plus lâches qu'il excellait.

    - Peut-être que si....

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    - « Encore un emmerdeur… »

    - « Hein ? »


    Alors que je soupirais sans m’en cacher, ce qui avait d’ailleurs surpris l’intendant qui ne comprenait pas ce changement d’humeur soudain, un truc non identifié nous fonçait dessus. En plus d’être lent -De mon point de vue-, il se voyait à des kilomètres à la ronde. Pis, avec mon haki de l’observation, le détecter ne fut pas chose difficile. Pour répondre à l’interrogation du vioque devant moi, je levai une main et pointai du doigt le gros truc noir qui nous chargeait. La surprise se lut sur le visage des chiens du corsaire, ce qui m’éclaira sur un point : Le gars qui venait vers nous n’était pas l’un des leurs. J’aurai pu les laisser gérer ce problème, mais il n’était pas dit que le fouteur de troubles qui semblait m’en vouloir entendrait raison. Ce raisonnement me poussa à faire quelques pas devant les pirates pour accueillir le nouvel arrivant comme il se le devait. L’un de mes snipers le mitrailla mais la chose qui courait vers nous évita aisément les balles et continua droit devant. Alors qu’il ne restait plus que quelques mètres entre nous, je distinguai des cornes. Vu la dégaine, il s’agissait d’un hybride. Soit c’est un zoan, soit c’est une expérience raté. Ou alors un animal que je ne connais pas. Tout est possible. Mais dans tous les cas…

    - « Tout doux la bestiole… »

    Un doigt sur son front. C’est tout ce qui m’avait suffi pour freiner la progression du truc qui avait placé les cornes en avant. Si je lui reconnaissais une force certaine, la chose qui me faisait face ne faisait néanmoins pas le poids. Les yeux de mon adversaire s’écarquillèrent devant ma prouesse. Prouesse qui bluffa également les quelques pirates autour de nous, dont l’inquisiteur lui-même. S’il savait que j’étais puissant, cette manière de dompter la bête devant moi venait de balayer tous ses soupçons et autres. Pour ma part je me remis à sourire puis je bougeai le même doigt qui m’avait permis de le bloquer sans aucun problème : « Va faire dodo. » En une pichenette entre ses cornes, sur le front (encore), je l’envoyai bouler contre un taudis qu’il traversa violemment, à plusieurs mètres de la scène. Les derniers spectateurs s’envolèrent comme par magie et la plupart des portes et fenêtres aux alentours se refermèrent. Voilà de quoi était capable les officiers les plus puissants si l’on omettait le haut-commandement. Je me retournai alors vers le doyen du coin et affichai une nouvelle fois mon beau sourire. Le pauvre tremblait presque. Ses hommes eux, étaient à la limite de se chier dessus. J’étais un monstre.

    - « Alors ? On fait comme j’ai dit… ? »

    - « T-Très bien… »


    Le vieux cornu n’avait pas le choix. Ce n’est pas comme si je lui laissais le loisir de choisir de toute façon. Je me permis même de lui tapoter une épaule comme s’il s’agissait d’un vieil ami, avant de me retourner vers le crêteux qui pissait le sang. Cette vision était presque délectable. Sauf qu’en marchant vers lui, la bestiole sortit des décombres que son vol plané avait occasionné, et fonça de nouveau vers moi. Mais cette fois-ci, je sentis Mahach tressaillir en regardant en direction de ce qui semblait être son camarade. Les battements de son cœur…. Son murmure et ses états d’âmes du moment… Oui… Tout m’indiquait que le chieur qui voulait en découdre était l’un de ses potes ou subordonnés, quelque chose comme ça. De quoi rendre le tout plus intéressant. Puisque j’avais tout le temps du monde, je pourrais m’amuser à le briser mentalement vu qu’il était déjà salement amoché. Ça frisait le sadisme ce qui ne me ressemblait pas du tout, mais peu importe. Pour une fois, j’allais m’abandonner à la vengeance et à mes instincts les plus vils. Commença alors une baston entre moi et son pote, carrément. Sauf qu’il était à sens unique parce que j’évitais aisément ses coups en les lui rendant avec violence. En quelques minutes, il eut le visage ruisselant de sang…

    - « Oups… Désolé ! »

    Et une corne complètement déformée par mes soins, à mains nues.

    Sale quart d’heure pour Mahach et ses alliés.

    L’espoir qu’ils s’en sortent vivants s’amenuisait de minute en minute.
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    Et ainsi l'hécatombe se poursuivait avec méthodisme. D'abord Mahach puis Balior, c'était décidément un sale temps pour les Blattards qui tombaient comme des mouches. On ne se confrontait pas impunément à la furie d'un vice-amiral, furie latente qui macérait dans le cœur de Fenyang depuis trop longtemps déjà.

    - Joe... c'est terrible... c'est... c'est Mahach....

    Volesprit n'avait pas tardé elle non plus à être mise au parfum. Il fallait dire qu'avec pareil raffut, pas une âme sur l'île n'était pas au courant du tumulte. Pourtant d'habitude imperturbable, la brave pirate affichait une moue décomposée. Elle aurait tant voulu aller à la rescousse de ce camarade crucifié qu'elle avait à peine retrouvé, mais hélas, elle savait au fond d'elle qu'elle n'était rien face au fléau de la marine. Un brin d'herbe dans une tempête. Rien n'était plus frustrant que de constater son insignifiance, son incapacité à se mesurer à des calamités auxquelles on ne pouvait s'opposer sans périr.
    Toutefois, elle avait un espoir. Sur trois Blattards, il en restait encore un. Il était là, fièrement dressé sur le balcon, une tasse de café à la main, scrutant l'horizon d'un air grave, peut-être même résolu.

    - Ouais, ouais j'ai vu, j'ai vu.

    Dissimulant une certaine amertume après avoir vu l'ancien se faire pulvériser lamentablement, le cafard restait là à observer le drame. On aurait pu le croire fataliste, comme scrutant depuis la côté un naufrage coûteux en vies humaines. Seulement il ne pouvait être fataliste. Il ne pouvait l'être parce qu'il s'en foutait plus que de raison tout en sirotant paisiblement son café.

    - Mais... et... tu vas faire quelque chose hein ?!

    Yeux plissés, nez renfrogné, Joe se tourna doucement vers Volesprit qui avait tantôt fait irruption sans crier gare, demeurant silencieux un instant. Seul le son agaçant du café s'engouffrant entre ses lèvres égaya la morne atmosphère qui les enveloppait tous deux en cet instant.

    - Ouais. Je vais finir mon café, et puis je vais me barrer.

    Pensif mais affichant une moue désinvolte, il acquiesça comme d'accord avec lui-même.

    - Ouaaaaais... Y'a pas à chier, ça me paraît encore être de loin la meilleure idée hin-hin !

    Stupéfaite. Constatant la veulerie de celui que Mahach lui avait présenté il y a quelques jours comme son capitaine, elle était stupéfaite. Jamais au sein de la flibuste elle n'avait eu affaire à un individu aussi sournois. Pourtant, Volesprit s'était fourvoyée au milieu d'écumeurs sans vergogne sa vie durant, mais aucun parmi ses souvenirs les plus cauchemardesques n'avait été aussi misérable que ce rejeton à casquette qui squattait chez elle depuis trop longtemps.

    - En... ENFOIRÉ !

    Avec les trémolos dans sa voix, la jeune fille aurait éventuellement pu émouvoir un homme d'honneur, mais pas le cafard. Ce dernier se contenta de rouler des yeux avant de s'employer à terminer le contenu de cette tasse qu'il ne lâchait pas depuis le lever.

    - Ça se prononce Biutag ma chérie. BI-U-TAG. Pas "enfoiré".

    Il en fallait plus pour le vexer. Jetant sa tasse de café du haut de son perchoir, le récipient s'éclata au milieu des débris de la bouteille jetée il y a peu par l'ancien. C'est ensuite d'un pas décidé que le cafard fit volte-face pour quitter son balcon. Un instant stressé par les péripéties du Vice-Amiral, il avait rapidement compris que ce dernier n'en avait qu'après le punk.
    Le mieux à faire était encore pour lui de disparaître avant que la marine ne se mette en l'idée de cueillir les primés du coin.

    - Dire que Mahach t'estimait...

    Le cafard n'avait rencontré son punk de matelot que depuis quelques semaines. De leurs rares interactions n'avaient résultées que des insultes et autres quolibets mutuellement adressés quand les coups n'étaient pas impliqués. La notion même de respect ou d'estime entre les deux hommes fit ricaner Joe qui se stoppa un instant alors qu'il passait son baluchon par-dessus son épaule.

    - La bonne blague ! Ce fumier m'aurait saigné comme un goret s'il avait pu récolter ma prime sans finir au trou en bout de course.

    Et le sentiment était d'ailleurs mutuel.

    - D'accord ! Il pouvait pas t'encadrer ! Mais merde, un capitaine ça fait front pour son équipage ! La flibuste, c'est pas juste un ramassis de criminels qui se trouvent en mer par hasard. C'est une tradition ! On aura beau être des salopards, on aura beau piller et semer des veuves et des orphelins partout où on va, mais quoi qu'il arrive... on reste toujours fidèles à nos hommes, il en va de notre honneur !

    Du ricanement, le cafard passa à l'hilarité hystérique, se gaussant à gorge déployée, tête basculée en arrière. Il était clair qu'il forçait le trait pour montrer à quel point il se foutait éperdument de ces préceptes indexés sur l'honneur, cependant, Volesprit avait frappé là où ça faisait mal : un capitaine digne de ce nom ne laissait jamais son équipage derrière.
    Joe n'était pourtant pas homme à s'embarrasser de valeurs honorifiques qu'il jugeait trop encombrantes, mais il demeurait un pirate envers et contre tout, capitaine qui plus est.

    - Et qu'est-ce que tu veux que je fasse au juste ? Que je pose mes couilles sur la table devant un vice-amiral et toute sa troupe ? Redescends sur terre grognasse ! Si j'avais pu les sortir de là, je l'aurais fait. Mais pas de bol ! On est tombés sur plus fort que nous. C'est la guigne, Vae Victis, au revoir !

    Expédiant les problèmes d'un revers de la main, se cherchant tous les prétextes du monde pour ne pas risquer sa peau, Joe reprit sa marche prêt à quitter l'établissement pour se ruer sur les quais. Avec un peu de chance, tous les navires sur place n'auraient pas servi d'échappatoire aux premiers fuyards de Dead End.

    - Et pour cent millions de berrys ?...


    ***


    - Vice-amiral Fenyang, la geôle pour Mahach est prête !

    Alheïri Fenyang était une sommité parmi les marines, un homme qu'on se plaisait à servir, respecté de ses hommes. L'un d'eux prit les devants pour faciliter le chargement du prisonnier qu'ils étaient venus chercher. En vain.

    - Pour lui, il n'y aura pas de geôle. Il n'y aura pas non plus de nom sur sa pierre tombale.

    Le gradé n'avait jamais caché ses intentions, sa victime clouée au mur avait mérité son sort. Aucune geôle n'aurait été suffisante pour lui faire expier l'assassinat de son frère : Mahach devait mourir. Pas de pitié pour la flibuste.
    Décidé, devant ses hommes au garde-à-vous, solennels face à la vengeance s'opérant sous leurs yeux, Salem comptait sceller sa peine du tranchant de sa main, disposé à écourter le punk de son crâne.

    - À... À l'aide... Au secours ! Quelqu'un ! Un héro ! Pitié !

    Comme sortie de nulle part, une vieillarde voûtée, toute engouffrée sous un châle miteux fit irruption, brisant l'atmosphère lourde et étouffante qui avait court jusqu'alors.

    - C'est au bordel ! Il a pris feu ! C'est votre faute salauds de marines, c'est votre faute si y'a tout ce merdier ! Toutes ces femmes vont cramer, et c'est votre faute !

    En effet, au loin, une épaisse fumée noire s'élevait jusqu'aux cieux. Le quartier ne laissant place qu'aux décombres, on pouvait ainsi mieux se repaître du panorama. Une épaisse bâtisse était dévorée par les flammes, les oreilles les plus attentives pouvaient d'ailleurs discerner les hurlements déchirants des femmes prises au piège.

    Visage pétri par la colère qui le consumait de flammes plus ardentes encore que celles de l'incendie qui se jouait au loin, Fenyang se ravisa. Des femmes, fussent-elles de petite vertu, étaient dans la panade. Sa vengeance attendrait, il n'y avait pas une seconde à perdre.

    - Première et deuxième section en renfort ! Île pirate ou pas, on laisse pas crever des femmes !

    Sans même attendre la réponse de ses hommes, il fila d'un puissant Soru, et du Soru passa au Geppou pour surplomber les habitations encore debout malgré son carnage. Loin derrière, plusieurs dizaines d'hommes le talonnèrent au mieux. De Marie-Joie aux plus profonds confins de l'enfer, la marine servait avant tout la Justice, cette mission de secours était leur devoir et ils ne rechignaient pas à l'accomplir.

    Alors que la scène se vidait de ses protagonistes pour un temps, l'un des matelots étant resté sur place pour garder le punk s'approcha de la petite vieille. Bienveillant, il s'agenouilla face à elle, si hideuse qu'elle cachait son visage sous son châle comme si sa vie en dépendait.

    - Madame, vous êtes blessée ?

    Elle n'était pas blessée. Elle allait d'ailleurs si bien qu'elle n'était soudain plus voûtée, se redressant lentement, dévoilant mieux sa silhouette planquée sous des parures amples qui glissaient le long de son dos pour révéler sa vraie nature. Il était trop tard pour réagir, déjà l'acier froid du canon d'un mousquet se colla entre les deux yeux du bon samaritain à genoux, pris par surprise.

    - Pas autant que toi hin-hin !
    !


    Et la balle traversa le crâne du malheureux. Sa dernière vision avant le trépas fut celle du cafard, dressé face à lui, dents déployées sous un sourire des plus perturbant.

    - Qu... Joe Biutag ?! Mais qu'est-ce qu'un type à deux-cent millions fout i...

    L'instant était mal choisi pour se poser des questions. Privés de leur commandant et amputés d'une bonne partie de leurs troupes, les marines restants comprirent que le gouverneur de l'île et ses hommes, pourtant dociles jusque là, n'avaient attendu que cet instant pour se venger à leur tour du traitement qui leur avait été infligé.
    Tandis que les mousquets crachaient par salves, les sabres se frottèrent bien vite à ceux des mouettes.

    - Vous avez le bonjour de Jack enfants de chiennes !

    En quelques secondes seulement, le chaos avait repris de plus belle. C'était l'effet Joe Biutag.
    Déguisé en vieille, il avait dû faire au mieux pour éviter une confrontation directe avec ce monstre de vice-amiral venu rendre une visite de courtoisie à Mahach. Fidèle à lui même, il avait été jusqu'à foutre le feu et risquer la vie d'innocents pour opérer une diversion à laquelle aucun homme d'honneur n'aurait pu se substituer.
    Volesprit l'avait suivi de près, se ruant sur Mahach tandis que les échauffourées se multipliaient au milieu de la rue dévastée.

    - Je l'ai détaché, mais il est toujours inconscient !

    Joe n'écoutait que d'une oreille les lamentations de sa partenaire de crime, il était trop occupé à savater avec virulence la carcasse de Balior.

    - Debout feignasse ! Je te paie pas à glander ! D'ailleurs je te paierai pas ta prochaine solde, tu vas carburer à l'eau minérale les jours à venir, ça tu peux en être sûr.

    - P...Plutôt crever...!

    C'était la preuve que l'ancien était encore capable de raisonner de manière cohérente. Du moins selon ses propres standards. Constatant que ses deux boulets de matelots étaient encore en vie, le cafard ne s'inquiéta pas outre mesure malgré la gravité de leurs blessures.

    - Charge-moi ces deux cons dans la brouette là-bas. M'en vais les stocker sur le bateau et foutre le camp en vitesse. Merci pour l'hospitalité tout ça, mais je te dirai pas que cette chiure d'île va me manquer.

    La demoiselle aurait aimé l'accompagner, revoir Mahach reprendre des couleurs, mais après avoir obéi aux injonctions du cafard, elle dû se rendre à l'évidence : Un vice-amiral gavé au haki ne tarderait pas à revenir pour les hommes qu'il avait laissé derrière, et il ne serait pas content. Quelqu'un devrait le ralentir.

    Aucun adieu déchirant, la brouette chargée, le capitaine Blattard la poussa avec peine chargée de son équipage, il avait des fourmis dans les jambes et elles aussi étaient pressées de retrouver les quais. Volesprit le regarda disparaître au loin, derrière l'agitation ambiante où écumeurs et mouettes se mettaient joyeusement sur la gueule. Une pensée inopinée la fit presque tressaillir.

    - Je rêve ou il n'a pas demandé après ses cent millions ?...

    Il n'y avait jamais eu cent millions de berrys, Volesprit le savait bien sûr, mais il fallait croire qu'elle n'était pas la seule. Joe aurait simulé l'appât du gain pour une promesse d'or qu'il savait pertinemment illusoire, et ce, malgré sa cupidité maladive. Cela paraissait invraisemblable connaissant le spécimen.
    Et pourtant, au delà des berrys, quelque chose avait poussé le capitaine des Blattards à prendre les risques qu'il avait pris plus tôt, quelque chose qui transcendait toutes les richesses des nations, quelque chose d'inestimable.
    Volesprit sourit.

    - Mahach... T'es entre de bonnes mains après tout.

    Le reverrait-elle ? Salem approchait, elle le sentait. Vivrait-elle seulement un autre jour ?


    Dernière édition par Joe Biutag le Sam 11 Fév 2017 - 16:07, édité 5 fois
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    - « Mahach est entre de bonnes mains ? Vraiment ? »

    Volesprit sursauta et se retourna lentement. Très lentement. Avant de voir un colosse de deux mètres dont la face était complètement déformée par la colère. Il ne m’avait pas fallu longtemps pour comprendre qu’on m’avait couillonné. Bien profond d’ailleurs. Et le choix de laisser une meuf ici, sur ma route, était ingénieux. Un peu trop d’ailleurs. La jeune femme se mit à trembler d’effroi. Elle avait peut-être eu le courage de les aider à s’enfuir, mais faire face comme ça à un vice-amiral, c’était autre chose. Un autre niveau. Tout simplement terrifiant. Dans un dernier sursaut de courage, elle leva les bras comme pour me bloquer le passage. Les larmes lui montaient presque aux yeux. Elle se voyait mourir. Sauf que contre toute attente, je passai ma main droite dans sa chevelure que j’ébouriffai gentiment, le sourire aux lèvres. La tuer ? Mouais. Non. Elle était peut-être une ordure, mais elle restait une meuf…

    - « J’imagine que même si je te disais que tu risquais d’être violée et tuée dans d’atroces souffrances, tu ne bougerais pas d’un pouce, non ? »

    La gamine se mit à tressaillir. Pas mal de pensées lui venaient à l’esprit. Elle ferma les yeux à la limite de se pisser dessus. Et rien que le fait de la voir dans cet état de détresse apaisa un tant soit peu ma colère. En usant de mon haki de l’observation, je me mis à la sonder. Puis je compris plus ou moins ce qui s’était passé. J’eus un soupir au final. C’était con, putain ! Je me suis fait avoir comme un bleu. Je pouvais bien évidemment essayer de les rattraper via des soru et des geppo par-dessus la mer, mais j’entendis tout d’un coup un énorme cri qui pouvait briser les tympans de n’importe quel homme. On aurait dit un monstre. Serait-ce le fameux géant qui servait Jack ? Si tel était le cas, la poursuite n’allait pas être de tout repos. Ça d’autant plus qu’il me semblait avoir entendu une information qui allait me dissuader de vraiment les courser jusqu’à ce que leur navire coule. Une information que j’allais confirmer…

    - « C’est qui, le type qui les a emporté ? Si tu me dis, je te promets de ne rien te faire et de ne pas les poursuivre. Du moins, pas immédiatement. Ils auront un sursis, quoi. Tu aimes Mahach, non ? »

    La brune devant moi se mordit la lèvre, hésita un moment, puis me déballa tout en moins d’une minute. Puis elle fondit en larmes. J’aurai pu lui foutre un coup, l’emprisonner, mais elle ne m’intéressait pas. Si j’avais sauvé des catins de ce trou perdu, c’était pas pour taper sur une pirate de bas-étage. Encore qu’elle ne l’était peut-être pas, même si aider la bande de Mahach à s’enfuir de la sorte était un crime en soi. Je me tournai alors vers la bataille qui faisait rage entre des pirates et le reste de mes hommes, avant d’aller les aider. En deux petites minutes seulement, tous ceux qui nous avaient attaqués étaient morts. Seul l’intendant était encore debout. L’un de mes hommes voulut le trouer, mais je lui fis signe de ne rien faire d’idiot. On avait peut-être perdu des hommes dans cette affaire, mais il était inutile de tout gâcher non plus. Ce n’était pas à Jack que j’avais affaire et j’avais pas envie de subir des remontrances de mes supérieurs.

    - « Joe Biutag. Tu confirmes, le vieux ? »

    Le cornu acquiesça, tremblotant sur lui-même. Un autre de mes hommes encore en vie et qui avait tout vu confirma le tout. Un pirate de plus de 200 millions, rien que ça. Une course poursuite maintenant avec Oz et un type pareil me ferait très mal, d’autant plus que je n’avais pas complètement guéri de toutes les blessures de mon dernier entrainement et de ma dernière bataille contre des révolutionnaires. Je n’avais pas d’autres choix que d’être sage. Si seulement j’avais rameuté Yamamoto, j’aurai peut-être pu gérer l’affaire, mais tout ça me dépassait maintenant. Un sentiment de frustration commença doucement à me ronger. Je balayai les environs du regard et constatai que l’amie de Mahach avait pris la poudre d’escampette, sans doute trop effrayée. Une bonne chose qu’elle se soit cassée. J’aurai peut-être pu revenir sur mes dires et lui faire payer à la place de son crêteux. Il y a avait des jours comme ça où j’étais une girouette…

    - « Ramassez les corps de nos gars. On s’en va… »

    J’avais maintenant non pas une, deux, mais trois personnes sur ma liste noire.

    Les deux autres allaient amèrement regretter d’avoir secouru Mahach.

    Foi de vice-amiral.
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    Quand mes châsses se sont fermées, le bordel alentour résonnait déjà comme le vieil écho d’un bourdonnement incompréhensible à s’en faire péter la carafe à coups de migraine. Plus que ce connard de Fenyang qui prenait plaisir à m’en maintenir en vie, c’est dire. Ce fils de pute jouait avec nos règles ! Et plus que ça me foutait en rogne, ça me dépitait. Je voulais crever, je voulais en finir avec ce putain de corps qui n’était que douleur. Tout était trouble, mais les sourires carnassiers de cette foutue foule étaient nets, eux. Elle se délectait de ma souffrance en bons spectateur avides et rassurés que ce Vice-Amiral de mon cul ne viennent pas pour eux. Alors tant que j’étais en vie, eux aussi. Et ça, ça me bouffait ! Ca me bouffait autant que je pouvais me le permettre. Et c’était pas grand chose, j’avais perdu toutes mes forces, tout espoir de survie, je pouvais même plus chialer ou parler.

    Pis j’ai commencé à plus me sentir bien. Je pouvais plus me tenir sur les pieds à cause de ces connasses de dagues, alors mes bras, accrochés par mes poignets, portaient tout mon corps, qui pesait sur ma cage thoracique. J’aurais voulu qu’ils se disloquent une bonne fois pour toute, au lieu de s’étirer lentement, millimètre par millimètre. La douleur, elle se faisait chaque fois plus vive. Alors je sais pas si c’est grâce à elle ou au manque d’air que je suis tombé dans les pommes, mais putain quelle délivrance c’a été ! Bien plus que le sang chaud qui ruisselait partout sur mon corps.

    Et enfin, plus rien. Le vide complet. Le silence total. En fait nan. Seules les deux voix de ma conscience résonnaient. Celles d’Innocent Island. Mister Mahach n’avait pas été aussi bien exorcisé que ce qu’imaginait Docteur Besinger.


    - Bravo sous-merde ! T’as vu dans quel état tu nous l’a mis ? C’est vraiment temps que j’r’prenne les commandes !
    - Quoi ? Mais non ! Je ne pouvais pas savoir !
    - Bien sûr que si tu pouvais l’savoir ! J’te l’ai d’jà dit : la vie est une pute ! Tout c’qu’elle a toujours voulu faire, c’est qu’on moisisse dans not’ trou à rat et qu’on en crève en fermant notre gueule !
    - Mais j’ai tout fait pour que ce ne soit pas le cas ! On était bien sur Innocent Island ! On aurait pu avoir une vie normale !!
    - Ouais, “aurait pu”. Mais t’as pas eu. Ca reste à rien de pas faire de vague, on cherchera quand même à te buter ! On est que des blattes, des indésirables qu’on cherche à écraser du pied ! Alors autant qu’on emmerde la vie autant qu’on peut.
    - Mais ... Et Salem ! Je ne pouvais pas savoir qu’il viendrait !
    - Tu rigoles ? Après mon petit fratricide, je veux qu’il allait rabouler !
    - Alors c’est de TA faute ! Laisse-moi le guider !
    - Nan, j’ai dit. Toi, tu t’occup’ras d’lui quand il picolera. L’a b’soin d’toi dans ces moments là.
    - Tu parles, il me déteste, il dit que je lui ronge le cerveau, qu’il en a marre d’être comme ça ...
    - Justement. Allez, gicle, c’est l’heure du Réveil ! La Hyène est de retour !



    Seau d’eau froide dans la gueule, une inspiration brutale à cause du choc s’engouffre jusqu’au plus profond de mes poumons.

    - ...ebout, crevure d’fond d’cale.

    La voix du géronte. Je reprends conscience peu à peu. J’ouvre les mirettes, je m’aperçois que j’ai la gueule collée au plancher, vautré comme une putain de vieille poupée de chiffon dans une mare de sang à moitié séché. Qui doit être le mien d’ailleurs. Pis la douleur. Oh bordel de merde ouais, la douleur ! Elle est incrustée dans chacune des fibres de mon corps, je suis mal foutu, mais je bouge pas. En même temps je peux pas, et je veux pas. Pas envie que ce soit pire.
    D’une voix rauque et à peine audible, j’éructe un petit :

    - Ta gueule, le vieux.

    Vieux qui écrase son énorme panard sur mon dos en miette, du sang gicle de toutes mes plaies comme s’il essorait une éponge gorgée d’eau. J’en dégueule même à cause de cette putain de douleur.

    - C’est toi qui va la r’fouler, connard de coq ! Si j’suis dans cet état là, c’est d’ta faute ! C’est toi qui nous a mis dans la merde !

    Je roule des yeux, pour mater sa gueule. Ouaip. En effet. Lui aussi a morflé. Et ouaip, ça me revient, tout ça c’est à cause de moi ...

    - Salem ... Fils de pute ...
    - Ouais ouais, on lui dira. Et évite de prononcer son sale nom pendant quelques jours, je pourrais bien avoir des envies de meurtre juste pour ça. En attendant, le Biutag m’a d’mandé d’te bander. Mais comme t’es réveillé, t’as qu’à le faire toi-même.


    Je vais le buter ! Je vais tous les buter ! Lui, et Salem, et tous les connards qui s’en prendront à moi ! Je vais leur arracher la peau à mains nues, je vais les découper en petit bout, syncope après syncope, sans qu’ils crèvent, me vautrer dans leur sang devant leurs yeux s’il leur en reste et les jeter aux porcs en me marrant !

    Le Balior me jette quelques bandages à la gueule et repart en boitant. Il me faut bien dix bonnes minutes durant lesquelles je rassemble mon courage pour affronter la douleur qui va se faire un malin plaisir de se réveiller à chaque mouvement. Au bout d’une très longue demi-heure, les bandages sont enroulés autour de moi autant que j’ai pu le faire, pas très serrés, rarement bien appliqués et souvent lâches. J’ai passé à le temps pester contre Fenyang, à me dire que je vais le retrouver et le buter lentement. Je suis même trouvé créatif pour un crucifié tuméfié qui a frôlé la mort, délice dont j’ai pas eu le droit.

    Avachi comme j’ai pu, le dos contre le mât, je ne suis plus que douleur et haine.

    Fenyang va regretter de m’avoir laissé en vie.
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